Version classiqueVersion mobile

Penser l’histoire de l’Amérique latine

Modernité politique, processus de sécularisation et espace public

Sécularisation et espace public. Mutations du champ politique mexicain à la veille de la révolution de 1910

Elisa Cárdenas Ayala

Texte intégral

1Pour François-Xavier Guerra, du point de vue de son travail d’historien, la Révolution mexicaine était devenue, dès le début des années 1990, de l’histoire ancienne. Il le disait volontiers, alors qu’il était plongé dans l’étude de ces autres révolutions, les indépendances hispano-américaines, qui ont profondément retenu son attention. D’une révolution aux autres, l’espace public et l’opinion prirent de plus en plus d’importance dans son analyse des formes d’action politique dans le monde hispanique.

2Dans la réflexion proposée ici, la question de l’espace public croise cette révolution « première », historiographiquement parlant, pour rejoindre une troisième perspective, la sécularisation, qui ne fut pas un axe majeur dans l’œuvre de François-Xavier Guerra, mais dont il tenait à souligner l’importance. Aussi pouvait-il appeler de ses vœux et encourager le renouvellement d’une histoire religieuse informée du politique, que j’appellerais volontiers – encore qu’ignorant s’il acquiescerait – une histoire politique du religieux.

Espace public, sécularisation et action politique

  • 1 Sacrifié au sens où certaines libertés, notamment celle de la presse et de la libre expression des (...)

3La Révolution mexicaine de 1910 a été, avant toute chose, une révolution de l’espace public, de ses normes implicites de fonctionnement sous le régime de Porfirio Díaz (1877-1911). Un espace caractérisé par un paradoxe apparent : l’exercice des libertés politiques modernes sous la haute surveillance de l’État. C’est-à-dire un espace en voie de modernisation, où la société aurait sacrifié1 l’exercice plus ample de ces mêmes libertés en échange du rétablissement d’une paix durable, après un demi-siècle de guerre civile presque ininterrompue.

4Il ne fait pas de doute que les mutations de cet espace pendant ce que l’on appelle couramment le « porfiriat »– tout particulièrement lors de la crise politique majeure qui eut raison du régime lui-même et déboucha sur un mouvement armé – fournissent une clef de lecture privilégiée de cette première grande révolution du xxe siècle. Dans cette optique, explorer les éléments à partir desquels ce fonctionnement s’est construit puis modifié s’avère indispensable. Quelques considérations peuvent être avancées sur cette voie en guise d’introduction.

5Premièrement, au-delà du caractère central que le rétablissement de la paix joue dans cette construction – et au nom duquel se légitiment les contraintes implicites qui régissent le fonctionnement de l’espace public porfirien –, des tensions de plus long terme traversent cette dernière. D’abord, celles qui font partie des enjeux du processus de sécularisation à l’œuvre au long du xixe siècle. Puis, celles qui relèvent d’une redéfinition des formes, des lieux et des sujets de l’action politique. Aussi la question de la sécularisation de l’espace public ainsi que celle de la modernisation de l’action politique traversent-elles l’analyse ici proposée. L’espace public porfirien hérite sans conteste des enjeux ouverts par les profondes mutations du xixe siècle.

6Deuxièmement, il se trouve que la mise en pratique des normes implicites de l’espace public porfirien évolue dans le temps et dans l’espace, notamment d’une région à l’autre du pays, selon les contextes spécifiques et le poids des autorités politiques régionales et locales, des gouverneurs en premier lieu et aussi des autorités municipales.

7Troisièmement, pendant ces longues années d’exercice du pouvoir, de nouvelles tensions naissent, certaines de la maturation de l’espace public sous surveillance que Díaz consolide. C’est dans cette arène que les premiers conflits se présentent, avant que d’importants acteurs ne prennent la voie de la révolte armée. Et ce sont également les normes de fonctionnement de cet espace qui sont les premières à éclater (avant la chute du régime) par la présence et la pression de nouveaux acteurs qui se l’approprient.

8Comme toile de fond, enfin, il ne faut pas perdre de vue la coexistence d’un espace public au sens traditionnel (physique), auquel l’action politique, notamment contestataire, a de plus en plus recours, avec un espace public au sens moderne du terme au sein duquel se développe, malgré les restrictions, une opinion publique différenciée. De l’exploitation habile de ces deux sortes d’espaces, de leur appropriation par de nouveaux acteurs, naissent les forces et tensions politiques qui mettront fin au régime autoritaire de Porfirio Díaz, sous la bannière de la démocratie.

L’espace public porfirien : réconcilier la république ?

9Lorsqu’il prend le pouvoir par les armes en 1876, Porfirio Díaz hérite d’un espace qui sort de la guerre. Une série de guerres civiles qui s’étendent sur plus de cinquante ans, avec de courts répits. Sa révolte, si elle ne paraît pas au départ se distinguer de nombreuses autres, est cependant couronnée par trois décennies de paix quasiment générale. Le secret ? Plus que la force des armes, celle de la construction de formes de coexistence entre les acteurs en conflit.

  • 2 Mais le recours aux armes n’était pas chose exceptionnelle dans ce pays qui, depuis son indépendanc (...)

10En général, ces acteurs sont regroupés en deux blocs : d’un côté, des vaincus puissants, l’Église catholique et les « conservateurs » (présentés en général comme des alliés traditionnels) ; de l’autre, les « libéraux », triomphants après la guerre d’intervention française. Ces deux blocs se seraient confrontés notamment autour du projet d’État laïc et des mesures laïcisantes prises par les gouvernements libéraux qui ont suivi le soulèvement d’Ayutla (1855), en particulier autour de la Constitution libérale de 1857 et des amendements qu’on nomme les Lois de Réforme. La confrontation prit rapidement la forme d’un conflit armé, connu comme « guerre des Trois Ans » ou « guerre de Réforme » entre 1858 et 18612.

  • 3 Notamment les affinités libérales de Maximilien, qui l’éloignèrent dans un premier temps de ceux qu (...)

11Comme si cela ne suffisait pas, les protagonistes de cette guerre se sont aussitôt engouffrés dans une autre, avec de nouveaux enjeux (qui n’ont pas fait disparaître les anciens) et quelques nouveaux acteurs : la dénommée « guerre d’Intervention », qui réunit sur le territoire mexicain les armées de Napoléon III, l’archiduc Maximilien de Habsbourg accompagné de sa bientôt célèbre épouse, Charlotte, et les précitées parties déjà en conflit. Il faut ranger historiographiquement ces nouveaux venus du côté militaire des « conservateurs », même si d’un point de vue idéologique cela pose un certain nombre de problèmes3.

  • 4 Il n’est pas inutile de remarquer, toutefois, que l’image de « trahison à la patrie », d’associatio (...)

12La défaite définitive de ce « second Empire mexicain », que signe la scène, rapportée notamment par Manet, de l’exécution de Maximilien et ses deux plus importants généraux (Mejía et Miramón) en 1867, clôt non seulement l’aventure américaine du jeune Habsbourg, mais aussi les possibilités formelles de participation politique de cette faction que l’on a l’habitude de nommer « parti conservateur ». En effet, en plus de la déconfiture militaire et politique, une des plus importantes et durables conséquences de la défaite est d’associer l’image individuelle et collective de ces hommes à l’intervention étrangère et à l’usurpation du pouvoir, les bannissant ainsi de la scène politique institutionnelle4. Il est en ce sens peut-être permis de considérer les « libéraux » comme seuls survivants politiques de cet épisode. Mais s’il en résulte l’impression d’être en face d’une scène politique où il n’y a pas d’acteurs officiellement « conservateurs », le problème se pose néanmoins de savoir où se trouve le conservatisme dans un univers politique où les acteurs visibles se réclament du libéralisme.

13Quels sont donc les perdants de cette guerre sur la scène politique ? La réponse concerne en premier lieu un modèle d’État qui ne saurait être, par la suite, que la république. Elle ne peut, par conséquent, se réduire au mot « conservateurs », mais doit être nuancée : il s’agit notamment des monarchistes, dont l’option politique se voit éradiquée ; les conservateurs républicains ne cessent pas d’exister.

  • 5 Il s’agit d’études qui revisitent la question et non pas d’études « révisionnistes » au sens frança (...)
  • 6 Josefina Z. Vázquez, « Centralistas, conservadores y monarquistas 1830-1853 », dans Humberto Morale (...)

14Toute relecture de cette question doit prendre acte du fait que l’historiographie politique du xxe siècle est dominée par une interprétation libérale de ces enjeux (téléologique, aurait dit François-Xavier Guerra), comme le souligne volontiers Josefina Z. Vázquez : « Les années oubliées ont commencé à faire l’objet d’une révision et d’importants travaux révisionnistes ont fait leur apparition5 [...]. Cependant, nous ne nous sommes pas libérés des affirmations héritées des luttes factionnelles et de leur interprétation libérale6. » Aussi convient-il de s’interroger sur les conséquences politiques profondes, en termes de représentation de l’autre et de redéfinition de la scène politique mexicaine, des batailles livrées pour ou contre le Second Empire. Celles-ci ajoutent un enjeu international aux différends internes, aggravent le conflit, polarisent à l’extrême les enjeux politiques, construisent des représentations, radicalisent, enfin, la victoire des uns sur les autres. La présence de l’ennemi externe a permis aux libéraux d’imposer une représentation, longtemps fonctionnelle en termes politiques, des conservateurs comme traîtres.

15C’est cette vieille dispute dont la société porfirienne est l’héritière. Les groupes libéraux s’y présentent et représentent comme vainqueurs absolus, alors qu’apparaissent aussi, rapidement, les limites de la victoire. Et c’est dans les limites et fragilités de cette victoire que se comprennent les choix politiques de Porfirio Díaz, un membre de la « famille libérale » qui décide de composer avec les vaincus, notamment avec l’Église catholique, sans pour autant renoncer au discours libéral de l’État.

Le porfiriat, héritier des conflits

  • 7 Le premier correspondant à celui de la recherche d’une affirmation de la nouvelle nation dans le co (...)
  • 8 Le fuero recouvre l’ensemble des immunités, lois et tribunaux spéciaux de l’Église.
  • 9 Un des plus puissants moteurs de l’action sécularisatrice de l’État était lié à des considérations (...)

16Au xixe siècle, après l’Indépendance et pendant ce que l’on peut considérer comme un deuxième moment de la construction nationale7, un des principaux moteurs de l’action politique fut l’intention de séculariser la société ou bien alors d’éviter la séparation entre un espace du religieux (nécessairement privé) et un espace du politique (public). Ainsi, aux côtés des luttes pour l’adoption d’un système républicain ou monarchique, centralisé ou fédéral, et souvent mêlées à celles-ci, on peut ranger les luttes pour ou contre la construction d’une sphère publique que M. Gauchet dirait « dégagée de l’emprise de l’Église romaine ». C’est ainsi que les gouvernements libéraux qui ont tenté d’établir des cadres institutionnels pour la construction d’un tel espace se sont confrontés presque immédiatement à la résistance et à la réaction, souvent militarisée, de groupes mobilisés au cri de « religion et privilèges » (religión y fueros)8. Sans ignorer ici les dimensions économiques fondamentales de cette dispute9, je voudrais souligner les aspects qui intéressent une discussion sur l’espace public et notamment ceux dont héritera la société porfirienne.

  • 10 La première concernant l’administration de la justice (notamment avec l’abolition des tribunaux spé (...)
  • 11 Je retiens la distinction entre laïcisme et anticléricalisme soulignée par Edoardo Tortarolo dans I (...)

17La construction de deux sphères séparées pour le politique et le religieux débute par des définitions légales. Plusieurs lois en témoignent : d’abord la Ley Juárez (1855) et la Ley Lerdo (1856)10, puis, parmi les lois décrétées par le gouvernement Juárez, la loi d’expropriation des biens ecclésiastiques (1859) et, enfin, la loi sur la liberté de cultes et celle de création des cimetières sous administration civile. Ces différentes lois touchent à l’administration de la justice, au pouvoir économique de l’Église et au passage sous le contrôle de l’État d’actions liées à la gestion de moments de la vie humaine aussi importants que la naissance et la mort. Par là s’affirme une intention de construction de sphères séparées et de relégation du religieux à l’espace privé, qui va en se radicalisant et finit par devenir franchement anticléricale11.

  • 12 Dans la mesure où, après les lois de séparation, l’adjectif « public » désigne tout domaine sous l’ (...)

18Les conséquences de ces lois sur le fonctionnement de l’espace public traditionnel (on peut dire sur l’apparence de la voie publique) ne sont pas minces : en expropriant les biens de l’Église, l’État a rendu paradoxalement « publics12 » les lieux de ce culte qu’il voulait réduire aux espaces privés. En abolissant les ordres religieux et les congrégations, il a restreint le port de certains vêtements dans les rues, puis, en réglementant la liberté de culte, il a interdit fermement la célébration de cérémonies religieuses dans les lieux publics ainsi que réduit le nombre des processions dans les rues à celles autorisées par l’autorité civile. En raison de leur qualité, les fonctionnaires publics furent aussi interdits d’assister aux cérémonies religieuses. De même, la création des cimetières civils supprima l’action religieuse en cette importante matière. L’ensemble des lois de sécularisation mexicaines dépassent celles ici mentionnées, mais ce sont celles-ci qui concernent directement la redéfinition de l’espace public, dont le mode d’emploi sera au cœur de la construction politique porfirienne.

Que faire du conflit ? Que faire du libéralisme ?

19Ainsi, l’axe sur lequel se définit la réorganisation de l’espace public sous Porfirio Díaz est bien celui du rapport entre trois éléments : nation-paix-laïcité. D’une part, de par le triomphe militaire définitif de cette faction, la nation est, par définition, « libérale ». D’autre part, aussi paradoxal que cela puisse paraître, la paix constitue, pour ce gouvernement issu d’un coup d’État, le plus grand défi. Un problème majeur en ce sens consiste dans le ralliement de l’ensemble des acteurs politiques du moment à la définition de l’espace public propre à une république laïque aux confins de l’anticléricalisme.

  • 13 On se souviendra en effet que la plupart des mesures de sécularisation prises avant le porfiriat on (...)
  • 14 Parmi celles-ci, on doit souligner l’expérience du club libéral « Ponciano Arriaga » du parti libér (...)

20Une des plus grandes difficultés que soulève la construction de la paix réside dans la nécessité de désarticuler le binôme « sécularisation-guerre civile » dans la relation de « nécessaire conséquence » qui l’avait caractérisé jusqu’alors13. En ce sens, Díaz réussira à neutraliser politiquement les ennemis internes – ou ce qu’il en restait – que les radicaux avaient vaincus par les armes (la haute hiérarchie catholique, les conservateurs militaires et civils associés à cette hiérarchie, les partisans du Second Empire, ceux qui préféraient une république centralisée par définition, les conservateurs dans un sens plus large). Toutefois, il est important de signaler que cette neutralisation passe par celle, plus large, qui démobilise l’ensemble des ennemis politiques – sans exclure les libéraux – et permet la consolidation du gouvernement national de Díaz. Ainsi, des restrictions imposées sur le religieux ont leur pendant sur le terrain de l’action politique. Le mécontentement qu’elles finissent par installer dans les milieux libéraux opposés à Díaz est d’ailleurs à l’origine des actions politiques les plus significatives contre son régime14.

21La neutralisation du potentiel belliqueux de l’Église catholique et de ses alliés passe par une concertation entre Díaz et la haute hiérarchie catholique. Une des expressions les plus significatives de cette composition politique se trouve dans la naissance d’une hiérarchie catholique proprement porfiriste qui mènera à bien, sous l’égide de Mgr E. Gillow, évêque d’Oaxaca et compère de Diaz, la reconstruction de l’Église mexicaine dans les années 1890.

  • 15 Mais une recherche ponctuelle sur ce sujet, concernant les premières années du porfiriat, serait la (...)
  • 16 Dans son analyse des élites politiques porfiriennes, F.-X. Guerra, qui a repris avec acuité l’idée (...)

22Cette restructuration de l’Église mexicaine, qui emprunte la voie de la réorganisation des diocèses, se fait avec le consentement de Díaz. Eulogio Gillow fut l’artisan des accords tacites Église-État par lesquels la belligérance de l’Église et de ses alliés se neutralisait en échange de la non-application des lois jugées anticléricales, accords tacites à partir desquels on caractérise souvent l’ensemble de la période15. Ce même évêque incarne ce que l’on peut appeler la « hiérarchie porfiriste16 ».

  • 17 Sur cette question, cf. Jean Meyer, Les chrétiens d’Amérique latine. xixe-xxe siècle, Paris, Desclé (...)
  • 18 Comme on peut le constater dans la correspondance entre les délégués apostoliques et la Congrégatio (...)

23La stratégie porfirienne fut conciliatrice : il ne s’agissait pas d’abolir les lois et par là de se démarquer de la « famille libérale », mais de veiller à leur application facultative et au respect absolu du texte. Par cette stratégie, Díaz a réussi à intégrer une importante partie de la hiérarchie dans le réseau de liens personnels qui lui a permis de rester si longtemps au pouvoir. Politiquement, le rapprochement entre Díaz et des hommes d’Église influents dépasse la seule neutralisation d’une vieille belligérance, puisque pendant la première décennie du xxe siècle la hiérarchie a bloqué l’initiative venant notamment des milieux laïcs pour former un parti politique confessionnel. Le projet ne fut débloqué qu’à la veille de la chute de Diaz, en mai 1911, lorsque la défaite des armées fidèles au gouvernement face aux révolutionnaires était évidente17. Par ailleurs, cette politique porfirienne s’est bien accordée avec le pragmatisme du Vatican. Pendant le porfiriat, en plus de la restructuration dont l’Église fait l’objet, se consolide au Mexique la présence de représentants officiels du Vatican. Sans qu’il existe des rapports diplomatiques, les envoyés du pape trouveront en Díaz un interlocuteur, dont l’opinion était tenue en compte dans la prise de décisions importantes. Plutôt que de chercher la confrontation, les représentants du pontife romain s’accommodèrent de la politique porfirienne pour essayer d’en obtenir le plus grand profit pour leur cause18.

24Certes, l’entente établie par Díaz avec le haut clergé mexicain influence fort l’image terne que l’on a du libéralisme du dictateur. Díaz ne fut certainement pas un radical. Il faut cependant tenir compte d’un certain nombre d’éléments qui ont permis au libéralisme de se frayer une large place dans l’imaginaire commun. En effet, si la plupart des auteurs s’accordent pour signaler que les Lois de Réforme n’étaient pas observées pendant le porfiriat – F.-X. Guerra parlait du « gel » des Lois de Réforme –, il me paraît important de souligner qu’elles ne furent pas abolies pour autant. Qui plus est, il n’y a pas eu de marche arrière sur un certain nombre de questions, moins spectaculaires peut-être que celles liées aux manifestations du culte sur la voie publique, mais fondamentales pour la construction d’une société sécularisée et la réduction de la puissance de l’Église. Ainsi, la fonction de l’état civil par rapport à l’enregistrement des naissances, mariages et décès s’est consolidée, le contrôle de l’État sur les cimetières s’est organisé et, sans aucun doute, la diffusion de l’éducation laïque s’est frayé des voies malgré de puissantes résistances. Par ailleurs, les propriétés expropriées ne sont pas restituées à l’Église, les tenues ecclésiastiques désertent le paysage des rues et le calendrier des fêtes religieuses ne se mêle plus au calendrier civil. C’est sur le terrain de la religiosité populaire que l’application de la loi est laissée à la discrétion des autorités politiques ; les plus importants pèlerinages se font avec l’autorisation de rigueur ou sans sanction majeure et systématique, toutefois, les processions de quartier se font rares.

  • 19 Le principe est issu des Lois de Réforme, qui ôtent au clergé les droits politiques. C’est cependan (...)
  • 20 Une circonstance qui, par ailleurs, rapproche le cas des catholiques mexicains de celui des Italien (...)

25C’est pendant le porfiriat que se consolide comme norme très rarement contestée la non-participation ouverte du clergé aux questions politiques19. Cette norme est assumée par la hiérarchie de l’Église, qui la fait sienne, la transmet, sinon toujours par conviction (mais dans certains cas c’est sans doute ainsi), du moins par pragmatisme. Elle n’est pas toujours et partout respectée, mais elle est intégrée dans un imaginaire en construction qui sépare les affaires de conscience intime – où l’on range désormais le sentiment religieux – des affaires sous l’emprise de l’État. Le débat idéologique ne s’est pas éteint, mais il se concentre sur des questions stratégiques telles que l’éducation ou la morale ; l’Église semble déjà accepter de ne pas se mêler de ce qu’elle nomme la « politique du jour20 ».

26À ce point, il convient d’observer que la position de l’Église catholique comme acteur politique ne diffère pas autant que l’on croit de celle d’autres acteurs, dans la mesure où tous sont intégrés dans un vaste ensemble qui s’en tient aux normes implicites de fonctionnement de l’espace public : marge restreinte pour la critique, mais possibilité d’exprimer un certain nombre de différences ; de même, marge modulable selon les régions et selon les échelles : locale, régionale, nationale.

  • 21 Cf. l’intéressant travail d’Arturo Taracena Arriola et alii, concernant le Guatemala, Etnicidad, es (...)

27Ces normes concernent aussi bien l’espace traditionnel que l’espace public moderne. Le mot-clé par rapport à tous les deux, c’est l’ordre, le contrôle. Quant au premier, s’il est clair que les rues, les places ne peuvent être le théâtre d’actes liés au religieux sans le consentement des autorités locales, son appropriation n’est pas non plus librement accordée à d’autres acteurs : les autorités locales veillent à éviter les « attroupements », les manifestations de rue sont vues avec méfiance par le gouvernement. Enfin, si l’on n’ose plus systématiquement s’habiller en « religieux ou religieuse » pour circuler dans cet espace – où une telle ostentation n’est plus la bienvenue –, les manières de s’habiller mettent en évidence d’autres formes d’exclusion sociale et de discrimination : la libre circulation peut être contestée à ceux qui ne sont pas habillés à la mode occidentale. Il arrive notamment que l’accès aux centres urbains soit restreint pour ceux qui portent les habits paysans, comme le calzón de manta – un caleçon en toile de coton blanc. Se mêlent ici différentes préoccupations propres au libéralisme et non exclusives du Mexique21, concernant les impératifs de la construction d’une nation « moderne » (dans ce cas libérale, laïque et habillée « à l’occidentale »).

  • 22 Une question dont l’étude reste, pour la plus grande part, encore à faire.

28Quant à comprendre le fonctionnement porfirien d’un espace public au sens moderne, le mot-clé est également le contrôle. Pour certains acteurs, comme on l’a déjà signalé, les restrictions dans l’utilisation de cet espace (notamment la presse) sont une conséquence des lois de sécularisation ; toutefois, d’importantes restrictions sont liées au désir de contrôler strictement l’expression d’une diversité politique jamais vraiment disparue. Dans les deux cas, le respect de ces normes tacites ne procède pas seulement du fonctionnement et des limites de la censure, mais également de ceux de l’autocensure22.

Révolution et espace public

29J’ai formulé au début de ces pages l’idée que la révolution mexicaine fut, avant toute autre chose, une révolution de l’espace public. Cette affirmation vient de la recherche menée autour d’années peu explorées jusqu’à il y a peu. Ces années sont celles allant de la fin du porfiriat jusqu’au gouvernement de Francisco I. Madero, avec, entre les deux, le temps du gouvernement intérimaire de Francisco León de la Barra, souvent passé historiographiquement sous silence. Il s’agit des années 1908-1913.

30Cette période se trouve couramment délimitée à son début par les déclarations de Porfirio Díaz au journaliste nord-américain James Creelman, lors d’un célèbre entretien connu sous le nom d’entretien Díaz-Creelman – publié en mars 1908, et dans lequel le dictateur rendait publique son intention d’encourager la création de partis politiques –, et, à l’autre bout de la période, par la félonie de Victoriano Huerta, qui prend le pouvoir en passant sur les cadavres du président et du vice-président de la République, Madero et Pino Suárez, en février 1913. Historiographiquement, cette période peu explorée correspond aux années de décadence du régime porfirien et à ce que l’on nomme couramment la première étape de la révolution mexicaine, ou phase madériste.

  • 23 En effet, par rapport à d’autres nations hispano-américaines, comme le Chili ou l’Argentine, la for (...)
  • 24 Il faut dire, cependant, que cette séparation ne se traduit pas, à l’époque, par une interdiction l (...)

31Quant aux dernières années du porfiriat, le travail à partir des archives et de la presse de l’époque permet de constater en premier lieu un foisonnement associatif dont l’intérêt est doublé par le fait que nombre d’organisations actives dans différents domaines expriment des inquiétudes politiques. Ce foisonnement associatif s’exprime, entre autres, par la formation de partis politiques modernes, que les normes de fonctionnement du système politique porfirien et son contrôle sur l’espace public avaient, précisément, inhibés23. Naissent ainsi des clubs et partis politiques, dans la capitale du pays comme dans celles des divers États de la Fédération, libéraux pour la plupart, plus ou moins ouvertement opposés au régime. Naissent aussi un parti franchement antiréélectionniste puis, finalement, un parti ouvertement catholique. D’importantes normes tacites de fonctionnement de l’action politique sont ainsi brisées : la non-expression de l’opposition à la volonté même du dictateur, d’une part, celle du respect de la séparation du politique et du religieux, d’autre part24.

32Les mutations perceptibles dans l’univers associatif ont leur pendant dans le milieu de la presse : à partir de 1908, on perçoit de nouvelles tendances et une manière plus risquée de confronter les différences politiques et de rendre publique une critique de l’exercice du pouvoir. D’importants interdits cessent de l’être : on voit ainsi une presse catholique rénovée dans ses formes et surtout dans ses contenus, plus audacieuse, se mêlant régulièrement – quoique prudemment – de politique. On voit surtout une presse libérale qui fait reculer les limites de la censure et qui pratique la critique du pouvoir là où autrefois un tel exercice n’était pas pensable. Petit à petit, il n’y a plus d’intouchables. Même la figure de Porfirio Díaz devient la cible de critiques fortes, souvent par le biais de l’ironie.

  • 25 En y incluant les quelques mois de l’intérim de León de la Barra.
  • 26 Une des bannières de la révolution de 1910, conduite par Francisco I. Madero, fut la rénovation de (...)

33En ce qui concerne les années madéristes25, sont remarquables aussi bien la consolidation d’un espace public très ouvert que la prise d’assaut de l’espace traditionnel à des fins politiques. Ainsi, il faut d’emblée signaler que ces années font état d’une appropriation populaire intense de l’espace traditionnel. La chute même du gouvernement est célébrée dans les rues et places centrales de villes et villages par des gens qui n’avaient pas montré (ou pas osé montrer ?) de sympathie pour le mouvement révolutionnaire. Cette appropriation est marquée par l’intérêt explicite de rénover les autorités politiques locales26. La rue, la place centrale des villes et villages redeviennent un lieu de la négociation politique. Naît alors (pour le Mexique) un lien particulier entre ces nouveaux acteurs que sont les partis politiques et la mobilisation des rues. L’ensemble marque une des formes privilégiées de la politique du xxe siècle. Dans le vide du pouvoir que laisse la chute de Porfirio Díaz et de son réseau de fidèles, de nouvelles formes d’utilisation de l’espace public se mettent à l’essai, sans qu’un nouveau mode de contrôle ait encore trouvé sa place.

  • 27 Un intéressant volume d’exploration de la politisation des campagnes européennes a été publié il y (...)

34À observer la période ici rapidement parcourue, les lieux et les formes de l’action politique se trouvent profondément changés. Des mutations déterminées par la présence de nouveaux acteurs sur cette scène, mais aussi bien par des changements dans les façons de faire qui touchent les lieux et les pratiques décisionnelles. La politique devient l’objet d’intérêt d’un public plus ample – on peut en ce sens probablement parler d’un nouveau public –, fait d’acteurs d’origines diverses. On aurait tendance à affirmer que ces acteurs sont massivement urbains, mais peut-être est-ce une conséquence de la mince exploration dont ont fait l’objet jusqu’à présent les formes de politisation des campagnes27.

35Dans le bouleversement profond de l’espace public mexicain qui a lieu entre la fin du porfiriat et les années madéristes, des acteurs insatisfaits par rapport aux limites de fonctionnement de cet espace viennent jouer un rôle capital. Ils questionnent tout particulièrement les limites imposées à l’action politique non inconditionnelle du régime, une mise en cause qui porte aussi sur le rapport politique-religion, dans une perspective moderne. Ces acteurs ne trouveront pas tous leur place dans le système mis en œuvre par la révolution triomphante. C’est pourquoi leur histoire nous reste souvent peu connue.

Notes

1 Sacrifié au sens où certaines libertés, notamment celle de la presse et de la libre expression des idées, avaient été plus aisément exercées, malgré la guerre, avant l’arrivée de Díaz au pouvoir.

2 Mais le recours aux armes n’était pas chose exceptionnelle dans ce pays qui, depuis son indépendance, vit ses conflits politiques s’aggraver (davantage que se régler) par les mobilisations armées.

3 Notamment les affinités libérales de Maximilien, qui l’éloignèrent dans un premier temps de ceux qui avaient ouvert les portes à l’intervention étrangère et à l’établissement de son gouvernement.

4 Il n’est pas inutile de remarquer, toutefois, que l’image de « trahison à la patrie », d’association avec l’ennemi externe n’est pas exclusive des conservateurs ; elle fut plutôt associée aux libéraux, lors de la cession de la moitié du territoire aux États-Unis, en 1848.

5 Il s’agit d’études qui revisitent la question et non pas d’études « révisionnistes » au sens français du terme.

6 Josefina Z. Vázquez, « Centralistas, conservadores y monarquistas 1830-1853 », dans Humberto Morales et William Fowler (coord.), El conservadurismo mexicano en elsiglo XIX (1810- 1910), Puebla, Benemérita Universidad Autónoma de Puebla, University of Saint-Andrews, 1999, p. 115-133.

7 Le premier correspondant à celui de la recherche d’une affirmation de la nouvelle nation dans le contexte international.

8 Le fuero recouvre l’ensemble des immunités, lois et tribunaux spéciaux de l’Église.

9 Un des plus puissants moteurs de l’action sécularisatrice de l’État était lié à des considérations d’ordre économique : d’une part, le discours libéral a souvent mis en avant le souci de mettre sur le marché les ressources immobilisées entre les mains du clergé, dans le but de favoriser le développement économique, agricole en particulier ; d’autre part, l’indéniable puissance économique de l’Église catholique, qui lui venait non seulement de ses propriétés rurales et urbaines, mais également de ses revenus résultant des impôts ecclésiastiques divers, lui conférait un poids politique et un potentiel subversif que les libéraux souhaitaient neutraliser.

10 La première concernant l’administration de la justice (notamment avec l’abolition des tribunaux spéciaux, ecclésiastiques et militaires) et la seconde le désamortissement des biens de mainmorte, civils et ecclésiastiques.

11 Je retiens la distinction entre laïcisme et anticléricalisme soulignée par Edoardo Tortarolo dans Il laicismo, Bari, Editori Laterza, 1998. Il faut noter à ce sujet que les premières lois de sécularisation n’étaient pas définitivement contraires, par exemple, à l’existence d’une propriété ecclésiastique, mais souhaitaient la restreindre aux lieux de culte. La radicalisation des libéraux est évidente dans le contenu de la loi d’expropriation des biens ecclésiastiques de 1859, où il ne reste plus de place pour la propriété légale de l’Église ni du clergé. C’est ainsi que les espaces réserves au culte deviennent « propriété de la nation ». Entretemps avait eu lieu la guerre de Trois Ans (1857-1860), où la hiérarchie de l’Église avait apporté un important soutien aux factions conservatrices.

12 Dans la mesure où, après les lois de séparation, l’adjectif « public » désigne tout domaine sous l’emprise de l’État.

13 On se souviendra en effet que la plupart des mesures de sécularisation prises avant le porfiriat ont été suivies par des réactions armées. C’est en ce sens qu’on peut parler de binôme sécularisation-guerre civile.

14 Parmi celles-ci, on doit souligner l’expérience du club libéral « Ponciano Arriaga » du parti libéral mexicain, de tendance radicale et anarchiste, tous deux passés dans la clandestinité et liés aux premières formes modernes de syndicalisme, puis, sur la fin de la dictature, le mouvement libéral de soutien à Bernardo Reyes, connu sous le nom de « reyisme ». Sur les deux premiers, cf. Jean-Pierre Bastian, Los disidentes. Sociedades protestantes y revolución en México, 1872- 1911, Mexico, El Colegio de México, Fondo de Cultura Económica, 1989 ; sur le club Ponciano Arriaga, cf. également James D. Cockroft, Precursores intelectuales de la revolución mexicana (1900-1913), Mexico, SEP CIEN/Siglo XXI, 1985. Sur le « reyisme », je me permets de renvoyer à Elisa Cárdenas Ayala, « Poder y politica entre Porfiriato y Revolución. El reyismo », Historia y Política, n° 11, Madrid, p. 85-104.

15 Mais une recherche ponctuelle sur ce sujet, concernant les premières années du porfiriat, serait la bienvenue et permettrait de nuancer les interprétations sur une question qui est sans doute plus complexe.

16 Dans son analyse des élites politiques porfiriennes, F.-X. Guerra, qui a repris avec acuité l’idée des « hommes du président », n’a pas approfondi sur ceux que l’on peut considérer comme les « évêques du président », dont sans doute Gillow est le meilleur exemple. L’absence, dans cette œuvre majeure sur l’univers politique porfirien, d’une analyse plus fine des rapports politiques et personnels de Díaz avec certains évêques est indicative d’une importante lacune historiographique. Il est particulièrement significatif que F.-X. Guerra n’ait pas jugé utile, dans l’élaboration de son modèle prosopographique, d’aller plus loin dans la proposition de catégories servant à classer les acteurs associés à l’Église catholique ou au militantisme catholique politisé. Ainsi, son modèle contient l’entrée « pasteur protestant », tandis que le clergé catholique se concentre sous la rubrique « religieux », sans distinction de hiérarchies ni de clergé séculier ou régulier. Celle-ci reste sans doute une filière très importante de recherche à poursuivre, qui aurait beaucoup à reprendre des travaux de Manuel Ceballos, sur les hommes politiques du catholicisme. Cf. François-Xavier Guerra, Le Mexique. De l’Ancien Régime à la Révolution, 2 vol., Paris, L’Harmattan-Publications de la Sorbonne, 1985, ainsi que Manuel Ceballos Ramírez, El Catolicismo social : un tercero en discordia. Rerum Novarum, la « cuestión social » y la movilización de los católicos mexicanos (1891-1911), Mexico, El Colegio de México, 1991.

17 Sur cette question, cf. Jean Meyer, Les chrétiens d’Amérique latine. xixe-xxe siècle, Paris, Desclée, 1991 ; et Manuel Ceballos Ramírez, op. cit. Il est également utile de consulter les témoignages de deux militants catholiques de l’époque : Francisco Banegas Galván, El Parqué del Partido Católico National, Mexico, Ed. JUS, 1960, et Eduardo J. Correa, El Partido Católico National y sus directores. Explicación de su fracaso y deslinde de responsabilidades, Mexico, Fondo de Cultura Económica, 1991.

18 Comme on peut le constater dans la correspondance entre les délégués apostoliques et la Congrégation des affaires ecclésiastiques extraordinaires (SCAAEESS), conservée au Vatican, aux archives de cette dernière.

19 Le principe est issu des Lois de Réforme, qui ôtent au clergé les droits politiques. C’est cependant dans le cadre de la pax porfiriana que l’on voit ce principe devenir courant.

20 Une circonstance qui, par ailleurs, rapproche le cas des catholiques mexicains de celui des Italiens sous le non expedit. Même si l’Église n’adhère pas tout entière à cette politique, il s’agit de la politique qui s’impose à l’ensemble. Les témoignages ne manquent pas qui signalent le mécontentement de certains catholiques vis-à-vis de cette position de la hiérarchie.

21 Cf. l’intéressant travail d’Arturo Taracena Arriola et alii, concernant le Guatemala, Etnicidad, estado y nación en Guatemala, 1808-1944, Antigua Guatemala, Nawal Wuj, 2002.

22 Une question dont l’étude reste, pour la plus grande part, encore à faire.

23 En effet, par rapport à d’autres nations hispano-américaines, comme le Chili ou l’Argentine, la formation de partis politiques modernes au Mexique est tardive.

24 Il faut dire, cependant, que cette séparation ne se traduit pas, à l’époque, par une interdiction légale, comme ce fut le cas à partir de la Constitution de 1917, qui interdit d’associer une formation politique à une religion par le nom même de l’organisation et par ses documents fondateurs. En ce sens, le Parti catholique national n’est pas, au sens strict, illégal.

25 En y incluant les quelques mois de l’intérim de León de la Barra.

26 Une des bannières de la révolution de 1910, conduite par Francisco I. Madero, fut la rénovation de l’ensemble des autorités politiques du pays.

27 Un intéressant volume d’exploration de la politisation des campagnes européennes a été publié il y a quelques années par l’École française de Rome : La politisation des campagnes au xixe siècle (France, Italie, Espagne, Portugal et Grèce). Actes du colloque international organisé par l’École française de Rome, Rome, 20-22 février 1997, Rome, 2000. Pour le cas mexicain, il est clair qu’il faudrait nuancer par régions une telle appréciation.

Auteur

Université de Guadalajara

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Cette publication numérique est issue d’un traitement automatique par reconnaissance optique de caractères.
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search