Version classiqueVersion mobile

Terres promises

 | 
Hélène Harter
, 
Antoine Marès
, 
Pierre Mélandri
, 
et al.

L’Amérique du Nord : genèse et diversités

Jamestown, 1907 : un tricentenaire entre commémoration et célébration de l’impérialisme

Hélène Harter

Texte intégral

  • 1 R. Appelbaum et J.W. Sweet dir., Envisioning an English Empire : Jamestown and the Making of the No (...)
  • 2 C. Bridenbaugh, Jamestown, 1544-1699, Bridgewater (N.J.), Replica Books, nouvelle édition 2000.
  • 3 On retrouve cette idée sur l’obélisque commémorant le tricentenaire : Jamestown, the first permanen (...)

1En décembre 1606, trois navires, le Susan Constant, le Godspeed et le Discovery quittent Londres pour l’Amérique dans l’indifférence générale. L’expédition est financée par la Compagnie de Virginie. L’aventure commerciale s’inscrit dans un projet colonial. Il s’agit pour l’Angleterre d’imposer sa présence en Amérique et de rattraper son retard face aux Espagnols et aux Français, après l’échec de la colonisation de la baie de Chesapeake en 1584. Conformément aux termes de la charte de la Compagnie, les 104 membres de l’expédition se dirigent vers les terres « actuellement non en possession de princes et de peuples chrétiens » situées entre les 34e et 41e degrés de latitude nord, c’est-à-dire entre les actuels Cape Fear (Caroline du Nord) et New York1. Le 26 avril 1607, ils atteignent les eaux de la baie de Chesapeake et fondent un établissement sur une île baignée par la rivière James. Il le baptise Jamestown en l’honneur du roi. Ce n’est cependant qu’un village qui vit sous la menace permanente des Indiens Powhatan. En sept ans, il perd la moitié de ses habitants décimés par la famine et la malaria. Le leadership de John Smith ainsi que la culture du tabac sauvent cependant la colonie qui compte à la fin du siècle 125000 habitants2. Depuis 1807, il est de tradition d’organiser tous les cinquante ans de grandes célébrations publiques pour commémorer l’arrivée de ces premiers colons. En tant que berceau de l’empire colonial britannique en Amérique du Nord, Jamestown est aux origines de l’histoire américaine3.

  • 4 P. Nora, « L’ère des commémorations », dans Les Lieux de mémoire. Les France. De l’archive à l’embl (...)
  • 5 Un record est établi en 1907 avec 1285349 immigrants. U.S. Census Bureau, Statistical Abstract of t (...)

2 Cet article s’intéresse aux célébrations du tricentenaire. Celles-ci s’inscrivent dans un calendrier commémoratif chargé : le centenaire de l’établissement de la capitale à Washington en 1900, celui de la vente de la Louisiane en 1903 qui est le prétexte à la tenue d’une exposition universelle et de Jeux olympiques à Saint Louis en 1904, enfin le centenaire de l’expédition de Lewis et Clark qui donne lieu à une exposition à Portland (Oregon) en 1905. Cette « obsession commémorative4 » traduit l’importance des questionnements identitaires dans une Amérique en pleine transformation. Au début du xxe siècle, les États-Unis, devenus une grande puissance économique, doivent faire face à une forte croissance démographique, à l’arrivée massive d’immigrants5 venant d’Europe orientale et méridionale qui fait craindre la dilution de l’identité White Anglo-Saxon Protestant du pays, à la fermeture de la Frontière ainsi qu’à l’abandon de l’isolationnisme. Il s’agira ici d’étudier les formes que prennent les célébrations de 1907 et d’en analyser les enjeux. Que nous apprennent-elles sur l’Amérique du début du xxe siècle ?

Une célébration dans l’esprit des expositions du xixe siècle

  • 6 Final Report of the Jamestown Ter-Centennial Commission. Message from the President of the United S (...)

3L’initiative de la commémoration revient à l’Association for the Preservation of Virginia Antiquities (APVA), une association dédiée à la promotion de l’histoire de la Virginie. Elle propose en 1900 de célébrer la contribution de la Virginie à l’histoire américaine à travers une exposition internationale. Cela constituerait une formidable vitrine au plan national et international pour la Virginie et stimulerait l’activité économique de cet État du Sud appauvri par la guerre de Sécession et sous-industrialisé à l’heure de la révolution industrielle. Il suffit de songer au succès rencontré par les expositions organisées à Philadelphie (1876), Atlanta (1881) et Buffalo (1901). Il n’est pas question d’organiser les célébrations sur le site de Jamestown. L’établissement n’existe plus depuis 1750 : il n’a pas survécu au déplacement du siège de la colonie à Williamsburg en 1699. Il faut par conséquent trouver un autre lieu. Deux villes sont en compétition : Richmond, capitale de la Virginie et ancienne capitale de la Confédération, et Norfolk, le centre économique de l’État. Le 10 mars 1902, l’assemblée de Virginie arrête son choix sur Sewell’s Point, une zone rurale située à proximité de Norfolk6. Non seulement elle offre tout l’espace nécessaire à une grande exposition mais elle se situe au cœur du « triangle historique de la Virginie ». Elle se trouve à quarante-huit kilomètres de Jamestown, mais également à proximité de Williamsburg, de Yorktown, où le général anglais Cornwallis a capitulé en 1781, et d’Appomatox, où a eu lieu la reddition des troupes confédérées en 1865.

  • 7 Public Act n° 211 de 1905.
  • 8 Confluence des embouchures des rivières Elizabeth et James, Hampton Roads donne sur la baie de Ches (...)
  • 9 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 14, p. 57 et p. 132.

4L’assemblée de Virginie confie l’organisation de l’exposition à la Jamestown Exposition Co. Fitzhugh Lee, ancien gouverneur de l’État et neveu du général en chef des armées sudistes, un homme très populaire, en prend la direction. Une telle délégation au secteur privé est classique dans un pays où on considère que les acteurs privés sont plus efficaces que les pouvoirs publics. La célébration est locale au départ. Elle ne prend une tournure nationale que trois ans plus tard, le 3 mars 1905, lorsque le Congrès des États-Unis décide par une loi de célébrer à l’échelle fédérale le « premier établissement permanent dans l’hémisphère occidental de personnes parlant anglais ». En fait, il reprend le projet des autorités de Virginie auquel il adjoint « une célébration navale et militaire internationale7 ». Au cœur du port naturel d’Hampton Roads8, Sewell’s Point s’y prête parfaitement. Le site nécessite cependant des travaux très importants. Pour le rendre accessible, il faut réaliser des routes, prolonger deux lignes de tramways et construire deux gigantesques embarcadères de 750 mètres de long. Les aménagements portuaires coûtent à eux seuls 3,7 millions de dollars. Les frais sont tels que le Congrès doit prêter un million de dollars à la Jamestown Exposition Co en février 19079 et que le chantier prend du retard. Lorsque l’exposition ouvre ses portes le 26 avril 1907, jour anniversaire de l’arrivée des premiers colons, seuls quatorze des trente-huit bâtiments principaux sont achevés.

  • 10 Jamestown Ter-Centennial Exposition Corporation, Official Catalogue of the Jamestown Ter-Centennial (...)
  • 11 N. Veloz-Goiticoa, Effect of the Jamestown Exposition on the Foreign Commerce of the United States (...)
  • 12 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 32-33.
  • 13 Cf. American Federation of Labor, American Fédération of Labor Industrial and Social Economic Exhib (...)
  • 14 F. Ameur, « Duel », Cols bleus, n° 2711, 28 août 2004, p. 24-27.
  • 15 Il en est de même au Québec en 1904 et en 1908 lors des célébrations du tricentenaire de l’arrivée (...)

5Dans la tradition des expositions universelles, les visiteurs peuvent y découvrir au gré des pavillons les dernières innovations techniques. Ils se pressent ainsi en nombre pour admirer les nouveautés des constructeurs automobiles et de chemins de fer10. L’exposition traduit le dynamisme et l’optimisme d’une Amérique qui est devenue la première puissance économique du monde. Les hommes d’affaires y voient l’occasion de conquérir de nouveaux marchés11 mais également d’améliorer leur image auprès des Américains. Dans une Amérique traversée par le courant progressiste, nombreux sont ceux qui s’élèvent contre les excès du capitalisme sauvage. Le président Roosevelt, en personne, se fait le chantre de la lutte contre les trusts. Lorsqu’il inaugure l’exposition, il rappelle d’ailleurs que l’Amérique « doit corriger les abus du monde des affaires ». Il ne prononce pas un discours anticapitaliste mais manifeste la volonté de concilier le « monde du capital » et le « monde du travail12 ». Ce dernier est représenté à l’exposition par l’American Federation of Labor (AFL), la grande confédération syndicale du pays. Elle a son propre espace d’exposition où on peut rencontrer son président, l’influent Samuel Gompers13. Le progressisme n’est pas cependant au cœur de l’exposition. La majorité des visiteurs viennent à Jamestown pour se divertir. Sur le modèle de l’exposition de Chicago de 1893, de nombreuses attractions sont proposées : un Wild West Show, un cheval savant (Princess Trixie), la reconstitution du tremblement de terre qui a dévasté San Francisco l’année précédente et celle de la bataille navale qui s’est déroulée à Hampton Roads en 1862. Les maquettes du vaisseau confédéré Merrimac et de son rival, le Monitor, attirent les foules friandes de découvrir les navires qui se sont opposés dans le premier combat entre cuirassés de l’histoire14. L’histoire spectacle est à la mode15 dans une société américaine déjà convertie aux loisirs.

L’histoire au cœur de la commémoration

  • 16 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 29-33.
  • 17 Le congrès se tient en 1907 à Madison (Wisconsin). En 1907, on ne trouve dans L’American Historical (...)
  • 18 Congressional Record, vol. 41, part 1, 59th Congress, 2nd session, 3 décembre 1906-11 janvier 1907, (...)
  • 19 Public Act n° 211 de 1905.

6L’histoire n’est pas cependant uniquement prétexte à des réjouissances populaires. À la différence des autres expositions qui donnent la priorité à l’économie et à la technologie, celle de Jamestown lui accorde une place très importante. Elle est ainsi omniprésente dans le discours inaugural du président Roosevelt16 tandis que les pavillons érigés par les États fédérés se veulent une vitrine de l’histoire locale. Cela tient à la finalité commémorative de l’exposition mais également à l’importance de la demande de mémoire dans une Amérique en pleines transformations. Les historiens sont cependant peu présents. À la différence de ce qui s’est passé à Chicago en 1893, l’American Historical Association ne tient pas son congrès annuel lors de l’exposition. Peu d’articles scientifiques sont en outre publiés sur le sujet17. Ce sont en fait les autorités fédérales qui s’occupent de la dimension historique de l’exposition. Depuis l’exposition de Philadelphie (1876), elles ont toujours au moins un stand lors des expositions internationales organisées sur le sol américain. Elles participent, modestement au départ puisqu’on est dans un système politique décentralisé, puis de manière importante lors des expositions de Saint Louis (1904) et Portland (1905). Pour l’exposition de Jamestown, les dépenses fédérales s’élèvent à 2169875 dollars18. Les autorités fédérales prennent de plus en plus en charge les célébrations commémoratives aux dépens du local. Elles estiment que la commémoration est un acte politique et qu’il revient à l’État central de construire l’identité nationale et la mémoire collective de la nation. En allouant des crédits pour le tricentenaire les législateurs émettent d’ailleurs la volonté que « les grands événements de l’histoire américaine qui ont résulté de [l’installation des premiers colons en 1607] soient soulignés pour les générations présentes et à venir de citoyens américains19 ».

  • 20 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 116-117.
  • 21 Ibid., planche 65.

7Ils sont présentés dans cinq bâtiments financés par les autorités fédérales. L’accent y est mis sur la création de la colonie de Virginie et sur les conditions de vie des premiers colons. La bibliothèque du Congrès prête ainsi des manuscrits des procès-verbaux de la Compagnie de Virginie et les premières cartes de la colonie20. John Smith, l’homme providentiel de Jamestown, est au cœur de la commémoration. Un timbre lui est dédié et une statue lui est érigée en 1909 sur l’île de Jamestown. Au cœur même de l’exposition, on le voit, représenté grandeur nature sur un bateau à voile, troquant du maïs avec des Indiens installés sur une pirogue21. La scène renvoie aux transactions qu’il a menées en 1607 avec les Indiens Powhatan et qui lui ont permis de sauver la colonie de la famine ; un événement connu des visiteurs qui l’ont appris à l’école. Le deuxième personnage mis en valeur est Pocahantas. Cette jeune amérindienne a aussi droit à sa statue et à son timbre. Elle le doit au fait qu’elle a sauvé en 1607 John Smith, que son père Wahunsonacock voulait tuer, et au fait qu’elle ait profondément marqué l’imaginaire collectif en épousant un colon, John Rolfe, et en devenant la première Amérindienne convertie au christianisme. Ce choix est révélateur d’une exposition qui met l’accent sur le contact et la collaboration entre colons et Amérindiens.

  • 22 F.W. Gleach, « Pocahontas at the Fair : Crafting Identities at the 1907 Jamestown Exposition », Eth (...)
  • 23 Ibid., p. 428 et p. 432.

8Le récit des origines n’est cependant pas conforme à la réalité. La scène de la barque montre sept Blancs et six Amérindiens alors qu’à cette époque les Européens sont une centaine et les Amérindiens 30000. Les Amérindiens représentés auprès de John Smith ont de plus les traits des tribus des Plaines et ressemblent fort peu aux Powhatan. Ces derniers sont devenus invisibles, une relique du passé après le Removal Act de 1830 et les guerres indiennes qui ont concentré ce qui restait des tribus à l’ouest du Mississippi22. Les seuls Amérindiens bien vivants qu’on peut rencontrer à Jamestown viennent d’Oklahoma et se produisent dans le Wild West Show. Ils sont cantonnés à la dimension récréative de l’exposition, comme en 1893. Dans l’ensemble, l’image qu’on donne des Amérindiens à l’exposition est très dévalorisante. On peut ainsi lire sur une carte postale officielle émise à cette occasion que « l’Indien de cette époque était un barbare, guidé par ses instincts et sa fourberie ». Quant à Pocahantas, elle symbolise l’Amérindien passant de la sauvagerie à la civilisation23.

  • 24 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 83, p. 95-97.
  • 25 Ibid., p. 29.

9La conquête de l’indépendance connaît un tout autre traitement. Les visiteurs peuvent admirer des reproductions de la Déclaration d’indépendance et de la Constitution. Ceux qui viennent à l’exposition le jour de la fête nationale ont la possibilité d’écouter une conférence sur « l’auteur et les signataires de la Déclaration d’indépendance » donnée par Woodrow Wilson, président de l’université de Princeton. L’architecture est également mise à contribution. Le pavillon de la Pennsylvanie est une réplique aux deux tiers d’Independence Hall à Philadelphie. L’expansion vers l’Ouest est également mise en valeur. Elle fait l’objet d’une exposition de la part du Département d’État tandis que le département en charge des services postaux fait découvrir aux curieux les moyens mis en œuvre pour transporter le courrier dans l’Ouest24. L’État fédéral cherche à montrer la richesse de l’histoire américaine et l’exceptionnalisme du pays. Comme l’explique le président Roosevelt le jour de l’inauguration « ce sont les hommes d’origine anglaise qui ont le plus contribué à fondre le moule dans lequel notre caractère national s’est développé », néanmoins, les « Américains diffèrent clairement25 » aujourd’hui des Européens.

  • 26 Ibid., p. 83-88.

10C’est à travers quelques grandes figures qu’est présentée l’histoire nationale. Le Smithsonian expose les portraits de 130 Américains éminents tandis qu’on peut voir sur le stand du Trésor tous les portraits des hommes qui ont dirigé ce département, d’Alexander Hamilton à George B. Cortelyou. Le Département d’État montre au public les épées de George Washington et d’Andrew Jackson ainsi que la médaille reçue par Ulysses Grant pour ses faits d’armes à Vicksburg et Chattanooga en 186326. Cela correspond à la manière dont l’histoire est écrite alors : les grands hommes et l’histoire bataille sont privilégiés. L’accent est d’autant plus mis sur la dimension militaire qu’elle a permis l’indépendance et l’expansion territoriale. Cela traduit également le développement du patriotisme au lendemain de la guerre de Sécession.

  • 27 Ibid., p. 34, p. 84-88 et p. 90. Depuis l’arrêt de la Cour suprême de 1896, Plessy contre Ferguson, (...)

11Cette dernière n’est d’ailleurs pas oubliée à Jamestown. Le président Roosevelt y consacre de longs développements dans son discours inaugural. Le département de la Guerre présente des documents sur la bataille de Gettysburg. Celui du Trésor expose des billets de monnaie confédérés. On peut y voir une volonté de réconciliation nationale, l’histoire étant utilisée pour reconstruire une identité nationale après une guerre fratricide. Cela tient cependant surtout au fait que les organisateurs virginiens de l’exposition n’ont par cherché à occulter leur culture sudiste dont ils sont fiers. Du style géorgien des bâtiments à la présence de représentants des United States Confederale Veterans et à la ségrégation dont sont victimes les Noirs, notamment dans les restaurants, tout rappelle que l’exposition se tient dans le Sud27.

  • 28 Ibid., p. 29-31.
  • 29 Quelques Noirs sont autorisés à exposer lors de l’exposition universelle de 1876 mais ce n’est qu’e (...)
  • 30 « Negroes Favor Exposition : Would Have Separate Building at the Jamestown Pair », Washington Post, (...)
  • 31 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 138 et p. 148.

12Comme les Amérindiens, les Africain-Américains sont marginalisés lors de cette exposition. L’Amérique de 1907 se pense essentiellement blanche. D’ailleurs, dans son discours du 26 avril, Theodore Roosevelt n’évoque pas l’arrivée des premiers travailleurs africains à Jamestown en 161928. A l’exposition, la contribution des Noirs à l’histoire américaine s’exprime à travers le Negro Hall of the Exposition29. L’initiative en revient à quelques membres de l’élite noire de Virginie qui pensent qu’une exposition séparée témoignera mieux des réussites de leur communauté que la présence de quelques exposants isolés parmi les Blancs30. L’organisation est confiée à Giles B. Jackson, un avocat noir de Richmond, proche de Booker T. Washington. C’est également un ancien esclave de Fitzhugh Lee, ce qui facilite, paradoxalement, les contacts avec les organisateurs de l’exposition. G.B. Jackson rencontre de nombreuses difficultés dans une Amérique ségréguée. L’entreprise n’est sauvée que grâce aux soutiens du président Roosevelt et du Congrès qui lui alloue 100000 dollars en juin 190631.

  • 32 Ibid., p. 150-152.
  • 33 W.F. Brundage, « Meta Warrick’s 1907, “Negro Tableaux” and (Re) Presenting African American Histori (...)
  • 34 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 150.
  • 35 Ibid.

13Le Negro Building, dessiné par l’architecte noir W. Sidney Pittman, abrite finalement 9940 objets. Afin de dépasser les idées reçues sur les Noirs juste bons aux travaux agricoles, on y met en valeur les Noirs qui réussissent dans les affaires. La True Reformers’ Bank de Richmond, une banque à « capitaux noirs », a ainsi des guichets dans le bâtiment. L’accent est également mis sur l’éducation et la culture, avec notamment une présentation des universités noires Fisk et Howard32. Le clou de l’exposition est la série de quatorze dioramas en plâtres réalisée par Meta Vaux Warrick Fuller, une femme sculpteur. Cette œuvre, distinguée par une médaille d’or, représente entre autres les esclaves arrivant à Jamestown puis à l’œuvre dans les plantations, les débuts en 1816 de l’African Methodist Episcopal Church, l’accession à la liberté et enfin l’homme noir moderne et éduqué du début du xxe siècle. En montrant les progrès réalisés depuis l’abolition de l’esclavage en 1865, Meta Warrick propose une contre-mémoire et une alternative aux stéréotypes dominants qui cantonnent les Noirs à un statut, au mieux d’opprimés, aux pires d’inférieurs33. Le succès est au rendez-vous. Le Negro Building attire entre 750000 et un million de visiteurs, et pas seulement des Noirs34. Il ne fait pas cependant l’unanimité au sein des élites noires. W.E.B. DuBois, par exemple, pense qu’une exposition séparée revient à légitimer la ségrégation. Quant aux Blancs ségrégationnistes, ils voient dans une telle manifestation un défi. La Caroline du Nord est d’ailleurs le seul État à financer une exposition au sein du Negro Building35. Autant le gouvernement fédéral inspiré par le progressisme est sensible à l’initiative, autant les États y sont hostiles ou indifférents. D’ailleurs, au-delà de la question noire, seuls 21 États sur 46 sont représentés à Jamestown. Les autres estiment l’opération peu rentable ou se sentent peu concernés par cette commémoration imaginée par la Virginie et l’État fédéral. L’activisme de ce dernier est mal perçu par des États soucieux de défendre leurs prérogatives.

Une exposition pour montrer la nouvelle puissance navale américaine

  • 36 Ibid., p. 42-43 et p. 66.
  • 37 Ibid., p. 9-10, p. 27-28 et p. 60-61.

14Il est vrai que l’État fédéral est très présent à Jamestown. Non seulement il est au cœur des expositions glorifiant le passé mais on lui doit toute une série de manifestations destinées à glorifier la puissance américaine contemporaine. L’exposition de Jamestown innove par sa dimension militaire, d’autant que les États-Unis sont un pays où l’armée est peu développée et où la population est peu habituée à voir des soldats dans ses villes. On y trouve un camp pouvant abriter 5 000 soldats tandis que le Lee’s Parade Ground accueille quatre-vingt-trois parades. Pour distraire les militaires stationnés en permanence sur le site de l’exposition, deux clubs sont en outre construits. Le Soldiers’ and Sailors’ Club réservé aux simples soldats enregistre 74764 visites, ce qui est considérable36. La présence militaire est encore plus impressionnante sur l’eau. Deux escadrilles mouillent en permanence dans le gigantesque bassin de 16,2 hectares qui abrite également des régates opposant équipages américains et étrangers et des parades navales. Le jour de l’inauguration, une armada de cinquante et un navires salue le président Roosevelt arrivé sur le Mayflower. Le fleuron de la flotte américaine est là. Parmi les trente-cinq navires, on compte seize cuirassés, trois croiseurs, cinq torpilleurs et six contre-torpilleurs. Ils sont accompagnés de vaisseaux de guerre anglais, allemands, austro-hongrois, brésiliens et chiliens. Le président Roosevelt a en effet demandé aux pays étrangers désireux de participer aux célébrations du tricentenaire d’envoyer des troupes et des navires de guerre. Trente-sept nations répondent à l’appel : de grandes puissances comme le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, la Russie et le Japon mais également la Belgique, la Grèce ou le Costa Rica. Même l’Espagne, grande vaincue de la guerre hispano-américaine de 1898, est représentée37. Les militaires étrangers sont accueillis avec convivialité. On donne des soirées en leur honneur. En cette année où se tient la seconde conférence de la paix de La Haye, les Américains promeuvent l’idée d’une fraternité d’armes.

  • 38 Ibid., p. 58, p. 77, p. 86-89.
  • 39 Sur la politique étrangère américaine, on consultera : A. Sy-Wonyu, Les États-Unis et le monde au x (...)
  • 40 The Abridgment 1906. Containing the Annual Message of the President of the United States : 1906, 3  (...)

15La réalité est cependant plus complexe. Ces démonstrations navales ravivent le souvenir de la guerre de 1898 ; une guerre largement gagnée grâce à la marine. On peut ainsi voir dans les eaux d’Hampton Roads le croiseur Brooklyn et le cuirassé Texas qui se sont illustrés lors de la bataille de Santiago (Cuba). Cette guerre est également évoquée à travers l’exposition du département de la Guerre, qui présente une carte en relief de la bataille de San Juan, et à travers celle du département au Trésor qui met en avant la bravoure des gardes-côtes venant au secours du torpilleur Winslow touché à Cardenas (Cuba). Des expositions sont en outre dédiées aux territoires devenus américains à l’issue du conflit : les Philippines et Porto Rico38. À travers l’exposition, les autorités donnent à voir une Amérique expansionniste et impérialiste qui est devenue une grande puissance depuis la guerre de 189839. C’est le président Roosevelt qui a décidé de conférer une telle dimension militaire et navale aux célébrations du tricentenaire. Très influencé par les théories d’Alfred Mahan, il pense que pour devenir une grande puissance les États-Unis ont besoin d’une marine puissante. Il hisse d’ailleurs cette dernière du quatrième au deuxième rang mondial entre 1900 et 190740. Pour lui, l’exposition de 1907 constitue l’occasion rêvée pour montrer au monde la nouvelle puissance américaine.

  • 41 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 29.
  • 42 Final Report of the Jamestown Commission…, op. cit., p. 117-118, p. 29. Le département de la Guerre (...)

16La relation est en effet inégale entre la puissance invitante qui déploie sa force et les invités qui n’envoient que quelques troupes et ne peuvent que constater la vitesse avec laquelle les États-Unis modernisent leur marine. De plus, tous les pays ne sont pas traités de la même manière. L’Europe, bien que largement représentée à l’exposition, n’est pas au cœur des préoccupations des Américains. Il suffit pour s’en convaincre de relire le discours prononcé le jour de l’inauguration par le président. L’Ancien Monde est essentiellement abordé sous l’angle de l’immigration. Par contre, lorsque Theodore Roosevelt évoque les pays d’Amérique latine, il parle de « républiques sœurs41 ». Parties intégrantes de l’« hémisphère occidental », elles constituent pour les Américains une « chasse gardée » depuis l’élaboration de la doctrine Monroe en 1823. Le Bureau international des Républiques américaines créé à l’issue de la conférence panaméricaine de 1890 est d’ailleurs représenté à Jamestown. En parlant « de l’amitié la plus chaleureuse » des États-Unis à l’égard des pays du sud du continent, Theodore Roosevelt n’arrive pas cependant à faire oublier l’interventionnisme brutal des Américains dans la région : le soutien à la révolution en Colombie en 1903 qui favorise la construction du canal de Panama42, l’intervention à Cuba en 1906 après l’affirmation en décembre 1904 du devoir des États-Unis d’exercer un pouvoir de police internationale dans l’« hémisphère occidental » si l’ordre est menacé. Le Virginia qui mouille à Hampton Roads a d’ailleurs fait partie de cette opération militaire.

  • 43 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 29 et p. 66.
  • 44 M. Werry, « The Greatest Show on Earth” : Political Spectacle, Spectacular Politics, and the Americ (...)

17La seconde région au cœur des préoccupations du président est l’Asie, et particulièrement le Japon, qui depuis quarante ans s’ouvre au monde occidental. Tout au long de l’exposition des gestes sont faits dans sa direction. Le président distingue dans son discours d’ouverture les représentants du « puissant empire du Japon ». Une soirée est donnée en l’honneur de ses marins43. Dans une Amérique qui se veut une puissance du Pacifique, la méfiance est cependant forte à l’égard d’un pays perçu comme dangereux après sa victoire sur la Russie en 1905. L’exposition de Jamestown paraît dès lors le moyen idéal pour impressionner le Japon. La tournée de la flotte américaine va également dans ce sens. Une fois l’exposition achevée, elle quitte Hampton Roads pour un périple de 72 000 kilomètres qui dure quatorze mois et la conduit en Amérique du Sud, en Australie et au Japon. Il s’agit de montrer la force des États-Unis au Japon et aux puissances européennes ayant des intérêts dans le Pacifique44. Sans compter qu’on espère que ces démonstrations navales contribueront à développer la fierté nationale.

  • 45 C. Wright et al., International Justice Vs. The Splendors of War : Protest Against the Diversion of (...)
  • 46 Congressional Record, 3 décembre 1906-11 janvier 1907…, op. cit., p. 490-491. Final Report of the J (...)

18Nombreux sont en effet les Américains qui regrettent que leur gouvernement rompe avec l’isolationnisme des origines pour se comporter comme les puissances européennes. C’est ainsi que le 4 janvier 1907,11 des 100 membres du comité consultatif de l’exposition signent une protestation dans laquelle ils dénoncent sa militarisation croissante. Parmi les signataires, on trouve des figures du progressisme comme Carroll D. Wright et Jane Addams mais également des représentants des Églises comme le cardinal Gibbons et l’évêque épiscopalien Ellison Capers45. Ils s’inquiètent de l’augmentation constante des subventions fédérales : limitées au départ à 250000 dollars, elles atteindront finalement 2169875 dollars. Ils mettent cette hausse sur le compte du coût des manifestations militaires. Le département de la Guerre se voit en effet allouer 440000 dollars et la Marine 125000 dollars46. L’octroi de ces rallonges budgétaires ne va pas pourtant de soi au Congrès. Parmi les opposants les plus déterminés, on trouve Richard Bartholdt, un de ceux qui militent activement en faveur de la conférence de La Haye. Lors du débat à la Chambre des représentants, il met en doute la finalité de l’exposition, expliquant que son

but principal semble être une glorification de la guerre, une chose qu’aucun régime monarchique ou militaire de l’Ancien Monde n’aurait jamais osé proposer à ses patients sujets. [...] Pour ne pas laisser de doute sur le caractère réel de la manifestation, [les autorités] ont baptisé la grande promenade dédiée au divertissement le sentier de la guerre [Warpath].

  • 47 Congressional Record, vol. 41, part 2, 59th Congress, 2nd session, 31 janvier-15 février 1907, 1907 (...)

19Il résume bien le point de vue des détracteurs d’une telle commémoration en se demandant si un tel choix « n’implique pas une trahison à l’égard de tout ce pourquoi [les fondateurs de la république américaine] ont travaillé et à quoi ils ont aspiré47 ». Pour ces hommes et ces femmes, l’orientation prise par la politique étrangère depuis les années 1890 marque la « fin de l’innocence » et de l’exceptionnalisme américains. Malgré ces voix dissidentes, les visiteurs tout comme la presse s’enthousiasment majoritairement devant la puissance de la flotte américaine réunie à Jamestown.

L’impact de l’exposition

  • 48 « Why the Jamestown Exposition Was a Dismal Failure », New York Times, 1er décembre 1907.
  • 49 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 34.
  • 50 Ibid., p. 69-70 et p. 129.

20L’exposition ferme ses portes le 1er décembre 1907. Les organisateurs avaient tablé sur 10 millions de visiteurs. Finalement, on ne comptabilise que 2850735 entrées, dont à peine 1401409 payantes. L’exposition n’est pas rentable. À tel point que la Jamestown Exposition Company n’arrive à rembourser que 140000 dollars sur le million de dollars prêté par le Congrès. On met cela sur le compte d’une mauvaise gestion et d’un site mal desservi situé loin d’une grande ville susceptible d’attirer les visiteurs48. Norfolk, la ville la plus proche, compte à peine 75 000 habitants. Qui plus est, Jamestown souffre de sa localisation dans un Sud toujours convalescent au lendemain de la guerre de Sécession. En 1907, les regards se portent plus vers l’Ouest. L’importance accordée à l’histoire peut être également considérée comme un handicap dans un pays qui regarde surtout vers l’avenir. Celle-ci a été pourtant au cœur d’expositions ayant rencontré du succès par le passé : Philadelphie en 1876 et la commémoration du centenaire de l’indépendance, Chicago en 1893 et le quatre centième anniversaire de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, Saint Louis en 1904 et le centenaire de l’acquisition de la Louisiane, Portland en 1905 et le centenaire de l’expédition de Lewis et Clark. La situation diffère cependant. Ces expositions donnent en effet la priorité aux innovations techniques, qui attirent plus les visiteurs que l’histoire. Surtout, les événements qu’elles commémorent ont dans l’esprit des Américains une dimension évocatrice plus forte que ceux de 1607. Après tout, il s’agit à Jamestown de commémorer un épisode qui relève avant tout de l’histoire coloniale dans une Amérique qui a rompu avec l’Angleterre. D’ailleurs, le 26 avril n’est pas un jour de fête nationale. Aucun groupe patriotique ne porte le souvenir de l’arrivée des premiers colons à la différence de la Society of the Mayflower Descendants, des Daughters of the American Revolution, des Sons of the American Révolution et autres Descendants of the Signers of the Declaration of Independence qui cultivent la mémoire de l’arrivée des puritains en 1620 et de la guerre d’indépendance. Très organisées, ces associations sont d’ailleurs toutes présentes sur le site de l’exposition49. Tout ceci explique pourquoi il faut attendre 1905 pour que le Congrès décide enfin de construire un monument commémorant le premier établissement permanent anglais. Pensé comme un lieu de mémoire, il prend la forme d’un obélisque en granit de trente et un mètres de haut qui s’élève sur le site originel de Jamestown, loin de tout50. À l’époque, comme aujourd’hui, peu d’Américains ont conscience de son existence.

  • 51 La même philosophie préside à l’exposition de Portland de 1905. Cf. C. Abbott, The Great Extravagan (...)
  • 52 « Why the Jamestown Exposition Was a Dismal Failure »…, op. cit.
  • 53 H.V. Nelles, L’Histoire spectacle..., op. cit., p. 201.
  • 54 http://www.navstanorva.navy.mil/expo.htm (référence du 5 décembre 2006).

21L’exposition de Jamestown a une dimension plus officielle que populaire. Bien qu’elle ait au départ vocation à commémorer le passé, elle célèbre finalement la grandeur de l’Amérique contemporaine et cherche à projeter les Américains dans l’avenir51. On ne peut dès lors mesurer la réussite de l’exposition à ses seuls résultats financiers comme l’ont fait de nombreux contemporains52. Comme le note Henry Vivian Nelles, la fête constitue un ingrédient important « dans l’édification de la citoyenneté, du nationalisme et de la nation moderne53 ». L’exposition fait également sentir ses effets à long terme au niveau local. La Marine, qui a déjà des chantiers navals à Norfolk, souhaite se rendre acquéreur de ce site idéalement situé une fois l’exposition finie. Le contexte de la Première Guerre mondiale lui permet de concrétiser ce projet en 1917. Aujourd’hui, Norfolk est le siège de la flotte atlantique. C’est la plus grande base navale américaine et du monde. On y trouve encore des traces de l’exposition de 1907 : les bassins mais également treize des pavillons érigés par les États54. Grâce à cette base, l’ensemble de l’activité économique de la région a été dynamisé ; ce que n’avait pas réussi l’exposition en 1907.

  • 55 http://apva.org (référence du 1er octobre 2006).
  • 56 http://www.jamestown2007.org/about-commemoratiiongoals.cfm (référence du 8 février 2007) : site of (...)

22Bien que l’exposition de Jamestown se propose de commémorer des événements ayant lieu il y a trois siècles, elle parle surtout de l’Amérique de 1907 et de l’image qu’elle veut donner d’elle-même. Il en est de même en 2007. Le quatre centième anniversaire de l’installation permanente des premiers colons britanniques en Amérique du Nord donne aux Américains l’occasion de redécouvrir Jamestown. Le site historique est devenu un Colonial National Historical Park administré par le National Park Service et l’Association for the Preservation of Virginia Antiquities. Des fouilles archéologiques y sont menées depuis 1994. Elles ont déjà permis de mettre à jour les fondations du fort et de l’assemblée générale de Virginie ainsi que 250000 objets, dont des centaines de perles de cuivre qui servaient à faire du troc avec les Indiens55. À un mile de distance se trouve le Jamestown Settlement, une attraction touristique où on a reconstruit le fort de Jamestown, un village amérindien ainsi que les navires de l’expédition de John Smith. En 2007, les Américains envisagent les célébrations d’une manière bien différente d’il y a un siècle. Ils cherchent, dans l’esprit d’une Amérique multiculturelle post années 1960, à « capter la diversité des Américains » et à mettre en avant la contribution des différentes communautés ethniques et raciales à l’histoire américaine. Ainsi, contrairement aux célébrations de 1907 où les Amérindiens étaient marginalisés, un Virginia Indian Heritage Events a eu lieu à Hampton (Virginie) du 21 au 22 juillet 200756. À un siècle de distance, les commémorations présentent deux récits différents des origines. En parlant du passé, elles permettent de mieux saisir les enjeux du moment.

Notes

1 R. Appelbaum et J.W. Sweet dir., Envisioning an English Empire : Jamestown and the Making of the North Atlantic World, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2005. J. Horn, A Land as God Made it : Jamestown and the Birth of America, New York, Basic Books, 2005, p. 35-37.

2 C. Bridenbaugh, Jamestown, 1544-1699, Bridgewater (N.J.), Replica Books, nouvelle édition 2000.

3 On retrouve cette idée sur l’obélisque commémorant le tricentenaire : Jamestown, the first permanent colony of the English people. The birthplace of Virginia and of the US, May 13, 1607.

4 P. Nora, « L’ère des commémorations », dans Les Lieux de mémoire. Les France. De l’archive à l’emblème, P. Nora dir., Paris, Gallimard, 1997, p. 978.

5 Un record est établi en 1907 avec 1285349 immigrants. U.S. Census Bureau, Statistical Abstract of the United States : 1921, Washington (D.C.), US Government Printing Office, 1922, p. 103.

6 Final Report of the Jamestown Ter-Centennial Commission. Message from the President of the United States, Transmitting the Final Report of the Jamestown Ter-Centennial Commission. Embodying Reports of Various Officers of the Jamestown Exposition Held at Norfolk, Virginia, in 1907, 23 février 1909, p. 9.

7 Public Act n° 211 de 1905.

8 Confluence des embouchures des rivières Elizabeth et James, Hampton Roads donne sur la baie de Chesapeake qui elle-même rejoint l’océan Atlantique.

9 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 14, p. 57 et p. 132.

10 Jamestown Ter-Centennial Exposition Corporation, Official Catalogue of the Jamestown Ter-Centennial Exposition, 1907.

11 N. Veloz-Goiticoa, Effect of the Jamestown Exposition on the Foreign Commerce of the United States and Incidental Remarks on the Subject, Washington (D.C.), W.F. Roberts Company, 1907.

12 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 32-33.

13 Cf. American Federation of Labor, American Fédération of Labor Industrial and Social Economic Exhibit at the Jamestown Ter-Centennial Exposition, Washington (D.C.), American Federation of Labor, 1907.

14 F. Ameur, « Duel », Cols bleus, n° 2711, 28 août 2004, p. 24-27.

15 Il en est de même au Québec en 1904 et en 1908 lors des célébrations du tricentenaire de l’arrivée des premiers Français en Amérique du Nord et de la ville de Québec. Cf. H.V. Nelles, L’Histoire spectacle. Le cas du tricentenaire de Québec, Montréal, Boréal, 2003. R. Rudin, Founding Fathers : The Celebration of Champlain and Laval in the Streets of Quebec, 1878-1908, Toronto, University of Toronto Press, 2003.

16 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 29-33.

17 Le congrès se tient en 1907 à Madison (Wisconsin). En 1907, on ne trouve dans L’American Historical Review qu’un article lié au tricentenaire et encore centré sur l’Angleterre (E. Cheney, « Some English Conditions Surrounding the Settlement of Virginia », American Historical Review, 12 (1907), p. 507-528).

18 Congressional Record, vol. 41, part 1, 59th Congress, 2nd session, 3 décembre 1906-11 janvier 1907, 1907, p. 490-491. Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 14.

19 Public Act n° 211 de 1905.

20 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 116-117.

21 Ibid., planche 65.

22 F.W. Gleach, « Pocahontas at the Fair : Crafting Identities at the 1907 Jamestown Exposition », Ethnohistory, 50 (2003), p. 425-428 et p. 432-433.

23 Ibid., p. 428 et p. 432.

24 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 83, p. 95-97.

25 Ibid., p. 29.

26 Ibid., p. 83-88.

27 Ibid., p. 34, p. 84-88 et p. 90. Depuis l’arrêt de la Cour suprême de 1896, Plessy contre Ferguson, la ségrégation est légale aux États-Unis.

28 Ibid., p. 29-31.

29 Quelques Noirs sont autorisés à exposer lors de l’exposition universelle de 1876 mais ce n’est qu’en 1895, lors de l’exposition d’Atlanta, qu’un bâtiment leur est réservé. R.M. Winton, « Negro Participation in Southern Expositions, 1881-1915 », The Journal of Negro Education, 16 (1947), p. 34-43.

30 « Negroes Favor Exposition : Would Have Separate Building at the Jamestown Pair », Washington Post, 19 mars 1906. La communauté noire est alors en train de s’organiser. La National Association for the Advancement of Colored People est fondée en 1910.

31 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 138 et p. 148.

32 Ibid., p. 150-152.

33 W.F. Brundage, « Meta Warrick’s 1907, “Negro Tableaux” and (Re) Presenting African American Historical Memory », The Journal of American History, 89 (2003), p. 1368-1400.

34 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 150.

35 Ibid.

36 Ibid., p. 42-43 et p. 66.

37 Ibid., p. 9-10, p. 27-28 et p. 60-61.

38 Ibid., p. 58, p. 77, p. 86-89.

39 Sur la politique étrangère américaine, on consultera : A. Sy-Wonyu, Les États-Unis et le monde au xixe siècle, Paris, Armand Colin, 2004 ; Y.-H. Nouailhat, Les États-Unis et le monde au xxe siècle, Paris, Armand Colin, nouvelle édition 2000 ; S. Ricard, J. Bolner dir., La République impérialiste. L’expansionnisme et la politique extérieure des États-Unis, 1885-1909, Université de Provence, Service des publications, 1987 ; J. Fry, « Imperialism, American Style, 1890-1916 », dans American Foreign Relations Reconsidered, 1890-1993, G. Martel dir., Londres et New York, Routledge, 1994, p. 52-70. Sur l’impérialisme à Jamestown : A. Yarsinske, The Jamestown Exposition : American Imperialism on Parade, Charleston, Arcadia, 1999. R.W. Rydell, All the World’s a Pair : Visions of Empire at American International Expositions, 1876-1916, Chicago, University of Chicago Press, 1984.

40 The Abridgment 1906. Containing the Annual Message of the President of the United States : 1906, 3 décembre 1906, p. 56. Y-H. Nouailhat, Les États-Unis et le monde au xxe siècle, op. cit., p. 46.

41 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 29.

42 Final Report of the Jamestown Commission…, op. cit., p. 117-118, p. 29. Le département de la Guerre expose une grande carte en relief du canal de Panama de 37 mètres sur 27 mètres.

43 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 29 et p. 66.

44 M. Werry, « The Greatest Show on Earth” : Political Spectacle, Spectacular Politics, and the American Pacific », Theatre Journal, 57 (2005), p. 361-367.

45 C. Wright et al., International Justice Vs. The Splendors of War : Protest Against the Diversion of the Jamestown Exposition to the Service of Militarism, 4 janvier 1907.

46 Congressional Record, 3 décembre 1906-11 janvier 1907…, op. cit., p. 490-491. Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 14.

47 Congressional Record, vol. 41, part 2, 59th Congress, 2nd session, 31 janvier-15 février 1907, 1907, p. 2239-2250 et pour les propos du représentant Bartholdt : p. 2248-2249.

48 « Why the Jamestown Exposition Was a Dismal Failure », New York Times, 1er décembre 1907.

49 Final Report of the Jamestown Commission..., op. cit., p. 34.

50 Ibid., p. 69-70 et p. 129.

51 La même philosophie préside à l’exposition de Portland de 1905. Cf. C. Abbott, The Great Extravaganza : Portland and the Lewis and Clark Expedition, Portland, Oregon Historical Society, 2004.

52 « Why the Jamestown Exposition Was a Dismal Failure »…, op. cit.

53 H.V. Nelles, L’Histoire spectacle..., op. cit., p. 201.

54 http://www.navstanorva.navy.mil/expo.htm (référence du 5 décembre 2006).

55 http://apva.org (référence du 1er octobre 2006).

56 http://www.jamestown2007.org/about-commemoratiiongoals.cfm (référence du 8 février 2007) : site officiel de Jamestown 2007.

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Cette publication numérique est issue d’un traitement automatique par reconnaissance optique de caractères.
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search