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Dynamiques européennes. Nouvel espace, nouveaux acteurs

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Robert Frank
, 
Elisabeth Du Réau

2. Visions d’Europe

L’Europe alternative de l’extrême droite

Anne-Marie Duranton-Crabol

Texte intégral

1La présente analyse a pour objet une force politique devenue très obscure après 1945. Formée de groupuscules qui se considèrent comme une élite et agissent comme groupes de pression, elle se manifeste le plus souvent en pure perte, tant le souvenir de l’Europe hitlérienne a délégitimé ses aspirations. En outre, son action n’est nullement scandée par les étapes de la construction européenne, de sorte que les dates de référence retenues dans le cadre de la présente réflexion collective n’ont guère de signification pour elle. Quel peut donc être l’intérêt de son étude ? Tout d’abord, il est à noter que l’extrême droite sort durablement de son isolement, vers la fin de la période qui nous occupe, en commençant par la droite radicale intellectuelle, connue sous le nom de Nouvelle droite. D’autre part, le mépris des extrémistes pour l’Europe de Strasbourg ne signifie pas qu’ils se désintéressent de l’idée d’Europe, hypothèse d’ailleurs peu vraisemblable si l’on songe que, pour les plus âgés d’entre eux, le Troisième Reich a constitué un modèle vivant. Il convient donc de décrypter le message délivré par des leaders ou des formations saturés d’idéologie, afin de comprendre leurs positions inattendues ou paradoxales, en faveur d’une Europe alternative.

  • 1 J. Mabire, « De l’Algérie algérienne à l’Europe européenne », Défense de l’Occident, nouvelle série (...)
  • 2 Cf. La lotta politica di Avanguardia Nazionale, Rome, s.n., s.d. (en fait, S. delle Chiaie, 1974-19 (...)

2Après avoir évoqué à grands traits les conceptions qui se font jour entre 1945 et le début des années soixante, on présentera la tentative de renouvellement effectuée par deux mouvements transnationaux, Jeune Europe, entre 1960 et 1969, puis la Nouvelle droite. Avant de commencer, il faut souligner combien, dans ce foisonnement de groupes minuscules, la tonalité est dure : rêve d’une sorte d’Europe SS, antisémitisme, antibourgeoisisme aussi virulent que l’anticommunisme, éloge d’une révolution qui fonderait le règne de l’élite véritable. Encore en 1965, Jean Mabire, ce Normand qui deviendra le chantre de l’Europe des ethnies, regrettait l’époque heureuse où l’Allemagne, « en dépit de détestables relents de pangermanisme, combattait sur deux fronts et sauvegardait que ce soit avec elle ou que ce soit contre elle l’unité du continent », et déplorait la victoire alliée qui, estimait-il, eut pour effet de « briser cette innovation révolutionnaire de la guerre »1. Sans oublier que le terrorisme noir a pu se vanter d’incarner « l’Europe de l’espérance », comme l’affirmait, au milieu des années 1970, l’artificier italien Stefano delle Chiaie2.

Nostalgiques de l’Ordre nouveau

Le défis de la Guerre froide

  • 3 Maurice Bardèche cité par J. Algazy, La tentation néo-fasciste, 1944-1965, Paris, Fayard, 1984, p.  (...)
  • 4 R. Griffin, « Las organizaciones neofascistas », in M. Pérez Ledesma (éd.), Los Riesgos para la dem (...)

3Pour les collaborateurs, l’idée d’Europe avait partie liée avec l’Ordre Nouveau, la domination de l’Allemagne et de la race aryenne, la victoire sur le judéo-bolchevisme. L’effondrement du Troisième Reich les contraint à tirer quelques leçons de l’échec hitlérien. Car la situation géopolitique de la Guerre froide est la pire qui se puisse imaginer au regard des nostalgiques : non seulement l’Allemagne est divisée en deux États, mais encore l’Europe, affaiblie par l’émancipation des peuples coloniaux, se trouve aux prises avec deux vainqueurs, dont l’un, américain, se réclame de la démocratie libérale et pratique le « mélange des peuples », ainsi que le déplore O. Mosley, et l’autre, soviétique, menace les fondements de la civilisation commune. Dans ces conditions, agir c’est s’unir, en dépassant les frontières nationales, de façon à forger la « nation Europe ». Il s’agit, au fond, d’enrichir l’héritage du racisme hitlérien afin que tous les aryens puissent être concernés par la suprématie de la race blanche : l’erreur mortelle des Allemands n’est-elle pas d’avoir cru que « l’homme germanique seul, comme Josué, pourrait arrêter le soleil »3 ? Le « nazisme universel », selon la formule de Roger Griffin, est donc la première solution envisagée par les néo-fascistes désireux de sortir de l’impasse4.

  • 5 Sur ces internationales, cf. K.P. Tauber, Beyond Eagle and Swastika. German nationalism since 1945, (...)
  • 6 M. Bardèche, « Notre Europe », Défense de l’Occident, 20, janvier 1955, p. 3 et 5.
  • 7 M. Bardèche, « Sur la machine politique », ibid., nouvelle série, 48, mars 1965, p. 7. Concernant l (...)

4Face à la Communauté européenne naissante, la réaction est généralement de rejet. Ainsi, l’allemand Karl Heinz Priester, responsable local du Mouvement social européen (MSE), créé à Malmö en 1951, dénonce le « système de Strasbourg » comme prolongeant « l’exploitation des vaincus par les vainqueurs » ; quant à René Binet, promoteur français d’une Internationale rivale, lancée la même année sous le nom de Nouvel Ordre européen (NOE), en vue de combattre aussi bien le « bolchevisme mongoloïde » que le « capitalisme négroïde », il s’exclame : « À bas l’Europe des laquais de l’impérialisme russe ou américain »5. Mais certaines appréciations s’expriment, moins défavorables que l’on aurait pu croire, corrélées avec le sort de l’Allemagne et celui de l’Alliance atlantique. Ainsi Maurice Bardèche, l’un des fondateurs du MSE puis de la revue Défense de l’Occident (1952-82) : tout en condamnant l’« Europe d’hommes d’affaires », trop « prisonnière de l’idée démocratique », il tient l’alliance avec les États-Unis pour « nécessaire tant que l’Europe ne possède pas une force militaire propre », quel que soit le risque de « substituer partout la notion de communauté atlantique à celle de communauté européenne »6. Sa revue oscillera sans cesse entre l’exaltation de la « troisième force entre les deux blocs » et la conviction que la menace d’une prise du pouvoir par les communistes justifie « l’importance de la présence des troupes américaines »7.

Et ceux de la construction européenne

  • 8 A. Michel, « Plaidoyer pour l’Euratom », Écrits de Paris, janvier 1957, p. 64.
  • 9 Cf. K.P. Tauber, op. cit., vol. I, p. 224.

5La crainte incite parfois à accepter, à titre provisoire, l’Europe telle qu’elle se bâtit : certains collaborateurs de l’hebdomadaire français Rivarol suivent avec intérêt les efforts d’unification, tandis que, dans les Écrits de Paris, André Michel se prononce en faveur des traités de Rome, non sans rappeler que l’échec de la CED fut, à ses yeux, « un désastre pour l’Europe »8. On voit même l’extrémiste autrichien Theodor Soucek observer avec bienveillance le Conseil de l’Europe et les institutions des Six, premiers pas, lui semble-t-il, vers l’autorité centrale européenne dont il souhaite l’avènement9.

  • 10 Malgré les efforts faits par la CEDADE (Cercle espagnol des amis de l’Europe), créée en 1965, pour (...)
  • 11 O. Mosley, La Nation Europe, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1962, p. 18 (traduit de l’anglais, (...)
  • 12 O. Mosley, My Life, Londres & Édinburgh, Thomas Nelson, 1968, p. 425.
  • 13 Fondée par l’ancien SS Arthur Ehrhardt, cette revue dont O. Mosley passe pour avoir inventé le titr (...)

6De telles ouvertures ne vont pas sans réticences à l’intérieur des groupes radicaux qui se veulent transnationaux. Au nombre des germes de division, figurent également le statut futur de l’Europe unie – souvent mais pas toujours une confédération avec un gouvernement central fort – ainsi que la place de l’Allemagne dont la primauté éventuelle dans la confédération à venir n’est pas acceptée par tous. Car, renoncer à leur appartenance nationale pose quelques problèmes, même et surtout pour les « nationaux ». Dans ces conditions, les tentatives de dépassement des frontières se raréfient au long des années cinquante10. Afin de les encourager, Oswald Mosley cite en exemple ce qu’il appelle son « patriotisme européen », défini comme une extension de son patriotisme anglais, puis britannique11, et il évoque son propre combat pour « penser et sentir » dans trois langues, anglais, allemand, français, de façon à se trouver de plain-pied dans la culture européenne12. Ces exigences le conduisent à se détourner du mensuel Nation Europa, créé en 1951 et toujours en vie dans la décennie 199013, et à troquer le culte du passé contre une attitude plus offensive. D’où son intérêt pour Jeune Europe, une création transnationale dont l’existence s’étire entre 1960 et 1969, et qui sera l’objet de notre deuxième partie.

Jeune Europe

« De l’Atlantique à l’Oural »

  • 14 Cf. « Bref aperçu historique, doctrinal et structural de Jeune Europe », L’Europe communautaire, 16 (...)
  • 15 Sur cet aspect, voir Y. Sauveur, Jean Thiriart et le national-communautarisme européen, Mémoire pou (...)

7À la fin de l’année 1960, Jeune Europe est fondée à l’initiative d’un opticien de Bruxelles, Jean Thiriart, ancien « Ami du Grand Reich », afin de prolonger la lutte contre l’indépendance du Congo belge. Son appellation, affirme-t-elle dans un souci d’apaisement œcuménique, s’inspire aussi bien du mouvement lancé par Mazzini, en 1834, que d’une revue patronnée par des universitaires européens ayant combattu dans la Waffen-SS sur le front de l’Est, en 194214. Plus que le style de vie imposé par une conception aristocratique et guerrière du militantisme15, ce sont les innovations idéologiques et politiques qui nous retiendront. Car, tout en s’inscrivant dans l’effort d’universalisation tenté par le néo-fascisme, Jeune Europe en incarne une variante originale que l’on peut, avec Roger Griffin, qualifier d’« eurofasciste ».

  • 16 La présente analyse se fonde sur la lecture des œuvres de Jean Thiriart, jointe à celle des publica (...)
  • 17 On peut lire, à titre d’exemple, la mise au point intitulée « Les gribouilles de l’anti-gaullisme s (...)

8Innovations16 ? Sous la double inspiration de Jean Thiriart et Oswald Mosley, ce groupe tient la décolonisation pour inévitable, de sorte que la droite radicale lui semble devoir se mouvoir désormais dans une Europe dilatée en « Eurafrique », en liaison, naturellement, avec les Blancs du continent africain. Plus encore, il s’intéresse de près à la politique extérieure du général de Gaulle pour en retenir le souci d’indépendance de la France, le refus de la logique du bloc occidental, la volonté de rapprocher France et Allemagne, tout en préconisant une Europe large, « de l’Atlantique à l’Oural ». Aussi, l’éloge du Général, en dépit de l’« erreur impardonnable » que constitua l’abandon de l’Algérie, occupe-t-il largement les pages de Jeune Europe, en 1963 et 196417.

  • 18 Sous-titre de la brochure La Grande nation, rédigée par Jean Thiriart, Bruxelles, 1965, 82 p., à la (...)
  • 19 Cf. le titre de l’ouvrage de Jean Thiriart, Un Empire de 400 millions d’hommes : l’Europe, publié à (...)

9Forte de ces considérations, Jeune Europe développe donc ses propres objectifs. À la nécessité incontournable d’abolir le « petit-nationalisme » (celui de la nation-État), afin de construire la « Grande nation » européenne unitaire, définie comme une République « à vocation impériale », s’ajoute la volonté d’accomplir la « communauté de destin » en rassemblant toute l’Europe, « de Brest à Bucarest »18. Feront partie de cette entité aussi bien les pays de la péninsule ibérique, alors écartés des instances européennes en raison de leurs régimes autoritaires, que ceux soumis depuis 1945 à la tutelle soviétique. Enfin, la future Europe se veut de « troisième voie » ou « communautariste ». La troisième voie se déclare anti-américaine et anticommuniste à la fois, au nom de l’indépendance d’un « empire de 400 millions d’hommes »19. Elle s’identifie également à une posture ni droite ni gauche, indifférente au passé de ses adeptes : peu importe qu’ils aient été collaborateurs ou résistants, dès l’instant qu’ils adhèrent au projet commun. Selon les cas, la troisième voie peut enfin désigner un double rejet, celui des systèmes respectivement disqualifiés comme parlementaire et ploutocratique, d’une part, communiste et bureaucratique, de l’autre. La prétention du communautarisme est de leur en substituer un troisième, capable de concilier le « fait national » et le « fait social », tout en remodelant la société selon « une hiérarchie basée sur les valeurs et non sur les privilèges ».

  • 20 X. Casais, « Extrema derecha y nacionalismo », in A. De Blas Guerrero (dir.), Enciclopedia del Naci (...)
  • 21 J. Thiriart, « De Yalta à Pékin », J.E., 168, 31 janvier 1964, p. 4, 5, 7.

10Par rapport aux formations antérieures, Jeune Europe se distingue donc par son « utopie pan-européenne », pour reprendre l’expression du politiste espagnol Xavier Casais20, comme par son rejet d’une défense de l’« Occident » dont l’effet lui semble être la soumission aux États-Unis et la surestimation de la puissance soviétique : pour sa part, et non sans quelque lucidité, le groupe extrémiste juge cette dernière vulnérable en raison de ses difficultés économiques21. En vue de réaliser son grand dessein, Jeune Europe se constitue en internationale, avec des correspondants dans plusieurs pays d’Europe (principalement Belgique, Italie, Allemagne, Espagne, Portugal) et d’Amérique latine (Brésil, Colombie), et, déjouant la surveillance policière, elle tente, en 1962, de transformer les structures existantes en autant de sections nationales du « Parti historique » auquel il reviendrait de créer l’Europe unitaire. Là commencent les difficultés.

Le « Parti historique » introuvable

  • 22 Isolé parmi ces derniers, Pino Rauti, fondateur en 1956 du courant Ordine nuovo, aux marges du MSI, (...)
  • 23 J. Thiriart, « La fuite devant l’effort : littérarisme et clandestinité », J.E., 176, 27 mars 1964, (...)
  • 24 « Sur le gaullisme », Défense de l’Occident, 39, mars 1964, p. 3 et 4.
  • 25 Cf. K.P. Tauber, op. cit., vol. I, p. 215 et vol. II, note 81, p. 1098-1099. À ce « Mouvement popul (...)

11En effet, la mise sur pied d’un tel Parti rencontre les obstacles habituels qui paralysent la micro-sphère extrémiste depuis 1945 : la question du Haut-Adige oppose les nationalistes allemands et autrichiens aux nationalistes italiens22, tandis que les querelles de chefs font mal accepter la prééminence de telle ou telle personnalité. En outre, ses positions « gaullistes », même fortement instrumentalisées, lui valent l’hostilité de toutes les composantes de l’extrême droite française, en raison de ressentiments historiques évidents. Jean Thiriart en viendra donc à ferrailler contre les européistes hexagonaux qui auraient dû constituer ses alliés naturels, en particulier ceux de la revue Europe Action, manifestement visés par les critiques de l’hebdomadaire Jeune Europe contre « la facilité qui consiste à se défouler à travers l’encre de son porte-plume »23. De son côté, Défense de l’Occident prend ses distances et ne manque pas de rappeler que de Gaulle incarne « le triomphe de la dissidence et de la rébellion » qui a eu pour effet de « détruire les positions stratégiques des Européens en Afrique », favoriser l’« infiltration des forces communistes », « le régime du grand capitalisme international, des banques juives » etc.24. Enfin, l’idée même de « Nation Europe » est insupportable à tous les « universalistes » qui ne jurent que par l’union de toute la race blanche – c’est le cas du NOE – ou, inversement, à ceux pour lesquels les alliances doivent, en dernier ressort, favoriser le renforcement des entités nationales – il en va ainsi pour le Mouvement populaire européen, créé à Strasbourg en 1951, en vue de faire pièce au Mouvement européen25.

  • 26 Cf. J.-Y. Camus, R. Monzat, Les Droites nationales et radicales en France. Répertoire critique, Lyo (...)

12Dans ces conditions, avant de disparaître, en 1969, l’organisation d’origine belge s’est à la fois réduite comme peau de chagrin et radicalisée en un « tiers-mondisme » de plus en plus pro-arabe et anti-sioniste, pour ne pas dire antisémite. Ce sont ces derniers traits qui lui vaudront d’avoir influencé maints groupes radicaux des années soixante-dix qui se proclameront « nationaux-révolutionnaires », voire certains militants des Brigades rouges italiennes, en principe classés à l’extrême gauche26. En attendant, on assiste alors à l’émergence d’une nouvelle génération : d’un côté les partisans du terrorisme, surtout italiens pendant la période considérée ; de l’autre, une droite intellectuelle promise à un succès qui, jusqu’aux années soixante-dix, était resté hypothétique.

L’Europe de la Nouvelle droite

De la race blanche aux « différences culturelles »

  • 27 L’Esprit public, 69, décembre 1965, n° spécial.

13La Nouvelle droite a fait ses débuts en France autour de la revue Europe Action, créée en janvier 1963, par des étudiants et journalistes, tous issus du combat le plus dur en faveur de l’Algérie française et souvent attachés au mensuel Défense de l’Occident. Car une certaine conception de l’Europe peut réconforter ceux que déçoit l’échec de l’OAS : en témoigne l’engagement électoral du mensuel L’Esprit public, très proche de l’Organisation secrète, qui présentera son appel inattendu à voter en faveur de Jean Lecanuet aux élections présidentielles de décembre 1965 comme une « solution de combat »« pour le succès de la France et de l’Europe »27. Si Jean Mabire est promu rédacteur en chef d’Europe Action en 1965, le chroniqueur appelé au plus brillant avenir est Alain de Benoist, qui, âgé d’une vingtaine d’années, signait alors sous le pseudonyme de Fabrice Laroche.

  • 28 Éditorial, Europe Action, 1, janvier 1963, p. 8.
  • 29 « Le Marché commun », Ibid., p. 51.
  • 30 J. Mabire, « Notre nationalisme européen », ibid., 31-32, juillet-août 1965, p. 13.
  • 31 D. Venner, ibid., 30, juin 1965, p. 3. Ce sont des déclarations de ce type qui suscitaient les sarc (...)

14Dans une perspective clairement eurofasciste, les militants d’Europe Action se définissent comme « révolutionnaires, nationalistes, européens »28et ils partagent avec Jeune Europe, outre un grand mépris pour la CEE – « la disparition des communautés pseudo-européennes comme le Marché commun est la condition indispensable à la construction d’une Europe véritable »29, – une admiration paradoxale pour le passé du communisme qu’ils combattent. Pourquoi ? Parce que, comme eux-mêmes, ennemi de la « ploutocratie » et des « banquiers », le communisme a pris le pouvoir grâce à la réussite d’une action d’avant-garde. En revanche, ils se distinguent de Jeune Europe aussi bien par leur haine de De Gaulle et du gaullisme, comme on le sait, que par leur manière démonstrative de s’intéresser à la hiérarchisation des races et de superposer Europe et « race blanche », comme Jean Mabire exaltant « un cœur dont le sang bat à Johannesburg et à Québec, à Sydney et à Budapest »30. Enfin, ils s’en séparent par leur souci de privilégier la réflexion doctrinale, plutôt que l’action politique immédiate : « Pour bâtir le monde nouveau que nous voulons, affirme le fondateur de la revue, Dominique Venner, nous avons choisi d’unir l’idée et l’action »31.

  • 32 Voir A.-M. Duranton-Crabol, Visages de la Nouvelle droite. Le GRECE et son histoire, Paris, Presses (...)
  • 33 Le titre de la revue a changé en 1990, « pour la culture européenne » étant accolé à l’invariable E (...)

15Le mensuel Europe Action entretenait des relations d’amitié avec diverses publications européennes, en particulier Ordine nuovo en Italie et Junges Forum en Allemagne occidentale. Lui-même disparaît en 1967 mais dès l’année suivante est constitué le GRECE (Groupement de Recherche et d’Études pour la Civilisation européenne), bientôt connu sous le nom de Nouvelle droite32. Sa filiation avec Europe Action est double : à la fois les participants sont à peu près les mêmes, et ils soutiennent des positions à peu près inchangées, du moins dans les premières livraisons de leurs publications, Nouvelle École puis Éléments (pour la civilisation européenne)33. Si la Nouvelle droite mérite une attention particulière, c’est donc en raison de l’écho rencontré par ses thèmes qui lui vaut d’atteindre partiellement son objectif : convertir les élites françaises à ses vues. Car le GRECE est doublé, à partir de 1974, par un club politique, le club de l’Horloge, et il trouve des relais dans la presse hebdomadaire, Valeurs actuelles, dès 1970, puis le Figaro Magazine à partir de 1978 ; enfin, il ne laisse pas les intellectuels indifférents, ainsi que le montre le copieux débat de presse dont le Groupement fait l’objet, au cours de l’été 1979. Comment expliquer sa montée en puissance ?

16Sous l’influence d’Alain de Benoist, cette droite se dote d’une conception élaborée de l’Europe, enrichie de références savantes, qui font évoluer ses thèses « de l’inégalité biologique à la différence culturelle » (P.-A. Taguieff). Initialement proche de la race et de l’héritage biologique, comme le fut Europe Action, l’Europe de la Nouvelle droite se définit ensuite comme l’héritage des peuples indo-européens, ce qui revient à gommer la civilisation judéo-chrétienne au profit d’une autre, réputée plus ancienne et donc plus authentique : selon la reconstruction opérée par le GRECE, en effet, dans les sociétés indo-européennes, la hiérarchie des fonctions évitait l’« égalitarisme » corrosif, tandis que le règne de la marchandise était banni. Dans ces conditions, tout en se démarquant du nationalisme classique, qu’il abandonnait aux « vieilles droites » périmées, le Groupement a pu s’offrir le luxe de répudier l’universalisme au nom d’une valeur qui exhalait un parfum de progressisme dans le contexte de l’après-mai : le respect des différences, le droit pour chaque peuple d’exalter la sienne.

La haine de l’Amérique

  • 34 Cf. P.-A. Taguieff, Sur la Nouvelle..., op. cit., p. 28-41.

17L’Europe désigne donc, comme pour Jeune Europe, un espace de référence étendu, doté d’une culture trop ancienne pour se laisser impressionner par le « rideau de fer ». En revanche, la largeur d’un océan est insuffisante pour exprimer ce qui la sépare des États-Unis, du cosmopolitisme au culte de l’homo oeconomicus : à partir d’un numéro retentissant de Nouvelle École, publié en 1975, l’anti-américanisme sert durablement de drapeau, fondé sur la dénonciation d’un impérialisme d’autant plus dangereux qu’il envahit les esprits et les mœurs. Plus tard, au début des années quatre-vingt, la haine de l’Amérique conduira même Alain de Benoist à avouer une préférence pour l’Union soviétique comme moindre mal, non sans désorienter quelques-uns de ses amis. Par-delà le constant souci de non-conformisme, cette sympathie traduisait peut-être des contacts pris avec divers noyaux nationalistes (au sens d’anticommunistes) : la Perestroïka puis l’effacement de l’URSS attesteront d’une telle inclination eurasiatique34.

  • 35 Cf. J.-P. Le Goff, Mai 68, l’héritage impossible, Paris, La Découverte, « Cahiers libres », 1998, p (...)
  • 36 Voir P.-A. Taguieff, La force du préjugé. Essai sur le racisme et ses doubles, Paris, La Découverte (...)

18Le prestige dont les intellectuels jouissent en France a contribué au succès de la Nouvelle droite, puisqu’elle fait appel à l’ensemble des disciplines scientifiques afin d’étayer sa vision du monde, sur un registre d’apparence plus érudite que militante. En outre, en proposant un horizon de substitution au marxisme, alors en plein recul, elle peut apparaître comme l’une de ces remises en cause du militantisme révolutionnaire issu de Mai 68 dont la traduction de L’Archipel du Goulag (1974) marqua symboliquement le début35 : il faudra des analyses à la fois savantes et rigoureuses et pour montrer que l’éloge des différences peut tourner au « différentialisme » néo-raciste36. Hors de France, la Nouvelle droite se trouve au centre d’une nébuleuse durable qui s’étend à l’ensemble de l’Europe et à d’autres parties du monde, notamment le continent américain et l’Afrique du sud, encore sous régime d’apartheid, si bien que les textes d’Alain de Benoist sont traduits dans de nombreuses langues. C’est avec l’Italie et l’Allemagne que se produisent les échanges d’idées les plus fructueux.

Camps Hobbit et Révolution conservatrice

  • 37 Cf. A.-M. Duranton-Crabol, L’Europe de l’extrême droite. De 1945 à nos jours, Bruxelles, Complexe, (...)
  • 38 F. Freda, La désintégration du système, Padoue, Éditions Ar, 1970, traduction française E. Houllefo (...)

19En ce qui concerne la Nouvelle droite italienne37, elle se constitue à partir d’éléments radicaux situés sur les marges du parti néo-fasciste, le MSI (Movimento Social Italiano), qui allient le goût pour l’action violente avec une adhésion admirative aux thèses traditionalistes développées par Julius Evola. Théoricien que sa fréquentation des dirigeants nazis a détourné de toute sympathie pour le populisme, ce dernier condamne le monde moderne au nom d’une perception aristocratique et guerrière de l’existence. Il préconise un État qui serait dirigé par un Ordre, union d’hommes supérieurs, trempés par une vie ascétique, épris de fidélité et d’honneur, un idéal fortement influencé par le modèle de la Garde de Fer roumaine. Pour les groupes d’inspiration evolienne, principalement Ordine nuovo, l’idée d’Europe fait figure de mythe de substitution à l’internationalisme marxiste ou démocratique. À partir du milieu des années soixante-dix, certains de ces extrémistes, tout en s’enfonçant dans le terrorisme, en viendront à récuser toute référence à l’Europe, même revue à la lumière de la Tradition. Leur répulsion s’exprime parfois avec un réalisme cru : « l’Europe, écrit Franco Freda, est une femme de mauvaise vie qui a fait la putain dans tous les bordels et a contracté toutes les infections idéologiques – depuis celle des révoltes médiévales des Communes à celles des monarchies nationales anti-impériales ; de l’illuminisme au jacobinisme, à la maçonnerie, au judaïsme, au sionisme, au libéralisme, au marxisme »38. Cet héritier d’Evola, que son exaltation conduira à la rupture avec le maître, se lance alors dans la quête d’un « État populaire » anti-capitaliste, au point qu’il incarnera un étrange « nazi-maoïsme » italien.

20Mais d’autres radicaux italiens, quoique nourris de la lecture d’Evola, se préoccupent cependant des impasses sur lesquelles débouche la dénonciation inconditionnelle de la modernité ; en même temps, ils déplorent le nostalgisme passéiste dont le MSI leur paraît souffrir, et s’efforcent de lui insuffler un esprit nouveau. Ces rebelles, des jeunes gens, étudiants pour la plupart, bâtissent leur projet au cours des « camps Hobbit » qui, pendant les étés 1977 et 1978, s’inspirent de Tolkien pour souligner leur volonté de rompre avec la discipline militaire. Ils trouvent naturellement le contact avec la Nouvelle droite française. Au nombre de leurs publications, l’une des plus durables est le mensuel Diorama letterario dont le créateur, Marco Tarchi, finalement expulsé du MSI en 1980, n’a cessé d’entretenir des relations étroites avec la revue néo-droitière française Éléments.

  • 39 Cf. P. Moreau, op. cit., p. 171-192.

21En Allemagne fédérale39, comme en Italie, le désir de rompre avec le conservatisme suscite, dans la jeunesse d’extrême droite, un intérêt pour les thèses développées par le GRECE. En réalité, les échanges se font à double sens. Le Groupement français multiplie les emprunts aux diverses sensibilités idéologiques de la Révolution conservatrice weimarienne qui continuent à animer trois publications, Junges Forum, Criticon et Neue Anthropologie. Pour sa part, une revue comme Junges Forum, créée dans les années soixante peu de temps après Europe Action, n’hésite pas à faire connaître les textes importants publiés par la Nouvelle droite française, comme le souhaite Henning Eichberg. Cependant, certaines préoccupations spécifiques caractérisent la Nouvelle droite ouest-allemande : d’une part, la sensibilité écologique y est représentée de manière précoce et vigoureuse ; d’autre part, l’hostilité à l’influence américaine sur l’Europe repose sur des considérations géopolitiques autant qu’idéologiques, la crainte de voir l’Allemagne prise en tenaille par la guerre entre les deux Grands pouvant conduire soit au neutralisme, soit à la préférence pour une unification contrôlée par l’Union soviétique.

Paradoxes et insuccès de l’européisme de droite

22Ainsi, une partie de l’extrême droite survivant après la seconde Guerre mondiale s’est donnée pour ambition historique de s’unir afin de construire l’Europe en repoussant la démocratie. Ce projet s’est montré suffisamment flexible pour abriter les nostalgiques plus ou moins avoués du nazisme, les adeptes d’une entité eurafricaine, les admirateurs d’un gaullisme instrumentalisé ainsi que leurs adversaires, enfin les laudateurs de la « différence » entre les peuples. Il a même pu s’accommoder d’un flirt verbal avec l’Europe officielle, en vue de faire barrage au communisme, et au titre de propédeutique de l’Europe alternative. Enfin, il a réussi à poser des jalons en direction de l’« autre Europe », qui pourront être réactivés après la chute du mur de Berlin.

23Quelle image de la construction européenne le miroir de l’extrême droite renvoie-t-il alors ? Le souci de s’en démarquer fait que les élites extrémistes appartiennent souvent au cercle des gens « bien informés » : pour des raisons politiques renforcées par la proximité géographique des institutions européennes, ce fut particulièrement le cas du groupe Jeune Europe, d’origine bruxelloise. D’autre part, l’espace européen alternatif se caractérise par ses dimensions bien plus vastes que celles de la CEE, puisqu’il englobe l’ensemble des pays de l’Est, tandis que l’opposition croissante à la super-puissance américaine conduit, au prix de quelques contorsions idéologiques, à d’étonnants rapprochements avec l’extrême-gauche maoïste ou avec l’univers soviétique. Enfin, l’Europe y fait l’objet d’une appréciation pessimiste. Perçue comme une unité de civilisation, oscillant entre race et culture, elle paraît vouée à la décadence : l’y entraînent aussi bien la démocratie marchande que le bolchevisme, destructeur de peuples, alors que le sursaut attendu, qu’il se situe dans l’ordre de l’action ou dans celui de la réflexion, tarde à se produire.

24De fait, non seulement l’européisme droitier ne rencontre qu’un faible écho dans l’opinion publique – même si cet écho s’amplifie avec la Nouvelle droite, bientôt relayée en France par le Front national – mais encore il ne parvient qu’exceptionnellement à jouer un rôle rassembleur entre des militants convaincus, issus de pays différents. La résistance des nationalismes, obstacle auquel ne cesse de se heurter l’idée européenne, prend ici une tournure critique, accentuée par la spécificité que constituent les rivalités entre leaders de groupes minuscules ; même la sphère néo-droitière, capable d’échanges suivis entre intellectuels d’origines diverses, reste profondément marquée par un style et des préoccupations ancrés dans la nation. En 1979, à l’occasion de la première élection du Parlement européen au suffrage universel, l’échec d’un projet de candidature commune d’Eurodroite, brièvement caressé par le MSI italien, Fuerza nueva espagnol et le PFN français (Parti des Forces nouvelles) est significatif d’obstacles quasi insurmontable.

Notes

1 J. Mabire, « De l’Algérie algérienne à l’Europe européenne », Défense de l’Occident, nouvelle série, 51, août-septembre 1965, p. 19.

2 Cf. La lotta politica di Avanguardia Nazionale, Rome, s.n., s.d. (en fait, S. delle Chiaie, 1974-1975), p. 36, cité par F. Ferraresi, « La destra eversiva », in F. Ferraresi (a cura di), La Destra radicale, Milan, Feltrinelli, 1984, p. 69.

3 Maurice Bardèche cité par J. Algazy, La tentation néo-fasciste, 1944-1965, Paris, Fayard, 1984, p. 217.

4 R. Griffin, « Las organizaciones neofascistas », in M. Pérez Ledesma (éd.), Los Riesgos para la democracia. Fascismo y neofascismo, Madrid, Pablo Iglesias, 1997, p. 105-106.

5 Sur ces internationales, cf. K.P. Tauber, Beyond Eagle and Swastika. German nationalism since 1945, Middletown (Conn.), Wesleyan University Press, 1967, vol. I, p. 211-215.

6 M. Bardèche, « Notre Europe », Défense de l’Occident, 20, janvier 1955, p. 3 et 5.

7 M. Bardèche, « Sur la machine politique », ibid., nouvelle série, 48, mars 1965, p. 7. Concernant l’évolution de Défense de l’Occident, voir G. Desbuissons, Itinéraire d’un intellectuel fasciste : Maurice Bardèche, Thèse IEP de Paris (P. Milza dir.), 1990, 2 vol.

8 A. Michel, « Plaidoyer pour l’Euratom », Écrits de Paris, janvier 1957, p. 64.

9 Cf. K.P. Tauber, op. cit., vol. I, p. 224.

10 Malgré les efforts faits par la CEDADE (Cercle espagnol des amis de l’Europe), créée en 1965, pour diffuser, depuis l’Espagne, la propagande néo-nazie la plus radicale qui soit.

11 O. Mosley, La Nation Europe, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1962, p. 18 (traduit de l’anglais, 1958, par G. Portal).

12 O. Mosley, My Life, Londres & Édinburgh, Thomas Nelson, 1968, p. 425.

13 Fondée par l’ancien SS Arthur Ehrhardt, cette revue dont O. Mosley passe pour avoir inventé le titre, s’est voulu le « signal du regroupement de tous les Allemands n’ayant pas renié leurs idéaux antérieurs », cf. P. Moreau, Les Héritiers du IIIe Reich. L’extrême droite allemande de 1945 à nos jours, Paris, Le Seuil, 1994, p. 55sq. C’est dire que, malgré son ouverture aux principaux dignitaires de l’extrémisme européen, conformément aux aspirations du « nazisme universel », Nation Europa demeure très germanique. En septembre 1972, la revue s’efforcera de satisfaire l’internationalisme des jeunes radicaux allemands en organisant à Munich un congrès national-européen de la jeunesse, qui permettra notamment aux adeptes du terrorisme de nouer des relations utiles, ibid., p. 161.

14 Cf. « Bref aperçu historique, doctrinal et structural de Jeune Europe », L’Europe communautaire, 16, mars 1965, p. 54.

15 Sur cet aspect, voir Y. Sauveur, Jean Thiriart et le national-communautarisme européen, Mémoire pour le DEA, dact., IEP de Paris (Pr. Gerbet dir.), 1978. (L’auteur a lui-même été proche de la mouvance dont il conduit l’étude). Après avoir soutenu le terrorisme de l’OAS, au titre d’une certaine forme de « solidarité » européenne, Jeune Europe se détourne de l’activisme clandestin, lui préférant les coups d’éclat publics (tracts, bombages de peinture, démonstrations martiales...), préparés par un entraînement poussé, à l’occasion des camps d’été.

16 La présente analyse se fonde sur la lecture des œuvres de Jean Thiriart, jointe à celle des publications dont il fut le principal rédacteur et qui sont consultables à la BDIC de Nanterre : l’hebdomadaire Jeune Europe (J.E.), 1960- 1967 (premier numéro disponible, 4e année, 16 juillet 1963) ; le mensuel L’Europe communautaire, 1963-1966 (disponible à partir du n° 12, novembre 1964) ; le mensuel La Nation européenne, 1965-1969 (série lacunaire).

17 On peut lire, à titre d’exemple, la mise au point intitulée « Les gribouilles de l’anti-gaullisme systématique », J.E., 151, 23 août 1963, p. 1 et 2.

18 Sous-titre de la brochure La Grande nation, rédigée par Jean Thiriart, Bruxelles, 1965, 82 p., à laquelle sont empruntées les citations de ce paragraphe qui ne comportent pas d’autre référence. Une autre variante étire l’Europe « de Dublin à Vladivostok ». En tout état de cause, l’une des spécificités de Jeune Europe consiste à vouloir réduire la « fracture » durablement responsable de cet « ancrage à l’Ouest » dont É. du Réau montre que les « pères de l’Europe » l’ont accepté tout en laissant « l’avenir ouvert », L’idée d’Europe au XXe siècle. Des mythes aux réalités, Bruxelles, Complexe, « Questions au XXe siècle », 1996, p. 312.

19 Cf. le titre de l’ouvrage de Jean Thiriart, Un Empire de 400 millions d’hommes : l’Europe, publié à Bruxelles en langue française, en 1964, et aussitôt traduit dans les principales langues européennes.

20 X. Casais, « Extrema derecha y nacionalismo », in A. De Blas Guerrero (dir.), Enciclopedia del Nacionalismo, Madrid, Tecnos, 1997, p. 158-159.

21 J. Thiriart, « De Yalta à Pékin », J.E., 168, 31 janvier 1964, p. 4, 5, 7.

22 Isolé parmi ces derniers, Pino Rauti, fondateur en 1956 du courant Ordine nuovo, aux marges du MSI, considère cette question de frontières comme secondaire.

23 J. Thiriart, « La fuite devant l’effort : littérarisme et clandestinité », J.E., 176, 27 mars 1964, p. 4.

24 « Sur le gaullisme », Défense de l’Occident, 39, mars 1964, p. 3 et 4.

25 Cf. K.P. Tauber, op. cit., vol. I, p. 215 et vol. II, note 81, p. 1098-1099. À ce « Mouvement populaire », appartenait Henri Roques, qui s’illustrera en 1985 en soutenant une thèse révisionniste à l’université de Nantes.

26 Cf. J.-Y. Camus, R. Monzat, Les Droites nationales et radicales en France. Répertoire critique, Lyon, PUL, 1992, p. 49-51.

27 L’Esprit public, 69, décembre 1965, n° spécial.

28 Éditorial, Europe Action, 1, janvier 1963, p. 8.

29 « Le Marché commun », Ibid., p. 51.

30 J. Mabire, « Notre nationalisme européen », ibid., 31-32, juillet-août 1965, p. 13.

31 D. Venner, ibid., 30, juin 1965, p. 3. Ce sont des déclarations de ce type qui suscitaient les sarcasmes de Jean Thiriart.

32 Voir A.-M. Duranton-Crabol, Visages de la Nouvelle droite. Le GRECE et son histoire, Paris, Presses de la FNSP, 1988 ; P.-A. Taguieff, Sur la Nouvelle droite. Jalons d’une analyse critique, Paris, Descartes & Cie, 1994.

33 Le titre de la revue a changé en 1990, « pour la culture européenne » étant accolé à l’invariable Eléments, par lequel on la désigne le plus souvent.

34 Cf. P.-A. Taguieff, Sur la Nouvelle..., op. cit., p. 28-41.

35 Cf. J.-P. Le Goff, Mai 68, l’héritage impossible, Paris, La Découverte, « Cahiers libres », 1998, p. 191 sq.

36 Voir P.-A. Taguieff, La force du préjugé. Essai sur le racisme et ses doubles, Paris, La Découverte, « Armillaire », 1988.

37 Cf. A.-M. Duranton-Crabol, L’Europe de l’extrême droite. De 1945 à nos jours, Bruxelles, Complexe, « Questions au XXe siècle », 1991, p. 113-114 ; M. Revelli, « La nuova destra », in F. Ferraresi, op. cit., p. 119-214, ainsi que P. Ignazi, Il Polo escluso. Profilo storico del Movimento Sociale Italiano, 2e éd., Bologne, Il Mulino, 1998, p. 152-153 et 187-195.

38 F. Freda, La désintégration du système, Padoue, Éditions Ar, 1970, traduction française E. Houllefort, Paris, Totalité, 1980, p. 17-18, cité in F. Ferraresi, « Les références doctrinales de la droite radicale en Italie », Mots, 12, mars 1986, p. 19.

39 Cf. P. Moreau, op. cit., p. 171-192.

Auteur

Chercheur associée CHEVS/FNSP, Paris.

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