Desktop versionMobile Version

Le temps de l’oeuvre

 | 
Gérard Monnier

La conception dans la durée : la tour de l'Hôtel de ville du Havre, A. Perret et J. Tournant, architectes

Joseph Abram

Volltext

1Le processus de conception de la tour de l'Hôtel de Ville du Havre constitue un cas d'espèce assez remarquable. Souvent prêté à Auguste Perret, ce projet est, en réalité, dû à Jacques Tournant. Le jeu d'esquisses et de photographies que l'architecte a conservé dans ses archives est à ce point de vue éclairant. Il retrace la gestation difficile de cette tour, depuis la toute première esquisse d'Auguste Perret, jusqu'à la version définitive, effectivement réalisée. Ce projet plaçait Jacques Tournant dans une situation inédite, plutôt difficile à assumer. Il s'agissait de compléter un projet de Perret resté en panne, et de le faire en se détachant progressivement des modèles établis par le maître. Elucider ce processus de mise au point aide à mieux apprécier la solution réalisée, si évidente en apparence, et donne les moyens de cerner les enjeux symboliques d'un projet, dont le temps de conception s'est étendu, et s'est confondu avec celui d'un débat public virulent, un débat assez typique, il est vrai, de la période. La tour de l'Hôtel de Ville du Havre a objectivement bénéficié du temps de conception, ou plutôt du « répit de conception », que lui a accordé, indirectement, l'opinion havraise, en rejetant systématiquement les projets issus de l'agence Perret.

  • 1 « Au Conseil Municipal », Paris-Normandie, 28 avril 1948.
  • 2 Cf. «  Le jardin de l'Hôtel de Ville réduit au tiers de sa surface » Le Havre Libre, 24 avril 1948
  • 3 Bernard Esdras-Gosse, « La place de l'Hôtel de Ville du Havre sera l'une des plus belles réalisées (...)
  • 4 O. Lemonier, « Le Havre aura la plus belle place d'Europe construite au xxe siècle », Le Havre Écl (...)

2Détruit par les bombardements de 1944, l'ancien Hôtel de Ville du Havre avait été construit au xixe siècle, en style Louis XIII, par les architectes Brunet-Debaines et Lemaître. On le surnommait le « Petit Louvre ». Les Havrais y étaient très attachés et proposèrent en 1945 de le reconstruire à l'identique. Lorsqu'en 1948 on entrevit la possibilité d'élever un nouvel Hôtel de Ville, grâce à des crédits spéciaux accordés par le M.R.U.1, un premier débat s'engagea quant à l'implantation du futur édifice, car celle-ci condamnait l'ancien jardin de François 1er, situé à proximité. Ce jardin, miraculeusement épargné par les bombardements, allait subir, à en croire la presse locale, les assauts non moins dévastateurs de l'urbanisme « tentaculaire » de « blocs, de cubes et de béton » de « Maître Auguste Perret ». Un article, publié dans Le Havre Libre du 24 avril 1948, décrit les dommages à venir : « ce ne sera plus un jardin, mais une sorte d'esplanade comprenant deux carrés de verdure de trente-cinq mètres de côté, séparés par une allée centrale dans l'axe de la rue de Paris. Pourquoi cette modification de dernière heure ? Parce que le maître Auguste Perret a décidé que l'immeuble serait bâti non sur l'emplacement de la rue J. Ancel disparue, mais exactement au niveau de la nouvelle rue Thiers prolongeant la rue Anatole France »2. Un mois et demi plus tard, le journal Paris-Normandie affirme que les craintes n'étaient pas fondées. Dans son édition du 2 juin 1948, il annonce que la future place sera « l'une des plus belles réalisées en Europe depuis un siècle »3. Ce point de vue semble gagner du terrain, puisque deux mois plus tard, le Havre Eclair (17 août 1948), vante les mérites du projet de Perret en comparant la future place à celle de la Concorde : « Le Havre aura la plus belle place d'Europe construite au xxe siècle » et les deux jardins seront en « parfaite harmonie » avec elle. « Fleurs, arbres, pelouses, terrains de jeux, espaces ombragés », le futur jardin sera l'un « des plus agréables de France »4 Ainsi, Ainsi, dès 1948, l'idée d'une place monumentale est non seulement acquise, mais rencontre déjà, dans la presse locale, un écho enthousiaste. C'est sur le projet de l'Hôtel de Ville lui-même que se focaliseront ensuite les controverses.

  • 5 Pierre Lion, « 1949 ouvre l'ère de la reconstruction du Havre », Le Havre Libre, 28 et 29 mai 1949
  • 6 Pierre Lion op. cit.

3Après le titre « L'année 1949 ouvre l'ère de la reconstruction », Le Havre Libre poursuit : « Au cours des quatre longues années qui suivirent l'armistice du 8 mai 1945, la reconstruction de notre ville resta à l'état de projet, dont on n'entrevoyait la réalisation que dans un vague et lointain avenir ». L'article évoque la situation pénible des sinistrés entassés dans des logements exigus et insalubres. Cette fois la construction effective va enfin démarrer « une quinzaine d'îlots, l'Hôtel de Ville, la cité commerciale, le lycée de jeunes filles vont être entrepris au cours des prochains mois »5 Consacrant Consacrant quelques lignes à l'Hôtel de Ville, Pierre Lion laisse apparaître quelques réserves. « Bien que maints détails ne soient pas encore définitivement arrêtés on peut déjà prévoir qu'il s'agira d'un important building rectangulaire, assez allongé ». Faisant allusion à la tour, l'auteur se demande si elle sera conservée lors de la réalisation6 C'est, C'est, en effet, sur la nécessité de cette tour et sur la monotonie du corps horizontal que vont se développer les critiques au début des années 1950. Le débat atteindra son paroxysme, en mars 1950, lorsque sera publié l'avant-projet de l'hôtel de ville conçu par Perret.

Une tour contestée

  • 7 B. Esdras-Gosse, « Au Conseil Municipal : De la reconstruction à la bombe atomique en passant par (...)
  • 8 B. Esdras-Gosse, « Du caillou au béton : le quatrième Hôtel de Ville du Havre », Paris-Normandie, (...)

4Dans son numéro du 1er mars, Paris-Normandie annonce que l'avant-projet a reçu l'avis favorable de la Commission d'Urbanisme et de Reconstruction et qu'il sera soumis prochainement au conseil municipal : « légèrement différent du projet primitif », il permet d'éviter « la monotonie d'une façade rectiligne de cent cinquante mètres de long, par des décrochements »7. La partie centrale, plus monumentale, risquant de coûter plus cher, le journaliste préconise de construire d'abord la tour, afin d'y réinstaller rapidement les services municipaux. Dans un article publié le 3 mars 1950, le même auteur prophétise l'adhésion de tous au projet8.

  • 9 Cf. Le Havre Libre, 6 mars 1950.
  • 10 P. Lion, « Avant que n'intervienne le vote du Conseil Municipal, quelques précisions sur l'avant- (...)

5Pourtant, Le Havre Libre du 6 mars laisse entrevoir déjà des difficultés : il présente l'avant-projet comme « le triomphe du style Perret » en insistant sur le caractère « trop moderne » de son beffroi9. Trois semaines plus tard, le journal revient sur ses critiques, prenant parti cette fois pour le projet Perret : « Si beaucoup de Havrais (...) considèrent avec méfiance un projet en "style 1950", il faut bien leur faire observer qu'à chaque siècle correspond un style... Ce qui, aujourd'hui, peut ainsi leur paraître « d'avant-garde » (et qui est, en réalité des plus classiques) ne se heurtera plus dans quelques décades à la foule de préjugés... ». L'emploi du béton, qui tend à détrôner la pierre, sera de plus en plus fréquent, et ceci grâce à Perret, qui a su le premier en faire « un matériau noble ». Quant à la tour, ce n'est pas une simple « ornementation destinée à évoquer les beffrois des maisons communales flamandes du moyen-âge », mais une adjonction purement utilitaire offrant une disposition fonctionnelle pour les bureaux : « pour économiser les pas du personnel, il était préférable de disposer les bureaux en hauteur », les employés n'ayant plus ainsi à parcourir des centaines de mètres dans les couloirs pour se rendre d'un bureau à un autre10.

  • 11 Cf. « L'Avant-projet du Nouvel Hôtel de Ville devant l'opinion », Le Havre, 25 et 26 mars 1950.
  • 12 B. Esdras-Gosse, « Lundi le Conseil Municipal aura à donner son avis sur l'avant-projet de reconst (...)

6Le Havre (25 mars 1950) reconnaît que « bon nombre de personnes marquent de la réserve. Au regret de l'ancien monument se mêle la crainte de voir réaliser au cœur de la cité une œuvre de béton à la silhouette new-yorkaise ». Le journal se fait cependant l'écho de l'équipe Perret qui rappelle que la copie des styles n'est plus de mise et qu'au xxe siècle convient l'architecture du béton armé. En ce qui concerne la tour, sa nécessité n'est pas seulement fonctionnelle, elle est aussi esthétique : « il faut à côté de la grande masse horizontale constituée par le corps du monument, une masse verticale »11. Paris-Normandie prend clairement position en faveur du projet : pourquoi, construire une tour? « L'idée de départ, s'agissant d'un édifice destiné à renfermer des bureaux, est qu'il est plus facile de monter trois mètres en ascenseur que de parcourir cinquante ou cent mètres à pied le long des couloirs... D'où l'idée verticale du travail correspondant à l'idée horizontale pour la représentation ». Une autre idée, « architecturale celle-là, et qui fort heureusement s'harmonise avec la première, l'imposait à une horizontale de cent soixante mètres »12. Ces considérations interviennent à la veille du conseil municipal qui doit statuer sur le projet Perret : Aux conseillers de décider, déclare B. Esdras-Gosse : « Mais notre sentiment à nous est que cet avant-projet n'est pas discutable parce qu'il constitue d'abord une œuvre valable... et qu'ensuite il correspond à nos possibilités et à nos besoins ».

  • 13 B. Esdras-Gosse, « Au Conseil Municipal : Après un hommage à André Siegfried, nos édiles décident. (...)

7Le 27 mars 1950 a lieu la séance du conseil municipal. Six études ont déjà été présentées. Pourtant, cette fois encore, aucune décision ne sera prise : « Un humoriste a prétendu que c'est devant un tableau que l'on enregistre la plus grande somme d'âneries. Ce n'est plus vrai aujourd'hui que tout un chacun entend avoir des compétences particulières lorsqu'un débat s'ouvre sur une question où il s'agit d'architecture. Madame Marguerite Binot (S.F.I.O.), la première, lut une longue diatribe... Forte critique contre ce qu'elle considère comme une atteinte au goût français ». Mais son principal grief réside dans le coût des fondations qu'elle estime devoir être très elevé. « M. Marcel Léger (R.P.F.), adjoint chargé du service d'architecture, s'associe à ce point de vue et s'élève nettement contre l'avant-projet du Maître Auguste Perret qui choque sa « conception de l'art »... Et il préconise l'ouverture d'un référendum... M. Capron (Com.) voudrait, lui, un concours... M. Pierre Courant devant l'indécision du conseil déclare alors que l'on se trouve en présence d'un fait : la construction de la moitié de la place de l'Hôtel de Ville en style Perret sans que l'administration municipale, pas plus que le conseil n'aient été consultés »13 Dans Dans la confusion générale le projet est renvoyé, à nouveau, devant la Commission de la Reconstruction et de l'Urbanisme.

  • 14 P. Lion « Au Conseil Municipal : l'avant-projet Perret de Reconstruction du l'Hôtel de Ville est r (...)
  • 15 B. Esdras-Gosse, « Petits détails, petites précisions sur la reconstruction de l'Hôtel de Ville et (...)

8Certains journaux, comme Le Havre Libre et Le Havre Eclair, détaillent le réquisitoire des adversaires les plus farouches du « style Perret » : on reproche à l'architecte, « sa manie des tours d'aspect industriel » et la laideur de son architecture déjà visible aux « I.S.A.I. » : Si des erreurs ont été commises pour ces bâtiments, il ne faut plus qu'elles se reproduisent. « Laissons les gratte-ciel aux Américains et bâtissons quelque chose d’un goût plus sûr, qui soit économique et s'accorde au climat de la ville »14. La polémique, déjà ancienne parmi les élus, va gagner progressivement la population : « - Haut ou bas? - En pierre ou en béton? Voici qui n'a pas fini de faire parler d'abondance »15

Gagner du temps

  • 16 « Les discussions autour de l'Hôtel de Ville ont déjà abouti à un résultat - la tour ne sera pas ré (...)

9Face à la situation catastrophique engendrée par le conseil municipal du 27 mars, Jacques Tournant imagine une stratégie habile. Pour contourner l'hostilité croissante du député-maire, Pierre Courant, et pour surmonter le défaitisme d'Auguste Perret, qui ne croyait plus à la possibilité de convaincre les élus, Jacques Tournant entreprit de persuader, l'un après l'autre, les différents groupes politiques en présence. Après avoir pris contact avec plusieurs conseillers municipaux pour connaître leur opinion personnelle, il fit une démonstration très argumentée devant la commission d'urbanisme, expliquant la nécessité de dresser dans le centre de la ville plusieurs verticales pour rompre la monotonie résultant d'une topographie « plate » à cet endroit. Mais il dut avouer que l'aspect de la tour ne le satisfaisait pas lui-même. « C'est une physionomie nouvelle » qu'il fallait rechercher. « En adoptant cette idée, M. Tournant va ainsi vers une solution de conciliation. Peut-être certains conseillers vont-ils, pour leur part, modifier leur point de vue »16. Cette concession de l'architecte fut amplifiée par le journal qui put titrer : « Les discussions autour de l'hôtel de ville ont déjà abouti à un résultat : la tour ne sera pas réalisée dans le style proposé ! ».

  • 17 Voir notre entretien avec Jacques Tournant op. cit.
  • 18 C'est le titre de l'article de Paris-Normandie du 26 avril 1950, voir aussi Le Havre et Le Havre Li (...)

10L'ouverture diplomatique ainsi esquissée eut pour effet de débloquer la situation. Le 24 avril eut lieu la réunion décisive : « j'avais très bien préparé mon affaire », raconte Jacques Tournant, qui n'avait négligé aucun moyen (dessins, montages, photographies, maquettes) pour être compris des conseillers. « À la fin de mon exposé, le maire s'adresse à la commission élargie – Vous avez entendu les arguments de M. Tournant et je pense que vous ne voulez pas de cette tour ! – Tollé général dans la salle, la tour était adoptée »17. Plus exactement, ainsi que le précisent les différents comptes-rendus, c'est le principe de la tour qui fut retenu, et non son architecture : « Nos édiles approuvent l'avant-projet de reconstruction de l'Hôtel de Ville en retenant le principe d'une tour, qui toutefois devra être d'une architecture différente de celle projetée »18. Un délai supplémentaire fut accordé aux architectes, étant admis que la poursuite des travaux sur la place de l'Hôtel de Ville et la construction du corps horizontal de l'édifice (qui devaient accueillir provisoirement les services municipaux) fourniraient des éléments d'appréciation nouveaux. On pourrait juger ainsi de l'effet de l'architecture proposée pour la tour sur un ensemble urbain presqu'achevé. Aucune décision concernant l'architecture de la tour ne pourrait être prise sans approbation du Conseil Municipal, fixé dans ses grandes lignes, le projet de la tour était encore loin d'aboutir. Au delà du débat public, l'épopée architecturale ne faisait que commencer.

Le temps de la conception

11Nous connaissons un premier dessin de la main d'Auguste Perret pour l'Hôtel de Ville du Havre : quelques traits au dos d'une carte de visite que Jacques Tournant a précieusement conservée (fig. n° 1). Ce dessin de quelques centimètres carrés contient, en germe, l'ensemble du projet, mais aussi tous les problèmes qui surgiront au cours de l'année 1950. Sur un soubassement, représenté par un trait parallèle à celui figurant le sol, s'élève la colonnade du corps horizontal, flanqué de deux ailes plus basses en retrait. À gauche s'élève la tour rendue dissymétrique par un lanterneau. Ce dessin date de décembre 1949. Il inspirera tous les projets ultérieurs conçus sous la direction de Georges Brochard à l'agence Perret.

Fig. 1. – Auguste Perret : croquis de l'Hôtel de Ville du Havre, avec colonnade, corps latéraux, tour-beffroi à rappels horizontaux et lanterneau désaxé.
(Archives J. Tournant-Le Havre).

Fig. 2. – Agence Perret, avant-projet avec façade rectiligne et attique. Tour à rappels horizontaux et lanterneau désaxé.
(Archives J. T.-L.H.)

Fig. 3. – Agence Perret, avant-projet avec attique et corps central en saillie. Projet présenté à l'Exposition de la Reconstruction du Havre au début de l'année 1950.
(Archives J. T.-L.H.)

Fig. 4. – Agence Perret, avant-projet avec façade rectiligne sans attique. Tour à rappels horizontaux et lanterneau désaxé. Projet présenté au Conseil municipal du 27 février 1950.
(Archives J. T.-L.H.)

12La première de ces études présente une longue barre de cinq niveaux, découpée horizontalement selon la stratification classique (soubassement, étage noble, attique) et marquée en son centre par la présence d'un parvis auquel on accède par quelques marches encadrées de groupes sculptés (fig. n° 2). La colonnade est limitée, de part et d'autre, par des corps latéraux. L'attique, qui file d'un bout à l'autre, est orné de statues. La tour, quant à elle, est assez ambiguë. Sa verticalité est contrariée par les chaînages horizontaux qui régnent tous les trois étages. Elle se termine par une sorte de tourelle d'angle, qui apparaît comme une excroissance de la structure. La seconde étude (celle-ci sera montrée au début de l'année 1950 à l'exposition de la reconstruction du Havre) n'est qu'une variante de la première. Elle affirme l'entrée par un avant-corps central à trois travées, qui reprend, avec ses métopes sculptés, une thématique assez proche de la façade du théâtre des Champs-Elysées (fig. n° 3). Les statues ont disparu, ainsi que les subdivisions verticales. Cette variante ajoute à la confusion de la tour en renforçant son découpage horizontal. La proposition suivante (celle qui sera présentée successivement aux réunions du Conseil Municipal des 27 février et 27 mars 1930) ne comporte aucune modification de la tour. Par contre le corps horizontal a subi d'importantes transformations. L'attique et l'avant-corps central ont été supprimés. Les corps latéraux ont été rabaissés d'un étage, ce qui donne à la colonnade une allure plus élégante (fig. n° 4). Le corps horizontal, qui renvoie au modèle de Y abri souverain, semble avoir trouvé ici sa forme définitive. Il persistera, dans ses grandes lignes, jusqu'à sa réalisation en 1954.

13Devant l'opposition rencontrée à la réunion du 27 mars, Auguste Perret, las de combattre, demanda à Georges Brochard d'envisager une solution sans tour. « Nous ferons tout de même de l'architecture » déclara-il, résigné, à Jacques Tournant, qui n'en croyait pas ses oreilles. Le programme ayant été réduit pour des raisons financières, le projet précédent avait allégé le corps horizontal. La solution sans tour était alors évidente. Il suffisait de rétablir l'attique et de rehausser les corps latéraux en coupant la tour à la hauteur de la barre (fig. n° 5). C'est ce que fit Brochard. Son projet n'était qu'une combinaison des deux premières études. Ne pouvant se résoudre à accepter cet abandon, Jacques Tournant prit l'initiative de cacher ce projet aux élus, car il était certain qu'il remporterait tous les suffrages. Tournant fut d'autant plus avisé qu'un conseiller du nom de Monguillon, proposa à la réunion décisive du 26 avril 1950 de rehausser le corps central de manière à supprimer la tour. Si les élus avaient pu voir le projet Brochard, « ils auraient à coup sûr suivi Monguillon ! ». L'Hôtel de Ville du Havre aurait alors été bâti sans tour !

Fig. 5. - Agence Perret, avant-projet sans tour, avec corps horizontal à attique et saillie centrale. Projet non présenté aux élus. Mars 1950.
(Archives J. T.-L.H.)

Le processus de clarification

14Une fois voté le « principe » de la tour, tout l'effort de conception devait porter sur la définition de son expression architecturale. La tour, telle qu'elle avait été conçue par l'agence Perret, presqu'inchangée depuis la première étude, était probablement trop courte, et son caractère confus s'expliquait en partie par une hésitation entre verticalité et horizontalité. Son « clocher-pinâcle » désaxé engendrait un délicat problème de composition (fig. n° 6). Seule l'articulation de la tour au corps horizontal avait été améliorée grâce à l'allégement de la « barre » à ses extrémités. Le problème essentiel était un problème de clarification, analogue, au demeurant, à celui si souvent posé par l'École de Chicago. Lorsqu'on compare le Monadnock Building de Burnham et Root au premier Leiter-Building de William Le Baron Jenney, ou le Guaranty Building de Sullivan au Marshall Field de Richardson, on comprend que la clarification de la tour est obtenue par référence directe à la stratification classique. Les immeubles de Chicago présentent un socle, qui exprime la stabilité, un tronc, qui correspond aux étages, et une corniche, qui régie le rapport au ciel. Plus l'édifice se rapproche de l'archétype de la colonne, avec sa base, son fût et son chapiteau, et plus son image paraît limpide. C'est ce qu'avait parfaitement compris Sullivan, dont les gratte-ciel, (en particulier le Wainwright Building à Saint-Louis), atteignent à la lisibilité maximale. (C'est aussi ce que démontre Loos, en 1922, avec son magnifique projet pour le Chigago Tribune, véritable hommage à Sullivan).

Fig. 6. – Agence Perret, avant-projet sans attique et sans saillie centrale. Tour sans rappels intermédiaires horizontaux avec lanterneau désaxé sur base massive. 1950.
(Archives J. T.-L.H.)

15Force est de constater que les premières études de l'agence Perret pour la tour de l'Hôtel de Ville du Havre sont très éloignées de cette « culture du gratte-ciel ». La tour proposée est maladroite. Elle ne règle aucun problème compositionnel. Il fallait, pour sortir de l'impasse, reprendre intégralement le travail de conception. C'est ce que fit Jacques Tournant. Les esquisses que nous avons pu consulter dans ses archives témoignent d'un processus critique de clarification, qui s'est joué entre lui et l'agence Perret. La première étape de ce processus fut de surélever la tour de deux étages tout en renforçant sa cohérence verticale par la suppression des bandeaux intermédiaires. Seules furent maintenues les horizontales des troisième et treizième étages, c'est à dire celles qui jouaient un rôle précis dans la composition en assurant le marquage du socle et du couronnement (fig. n° 7). En fragmentant les baies, Tournant parvint à renforcer l'échelle à l'ensemble, tout en accentuant le discours vertical du fût. Quant au « clocheton » terminal, s'il restait désaxé par rapport à la tour, il cessait d'apparaître comme une simple excroissance de la structure pour acquérir son architecture propre, l'horloge servant alors, simultanément, d'élément de rupture et de transition.

Fig. 7. – Agence Perret, avant-projet sans attique et sans saillie centrale. Tour avec rappels horizontaux aux 3e et 13e niveaux, avec lanterneau désaxé sans base massive. 1950.
(Archives J. T.-L.H.)

16La seconde étape du processus de clarification fut précisément de régler le rapport entre le corps de l'édifice et ce fameux lanterneau. Deux hypothèses principales semblent avoir été retenues : l'une consistant à transformer les deux derniers étages de l'immeuble en un socle massif servant de base au couronnement (fig. n° 8) ; l'autre visant au contraire à exprimer, du haut en bas de la structure, la travée supportant le clocher, en la décalant en saillie selon un axe diagonal (fig. n° 9). La première solution avait l'avantage d'infléchir la tour vers son sommet, mais elle réduisait l'édifice à un volume trapu, qui perdait en impact face à la longue barre qu'il était sensé contrebalancer. L'ensemble retrouvait une cohérence, mais celle-ci tournait au pittoresque. La seconde solution avait le mérite d'affirmer la verticalité de la tour en accusant l'effet de clocher, mais elle risquait de compromettre sa lisibilité par un décrochement anecdotique. Différentes variantes furent explorées. Le lanterneau semble avoir gêné la progression du projet. On en voit de multiples versions dans le dossier d'archives (fig. n° 10). L'édicule est tantôt « posé » sur la tour, tantôt « intégré » comme un prolongement structurel. Une des solutions les plus intéressantes fut de le traiter franchement dans sa dualité. Le socle du lanterneau s'élève d'une des travées de la tour. Son couronnement polygonal (qui rappelle la superstructure de la tour d'orientation de Grenoble) est nettement distingué. Mais toutes ces recherches restaient prisonnières des premiers projets, et en particulier de celui, manifestement mauvais, présenté à l'exposition de la reconstruction du Havre.

Fig. 8. – Jacques Tournant, esquisse de la tour sans rappels horizontaux, avec lanterneau désaxé sur base massive. 1950.
(Archives J. T.-L.H.)

Fig. 9. – Jacques Tournant, étude du couronnement de la tour en prolongement de la structure en saillie. 1952. (Archives J. T.-L.H.)

Fig. 10. – Jacques Tournant, étude du lanterneau. 1952. (Archives J. T.-L.H.)

Une gestation difficile

  • 19 J. Abram, Entretien avec Jacques Tournant, Perret et l'École du Classicisme structurel, École d'arc (...)

17Lors d'un entretien, Jacques Tournant nous a confirmé les difficultés qu'il eut pour se libérer des premières esquisses : « Perret était déjà très âgé et contrôlait moins bien le travail de ses collaborateurs. Je pense que sa dernière belle œuvre est l'Église St-Joseph. Mais en ce qui concerne la tour de l'Hôtel de Ville, les esquisses qui sortaient de son agence étaient désastreuses. Il voulait faire un campanile et ses dessins ne sortaient pas du pastiche passéiste... Comme beaucoup, je me faisais à cette époque une très haute opinion de l'agence Perret, mais j'ai compris tout de suite qu'il écrasait ses dessinateurs : ceux-ci possédaient parfaitement son alphabet, mais ils n'étaient pas créatifs, ils ne savaient pas inventer... De mon côté, j'ai fait un tas d'esquisses, des choses qui me paraissent aujourd'hui invraisemblables. C'est une bonne leçon d'humilité : je me souviens d'un projet auquel j'avais travaillé tout un dimanche. Le lundi je montre mon projet à Perret : « Alors vous mettez des pendules sur des cheminées à présent ». Et il avait raison ! C'était très mauvais ! Je n'arrivais pas à m'en sortir. Ce n'est que lorsque j'ai abandonné les idées du premier dessin de Perret, auquel je cherchais à rester fidèle à tout prix, que j'ai fini par trouver une solution satisfaisante. La tour a ainsi été réalisée sur mes dessins... J'ai essayé de faire ce qu'aurait fait Perret dans sa meilleure période »19.

18C'est, en effet, à partir du moment où il rompit avec la logique des premières études, que Tournant put s'acheminer vers une solution. Il supprima d'abord le lanterneau, ce qui eut pour effet de simplifier radicalement le problème posé : la tour, devenue symétrique, perdait toute connotation pittoresque et pouvait, de ce fait, s'accorder plus facilement avec le corps horizontal classique (fig. n° 11 à 13). Les corps latéraux, bloqués entre deux éléments compositionnels solides, l'un vertical, l'autre horizontal, prenaient une allure plus dramatique. Dans le même temps, l'architecte rehaussa la tour de plusieurs niveaux, lui conférant ainsi des proportions plus élégantes. Il l'infléchit vers le corps horizontal en exprimant en saillie la travée centrale de la façade Est, destinée à contenir l'escalier de secours. Il étudia simultanément le rythme des remplissages et des fenêtres (fig. n° 14).

Fig. 11. – Jacques Tournant, étude de la tour sans lanterneau avec horloge au dernier niveau. 1953.
(Archives J. T.-L.H.)

Fig. 12. – Jacques Tournant, étude de la tour sans lanterneau, sans horloge au dernier niveau. 1953.
(Archives J. T.-L.H.)

Fig. 13. – Jacques Tournant, étude de la tour sans lanterneau avec évidement par retrait des deux derniers niveaux. 1953.
(Archives J. T.-L.H.)

  • 20 À l'exception, il est vrai, d'un seul projet sur plan cruciforme (peut être dans le but d'alléger l (...)

19Les esquisses et les essais en maquette permettent de retracer le cheminement vers le projet définitif : une fois réglées les proportions de la tour et sa « verticalisation », subsistait la question de son couronnement. Ce problème fut résolu, après plusieurs tentatives d'utilisation de bandeaux et de corniches, par le traitement en retrait des deux derniers étages. Intégrés au parallélépipède général, ces deux niveaux furent « évidés » en loggias grâce au recul des baies, de manière à laisser l'ossature régner seule au sommet (fig. n° 15). Ce couronnement s'accorde parfaitement avec la vigueur nouvelle de la tour, qui a fini par trouver ici l'expression la plus aboutie de ses principes de base : sa trame carrée et la division tripartite de ses façades (fig. n° 16). Malgré les multiples péripéties de sa mise au point, la tour a en effet conservé, d'un bout à l'autre du processus de conception, ces deux caractéristiques essentielles, mais qui étaient restées inexprimées, brouillées en quelque sorte par l'indécision compositionnelle de l'ensemble20.

  • 21 B. Esdras-Gosse, « Le projet définitif de reconstruction de l'Hôtel de Ville », Paris-Normandie, 15 (...)
  • 22 Claude DUBRONEL, « L'Hôtel de Ville du Havre doit sortir de terre cette année », Le Havre, 15 mai 1 (...)

20Le processus de clarification que nous venons de décrire s'est étalé, en fait, sur plusieurs années. Il s'est prolongé tardivement, au point que l'on ne savait pas encore à quoi ressemblerait la tour, alors même que le chantier du corps horizontal était engagé. Lorsque le journal Paris-Normandie évoque, le 15 mai 1952, le projet « définitif », le quotidien présente, en illustration, la 16e version de l'Hôtel de Ville, qui comporte encore la tour dissymétrique de 14 étages avec son lanterneau21. Le journal Le Havre, qui publie la même illustration, prend soin de préciser que la partie supérieure de la tour est « encore imparfaitement arrêtée ». « Seizième projet, cela peut faire sourire... Cela surtout montre à quelle somme de difficultés se heurtent ceux qui ont reçu la charge de reconstruire l'un des principaux édifices publics détruits par la guerre... »22

Fig. 14. - Jacques Tournant, étude de physionomie définitive de la tour. 1953.
(Archives J. T.-L.H.)

Fig. 15. – Jacques Tournant, étude des remplissages de la tour avec approche du rythme des fenêtres. 1953. (Archives J. T-L.H.)

Fig. 16. – Agence Perret et Jacques Tournant, projet définitif. 1953.
(Archives J. T-L.H.)

21Le chantier de l'Hôtel de Ville commença en octobre 1952. Les études concernant la tour se poursuivront plus d'une année encore. La configuration de celle-ci ne sera fixée définitivement qu'au cours de l'année 1953 (fig. n° 17), peu avant que ne débute sa construction (1954). Le gros œuvre fut achevé en juillet 1956, et la livraison de l'ensemble des bâtiments, tour comprise, eut lieu le 14 juillet 1958.

  • 23 L'aboutissement du long travail de mise en forme de la tour effectué par Jacques Tournant s'inscrit (...)

22Réalisé sur pieux, à cause du sol limoneux, l'Hôtel de Ville du Havre s'étend sur une longueur totale de 143 mètres. Son corps central (92 mètres) est rythmé, en façade, par des colonnes évasées (du même type que celles du musée des Travaux Publics). Partout, le béton est laissé apparent. Les éléments de remplissage sont bouchardés. À l'intérieur de l'édifice, on trouve, au rez-de-chaussée, le hall d'honneur avec son bel escalier, les services accessibles au public et la salle des fêtes. On accède, à l'étage, à une vaste galerie, qui commande les salons de réception, la salle des mariages, et les bureaux du Maire et des adjoints. La salle du conseil est placée en sous-sol. La tour de dix-sept étages culmine à 70 mètres. Elle abrite les bureaux des différents services municipaux. Les deux derniers niveaux forment un belvédère, qui offre une vue exceptionnelle sur la baie de la Seine23

Fig. 17. – Début du chantier du corps horizontal, avant que ne soient achevées les études de la tour. 1952.

Temps interne/temps externe

23Lorsqu'on visite aujourd'hui l'Hôtel de Ville du Havre, qui est sans doute l'édifice le plus grandiose réalisé en France sous la Reconstruction, on ne peut soupçonner les innombrables difficultés de conception dont un tel bâtiment fut l'objet. L'ensemble apparaît harmonieux, savamment calculé, et l'on ne peut qu'admirer la subtile articulation de la tour au corps horizontal. Tout est placé ici sous le signe de la clarté structurelle. L'étage noble semble filer sous la colonnade posée élégamment sur son soubassement, et la tour robuste, qui s'évide à son sommet, laisse à l'ossature le rôle du couronnement, comme pour signifier que c'est bien elle, et elle seule, qui définit l'espace. Il s'établit ainsi, entre l'abri souverain raffiné du corps horizontal et la simplicité solide de la tour, une surprenante dialectique, qui n'est, à bien y réfléchir, que la mise en rapport muette des deux pôles opposés d'une même école. D'un côté, le langage monumental du classicisme structurel et l'ordre du béton armé, de l'autre, la superposition fonctionnelle des bureaux, et le dépouillement drastique de l'ossature. Entre le projet de Perret et celui de son élève, gît en réalité le tissu conjonctif d'une culture, qui transforme tout acte créatif en une série de décisions raisonnées. La pratique de projet retrouve alors les canaux problématiques de la discipline.

24Près de quatre années seront nécessaires, entre la première esquisse d'Auguste Perret, où apparaît la tour, et la mise au point définitive du projet par Jacques Tournant. Cet étirement du processus de conception ne s'est pas produit dans l'univers clos d'une agence, mais sur la place publique, sous la critique virulente de la presse et des élus. L'intensité du débat, qui atteint son paroxysme au printemps 1950, n'est sans doute pas étrangère au caractère représentatif de l'édifice et de la composition urbaine qui l'entoure. Dès la publication des premières études de l'atelier Perret, la place de l'Hôtel de Ville est perçue par l'opinion havraise comme l'emblème de la reconstruction. La tour cristallise contre elle l'hostilité d'une population qui a perdu ses repères et qui refuse l'architecture trop « moderne » de l'équipe Perret. Au delà du problème de la tour, les élus reprochent aux concepteurs d'avoir été « parachutés » depuis la capitale, et de ne pas reprendre à leur compte les signes d'une architecture détruite, à laquelle la population traumatisée reste encore profondément attachée.

25Pourtant, une fois admis par tous le « principe de la tour », il fallait bien en définir le caractère, et débloquer une situation projectuelle, qui, depuis des mois, tournait malheureusement sur elle-même. Du beffroi historiciste, qui persistait dans toutes les versions issues de l'agence Perret, à la robuste tour de bureaux élaborée par Jacques Tournant, image des services actifs d'une grande ville, s'écouleront de nombreux mois, durant lesquels se régleront d'autres urgences de la Reconstruction. Ce délai de conception, octroyé par le débat public, sera mis à profit par les concepteurs pour déployer, esquisse après esquisse, la chaîne des déductions créatives, qui permit à la tour de changer de caractère. Aucun des projets antérieurs aux toutes dernières propositions n'avait résolu cette question cruciale, dont dépendait aussi l'articulation symbolique de la tour au corps horizontal. Si une de ces versions inabouties avait été réalisée, c'est la place de l'Hôtel de Ville toute entière qui aurait perdu de son impact. Dans ce processus de conception extrêmement tendu, c'est le répit accordé par la cité, du fait même de ses critiques, qui a offert au projet architectural la durée nécessaire à son cheminement. La conception s'est prolongée, au coup par coup, grâce aux remous du débat public, qui lui a procuré, en quelque sorte, le sursis décisif. Le temps interne au projet s'est confondu avec celui de la cité, s'étendant au détriment du temps externe comme un polder sur la mer.

Anmerkungen

1 « Au Conseil Municipal », Paris-Normandie, 28 avril 1948.

2 Cf. «  Le jardin de l'Hôtel de Ville réduit au tiers de sa surface » Le Havre Libre, 24 avril 1948.

3 Bernard Esdras-Gosse, « La place de l'Hôtel de Ville du Havre sera l'une des plus belles réalisées en Europe depuis un siècle », Paris-Normandie, 3 juin 1948.

4 O. Lemonier, « Le Havre aura la plus belle place d'Europe construite au xxe siècle », Le Havre Éclair, 17 juillet 1948.

5 Pierre Lion, « 1949 ouvre l'ère de la reconstruction du Havre », Le Havre Libre, 28 et 29 mai 1949.

6 Pierre Lion op. cit.

7 B. Esdras-Gosse, « Au Conseil Municipal : De la reconstruction à la bombe atomique en passant par les tramways et l'escalier roulant », Paris-Normandie, 1er mars 1950.

8 B. Esdras-Gosse, « Du caillou au béton : le quatrième Hôtel de Ville du Havre », Paris-Normandie, 3 mars 1950.

9 Cf. Le Havre Libre, 6 mars 1950.

10 P. Lion, « Avant que n'intervienne le vote du Conseil Municipal, quelques précisions sur l'avant- projet de reconstruction de l'Hôtel de Ville et sur le style Auguste Perret », Le Havre Libre, 25 mars 1950.

11 Cf. « L'Avant-projet du Nouvel Hôtel de Ville devant l'opinion », Le Havre, 25 et 26 mars 1950.

12 B. Esdras-Gosse, « Lundi le Conseil Municipal aura à donner son avis sur l'avant-projet de reconstruction de l'Hôtel de Ville », Paris-Normandie, 25 et 26 mars 1950.

13 B. Esdras-Gosse, « Au Conseil Municipal : Après un hommage à André Siegfried, nos édiles décident... de ne rien décider quant au projet de reconstruction de l'Hôtel de Ville », Paris-Norman- die, 29 mars 1950.

14 P. Lion « Au Conseil Municipal : l'avant-projet Perret de Reconstruction du l'Hôtel de Ville est renvoyé une nouvelle fois en commission », Le Havre Libre, 29 mars 1950- voir aussi : Le Havre Éclair, 29 mars 1950.

15 B. Esdras-Gosse, « Petits détails, petites précisions sur la reconstruction de l'Hôtel de Ville et des I.S.A.I. » Paris-Normandie, 3 avril 1950.

16 « Les discussions autour de l'Hôtel de Ville ont déjà abouti à un résultat - la tour ne sera pas réalisée dans le style proposé ! », Le Havre Éclair, 1 et 2 avril 1950.

17 Voir notre entretien avec Jacques Tournant op. cit.

18 C'est le titre de l'article de Paris-Normandie du 26 avril 1950, voir aussi Le Havre et Le Havre Libre du 26 avril 1950.

19 J. Abram, Entretien avec Jacques Tournant, Perret et l'École du Classicisme structurel, École d'architecture de Nancy, 1985, tome 2, p. 91.

20 À l'exception, il est vrai, d'un seul projet sur plan cruciforme (peut être dans le but d'alléger la tour). Cette hypothèse, qui a donné lieu à la réalisation d'une maquette, ne s'est pas révélée très concluante.

21 B. Esdras-Gosse, « Le projet définitif de reconstruction de l'Hôtel de Ville », Paris-Normandie, 15 mai 1952.

22 Claude DUBRONEL, « L'Hôtel de Ville du Havre doit sortir de terre cette année », Le Havre, 15 mai 1952. Voir aussi l'article de Pierre LION dans Le Havre Libre du 15 mai 1952 et l'article d'Emile BIETTE dans Paris-Normandie Au 10 septembre 1952.

23 L'aboutissement du long travail de mise en forme de la tour effectué par Jacques Tournant s'inscrit dans les principes du classicisme structurel de Perret, mais il évoque aussi, paradoxalement, l'esthétique développée par certains rationalistes étrangers (cf. Vesnine, Gardella, Terragni). On pense aussi à certains ensembles de l'architecture viennoise de l'entre-deux-guerres (cf. Engels Hof).

Abbildungsverzeichnis

Bildunterschrift Fig. 1. – Auguste Perret : croquis de l'Hôtel de Ville du Havre, avec colonnade, corps latéraux, tour-beffroi à rappels horizontaux et lanterneau désaxé.(Archives J. Tournant-Le Havre).
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/474/img-1.jpg
Datei image/jpeg, 114k
Bildunterschrift Fig. 2. – Agence Perret, avant-projet avec façade rectiligne et attique. Tour à rappels horizontaux et lanterneau désaxé.(Archives J. T.-L.H.)
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/474/img-2.jpg
Datei image/jpeg, 169k
Bildunterschrift Fig. 3. – Agence Perret, avant-projet avec attique et corps central en saillie. Projet présenté à l'Exposition de la Reconstruction du Havre au début de l'année 1950.(Archives J. T.-L.H.)
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/474/img-3.jpg
Datei image/jpeg, 215k
Bildunterschrift Fig. 4. – Agence Perret, avant-projet avec façade rectiligne sans attique. Tour à rappels horizontaux et lanterneau désaxé. Projet présenté au Conseil municipal du 27 février 1950.(Archives J. T.-L.H.)
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/474/img-4.jpg
Datei image/jpeg, 187k
Bildunterschrift Fig. 5. - Agence Perret, avant-projet sans tour, avec corps horizontal à attique et saillie centrale. Projet non présenté aux élus. Mars 1950.(Archives J. T.-L.H.)
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/474/img-5.jpg
Datei image/jpeg, 189k
Bildunterschrift Fig. 6. – Agence Perret, avant-projet sans attique et sans saillie centrale. Tour sans rappels intermédiaires horizontaux avec lanterneau désaxé sur base massive. 1950.(Archives J. T.-L.H.)
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/474/img-6.jpg
Datei image/jpeg, 725k
Bildunterschrift Fig. 7. – Agence Perret, avant-projet sans attique et sans saillie centrale. Tour avec rappels horizontaux aux 3e et 13e niveaux, avec lanterneau désaxé sans base massive. 1950.(Archives J. T.-L.H.)
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/474/img-7.jpg
Datei image/jpeg, 645k
Bildunterschrift Fig. 8. – Jacques Tournant, esquisse de la tour sans rappels horizontaux, avec lanterneau désaxé sur base massive. 1950.(Archives J. T.-L.H.)
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/474/img-8.jpg
Datei image/jpeg, 268k
Bildunterschrift Fig. 9. – Jacques Tournant, étude du couronnement de la tour en prolongement de la structure en saillie. 1952. (Archives J. T.-L.H.)
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/474/img-9.jpg
Datei image/jpeg, 212k
Bildunterschrift Fig. 10. – Jacques Tournant, étude du lanterneau. 1952. (Archives J. T.-L.H.)
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/474/img-10.jpg
Datei image/jpeg, 355k
Bildunterschrift Fig. 11. – Jacques Tournant, étude de la tour sans lanterneau avec horloge au dernier niveau. 1953.(Archives J. T.-L.H.)
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/474/img-11.jpg
Datei image/jpeg, 151k
Bildunterschrift Fig. 12. – Jacques Tournant, étude de la tour sans lanterneau, sans horloge au dernier niveau. 1953.(Archives J. T.-L.H.)
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/474/img-12.jpg
Datei image/jpeg, 162k
Bildunterschrift Fig. 13. – Jacques Tournant, étude de la tour sans lanterneau avec évidement par retrait des deux derniers niveaux. 1953.(Archives J. T.-L.H.)
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/474/img-13.jpg
Datei image/jpeg, 588k
Bildunterschrift Fig. 14. - Jacques Tournant, étude de physionomie définitive de la tour. 1953.(Archives J. T.-L.H.)
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/474/img-14.jpg
Datei image/jpeg, 543k
Bildunterschrift Fig. 15. – Jacques Tournant, étude des remplissages de la tour avec approche du rythme des fenêtres. 1953. (Archives J. T-L.H.)
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/474/img-15.jpg
Datei image/jpeg, 457k
Bildunterschrift Fig. 16. – Agence Perret et Jacques Tournant, projet définitif. 1953.(Archives J. T-L.H.)
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/474/img-16.jpg
Datei image/jpeg, 820k
Bildunterschrift Fig. 17. – Début du chantier du corps horizontal, avant que ne soient achevées les études de la tour. 1952.
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/474/img-17.jpg
Datei image/jpeg, 787k

Der Text und andere Elemente (Illustrationen, importierte Anhänge) stehen unter OpenEdition Books License, sofern nicht anders angegeben.

Diese digitale Publikation wurde durch automatische optische Zeichenerkennung erstellt.
Suche in OpenEdition Search

Sie werden weitergeleitet zur OpenEdition Search