Les Journées témoins à la Fondation Jean Monnet pour l’Europe
p. 491-496
Texte intégral
1 Les 18 et 19 avril 1997, se sont déroulées à la Fondation Jean Monnet pour l’Europe, à Lausanne, deux Journées témoins, premier volet du colloque de Paris intitulé « Jean Monnet, l’Europe et les chemins de la paix ». Ces journées avaient pour but de permettre une rencontre entre acteurs, témoins et historiens, de susciter des échanges entre participants et surtout de partager des moments de travail.
2Travail de mémoire pour les uns, d’enquête pour les autres, et pour chacun travail de réflexion et d’analyse sur des expériences vécues et l’examen de l’évolution des circonstances.
3Interrogations sur le présent et l’avenir étaient les supports tangibles de ce travail sur le passé, fait de souvenirs, de recoupements, de propositions, de vérifications, travail dialectique s’il en est, permis par le dialogue entre acteurs et historiens, privilège mais exigence aussi des historiens du temps contemporain.
4Vingt-trois témoins, venus d’Allemagne, de Belgique, de France, de Grande-Bretagne, d’Italie, du Luxembourg, des Pays-Bas et des États-Unis, et quinze historiens, venus d’Allemagne, de Belgique, de France, d’Italie, des États-Unis et de Suisse se sont retrouvés ces deux jours à la Ferme de Dorigny1.
5 L’esprit des journées a été défini d’entrée par le Professeur Henri Rieben, qui a souligné combien cette rencontre autour des archives de la construction européenne s’inscrivait dans la mission que Jean Monnet a donnée à la Fondation qu’il a créée. Il a insisté sur le fait que le dialogue qui allait s’instaurer entre des acteurs, qui ont partagé l’expérience de Jean Monnet, et les historiens, qui ont la charge de l’enseigner et de la faire comprendre aux générations d’étudiants qui leur sont confiés, aurait pour but essentiel non d’illustrer le passé mais de préparer de la substance pour l’avenir. La rencontre qui allait permettre à des personnes d’horizons divers d’éclairer des problèmes d’intérêt commun s’inspirait tout naturellement de la méthode même de Jean Monnet.
6Le Professeur Gérard Bossuat, organisateur du Colloque de Paris avec le Docteur Andréas Wilkens, s’est proposé de prouver, tout au long de ces journées, que les historiens et les témoins étaient capables de travailler ensemble. Esprit et préoccupation dont le Conseiller fédéral Flavio Cotti, chef du Département fédéral des Affaires étrangères, l’une des personnalités qui avaient accordé leur patronage à ces Journées témoins, s’est fait l’écho dans le message qu’il a rédigé à l’adresse des participants réunis à Dorigny :
« Les journées qui s’ouvrent aujourd’hui à Lausanne sont des journées de partage : les témoins de l’intégration européenne sont invités à transmettre la mémoire vivante d’un cheminement entamé il y a bien plus de quarante ans.
Mon premier message s’adressera aux témoins. C’est avant tout parce que vous fûtes les acteurs de cette entreprise historique que votre témoignage revêt une qualité particulière. Certes, votre souvenir des événements est appelé à enrichir la connaissance historique de l’Europe de l’après-guerre. Toutefois, parce que celui qui – plus que tout autre – a marqué la construction européenne de son empreinte était d’abord un homme d’action, son inspiration ne peut être véritablement appréhendée que par ceux qui l’ont mise en œuvre. Vous êtes ainsi les seuls à même de discerner, au travers des multiples facettes de vos expériences, la constance de cette méthode qui est la marque du processus intégration européenne.
La transmission de la mémoire n’est jamais un but, mais bien un moyen. La préservation patiente du savoir dans les abbayes de notre continent, dès après la chute de l’Empire romain d’Occident, n’a trouvé pleinement son sens que lorsque la civilisation européenne connut, au xiie siècle, sa première renaissance. C’est à vous, historiens, qu’il appartient ainsi de mettre en terre cette philosophie d’action dégagée de la matière historique par l’intervention de l’intelligence des témoins. Vous aurez donc à poursuivre l’œuvre de médiation des témoins, en reportant le calque de cette méthode européenne sur l’Europe d’aujourd’hui.
Les dilemmes actuels – l’élargissement de l’Union européenne, le rôle des États et des peuples au sein de celle-ci, la place de l’Europe dans le monde – ne se résoudront que lorsque cette seule question sera tranchée : la méthode de l’intégration européenne présente-t-elle un caractère universel et est-elle, dès lors, adaptée aux exigences de notre temps ?
Je vous souhaite, à tous, la lucidité nécessaire pour mener à bien cette importante entreprise et je ne doute point que l’esprit de rencontre et d’échange qui règne à la Ferme de Dorigny enrichira votre travail ».
7L’intérêt premier de ces rencontres était d’instaurer un dialogue entre témoins et historiens, dans le but, entre autres, d’étayer et d’enrichir les communications que les historiens préparaient pour le Colloque de Paris. Au-delà de cette fonction première, les Journées témoins ont permis de rassembler et de constituer une source d’une grande richesse. Foisonnante de par la grande liberté des échanges, cette source permettra à d’autres chercheurs, dans l’avenir, d’entendre de multiples témoins évoquer leur action, et grâce à la perspicacité des historiens présents et à leur connaissance préalable des problèmes, d’évoquer, parallèlement aux grands enjeux, des points de détail, des aspects psychologiques, difficilement décelables dans les textes officiels ou même dans les œuvres des mémorialistes.
8Ce jaillissement de mémoire, truffé d’interventions spontanées, qui plus que jamais a mérité son nom de mémoire vivante, est et demeurera une source originale et de grande valeur à la disposition des chercheurs. Ils peuvent également disposer des notes et des communications que certains témoins ont en outre rédigées pour cette occasion2 Une mise en forme stricte du résultat des débats en trahirait le foisonnement et la spontanéité, fruits du climat de confiance qui s’est instauré entre témoins et historiens. Sans pouvoir mentionner toutes les interventions, il vaut la peine de donner une idée concrète de la richesse des échanges.
9Les thèmes reprenaient dans la mesure du possible ceux du Colloque de Paris ; ils ont toutefois été abordés à Lausanne dans l’ordre chronologique inverse, en partant de la période du Comité d’action pour les États-Unis d’Europe et remontant jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Les apports principaux des Journées témoins s’articulent autour d’un certain nombre de points d’intérêt :
- Jean Monnet, sa personnalité, son action et sa méthode ;
- des personnalités qui ont été en relation avec lui ;
- d’autres protagonistes des événements de son temps ;
- des moments-clés de la construction européenne ;
- quelques problèmes significatifs de cette période ;
- des questions ouvertes.
10Ce sont assez naturellement les collaborateurs les plus proches de Jean Monnet qui apportent des éclairages sur sa personnalité et son action. Monsieur Max Kohnstamm souligne comme un trait essentiel de la personnalité de Jean Monnet et comme fondement de son action le refus de toute domination et même de tout esprit de domination entre des individus ou entre des groupes. Il insiste sur le fait que sans refuser la compétition, Jean Monnet était avant tout un homme d’organisation. Caractéristiques que Monsieur Jacques-René Rabier confirme en évoquant l’obsession de la paix qui habitait Jean Monnet. Il dit aussi combien les maîtres mots de toute relation que Jean Monnet entretenait avec ses collaborateurs ou ses interlocuteurs étaient la confiance et la transparence, qui caractérisaient sa totale indépendance de jugement et le distinguaient ainsi de toute personne redevable à une clientèle politique ou autre. Madame Katharina Focke, qui a eu avec Jean Monnet une relation de proche jusqu’à la fin de sa vie, met en relief le caractère de l’homme autant que les compétences et les accomplissements. Monsieur Charles Ronsac qui, comme journaliste, a côtoyé Jean Monnet depuis 1950 à Londres, illustre bien le rapport privilégié entretenu par lui avec les milieux de la presse.
11La plupart des témoins présentent leur relation avec Jean Monnet comme autant d’illustrations de sa méthode. Très souvent, de par leur fonction, bras droit de personnalités de haute responsabilité, ils étaient pour Jean Monnet le passage direct et fiable vers les détenteurs du pouvoir ou les décideurs. Ils ont eu le privilège de servir de relais, d’informateurs et aussi d’assister aux entretiens qu’obtenait Jean Monnet parfois par leur intermédiaire. Leur témoignage permet ainsi de connaître leur propre souvenir et vision de rencontres importantes, mais aussi de savoir quel était l’état d’esprit et les réactions des responsables politiques dont ils étaient les proches collaborateurs. C’est le cas par exemple de Edward Heath, grâce à Sir Michael Palliser, de Paul-Henri Spaak, grâce au Baron Robert Rothschild et à Sir Michael Palliser, de Georges Pompidou, grâce à Monsieur Jean-René Bernard, de Willy Brandt, grâce à Madame Katharina Focke, de Walter Hallstein, grâce à Monsieur Bemdt von Staden, de Dwight D. Eisenhower ou de John Foster Dulles, grâce à Monsieur Robert Bowie.
12Dans les souvenirs des témoins présents, d’autres protagonistes de la vie politique de l’époque défilent, au gré des événements évoqués. André de Stark, Willem Beyen ou Antoine Pinay, que le baron Rothschild met en scène dans le contexte de la Conférence de Messine, Pierre Mendès-France, que Monsieur Pierre Pflimlin évoque le jour de la discussion sur le traité CED à l’Assemblée nationale, le Général de Gaulle, dont Monsieur Charles Ronsac suit les conférences de presse, en particulier sur le Plan Fouchet, ou de manière plus fugitive, Antonio Segni, Joseph Luns, Maurice Couve de Murville, que Monsieur Carlo Russo fait revivre en évoquant la conférence des ministres des Affaires étrangères au Quai d’Orsay, le 17 avril 1962, et dont il est aujourd’hui, avec Maurice Couve de Murville, le seul témoin vivant.
13Certains épisodes décisifs de la construction européenne ont catalysé l’intérêt des historiens et l’attention et la mémoire des témoins présents. L’épisode de la chaise vide, évoqué par Messieurs Emilio Colombo, Bemdt von Staden et Richard Mayne, Pierre Wemer aussi, qui y ajoute le souvenir de la conférence des retrouvailles à Luxembourg.
14Autre moment clé, le premier élargissement de la Communauté donne à Sir Michael Palliser l’occasion de faire revivre le point de vue britannique, à Monsieur Jean-René Bernard celui de la France et plus particulièrement celui de Georges Pompidou, et à Monsieur Robert Toulemon, les attentes et la position de Robert Marjolin.
15Le Plan Fouchet donne lieu à une importante intervention de Monsieur Carlo Russo, qui met en place le rôle de l’Italie dans cet épisode, et de Monsieur Per Fischer, qui montre les autorités allemandes souhaitant sauver quelque chose du plan contesté.
16La Conférence de Messine apparaît aujourd’hui comme un acte fondamental dans la construction européenne. Les témoins qui y assistaient, le baron Robert Rothschild, Messieurs Max Kohnstamm et Carlo Russo, disent à quel point personne n’imaginait sur le moment quelle en serait la portée. Ils ajoutent aux nombreux documents connus sur ce sujet, une évocation de l’atmosphère quotidienne d’incertitude et d’hésitation qui régnait dans les couloirs de la conférence censée longtemps n’être là que pour donner l’impulsion à des études, jusqu’à la rédaction du mémorandum Benelux.
17La crise de la CED donne lieu à des témoignages très vifs sur l’impact psychologique considérable que cet échec a eu sur des personnalités les plus diverses. Monsieur Eric Westphal, qui a rendu compte heure par heure à Jean Monnet des discussions à l’Assemblée nationale, a témoigné du désarroi et des interrogations de Jean Monnet cette nuit-là à l’Hôtel Trianon Palace, mais aussi de la détermination retrouvée dès le lendemain matin. Monsieur Max Kohnstamm a exprimé la crainte ressentie alors que cet épisode marque la fin de la construction européenne. Monsieur Pierre Pflimlin a relaté sa présence dans les rangs de l’Assemblée nationale lors de la discussion du projet et sa longue conversation avec Pierre Mendès France ce jour-là. Témoignages prolongés par les récits de la mise en route du Comité d’action de Jean Monnet et par révocation des négociations de Londres et des accords de Paris.
18Le processus de négociation de la CECA et le problème particulier de la déconcentration de la Ruhr sont l’objet d’une intervention détaillée de Monsieur Robert Bowie, membre de l’administration Eisenhower, qui a vécu en Europe la période de l’après-guerre. Il décrit l’évolution de la position américaine en Europe dès le Plan Marshall et voit dans l’intérêt très tôt exprimé par l’administration américaine pour une Europe unie, une préfiguration de l’idée de partnership dans l’égalité qui prendra forme plus tard.
19Des problèmes plus généraux ont également été abordés. Celui de l’Europe politique, du rôle des institutions, du Conseil européen, des compétences et de l’élection du Parlement européen ont suscité des interventions de Madame Katharina Focke, de Monsieur Jean-René Bernard, de Sir Michael Palliser, de Messieurs François Duchêne, Robert Toulemon et Pascal Fontaine. Le souci de l’Europe actuelle et de son évolution était très sensible derrière ces discussions, dans lesquelles les questions liées à l’avenir de l’Europe politique côtoyaient presque systématiquement les souvenirs des étapes accomplies. Monsieur Bruno Bottai a tenu à concentrer sa contribution orale sur cet aspect de l’avenir de l’Europe.
20Les questions monétaires, dictées elles aussi par le souci de l’actualité, ont permis à Monsieur Pierre Wemer de redire les circonstances de l’élaboration de son Plan et à Madame Katharina Focke d’évoquer l’insistance de Jean Monnet pour que ces questions figurent sur l’agenda de la Conférence de La Haye. Monsieur Jean-René Bernard a soulevé le problème très technique de la balance sterling, capital dans le contexte de 1971.
21Le problème de l’Allemagne, de l’Ostpolitik pratiquée par Willy Brandt et de ses incidences sur la politique européenne, la question de la réunification et la politique intérieure ont donné l’occasion à Madame Katharina Focke, à Messieurs Per Fischer et Max Kohnstamm d’apporter leurs témoignages et leurs interprétations.
22Les relations de l’Europe avec les États-Unis ont retenu à diverses reprises l’attention des participants. Pour Monsieur Max Kohnstamm, sans le Plan Marshall, il n’y aurait pas eu de Marché Commun. Le baron Robert Rothschild relève également l’apport essentiel des États-Unis, depuis l’administration Truman, dans la construction européenne, apport explicité du point de vue américain par Monsieur Robert Bowie. C’est aussi l’occasion de remettre en lumière les relations très privilégiées de Jean Monnet avec des membres de l’administration américaine, en particulier Dean Acheson, George Marshall, Dwight Eisenhower et John Foster Dulles.
23 Ce catalogue ne peut pas être exhaustif. Les historiens posent des problèmes. Pour mieux les formuler et tenter de les résoudre, ils ont posé des questions aux témoins. La multiplicité des voix prêtes à y répondre, la diversité de leur provenance et des points de vue exprimés ont confirmé l’extraordinaire complexité des problèmes abordés, les implications parfois insoupçonnées qui existent entre eux et les nuances infinies qu’il faut apporter pour tenter d’y voir clair.
24Les historiens présents, comme ceux qui utiliseront après eux cette nouvelle source d’information, résultat de deux jours de débats, ont trouvé et trouveront encore certainement des éléments de réponse à leurs interrogations. Ils y puiseront également le germe de nouvelles questions qui, sur le moment déjà, n’ont pas manqué d’être posées par les participants, tant historiens que témoins.
Notes de bas de page
1 Liste des témoins présents : Monsieur l’ Ambassadeur Jean-René Bernard, Paris ; Monsieur le Président Georges Berthoin, Paris ; Monsieur l’ Ambassadeur Bruno Bottai, Rome ; Monsieur Robert R. Bowie, Washington ; Monsieur le Président Emilio Colombo, Rome ; Monsieur Dionigi Coppo, Rome ; Monsieur François Duchêne, Brighton ; Monsieur Per Fischer, Bonn ; Madame le Ministre Katharina Focke, Cologne ; Monsieur Pascal Fontaine, Bruxelles ; Monsieur le Président Max Kohnstamm, Fenffe ; Monsieur José Leymarie, Paris ; Monsieur Richard Mayne, Londres ; Sir Michael Palliser, Londres ; Monsieur le Président Pierre Pflimlin, Strasbourg ; Monsieur Jacques-René Rabier, Bruxelles ; Monsieur Charles Ronsac, Paris ; Monsieur le Baron Robert Rothschild, Londres ; Monsieur le Juge Carlo Russo, Savone ; Monsieur l’ Ambassadeur Bemdt von Staden, Bonn ; Monsieur Robert Toulemon, Paris ; Monsieur le Président Pierre Werner, Luxembourg ; Monsieur Éric Westphal, Paris.
Liste des historiens présents : Monsieur Gérard Bossuat, Professeur à l’Université de Cergy-Pontoise, Paris ; Monsieur Yves Conrad, Université Catholique de Louvain ; Madame Élisabeth du Réau, Professeur à l’Université de Paris III – Sorbonne Nouvelle ; Monsieur Antoine Fleury, Professeur à l’Université de Genève ; Monsieur Pierre Gerbet, Professeur émérite de l’Institut d’études politiques, Paris ; Monsieur John Gillingham, Professeur à l’University of Missouri, St. Louis ; Monsieur Wolf Gruner, Professeur à l’Université de Rostock ; Madame Eisa Guichaoua, Paris ; Monsieur Lubor Jflek, Fondation Archives européennes, Genève ; Madame Maria Grazia Melchionni, Professeur à l’Université La Sapienza, Rome ; Madame Nicole Piétri, Professeur à l’Université de Strasbourg ; Monsieur Klaus Schwabe, Professeur à la Rheinisch-Westfalische Technische Hochschule, Aachen ; Monsieur Antonio Varsori, Professeur à l’Université de Florence ; Madame Cécile Vrain, Paris ; Monsieur Andréas Wilkens, Institut Historique Allemand de Paris ; Madame Pascaline Winand, Université libre de Bruxelles.
2 Communications remises par les témoins : Bruno Bottai, Jean Monnet. Version italienne et traduction française ; Bemdt von Staden, Jean Monnet und Walter Hallstein ; Antonio Cariglia, La fin d’une conflagration comme la Seconde Guerre mondiale... ; Hans von der Groeben, Die Rolle der Wettbewerbspolitik fiir die Entstehung des Gemeinsamen Marktes. – Die Rolle der Kommission in der Krise der Jahre 1965-1966. – Die gescheiterte Reform der Landwirt-schaftspolitik (1968-1969). – Die Anfange der Europaischen Wirtschaftsgemeinschaft. Kurze Darstellung eines Zeitzeugen.
Auteurs
Professeur à l’Université Cergy-Pontoise, chercheur associé à l’Institut Pierre Renouvin/Université Paris I.
Fondation Jean Monnet pour l’Europe, Lausanne.
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