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Méthodes d’enregistrement des données en archéologie

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Candice Del Medico
, 
Marion Dessaint
, 
Camille Gorin

Conclusion

Candice Del Medico, Marion Dessaint et Camille Gorin

Texte intégral

1L’objectif de cette journée était d’échanger sur l’essence même de l’archéologie, qui nécessite des méthodes d’enregistrement rigoureuses. Ces dernières sont à la base de l’approche scientifique d’un site et de la construction d’un corpus. Cette rencontre a permis de discuter et de débattre des différentes méthodes de fouille, d’acquisition et d’exploitation des données en archéologie. L’utilisation de nouvelles technologies, telles que les tablettes, les drones, la photogrammétrie ou encore la modélisation, était au cœur de plusieurs présentations. Le développement de ces outils pose de nouvelles interrogations concernant, entre autres, l’archivage des données. Tout au long de la journée, il a également été question des bases de données, de leur création à leur utilisation, voire de leur partage. Comment construire une base de données pour la création d’un corpus ? Comment enregistrer directement les données de terrain sur tablette ? Comment interpréter les données enregistrées ? Pourquoi et comment partager une base de données ? Ces questions ont été soulevées à maintes reprises dans les communications et posters, ainsi que dans les discussions qui ont fait suite aux différentes prises de parole.

2Cette 13e journée doctorale a donc permis d’aborder deux questions primordiales en archéologie : la première concerne les méthodes d’acquisition des données sur le terrain et la seconde le traitement de ces données et l’utilisation des bases de données comme outil de compilation et d’analyse de l’information archéologique.

L’enregistrement et l’acquisition des données sur le terrain

3La première étape dans l’étude d’un site archéologique est l’enregistrement des données sur le terrain. Celle-ci est primordiale et conditionne la précision des résultats et des analyses, puis leur interprétation. Comment appréhender les différentes méthodes d’enregistrement ? Peut-on et faut-il envisager un enregistrement standardisé pour tous les sites archéologiques ? Comment faire face à la multiplicité des termes employés lors de l’enregistrement des données ?

Vers une archéologie high technology ? Apports et limites des nouveaux outils

4Les nouvelles technologies semblent être une des réponses innovantes face aux différents problèmes que soulève l’enregistrement des données archéologiques. La tablette numérique est de plus en plus utilisée lors de fouilles ; elle facilite l’enregistrement sur le terrain, et met fin à l’étape chronophage de la mise au net informatique des données en post-fouille. C’est dans cette optique que s’inscrit une partie du travail d’Emilie Comes, Aurélie Terrier et Franck Chaléat sur le site d’Akerentia, en Italie (Calabre). L’utilisation du programme d’iDig développé pour l’École Américaine d’Athènes leur permet d’enregistrer les données de terrain sur une tablette (Ipad). Ils soulignent certaines difficultés liées à ce type d’enregistrement, par exemple lors d’aléas météorologiques (vent, pluie) ainsi que la mauvaise résistance de la batterie sur certaines tablettes. En réponse à ces difficultés, les auteurs ont fait le choix de doubler l’enregistrement par un enregistrement papier. Cette méthode semble alors faire perdre les avantages liés à l’utilisation de la tablette. Les différents soucis techniques rencontrés pourraient être réglés par l’utilisation de modèles de tablettes plus robustes et adaptés au terrain, telle que la tablette Panasonic touchbook actuellement utilisée pour certaines opérations préventives. Cette dernière est résistante à l’eau et possède une grande autonomie, ainsi qu’un logiciel de reconnaissance d’écriture automatisé. Elle est donc parfaitement adaptée à un enregistrement sur le terrain et aux aléas qu’implique un travail en extérieur.

5Les avantages de l’utilisation des nouvelles technologies s’illustrent tout particulièrement dans le cas d’interventions en contexte sous-marin et subaquatique. L’intervention d’Anh-Linh François a montré l’apport significatif des nouvelles technologies dans ces contextes particuliers, qui sont, en partie, à l’origine de cette discipline et permettent son évolution. Le temps d’intervention en plongée étant limité, l’utilisation de caméras étanches et de la photogrammétrie, permettent de « retourner » virtuellement sur le site après la plongée. De plus, les méthodes de prospection indirectes, telle que la prospection acoustique et magnétique, offrent la possibilité d’un repérage avant intervention et de situer géographiquement les vestiges potentiels. Enfin, la robotique facilite l’exploration à l’image du tout dernier robot humanoïde Ocean One. Elle allège également le travail des plongeurs et augmente considérablement les temps de plongée (ROV, scaphandre rigide).

L’homogénéisation des données : un problème récurrent ?

6Les bases de données créées pour enregistrer les informations sur le terrain, ou lors d’un inventaire, sont multiples. Lors de la conception de ces outils, les auteurs sont souvent confrontés à un problème récurrent : l’homogénéisation des données. À l’instar des bases de données utilisées fréquemment en archéologie, celle d’iDig présentée par Émilie Comes, Aurélie Terrier et Franck Chaléat a été en partie conçue pour répondre à cette difficulté. La mise en place de listes déroulantes permet d’enregistrer les structures de manière homogène. L’un des avantages de ce système est également d’inciter les fouilleurs à remplir certains champs sans lesquels ils ne pourront pas valider la fiche. En adéquation avec le gain de temps réalisé par l’utilisation de la tablette, celle-ci permet également d’harmoniser l’enregistrement des données et d’éviter certains problèmes liés aux saisies habituelles (doublons de numérotation, utilisation des termes adéquats, etc.).

7D’autres problèmes se posent lorsque plusieurs équipes étrangères collaborent sur une même fouille. C’est ce dont témoigne le travail de Pauline Duval concernant les modalités d’enregistrement du corpus céramique de Changshan en Chine du nord-est. La coopération franco-chinoise sur ce site a pour objectif d’harmoniser les méthodes de fouille et de créer des outils d’exploitation des données communs aux deux équipes. Dans ce cas, l’harmonisation de l’enregistrement n’en est que plus compliquée : la barrière de la langue et la différence dans les méthodes employées nécessitent un travail à la fois de traduction et de discussion des méthodes de fouilles employées. La présentation de la base de données collaborative ACoR par Jordan Boucard est un très bon exemple d’une tentative de base de données tri-langue (italien, français, anglais). La réflexion sur les termes utilisés et leur diversité selon les pays ont été au cœur de ce questionnement pour pouvoir créer un dictionnaire commun, avec des termes techniques adaptés dans chaque langue. Cette démarche permet d’avoir un enregistrement standardisé sur plusieurs sites et plusieurs pays.

Les apports de la pluridisciplinarité en archéologie

8L’approche environnementale des sites archéologiques n’a cessé de se développer dans le cadre d’une approche pluridisciplinaire. De nouveaux vestiges sont pris en compte lors de l’étude d’un site, tels que les écofacts dans les corpus archéologiques ou les données géomorphologiques. Dans ce domaine, Kai Fechner nous a proposé, armé de sa loupe, de regarder de plus près le sédiment, en créant une méthodologie concrète et accessible à tous pour l’enregistrement pédologique. En décrivant les treize traits pédologiques les plus courants, il donne ainsi une méthode pour l’enregistrement systématique de ces informations lors d’une opération de terrain. Cette méthodologie se veut ouverte à tous pour permettre l’enregistrement des données sans la présence immédiate d’un géomorphologue sur le site, généralement présent seulement quelques jours sur un chantier. Son objectif est de systématiser l’enregistrement des données pédologiques sur les sites archéologiques en dépassant les difficultés que peuvent rencontrer les archéologues qui ne sont pas formés à cette discipline. Ce type de données, permet une meilleure description des séquences stratigraphiques et aide à la compréhension des processus de formation. La réalisation de cet enregistrement préliminaire complète et facilite les études réalisées par la suite par les géomorphologues.

9L’utilisation d’analyses spécifiques issues des sciences dures a été la réponse donnée par Worrawit Boothaï sur le site protohistorique de Pratu Pha, dans le nord de la Thaïlande. En effet, des dépôts découverts sur des ossements humains de cette grotte ont soulevé de nombreuses interrogations quant à leur interprétation. Les analyses qu’il a réalisées sur ces dépôts ont permis de préciser des traitements funéraires spécifiques pratiqués sur ce site daté du IVe millénaire.

10Les méthodes d’acquisition des données sont au cœur des réflexions concernant le travail de terrain, avec les outils permettant l’enregistrement des données « brutes », mais également lors des inventaires, régulièrement réalisés dans le cadre de travaux universitaires. Les nouvelles technologies témoignent de l’évolution de la pratique archéologique qui a su s’adapter et développer des outils permettant d’améliorer un travail peut s’avérer chronophage et fastidieux. Néanmoins, l’utilisation de ces nouveaux outils soulève plusieurs problématiques puisque les données récoltées sont de plus en plus nombreuses, et leur poids exponentiel. La question de la conservation de ces informations sur le temps long a été relevée à de nombreuses reprises par les intervenants. Le papier, a minima pour les rapports finaux d’opération, reste primordial et obligatoire. Les différentes interventions de la journée témoignent bien de la multiplicité des bases de données et des technologies utilisées pour enregistrer les informations, dont l’objectif final est l’analyse d’un site, d’une zone d’étude ou du mobilier.

De l’interprétation au partage des données

La base de données, une boîte à outils ?

11Seront évoquées ici essentiellement les bases de données utilisées par les doctorants dans le cadre de leurs recherches. Ces dernières ont pour principal objectif la réalisation de synthèses et nécessitent alors la création d’un outil adapté pour le traitement d’un grand nombre de données. Les bases de données se sont développées depuis le début des années 2000 ; elles possèdent chacune une architecture et une organisation propre et permettent de compiler des données pour les « cataloguer » et surtout pour pouvoir les interpréter. Les réflexions autour de l’architecture de la base de données (tables, entrées, liens, etc.) occupent une place centrale lors de sa création. Thomas Fischbach a ainsi présenté la base de données qu’il a créée pour l’enregistrement des sépultures mérovingiennes et alsaciennes. Quant à Hélène Labit, elle a également été amenée à créer une base pour son étude des amphithéâtres en Afrique du Nord. Dans un autre registre, la base de données ARMORAXE conçue par Lucie Beneteaud permet de centraliser l’ensemble des données archéologiques et archéométriques découlant de l’étude des lames de haches néolithiques en dolérite du Massif armoricain. Cet outil permet alors de gérer différents types de données à l’aide de tables spécifiques concernant, par exemple, la conservation du mobilier, l’iconographie, la localisation, etc. Anne-Lise Baylé prévoit également la réalisation d’une base de données relationnelle pour son travail de thèse sur les sites funéraires en Étrurie.

12Les bases de données présentées lors de cette journée ont toutes été réalisées sur le logiciel FileMaker. Ce choix semble être orienté par les enseignements universitaires français, favorisant ce logiciel propriétaire moins coûteux et souvent considéré comme « plus intuitif », par de nombreux utilisateurs, en comparaison avec d’autres logiciels. Néanmoins, il peut poser différents problèmes notamment lors de l’utilisation conjointe avec des logiciels d’analyse spatiale tel que QGIS. D’autres logiciels comme Access, Excel ou SQL sont de plus en plus favorisés dans le cadre de recherches universitaires. Ils permettent une plus grande liberté dans la conception de la structure des bases de données et dans leur traitement post-fouille. De plus, le logiciel SQL est un logiciel libre ; il est donc plus accessible aux étudiants, mais nécessite un apprentissage du code qui n’est pas encore assez répandu aujourd’hui dans l’enseignement archéologique. Outre ces différents aspects, l’utilisation de différents types de logiciels pose également la question de la sauvegarde des données enregistrées sur des bases dont les logiciels évoluent constamment et risquent un jour de ne plus être utilisables. Il est donc nécessaire de sauvegarder les données sous forme de tableur ou de fichier texte (.txt). Le choix du logiciel utilisé est particulièrement important dans la constitution d’une base, mais son questionnement ne semble pas encore assez développé au sein des équipes de recherche. La définition en amont des avantages et inconvénients qu’apporte chaque logiciel devrait être discutée, conditionnant l’utilisation que l’on souhaite faire des données récoltées.

L’apport de la collaboration et du partage des données

13L’intervention de Jordan Boucard sur le réemploi dans les constructions des monuments publics romains a pour objectif d’étudier les techniques de construction et de quantifier cette pratique dans les monuments de l’Antiquité tardive. Comme souligné précédemment, la base de données, en trois langues, permet un partage des données et une collaboration entre ces trois pays pour le moment, qui pourrait par la suite être partagé avec un plus grand nombre de pays (grâce à l’utilisation de l’anglais). L’enregistrement d’informations dans la base de données collaborative ACoR, avec des calculs sur la taille des moellons, lui permet de confronter réalité archéologique et données bibliographiques. Ce travail d’analyse renouvelle notre vision du réemploi à la période romaine et permettra de préciser les modalités de sa mise en œuvre. Ce travail n’aurait sans doute pas pu être possible sans la collaboration entre plusieurs équipes de recherches, offrant la possibilité à Jordan, d’une étude comparative poussée.

14Enfin, le cas de la base de données Oxalid est un très bon exemple de mise en ligne et de partage des données. Les données rendues accessibles ont permis à Céline Tomczyk, Kévin Costa et Alain Giosa de tenter de déterminer les zones d’approvisionnement en cuivre archéologique. La base en question compile des analyses isotopiques réalisées sur des minerais et du mobilier, principalement datés de l’âge du Bronze. Grâce à des traitements statistiques poussés, ils ont proposé un nouveau modèle pour déterminer les sources et gisements de cuivre utilisés dans la confection de certains artefacts. Pour la validation du modèle proposé, la base de données doit être alimentée, comme l’indique l’article, à juste titre. Ce dernier montre que la mise en commun des données et les collaborations entre spécialistes permettent de développer des approches complémentaires et de nouveaux résultats.

L’analyse et l’intégration de données anciennes

15Nombreux sont les sites qui ont fait l’objet de fouilles dès le xixe siècle. Celles-ci ont permis d’obtenir les premières données archéologiques tels que les plans de sites. À travers les communications, nous avons pu constater les difficultés auxquelles sont confrontés les chercheurs lorsqu’ils doivent allier données anciennes et récentes.

16Carole Quatrelivre a été confrontée à des problématiques similaires lors de la reprise de la documentation issue du site cultuel protohistorique de Gournay-sur-Aronde. La compilation des différentes données des fouilles réalisées depuis les années 1970 s’avère être un travail complexe. Les recherches d’archives montrent l’éparpillement (et parfois la disparition) des informations récoltées lors des opérations, et la difficulté d’analyser conjointement des données issues de différentes fouilles. Les études réalisées sur des sites fouillés depuis longtemps confrontent nécessairement les archéologues à l’histoire de la recherche archéologique. Se pose alors la question du traitement conjoint de données anciennes et récentes. Les données issues d’opérations anciennes, bien que d’une précision différente à celle des fouilles actuelles, sont des informations importantes qu’il faut prendre en compte lors d’une étude. Il est donc nécessaire de mettre en place des techniques d’enregistrement et de traitement des données qui permettront de traiter conjointement ces deux types d’informations.

Bilans et perspectives

  • 1 Plusieurs journées d’études et colloques ont déjà été réalisées sur ce thème. Pour n’en citer qu’un (...)

17La multiplicité des outils désormais à notre disposition, les logiciels utilisés, la conservation et le partage des données est, en archéologie, un thème au cœur de nos préoccupations actuelles. Cet ouvrage compile différents articles issus de recherches doctorales. Ces derniers sont le reflet de la diversité de ces nouvelles méthodes d’enregistrement et des avancées que celles-ci ont produites dans le domaine archéologique, d’une part, et des difficultés quant à la gestion et au partage de ces données, d’autre part. En effet, la question des versions des logiciels vétustes est à se poser : un logiciel dont la sauvegarde des données dans un logiciel libre est facilitée semble une réponse pertinente. De plus, aucun logiciel ne semble capable aujourd’hui d’intégrer la 3D pour pouvoir l’étudier au sein d’une même base, alors que ce type de pratique se développe sur les sites archéologiques. Toutes ces problématiques sont depuis longtemps abordées en archéologie préventive ainsi qu’à travers des colloques et journées d’étude consacrées à ces questions méthodologiques et aux nouvelles technologies1.

18L’utilisation des nouvelles technologies lors de l’enregistrement des données de terrain soulève de nombreux questionnements. Même si la tablette semble se démocratiser comme outil d’enregistrement en raison de ses nombreux avantages, évoqués lors de différentes interventions, on constate également l’incertitude quant à l’abandon total de l’enregistrement papier. La présentation sur le site Akerentia nous montre que les auteurs ont du mal à abandonner les carnets de fouilles et les fiches US classiques, en invoquant plusieurs problèmes que pourrait poser l’enregistrement numérique (bugs possibles, aléas météorologiques, etc.). Néanmoins, cette persistance de l’enregistrement papier renvoie surtout à une nécessité d’interpréter certaines données au lieu de les enregistrer tout simplement telles qu’elles sont. Les différentes interventions montrent la difficulté de différencier l’enregistrement de terrain et la phase d’interprétation : il s’agit bien là de deux étapes qui ne requièrent pas les mêmes outils ni la même réflexion. Les bases de données remplies par l’intermédiaire de tablettes devraient uniquement permettre d’enregistrer les données, et non de les interpréter sur le terrain ; cette dernière étape est normalement faite en post-fouille, lorsque tous les éléments issus de la fouille ont été traités et permettent de réaliser une synthèse du site. De plus, il est nécessaire de réfléchir au support le plus adapté pour un enregistrement numérique sur le terrain (différentes gammes de tablettes).

19L’un des problèmes soulevé lors de cette journée d’étude est celui de la terminologie. Comment mettre en commun des données lorsque l’on ne dispose pas d’un vocabulaire commun ? Les termes pour désigner un même mot peuvent varier au sein d’un même pays, avec, notamment, des différences régionales importantes, et donc d’un chantier à un autre. Ainsi, des problèmes de communication peuvent se poser même à l’échelle d’un site et engendrer une incompréhension ou une perte d’informations. Celle-ci est d’autant plus grande que le langage diffère. Lorsqu’on doit traduire des données exprimées dans une autre langue, les problèmes de terminologies sont les plus signifiants. Certains termes peuvent ne pas être traduisibles puisque particuliers à la langue d’origine ou à une histoire de l’archéologie différente. Certaines langues peuvent désigner un objet par un seul mot quand d’autres langues auront une palette d’expressions pour ce même objet. Devant ces difficultés, il paraît parfois difficile d’harmoniser les données lors de l’enregistrement. Créer un vocabulaire unique dans l’enregistrement des données archéologiques permettrait une mise en commun facilitée de ces dernières. Cette entreprise nécessite d’avoir un vocabulaire commun parfois difficile à mettre en place à l’échelle globale. Ce projet d’uniformisation des données est actuellement mené à l’Inrap, où Christophe Tuffery travaille sur l’harmonisation et l’interopérabilité des bases de données archéologiques2. La solution à ce problème pourrait également être la réalisation d’une même base de données à utiliser dans le cadre de fouilles archéologiques réalisées au sein d’une même région ou d’un même secteur. Cette solution commence à être adoptée, notamment en région Centre et en Champagne-Ardenne où deux bases de données ont été créées pour l’enregistrement sur le terrain. La première se nomme CADoc et a été réalisée par Thomas Guillemard (Font, 2014). La seconde a été créée par Julie Boudry (Inrap) et Yoann Rabasté (Inrap) ; elle est utilisée conjointement avec une tablette pour l’enregistrement de terrain et cela sur différents sites (Boudry 2017).

20Les présentations des différents communicants ont permis de constater la multiplicité des bases de données créées dans le cadre de travaux universitaires, de projets de recherche ou de fouilles. Le thème de la journée portait sur l’enregistrement, l’interprétation et le partage des données, or ce dernier thème n’a été que peu évoqué pendant les présentations. Il semble qu’il soit difficile de mettre en commun les données et de les partager à une échelle régionale ou nationale. On pourrait aussi envisager de partager les bases de données de terrain dans l’objectif d’harmoniser l’enregistrement, pourtant il est peu question de cela dans les différentes présentations.

21Les chercheurs semblent être confrontés à plusieurs problèmes lorsqu’est évoquée la question du partage des données et des outils, notamment les enjeux liés aux droits et à la propriété des données, qui empêchent ou limitent souvent le partage. Dans quelles mesures peut-on partager la donnée dans le cadre d’une thèse, alors que le doctorant n’en est pas forcément l’auteur ? Pourtant, le partage semble parfois être nécessaire pour permettre d’obtenir des données comparatives, ou pour être exploité de différentes manières, alliant les spécialités de chacun. C’est le cas de la base de données en ligne Oxalid qui a permis une analyse novatrice sur ces données isotopiques. Même si nous avons tous conscience de la nécessité de partager les données, notamment dans l’objectif d’une approche comparative simplifiée, la chose n’est pas aisée, et encore peu pratiquée en archéologie.

Bibliographie

Boudry J., Outil d’enregistrement de données archéologiques sous Microscoft Access, dite BDA, version 8, Metz, Inrap, 2017. En ligne : https://docplayer.fr/1660869-De-la-tablette-pc-a-la-cartographie-de-terrain-exemple-de-methodologie-sur-le-chantier-d-archeologie-preventive-de-noyon-oise.html.

Font C., « De la tablette PC à la cartographie de terrain. Exemple de méthodologie sur le chantier d’archéologie préventive de Noyon (Oise) », Archeologia e Calcolatori, supplément 5, 2014, p. 247-256.

Notes

1 Plusieurs journées d’études et colloques ont déjà été réalisées sur ce thème. Pour n’en citer qu’une : la table ronde régionale d’archéologie en région Centre-Val de Loire de 2015 sous la direction de Xavier Rodier, portait sur l’enregistrement et les systèmes d’information archéologiques.

2 Ce travail a été présenté dans le cadre des ateliers SitRaDa : https://sitrada.hypotheses.org/programme.

Auteurs

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Orient et Méditerranée UMR 8167, équipe Islam médiéval
Thèse sous la direction d’Alastair Northedge et la codirection de Jean-Pierre Van Staëvel : « Les mosquées hui du nord de la Chine, architecture sino-islamique des périodes Ming et Qing (1368-1911) »

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR 7041 ArScAn, équipe GAMA
Thèse sous la direction d’Oliver de Cazanove et la codirection de Michel Reddé : « Les établissements ruraux du territoire des Rèmes : formes, organisations et dynamiques de peuplement entre le milieu du iiie s. av. J.-C. et le vie s. ap. J.-C. »

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR 7041 ArScAn, équipe TranSphères


Thèse sous la direction d’Anne Nissen : « Poitiers et ses itinéraires fluviaux et terrestres, des premières phases urbaines jusqu’à la fin du xviie siècle »

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