Les avatars du non-alignement
|Avant-propos
Texte intégral
1Le présent ouvrage est la version écourtée d’une thèse de doctorat présentée à l’université de Paris I-Sorbonne en 1991. Il a fait l’objet d’une mise à jour bibliographique en 1994. La nouvelle configuration internationale issue de la fin de la guerre froide pourrait faire douter de l’actualité d’un travail traitant du non-alignement et des politiques d’aide américaine et soviétique dans le cadre de l’affrontement entre les blocs. Pourtant c’est aux « années Nehru » qu’il faut remonter pour apprécier à leur juste portée les interrogations des dirigeants indiens quant à la pertinence aujourd’hui du non-alignement après l’éclatement de l’Union Soviétique, et l’ampleur des changements survenus dans les orientations politiques et économiques du pays au tournant des années quatre-vingt dix. Un seul exemple : alors que le développement économique de l’Inde avait été marqué par une méfiance certaine à l’égard du capital privé étranger, le montant des investissements américains réalisés en Inde au cours des cinq dernières années a largement excédé l’ensemble du capital privé américain investi entre 1947 et la fin des années quatre-vingt. Avec la fin de la guerre froide, l’Inde a perdu une bonne partie de la marge de manœuvre que lui avait fait gagner l’affrontement Est-Ouest : en lieu et place d’un monde bipolarisé qui donnait un sens au non-alignement (un concept évolutif comme le souligne le titre de l’ouvrage), l’Inde doit aujourd’hui évoluer dans un monde dominé par des puissances partageant des préoccupations politiques et économiques largement convergentes.
2L’objectif premier de cette étude, au-delà de la question de l’aide des superpuissances à l’Inde, et plus généralement de l’étude des politiques étrangère et économique de l’Inde contemporaine, est d’apporter une contribution à la connaissance d’un pays largement oublié dans les études de relations internationales en France. L’écueil à éviter était de se laisser guider par des perceptions occidentales, en oubliant de considérer les choix politiques ou économiques de l’Inde à partir de déterminants qui lui sont propres, qu’il s’agisse de la situation géographique, des expériences historiques, du niveau de développement ou encore de la culture politique de ses dirigeants.
3Je tiens à ici à remercier René Girault, professeur émérite de l’université de Paris I, qui a dirigé cette recherche, Max Jean Zins, chargé de recherches au cnrsceri, le professeur Indra Nath Mukherji de l’université Jawaharlal Nehru à New Delhi et Françoise Delvoye. Au rang des institutions qui auront contribué à la réalisation de ce travail figurent le Centre de Sciences Humaines à New Delhi, le Centre for South, South-East, Central Asian and South-West Pacific Studies de la School of International Studies de l’université Jawaharlal Nehru, la Nehru Memorial Library, la Sapru House Library (Indian Council of World Affairs), la Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine, le Centre d’Études de l’Inde et de l’Asie du Sud et le Ministère des Affaires Étrangères qui, dans le cadre du programme d’échanges culturels franco-indien, m’aura financé mes séjours en Inde. Et enfin, last but not least, Fabienne.
4Paris, mai 1996.
© Éditions de la Sorbonne, 1996