Desktop versionMobile Version

Julius et Ethel Rosenberg. Un déni de justice

 | 
Roger Pinto

Avertissement

Volltext

1En 1986, j’ai constaté sur la base des faits connus, que le procès de Julius et Ethel Rosenberg constituait un véritable déni de justice. Dix ans après, cette conclusion demeure plus forte encore – collusion entre le président de la cour criminelle, le juge Kaufman et l’accusation, volonté du juge dès avant l’ouverture du procès de condamner Julius à la peine de mort, poursuites contre sa femme, Ethel, sans autre fondement que de tenter de la contraindre à témoigner contre son mari, en violation de la loi pénale.

2Sur la véracité des faits reprochés à Julius Rosenberg, il m’apparaissait nécessaire d’attendre l’ouverture devenue possible des archives soviétiques. Ces archives, si elles existent encore, sont demeurées secrètes. Seuls des témoignages privés ont été recueillis. Par contre la Central Intelligence Agency (CIA) a rendu publics en 1995 49 messages échangés entre le bureau de New York et le centre de Moscou des services d’espionnage et contre-espionnage soviétiques de 1943 à 1945. Ces messages codés ont été décryptés par les spécialistes de la CIA entre 1947 et 1952. Cette opération dite VENONA a pris fin en 1980. Dans l’ensemble, environ 3 000 messages couvrant les activités d’espionnage soviétique dans le monde entier ont été décryptés et publiés, les derniers en septembre 1997.

3On peut difficilement admettre que ces messages ont été forgés ou trafiqués de concert entre la CIA et le FBI. Il est possible qu’ils n’aient pas tous été remis aux services de décryptage.

4L’activité de renseignement de Julius et Ethel Rosenberg au profit de l’Union Soviétique n’apparaît que dans les 49 premiers messages publiés. Ils révèlent que Julius a recruté parmi ses anciens camarades du City College de la ville de New York – techniciens et ingénieurs – un petit groupe d’informateurs. Lui-même a participé à la photographie des documents recueillis. Il incite sa belle-sœur à intervenir auprès de son mari David Greenglass, le frère d’Ethel Rosenberg, pour qu’il fournisse des informations sur ce qui se passe à Los Alamos, le centre de recherches sur la bombe atomique où il est mobilisé comme mécanicien. Malheureusement aucun message décrypté n’a été publié par la CIA concernant la période cruciale de juin 1945 au cours de laquelle David Greenglass aurait remis, près de sa résidence de Los Alamos, à un courrier des services secrets soviétiques des documents sur la bombe. Une enquête a été diligentée en 1950, par le Comité Central du Parti Communiste de l’URSS sur cet épisode. Mais ses archives n’ont pu être officiellement consultées.

5En tout cas, les messages publiés par la CIA font apparaître le rôle secondaire et la faiblesse de l’action menée par Julius, selon les appréciations même des agents soviétiques de l’époque. Ils confirment l’absence de participation d’Ethel aux activités d’espionnage de son mari. En tenant compte des faits aujourd’hui avérés, il reste que le procès de Julius et d’Ethel Rosenberg et leur condamnation à la peine de mort doivent – par quelque forme ou procédure que ce soit – être cassés pour déni de justice.

6Mai 1998

Der Text und andere Elemente (Illustrationen, importierte Anhänge) stehen unter OpenEdition Books License, sofern nicht anders angegeben.

Diese digitale Publikation wurde durch automatische optische Zeichenerkennung erstellt.
Suche in OpenEdition Search

Sie werden weitergeleitet zur OpenEdition Search