Les présidents américains et la religion : l’exemple de George W. Bush et de Harry S. Truman
p. 91-104
Texte intégral
1Il est fréquent de lire dans la presse française des descriptions fort détaillées sur la religiosité du président George W. Bush. Ce dernier estime que la religion et l’exercice libre de celle-ci sont d’une importance capitale pour le pays. « Si la séparation de l’Église et de l’État est importante aux États-Unis, nous devons toujours nous souvenir que la religion a joué un rôle considérable dans notre fondation et reste très importante aujourd’hui. Ceux qui souhaitent faire disparaître la religion et les valeurs enracinées dans la religion et l’espace public ont une compréhension erronée de l’histoire américaine et du premier amendement de notre Constitution », déclare-t-il dans un entretien accordé au Catholic Digest1. George W. Bush ne cherche pas à cacher qu’il est influencé par sa foi dans sa vie quotidienne mais il rappelle qu’il n’est pas le premier président à parler de Dieu. « La plupart de mes prédécesseurs parlaient ouvertement de leur confiance en Dieu, de George Washington à John Kennedy, en passant par Abraham Lincoln. Tout au long de l’histoire américaine, des citoyens guidés par leur foi ont fait de grandes choses, en appelant à la conscience de cette nation et ont fait de ce pays un endroit meilleur » ajoute-t-il encore2.
2D’autres présidents que ceux énumérés par George W. Bush ont également fait état publiquement de leurs sentiments religieux – notamment Jimmy Carter, Ronald Reagan, Bill Clinton – pour ne citer que quelques exemples récents. En effet, tout au long de ses huit ans de présidence, Bill Clinton, un baptiste, n’a cessé d’invoquer Dieu dans ses discours. Mais il est moins fréquent de dire que Harry Truman a été l’un des présidents les plus religieux des États-Unis. Celui-ci se disait « fier d’être baptiste » et citait souvent la Bible, Ancien et Nouveau Testament. Il a affirmé à plusieurs reprises que sa philosophie politique était fondée sur le Sermon sur la Montagne. Il déclarait le 20 octobre 1947 devant l’American Bible Society : « Je ne crois pas qu’il y ait un seul problème dans notre Nation ou dans la famille des Nations qui ne puisse être réglé par une solution religieuse3. »
3Depuis son mariage avec Laura Welsh en 1977, George W. Bush est officiellement méthodiste. Baptisé dans une église épiscopalienne de New Haven, il a fréquenté dans sa jeunesse la Presbyterian Church de Midland (Texas) avec ses parents. Dans les années 1984-1986, il connaît un véritable « renouvellement spirituel », une « conversion »– il se dit depuis born again Christian. C’est à la suite d’une rencontre avec le fameux évangéliste Arthur Blessitt, appelé à Midland en avril 1984 pour remonter le moral des fidèles, que se produit ce changement profond, renforcé l’année suivante, pendant l’été 1985, par des conversations décisives avec l’évangéliste Billy Graham, un ami de la famille. George W. Bush se met à lire la Bible régulièrement chaque matin, pratique qu’il n’abandonnera plus. Il rejoint également un cercle d’études bibliques à Midland avec son ami Don Evans dont la conversion l’a impressionné4.
4De son côté, Harry Truman n’a pas connu l’expérience de « conversion » de George W. Bush. Il est membre de l’église baptiste, même s’il a fréquenté le catéchisme d’une église presbytérienne de 10 à 16 ans. En revanche, et à l’instar de George W. Bush, Truman était un familier de la Bible qu’il aimait lire et citer. La sincérité de la foi de ces deux présidents ne peut être mise en doute.
5Peu de temps après cette « conversion » qui lui permet désormais de donner un sens à sa vie, Bush prend la résolution de ne plus boire d’alcool, alors que jusqu’ici il en avait assez régulièrement abusé, surtout lors de soirées avec des amis. Sa santé, l’insistance de sa femme et sa réputation familiale ont certainement aussi joué leur rôle. Truman, quant à lui, ne dédaignait pas prendre un verre de bourbon, déchaînant les critiques de certains baptistes. Mais, n’en ayant pas autant abusé que Bush, il n’y renonça jamais !
6George W. et Laura forment un « bon couple » comme Harry et Bess5. Lorsqu’il participe à la campagne présidentielle de son père à Washington en 1988, une jeune femme de l’équipé électorale qui lui avait fait des avances, se fait vertement remettre à sa place. Un peu plus tard, George W. donne une leçon à un sénateur et à un représentant, alors qu’ils voyagent dans le même avion. Ceux-ci s’étant vantés d’avoir des maîtresses et de les cacher à leurs femmes et aux journalistes, Bush réplique qu’il est un homme heureux d’avoir Laura et porte un toast à cette dernière6 ! De son côté, Truman était tout aussi rigoureux à propos de la fidélité conjugale.
7 La First Lady à laquelle Laura Bush ressemble le plus est sans doute Bess Truman, qui aimait quitter assez souvent la Maison Blanche afin de retourner dans son cher Missouri. De son côté, Laura Bush s’était constitué un propre cercle d’amis, surtout des femmes, lorsqu’elle habitait Austin. À cette époque, elle y avait fondé le Festival du livre du Texas. Même si elle a participé à quelques tournées électorales pour son mari, Laura n’est pas très investie dans la vie politique. Elle accompagne généralement George W. pour le week-end à Camp David ainsi qu’au ranch de Crawford au Texas. Elle participe également à des voyages officiels. Mais elle reste le plus souvent en retrait et discrète.
8Il semble que l’idée de se présenter à la présidence des États-Unis ait été soufflée à Bush par George Shultz, ancien secrétaire d’État de Ronald Reagan, juste après sa réélection comme gouverneur du Texas, lors d’une visite à ce dernier en Californie. Bush avait écouté peu de temps auparavant un sermon du pasteur Mark Craig dans une église d’Austin invitant tous les fidèles à utiliser leur pouvoir dans les différents secteurs de leur vie professionnelle, politique, familiale, pour faire le bien. « Les gens manquent de leaders qui aient un sens moral et du courage » affirme-t-il encore dans un ouvrage publié en 2000 aux éditions Odile Jacob7. Peu de temps après, Bush appelle le pasteur James Robison et lui déclare :
Je pense que Dieu veut que je me présente à la présidence. Je ne peux pas l’expliquer, mais je sens que mon pays a besoin de moi. [...] Je sais que cela ne sera pas facile pour moi ou pour ma famille, mais Dieu veut que je le fasse8.
De son côté, il arrivait à Truman de penser être guidé par Dieu. Il croyait à l’efficacité de la prière.
9Une fois élu à la Maison Blanche, Bush continue de commencer ses journées par la lecture d’un passage de la Bible. Il aime particulièrement le livre des Psaumes, notamment les psaumes 27 et 91. C’est également un lecteur du très célèbre ouvrage de piété My Utmost for His Highest d’Oswald Chamber. Parallèlement, Bush commence les réunions de Cabinet par une prière. Depuis son élection en janvier 2001, on peut parler d’une sorte de « ferveur morale » à la Maison Blanche. Des cours de Bible y sont proposés au personnel9.
10Tout juste élu, George Bush déclare le premier dimanche suivant son installation dans le bureau Ovale Jour national de prière et d’action de grâces. Par ailleurs, il supprime les financements publics destinés aux organisations de planning familial à l’étranger admettant l’avortement comme moyen de régulation des naissances. À ses yeux, il ne saurait y avoir de cloison étanche entre la pratique de son métier d’homme politique et le sentiment de réaliser une vocation reçue de Dieu. « La foi change les vies. Je le sais parce que la foi a changé la mienne » se plaît-il à dire10.
11Tout le système de valeurs de Bush s’appuie sur la conviction de l’action de Dieu.
J’ai bâti ma vie sur une fondation qui ne se dérobera pas. La foi me libère. Elle me permet de mettre en perspective les problèmes du moment, me donne la liberté de prendre des décisions que les autres pourraient ne pas apprécier, me libère pour essayer de faire ce qu’il faut, même si les sondages sont défavorables,
écrit-il encore dès les premières pages de son livre publié en 200011. De son côté, Truman aimait citer ce verset de Luc :
Malheur, lorsque tous les hommes diront du bien de vous ! C’est de cette manière, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes,
ce qui lui redonnait du courage lorsqu’il subissait de dures critiques. De fait, la Bible fournissait à Truman un ensemble de valeurs sans lesquelles il n’aurait pu vivre. C’était pour lui un guide spirituel et moral.
12Indifférent aux sarcasmes et autres railleries provoqués par sa piété affichée, Bush a déclaré exiger des membres de son Administration les règles les plus strictes d’intégrité et interdit d’utiliser des fonctions publiques pour obtenir des avantages privés ou des intérêts financiers. De la même manière, le grand lecteur de la Bible qu’était Truman attachait la plus grande importance à l’honnêteté et à l’intégrité. Pourtant il devra faire face à des problèmes de corruption dans son Administration. Et il en va de même pour George W. Bush, dont l’entourage n’a pas été à l’abri de quelques scandales.
13Pour Truman comme pour Bush, religion et démocratie sont indissociablement liées aux États-Unis. À l’époque de Truman comme à celle de Bush, une forte majorité d’Américains sont favorables à la séparation des Églises et de l’État, mais ils n’en approuvent pas pour autant une séparation absolue entre la religion et le gouvernement. En effet, une majorité d’entre eux pense que les valeurs de la religion peuvent apporter des éléments positifs au monde politique. Les Américains sont même devenus de plus en plus favorables à l’existence de liens entre la religion et la politique12. En février 2003, devant l’assemblée annuelle des National Religious Broadcasters à Nashville, Bush définit la liberté comme « le don de Dieu pour chaque être humain dans le monde ». Cette phrase aurait pu être prononcée par Harry Truman.
14En réalité, si les États-Unis ont clairement séparé les Églises et l’État, ils n’ont jamais dissocié véritablement politique et religion, à la différence de ce qui se passe souvent en Europe. Ainsi, le 3 février 2004, George W. Bush déclare : « On ne peut être président de ce pays sans croire en Dieu et sans être convaincu que nous formons une seule nation aux ordres de Dieu13. »
15Quant à Harry Truman, il pense que religion et démocratie sont liées aux États-Unis :
La religion et la démocratie dans ce pays ont grandi côte à côte. Elles se sont renforcées mutuellement. Elles ont prospéré ensemble. Ici, comme peut-être nulle part dans le monde, l’unité fondamentale du christianisme et de la liberté a été démontrée14.
16On peut également établir une sorte de parallèle entre la « doctrine Bush » et la « doctrine Truman ». En septembre 2002, une nouvelle « stratégie de sécurité nationale » est adoptée, définissant un vaste et ambitieux programme. Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, on peut parler de la réapparition d’un National Security State – un État dont la sécurité nationale est la grande priorité – comme au temps de la guerre froide sous la présidence de Truman. L’arrivée au pouvoir de l’Administration Bush a entraîné une véritable « révolution stratégique » en fonction d’un nouveau concept dit de « révolution dans les affaires militaires ».
17L’annonce par George W. Bush d’une nouvelle doctrine qu’il appelle pre-emption représente une grande innovation pour la politique étrangère américaine. Un petit fascicule de 35 pages, intitulé The National Security Strategy of the United States, rédigé par l’Administration Bush et transmis au Congrès le 19 septembre 2002, présente au public américain la nouvelle stratégie américaine visant à éradiquer les groupes terroristes et les régimes menaçant directement les États-Unis. Le document précise que les États-Unis s’efforceront certes d’obtenir le soutien de la communauté internationale mais qu’ils n’hésiteront pas à agir seuls, si nécessaire, et à exercer leur droit de légitime défense en agissant préventivement contre les terroristes afin de les empêcher de nuire. Les auteurs du document affirment également que l’Amérique peut influencer le monde vers la paix, la prospérité et la liberté. Aussi le but de la stratégie qu’elle a adoptée ne doit pas être seulement d’établir un monde plus sûr, mais aussi meilleur, en encourageant la liberté politique et économique, les relations pacifiques avec d’autres États et le respect de la dignité humaine.
18Devant ce qu’il considère comme une menace de la part de l’Union soviétique, Harry Truman réagit avec vigueur le 12 mars 1947. Il déclara devant le Congrès :
Nous ne réaliserons pas nos objectifs si nous ne sommes pas décidés à aider les peuples libres à maintenir leurs libres institutions et leur intégrité nationale contre les mouvements agressifs qui cherchent à leur imposer des régimes totalitaires.
C’est la « doctrine Truman » de containment qui avait été recommandée par George Kennan. Le vote du National Security Act en juillet 1947 atteste le souci des États-Unis d’adapter leur appareil militaire aux nouvelles exigences de leur politique étrangère : création d’un département unifié de la Défense, de la CIA et d’un Conseil national de sécurité.
19Les attentats du 11 septembre 2001 ont constitué pour les États-Unis un traumatisme effrayant, pire encore que celui de Pearl Harbor le 7 décembre 1941. La décision de George W. Bush de réagir avec vigueur par l’attaque de l’Afghanistan puis de l’Irak peut – toutes proportions gardées – être rapprochée de celle de Truman d’utiliser la bombe atomique pour écourter la guerre contre le Japon.
20La politique étrangère américaine après le 11 septembre revêt une dimension rhétorique quasi religieuse. Bush junior n’hésite pas, en effet, à évoquer le « combat du Bien contre le Mal ». Le successeur de Clinton pense qu’il a une mission à accomplir : lutter contre le terrorisme, mener une politique qui protège les Américains du mal absolu que représente la conjugaison du terrorisme, des armes de destruction massive et des « États voyous ».
21Devant l’expansionnisme communiste et les dangers de tout totalitarisme, Harry Truman s’était également inquiété : « Nous avons vu les forces du mal engagées dans une lutte pour bannir la religion et la liberté de la face de la terre. » Lorsque la Corée du Nord envahit la Corée du Sud le 25 juin 1950, Truman réagit immédiatement en envoyant des troupes en Corée du Sud, malgré la désapprobation de son secrétaire à la Défense Johnson. On peut rappeler à cet égard que le secrétaire d’État de George W. Bush, Colin Powell, était plus que réservé vis-à-vis de l’intervention en Irak sans l’aval de l’ONU en 2003. Truman avait eu plus de chance en 1950 car l’absence du délégué soviétique avait évité un veto au Conseil de sécurité de l’ONU. Cela étant, la poursuite de la guerre en Corée – l’armistice n’est signé que six mois après la fin du second mandat de Truman – provoquera la montée d’une protestation. Il semble en être de même pour George W. Bush au fur et à mesure que la situation ne s’améliore pas en Irak.
22Certains analystes ont avancé une « hypothèse religieuse » pour expliquer la politique extérieure de Bush. Il s’agirait d’une sorte de « croisade » car le terme a été employé par le président lui-même. Il faut cependant rappeler qu’il est courant aux États-Unis d’employer ce mot sans faire allusion pour autant aux expéditions entreprises au Moyen Âge par les chrétiens coalisés pour délivrer les Lieux saints qu’occupaient les musulmans. N’oublions pas que le président Eisenhower a intitulé l’un de ses livres Crusade in Europe. Pour Sébastien Fath, « il apparaît erroné d’attribuer l’option militaire de la Maison Blanche à l’influence chrétienne. C’est au contraire du côté chrétien que les pressions antiguerre les plus véhémentes ont retenti outre-Atlantique15 ».
23En réalité, les Églises étaient toutes opposées à la guerre préventive en Irak, y compris l’Église méthodiste à laquelle appartient Bush. Le National Council of Churches, qui regroupe les principales dénominations protestantes américaines, a pris parti résolument contre la guerre. Bush a refusé à plusieurs reprises de rencontrer une délégation du National Council of Churches. De son côté, la conférence des évêques catholiques américains s’était déclarée en faveur de la paix au Moyen-Orient, comme le cardinal Pio Laghi, envoyé spécial de Jean-Paul II auprès du président américain. Cependant, une minorité catholique influente comprenant notamment les théologiens George Weigel, Richard Neuhaus, Michael Novak, le journal First Things, l’Institute on Religion and Public Life, soutenait les options de Bush.
24Il faut cependant souligner le fort décalage entre l’opinion des responsables religieux et la masse des fidèles. Ainsi, les protestants évangéliques ont manifesté de fortes divergences entre eux à propos de l’attaque préventive de l’Irak. Une majorité s’est toutefois prononcée en faveur du projet militaire de l’Administration Bush. Certains protestants évangéliques caressent même l’espoir de convertir des musulmans. De son côté, Christianity Today, principal magazine évangélique, approuve la politique de l’Administration Bush tout en manifestant un certain embarras16. Chuck Colson, une des figures les plus respectées du mouvement évangélique, voit dans l’action américaine en Irak une « guerre juste ». C’est également la position de Franklin Graham. Par contre, son père Billy Graham reste silencieux, semblant se désolidariser de la guerre préventive. De même, Philip Jensen écrit, toujours dans Christianity Today : « Nous pouvons être sûrs que la présente guerre en Irak n’est pas une guerre chrétienne. »
25D’autres responsables évangéliques n’hésitent pas à se déclarer opposés au principe même de la guerre préventive. Ainsi Philip Yancey, auteur de bestsellers, met en garde ses compatriotes et juge que les États-Unis sont allés trop loin dans leur politique de force. Quant aux deux leaders de la New Christian Right – Jerry Falwell et Pat Robertson – ils ont insisté sur la mobilisation par la prière pour éviter la guerre. Pat Robertson déclarait ainsi le 25 mars 2002 : « Entrer en guerre contre l’Irak serait la dernière chose à faire, parce que cela sera perçu par le monde arabe comme une attaque des États-Unis contre tous les musulmans, et cette guerre ne pourrait pas être gagnée17. » En revanche, la principale organisation évangélique, la National Association of Evangelicals, reste très neutre alors que les National Religious Broadcasters qui regroupent les médias audiovisuels évangéliques soutiennent la politique de Bush. La Southern Baptist Convention, à la différence d’autres dénominations baptistes, soutient, au contraire, avec vigueur la politique américaine en Irak.
26De son côté, Truman avait subi de vives attaques contre sa politique d’intervention en Corée. On dénonce la « guerre de M. Truman » qui se prolonge. Eisenhower n’hésite pas à condamner la doctrine du containment qu’il juge « négative, futile et immorale ». Fin 1952, la popularité de Truman s’est effondrée, avec 23 % de personnes satisfaites... Par ailleurs, Harry Truman se voit reprocher par les églises protestantes sa décision de maintenir un représentant personnel auprès du Vatican et surtout son intention d’établir des relations diplomatiques officielles avec ce dernier. Il doit même y renoncer.
27On trouve chez George W. Bush l’idée que l’Amérique doit contribuer à construire un avenir meilleur pour le monde. Notons que son prédécesseur Bill Clinton tenait en 1999 un discours assez identique :
À cause de [...] l’accroissement spectaculaire de notre prospérité, avec la confiance qui l’accompagne, en raison de ce temps d’expansion économique paisible d’une durée sans précédent dans notre histoire, les États-Unis ont l’opportunité et je dirais, la responsabilité solennelle de modeler pour le xxie siècle un monde plus paisible, plus prospère, plus démocratique.
Peu après avoir décidé l’intervention américaine au Kosovo, il affirmait lors d’un discours à l’institut de la paix :
Les États-Unis en tant que pays le plus grand et le plus fort du monde en ce moment [...] ont une inévitable responsabilité dirigeante dans ce monde toujours plus interdépendant, afin d’aider à relever les défis posés par cette ère nouvelle18.
28Le 21 janvier 2002, l’Administration Bush met en place l’Office of Global Communication. Animé notamment par John W. Rendon, ancien collaborateur de Jimmy Carter, il a pour mission de rendre populaire la politique extérieure de la Maison Blanche. Le rôle de Y Office est « d’assister le président dans la communication de son message au monde – dignité, paix et liberté pour tous les peuples, partout dans le monde ».
29Dans le discours qu’il a prononcé lors du National Day of Prayer de 2004, George W. Bush a notamment déclaré :
Dieu n’est du côté d’aucune nation, cependant nous savons qu’il est du côté de la justice. Et c’est la plus grande force de l’Amérique d’avoir choisi, à l’heure de sa fondation, la justice comme but. Nos plus grandes fautes ont été quand nous avons perdu de vue cet objectif : dans l’esclavage, la ségrégation et la négation de ce qui fait la valeur et la dignité de la vie19.
Le 1er juin 2002, à West Point, il avait affirmé que
la vérité morale est la même dans toutes les cultures, dans tous les temps et dans tous les lieux. [...] Quand on en vient aux droits et aux besoins des hommes et des femmes, il n’y a pas de choc des civilisations. Les exigences de la liberté valent autant pour l’Afrique, l’Amérique latine et le monde islamique dans son entier20.
30De son côté, Truman affirmait qu’il priait Dieu pour le guider. Il croyait sincèrement que Dieu avait prévu un rôle spécial pour l’Amérique. Dans un discours prononcé à la New York Avenue Presbyterian Church à Washington le 3 avril 1951, ne déclarait-il pas :
La Providence divine a joué un grand rôle dans notre histoire. J’ai le sentiment que Dieu nous a créés et conduits dans notre position et force présentes pour quelque grand dessein.
31Si l’on examine la politique de Bush vis-à-vis de la question israélo-palestinienne, on peut trouver également quelques similitudes avec les positions de Truman. Bush subit des pressions contradictoires de la part de son Administration. Inquiet de constater l’influence d’Israël à Washington, Pat Buchanan, par exemple, va jusqu’à appeler la colline du Capitole « une zone d’occupation israélienne21 » ! Mais dans l’ensemble, la majorité des sénateurs tant démocrates que républicains réclament le soutien de l’Amérique à Israël à tout prix. Cela étant, Bush sait que sa base religieuse est sur ce point divisée. Un certain nombre de chrétiens font une nette distinction entre l’État hébreu créé en 1948 et le royaume d’Israël de l’Ancien Testament. De ce point de vue, Israël doit être traité comme un État ami des États-Unis et comme la seule véritable démocratie du Moyen-Orient, mais rien de plus. Pour d’autres chrétiens, en revanche, l’État hébreu contemporain reste l’héritier de l’État juif des temps bibliques, ce qui conduit souvent à vouloir soutenir cet État en toutes circonstances, qu’il ait raison ou qu’il ait tort.
32Aussi, quelle que soit l’attitude qu’il adopte vis-à-vis de Tel-Aviv, George W. Bush est assuré de mécontenter une partie de ses supporters religieux. Devant le comité national juif à Washington, le président déclara le 3 mai 2001 :
Je suis chrétien, mais je crois avec le psalmiste que le Dieu d’Israël ne s’assoupit ni ne dort jamais. Comprendre la politique de mon Administration ne devrait pas être difficile. Nous défendrons nos principes. Nous prendrons parti pour nos amis dans le monde. Et l’un de nos amis les plus importants est l’État d’Israël.
L’auditoire applaudit poliment sans sembler être convaincu. Bush ajouta alors dans la foulée :
Lors de l’une des premières réunions du Conseil national de sécurité, j’ai déclaré que l’une des priorités de mon Administration en politique extérieure serait la sécurité et la sécurité d’Israël. Mon Administration sera ferme dans son soutien à Israël contre le terrorisme et la violence ainsi que dans la recherche de la paix pour laquelle tous les Israéliens prient.
Et George W. Bush de poursuivre :
Le Moyen-Orient est le lieu de naissance de trois grandes religions : le judaïsme, le christianisme et l’islam. Une paix durable dans la région doit respecter les droits des croyants de ces trois religions. C’est le bon sens. Mais il y a plus important. C’est une nécessité morale basée sur l’engagement profond de l’Amérique envers la liberté religieuse22.
33Les débuts de la présidence de George W. Bush ont donc été marqués par une certaine prudence vis-à-vis de la question israélo-palestinienne, même si la sécurité de l’État hébreu est considérée comme l’une des priorités de la politique étrangère américaine. Avant le 11 septembre 2001, George W. Bush avait préféré ne pas s’impliquer dans cette affaire, en raison des déboires de Clinton. Les attaques contre les tours de New York conduisent cependant les États-Unis à soutenir davantage Israël en raison de la lutte commune contre le terrorisme. Le parti républicain, traditionnellement moins préoccupé par la sécurité de l’État d’Israël que les démocrates, évolua en faveur d’un ferme soutien à la politique de Tel-Aviv. Plusieurs membres de l’Administration Bush étaient très proches du gouvernement d’Ariel Sharon.
34Depuis l’intervention en Irak, des personnalités comme Zbigniew Brzezinski ou le général Anthony Zinni ont estimé que le nouveau rôle des États-Unis au Moyen-Orient exigeait un changement d’attitude dans l’approche du conflit israélo-palestinien. La seconde Administration Bush s’est alors orientée partiellement dans cette voie. Dans son discours sur l’état de l’Union, le 2 février 2005, George W. Bush s’est engagé à demander au Congrès des crédits de 350 millions de dollars pour soutenir les réformes palestiniennes dans les domaines politique, économique et sécuritaire. « L’objectif de deux États démocratiques, Israël et la Palestine, vivant côte à côte en paix, est à portée de main et les États-Unis les aideront à atteindre cet objectif » a-t-il déclaré.
35La nouvelle secrétaire d’État, Condoleezza Rice, s’est rendue en Israël et en Cisjordanie. Une rencontre a eu lieu entre le nouveau président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Ariel Sharon le 8 février 2005 à Charm el-Cheikh, en Égypte, à l’invitation du président égyptien Hosni Moubarak et en présence du roi de Jordanie Abdallah II, avec l’encouragement des États-Unis. L’attitude bienveillante de George W. Bush vis-à-vis d’Israël rappelle celle de Harry Truman lorsque celui-ci a finalement décidé de reconnaître la création de l’État juif en 1948 contre l’avis de son secrétaire d’État George Marshall.
36Truman avait été favorable à la création d’un foyer juif en Palestine dès les années 1930. Au lendemain de la guerre, il favorisa l’immigration juive en Palestine. Il est vrai que Truman était soumis à une forte pression de la communauté juive américaine et jugeait le problème presque insoluble. Le Département d’État et de nombreux responsables américains restaient opposés en mars 1948 à la création d’un État juif en Palestine en préconisant une administration de l’ONU sur la Palestine en remplacement du mandat britannique.
37Finalement, on sait que Truman a décidé de reconnaître le nouvel État d’Israël dès le 14 mai au risque de compromettre les relations des États-Unis avec les États arabes. Certains analystes ont estimé que des considérations de politique intérieure – la recherche du vote juif – avaient déterminé le choix de Truman. Pour d’autres auteurs, des considérations morales et religieuses ont été prééminentes dans la décision du président23.
38On peut légitimement se poser la question de savoir si la grande familiarité des deux présidents avec la Bible ne les prédisposait pas à se montrer compréhensifs envers les arguments et les sentiments des Juifs concernant leur implantation en Palestine24.
39Dès les tout premiers jours de sa présidence, George W. Bush autorise le gouvernement fédéral à prendre des mesures pour aider financièrement des organisations religieuses exerçant des activités charitables. Pendant sa campagne électorale, Bush avait fait état de son intention de mettre fin à une discrimination touchant les organisations religieuses en matière de financements fédéraux. Le président veut augmenter le nombre des organisations habilitées à recevoir des subventions ainsi que celui des domaines d’interventions de ces organisations. Bush crée le 29 janvier 2001 un bureau spécial à la Maison Blanche (White House Office of Faith – Based and Community Initiatives) dont le directeur John Dilulio reçoit le titre d’Assistant to the President. Ce projet d’aide aux organisations charitables religieuses était l’une des priorités personnelles de George W. Bush dans la mise en œuvre de son « conservatisme de compassion ». Le président voulait encourager vigoureusement des groupes religieux à fournir davantage de services sociaux parce que de tels groupes, selon lui, travaillent remarquablement bien et parfois mieux que des organismes publics. Ce projet est cependant critiqué par ceux qui y voient surtout une manœuvre politique destinée à récompenser des groupes politiques conservateurs et une stratégie pour attirer au parti républicain des populations noires ou d’origine hispanique très religieuses votant traditionnellement démocrate. Aussi, malgré les efforts de la Maison Blanche, les tentatives pour obtenir le vote d’une loi par le Congrès échouent à la fin de 2002 après de multiples rebondissements. Un executive order met alors en place le projet le 12 décembre 2002. Un nouveau directeur – le catholique Jim Towey – remplace Dilulio à la tête du bureau de la Maison Blanche chargé de cette question25.
40En avril 1999, alors qu’il envisage de se déclarer candidat à la présidence, Bush avait rencontré des pasteurs appartenant à diverses confessions : pentecôtistes, Southern Baptists et charismatiques entre autres, à l’initiative du prédicateur noir Tony Evans. D’autres rencontres ont lieu à Austin, avec l’évêque Keith Butler, pasteur du Word of Faith International Christian Center de Southfield (Michigan) ou dans la région de Dallas dans la Jr’s Fellowship Church. Beaucoup de ces responsables religieux sont favorablement impressionnés par la sincérité de Bush. Il ne fait cependant pas l’unanimité. Certains le considèrent comme trop modéré. D’autres lui reprochent de ne pas s’être prononcé nettement en faveur de l’adoption d’un amendement à la Constitution interdisant l’avortement. En fait, George W. Bush a toujours pensé que la législation sur l’avortement ne pourrait pas être modifiée sans qu’il y ait d’abord une modification de l’esprit public. Les pasteurs Pat Robinson et Pat Robertson estiment, quant à eux, que Bush est le meilleur candidat que les chrétiens conservateurs puissent soutenir. Il obtient finalement le soutien de l’aile religieuse du parti républicain26.
41 Joe Klein remarque dans Time que Bush emploie lors de sa campagne électorale les mots love et heart plus qu’aucun autre candidat27. Le statut familial et l’implication religieuse ont, semble-t-il, Joué un certain rôle dans la victoire de Bush face au vice-président Al Gore en 2000 : Bush l’emporte en effet de quinze points parmi les gens mariés avec enfants et de dix-sept points parmi les personnes fréquentant une église chaque semaine. De son côté, Gore obtient dix-neuf points de plus parmi les femmes travaillant à l’extérieur de chez elles et vingt-neuf points de plus parmi les Américaines ne fréquentant aucune église. Par ailleurs, les supporters les plus déterminés de Bush ne faisaient pas partie des Américains les plus riches. En réalité, les Américains se déclarant eux-mêmes membres de l’upper class votèrent davantage pour Gore que pour Bush. Les soutiens les plus déterminés de Bush faisaient partie de ceux qu’avait scandalisés la conduite de Clinton. Parmi les questions posées aux électeurs figurait celle-ci : « Quel est l’élément le plus important que vous avez pris en compte pour faire votre choix parmi les candidats ? » Un quart des votants répondit : « L’honnêteté ». Parmi ceux-ci, 80 % votèrent pour Bush28.
42De son côté, Truman, à travers discours officiels et remarques improvisées, répéta à plusieurs reprises l’importance qu’il attachait à l’honnêteté, et, d’une façon générale, aux valeurs morales.
Tous les grands leaders ont été par-dessus tout des hommes d’honneur. Ils avaient au plus haut degré ces qualités que nous admirons tous. Ils étaient sincères, honnêtes, intelligents et acharnés au travail
déclara-t-il dans un discours29. Truman appela de ses vœux à plusieurs reprises un réveil moral et spirituel de l’Amérique.
L’Église protestante, l’Église catholique et la synagogue juive – regroupées dans l’unité fraternelle américaine – doivent fournir les forces énergiques pour accomplir ce réveil moral et spirituel. Personne d’autre ne peut le faire. Si cela ne se fait pas, nous courrons à un désastre mérité. Oh ! Qu’un Isaïe ou un saint Paul rappelle ce monde malade à ses responsabilités morales30.
43Dans l’entourage de Bush, on trouve des esprits religieux. Condoleezza Rice est fille d’un pasteur protestant. John Ashcroft, Attorney General lors de son premier mandat, est un membre fervent des Assembliez of God, le plus important mouvement pentecôtiste avec 2,3 millions de membres aux États-Unis. Gale Norton, secrétaire à l’intérieur, est proche de la ligne de John Ashcroft. Michael Gerson, auteur des allocutions présidentielles et de la célèbre formule « axe du Mal » est un épiscopalien de tendance évangélique. La femme de l’ancien chef de cabinet du président, Andrew Card, est ministre méthodiste. Don Evans, qui a été ministre du Commerce, avait fréquenté avec Bush la Community Bible Study à Midland. Enfin Karen Hughes, ancienne directrice de communication, est une presbytérienne fervente31.
44Parmi les collaborateurs de Truman figuraient des protestants, des catholiques et des Juifs. Deux des plus proches de ses conseillers étaient méthodistes. Au niveau du cabinet, les secrétaires comprirent pendant ses deux mandats dix épiscopaliens, six catholiques, trois méthodistes, deux presbytériens et six sans affiliation religieuse particulière32.
45Quelques heures avant son discours au Congrès le 20 septembre 2001, Bush a rencontré à la Maison Blanche un groupe de 27 leaders religieux parmi lesquels 13 évangéliques, des représentants des Églises protestantes traditionnelles, l’archevêque orthodoxe de New York, Demetrios Trakatellis, le cardinal Bernard Law de Boston ainsi que des personnalités du bouddhisme, de l’hindouisme, de la religion sikh. Des responsables musulmans participèrent à d’autres réunions du même type organisées jusqu’en décembre de cette même année33.
46En tant que leader du monde libre, Truman souhaitait rallier la plus grande partie des forces religieuses du monde contre le communisme athée. En novembre 1949, il envisagea de réunir à Washington une assemblée représentative, un peu sur le modèle de l’ONU, des forces religieuses et morales des deux hémisphères. « Le seul but d’une telle réunion serait de considérer les voies et moyens pour promouvoir la paix que tous les hommes de bonne volonté recherchent. » Malgré de multiples démarches et correspondances, ce projet ne vit cependant jamais le jour.
47Il est évident que ces deux personnalités – George W. Bush et Harry S. Truman – sont bien différentes l’une de l’autre. Le républicain conservateur appartenant à une famille riche et le démocrate issu d’un milieu modeste ; le Texan dont les parents sont de Nouvelle-Angleterre et l’homme du Middle West ; l’ancien élève de Yale et le self made man du Missouri. Il existe pourtant entre eux un élément qui les rapproche : l’authenticité d’une foi chrétienne qui, certes, n’explique pas toutes leurs décisions politiques, mais dont l’influence n’est sûrement pas négligeable.
Notes de bas de page
1 Entretien avec George W. Bush, Catholic Digest, cité par La Croix, 27 septembre 2004.
2 Ibid.
3 Voir Y.-H. Nouailhat, Harry S. Truman. Un chrétien à la Maison Blanche, Paris, Le Cerf, 2007.
4 Voir S. Mansfield, The Faith of George W. Bush, New York, Penguin, 2003.
5 C. Andersen, George et Laura. Portrait d’un mariage, Paris, Jean-Claude Lattès, 2003.
6 S. Mansfield, The Faith of George W Bush, op. cit., p. 80.
7 G.W. Bush, Avec l’aide de Dieu, Paris, Éditions Odile Jacob, 2000.
8 S. Mansfield, The Faith of George W. Bush, op. cit., p. 109.
9 D. Frum, The Right Man : The Surprise Presidency of George W. Bush, New York, Random House, 2003.
10 S. Fath, Que Dieu bénisse l’Amérique. La religion de la Maison Blanche, Paris, Éditions du Seuil, 2004, p. 108.
11 G.W. Bush, Avec l’aide de Dieu..., op. cit., p. 6.
12 Voir à ce sujet A. Kohut, J.C. Green, S. Keeter, R.C. Toth, The Diminishing Divide : Religion’s Changing Role in American Politics, Washington (D.C.), Brookings Institution, 2000.
13 Cité par M. Ben Barka, La Droite chrétienne américaine. Les évangéliques à la Maison Blanche ?, Paris, Éditions Privat, 2006, p. 213.
14 Lettre de Truman au Révérend William Lamp, 29 avril 1946, Harry Truman Library, PPF 260.
15 S. Fath, Que Dieu bénisse l’Amérique…, op. cit., p. 163.
16 Ibid., p. 148.
17 Ibid., p. 160.
18 Ibid., p. 52.
19 Ibid., p. 218.
20 Ibid., p. 218.
21 Cité par S. Mansfield, The Faith of George W. Bush, op. cit., p. 124.
22 Ce discours est cité par S. Mansfield, The Faith of George W. Bush, op. cit., p. 124-125.
23 Voir Y.-H. Nouailhat, Truman…, op. cit.
24 Sur cette question, voir Y.-H. Nouailhat, S. de la Foye, Les États-Unis et l’Islam, Paris, Armand Colin, 2006, chapitre II, « La création de l’État d’Israël ».
25 Sur cette question, voir A.E. Black, D.L. Koopman, D.K. Ryden, Of Little Faith : The Politics of George W. Bush’s Faith-Based Initiatives, Washington (D.C.), Georgetown University Press, 2004.
26 S. Mansfield, The Faith of George W. Bush, op. cit., p. 112 et suiv.
27 J. Klein, « The Blinding Glare of His Certainty », Time, 24 février 2003.
28 D. Frum, The Right Man..., op. cit., p. 9.
29 Cité par W. Hillman, Mr President, New York, Farrar, Strauss and Young, 1952, p. 11.
30 Discours prononcé par Truman le 6 mars 1946 devant le National Council of Churches (Public Papers of the Presidents of the United States, Harry S. Truman, 1946).
31 M. Ben Barka, La Droite chrétienne américaine..., op. cit., p. 232-236.
32 Y.-H. Nouailhat, Truman…, op. cit.
33 S. Fath, Que Dieu bénisse l’Amérique…, op. cit., p. 122.
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