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    Plan détaillé Texte intégral La naissance d’une capitale européenne : les années 1980 Unifier l’Europe (1989-1993) Strasbourg au centre des tensions européennes Notes de bas de page Auteur

    Les lucarnes de l’Europe

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Strasbourg, capitale européenne (1979-1999)

    Lucile Torterat

    p. 317-333

    Texte intégral La naissance d’une capitale européenne : les années 1980 L’émergence de l’hémicycle européen : les bases d’une nouvelle politique Strasbourg, ville européenne de la France Un haut lieu de la diplomatie française L’Europe à Strasbourg Unifier l’Europe (1989-1993) L’euphorie européenne L’enjeu européen à Strasbourg Strasbourg au centre des tensions européennes L’équilibre précaire Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Strasbourg est une ville qui, par son histoire originale et complexe, occupe une place particulière en France. Parce qu’elle est simultanément une ville-frontière et une ville-carrefour, elle a développé en deux mille ans d’existence une tradition d’autonomie et une forte identité régionale.

    2Créée par les Romains en 12 avant Jésus-Christ, Strasbourg défendait la frontière de l’Empire. Au cours des siècles, les puissances française et germanique se disputeront la ville. Cette tension permanente laissera à la capitale alsacienne un héritage particulier. Ainsi, après la domination prussienne de 1870 à 1918, les autorités françaises n’ont pas retiré à Strasbourg toutes les prérogatives que la tradition allemande de décentralisation donne aux capitales régionales. Strasbourg est par exemple la seule ville de France ayant conservé des fonctions religieuses1. Le Concordat y est encore en vigueur. Par ailleurs, sa position sur le Rhin fait de Strasbourg un véritable carrefour commercial. Par extension, Strasbourg est devenue un carrefour culturel, religieux, universitaire...

    3Après la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’idée d’Union en Europe renaît, le ministre des Affaires étrangères britannique Bevin2 propose que Strasbourg accueille le Conseil de l’Europe, créé en 1949, dont la mission est de promouvoir les droits de l’homme en Europe. Lors de la création de la Communauté économique du charbon et de l’acier en 1951, on choisit de faire siéger l’Assemblée (qui deviendra le Parlement européen) à Strasbourg, pour faire le lien avec le Conseil de l’Europe et donner une couleur politique à cette organisation encore très économique3. Strasbourg abrite ainsi deux institutions : le Conseil de l’Europe et le Parlement européen.

    4 À partir de 1979, les députés du Parlement européen sont élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans afin de donner à l’Assemblée une plus grande légitimité et de rapprocher les citoyens des institutions européennes.

    5Dans cette étude, il s’agit de déterminer comment le Parlement européen, qui n’a encore que des pouvoirs restreints en 1979, va s’affirmer progressivement sur la scène européenne ; et, à travers le Parlement européen, comment Strasbourg va chercher à s’élever au rang de capitale européenne. La question de l’image est primordiale. Strasbourg présente la particularité de cumuler plusieurs identités : ville-frontière, carrefour, capitale alsacienne, ville franco-allemande... On analysera donc de quelle manière les multiples images de Strasbourg interfèrent sur sa volonté d’être une capitale européenne à part entière4.

    La naissance d’une capitale européenne : les années 1980

    L’émergence de l’hémicycle européen : les bases d’une nouvelle politique

    6À partir de 1979, les Français découvrent une nouvelle façon de faire de la politique. Le Parlement européen est régulièrement médiatisé, dévoilé, à l’occasion d’événements précis : les élections européennes. Mais les premières campagnes européennes de 1979 et 1984 sont difficiles à exploiter, les documents audiovisuels étant peu nombreux. Cependant, des reportages explicatifs, exposant le travail des députés et le fonctionnement du Parlement, sont diffusés à l’écran. Ils s’instaurent comme un type de programme proposé lors des élections.

    7Par ailleurs, l’élection du président du Parlement européen, bien traitée dès 1979, est révélatrice. La politique sur le plan européen s’affirme très différente de la politique à l’intérieur des pays membres. Parce que la Communauté européenne, l’Union européenne ensuite doivent s’accorder tout en composant avec leurs propres intérêts nationaux, le compromis et la négociation sont les principes qui régulent la politique européenne. Ce sont aussi les principes qui prévalent au sein du Parlement européen.

    8L’élection du président du Parlement européen, tous les deux ans et demi, est souvent le résultat de négociations intenses qui aboutissent parfois à des alliances imprévues, dans le but d’obtenir une alternance politique. Ainsi, en 1982, c’est le candidat socialiste, Piet Dankert, qui est élu à la présidence du Parlement, grâce au soutien des conservateurs britanniques5. En 1989, le socialiste espagnol Enrique Baron est élu grâce à une alliance technique entre les socialistes et les démocrates-chrétiens. Pour les députés, cette alternance est un signe de la vitalité démocratique du Parlement européen et la preuve du travail constructif que les partis politiques peuvent effectuer ensemble, au-delà de leurs divergences idéologiques.

    9La vitalité démocratique du Parlement européen se dévoile aussi à travers les visages politiques variés qu’il présente. En 1979, et c’était encore rare, les Français découvrent des femmes politiques volontaires qui travaillent pour l’Europe : c’est la doyenne de l’Assemblée, Louise Weiss, qui prononce le discours inaugural en 1979, juste avant que Simone Veil soit élue présidente du Parlement européen. Cette présence féminine se confirmera au cours des années, par exemple avec Catherine Trautmann, députée européenne et maire de Strasbourg à partir de 1989, ou encore Nicole Fontaine, élue elle aussi présidente du Parlement européen en 1999. Par ailleurs, le Parlement européen présente des mouvances politiques rarement représentées en France. C’est au Parlement européen que les écologistes français font leurs premières percées électorales, en 1989. Mais on y note aussi la présence de députés d’extrême droite. Malgré tout, c’est une impression de diversité, de large représentation des différents courants politiques qui prime lorsqu’on s’intéresse à la composition du Parlement européen.

    10En 1979, le Parlement européen n’a encore que des prérogatives limitées au sein des institutions européennes. Et il lui est difficile de trouver un accord sur les sujets économiques. Ainsi, lors de cette première année, le budget européen a été adopté avec plusieurs mois de retard.

    11Mais l’élection du Parlement a renouvelé une grande partie de ses membres, et bon nombre de nouveaux députés combatifs, forts de leur légitimité électorale, vont tenter de mener des actions fortes, pour porter haut l’idéal démocratique européen. Comme influencé par le Conseil de l’Europe, cette autre assemblée avec laquelle il partage le même bâtiment, le Parlement européen s’illustre dans la lutte pour les droits de l’homme.

    12Après un an d’action, en 1980, le Parlement peut déjà se prévaloir d’un bilan dans ce domaine. Il a par exemple fermement réagi à l’invasion soviétique en Afghanistan6 et préconisé le boycottage des jeux Olympiques à Moscou... Ces prises de position fortes font du Parlement européen un lieu de choix pour s’adresser à l’Europe, à l’image du président Ronald Reagan en 1985 ou encore du pape Jean-Paul II en octobre 1988.

    13Le Parlement européen va par ailleurs mener une lutte symbolique et concrète contre l’extrémisme et ses dérives. Cela se traduira par exemple, en juillet 1989, par le boycott du traditionnel discours d’ouverture du doyen de l’Assemblée7 lors de la séance inaugurale du Parlement nouvellement élu : le doyen n’est autre que Claude Autant-Lara, député du Front national. Le député européen démissionnera d’ailleurs deux mois plus tard, après avoir tenu des propos antisémites sur Simone Veil. On peut donc constater une volonté très ferme du Parlement européen de freiner les dérives extrémistes des députés, qu’il est obligé d’accepter en son sein en vertu des principes démocratiques.

    Strasbourg, ville européenne de la France

    Un haut lieu de la diplomatie française

    14La présence de ce Parlement, qui gagne en puissance tant sur le plan médiatique que sur le plan de la politique européenne, fait de Strasbourg un lieu important de la diplomatie française.

    15Symbole de la réconciliation franco-allemande, Strasbourg va être de façon récurrente le théâtre de rencontres entre autorités françaises et allemandes. Le 19 juillet 1983, le président Mitterrand et le chancelier Kohl se rencontrent en Alsace, à proximité de Strasbourg, pour parler du problème des euromissiles8. Mais c’est aussi l’occasion de reparler de la question des indemnisations des 60 000 Alsaciens incorporés de force lors de la Seconde Guerre mondiale. C’est encore pour discuter de la question du désarmement et de la présence de missiles sur le sol européen que le chancelier Kohl et le Premier ministre français Jacques Chirac se rencontrent à Strasbourg le 3 mai 1987. Par la suite, de nombreux événements célébreront l’amitié franco-allemande à Strasbourg, comme la naissance de la chaîne Arte en 1992.

    16Par ailleurs, l’activité du Parlement européen donne une réelle dimension internationale à la ville, à tel point que l’on peut considérer Strasbourg non plus seulement comme une ville française mais comme un territoire international aux statuts particuliers. Cet état de fait apparaît lors de la visite du leader palestinien Yasser Arafat en septembre 19889. Selon le discours diplomatique, ce n’est pas une visite en France. M. Arafat ne fait que « transiter » par le territoire français pour se rendre dans l’enceinte internationale du Parlement européen. Le sol strasbourgeois devient donc territoire international le temps de cette visite. En outre, le ministre des Affaires étrangères français, Roland Dumas, se rend en personne à Strasbourg pour discuter avec le leader palestinien. Pour une journée, le lieu de la diplomatie française se déplace de Paris à Strasbourg, ce qui accentue la dimension de capitale de la ville alsacienne.

    L’Europe à Strasbourg

    17La dimension internationale de Strasbourg en fait le lieu idéal pour y parler d’Europe ou encore pour s’adresser à l’Europe. Les campagnes électorales sont des moments clés pour Strasbourg car les candidats viennent y exposer le volet européen de leurs programmes. La première campagne vraiment marquante à ce titre est celle des élections présidentielles de 1988. Tous les candidats passent par Strasbourg et notamment le Premier ministre-candidat, Jacques Chirac, qui y évoque le destin européen de la ville ainsi que son programme en matière de politique européenne10. Cette tendance sera confirmée à chaque élection, notamment lors des campagnes pour les élections européennes. Valéry Giscard d’Estaing y termine symboliquement sa campagne en 1989, Michel Rocard y tient un de ses derniers meetings en 1994. Strasbourg est une étape obligatoire, ne serait-ce que pour repérer les lieux, pour donner une véritable note européenne à la campagne électorale.

    18Par ailleurs, tout au long des années 1980, Strasbourg verra fleurir sur son sol des initiatives culturelles et citoyennes, à portée européenne. Festival européen des écrivains en octobre 198711, congrès des scouts d’Europe en avril 198912... Les manifestations se multiplient qui consacrent et célèbrent le caractère européen de la capitale alsacienne. Strasbourg est le lieu de référence pour s’adresser à l’Europe dans sa dimension culturelle et politique.

    19Mais plus significatives encore sont les manifestations de protestation qui se déroulent à Strasbourg. Elles montrent que les citoyens de l’Europe considèrent la capitale alsacienne comme une ville représentative où l’on peut s’adresser aux autorités européennes et s’en faire entendre. Ainsi, les premières manifestations agricoles ont lieu en mars 198013 (5 000 agriculteurs se rassemblent pour demander une hausse des prix agricoles), mais également en mars 1984. Ces manifestations qui encadrent l’affirmation de Strasbourg sur la scène européenne dans les années 1980 se multiplient dans les années 1990. Petites manifestations récurrentes, par exemple à l’occasion du 1er mai (fête du travail) où travailleurs et chômeurs français et allemands défilent sur le pont de l’Europe, rappelant ainsi le caractère international de la ville (mai 1994, 1997, 1998...)14 ; ou bien manifestations à plus grande échelle, qui scellent le destin européen de la ville, à l’exemple de la manifestation agricole du 1er décembre 1992 : 50000 agriculteurs, venant de France, d’Allemagne, d’Italie, du Portugal, d’Angleterre et même d’Asie, défilent dans les rues de Strasbourg contre le dernier accord du GATT15.

    20Tout au long des années 1980, l’action résolue du Parlement européen cherchant à renforcer sa légitimité va donc avoir un fort impact sur Strasbourg en développant sa visibilité sur la scène européenne.

    Unifier l’Europe (1989-1993)

    21À partir de 1989, la construction européenne s’accélère. Les différents accords européens imposent aux pays membres de parvenir à un nouveau traité. Par ailleurs, l’effondrement du bloc soviétique bouleverse le jeu européen. Ces mutations vont avoir une influence sur le statut du Parlement européen et sur Strasbourg.

    L’euphorie européenne

    22Tout au long des années 1980, le bloc soviétique commence à s’ouvrir, un processus amplifié par l’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev à la tête de l’URSS. Les deux assemblées de Strasbourg, le Conseil de l’Europe et le Parlement européen, vont alors tenir un rôle dans le rapprochement entre l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est. Les personnalités vont se succéder à Strasbourg afin de s’adresser à l’Europe : Lech Walesa, puis le Premier ministre polonais Tadeusz Mazowiecki se rendent au Conseil de l’Europe en 1989, ainsi que Mikhaïl Gorbatchev, afin d’affirmer leur volonté de mieux respecter les droits de l’homme16. En 1990, le président tchécoslovaque Alexander Dubček se rend devant le Parlement européen, suivi quelques mois plus tard par le Premier ministre est-allemand Lothar de Maizière dans l’optique de la réunification allemande17. En 1991, c’est au tour du président de la Russie, Boris Eltsine.

    23Le Parlement européen est un acteur dans ce processus de rapprochement : le président François Mitterrand se rend à Strasbourg le 10 octobre 1989 pour demander aux douze pays de la Communauté de mettre en commun leurs aides pour les pays de l’Est18. L’appel de François Mitterrand, dans l’enceinte du Parlement européen, n’a pas été lancé en vain. Dès novembre 1989, les Douze se réunissent et décident la création d’une banque de développement destinée à aider financièrement l’Europe de l’Est19.

    24Cette effervescence autour de Strasbourg révèle deux tendances : le Conseil de l’Europe devient l’antichambre de la Communauté européenne, un passage obligé pour déclarer l’adhésion aux valeurs démocratiques européennes. Le Parlement européen est, quant à lui, le passage politique et diplomatique pour s’adresser aux autorités économiques de Bruxelles. Mais le Parlement européen a tendance à reprendre les prérogatives du Conseil de l’Europe en matière de droits de l’homme afin de s’affirmer symboliquement et politiquement face au pouvoir économique de Bruxelles.

    25À la fin des années 1980, la Communauté européenne s’est engagée dans un processus accéléré visant à poser les bases d’une union économique et monétaire dont la nécessité est amplifiée par les bouleversements en Europe. En effet, aider les pays d’Europe de l’Est passe par de meilleures organisation et coordination internes de la Communauté. Après plusieurs sommets européens, le traité sur l’Union européenne est négocié lors de la conférence intergouvernementale de Maastricht. Le traité sera ratifié en France par référendum près d’un an plus tard, en septembre 1992, au terme d’une campagne étonnante, qui aura transcendé le traditionnel clivage droite-gauche. L’UDF et le Parti socialiste tiendront d’ailleurs à plusieurs reprises des meetings communs pour défendre le projet. Ces événements créent une atmosphère politique inhabituelle qui a des conséquences directes sur Strasbourg.

    L’enjeu européen à Strasbourg

    26Durant cette période, Strasbourg se retrouve au centre de la scène européenne parce que le Parlement européen se situe au cœur des bouleversements en Europe, mais aussi parce que la ville est contestée dans son statut.

    27Depuis des années, Strasbourg est en concurrence avec Bruxelles en ce qui concerne le siège du Parlement européen. À Strasbourg, ont lieu les sessions parlementaires ; à Bruxelles, se tiennent les commissions parlementaires. L’ambition de la capitale belge est de rassembler l’ensemble des activités du Parlement. Cette concurrence prend brusquement de l’ampleur en 1987 lorsque des fonctionnaires européens, britanniques, irlandais, danois, belges, lassés par des déménagements incessants, lancent une campagne pour déplacer définitivement le Parlement européen à Bruxelles.

    28Une solidarité politique se forme en France pour défendre Strasbourg. Les partis politiques, de droite comme de gauche, se prononcent pour le maintien du Parlement dans la capitale alsacienne. Le 14 septembre 1987, le Premier ministre Jacques Chirac se rend à Strasbourg, soutenu par le président François Mitterrand, pour y prononcer un vibrant plaidoyer en faveur de Strasbourg20. Le président Mitterrand s’impliquera d’ailleurs personnellement dans cette bataille en se rendant lui aussi à Strasbourg. Son acte le plus marquant et le plus symbolique a sans aucun doute été d’adresser ses vœux pour l’année 1989 en direct de la ville de Strasbourg.

    Mes chers compatriotes, parce que c’est à Strasbourg que Rouget de Lisle a pour la première fois chanté la Marseillaise, le chant de la Patrie et de la République, parce que Strasbourg est la capitale de l’Europe, et que cette Europe, nous avons quatre ans, pas davantage, pour la construire, parce que Strasbourg vient de fêter son deuxième millénaire, et pour bien d’autres raisons qui font que Strasbourg est aimée des Français, je suis heureux de vous présenter ce soir et de cette ville mes vœux du Nouvel An. Nulle part mieux qu’ici, on ne se sent à la fois français et européen, européen français. [...]

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    Le générique identifie clairement le lieu choisi par François Mitterrand pour prononcer ses vœux : Strasbourg. Un choix symbolique, une image forte renforcée par la présence du drapeau européen, à côté du drapeau français.

    JT, TF1 et Antenne 2, 20 h 00, 31 décembre 1988 (source INA).

    29Ce discours du président François Mitterrand, prononcé devant les drapeaux français et européen accolés, fixe une image extrêmement forte ; elle montre comment Strasbourg devient pour François Mitterrand la ville symbolique des enjeux de 198921 : enjeux nationaux – 1989 étant l’année du bicentenaire de la Révolution française mais aussi et surtout européens. La France prend, en effet, la présidence de la Communauté européenne en juillet 1989. Sa position est stratégique lors du sommet européen de Strasbourg en novembre 1989, première étape vers le traité de Maastricht. Dans son discours, le président François Mitterrand met très habilement sur le même plan ces différents enjeux, conjuguant ainsi l’histoire de France avec l’avenir européen. Il fait des citoyennetés européenne et française deux notions réciproques et inséparables22. En prononçant ses vœux depuis Strasbourg, il inscrit la ville au cœur de ce processus, comme le symbole du renouveau européen, et consacre l’ambition de la ville.

    30Dès lors, la volonté d’élever la ville au statut de capitale européenne se construit comme l’un des enjeux principaux pour toutes les tendances politiques, lors des élections municipales de 1989. Chaque parti met en avant la richesse que le Parlement européen apporte à Strasbourg23.

    31L’élection de Catherine Trautmann à la mairie de Strasbourg, en 1989, va grandement participer à la défense de Strasbourg comme siège du Parlement européen. Son statut de première femme maire d’une grande ville de France, socialiste de surcroît dans une région traditionnellement à droite, donne à Strasbourg une visibilité accrue dans le paysage politique français. Élue député au Parlement européen lors des élections européennes de juin 1989, elle établit ainsi une connexion intéressante entre la vie politique strasbourgeoise et la vie politique européenne, et peut défendre sa ville en connaissant de l’intérieur les impératifs du travail au Parlement européen. Elle entreprend de contrecarrer toute attaque en faveur de Bruxelles.

    32Par exemple, le 7 mars 1990, Catherine Trautmann présente la maquette d’un nouveau palais de l’Europe, entièrement destiné aux députés européens24. Ce nouveau bâtiment est une réponse au projet de Bruxelles, prévoyant de construire un hémicycle sur son sol. En janvier 1992, elle inaugure un système de téléconférence ultramoderne qui facilite les communications entre les différentes institutions européennes25 : une manière de soulager le travail des députés européens, parfois paralysé par les navettes incessantes entre Strasbourg et Bruxelles.

    33Par ailleurs, Strasbourg va s’impliquer dans l’encadrement des activités du Parlement européen. En tant que siège d’institutions européennes, Strasbourg reçoit des hôtes prestigieux, à l’image des différentes autorités politiques de l’ex-bloc soviétique à partir de 1989 ou encore de la reine d’Angleterre Elisabeth II en mai 199226. Par l’accueil des chefs d’État étrangers et par l’hospitalité offerte à des personnalités politiques internationales de premier plan, le maire de Strasbourg contribue à doter la ville d’un statut de capitale.

    34Ces visites sont l’occasion de renouveler l’image de la ville en reliant les dimensions alsacienne et européenne de Strasbourg. Petites filles en costume traditionnel alsacien offrant des fleurs à la reine d’Angleterre ou au Premier ministre polonais Mazowiecki27, visite officielle de Lech Walesa dans les lieux emblématiques comme la cathédrale28 : ces images montrent qu’il n’y a pas deux Alsaces qui s’opposent, une Alsace folklorique et une Alsace européenne moderne, mais une seule région Alsace historiquement et traditionnellement européenne. Avec les drapeaux européens qui fleurissent sur les façades des bâtiments historiques, il s’agit de faire passer l’idée que l’Europe fait intimement partie de l’âme alsacienne.

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    Le rôle international du maire de Strasbourg, Catherine Trautmann (à droite en blanc), maire de Strasbourg, lorsqu’elle accueille la reine d’Angleterre, Elisabeth II (à gauche).

    JT, 20 h 00, TF1, 12 mai 1992 (source INA).

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    En visite à Strasbourg, Lech Walesa et une petite Alsacienne en costume traditionnel.

    JT, 20 h 00, TF1, 10 mai 1989 (source INA).

    35Cette réalité est perceptible au moment de la campagne pour la ratification du traité de Maastricht en France. Lors de cette campagne inhabituelle où les frontières partisanes s’effacent, le premier meeting commun PS/UDF a symboliquement lieu en Alsace, terre européenne, à Sélestat : « Nous sommes européens par atavisme, ici en Alsace. L’Europe est une réalité qui n’est plus à construire », déclare à cette occasion le maire socialiste de Sélestat29.

    Strasbourg au centre des tensions européennes

    36Après l’euphorie des années précédentes, la libération de l’Europe de l’Est et les nouvelles étapes de l’unification en Europe, l’élan retombe brusquement. Après la ratification du traité, il s’agit de l’appliquer : une entreprise longue et difficile qui fait le jeu des eurosceptiques. Par ailleurs, c’est en 1993 que les Européens commencent à ressentir le coût de la réunification qui ternit les performances économiques des pays membres.

    37Certes, l’entrée en vigueur du traité de Maastricht, en 1993, augmente considérablement les pouvoirs du Parlement, avec entre autres un droit de regard sur la composition de la Commission européenne et une association plus étroite au processus de décision. Mais ces avancées interviennent dans une période où éclatent plusieurs scandales : le financement de l’hémicycle construit à Bruxelles par exemple30 mais surtout le scandale de la Commission Santer, forcée de démissionner en 1999 ; ce qui renforce l’idée d’une technocratie européenne incontrôlable et coupée des préoccupations des citoyens européens. En France, les élections européennes de 1994 sont entièrement dominées par des enjeux nationaux et sont perçues comme un test pour l’élection présidentielle de 1995. Les élections européennes de 1999 se déroulent à l’ombre du scandale de la Commission Santer et sont marquées par une très forte abstention. Le clivage entre citoyens et autorités européennes apparaît nettement. Le politologue Xavier Costa, interrogé par les journalistes de France 3 au lendemain de l’élection, analyse ainsi les choses31 :

    Quelque part, c’est le pari de 1979 qui est peut-être en train d’être perdu. On avait parié qu’on pouvait faire des élections européennes sans avoir un peuple au préalable, et que quelque part, la citoyenneté naîtrait du fait de faire des élections. Et là, on voit que le taux de participation ne fait que s’effondrer depuis 1979.

    38Le Parlement européen souffre d’un handicap majeur : un manque d’information et de connaissance de son action. Un défaut qui, dans cette période de tension, sert les détracteurs de l’Europe qui dénoncent la « technocratie européenne ». Ainsi, lors de la rentrée parlementaire des députés européens récemment élus en juillet 1994, le député Bernard Tapie s’insurge contre les « transactions de couloir » qui ont abouti à l’élection du socialiste allemand Klaus Hänsch à la présidence du Parlement européen grâce à un accord entre PSE et PPE. Or, c’est le principe fondamental du Parlement européen, le consensus, qui permet un meilleur fonctionnement de l’institution, qui est remis en cause. Mal expliqués, ces accords pourtant nécessaires restent obscurs pour les citoyens.

    39Depuis les élections européennes de 1989, l’absentéisme des députés européens32, délaissant Strasbourg au profit de leurs mandats nationaux, décrédibilise l’action du Parlement européen.

    40Enfin, les prérogatives du Parlement dans le domaine économique semblent limitées, ce qui introduit un profond déséquilibre dans la balance des pouvoirs entre le Parlement et la Commission européenne. Un déséquilibre qui privilégie Bruxelles au détriment de Strasbourg.

    L’équilibre précaire

    41Dans cette période de tensions, Strasbourg se trouve ballottée entre les différentes tentatives pour relancer l’Union européenne et le scepticisme ambiant. Dans le climat anti-européen des années 1990, Strasbourg cherche à rester tant bien que mal le symbole d’une certaine idée d’Europe.

    42Tout d’abord, la ville demeure le cœur des relations franco-allemandes. Les deux pays essaient, dans les années 1990, d’en faire un symbole de la relance de la construction européenne. Ainsi, le premier geste de politique internationale de Jacques Chirac comme président de la République est de se rendre à Strasbourg pour montrer sa volonté de jouer un rôle actif dans la construction européenne33. Il y rencontre d’abord Klaus Hänsch, président allemand du Parlement européen, avant de retrouver le chancelier Kohl à la préfecture de Strasbourg. Une visite éminemment symbolique, placée sous le signe de l’Europe et du rapprochement franco-allemand comme socle de la relance de la construction européenne. L’implantation, à Strasbourg, d’entreprises importantes comme EADS, fusion du groupe français Aérospatiale Matra et du groupe allemand DASA, en présence du Premier ministre français Lionel Jospin et du chancelier allemand Schröder, le 14 octobre 1999, confirme cette volonté d’aller de l’avant.

    43Par ailleurs, le nouveau palais de l’Europe, l’IPE IV, se construit lentement. Il accueille les nouveaux députés après l’élection européenne de juin 1999. Il est officiellement inauguré par Jacques Chirac, le 14 décembre 1999. Il s’agit de forger une représentation concrète de la ville et de l’Union dans l’imaginaire des citoyens.

    44La façade entièrement vitrée représente, à la fois, la transparence de la démocratie européenne et son ouverture vers l’extérieur. L’hémicycle, recouvert d’un dôme vitré, entièrement lisse et hermétique, symbolise l’unité et la souveraineté de la délibération parlementaire. La haute tour qui abrite les bureaux des députés laisse volontairement une impression d’inachevé, à l’image de cette Europe en perpétuelle construction34. Cette impression d’inachevé évoque aussi la tour de Babel : le travail du Parlement se déroule en onze langues.

    Image

    Le nouveau Parlement européen, l’IPE IV, a été conçu pour s’insérer dans le paysage strasbourgeois.

    JT, France 2, 20 h 00, 13 juin 1999 (source INA).

    45L’IPE IV, baptisé « Louise Weiss », a été conçu pour s’insérer harmonieusement dans la ville de Strasbourg. La tour du nouveau Parlement est parfaitement dans l’axe de la cathédrale, répondant en écho à cette autre construction, constitutive de l’identité historique de la capitale alsacienne35. Si autrefois l’architecture s’exprimait avant tout dans les édifices religieux, désormais, c’est la démocratie et les droits de l’homme qui inspirent l’architecture. Mais la coexistence de ces deux bâtiments peut aussi donner l’impression d’une confrontation entre l’Alsace traditionnelle et l’Alsace européenne. La capitale alsacienne et la capitale européenne se regardent mutuellement, rappelant une fois encore que l’Europe fait intimement partie de l’âme alsacienne.

    46Le bâtiment achevé ferme le triangle magique qu’il forme avec l’autre palais de l’Europe (celui qui abritera désormais le seul Conseil de l’Europe) et le palais des Droits de l’homme (siège de la Cour européenne des droits de l’homme), constituant ainsi une vraie cité de l’Europe au sein de Strasbourg36. La ville comprend désormais un quartier européen. Or, une capitale se définit par la concentration de structures décisionnelles dans un quartier bien circonscrit par des constructions prestigieuses37. L’achèvement de l’IPE IV confère à la ville son statut et son image européens.

    47L’identité européenne que s’est construite Strasbourg, au cours des années, est remise en question par plusieurs événements. Si Strasbourg s’affirme dans son rôle européen, la ville reste malgré tout une ville frontalière. L’image de ligne infranchissable, la rupture brutale entre le « chez-nous » et l’ailleurs viennent contredire l’idée de cosmopolitisme et d’ouverture qu’évoque le terme « capitale ». Si cet aspect de Strasbourg apparaît sporadiquement dans les années 1980, il se renforce dans les années 1990. D’une part, l’effondrement du bloc soviétique entraîne une immigration venue d’Europe de l’Est vers l’Ouest, et des reportages dans lesquels Strasbourg a sa place s’intéressent à la surveillance des frontières38. D’autre part, à partir du 1er janvier 1993, les frontières sont censées disparaître à l’intérieur de l’espace Schengen. Or, en 1995, la France est l’un des derniers pays à contrôler encore ses frontières en raison des règles de sécurité instaurées après les attentats terroristes à Paris. Strasbourg est directement concernée par cette sécurité renforcée39 et devient en quelque sorte le révélateur des dysfonctionnements de l’Union européenne. Une image qui met à mal sa volonté d’être une ville-carrefour ouverte sur l’Europe.

    48Freinée dans son développement par cette frontière persistante, Strasbourg est en outre isolée sur le sol français et européen. La ville est mal insérée dans le réseau de transports européen. Comparée à Bruxelles, Strasbourg est extrêmement mal desservie. L’aéroport est mal relié aux autres villes, la gare trop peu développée. Pendant l’été 1992, alors que les camionneurs en grève bloquent les routes en France40, c’est le Parlement européen qui est paralysé, les députés européens ne pouvant accéder à Strasbourg que par la route. Pour pallier cet inconvénient, l’idée est très tôt lancée de relier Paris et Strasbourg par une ligne de TGV. En 1987, alors que l’ombre de Bruxelles devient de plus en plus menaçante, Jacques Chirac en visite à Strasbourg évoque ce projet.

    49En 1993, les autorités locales et nationales n’arrivent pas à trouver un accord sur le tracé de la ligne et l’État français tarde à débloquer les fonds nécessaires41. L’affaire traîne encore des années, donnant aux Alsaciens l’impression d’être totalement délaissés par l’État. Comme si tous les discours passionnés pour la défense de Strasbourg, ville économiquement et stratégiquement rentable grâce à la présence du Parlement européen, étaient oubliés dès que la question du soutien financier apparaît.

    50Ce n’est qu’en 2007, vingt ans après les premières déclarations, que le TGV est-européen est mis en service.

    51La capitale alsacienne se trouve handicapée par les sentiments anti-européens qui se développent et par les dysfonctionnements de l’Union européenne. Sa volonté de continuer à porter haut les valeurs européennes semble irréaliste. Strasbourg apparaît comme un îlot européen isolé et non comme la capitale d’un espace européen. Pour la ratification du traité de Maastricht, les Alsaciens ont voté massivement pour le « oui », alors que sur la France entière, le « oui » ne l’a emporté que de quelques milliers de voix seulement. Ce vote n’a pas été forcément compris par le reste du pays, comme le montrent ces propos de Marseillais, interrogés au lendemain du scrutin : « Ce sont nos frères les Alsaciens et les Lorrains [qui ont voté pour l’Europe]. Ce sont des Allemands ! »42 Cela traduit l’éloignement spatial, culturel, psychologique que certains Français peuvent ressentir à l’égard de l’Alsace, une région différente des autres, trop proche de l’Allemagne.

    52On avait déjà noté que Strasbourg, dans son rôle d’encadrement des activités du Parlement européen, avait tendance à lier traditions alsaciennes et symboles européens : les costumes alsaciens pour accueillir les personnalités européennes, mais aussi le traditionnel marché de Noël mettant chaque année un pays européen à l’honneur... Si le syncrétisme obtenu a eu d’heureux résultats en Alsace – les Alsaciens ayant développé un fort sentiment européen –, il n’en a pas été de même pour le reste de la France. Dans le contexte antieuropéen des années 1990, ce syncrétisme sonne faux. Pour les Français des autres régions et les touristes, les drapeaux européens flottant à Strasbourg, ainsi que les objets-souvenirs aux couleurs de l’Europe vendus dans la capitale alsacienne (réveils, tasses, pendules...) finissent par donner l’impression que l’Europe serait une spécificité alsacienne.

    53Ce qui, au lieu de familiariser les Français avec l’Europe en passant par l’Alsace, crée une distance entre l’Europe et les non-Alsaciens. Un ultime coup est porté lors de la mise en service du nouveau palais de l’Europe. Il fait immédiatement l’objet de vives critiques : trop grand, trop de couloirs ou d’escaliers qui ne mènent nulle part, peu pratique...43 La contestation du bâtiment porte atteinte à l’image de Strasbourg qui avait investi, financièrement et symboliquement, dans ce projet devant rehausser son prestige. Une contestation qui fait la part belle aux nombreux députés qui continuent, malgré le compromis d’Édimbourg, de contester Strasbourg comme siège du Parlement européen et font pression pour que certaines sessions parlementaires soient tenues à Bruxelles. Les dysfonctionnements de l’Union européenne, le manque de transparence du Parlement européen ont des effets négatifs sur l’image de Strasbourg qui cherche cependant à rester au cœur des valeurs européennes.

    Image

    JT, Antenne 2, 20 h 00,13 décembre 1992 (source INA).

    Image

    Ces images, qui illustrent les reportages de JT, montrent l’ancrage européen à Strasbourg. L’image, particulièrement soignée, du drapeau devant la cathédrale relie les images traditionnelle, historique et européenne de Strasbourg. Sur la deuxième image, drapeaux et parasols aux couleurs de l’Europe ornent les rues de Strasbourg.

    JT, France 2, 20 h 00, 27 mars 1997 (source INA).

    54L’introduction d’une véritable dimension démocratique en Europe lors des premières élections européennes en 1979 donne un nouveau souffle à la construction européenne. Le Parlement européen se construit peu à peu une image forte et peut ainsi s’affirmer face aux autres institutions européennes. Jusqu’en 1992 règne un climat optimiste. En outre, à partir de 1989, l’effondrement du bloc soviétique apporte un vent de liberté. Le rapprochement de la Communauté européenne avec les pays d’Europe de l’Est apporte un souffle et renforce ce sentiment commun que l’histoire est en marche et que cette Europe en construction est en train d’écrire une des pages les plus importantes de son existence. Plongée au milieu de ce tourbillon, Strasbourg s’affirme dans le paysage politique français et européen. Lieu privilégié pour parler d’Europe, la diplomatie française peut aussi s’exercer dans la capitale alsacienne. La ville humanise par ailleurs cette Europe en construction en mêlant les symboles alsaciens et les symboles européens : valeurs européennes et âme alsacienne sont ainsi intimement liées. Bien qu’elle soit sérieusement concurrencée par Bruxelles, Strasbourg gagne son pari en étant choisie comme siège définitif du Parlement européen.

    55Mais, au lendemain de la ratification du traité de Maastricht, l’euphorie retombe. L’intégration des pays de l’Est coûte cher à l’Union européenne. Les pays tardent à appliquer le traité et des dysfonctionnements surviennent. Le climat européen se détériore et les détracteurs de la « technocratie européenne » se multiplient. Les conséquences sur l’image de Strasbourg sont négatives : la volonté d’incarner les valeurs européennes ne trouve plus d’écho. Ce mélange des traditions alsaciennes et des symboles européens apparaît, dans cette période troublée, comme un folklore typiquement alsacien et non plus comme l’exemple à suivre d’une intégration réussie du sentiment européen dans une région d’Europe.

    56De plus, le soutien de l’État français s’étiole dans les années 1990, ce dont profitent les détracteurs de Strasbourg pour contester une fois encore le statut de la ville. Cette détérioration montre à quel point l’image de Strasbourg est tributaire du bon fonctionnement de l’Union européenne. Contrairement à un pays au système politique installé, l’Union européenne, en perpétuelle construction, souffre d’une instabilité chronique qui rejaillit inévitablement sur les institutions, les villes, et les symboles qui la représentent.

    Notes de bas de page

    1 Richard Kleinschmager, Strasbourg, une ambition européenne, Paris, Economica, 1997, p. 17.

    2 Pierre Gerbet, La construction de l’Europe, Paris, Imprimerie nationale, 1999, 3e édition mise à jour, p. 92.

    3 Ibid., p. 119.

    4 Pour réaliser cette analyse, je me suis fondée sur l’étude des journaux télévisés du soir des première, deuxième et troisième chaînes, de 1979 (premières élections européennes) à 1999 (inauguration du nouveau Parlement à Strasbourg, l’IPE IV). Parce qu’ils sont quotidiens et traitent l’actualité politique au jour le jour, leurs analyses sont souvent simples, empruntant des images récurrentes, des clichés. C’est en étudiant ces images et leur évolution que l’on analysera l’image renvoyée par la ville de Strasbourg.

    5 JT, Antenne 2, 20 h 00, 20 janvier 1982 ; JT, TF1, 20 h 00, 19 juillet 1994.

    6 JT, TF1, 20 h 00,14 décembre 1979 ; JT, TF1, 20 h 00,16 janvier 1980 ; JT, Antenne 2,20 h 00, 12 juillet 1982.

    7 JT, Antenne 2, 20 h 00, 25 juillet 1989.

    8 JT, Antenne 2, 20 h 00, 19 juillet 1983.

    9 JT, TF1 et Antenne 2, 20 h 00, 13 septembre et 14 septembre 1988.

    10 JT, Antenne 2, 20 h 00, 8 avril 1988.

    11 JT, TF1, 20 h 00, 16 octobre 1987.

    12 JT, Antenne 2, 20 h 00, 1er avril 1989.

    13 JT, TF1 et Antenne 2, 20 h 00, 25 mars 1980

    14 19/20, FR3, 1er mai 1994 ; JT, TF1, 20 h 00, 1er mai 1997.

    15 JT, TF1 et Antenne 2, 20 h 00, 1er décembre 1992.

    16 JT, Antenne 2, 20 h 00, 10 mai 1989 ; JT, Antenne 2, 20 h 00, 6 juillet 1989 ; JT, Antenne 2, 20 h 00, 30 janvier 1990.

    17 JT, Antenne 2, 20 h 00, 17 janvier 1990 ; JT, TF1, 20 h 00, 16 avril 1991 ; JT, Antenne 2, 20 h 00, 16 mai 1990.

    18 JT, TF1, 20 h 00, 25 octobre 1989.

    19 JT, TF1, 20 h 00, 18 novembre 1989 et 19 novembre 1989.

    20 JT, Antenne 2, 20 h 00, 14 septembre 1987.

    21 Paul-Louis Biglia, La communication politique de François Mitterrand à la télévision sur l’Europe de 1988 à 1992, mémoire de maîtrise sous la direction de Robert Frank et de Marie-Françoise Lévy, université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, 2004, p. 65.

    22 Ibid., p. 68.

    23 JT, Antenne 2, 20 h 00, 6 mars 1989.

    24 JT, Antenne 2, 20 h 00, 7 mars 1990.

    25 JT, Antenne 2, 20 h 00, 15 janvier 1992.

    26 JT, TF1 et Antenne 2, 20 h 00, 12 mai 1992.

    27 JT, TF1, 20 h 00, 30 janvier 1990.

    28 JT, TF1, 20 h 00, 10 mai 1989.

    29 JT, TF1, 20 h 00, 9 juin 1992.

    30 JT, Antenne 2, 20 h 00, 5 novembre 1994.

    31 19/20, FR3, 14 juin 1999.

    32 JT, TF1, 20 h 00, 24 juillet 1989.

    33 JT, TF1 et Antenne 2, 20 h 00, 18 mai 1995.

    34 Yves Deloye, Dominique Bellec, Dictionnaire des élections européennes, Paris, Economica, 2005, article consacré à Strasbourg.

    35 Pierre-François Mourier, Le Parlement européen à Strasbourg, Besançon, Éditions de l’imprimeur, 1999, p. 11.

    36 Ibid., p. 10.

    37 Stéphane Rosière, Géographie politique et géopolitique : une grammaire de l’espace politique, Paris, Ellipses, 2003, p. 118.

    38 JT, TF 1, 20 h 00, 1er septembre 1989.

    39 JT, TF1, 20 h 00,18 août 1995,9 septembre 1995, et 22 octobre 1995, JT, France 2, 20 h 00, 26 octobre 1995.

    40 JT, Antenne 2, 20 h 00, 7 juillet 1992.

    41 JT, Antenne 2, 20 h 00, 10 février 1993.

    42 JT, TF1, 20 h 00, 21 septembre 1992.

    43 France 2, 20 h 00, 14 septembre 1999.

    Auteur

    • Lucile Torterat

      Rédactrice pour la société de production audiovisuelle « Tout sur l’écran » à Paris, elle est l’auteur d’un mémoire de maîtrise Capitale régionale, capitale européenne, 1979-1999 : Strasbourg, une image en construction dans les journaux télévisés du soir, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, sous la direction de Robert Frank et de Marie-Françoise Lévy.

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    1 Richard Kleinschmager, Strasbourg, une ambition européenne, Paris, Economica, 1997, p. 17.

    2 Pierre Gerbet, La construction de l’Europe, Paris, Imprimerie nationale, 1999, 3e édition mise à jour, p. 92.

    3 Ibid., p. 119.

    4 Pour réaliser cette analyse, je me suis fondée sur l’étude des journaux télévisés du soir des première, deuxième et troisième chaînes, de 1979 (premières élections européennes) à 1999 (inauguration du nouveau Parlement à Strasbourg, l’IPE IV). Parce qu’ils sont quotidiens et traitent l’actualité politique au jour le jour, leurs analyses sont souvent simples, empruntant des images récurrentes, des clichés. C’est en étudiant ces images et leur évolution que l’on analysera l’image renvoyée par la ville de Strasbourg.

    5 JT, Antenne 2, 20 h 00, 20 janvier 1982 ; JT, TF1, 20 h 00, 19 juillet 1994.

    6 JT, TF1, 20 h 00,14 décembre 1979 ; JT, TF1, 20 h 00,16 janvier 1980 ; JT, Antenne 2,20 h 00, 12 juillet 1982.

    7 JT, Antenne 2, 20 h 00, 25 juillet 1989.

    8 JT, Antenne 2, 20 h 00, 19 juillet 1983.

    9 JT, TF1 et Antenne 2, 20 h 00, 13 septembre et 14 septembre 1988.

    10 JT, Antenne 2, 20 h 00, 8 avril 1988.

    11 JT, TF1, 20 h 00, 16 octobre 1987.

    12 JT, Antenne 2, 20 h 00, 1er avril 1989.

    13 JT, TF1 et Antenne 2, 20 h 00, 25 mars 1980

    14 19/20, FR3, 1er mai 1994 ; JT, TF1, 20 h 00, 1er mai 1997.

    15 JT, TF1 et Antenne 2, 20 h 00, 1er décembre 1992.

    16 JT, Antenne 2, 20 h 00, 10 mai 1989 ; JT, Antenne 2, 20 h 00, 6 juillet 1989 ; JT, Antenne 2, 20 h 00, 30 janvier 1990.

    17 JT, Antenne 2, 20 h 00, 17 janvier 1990 ; JT, TF1, 20 h 00, 16 avril 1991 ; JT, Antenne 2, 20 h 00, 16 mai 1990.

    18 JT, TF1, 20 h 00, 25 octobre 1989.

    19 JT, TF1, 20 h 00, 18 novembre 1989 et 19 novembre 1989.

    20 JT, Antenne 2, 20 h 00, 14 septembre 1987.

    21 Paul-Louis Biglia, La communication politique de François Mitterrand à la télévision sur l’Europe de 1988 à 1992, mémoire de maîtrise sous la direction de Robert Frank et de Marie-Françoise Lévy, université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, 2004, p. 65.

    22 Ibid., p. 68.

    23 JT, Antenne 2, 20 h 00, 6 mars 1989.

    24 JT, Antenne 2, 20 h 00, 7 mars 1990.

    25 JT, Antenne 2, 20 h 00, 15 janvier 1992.

    26 JT, TF1 et Antenne 2, 20 h 00, 12 mai 1992.

    27 JT, TF1, 20 h 00, 30 janvier 1990.

    28 JT, TF1, 20 h 00, 10 mai 1989.

    29 JT, TF1, 20 h 00, 9 juin 1992.

    30 JT, Antenne 2, 20 h 00, 5 novembre 1994.

    31 19/20, FR3, 14 juin 1999.

    32 JT, TF1, 20 h 00, 24 juillet 1989.

    33 JT, TF1 et Antenne 2, 20 h 00, 18 mai 1995.

    34 Yves Deloye, Dominique Bellec, Dictionnaire des élections européennes, Paris, Economica, 2005, article consacré à Strasbourg.

    35 Pierre-François Mourier, Le Parlement européen à Strasbourg, Besançon, Éditions de l’imprimeur, 1999, p. 11.

    36 Ibid., p. 10.

    37 Stéphane Rosière, Géographie politique et géopolitique : une grammaire de l’espace politique, Paris, Ellipses, 2003, p. 118.

    38 JT, TF 1, 20 h 00, 1er septembre 1989.

    39 JT, TF1, 20 h 00,18 août 1995,9 septembre 1995, et 22 octobre 1995, JT, France 2, 20 h 00, 26 octobre 1995.

    40 JT, Antenne 2, 20 h 00, 7 juillet 1992.

    41 JT, Antenne 2, 20 h 00, 10 février 1993.

    42 JT, TF1, 20 h 00, 21 septembre 1992.

    43 France 2, 20 h 00, 14 septembre 1999.

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    Torterat, L. (2009). Strasbourg, capitale européenne (1979-1999). In M.-F. Lévy & M.-N. Sicard (éds.), Les lucarnes de l’Europe (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.43918
    Torterat, Lucile. « Strasbourg, capitale européenne (1979-1999) ». In Les lucarnes de l’Europe, édité par Marie-Françoise Lévy et Marie-Noële Sicard. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2009. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.43918.
    Torterat, Lucile. « Strasbourg, capitale européenne (1979-1999) ». Les lucarnes de l’Europe, édité par Marie-Françoise Lévy et Marie-Noële Sicard, Éditions de la Sorbonne, 2009, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.43918.

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    Lévy, M.-F., & Sicard, M.-N. (éds.). (2009). Les lucarnes de l’Europe (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.43638
    Lévy, Marie-Françoise, et Marie-Noële Sicard, éd. Les lucarnes de l’Europe. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2009. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.43638.
    Lévy, Marie-Françoise, et Marie-Noële Sicard, éditeurs. Les lucarnes de l’Europe. Éditions de la Sorbonne, 2009, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.43638.
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