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Pouvoir et contestations à Byzance (963-1210)

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Jean-Claude Cheynet

Les assises territoriales de l’opposition aux autorités

Chapitre IV. L’enracinement provincial de l’aristocratie

Texte intégral

Principes d’investigation

1Les notables byzantins acquéraient une influence déterminante dans une province donnée, soit en y possédant la majeure partie de leurs biens fonciers, soit en y exerçant des fonctions officielles -les plus efficaces de ce point de vue étant les charges militaires grâce à la solidarité qui unissait les soldats d’une même province.

  • 1 Contra, Kaplan, Cappadoce, p. 148.

2Jusqu’au xie siècle, la longue durée dans laquelle s’inscrit le développement de la plupart des familles byzantines1leur a effectivement permis d’acquérir des biens fonciers importants, regroupés de façon privilégiée dans une ou deux provinces de l’Empire et d’y faire sentir leur poids social. Localiser les biens patrimoniaux de cette aristocratie s’impose donc, mais plusieurs obstacles, dont le moindre n’est pas le caractère lacunaire et aléatoire de nos sources, nous privent d’informations nourries.

3La source la plus riche est constituée par les actes de la pratique. Mais peu de dossiers nous sont parvenus ; les plus fournis concernent le Mont Athos en Occident et Lembos en Asie Mineure. Des caractéristiques en restreignent la portée :

    • 2 Les principaux documents disponibles, le testament d’Eustathe Boïlas, la diataxis de Michel Attalei (...)

    leur destination exclusivement ecclésiastique. Aucun dossier ne traite précisément des biens des grandes lignées aristocratiques, seulement de ceux de familles plus modestes ou plus exactement d’individus isolés2 ;

  • leur caractère trop localisé, en Macédoine Orientale d’une part, et d’autre part dans la basse vallée du Méandre -régions importantes de l’Empire à coup sûr, mais qui sont moins intéressantes pour notre propos que ne l’auraient été la Thrace, les Anatoliques ou la Cappadoce ;

  • une évolution chronologique incomplète. Les plus anciens documents athonites remontent au xe siècle et restent assez denses jusqu’au règne d’Alexis I, mais le xiie siècle est peu représenté. Les archives d’Asie Mineure n’éclairent guère que le xiiie siècle.

4En dépit de toutes ces réserves le caractère officiel de beaucoup de ces documents les rend précieux. En outre, bien qu’ils offrent avant tout une histoire des biens ecclésiastiques, ils nous permettent indirectement d’atteindre les fortunes laïques parce que les biens des monastères proviennent souvent de donations laïques qu’ils nous font appréhender au moment même de leur transformation et parce qu’à l’occasion des nombreux périorismoi inclus dans ces documents, nous découvrons les noms des propriétaires des champs voisins, gens modestes dans la plupart des cas, mais aussi membres de l’aristocratie ou grandes institutions.

  • 3 De nombreux monastères prirent le nom de leur fondateur ; ainsi ceux du Mont Athos offrent une list (...)

5D’une manière générale, nous considérons les donations en faveur de monastères comme l’indice de la possession par le donateur de biens assez proches de ce monastère, dans la mesure où, le plus souvent, les moines hésitaient à exploiter des biens trop éloignés des bâtiments de leur couvent3. Ainsi les monastères du Mont Athos n’avaient pàs de possessions en Asie Mineure, ni même dans le thème assez proche de l’Hellade-Péloponnèse. Les biens possédés par Lavra dans l’île de Lemnos marquaient la distance extrême acceptée par les couvents athonites. Ce raisonnement ne saurait s’appliquer aux grands monastères de Constantinople, dont les propriétés se répartissaient dans tout l’Empire, même si nous en saisissons mal l’ampleur.

  • 4 Par exemple, comment faut-il interpréter le fait qu’Alexis Paléologue soit représenté avec son père (...)

6Les inscriptions de fondation portant mentions de ktètôres fournissent un indice de même type, car les fondations ou rénovations d’églises ou de monastères, les dédicaces d’icônes offertes à une église étaient pour une grande part le fait des membres de l’aristocratie locale. Toutefois, des bâtiments religieux ont été rénovés par des fonctionnaires en poste dans le thème où se trouvaient ces monuments, sans que cela prouve nécessairement leur implantation locale4.

7Les décisions synodales concernant des affaires de mariage ou de succession nous font parfois connaître les lieux où vivaient les parties concernées, en principe membres des élites, dans la mesure où elles précisent leurs origine. La plus riche série, les décisions rendues par l’archevêque de Bulgarie, Dèmètrios Chômatianos, est malheureusement postérieure à 1204, période d’instabilité et d’émigration hors de Constantinople. Toutefois Chômatianos note assez systématiquement s’il s’agissait d’un réfugié ; faute d’une telle précision, il est préférable de disposer d’un autre indice de localisation d’une famille pour confirmer son information.

  • 5 Par exemple les "biens du sébastocrator" à Constantinople ; on voit à quels dangers on s’exposerait (...)
  • 6 Gautier, Pantocrator, p. 116.
  • 7 Les institutions telles que le fisc ou les monastères importants, à qui leur statut assurait la pos (...)

8Le dernier type de source d’origine ecclésiastique est constitué par les typika, dont le meilleur exemple est celui du Pantokratôr. La liste des biens reçus par lé monastère comporte parfois le nom d’anciens propriétaires. Une information du même ordre est fournie par les toponymes en forme de τά accompagné du génitif désignant les biens d’un propriétaire5. Mais comment établir la date à laquelle s’est fixée cette dénomination ? Lorsque le typikon de Jean II nous informe que l’empereur a donné à sa fondation le chorion de Madytos que possédait Alakasseus6, nous ne pouvons déterminer si cette propriété est passée dans les biens impériaux depuis dix ans ou un siècle auparavant. Cependant, en considérant la prosopographie des anciens propriétaires suggérée par la liste des biens du Pantokratôr, il semble qu’aucun ne puisse remonter à plus d’un siècle. Nous en conclurons sans trop de risque que le souvenir de la possession d’un domaine, notamment par un propriétaire privé7, s’estompait au bout de trois ou quatre générations au maximum et que ce bien prenait le nom d’un nouveau propriétaire.

9En comparaison de ces sources, les autres sont beaucoup plus modestes. Sans doute les chroniqueurs permettent-ils de situer l’origine d’un personnage en indiquant son lieu de naissance ou de résidence, parfois le centre même de la richesse foncière d’une famille s’ils sont assez précis, mais en aucun cas leurs informations ne peuvent être confrontées avec celles fournies par les actes de la pratique, qui, seuls, permettent éventuellement de se faire une idée de l’importance des biens possédés.

  • 8 Les familles, toutes de tradition militaire, qui portent le nom de provinces acquises au cours de l (...)
  • 9 Toutes les personnes dont le nom de famille était formé sur un même nom de ville n’appartenaient pa (...)

10Le berceau de certaines familles est suggéré par de nombreux patronymes, en particulier ceux dont les désinences se terminent en -nos, Dokeianos, Synadènos, Dalassènos, Mélissènos, Amasianos... ou entés, Antiochitès, Kastamonitès, Mésopotamitès, Baasprakanitès, Tarônitès8, ou autre encore, Mitylènaios. Nous admettons que les porteurs de ces patronymes, au moment où ils apparaissent, avaient des relations avec la ville ou la région d’où ils les tiraient9. En fait, dans un certain nombre de cas, ce surnom apparaît au moment même où la personne qui le portait quittait cette ville, le plus souvent pour gagner Constantinople. Cependant des liens durables devaient se conserver avec la famille restée en place, si aucun bouleversement notable ne survenait. Le système fonctionna particulièrement bien aux xe et xie siècles, en revanche, au xiie siècle, une grande prudence s’impose ; ainsi les familles aux patronymes tirés de noms anatoliens avaient évidemment perdu tout lien avec leur patrie d’origine, tels les Dokeianoi, Kastamonitai, Amasianoi... De nouveaux noms apparaissent dans les sources, mais ils ne sont pas nécessairement de création récente, et concernent souvent des familles qui, jusqu’alors, n’avaient pas eu l’occasion de se mettre en valeur.

  • 10 Du type Radènos, originaire de Radè dans le thème des Anatoliques.
  • 11 Fossier, Enfance de l’Europe, p. 333.

11On peut, par hypothèse·, estimer que la famille qui tirait son nom d’une ville modeste y dominait10. On observerait alors une grande similitude avec le phénomène constaté dans le monde occidental au xiie siècle, où le notable portait son nom de baptême complété par le nom de la propriété lignagère11. Il faut évidemment se garder d’imaginer que la ville byzantine ait pu être le patrimoine de la famille à laquelle elle donnait son nom.

  • 12 Skylitzès, p. 427.
  • 13 Svoronos, Cadastre de Thèbes, A 35 p. 12, p. 69. Comme le souligne N. Svoronos dans son commentaire (...)

12Cette moisson d’informations ne permet pas de déterminer automatiquement l’influence régionale d’une famille. En effet, les localisations obtenues ne sont pas nécessairement groupées en un même lieu. Si un intervalle chronologique important les sépare, l’hypothèse peut être risquée du transfert des intérêts d’un génos en une autre région. Si les différentes localisations sont contemporaines, plusieurs explications sont possibles. En premier lieu, une famille pouvait s’être divisée en plusieurs branches. Ainsi manifestement des représentants de grandes lignées orientales, Maléïnoi, Aichmalôtoi ou Adralestoi, voire Maniakai et Tarchaneiôtai, s’étaient établis en Italie du Sud. Dans cette hypothèse, les diverses branches perdaient toute solidarité les unes envers les autres et se comportaient en rameaux indépendants. En second lieu, une famille pouvait obtenir de nouveaux biens, en particulier par donation impériale. Les empereurs choisirent souvent, délibérément, d’offrir des terres dans des régions éloignées des propriétés patrimoniales du bénéficiaire. Ainsi les Maniakai, qui possédaient l’essentiel de leurs biens dans le thème des Anatoliques au xie siècle12, en acquirent dans la région de Thèbes13.

  • 14 Supra, p. 200.
  • 15 Conseils et récits, p. 188.
  • 16 Psellos, Scripta Minora II, p. 255. Psellos loue son ami Constantin, neveu du patriarche Cérulaire, (...)

13Pour mesurer l’influence d’une famille, nous donnons systématiquement la préférence à la région où étaient implantés les biens patrimoniaux, car les donations impériales, pour importantes qu’elles aient pu être, nous semblent beaucoup plus susceptibles d’être confisquées par le successeur du donateur14. Il importe donc de déterminer le lieu de résidence d’un génos, choisi entre tous ses biens, ce que les sources appellent son oikos. Kékauménos a fort bien décrit quelle doit être l’activité de celui qui n’exerce pas ou plus de fonction publique : “résidant en son oikos, il s’occupe de bien gérer ses terres et les bâtiments, moulins, ateliers qui en dépendent”15. Ses serviteurs et sa maisonnée sont regroupés autour de lui16.

  • 17 Cf. infra, p. 213 sq.

14En complément à des renseignements encore insuffisants pour dresser une carte des biens aristocratiques, nous ajoutons donc un autre mode possible d’influence régionale, l’exercice des fonctions officielles, indice à première vue paradoxal, puisqu’il va à l’encontre de la législation byzantine. Celle-ci en effet insiste de façon répétée sur cette exigence, de la part des empereurs, que dans la province où il exerce une fonction d’autorité, le fonctionnaire ne possède ni n’acquière de biens fonciers ; en effet à l’influence naturelle du grand propriétaire terrien s’ajouterait l’autorité tenue au nom de l’État. Cette règle n’a pas été respectée de la même manière durant l’époque qui s’étend du début du xe siècle à la fin du xiie siècle. Au xe siècle, jusqu’en 989, c’est-à-dire après la fin des grandes révoltes du règne de Basile II, il est possible de montrer, pour certaines familles dont nous connaissons le ou les thèmes où étaient sis leurs biens-fonds, qu’elles ont exercé leurs com­mandements sur ce même thème ou des thèmes voisins17. Cela ne signifie pas que jamais des Orientaux n’exerçaient de commandements en Occident ni l’inverse, et nous n’établirons de conclusion sérieuse que si plusieurs membres d’une même famille ont occupé, à plusieurs reprises, des postes de responsabilité dans une même région.

  • 18 Skylitzès, p. 406.
  • 19 Ibid., p. 484.

15Sous le règne de Basile II, la fin des grandes révoltes de Phocas et de Sklèros marqua un tournant dans la politique impériale de nomination aux postes de stratèges de thèmes. La nouvelle orientation de Basile II fut du reste poursuivie par ses épigones jusqu’au règne d’Isaac I Comnène au moins. Nous observons alors une volonté de séparer les puissants de leurs bases foncières, comme l’illustre bien la nomination des Bulgares, fils de Jean Vladislav, à des postes de stratèges en Orient, celle des Tornikioi, Bryennioi, tous Macédoniens, à des postes orientaux. Il convient de bien distinguer entre les stratèges de thèmes, choisis hors de l’aristocratie du thème, et les commandants des tagmata, qui restaient en principe dans la même région que leurs hommes. Ainsi Katakalôn Kékauménos de Colonée combattit en Sicile à la tête d’un tagma d’Arméniaques18, et Bryennios, nommé stratège de Cappadoce, eut le commandement de tagmata macédoniens19.

  • 20 Nous entendons par là la prise de mesures veillant à restaurer l’ancienne armée de type thématique.
  • 21 Infra, p. 350.

16À partir d’Isaac Comnène, puis de Romain IV Diogénès, règne “réactionnaire” à bien des égards20, cette politique impériale fut suivie de manière moins systématique, et il semble qu’on soit revenu à la situation qui prévalait au xe siècle ; des Orientaux exerçaient de nouveau des commandements en Asie Mineure, parfois même dans leur thème d’origine. Ni le retour des Doukai avec Michel VII21, ni l’arrivée au pouvoir d’Alexis I ne marquèrent de rupture immédiate avec la politique de leurs prédécesseurs, mais l’implantation locale des grandes familles, nous le verrons, disparut au profit de leur présence à Constantinople. De plus, au xiie siècle, les empereurs assurèrent une rotation des fonctionnaires de tout l’Empire, ce qui nous prive d’un indice sur l’origine de leur famille. Toutefois certains noms reviennent fréquemment à des postes importants, tel celui des Kontostéphanoi, mégaducs à plusieurs reprises, qui acquirent ainsi une influence certaine sur la Crète, alors dépendante de l’administration du mégaduc.

  • 22 Infra, p. 316-317.
  • 23 Infra, p. 230-231.
  • 24 Michel Chôniatès I, p. 308.

17Les postes subalternes, militaires, civils et ecclésiastiques22, étaient le plus souvent tenus par les autochtones ; aussi offrent-ils de fragiles indices complémen­taires pour l’établissement des zones d’influence. La prosopographie du cadastre de Thèbes recoupe largement celle des fonctionnaires de second rang d’Hellade23. La correspondance de Michel Chôniatès atteste aussi la présence de notables locaux, dont Sgouros, parmi l’escorte du préteur d’Hellade24.

18Lorsqu’apparurent, à la fin du xiie siècle, de nouvelles forces locales, facteurs de dissidence, il ne s’agissait plus des lignages traditionnels, mais de familles appartenant à un échelon plus modeste de cette aristocratie, n’exerçant pas de hautes responsabilités, mais jouissant d’une influence locale, ne résidant pas à Constantinople mais en province, comme l’aristocratie du xe siècle. Nous pouvons dresser un tableau rapide de leur enracinement, au moins pour celles qui se distinguèrent dans les mouvements sécessionnistes précédant ou suivant 1204.

  • 25 Au xiie siècle, bien des fonctionnaires ne mettent plus sur leurs sceaux que leur prénom, leur patr (...)
  • 26 L’hypothèse la plus vraisemblable nous paraît être une carrière d’une trentaine d’années, avec un c (...)

19Rappelons enfin que cette tentative d’établir une géographie de l’influence des puissants aboutit à des résultats significatifs, mais nécessairement limités. En effet, en dépit de l’aide considérable de la sigillographie25, nous ignorons encore bien des patronymes. Nous ne connaissons d’autre part qu’une faible minorité des membres d’un génos, et dans le cas le plus favorable, nous ne pouvons suivre que très partiellement une carrière, deux ou trois postes sur la dizaine ou davantage qu’un responsable occupait au cours de sa vie26.

  • 27 Cf. f. d. n° 5, 6, 11, 15.
  • 28 Cf. f. d. n° 15.
  • 29 Kalokyros Delphinas fut catépan d’Italie à l’époque où l’origine verifiable des catépans nommés éta (...)

20Pour le xe siècle au moins, nous disposons d’un ultime moyen de discerner l’origine de certaines familles, car les listes des partisans des chefs rebelles sont assez étoffées27. Lorsque l’origine régionale de ces soutiens est connue, nous constatons qu’elle coïncidait toujours avec les assises du révolté lui-même ; il n’est donc pas trop imprudent de considérer qu’il en allait de même pour ceux dont nous ne pourrions autrement rien dire. Ainsi par exemple, la liste des soutiens de Bardas Phocas révolté en 98728, où figuraient des Mélissènoi, un Mésanyktès, Bardas Sklèros, dont l’origine micrasiatique ne fait pas de doute, comptait également un Delphinas, un Atzypôthéodôros dont les familles ne peuvent être localisées dans une région de l’Empire : nous admettons, du seul fait de leur présence sur cette liste, que leur établissement en Asie Mineure est des plus vraisemblables29. Enfin, toujours au xe siècle, mais aussi dans la première moitié du xie siècle, les alliances matrimoniales restèrent exceptionnelles entre les familles micrasiatiques et celles d’Occident, à l’exception des princes bulgares. La complexité croissante du jeu des alliances familiales et politiques dans la seconde moitié du xie siècle interdit, à partir de cette date, d’appliquer la même méthode.

L’implantation géographique des “puissants” jusqu’à l’invasion turque

Les familles des prétendants à l’Empire

21Nous établissons d’abord, en commençant par l’Orient, la répartition géographique de celles qui jouèrent le rôle principal dans les révoltes successives au xe siècle, Phocas, Maléïnoi, Sklèroi, Argyroi, Kourkouas, Tzimiskai, Doukai, puis au xie siècle, Botaneiatai, Diogènai, Mélissènoi, Comnènes, Tornikioi et Bryennioi.

  • 30 Skylitzès, p. 382.
  • 31 Théophane Continué, p. 394 ; Skylitzès, p. 211.
  • 32 Ibid., p. 293.
  • 33 Léon Diacre, p. 122. Ce dernier précise que Bardas Phocas avait beaucoup renforcé cette forteresse.
  • 34 Skylitzès, p. 336.
  • 35 Ibid., p. 366. Basile II avait confisqué les biens de Bardas Phocas, mais avait rendu à Nicéphore u (...)
  • 36 Sur cette église, voir en dernier lieu, Nicole Thierry, Un portrait de Jean Tzimiskès en Cappadoce, (...)
  • 37 Skylitzès, p. 382.
  • 38 H. Grégoire, Notes de géographie byzantine : les forteresses cappadociennes d’Antigu Nigde et de Ty (...)

22L’importance exacte des biens des Phocas est assez mal connue, mais il n’y a pas de doute qu’ils étaient sis pour l’essentiel en Cappadoce30. En effet, les Phocas mis en difficulté, se réfugiaient sur leurs terres, ce que fit Léon en 919 : il gagna son oikos de Cappadoce et s’appuya sur la forteresse d’Atéos31pour résister aux troupes envoyées par Romain Lékapènos. En 970, Bardas Phocas se révolta à Césarée de Cappadoce, échoua et fut contraint de trouver refuge dans une place forte, Tyropoion selon Skylitzès32, Tyranna, dite Antigonous, selon Léon Diacre33. Ce bastion lui servit encore à détenir son rival Bardas Sklèros, laissé sous la garde de son épouse34. Alors que Nicéphore Phocas au Col Tors vivait en simple particulier au milieu de ses propriétés, il fut poussé à se révolter par Nicéphore Xiphias, stratège des Anatoliques, et d’après Skylitzès, ses partisans affluèrent de la région de Podandos35. Enfin, à Čavus In, une petite église fut aménagée à la gloire de l’empereur Nicéphore Phocas et de sa famille par des donateurs restés inconnus36. Même si cette église n’était pas une fondation impériale, le fait qu’elle ait été située en Cappadoce ne doit pas être étranger à la popularité des Phocas dans cette région. Après la disparition du dernier représentant mâle de la famille, le souvenir de leur implantation cappadocienne n’était pas perdu, puisque l’empereur Romain III Argyros, au retour d’une campagne malheureuse en Syrie, se reposa dans l’oikos dit de Phocas en Cappadoce37. Bien que la localisation précise des forteresses d’Atéos ou Tyropoion-Tyranna ne soit pas connue et reste l’objet de controverses38, il ne fait pas de doute que le centre de la puissance foncière de la famille se situait à Césarée, donc en Cappadoce au sens géographique du terme, et plus précisément dans le thème du Charsianon.

23Au xe siècle, les Phocas exercèrent de façon quasi exclusive leurs commandements thématiques en Orient, dans les thèmes des Anatoliques, de Cappadoce, de Séleucie, mais pas dans le Charsianon, apparemment leur thème d’origine, respectant ainsi la lettre, sinon l’esprit, de la législation byzantine.

  • 39 Skylitzès, p. 340. Sur l’importance des biens, en dernier lieu, Kaplan, Cappadoce, p. 143-149.
  • 40 Ramsay, The historical geography of Asia Minor, Londres 1890, p. 202-205.
  • 41 Vie de Michel Maléïnos, p. 557. Eudocime, père de Michel, rejoint sa femme dans cette ville où elle (...)
  • 42 Ibid., p. 550-551.
  • 43 Skylitzès, p. 332.
  • 44 E. Honigmann, Un itinéraire arabe à travers le Pont, Mélanges Cumont, Annuaire de l’Institut de Phi (...)
  • 45 Le xénodochion cité dans l’itinéraire arabe n’est peut-être pas différent d’une hôtellerie construi (...)

24Les Maléïnoi, si proches des Phocas, illustres eux aussi par l’importance de leur patrimoine39, seraient, d’après leur patronyme40, originaires de Malagina, dans le thème des Bucellaires. Par la Vie de Michel Maléïnos, nous savons que la famille était possessionnée à Ancyre41, dans le thème ou la ville même de Charsianon, appelée “patrie” du saint et de son frère Constantin42. Eustathe, fils de ce dernier, y avait son oikos43, où Bardas Phocas fut proclamé empereur le 15 août 987. Quatorze ans plus tard, Eustathe Maléïnos reçut Basile II et son armée, de retour de Syrie, avec une magnificence qui impressionna et inquiéta l’empereur au point qu’à la mort d’Eustathe, tout son patrimoine foncier revint à la Couronne. Un document exceptionnel, dû au géographe arabe al-Muqaddasi, décrit deux itiné­raires menant de la frontière arabo-byzantine à la capitale en passant par un balad al Mala’ini44. Dans son étude, Honigmann a montré qu’il s’agissait de biens s’étendant de la vallée du Sangarios aux environs de Claudioupolis sur une centaine de kilomètres de long et comprenant une hôtellerie qui accueillait les Musulmans45. Le texte arabe n’implique pas que les possessions des Maléïnoi aient été disposées d’un seul tenant, mais seulement que ceux-ci étaient des propriétaires fonciers dominants au point que la région traversée avait reçu des habitants son nom de “pays des Maléïnoi”. Ancyre et Césarée de Cappadoce, capitale du thème du Charsianon, étaient les deux autres centres d’implantation de la lignée. La distribution géographique de cette fortune constitue peut-être un indice de la manière dont elle a pu se former. Le coeur le plus ancien aurait été situé dans la riche vallée du Sangarios, peut-être à Malagina ; puis les Maléïnoi auraient acquis des biens à Ancyre et enfin à Césarée de Cappadoce au fur et à mesure, non pas de la reconquête de ces terres sur les Arabes puisque ceux-ci ne les ont jamais contrôlées, mais du rétablissement progressif de la sécurité face aux raids musulmans.

  • 46 Seibt, Skleroi.
  • 47 P. Lemerle, La Chronique improprement dite de Monemvasie : le contexte historique et légendaire, RE (...)
  • 48 Skylitzès, p. 93 ; Théophane Continué, p. 166.
  • 49 Skylitzès, p. 316.
  • 50 Yahya II, p. 419-420.
  • 51 M. Canard, Deux documents arabes sur Bardas Sklèros, Studi Bizantini e Neoellenici 5, 1939, p. 62 s (...)
  • 52 Yahya II, 430.
  • 53 Kinnamos, p. 58.
  • 54 Seibt, Skleroi, p. 77 n. 280.
  • 55 Gautier, Pantocrator, p. 123.
  • 56 Un des biens de la Skléraina figure parmi les donations de Jean II à son monastère du Pantokratôr, (...)

25Les Sklèroi46furent, semble-t-il, d’abord en relation avec la Petite Arménie47et plus particulièrement avec la région de Mélitène, comme en témoigne la rébellion d’un Sklèros au ixe siècle contre Amr, émir de Mélitène48. Bardas Sklèros engagea son combat contre Basile II dans la même région, s’apparentant aux émirs arabes d’Amida et de Martyropolis et choisissant la forteresse de Harput pour y déposer son trésor de guerre49. Un de ses premiers objectifs fut de s’emparer de Mélitène, ville qu’il rejoignit aussi en 987, une fois libéré de sa prison de Bagdad50. En 989, encore engagé contre l’empereur, il rechercha à nouveau une alliance du côté des princes arabes51. Son échec entraîna, semble-t-il, le déracinement de sa famille, puisque lui-même et son frère Constantin terminèrent leurs jours dans un domaine donné par l’empereur, situé à Didymotique, en Thrace52. Les Sklèroi disposaient-ils d’un autre centre d’implantation dans le thème des Anatoliques ? L’arrière-petit-fils de Bardas Sklèros y était en effet établi au milieu du xie siècle. En outre, au xiie siècle, Kinnamos rappelle que le lac alors appelé lac de Pousgousè portait jadis le nom de “lac de Sklèros”53. Cet enracinement était peut-être fort ancien, car un texte syrien, qui remonterait au viiie siècle, donne le même nom à ce lac, l’ancien Karalis de l’Antiquité54. Nous laisserons de côté les biens acquis par Marie Sklèraina, soeur de Romain et maîtresse de l’empereur Constantin IX Monomaque, dont elle reçut des donations nombreuses et dispersées dans tout l’Empire55. Ces propriétés provenaient des biens impériaux ou du fisc, et incontestablement la plus grande partie y retourna56. Le principal foyer d’influence des Sklèroi, assis pendant deux siècles, jusqu’en 989, en Mésopotamie byzantine, fut ensuite transféré, semble-t-il, dans le thème des Anatoliques.

  • 57 Vannier, Argyroi, p. 15. L’auteur propose l’hypothèse que leur nom serait lié à la très grande rich (...)
  • 58 Skylitzès, p. 488 489.
  • 59 Théophane Continué, p. 426 (pour Kourkouas) ; Léon Diacre, p. 100 (pour Tzimiskès).
  • 60 Skylitzès, p. 230 ; D. A. I., p. 208, 212.

26Les Argyroi, réputés pour leur très grande fortune57, exercèrent au xe siècle des commandements dans la tourma de Charsianon, le thème de Sébastè et celui des Anatoliques, indice de leur influence dans ces régions frontalières. Nous savons en outre plus précisément qu’Eustathe fut enterré dans le monastère de Sainte-Élisabeth, situé dans le thème du Charsianon. Au siècle suivant, ses descendants, les fils de Basile Argyros, étaient encore établis en Orient, mais cette fois dans le thème des Anatoliques58. Les propriétés des Kourkouas s’étendaient sur deux thèmes limitrophes. Jean Kourkouas, domestique des Scholes sous Romain Lékapènos, était originaire de Dokeia, en Paphlagonie, tandis que son petit-neveu Jean Tzimiskès était né dans le thème des Arméniaques ; pour cette raison en effet, ainsi que le rappelle Léon Diacre, Tzimiskès, parvenu au pouvoir, exempta d’impôts les habitants de ce thème59. Deux éléments appuient cette indication, d’une part les liens noués par les Kourkouas avec d’autres grandes lignées orientales, Lékapènoi ou Phocas, leurs commandements d’autre part, exercés pour l’essentiel en Anatolie. Théophile Kourkouas fut stratège de Chaldée, de Mésopotamie et de Théodosioupolis60 ; Jean son frère, domestique des Scholes, avait donné la priorité aux actions militaires menées dans la région du nord-est, limitrophe du monde musulman, à la différence des Phocas, davantage intéressés par la défense de la frontière du sud-est, plus proche de leurs propres biens patrimoniaux. Ainsi se confirme que les intérêts des Kourkouas étaient plutôt centrés entre la Mésopotamie et le thème de Chaldée, dans la région des Arméniaques.

  • 61 Polemis, Doukai.
  • 62 Kabala, forteresse située au nord d’Iconium, avait déjà servi de point d’appui à Thomas le Slave en (...)
  • 63 Skylitzès, p. 328. Ces forteresses sont mal localisées. Plateia Pétra avait déjà servi de base lors (...)
  • 64 Skylitzès, p. 483.
  • 65 Alexiade II, p. 81.
  • 66 Bryennios, p. 119.
  • 67 Ibid., p. 173 : τὰ βασίλεια του Καίσαρος.
  • 68 Patmos I, p. 5 sq.

27La situation des Doukai est encore plus difficile à cerner, compte tenu des vicissitudes qu’ils connurent. Lors de leur premier apogée au tournant des ixe et xe siècles, les Doukai, établis sur la frontière orientale, acquirent leur gloire en luttant contre les Musulmans61. L’oikos de Constantin Doukas se situait alors en Paphlagonie ; sa femme y résidait, attendant l’issue de sa tentative pour s’emparer de l’Empire, et le père de Constantin, Andronic, s’était réfugié avec toute sa famille à Kabala62, lors de sa révolte contre Léon VI. Avait-il choisi cette forteresse en raison de la proximité des biens patrimoniaux, ou parce qu’elle lui laissait ouvert le chemin de la Syrie ? L’échec de 913 entraîna l’effacement de la famille pendant trois quarts de siècle. Nous ignorons même de quelle manière les Doux-Doukai qui réapparaissent dans les sources à la fin du xe siècle étaient liés à ceux du début de ce siècle. Ces Doukai appartenaient à une branche établie dans le thème des Thracésiens ou dans celui de l’Opsikion, d’où le surnom d’Andronic, dit Lydos, souvenir du nom antique de Lydie. Ils tenaient les forteresses d’Armakourion et de Plateia Pétra63. En 1056, les Doukai étaient considérés comme une famille d’origine orientale64. Lors de leur venue au pouvoir, il devient impossible de distinguer les biens familiaux anciens des donations impériales. Le César Jean Doukas possédait en Thrace de grands domaines65, mais résidait normalement en Bithynie66. Vaincu par Roussel de Bailleul, il se réfugia dans une forteresse proche de son oikos, situé sur le Mont Sophôn de Bithynie67. Son fils Andronic fut récompensé de sa victoire contre l’ancien empereur Romain Diogénès par la donation de biens impériaux dans la région d’Éphèse68.

  • 69 Kinnamos, p. 294-295. En fait, compte tenu des troubles de la fin du xie siècle, ces constructions (...)

28Les possessions des Mélissènoi ne sont bien connues que pour le xie siècle, alors que des membres de la lignée apparaissent dans les sources dès le viiie siècle. D’après Kinnamos, le César Nicéphore Mélissènos avait fait construire de belles demeures, des thermes, même des villages, à Dorylée et dans les environs69. Pour la période précédente, nous pouvons seulement affirmer les liens des Mélissènoi avec la partie orientale de l’Empire, où ils exercèrent de nombreux commandements depuis le ixe siècle. Ils étaient d’ailleurs liés par le sang à d’autres maisons orientales et soutenaient les Phocas à la fin du xe siècle.

  • 70 Attaleiatès, p. 217-218, 228 ; Zônaras, p. 715. Michel Attaleiatès rattache cependant nettement les (...)
  • 71 Skylitzès, p. 488 ; Attaleiatès, p. 185, 213.
  • 72 Sur l’intégration de la Phrygie dans le thème des Anatoliques, Skylitzès Continué, p. 125. Voir aus (...)
  • 73 Georgina Buckler, Un Botaneiate du vie siècle, Byz. 6, 1931, p. 405-410.

29Les trois dernières familles d’origine orientale qui jouèrent un rôle notable au xie siècle, Botaneiatai, Diogénai et Comnènes, sont apparues plus récemment que les précédentes et ne remontent pas, semble-t-il, au-delà du règne de Basile II70. Le plus célèbre des Botaneiatai, Nicéphore, le futur empereur, résidait, à la tête d’une immense fortune, dans le thème des Anatoliques71, en Phrygie72d’où il partit pour la conquête de Constantinople avec des troupes recrutées à Chôma et autour de cette forteresse. L’installation des Botaneiatai pourrait être très ancienne, car il a été trouvé, près de Synada, là même où ils furent ultérieurement florissants, une inscription du vie siècle, citant un certain Artemôkos, fils de Botaneiatès, dit Kroubélès73.

  • 74 Bryennios, p. 261.
  • 75 Alexiade II, p. 114.

30Parmi les parents et soutiens de Nicéphore III, les Straborômanoi étaient originaires de la Pentapole de Phrygie74et les Synadènoi, de la ville de Synada, métropole de Phrygie Salutaire. Alexandre Kabasilas, d’une grande famille orientale, l’accompagnait aussi ; nous admettrons alors que les Kabasilai étaient installés dans cette même région. Cette hypothèse est renforcée par le fait que Tzachas, l’émir turc qui cherchait à établir son pouvoir en Asie Mineure Occidentale, avait été son adversaire et s’était fait prendre par Alexandre75.

  • 76 Attaleiatès, p. 99 ; Skylitzès Continué, p. 122.
  • 77 Attaleiatès, p. 145 146.
  • 78 Skylitzès Continué, p. 153 ; Attaleiatès, p. 171.
  • 79 Skylitzès Continué, p. 155.
  • 80 Grumel, Régestes, n° 900. Cette requête fut annulée comme non conforme aux canons des conciles en n (...)

31La famille Diogénès est cappadocienne76, car nous savons par Attaleiatès77que Romain IV Diogénès, entreprenant la campagne fatale de 1071, partit en Orient avec toute son armée, franchit le Sangarios par le pont de Zompos et se sépara du gros de la troupe pour séjourner dans de riches demeures situées entre ce fleuve et l’Halys, puis passa celui-ci et s’établit dans une forteresse qui venait d’être bâtie sur son ordre. Il pénétra dans le thème du Charsianon et permit à l’armée entière de bivouaquer sur ses propres biens entre Césarée et Kryopègè. Il ressort de ce texte que Diogénès avait des biens dans le thème des Anatoliques et dans celui du Charsianon, jadis centre des possessions des Maléïnoi, comme si les Diogénai y avaient pris leur succession comme famille dominante. Romain Diogénès utilisa du reste, après la défaite de ses partisans à Dokeia, la forteresse de Tyropoion pour s’y réfugier78, celle-là même qui avait déjà servi à Bardas Phocas comme place de sûreté à la fois contre les impériaux et contre les partisans de Sklèros. Dernier indice de l’intérêt des Diogénai pour la Cappadoce : Romain IV avait élevé Nazianze, évêché dépendant de la métropole de Môkissos, au rang de métropole79, et il s’était occupé personnellement de la nomination d’un certain Syméon au siège épiscopal de Parnassos, évêché obscur, mais dépendant aussi de Môkissos80.

  • 81 Le prénom oriental de Bardas, attesté sur un sceau de Bardas Érôtikos (Konstantopoulos, Molybdoboul (...)
  • 82 82 Markopoulos, Vaticanus, p. 92.
  • 83 Léon Diacre, p. 79.
  • 84 Bryennios, p. 75.
  • 85 Ibid., p. 197.
  • 86 Manuel pouvait avoir hérité de sa famille maternelle sa maison paphlagonienne.
  • 87 Psellos, MB IV, p. 407. La discussion sur l’emplacement exact de ce toponyme n’est pas de notre pro (...)
  • 88 Il n’est pas sûr que cet abandon soit en rapport avec les attaques turques, car à la même époque, D (...)

32L’histoire de la zone d’influence des si fameux Comnènes est paradoxalement difficile à établir. Ils apparaissent tardivement à la fin du xe siècle, avec Manuel Érôtikos, brillant défenseur de Nicée contre Bardas Sklèros. Ce Manuel fut le père d’Isaac Comnène, le futur empereur, et le grand-père d’Alexis I. La famille était donc unie d’abord à celle des Erôtikoi, probablement d’origine micrasiatique, dans la mesure où son destin apparaît lié au xe siècle à celui des Phocas81. Nicéphore Érôtikos compta parmi les proches de Constantin VII, au moment où les Phocas et leurs alliés jouissaient de la faveur impériale82. Le patrice Nicéphore Érôtikos, identique au précédent ou son homonyme, avait été chargé par l’empereur Nicéphore Phocas d’une mission de confiance83. Manuel Érôtikos était hostile à Sklèros à l’époque où Basile II trouvait des soutiens dans le clan des Phocas. Ultérieurement, si on en croit Nicéphore Bryennios, Manuel fut présent lors de la reddition de Sklèros à Basile II, quand celui-ci échoua dans sa deuxième tentative de révolte84. Manuel habitait à Kastamôn85 ; il n’est pas sûr que cette ville ait été la patrie primitive des Comnènes, qui reste indéterminée86. Selon Psellos, généralement bien informé, ils seraient venus de Komnè en Thrace87. Isaac, fils aîné de Manuel, était replié dans son oikos de Kastamôn lorsqu’il fut vivement sollicité de prendre la tête de l’opposition contre Michel VI. À la génération suivante, en 1074, cette demeure était désertée quand Alexis Comnène, neveu d’Isaac, y passa après avoir vaincu Roussel de Bailleul88. Les Comnènes avaient donc une assise paphlagonienne indéniable jusqu’au milieu du xiesiècle ; la famille semble ensuite établie exclusivement dans la capitale.

  • 89 Elles suivirent peut-être le recul de la frontière, si notre explication de la répartition des bien (...)

33Cette liste des maisons prétendant à l’Empire manifeste clairement que toutes les grandes familles qui remontaient au xe siècle ou à une époque antérieure avaient leur zone d’influence localisée près de la frontière89, illustration de l’importance de leur fonction guerrière. Au contraire, les familles les plus notables du xie siècle, familles elles aussi à tradition militaire, dominaient des régions plus éloignées des frontières, dans les thèmes des Anatoliques ou de Paphlagonie. La poursuite de l’expansion byzantine n’a donc pas provoqué l’essor de nouveaux groupes centrés sur les thèmes constitués par les territoires reconquis. Néanmoins, de grandes propriétés s’y étaient établies, celles de Basile Lékapènos en Cilicie, des Bourtzai à Antioche ou de Mélias à Likandos. Mais ces thèmes ne furent pas à l’origine de fortunes foncières permettant l’émergence de nouveaux réseaux influents à la différence du siècle précédent, en raison de la nouvelle politique impériale menée depuis la fin des grandes révoltes du règne de Basile II.

  • 90 Théophane, p. 400, 474.
  • 91 Psellos, Chronographie II, p. 14.
  • 92 Il faut distinguer Tornikios l’Ibère, fondateur d’Iviron, de la famille descendante de Tornikios fi (...)
  • 93 Léon Diacre, p. 45.
  • 94 Bryennios, p. 291.

34En Occident, aucune famille au xe siècle ne prit la tête d’une faction susceptible de revendiquer le pouvoir, non pas que la région eût été dépourvue de grands notables avant le xie siècle. Ce déséquilibre entre l’Orient et l’Occident retient l’attention. En Europe, des guerres nombreuses furent menées contre les Bulgares, mais elles n’eurent pas pour conséquence l’apparition d’un monde acritique et partant de réseaux familiaux puissants. En effet, ils ne bénéficièrent pas de la longue durée nécessaire à leur constitution, car les terres occidentales furent troublées, plus que les terres d’Orient, par les raids ennemis qui parvinrent jusqu’à Andrinople et même Thessalonique. ; de très importantes modifications furent provoquées par l’installation de Slaves au cours des viie et viiie siècles. La preuve a contrario est fournie par l’existence, dès le viiie siècle, de deux familles athéniennes, les Tessarokontapècheis et les Rentakioi90 ; or l’Attique fut une des rares régions de l’Hellade assez peu touchée par l’invasion slave ou peu de temps isolée de Constantinople. À la fin du xe siècle et surtout au cours du xie siècle apparut un groupe de notables qualifiés par les sources de Macédoniens et dont l’influence était centrée sur la région d’Andrinople, ville qui précisément avait depuis longtemps échappé à toute occupation durable. Les plus importants furent les Tornikioi et les Bryennioi. Le seul Tornikios dont l’établissement nous soit bien connu est Léon qui se révolta en 1047 ; sa famille, nous dit-on, était installée à Andrinople91. D’autres Tornikioi92étaient actifs dans la même région dès 963. Deux d’entre eux, Nicolas et Romain, patrices, commandaient les troupes macédoniennes que Joseph Bringas tenta d’opposer à Nicéphore Phocas93. Au xie siècle, en 1078, Pierre Tornikios, un Macédonien, combattait dans les rangs de l’armée d’Alexis Comnène94.

  • 95 Le monogramme des Bryennioi est encastré dans les murs de la ville (Catherine Asdracha, L’apport du (...)
  • 96 Attaleiatès, p. 53 ; son prénom est resté inconnu.
  • 97 Skylitzès, p. 472-473.
  • 98 Ibid., p. 484 ; Zônaras, p. 657.
  • 99 Ibid., p. 716.
  • 100 Bryennios, p. 211.
  • 101 Ibid., p. 281.
  • 102 Nicétas Chômâtes, Histoire, p. 6.
  • 103 D. A. I., p. 232.

35Les liens des Bryennioi avec cette même ville d’Andrinople sont attestés sur plusieurs générations95. Le Bryennios révolté en 1056 contre Michel VI est appelé Adrianoupolitès par Michel Attaleiatès96. Il commandait à Andrinople lors de la guerre contre les Petchénègues97. Nommé stratège de Cappadoce, il emmena avec lui les tagmata macédoniens98. Son fils Nicéphore était, lui aussi, d’Andrinople99, et Michel VII, cherchant un collègue pour l’épauler face aux invasions barbares, voulut le rappeler du pays des Odrysses, c’est-à-dire d’Andrinople100. Cette ville était sa résidence normale, et lors de sa révolte contre Michel VII, il y laissa son épouse et sa mère101. Son petit-fils, le César Nicéphore, époux d’Anne Comnène, y était né lui aussi102. L’installation des Bryennioi à Andrinople est probablement nettement antérieure au xie siècle. En effet, dès la première moitié du ixe siècle, Théoktiste Bryennios, stratège du Péloponnèse, était à la tête de contingents thraces et macédoniens103 ; malheureusement, nous ne disposons d’aucun élément sur cette famille, pendant les deux siècles qui séparent Théoktiste du révolté de 1056, pour attester sa permanence à Andrinople.

Les familles de second rang

36Nous avons pu situer avec une assez grande précision l’ensemble des lignées qui participèrent aux xe et xie siècles à la compétition pour l’Empire. Elles s’appuyaient sur des familles d’importance moindre, que nous allons tenter de localiser, même si leur géographie demeure plus lacunaire. Aussi, procédant plutôt par grandes régions, distinguons-nous les familles dominantes là où se manifestèrent au xie siècle des tendances sécessionnistes, autour d’Antioche ou de Trébizonde. Nous dressons enfin une liste des familles dont nous affirmons seulement l’appartenance à la partie orientale ou occidentale de l’Empire, sans plus de précision.

La région pontique

  • 104 Papadopoulos Kérameus, Fontes I, p. 57.
  • 105 Skylitzès, p. 217.
  • 106 Iviron I, p. 153 ; l’interprétation de la titulature de Jean Chaldos est délicate, mais il est assu (...)

37En Chaldée, trois groupes l’emportaient en influence, Chaldoi, Tarônitai et Gabras. Les rapports des Chaldoi avec la région de Trébizonde sont bien attestés, même si le patronyme ne dérive probablement pas du nom du thème, mais de Chaldéen pour désigner un Agarène. Au milieu du ixe siècle, le père de Jean Chaldos, duc de Chaldée, aurait fondé le monastère du Christ Sauveur à Syrmèna ; peu après, sous Basile I, Jean Chaldos aurait approuvé la modification de la date retenue pour fêter saint Eugène104. Plus tard, Adrien Chaldos, rebellé contre l’autorité de Romain Lékapènos, s’était réfugié, vainement du reste, dans ce thème105. Un autre Jean Chaldos fut duc des Arméniaques sous Basile II106.

  • 107 N. A Dontz, La généalogie des Tarônites, Etudes arméno byzantines, Lisbonne 1965, p. 339-34 ; V. La (...)
  • 108 Yahya II, p. 424.
  • 109 Alexiade III, p. 75, 76, 77.

38Les Tarônitai107, issus du Tarôn, région voisine de la Chaldée, gardaient de l’intérêt pour ces territoires ; aussi Basile II, aux prises avec Bardas Phocas, s’était-il efforcé de sauvegarder la fidélité de Trébizonde en y envoyant Grégoire Tarônitès qui put y lever une nombreuse armée108. Un siècle plus tard, Alexis I Comnène jugea nécessaire d’y dépêcher à nouveau un Tarônitès, prénommé lui aussi Grégoire109, pour y contrecarrer l’influence de la troisième famille notable de la région, celle des Gabras.

  • 110 Constantin Gabras combattit les impériaux de Basile II, Skylitzès, p. 322, 325.
  • 111 Kinnamos, p. 296.
  • 112 Cahen, Pre Ottoman Turkey, p. 112, 210.
  • 113 Papadopoulos Kérameus, Fontes, p. 38 39. Pour la rectification du texte de Papadopoulos, Panagiotak (...)

39Nous ignorons où étaient établis ces derniers lors de leur apparition aux côtés de Sklèros révolté110, mais on peut supposer qu’ils étaient déjà installés dans la ré­gion pontique et se présentaient en rivaux des Tarônitai. Dans la seconde moitié du xie siècle, leur installation à Trébizonde, Colonée et Païpert est bien attestée avec Théodore Gabras, puis au début du xiie siècle avec son neveu Constantin. Après la chute de Constantin qui tint Trébizonde jusqu’en 1140, l’empereur Manuel choisit encore un Gabras, Michel, pour occuper la forteresse pontique d’Amasée livrée par ses habitants111. Les Gabras constituent une exception, car l’invasion turque, loin de mettre fin à leur influence locale, la renforça. En 1190, Hasan ibn Gavras, devenu le principal conseiller du sultan seldjoukide Kilidj Arslan, fut assassiné alors qu’il retournait sur ses terres sises près d’Erzinjan dans l’arrière-pays pontique112. L’assise trébizontine des Pleustai est moins nettement établie. De race illustre et liée aux Phocas, leur origine micrasiatique ne saurait être mise en doute. Au xe siècle, un saint local, saint Eugène, fit un miracle en faveur du stratège de Sôtèroupolis, Nicétas Pleustès, dépendant du duc de Chaldée113. Or la bienveillance des saints locaux s’exerçait d’abord au bénéfice de leurs compatriotes : cette règle et la charge de Nicétas permettent de considérer les Pleustai comme originaires de la région.

  • 114 Vie de Dorothée par Mauropous, éd. Lagarde, p. 210.
  • 115 Attaleiatès, p. 92 ; Zônaras, p. 680.
  • 116 Laurent, Buttes Métriques, n° 526.

40Les Génésioi, établis depuis longtemps à Trébizonde, comptaient parmi les ot ἐν τέλει τα πρώτα de la ville, selon l’auteur de la Vie de Dorothée le Jeune, lui-même issu de cette famille114. Au xie siècle, le patriarche Jean Xiphilinos avait pour patrie cette ville115. Et Bardas Xiphilinos, frère de Jean ( ?) fut stratège en Thessalie, ce qui présume en cette période une origine orientale116.

  • 117 D. A. I., p. 206.
  • 118 Léon Diacre, p. 144.

41Dans le thème des Arméniaques, de fragiles indices permettent de situer, aux côtés des Kourkouas et des Dalassènoi, les Lalakôn : l’un fut stratège des Arméniaques sous Léon VI117, et un autre, Théodore, s’illustra face aux Russes sous les ordres de Jean Tzimiskès -lui aussi un Kourkouas118.

  • 119 Bryennios, p. 195.
  • 120 Alexiade I, p. 131.

42La Paphlagonie ne comptait qu’une famille vraiment digne de comparaison avec les magnats des Anatoliques, les Dokeianoi. Théodore Dokeianos, célèbre pour sa richesse, y“ résidait encore en 1074 lorsqu’il reçut Alexis Comnène, futur empereur119. D’un niveau social encore élevé, mais plus modeste que les Dokeianoi, les Diabatènoi étaient peut-être liés à la région. Si nous considérons que deux des toparques cités dans l’Alexiade, Gabras à Trébizonde et Bourtzès à Chôma, défendaient leurs provinces, le troisième, Dabatènos, défenseur d’Héraclée et de la Paphlagonie120, pouvait être aussi un autochtone. De plus, indice faible mais convergent, les Diabatènoi servirent fidèlement les Doukai qui exerçaient une influence certaine sur la même province.

  • 121 Léon Diacre, p. 40. Curieusement, Jean Bringas, le parakoimomène, fut exilé dans sa province d’orig (...)
  • 122 Ibid., p. 416 : Georges, protovestiaire, frère de Michel IV, y possédait des biens étendus.
  • 123 Mauropous, p. 56-57.
  • 124 Vie de Syméon, p. 2, 4, 12.

43Celle-ci fournit également de nombreux fonctionnaires ambitieux. Les Bringai en étaient originaires121, ainsi que la dynastie paphlagonienne qui dut son succès à Jean l’Orphanotrophe122. Mauropous, né lui aussi dans ce thème, s’était installé très jeune à Constantinople avec ses parents123. Saint Syméon le Nouveau Théologien garda toute sa vie des liens avec la Paphlagonie, sa terre natale, y accomplissant même une mission pour l’empereur (Basile II ?). Son oncle était le chef des koitônitai de Basile II124. Cette province est donc la seule à nous fournir un groupe de hauts fonctionnaires civils, particulièrement de nombreux eunuques.

Le centre de l’Asie Mineure

  • 125 Romain Sklèros agressa la femme de Georges Maniakès qui vivait sur les propriétés de son époux dans (...)
  • 126 Radè était une kômè du thème des Anatoliques (Pseudo Syméon Magistre, éd. Bonn, p. 707). Au xie siè (...)
  • 127 Timarion, p. 57. Le texte précise qu’il s’agit de la Grande Phrygie, partie du thème des Anatolique (...)
  • 128 Ils ont l’honneur, comme les Phocas et les Maléïnoi, d’être désignés par Basile II ou son interpola (...)
  • 129 W. M. Calder, Eastern Phrygia, 1928, Mama I, n° 190. L’éditeur publie une inscription du village de (...)
  • 130 Dernière mise au point sur ce transfert des Arméniens, Dédéyan, Immigration arménienne, p. 78-86.
  • 131 Skylitzès, p. 355 ; Michel Le Syrien, p. 133 ; Aristakès De Lastivert, p. 19.
  • 132 MATTHIEU D’ÉDESSE, p. 78. Ces lieux se trouvaient situés soit en Cappadoce, soit dans le thème du C (...)
  • 133 Aristakès De Lastivert, p. 51.

44A la fin du xe siècle et au xie siècle, on compte au nombre des familles des Anatoliques, les Maniakai125, Radènoi126, Paléologues (en Phrygie)127, Môselai128et Karantènoi installés entre Iconium et Philomèlion129. L’installation de princes arméniens et de leur suite provoqua la modification la plus importante dans la géographie des grandes propriétés en Cappadoce et dans les thèmes orientaux130. Sénachérim, ancien archonte du Vasparoukan, reçut de Basile II, rappelons-le, de grands biens à Sébastè, Larissa et Abara131. Gagik, expulsé d’Ani, eut en compensation, de la part de Constantin Monomaque, des propriétés à Galoubeh et Bizou132. Gagik, l’ancien maître de Kars, s’installa à Tzamandos avec l’accord de Constantin X Doukas. Des personnages de moindre importance furent eux aussi accueillis dans l’Empire, tel Grégoire Magistros Bahlavouni en Mésopotamie133.

  • 134 Lemerle, Cinq études, p. 22-23.
  • 135 Skylitzès, p. 217.
  • 136 D. A. I., p. 212.
  • 137 Nicole Thierry, L’art monumental byzantin en Asie Mineure du xieau xive siècle, DOP 20, 1975, p. 95 (...)

45Parmi les autochtones, relevons le nom de Boïlas. Eustathe Boïlas, installé en Cappadoce134, était sans doute apparenté au familier de Constantin IX Monomaque, Romain, dont on sait les difficultés d’élocution dues soit à un défaut physique, soit à un accent provincial, en ce cas cappadocien. Au xe siècle des Boïlas avaient servi en Orient. Bardas Boïlas avait été stratège de Chaldée sous Romain Lécapène135, et à la même époque, Pétronas Boïlas fut stratège de Nicopolis d’Orient sous les ordres du domestique des Scholes Jean Kourkouas136. Nous savons également que les Mandalai étaient solidement établis dans leur forteresse de Kybistra. Les nombreuses inscriptions des églises de Cappadoce apportent peu d’informations complémentaires sur l’aristocratie locale, faute de citer des patronymes ; elles permettent toutefois d’ajouter à notre liste les Sképidai dont l’un fut stratège de Lucanie137.

L’ouest de l’Asie Mineure

  • 138 Patmos II, p. 9.
  • 139 Ibid., p. 14.

46Une famille du parti des Phocas et leur parente par le sang était installée hors de Cappadoce, au sens géographique de ce terme. Les Parsakountènoi habitaient en effet le thème des Thracésiens où l’agglomération de Parsakountè est à l’origine de leur patronyme. D’ailleurs parmi les biens donnés à Andronic Doukas en 1073 près de Milet, existait un oikoproasteion dit de Bari-Parsakountènos comportant une église à coupole138et de vieilles bergeries dites Parsakountènai139. D’autre part, lorsque Basile II eut à régler le délicat problème de la reddition des derniers partisans de Sklèros dans ce thème, il choisit Nicéphore Parsakountènos pour porter les promesses d’amnistie, eu égard à son influence dans la région.

  • 140 Vie de Nicéphore de Milet, éd. H. Delehaye, AB, 44, 1895, p. 151.

47Le dernier appui solide des Phocas dans le même thème était celui de Syméon Ampélas. D’origine paysanne et devenu l’un des archontes d’Asie140, il avait considérablement enrichi le monastère de Xèrochôraphion près de Milet, et ses descendants sont connus jusqu’au xiie siècle.

  • 141 Skylitzès, p. 396.
  • 142 Ibid., p. 416.
  • 143 Pour l’origine d’Eudocie, ibid., p. 180. Vita Euthymii Patriarchae CP, éd. Patricia Karlyn Hayter, (...)
  • 144 Skylitzès, p. 238. Romain était eunuque ; sans doute la propriété passa t-elleensuite à des collaté (...)

48En dehors des Parsakountènoi, des Ampélai et des Doukai, l’ouest micrasiatique y compris la façade égéenne, fournit moins de noms prestigieux. Le thème de l’Opsikion rassemblait toutefois quelques familles importantes. Jean l’Orpha­notrophe en 1034 confisqua les biens des Goudélai, Baïanoi et Probatas, qu’il offrit à son frère Constantin141. Or peu après, en 1041, Michel V, neveu de l’Orphanotrophe, condamna son oncle Constantin à s’exiler sur ses terres de l’Opsikion142. La famille de Michel IV et de Michel V n’appartenait pas à l’aristocratie et ne possédait donc pas de grands biens patrimoniaux. Il faut en déduire que ces propriétés de Constantin dans l’Opsikion étaient identiques aux biens confisqués en sa faveur et que les Goudélai, Baïanoi et Probatai y avaient leur assise. Nous savons également que Léon VI épousa Eudocie Baïanè, originaire de l’Opsikion143, fait qui nous semble conforter notre précédente déduction et nous rappelle l’étonnante stabilité territoriale de l’aristocratie avant la seconde moitié du xie siècle. Dans ce thème, le sébastophore et patrice Romain occupait une demeure suffisamment importante pour recevoir l’empereur Jean Tzimiskès en janvier 976. Il est raisonnable d’identifier ce Romain avec le petit-fils du Romain Lékapènos qui portait le même prénom et devint précisément sébastophore144.

  • 145 Vryonis, Decline, p. 25 n. 132, classe, parmi les magnats des Cibyrréotes, Screnarius, Ducas. Nous (...)
  • 146 Vie de saint Paul de Latros, AB XI, 1892, p. 138. Tous les porteurs de ce patronyme ou de ce surnom (...)
  • 147 Darrouzès, Épistoliers, p. 241. Il semblerait qu’Ouranos ait eu des liens avec les Arméniaques ou l (...)
  • 148 Théophylacte Sagopoulos venait, semble-t-il, d’Éphèse, mais on ne peut-être certain qu’il y résidai (...)

49Les thèmes des Thracésiens et des Cibyrréotes145se révèlent encore plus pauvres en notables. On y relève le nom des Mauroi, attestés dans la région de Milet au xe siècle146, celui de Nicéphore Ouranos qui y détenait une propriété, peut-être don de l’empereur pour récompenser son général147. Théophylacte Sagopoulos, qui n’occupait pas de fonction officielle dans le thème des Thracésiens, rendit visite à Lazare le Galésiote, qui aurait été son voisin148.

La frontière orientale

  • 149 Cheynet, Trois familles, p. 16, 57, 76.
  • 150 Yahya II, p. 438.

50Dans la région d’Antioche, trois familles occupaient une situation privilégiée, les Bourtzai, Dalassènoi, Brachamioi149. Le rôle des Bourtzai, solidement installés aussi dans le thème des Anatoliques, commence avec Michel, le conquérant d’Antioche en 969. En récompense de ses exploits, des biens lui furent attribués dans le nouveau duché, dont la forteresse de ‘Imm150. À cette date, il reste singulier qu’une personne privée ait pu détenir un kastron. La liste des gouverneurs d’Antioche fait apparaître à plusieurs reprises le nom des Bourtzai. Michel lui-même fut duc sous Jean Tzimiskès, puis deux fois sous Basile II. Constantin Bourtzès fut duc dans la première moitié du xie siècle. En 1056 encore, une Bourtzaina vivait à Antioche où “son homme”, Léon Sarbantènos, commanda un manuscrit.

  • 151 Sur les possessions des Dalassènoi, nous ne savons rien de précis. Le seul indice de leur installat (...)
  • 152 Pour les références, Laurent, Antioche, p. 236 sq.
  • 153 C’est aussi l’avis de Lemerle, Cinq études, p. 40-41.

51Les Dalassènoi n’avaient pas de possessions foncières attestées dans le duché151, mais quatre de leurs membres occupèrent le poste de duc ou catépan d’Antioche, Damien entre 995 et 998152, Théophylacte Dalassènos, Constantin Dalassènos en 1024-1025, enfin un Adrien, dont le patronyme n’est pas nommé, était gouverneur de cette même ville en 1059. Compte tenu de deux faits, la rareté du prénom qui apparaît précisément chez les Dalassènoi et l’apparentement de ceux-ci avec l’empereur régnant Isaac Comnène, l’identification avec un Dalassènos est presque une certitude153.

  • 154 Skylitzès, p. 395.
  • 155 G. Seure, Antiquités thraces de la Propontide, BCH 36, 1912, p. 569.
  • 156 Schlumberger, Sigillographie, p. 305.
  • 157 Cheynet, Trois familles, n°. 13, p. 66-73.

52Les Brachamioi comme les Bourtzai étaient associés à la ville d’Antioche depuis sa reprise par les Byzantins. Isaac Brachamios accompagnait Michel Bourtzès lorsque celui-ci rentra pour la première fois dans Antioche. Il fut tout naturellement chargé par Bardas Sklèros dont il soutenait la rébellion de s’assurer de la ville encore aux mains des impériaux. En 1034, un certain Elpidios, patrice, membre d’une des plus riches familles d’Antioche selon Skylitzès, fut arrêté par le nouveau duc Nicétas et envoyé à Constantinople154. Le prénom d’Elpidios est rare aussi au xie siècle ; or nous le trouvons à plusieurs reprises attaché à des Brachamioi. Nous connaissons un Elpidios Brachamios taxiarque à l’époque de Basile II155, qui pourrait être identique au patrice de 1034. Un autre Elpidios Brachamios fut duc de Chypre à la fin du xie siècle156. Philarète le plus célèbre des Brachamioi, fut éminemment lié à Antioche qu’il occupa de longues années, après une carrière militaire passée au service de l’Empire157.

  • 158 Psellos, Basilikoi logoi, p. 727. À la lumière de ce texte, on admettra que la πόλιςνοητός καὶ θειο (...)

53Psellos nous apprend, dans un de ses éloges adressé à Constantin Monomaque, que celui-ci et son père Théodose avaient pour patrie Antioche de Syrie158. La mention de deux générations de Monomaques nés dans cette ville atteste bien une résidence durable, mais curieusement, sans cette information explicite de Psellos, aucun autre indice ne nous aurait permis de lier les Monomaques à Antioche.

  • 159 Attaleiatès, p. 110 ; SK.Ylitzès Continué, p. 129.

54L’aristocratie autochtone composait une catégorie fort active dans la vie politique de la cité, mais sa prosopographie reste pauvre. Un seul nom émerge, celui des Libellisioi. Pierre, duc de la ville sous Romain IV, avait reçu une double éducation, “sarrasine et romaine”159.

  • 160 Lemerle, Cinq études, p. 52-58.

55A Edesse, les Apokapai, de souche géorgienne ( ?), jouèrent un rôle identique à celui des Bourtzai, Dalassènoi, Brachamioi à Antioche. Non seulement ils y exercèrent à plusieurs reprises les responsabilités de duc, mais y vécurent, semble-t-il, à titre privé, puisque Basile Apokapès, à peine libéré par les Petchénègues, s’empressa de gagner Edesse160.

  • 161 Vryonis, Decline, p. 25 n. 132, établit les Paléologues dans le thème de Mésopotamie. Nous ne voyon (...)
  • 162 Konstantopoulos, Molybdoboulla, n° 224α. Pour la datation et la discussion sur le patronyme, Seibt, (...)
  • 163 Psellos, Chronographie II, p. 84 ; Idem Scripta Minora II, p. 43-45, 91 92, 168. Kékauménos eut que (...)

56Pour les autres thèmes proches de la frontière, nous ne disposons que d’informations ponctuelles161. Au début du xe siècle, l’Arménien Mélias avait durablement occupé et repeuplé plusieurs forteresses dont celle de Likandos, mais nous ne savons pas de façon certaine si les Méliai du xie siècle étaient ses descendants. De toute manière leur rôle politique paraît réduit, puisqu’au moment où Sklèros occupait Likandos, il n’était plus question d’eux. Au xie siècle cependant, un taxiarque de Likandos portait probablement le patronyme de Mélias162. A Colonée était établi Katakalôn Kékauménos ; il y retourna une fois sa carrière achevée163.

Autres familles micrasiatiques

  • 164 Seibt, Bleisiegel I, p. 298 ; W. M. Calder, Monuments from Eastern Phrygia, Mama VII, 1956, n° 188, (...)
  • 165 Abu Firas, p. 454, 456.
  • 166 Skylitzès, p. 214.
  • 167 W. M. Calder J. M. R. Cormack, Monuments from Lycaonia, the Pisido Phrygian Borderland, Aphrodisias (...)
  • 168 Cf. f. d. n° 15.
  • 169 Us ont aussi l’honneur d’être cités par Abu Firas (p. 45).
  • 170 Léon Diacre, p. 135.
  • 171 Skylitzès, p. 338.
  • 172 Ibid., p. 412.
  • 173 Ibid., p. 210.
  • 174 Bryennios, p. 245.

57Nous pouvons compléter la liste des puissants établis en Asie Mineure, sans toutefois préciser leur province d’origine. Deux regroupements peuvent être proposés autour des Phocas et des Sklèroi. Apparentés aux premiers, les Balantai ou Abalantai, comptèrent lors des révoltes parmi leurs soutiens. Un Balantès dont le prénom ne nous est pas parvenu fut successivement stratège de Cappadoce, des Anatoliques, de Séleucie, de Likandos au milieu du xe siècle164. Plusieurs Balantai participèrent également aux luttes contre les Hamdanides165. D’autres familles, liées aux Phocas au xe siècle, vivaient selon toute vraisemblance dans les thèmes centraux d’Asie Mineure. Il s’agit des Adralestoi dont l’un fut domestique des Scholes au début du xe siècle166, et dont un autre nous est peut-être connu par une inscription de Phrygie167, des Delphinas168. des Monastèriôtai169, des Mésanyktai dont Léon Diacre situe les origines dans le thème des Anatoliques170. Théodose combattit en héros contre les Russes en 970 et participa à la bataille d’Abydos aux côtés de Bardas Phocas en 989171. Un autre Théodose, son petit-fils, fut surpris à comploter en 1040 à Mésanykta172. Les Bareis, dont les liens avec les Phocas nous échappent, faisaient partie de leur clan. Constantin Barys soutint la révolte de Phocas en 920, alors que paradoxalement, son père Michel était chargé d’arrêter ce dernier173. Un siècle plus tard, Michel Barys comptait parmi les partisans de Nicéphore Botaneiatès en 1077-78, bien qu’il résidât à Constantinople174.

  • 175 Skylitzès, p. 315, 318.
  • 176 Attaleiatès, p. 170-172 ; Zônaras, p. 705.
  • 177 Skylitzès, p. 289 ; Léon Diacre, p. 109, avec la variante Alakas.
  • 178 Alexiade II, p. 198.
  • 179 Skylitzès, p. 411.

58Autour des Sklèroi gravitaient des familles établies en Asie Mineure, soit plus à l’est que les familles évoquées précédemment, sur les marches de l’Empire, soit également en Cappadoce au sens géographique, sans précision supplémentaire. De Cappadoce étaient originaires à coup sûr les Alyatai. Anthès Alyatès combattit aux côtés de Sklèros dès 976175. En 1071, Théodore Alyatès commandait le tagma des Cappadociens au service de l’empereur Romain Diogénès176. Les Alakasseis ont suivi la même destinée : le patrice Jean Alakasseus servit en 970 dans l’armée d’Orient, sous les ordres de Bardas Sklèros, contre les Russes177. Le père d’Alakasseus chargé en 1095 de combattre le Pseudo-Diogénès, était un compagnon de l’empereur Romain Diogénès178. Un troisième Alakasseus servait en Occident contre les Bulgares révoltés en 1040, donc à une époque où la règle de nomination des Orientaux en Occident et vice versa était plutôt bien respectée179.

  • 180 Théophane Continué, p. 383.
  • 181 Skylitzès, p. 320.

59Les Kourtikioi, d’origine arménienne, étaient installés en Orient au xe siècle, mais nous ignorons dans quelle province. Comme ils participèrent en 913 à la révolte de Constantin Doukas180et en 976-978 à celle de Bardas Sklèros181, ils auraient plutôt été établis aux frontières orientales de l’Empire. Cependant Michel Kourtikios eut, semble-t-il, une influence importante auprès de la population d’Attaleia. Était-ce une des résidences de sa famille, ou avait-il exercé des commandements sur la flotte ?

  • 182 Ibid., p. 322.
  • 183 Après la défaite de Bardas Sklèros, Léon Aichmalôtos résista dans les forteresses du thème des Thra (...)
  • 184 Constantin Charôn fut envoyé par Bardas Sklèros pour s’emparer de Bardas Phocas révolté en 970 (ibi (...)

60Seule leur appartenance au groupe des Sklèroi nous permet de penser que les Hagiozacharitai182et les Aichmalôtoi183, et peut-être les Charônes184, appartenaient à l’aristocratie micrasiatique.

  • 185 Ibid., p. 362.
  • 186 Infra, p. 308.
  • 187 Sur Léon Pégonitès, V. S. Sandrovskaja, Iz istorii Bolgarii X XI w po dannym sfragistiki, Byz. Bui. (...)
  • 188 Sceau de Théodore Pègonitès, DO 58 106 4919 ; sur Jean Doukas, catépan d’Edesse, Lemerle, Cinq étud (...)

61En dehors de ces groupes régionaux ou familiaux, nous ne disposons que d’informations limitées. Eustathe Daphnomélès, menacé par les fidèles du Bulgare Ibatzès qu’il venait de capturer, se déclara prêt à vendre chèrement sa vie car il était “courageux comme un homme d’Asie Mineure”185. Chaque fois qu’est identifiable l’origine d’un officier engagé par Basile II contre les Bulgares, elle se révèle orientale. Cela se vérifie pour les gouverneurs de Thessalonique186, mais aussi pour d’autres responsables, Etienne Kontostéphanos, domestique des Scholes d’Occident, Léon Mélissènos, Théodôrokanos commandant à Philippoupolis, Tzotzikios l’Ibère à Dorostolon, Daphnomélès à Achrida. Si notre hypothèse est toujours vérifiée, Nicéphore Xiphias, David Areianitès, Nicétas Pègonitès, seraient eux aussi originaires d’Asie Mineure. Les carrières des Pègonitai et des Doukai, alliés par le sang, furent étonnamment parallèles. Léon Pègonitès et Andronic Doukas furent stratèges de la Grande Preslav187. Théodore Pègonitès succéda à Jean Doukas comme duc d’Édesse vers 1060188.

Les régions occidentales

62Nous avons souligné plus haut l’absence de lignées de très haute souche en Occident au xe siècle, et leur nombre encore modeste au siècle suivant. En revanche, nous pouvons décrire plus précisément la couche inférieure de l’aristocratie, particulièrement bien représentée en Hellade-Péloponnèse, grâce à un document exceptionnel, le cadastre de Thèbes. Pour décrire ces familles, nous distinguons trois groupes principaux, en Hellade-Péloponnèse, à Thessalonique et dans sa région, enfin à Andrinople. Le reste de l’Occident ne fournit que quelques indications dispersées.

  • 189 Vie de saint Nikôn, p. 148.
  • 190 Vie de sainte Euphrosyne, Acta Sanctorum, novembre III, p. 863.
  • 191 D. A. I., p. 234, § 50.
  • 192 Vie de saint Nikôn, p. 194. Les Choirosphaktai acquirent ultérieurement des biens dans d’autres par (...)
  • 193 Iôanna Makrè, Μολυβδόβουλλο Ῥεντακίου, ‘Αρχαιολογικά ‘Ανάλεκτα ἐξ ‘Αθηνών, XV, 1983, fasc. 1, ρ. 10 (...)
  • 194 Théophane, Chronographie, p. 474.
  • 195 Peira LI, § 25.
  • 196 Alexiade II, p. 59.

63Au temps de Basile II, les Malakènoi comptaient parmi les puissants de Sparte189. À la fin du ixe siècle, sainte Euphrosynè, issue de la famille Agélastos, avait pour patrie le Péloponnèse190, et sous Romain Lékapènos, Léon Agélastos, sans doute un parent, était fonctionnaire dans ce même thème191. La Vie de saint Nikôn nous présente Michel Choirosphaktès comme un des hommes les plus remarquables de la province, par sa richesse et son influence (δυναστεία)192. Deux lignées très anciennes, remontant au viiie siècle, étaient liées à la région d’Athènes et au Péloponnèse, les Rentakioi193et les Tessarachontapècheis, connus aussi sous la forme Sarantapècheis. Théophylacte, fils de Constantin Sarantapèchys, était le neveu d’Irène, originaire d’Athènes, épouse de Léon IV194. La famille plus modeste des Katanagkai venait aussi d’Athènes. Au début du xie siècle en effet, un juge du Péloponnèse avait condamné l’un d’entre eux dans un procès concernant un conflit familial195 ; et sous Alexis Comnène, un astrologue de ce même nom, originaire d’Athènes, s’illustra par des prédictions erronées196.

  • 197 Svoronos, Cadastre, p. 68 77, propose un commentaire de la prosopographie du texte, qui doit être a (...)
  • 198 Au xe siècle, un prêtre Pardos vivait dans le Péloponnèse (J. Wortley, Les récits édifiants de Paul (...)
  • 199 Un Galatôn possédait au début du xiie siècle une épiskepsis à Thessalonique, Gautier, Pantocrator, (...)
  • 200 Svoronos, Cadastre, p.70-71 ; à propos de Pothos, il convient de séparer nettement ce qui relève du (...)
  • 201 Conseils et Récits, p. 264.
  • 202 VV XII, 1906, p. 516. Au xiie siècle, les Kalokairoi étaient établis en Eubée (Eustathe De Thessalo (...)
  • 203 N. A. Béès, Vie de saint Luc de Phocide, VV XXI, p. 204-205.
  • 204 Konstantopoulos, Molybdoboulla, n° 63.
  • 205 Iviron I, p. 11.
  • 206 Iviron I, acte n° 10, p. 169.
  • 207 Nesbitt, Confraternity, p. 365.
  • 208 Sceau Fogg n° 739.

64Au xie siècle, le cadastre de Thèbes donne une liste impressionnante de notables locaux, dont nous suivons l’évolution sur plusieurs générations, démontrant ainsi la grande stabilité des sociétés locales. Nous n’en dresserons pas une liste exhaustive, dans la mesure où ces notables sont peu intervenus dans la vie politique de l’Empire. Nous prendrons surtout en considération les quelques noms qui ont marqué plus durablement, nous semble-t-il, le paysage social de la province197, les Pothoi, Pardoi198, Léôbachoi, Galatôn199, Kallônas, Karmalikai, Chagé. Plusieurs de ces familles sont connues par des inscriptions d’Athènes, Galatôn, Rentakioi, Pothoi200. Le patronyme Karmalikès est aussi porté par un archonte valaque de Thessalie, qui soutint Nikoulitzès dans sa révolte contre Constantin X : il s’agissait de Sthlabôtas Karmalikès201. En 1027, le métropolite de Thessalonique soumit au patriarche Alexis Stoudite le cas de la fille d’un chartulaire dépendant de son ressort ecclésiastique, Théodore Karmalikès, pour savoir si elle pouvait épouser le fils de Basile Kalokairos202. Ces différentes mentions des Karmalikai nous montrent qu’il s’agissait d’une famille bien attestée en Occident et dont les membres vivaient probablement dans plusieurs provinces de cette partie de l’Empire. Les Kallônas étaient installés à Thèbes, depuis le xe siècle au moins. La Vie de saint Luc de Phocide cite un Dèmètrios Kallônas203, tandis qu’un Kallônas contemporain était archonte de Thèbes204. S’il s’agissait bien de la même famille, une autre branche était apparemment établie dans la région de Thessalonique. Nicolas Kallônas, frère du patrice Kallônas et parent de l’empereur Constantin VII, avait fondé en 945-946 le monastère de Saint-Jean-Prodrome à Thessalonique205, et un autre, Kallônas archonte, fut témoin d’un procès à Kassandreia en 996206. La famille Léôbachos n’est pas connue seulement par le cadastre, elle est citée aussi par un document concernant une confraternité de Thèbes dont les membres faisaient encore mention, plusieurs décennies après sa mort, de Théodore Léôbachos, higoumène du monastère de Saint-Luc-Steiriôtès, pour lequel ils célébraient des messes hebdomadaires207. Le cadastre cite le nom fort rare de Dèmocharis, gravé aussi sur le sceau d’un spathaire impérial et chartulaire d’Hellade, au début du xe siècle208.

  • 209 Svoronos, Cadastre,p. 72 n. 2.
  • 210 Konstantopoulos, Molybdoboulla, n° 71.
  • 211 Michel Lampadarios, asékrètis, sceau Fogg n° 3660.
  • 212 Svoronos, Cadastre,p. 73 η. 1.
  • 213 Skylitzès, p. 398.

65Ce document nous permet donc d’entrevoir l’aristocratie thébaine, qui ne comptait pas de grands noms ; nous constatons, grâce à la sigillographie, qu’elle exerçait des fonctions locales, archonte de Thèbes (pour Kallônas), abydikos de Krèpou (pour Léon Chabarôn209), chartulaire d’Hellade (pour Démocharis), tourmarque de Marmaritza (pour Hypatios210), ou des fonctions civiles à Constantinople (pour les Galatôn, Lampadarioi211, Agallianoi, Panarétoi212), et beaucoup plus rarement de hautes charges en province : Chagè, stratège des Cibyrréotes213en est le seul exemple.

  • 214 Vie d’Athanase, Vie A, p. 77 ; Vie B, p. 177.
  • 215 Archives de l’Athos VI, Actes d’Esphigménou, éd. J. Lefort, Paris 1973, actes n° 4et 5.
  • 216 Xénophon, acte n° 1 (1089).
  • 217 Iviron I, acte n° 10, p. 170, l. 23.
  • 218 Nous trouvons mention de terres lui ayant appartenu dans Iviron I, acte n° 10 p. 169 l. 18, p. 171 (...)
  • 219 Cf. f. d. n° 17.
  • 220 Attaleiatès, Diataxis, p. 29.
  • 221 Docheiariou, p. 63 64, acte n° 3, l. 14 (1112). Le document est particulièrement riche pour la pros (...)

66Par contraste avec la Béotie, la prosopographie de la région de Thessalonique nous semble d’une grande pauvreté, en dépit de la documentation athonite déjà disponible pour le xie siècle. Un seul nom apparaît de quelque renommée, celui de Gymnos. Nicéphore Gymnos y mourut au xe siècle après avoir vécu en Calabre214. Au xie siècle, Théodore Gymnos possédait un proasteion en Chalcidique, que sa fille Marie donna au couvent d’Esphigménou215. Le couvent de Xénophon acheta aussi des terres provenant des biens de la même famille216. Il existait pourtant de grands domaines dans cette région, mais leurs titulaires, lorsque nous les identifions, sont peu connus ; ainsi Dèmètrios Ptéléôtès possédait au xe siècle d’immenses biens en Chalcidique217. À la fin de ce siècle, Basile II confisqua toute la fortune de Paul le Thessalonicien218, que nous avons identifié avec le magistre Paul Bôbos219. Ce patronyme est porté par ailleurs par des gens de peu d’éclat, comme la propriétaire d’un oikos à Raidestos, tante par alliance de Michel Attaleiatès220. Rappelons aussi qu’à Thessalonique était installé Kallônas, parent de l’empereur Constantin VII et qu’au début du xiie siècle, le monastère de Philokalou était déjà fondé, sans doute par un membre de cette puissante famille221. Il reste paradoxal que Thessalonique, pilier de la présence grecque dans les Balkans, n’ait pas suscité, même au cours du xie siècle, la formation d’une puissante élite, par contraste avec la Thrace et Andrinople.

  • 222 Skylitzès, p. 343.
  • 223 Ibid., p. 441-442 ; Attaleiatès, p. 29 ; Psellos, Chronographie II, p. 28 29.
  • 224 Toutes références dans Seibt, Bleisiegel I, p. 243.
  • 225 Skylitzès, p. 441.
  • 226 Attaleiatès, p. 244-245.
  • 227 Skylitzès, p. 471.
  • 228 Ibid., p. 442.

67En cette province, les Bryennioi et les Tornikioi, assez puissants, nous l’avons vu, pour briguer l’Empire, rallièrent autour d’eux bien des noms, dont certains s’illustrèrent dès le XIe siècle, mais aussi tout au long du xiie siècle et même au-delà, les Batatzai, Glabas, Branas, Tarchaneiôtai. En 996, Batatzès était, comme Basile Glabas, un des personnages les plus en vue d’Andrinople222. En 1047, Jean Batatzès commandait les troupes macédoniennes sous les ordres de Léon Tornikios révolté223. Plus tard, vers 1060-1065, Nicéphore Batatzès, duc d’Occident, dirigeait donc les tagmata des Macédoniens qui fournissaient une part importante des troupes d’Occident ; il occupa ensuite le poste de duc de Bulgarie224. Une autre branche de la famille contrôlait la ville de Raidestos. En 1047, un Batatzès, “dynaste local”, avait refusé de suivre ses parents révoltés contre Constantin IX225. En 1077, la femme d’un autre Batatzès avait au contraire rallié la cité à Bryennios révolté contre Michel VII, à la grande colère de Michel Attaleiatès, lui aussi propriétaire local, bien plus modeste226. Les Glabas étaient apparus en même temps que les Batatzai à la fin du xe siècle. Par la suite, Nicétas Glabas, topotèrètès des Scholes, sortit d’Andrinople pour combattre les Petchénègues227. Il est sans doute identique à un des Glabas qui dirigeait les tagmata macédoniens pour le compte de Tornikios228.

  • 229 Ibid., p. 441-442.
  • 230 Alexiade I, p. 151.

68Le premier Branas en relation avec Andrinople fut Marianos, chef d’un tagma occidental, qui soutint un temps Tornikios en 1047229. En 1081, Nicolas Branas, lieutenant du grand domestique Pakourianos, quitta Andrinople avec l’aristocratie de cette ville pour aller combattre Robert Guiscard230.

  • 231 Nous ne connaissons pas en effet l’origine de Grégoire Tarchaneiôtès, catépan d’Italie en 999 1000, (...)
  • 232 Skylitzès, p. 494.
  • 233 Bryennios, p. 223.

69Basile est le premier militaire de la famille Tarchaneiôtès (ou Trachaneiôtès) qu’on puisse à coup sûr classer parmi les Macédoniens231. Il commandait les tagmata d’Occident contre Isaac Comnène révolté en 1057232. Joseph Tarchaneiôtès commandait les mêmes tagmata au temps de Romain IV en compagnie de Nicéphore Bryennios ; son fils Katakalôn résidait encore à Andrinople lorsqu’éclata la révolte de Nicéphore Bryennios233.

  • 234 Skylitzès, p. 442. Le texte laisse entendre que ces deux généraux étaient de la race des Glabas : " (...)
  • 235 Ibid., p. 467.
  • 236 Ibid., p. 495.
  • 237 Markianos 524, n° 263, p. 155.
  • 238 Bryennios, p. 229 et n. 4. L’éditeur considère que Koutzoumitès est probablement identique au Koutz (...)

70À ces noms prestigieux peuvent être ajoutés ceux plus modestes de Strabomytès et de Polys qui dirigeaient des tagmata macédoniens pour le compte de Léon Tornikios234. Quelques années plus tard, ils tombèrent face aux Petchénègues235. Quoiqu’aucun texte ne dise clairement que les Maurokatakalôn et les Katzamountai ont appartenu au groupe des Macédoniens, plusieurs indices nous invitent à les y placer. Tout d’abord Maurokatakalôn et Katzamountès furent tués à la bataille de Nicée en 1057 en défendant Michel VI, et nous savons que les soldats impériaux tombés là étaient principalement originaires de Thrace et de Macédoine236. Grégoire, Marianos et Nicolas Maurokatakalôn participèrent activement à la lutte contre les Scythes dans la seconde moitié du xie siècle, en compagnie des Macédoniens. Au xiie siècle, Nicolas Maurokatakalôn offrit une icône du Christ à l’église d’Andrinople237. Quant aux Koutzoumitai, l’un d’entre eux prit une part aictive à la rébellion de Bryennios en 1077238.

  • 239 Skylitzès, p. 342, 343, 349 où il est appelé πρωτεύων de Dyrrachion.
  • 240 Ibid., p. 388.
  • 241 F. Sišić, Letopis popa Dukljanina, Belgrade Zagreb 1928, p. 347 sq.
  • 242 PG 119, col. 889.
  • 243 Nous savons que les fils de Jean Vladislav ont commandé en Orient et ont épousé des femmes originai (...)
  • 244 Skylitzès, p. 410.
  • 245 Conseils et récits, p. 172-174.
  • 246 Chômatianos, col. 263.
  • 247 Ibid., col. 517.

71Le reste de l’Occident n’offre pas d’information, même pour les autres villes notables. On ne peut citer aucune famille établie à Philippoupolis. À Dyrrachion un seul nom important doit être retenu, celui de Chrysélios qui était “le dynaste” de cette ville lorsqu’il la livra à Basile II en 997239. Son fils Nicolas exerça un commandement malheureux dans la forteresse de Berkri en Orient sous Romain III240. Un Chrysélios est qualifié de “toparque” par le Prêtre de Dioclée sous Michel IV241. Peut-être les Boïôannai, qui donnèrent sous Basile II et sous Michel IV deux catépans à l’Italie -ce qui confirmerait les liens entre la façade adriatique des Balkans et l’Italie -, étaient-ils installés aussi dans cette région dès le xie siècle. Cependant ils ne sont attestés comme archontes locaux dans ce thème qu’à partir de la seconde moitié du xiie siècle242. Nous ne pouvons exclure qu’ils s’y soient installés à la fin du xie siècle, venant d’Asie Mineure. L’aristocratie bulgare, à l’exception des descendants des anciens maîtres de la Bulgarie243, semble avoir vécu sur place. Teichomèros servait dans l’armée du thème de Dyrrachion en 1040244, Litoboès de Déabolis dans celle de Délianos révolté245. Ces deux noms figurent précisément parmi les archontes de Skopje à la fin du xiie siècle à propos d’un différend tranché beaucoup plus tard par le tribunal de l’archevêque Dèmètrios Chômatianos246. Bogdanos, maître de forteresses de la Bulgarie intérieure, honoré de la dignité de patrice lors de sa reddition, sous Basile II, fut aveuglé bien plus tard, sous Constantin VIII, mais il laissa une descendance probable, en la personne de Marianos Bogdanopoulos, pansébaste sébaste dans la région de Débra au début du XIIIe siècle247.

  • 248 Sauf à considérer que le nom de Iasitès dérive de celui de Iasos, île proche de la côte d’Asie Mine (...)

72Si nous dressons le bilan de cette localisation des familles de l’aristocratie byzantine jusqu’à la seconde moitié du xie siècle, nous constatons qu’à la veille de l’invasion turque, la partie orientale de l’Empire comptait encore les familles les plus notables, même si un groupe d’importance croissante s’était créé autour d’Andrinople. La répartition des familles n’était pas régulière, même en Asie Mineure. Sans doute notre tableau, qui inclut des localisations que nous considérons comme fragiles, est-il incomplet, puisque nous n’avons pas d’informations sur des familles aussi importantes que les Iasitai248, Kamatèroi, Mouzalôn, Xylinitai, Prôteuôn, Serbliai ou Anzai, en somme sur la majorité des familles de fonctionnaires à tradition civile au xie siècle. Des Kontostéphanoi, Bareis, Pégonitai, Hagiozacharitai, nous ne pouvons pas préciser le ou les thèmes où s’exerçait leur influence ; nous savons seulement qu’ils vivaient en Asie Mineure.

  • 249 Lemerle, Cinq études, p. 44-46.

73Si nous considérons la répartition géographique des grandes propriétés aux xe et xie siècles, nous remarquons que fort peu de familles s’installèrent dans les terres reconquises durant cette période sur la frontière orientale, à l’exception du duché d’Antioche. Nous ne retiendrons pas pour significatif le transfert vers l’est des biens d’Eustathe Boïlas ; il représente jusqu’ici un cas exceptionnel, ce n’était pas non plus un très grand propriétaire et son déplacement n’a pas été spontané d’après ce qui ressort de son testament249. Si nous pouvons distinguer un mouvement des grands propriétaires de l’est de l’Asie Mineure, il eut lieu dans le sens contraire par l’installation avec tout leur entourage de princes arméniens, Sénachérim du Vaspourakan, Gagik d’Ani, Gagik de Kars, qui s’établirent en Cappadoce. Curieusement encore, si l’ensemble des “grands thèmes romains” est représenté dans notre tableau, celui des Cibyrréotes, avec l’importante cité d’Attaleia, est absent de nos listes. Est-ce le fait du seul hasard de la documentation, ou faudrait-il chercher dans ce thème les familles qui précisément ont donné des chefs à la flotte byzantine ?

  • 250 250 Psellos, Scripta Minora II, p. 82-83.

74La façade occidentale de l’Asie Mineure et le monde insulaire représentent une autre grande lacune de notre géographie de l’aristocratie. Certes, Psellos nous informe à l’occasion de la mort de son ami, Théodore Alôpos, que ce dernier était originaire de Rhodes où étaient situés ses biens patrimoniaux250. Mais aucune famille ne peut se rattacher avec certitude, soit à Chypre, soit à la Crète pourtant redevenue byzantine dans la seconde moitié du xe siècle. Ces constatations confirment, nous semble-t-il, notre hypothèse qu’étaient indispensables au développement de lignées puissantes à la fois la durée -ce qui rendrait compte de l’absence de la Crète et de Chypre -et l’espace -ce qui justifie l’absence du monde insulaire, sauf précisément Rhodes, la plus grande des îles, durablement possession byzantine.

  • 251 Hendy, Monetary Economy, p. 103-106 ; Zépos, Jus I, Novelle de Romain II, p. 243.
  • 252 Ibid., p. 265. Les personnages dont la carrière se déroulait entièrement à Constantinople Philokalè (...)

75M. Hendy, dans sa vaste étude sur l’économie byzantine, a également constaté que la majeure partie des grands propriétaires était établie sur le plateau anatolien, alors que la frange égéenne, et tout particulièrement le thème des Thracésiens, était vide de toutes références, même au xie siècle. Il conclut à l’efficacité des novelles de Constantin VII et de Romain II, hostiles à la grande propriété, qui s’appliquaient précisément à ce thème. Leur objectif, selon M. Hendy, était de prévenir la concentration des grands ensembles fonciers et non pas de freiner leur développement, puisque de tels ensembles n’étaient pas encore constitués dans ce thème, à la différence des provinces anatoliennes251. Il semble que M. Hendy ait été trompé par l’intitulé conservé de la novelle, adressée aux fonctionnaires du thème des Thracésiens. En réalité, les instructions impériales étaient envoyées dans chaque thème, et rien dans le texte ne laisse supposer une application limitée à ce seul thème. De plus l’étude attentive des sources nous permet de déceler quelques grandes propriétés aux xe et xie siècles. D’autre part, si nous connaissons relativement bien les commandants des armées de terre, possessionnés justement sur le plateau central, un certain nombre d’entre eux et surtout les chefs de la flotte nous échappent plus largement. Or nous nous attendrions à les voir détenir des biens dans les thèmes littoraux ou insulaires. En outre, nos connaissances sur les fonctionnaires civils restent très modestes ; nous soupçonnons que certains d’entre eux étaient possessionnés en Asie Mineure Occidentale ou dans les îles (tels les Alôpoi et les Mauroi). Leur appétit de terres n’était pas nécessairement moindre que celui de leurs collègues militaires, et l’avidité d’un Philokalès, sanctionnée par Basile II, n’était pas l’apanage de ce seul individu252.

  • 253 Un acte de 1032 (Trinchera, n° 25, p. 27 sq.) illustre la manière dont s’effectuait éventuellement (...)
  • 254 Le lien entre les Maléïnoi d’Italie et ceux d’Asie Mineure est mal établi, mais Grégoire, le premie (...)
  • 255 Une inscription située sur l’architrave de la cathédrale de Trani nous est conservée (A. Guillou, U (...)
  • 256 Des Mésimérioi étaient établis dans les Balkans, Grégoire compta parmi les soutiens de Basilakios r (...)
  • 257 Eustathe et Léon Katanagkai participèrent à une révolte à Tarente (Cf. f. d. n° 72
  • 258 Supra, p. 230.

76Deux autres lacunes nous semblent également remarquables, celles de l’Italie du Sud et de la Chersonèse. En effet, si quelques fonctionnaires byzantins envoyés en Italie du Sud ont fait souche sur place253, les Maléïnoi254, peut-être les Kladôn255, nous connaissons une seule lignée italienne qui ait compté parmi l’aristocratie byzantine, celle d’Argyros, fils de Mélès, qui devint un familier de Constantin IX, puis s’installa hors d’Italie avec les siens. Les Mésimérioi256et les Katanagkai257, attestés tant en Italie que dans les Balkans, étaient probablement des immigrés, puisque des Katanagkai étaient établis à Athènes au début du xie siècle258.

  • 259 Falkenhausen, Dominazione, p. 156.

77Il y avait bien entendu des familles de notables dans l’Italie byzantine, comme nous le voyons à travers les documents conservés sur cette région, encore que le faible développement du système de dénomination par les patronymes y rende difficile l’établissement de leurs généalogies, mais les Malapezzi peuvent être suivis sur plusieurs générations259. Si nous examinons l’entourage des ducs ou des stratèges qui ont exercé en Italie du Sud, nous notons la présence de nombreux noms lombards, latins ou arabes qui ne se retrouvent dans aucune autre partie de l’Empire.

  • 260 Peut-être faudrait-il mettre la famille Prôteuôn en rapport avec le thème de Cherson, dans la mesur (...)

78Faute d’une documentation équivalente à celle de l’Italie, la société de la Chersonèse est encore moins bien éclairée, mais nous pensons qu’elle était comparable. Les gouverneurs peu nombreux que nous connaissons étaient issus d’une aristocratie étrangère à la région, et nous n’avons pu découvrir de famille originaire de ce thème qui ait servi ailleurs dans l’Empire260.

79L’absence de Constantinople dans nos notices se justifie puisque la posses­sion d’une résidence ne suffit pas, nous l’avons expliqué, pour attribuer à une famille une origine constantinopolitaine. Il ne fait cependant aucun doute qu’un nombre élevé de familles étaient venues des différentes provinces de l’Empire et s’étaient installées durablement dans la capitale, notamment celles dont de nombreux membres avaient obtenu des charges civiles ou ecclésiastiques. En effet, la formation intellectuelle nécessaire pour exercer de telles fonctions impliquait un séjour prolongé dans la capitale pour y acquérir des connaissances auprès d’enseignants dont le niveau n’avait d’équivalent dans aucune ville de l’Empire.

Les modifications de la géographie des grandes familles depuis les invasions turques jusqu’aux conséquences de la prise de Constantinople en 1204

  • 261 Cahen, Gabras, p. 145-149.

80L’invasion turque et la politique décentralisatrice des empereurs changèrent notablement cette répartition géographique à partir de la deuxième moitié du xie siècle. Les Turcs attaquèrent la partie de l’Empire dont nous venons de dire que les principales familles y détenaient encore leurs biens fonciers. Elles eurent le choix entre trois attitudes, s’enfuir, résister sur place, ou collaborer. Les Gabras adoptèrent simultanément ces trois conduites261. Nous connaissons quelques beaux exemples de résistance, celle des Bourtzai dans la région de Chôma, des Mandatai en Cappadoce, des Diabatènoi en Paphlagonie, de Philarète Brachamios dans le duché d’Antioche. Les collaborateurs des Seldjoukides, en dehors des Gabras, nous échappent sans doute de manière définitive, faute de sources, mais au xiiie siècle, nous percevons, à travers le récit d’Ibn Bibi, l’existence de nombreux Grecs au service des Seldjoukides, en majorité de petits notables locaux ; ils ont pu trouver intérêt à collaborer avec les émirs turcs, car il était préférable pour eux de rester sur place dans les villes d’Asie Mineure plutôt que de venir à Constantinople où ils ne pouvaient guère bénéficier des largesses impériales réservées à la couche supérieure de l’aristocratie.

  • 262 La première mention du nom Charsianitès se trouve dans le D. A. I., p. 38 §50 : Léon VI créa stratè (...)

81L’attitude la plus fréquente fut assurément la fuite, le repli vers la capitale et vers l’Occident, phénomène qui s’était déjà produit lors des invasions arabes du viie siècle. Nous pouvons, dans une certaine mesure, estimer l’ampleur de ces déplacements. Premièrement, dans la seconde moitié du xie siècle, se multiplient les patronymes formés sur des toponymes situés dans l’est de l’Empire. Mais à la différence de la période précédente, où de tels patronymes tiraient leur origine plutôt du nom d’une ville -Dokeianos de Dokeia, Lékapènos de Lékapè, ou Dalassènos de Dalassa ...-, les patronymes qui apparurent à cette époque furent davantage formés sur le nom d’une province : Charsianitès262, Kappadokès, Anatolikos, Kibyrraiôtès, Opsikianos ... Deuxièmement, des familles orientales s’établirent en Occident, et ce ne fut pas un mince enjeu que la nécessité de trouver des terres disponibles pour tous ces notables. Comme les terres dépendant du fisc et de l’empereur formaient la plus grande réserve de biens potentiels, le rôle de l’empereur devenait donc capital dans ce processus de redistribution.

  • 263 Docheiariou, acte n° 4 (1117) ; Iviron, actes inédits de mars 1085 et de janvier 1104.
  • 264 Alexiade II, p. 173.
  • 265 Lemerle, Cinq études, carte en encart entre les p. 176 et 177. Grégoire Pakourianos avait à cette d (...)
  • 266 Testament de Symbatios Pakourianos, Orthodoxia 5, 1930, p. 615.
  • 267 Attaleiatès, p. 247 ; Skylitzès Continué, p. 173.
  • 268 Basile Kourtikios, combattant de l’armée d’Alexis Comnène contre Basilakios en 1078 est appelé "Mac (...)
  • 269 Théodore Bempétziôtès qui combattait les Petchénègues en 1087 (Alexiade II, p. 87), était établi da (...)
  • 270 Lavra I, acte n° 46, d’àoût 1084 ; acte n° 51 d’octobre 1092.
  • 271 Etienne Argyros était à la fin du xie siècle chartulaire de la Néa, klèrikos de Sainte Sophie et pr (...)
  • 272 Každan, Structure de la classe dominante, p. 142 150.
  • 273 Gautier, Pantocrator, p. 117, 119. Manuel Botaneiatès était aussi propriétaire dans la région de Be (...)

82Nicéphore Mélissènos, beau-frère d’Alexis Comnène, en fournit le plus bel exemple, car il abandonna ses vastes propriétés de Dorylée et reçut de très grands biens dans la région de Thessalonique263. Il était accompagné des Bourtzai, ses parents, auxquels il rétrocéda une partie des donations impériales. Nicéphore Diogénès avait reçu, quant à lui, de grands biens en Crète264. Tout un groupe d’origine arménienne ou géorgienne réussit à obtenir des domaines fonciers en Occident, dont les plus notables furent les Pakourianoi ; Grégoire fut doté de propriétés groupées pour l’essentiel dans la région de Philippoupolis265, et Symbatios en Macédoine Orientale266. Dès le règne de Michel VII, Constantin Théodôrokanos vivait à Traïanopolis de Thrace où il s’opposa en vain à Bryennios267. Les Kourtikioi268et les Bempétziôtai269se joignirent au clan des Macédoniens. Parmi les grandes familles dont l’évolution peut être retracée, nous comptons la lignée Comnène elle-même. Isaac et Adrien, frères de l’empereur Alexis, obtinrent, comme leur parent Nicéphore Mélissènos, de grands biens en Macédoine270. Des Argyroi s’y établirent aussi271. Il est certain que la majeure partie des notables d’Asie Mineure se réfugièrent à Constantinople et s’y maintinrent, car ils voulaient obtenir de l’empereur des fonctions et les revenus qui s’y rattachaient. Bien des familles qui, jusqu’au milieu du xie siècle, fournissaient des militaires, comptèrent dans leurs rangs des fonctionnaires civils ou ecclésiastiques272 : les Kourkouas, Sklèroi, Alakasseis, Synadènoi, Botaneiatai, originaires selon nous d’Asie Mineure, avaient acquis des propriétés dans la région de Constantinople273. Les réfugiés ne pouvaient s’installer que dans des régions bien pourvues de terres, où l’État disposait encore de biens considérables, comme en Macédoine autour de Thessalonique et de Serrés, comme dans la région de Dyrrachion ou les grandes îles, en Crète et en Chypre. En revanche, les régions d’Andrinople ou d’Athènes, largement occupées par de nombreuses familles installées de longue date, ne pouvaient accueillir qu’un nombre plus restreint de nouveaux hôtes.

  • 274 RHC, Historiens grecs I, p. IX.
  • 275 Patmos I, p. 209.
  • 276 MM VI, p. 150 151. Des Hagiostéphanitai sont connus à la fin du xie siècle et au cours du xiie sièc (...)
  • 277 De la même façon que nous identifions Balantès avec Abalantès.
  • 278 Nicétas Chômâtes, Histoire, p. 331

83Nos informations sont fort maigres, mais le renouvellement de l’aristocratie crétoise se situe selon nous dans le cadre des grands bouleversements de la fin du siècle. En effet, la lecture des documents publiés par Gerland, concernant la noblesse crétoise à la fin du xiie siècle, suscite cette alternative : ou bien nous admettons qu’il s’agit de faux ne recouvrant aucune réalité, ou bien ces documents rédigés tardivement refléteraient des réalités antérieures très déformées. Choisissant cette dernière position, nous estimons que l’installation des familles archontales citées dans ces textes eut lieu non pas à la fin du xiie siècle, mais un siècle plus tôt. En effet, nous ne voyons pas quel événement, dans le dernier tiers du XIIe siècle, aurait pu motiver de tels bouleversements, alors que tout devient explicable à la fin du xie siècle. D’autre part, plusieurs familles crétoises citées dans ces documents étaient déjà présentes au cours du xiie siècle. Matthieu Phocas, père de Jean qui fit un pèlerinage en Palestine en 1167, était originaire de Crète274. Un lieu appelé Chortatzès est connu au temps d’Alexis III près de Kalamôn275. En 1206, le sébaste Etienne Hagiostéphanitès donna au monastère de Patmos les biens situés en Crète qui étaient de provenance familiale276. Si le nom de Lithinos peut être identifié avec celui d’Alèthinos277, nous connaissons cette famille depuis Andronic Comnène278. Sans doute n’avons-nous pas la preuve que toutes ces familles étaient, comme les Phocas, installées auparavant en Asie Mineure, mais nous nous demandons dans quelles autres régions l’empereur aurait pu recruter tous ces notables.

  • 279 Bryennios, p. 199.
  • 280 Alexiade II, p. 163 ; III, p. 148.
  • 281 Spyridakès, Ή περιγραφή της μονής Κόκκου ἐπὶ τῇ βάσει ἀνεκδότου χειρογράφου, Kyp. Sp. 13, 1949, p. (...)
  • 282 Michel Chôniatès II, p. 276-277. L’auteur, après 1206 1207, recommande à Théodore Lascaris et au pa (...)

84L’éventuel établissement de familles importantes en Chypre n’est pas assuré, car nous y connaissons mal l’aristocratie locale. Toutefois, Michel Boutoumitès défendait Héraclée du Pont sous les ordres de Maurix vers 1075279, alors que Manuel Boutoumitès -qui servit à plusieurs reprises en Chypre280-y avait acquis des biens, dont trois villages qu’il donna au monastère de Kykkos281. Ainsi la famille Boutoumitès se serait transportée de la Paphlagonie trop menacée par les Turcs vers l’île de Chypre. Peut-être d’autres îles plus modestes ont-elles aussi servi de refuge, telle Patmos pour saint Christodule. Ainsi les Chalkoutzai -s’il est vrai qu’ils étaient bien originaires d’Orient -auraient été désormais établis en Eubée282.

  • 283 Vers 1110, Basile Sklèros était moine et higoumène du monastère athonite de Karakala, S. Lampros, C (...)
  • 284 Chômatianos, col. 425.
  • 285 Ibid., col. 423. Rien dans le contexte ne permet de penser que ces Kabasilai et ces Alyatai s’étaie (...)
  • 286 PG 119, col. 892 (en 1199).
  • 287 Anne Radènè, épouse de Théodore Lemniôtès : Ε. N. Kyriakoudès, Ό κτίτορας του ναοΰ των Ἁγ. ‘Αναργύρ (...)
  • 288 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 144.
  • 289 A. Papadopoulos Kérameus, Διορθωτέα εις χριστιανικός ἐπιγραφάς, Journal du Ministère de l’Instructi (...)
  • 290 EEBS 4, 1927, p. 50. Constantin Monastériôtès avait épousé Irène Prasinè et relevé l’église Saint M (...)
  • 291 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 296 : Maléïnos, originaire de Philippoupolis, soutint Alexis Comnèn (...)
  • 292 Cf. f. d. n° 211. De toute manière, les Sénachérim étaient établis en Occident.

85Sur le continent nous ne sommes renseignés avec précision que pour la Macédoine grâce aux documents athonites, comme nous l’avons dit à propos des familles Comnènes, Mélissènoi, Bourtzai, Argyroi, Aichmalôtoi et peut-être aussi Sklèroi283. Au xiie siècle ou au début du xiiie siècle, des Kabasilai284, des Alyatai285, des Probatai286sont attestés en Épire ; des Radènoi à Kastoria287, des Aarôn à Corinthe288, un Maniakès à Drama289, un Monastériôtès à Andros290, un Maléïnos à Philippoupolis291, peut-être un Sénachérim à Xantheia292.

86Sans que nous puissions dresser le tableau complet de tous ces mouvements de l’aristocratie micrasiatique à la fin du xie siècle, quelques traits ressortent cependant. Constantinople a constitué le premier centre d’accueil, mais des fortunes foncières ont été reconstituées, le plus souvent par des donations impériales dans la partie occidentale de l’Empire, en Macédoine, en Épire, dans les îles.

  • 293 Théophylacte De Bulgarie, Opera, p. 365.
  • 294 IDEM, Lettres, p. 189.

87En outre, les anciens territoires bulgares ne semblent pas avoir accueilli massivement des notables d’Asie Mineure. Par Théophylacte de Bulgarie, nous apprenons toutefois que Michel Antiochos et Romain Straborômanos avaient peut-être obtenu, ou tenté d’acquérir des biens en Bulgarie ; dans une poésie, l’archevêque se plaint à un sébaste des agissements de Michel Antiochos qui s’efforçait de devenir le voisin des terres de l’Église bulgare. Peut-être ce passage fait-il allusion au procédé dont avaient été victimes les monastères de l’Athos, la redistribution de terres d’Église, confisquées en faveur de parents et d’amis de l’empereur293. Romain Straborômanos commit des exactions dans la région d’Achrida ; s’il agissait à titre privé, nous tiendrions alors un nouvel indice de l’émigration d’Orientaux vers l’Occident294.

88À la différence des événements d’Asie Mineure, la perte de l’Italie du Sud passée aux mains des Normands n’a pas entraîné de perturbations notables.

  • 295 Svoronos, Cadastre, p. 70.

89N. Svoronos a décelé dans le cadastre de Thèbes quelques noms qui trahiraient une origine italienne, Polétianos, Pétzémentos, Kastélianos295. On ne relève aucun nom de la haute aristocratie : ainsi se confirme notre hypothèse que l’aristocratie d’Italie du Sud ne s’est jamais mêlée au reste de l’aristocratie byzantine et que les hauts fonctionnaires n’étaient pas originaires de la péninsule.

  • 296 L’aristocratie de l’Empire de Nicée nous est assez bien connue (AHRWEILER, Smyrne, p. 167-178), mai (...)
  • 297 Carile, Partitio, p. 218.

90Au début et au cours du xiie siècle, un mouvement inverse d’attraction vers l’Asie Mineure occidentale se produisit, accompagnant la reconquête par les armées byzantines, mais il est encore plus difficile à percevoir que le précédent296. Cependant nous rangerons au nombre des bénéficiaires de nouveaux biens en Asie Mineure Occidentale les Kamytzai et les Kontostéphanoi, dont les possessions foncières sont attestées avant 1204 dans la vallée du Méandre297.

  • 298 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 83.
  • 299 Gautier, Pantocrator, p. 123 ; CARILE, Partitio, p. 219.
  • 300 Alexiade I, p. 161.
  • 301 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 627.
  • 302 Villehardouin II, § 266, p. 74.
  • 303 N. D. Chiabaras, ‘Ανέκδοτα μολυβδόβουλλα, JIAN 12, 1910, p. 151 et sceau inédit des Méchitaristes d (...)
  • 304 MM IV, p. 96. Le texte porte Ἀρίβη, mais il faut lire Ariébès ; il était proèdre et primicier.

91Les empereurs de la dynastie Comnène durent aussi procurer des propriétés aux nombreux étrangers, Arméniens, Turcs ou Francs notamment, qu’ils prenaient à leur service, continuant la tradition des xe et xie siècles. Quand ces étrangers obtenaient la main de princesses impériales, les empereurs veillaient à doter les couples de fortunes foncières correspondant à leur promotion. Quatre frères Pétraliphai furent installés à Didymotique298, les Humbertopouloi et les Raoul, en Thrace299. Les Aspiétai, d’origine arménienne300, avaient sans doute acquis des intérêts dans la région de Philippoupolis301. Nous n’avons pas de preuve formelle de l’établissement de la famille dans cette ville, mais selon Villehardouin, après 1204, les notables byzantins tentèrent d’établir leur pouvoir là où ils étaient installés302 ; or un Aspiétès voulait dominer Philippoupolis. De plus, des sceaux attestent l’union des Aspiétai et des Pakourianoi, importants propriétaires dans la même région303. Un autre Arménien, Basile Ariébès, cité comme témoin dans un procès en Crète, était vraisemblablement propriétaire dans l’île au début du xiie siècle304.

  • 305 Tafel Thomas, Urkunden I, p. 279. Le chrysobulle de 1198 évoque les biens détenus dans la province (...)
  • 306 Carile, Partitio, p. 224.
  • 307 Ibid., p. 219.
  • 308 Eustathe De Thessalonique, Espugnazione, p. 46 : Théodore Maurozômès était natif du Péloponnèse.
  • 309 Alexis Branas, né à Andrinople, résidait à Constantinople au moment de sa révolte en 1187 ; et même (...)
  • 310 Carile, Partitio, p. 219.

92La géographie des grands domaines fonciers à la veille de la Quatrième Croisade, ne peut être dressée avec précision, mais ce fait est de peu de conséquences. En effet, comme nous l’avons vu, les familles les plus notables avaient encore d’importantes propriétés foncières, mais elles résidaient rarement sur place, ce qui leur enlevait un moyen d’influence efficace. Toutefois, après la prise de Constantinople en 1204, certains aristocrates, résidant normalement à Constantinople comme Michel Ange Doukas, décidèrent de quitter la capitale tombée aux mains des Latins pour gagner une région où précisément les Anges détenaient de grands biens305. De même, Alexis III Ange finit par se réfugier dans la région d’Halmyros où son épouse, l’impératrice Euphrosynè Kamatérissa, avait possédé ou possédait encore d’immenses propriétés306. Les Kamytzai, les Kontostéphanoi possessionnés dans la vallée du Méandre, les Cantacuzènes, propriétaires dans le Péloponnèse307, résidaient à Constantinople. De plus, les biens des grandes familles semblent plus dispersés qu’au xe siècle. Les Maurozômai disposaient de terres à la fois en Asie Mineure et dans le Péloponnèse308. Les Branas, toujours installés à Andrinople à la fin du xiie siècle309, détenaient aussi des domaines dans le Péloponnèse310.

  • 311 . Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 225.
  • 312 Ces familles pouvaient exister bien avant que les textes ne nous les fassent connaître. Ainsi des s (...)
  • 313 Cf. f. d. n° 168 et n° 213.
  • 314 MM IV, p. 62. Ce document a été daté de 1133 par Ahrweiler, Smyrne, p. 128. Sur les familles de la (...)
  • 315 Les Kastamonitai furent apparentés aux Anges dans la seconde moitié du xiie siècle, car la mère d’I (...)
  • 316 MM IV, p. 320, 321.
  • 317 Ibid., p. 305.

93La couche supérieure de l’aristocratie, liée par le sang aux empereurs, ne vivait plus en province, sauf pour exécuter les missions confiées par l’empereur, mais uniquement à Constantinople. L’absence de la capitale d’un membre de la famille impériale marquait une probable disgrâce. Andronic Comnène, cousin de Manuel, avait été assigné à résidence en Paphlagonie311. Les villes byzantines n’étaient pas désertées par tous les notables. Au contraire, les mouvements de dissidence et, plus encore, l’invasion latine ont permis à cette couche de la population de se mettre en valeur. Aussi nos références à ce groupe se rapportent-elles, dans leur majorité, à l’époque des Anges. Trois régions de l’Empire nous fournissent des informations plus riches pour la période qui s’étend de 1180 à 1220, la région de Smyrne en Orient, l’Hellade-Péloponnèse et l’Épire après 1204 en Occident. Nous observons alors dans ces villes l’émergence de familles qui, jusqu’à cette date, n’avaient pas participé à l’histoire telle qu’elle nous est rapportée par les chroniqueurs312. En Orient, Maggaphas agit à Philadelphie dès 1188, Sabas Asidènos à Sampsôn en 1204313. Le chartulaire de Lembos nous livre une liste de personnages importants, résidant très probablement dans la région de Smyrne dès la première moitié du xiie siècle314. Nous y relevons les noms de Sôtèrichos Alèthinos, Michel Kaloeidas, Jean Chrysochoos, Léon Vénétikopoulos, Michel Kanakès, Basile Chrysobergès et Alexis Kastamonitès. Seules ces dernières lignées avaient quelque lustre, mais elles n’étaient pas directement apparentées aux empereurs Comnènes315. Nous ajouterons aux notables connus dans la même région avant 1204 les Blattéroi, Lagkidas, Planètai. La famille Karantènos, jadis illustre, était installée dans le thème de Mylasa316. Sous Alexis Ange, Constantin Mésopotamitès était en procès avec le monastère Saint-Paul de Latros317, mais il est difficile de dire si les biens des Mésopotamitai étaient patrimoniaux ou provenaient d’une récente donation impériale, car Constantin fut un temps le ministre favori de l’empereur.

  • 318 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 638.
  • 319 Chômatianos, col. 90. Un autre Daimonoïôannès fut ultérieurement archonte à Monemvasie, Chronique d (...)
  • 320 Cf. f. d. n° 219, η. 1.
  • 321 Constantin Mélissènos était en 1165 1166 modeste grammatikos de l’évêché de Nauplie, Kleinchroniken (...)
  • 322 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 605.
  • 323 Ibid., p. 611 ; sur les autres Sgouroi, cf. f. d. n° 198, note 3.
  • 324 Ibid., p. 605, 636.
  • 325 Ibid., p. 58.

94Dans la partie occidentale de l’Empire s’observe le même phénomène d’émergence de personnages d’un rang modeste, dont l’influence ne dépassait guère la ville où ils étaient établis. Seuls quelques membres de leurs familles partaient servir l’empereur, tandis que la majorité restait sur place. Dans le Péloponnèse, les Chamarétoi résidaient à Lacédémone318et les Daimonoïôannai319, leurs parents, dans la même province, ainsi que les Doxapatrai320et une branche des Mélissènoi321. Le plus fameux, Léon Sgouros, naquit à Nauplie où son père était établi322, et, avant 1203, devint le maître de sa ville natale qu’il confia à son frère Gabriel323, puis d’Argos et de Corinthe324. Dans le Péloponnèse, au milieu du xiie siècle, Michel Paléologue et Joseph Balsamôn possédaient des biens dont l’importance nous échappe, mais ne vivaient pas sur leurs terres, conformément à ce que nous avons dit à propos de la parenté de l’empereur et de la haute aristocratie325.

  • 326 Basile Sikountènos, magistre, était déjà établi dans cette ville en 1112, Docheiariou, acte n° 3. L (...)
  • 327 Antonin, Ο drevnih hristianskih nadpisjah ν Afinah, Saint Pétersbourg 1894, Inscriptions des Propyl (...)
  • 328 Michel Chômâtes II, p. 292 et 301. Dèmètrios Makrembolitès, né à Athènes, vint ensuite à Thèbes car (...)
  • 329 -Le jeune Théophylacte Bélissariôtès décéda dans cette ville, Michel Chômâtes I, p. 199. Michel Chô (...)

95En Eubée, on relève le nom de Chalkoutzès, à Thessalonique celui de Sikountènos326. En Hellade, à la fin du xiie siècle, s’enracinait une partie non négligeable de l’aristocratie constantinopolitaine. Aux Tornikioi et aux Maléïnoi établis à Thèbes et en Eubée, aux Autôreianoi327et aux Makrembolitai328à Athènes, étaient venus se joindre les Bélissariôtai et les Chôniatai, attachés à leur parent, le métropolite d’Athènes329.

  • 330 Apokaukos, Byzantinisch neugriechische Jahrbücher XXI, 1971-1976, p. 59.
  • 331 Chômatianos, col. 350.
  • 332 Polemis, Doukai, p. 92.

96En Épire vivaient des Mélissènoi bien intégrés à l’aristocratie locale ; Hélène était unie au pansébaste sébaste Isaac Tarônas330, dont un parent avait construit une église à Buthrint331. Michel Ange Doukas, venu s’établir en Épire après 1204, contracta alliance avec une Mélissènè332.

  • 333 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 639. Nicétas ne cite pas le patronyme, mais il s’agissait bien du C (...)

97Dans les îles et particulièrement en Crète, nous avons déjà évoqué l’instal­lation d’un certain nombre de familles depuis le règne d’Alexis Comnène selon notre point de vue. Lors de l’occupation vénitienne, elles fournirent les cadres de la résistance aux envahisseurs, ce qui nous permet de les mieux connaître. Chypre étant désormais exclue du domaine byzantin, l’île la plus importante, à proximité de la côte micrasiatique, était Rhodes, dominée par les Gabalas depuis une date impossible à déterminer avec certitude, mais antérieure à 1204333.

98À la veille de la Quatrième Croisade, nous pouvons donc opposer l’aristo­cratie liée à la très vaste famille impériale, qui possédait les plus grands domaines, mais ne résidait plus qu’exceptionnellement en province (à Andrinople notamment), à l’aristocratie locale, seule à exercer son influence, grâce à sa présence physique, même si quelques-uns de ses membres occupaient des postes dans la capitale. La prise de Constantinople bouleversa à nouveau la répartition géographique des familles de l’aristocratie. La situation fut similaire à celle provoquée par les invasions turques. Certains notables préférèrent s’entendre avec les Latins, sauvegardant leur influence locale, tel Théodore Branas à Andrinople qui en est le meilleur exemple, mais une majorité se réfugia dans les terres restées sous contrôle byzantin, plus particulièrement sur les territoires nicéen et épirote. Une fois de plus, la prosopographie du chartulaire de Lembos nous est d’un grand secours, car elle nous révèle comment, à côté des notables locaux, s’établit une seconde aristocratie composée de réfugiés. Ces mouvements ne cessèrent pas après la conquête latine, mais se poursuivirent jusqu’à la reprise de la capitale en 1261. Nombreux furent ceux qui hésitèrent entre l’Empire de Nicée et l’État épirote, choisissant celui qui leur offrait les meilleures perspectives de carrière ou de gain. En conséquence, à partir du xiiie siècle, l’éclatement des familles dont nous avons déjà noté la fréquence croissante depuis la deuxième moitié du xie siècle, prit une ampleur considérable. Des membres d’une même lignée purent être simultanément au service de l’État de Nicée, de l’État épirote, des Latins, et encore connaissons-nous fort mal le personnel de l’État de Trébizonde. Le déplacement des personnes n’impliquait pas la même mobilité des biens. Cependant, cette situation était plutôt défavorable à la constitution de nouveaux centres d’influence, et ce ne fut pas avant le règne de Jean Batatzès, sinon celui de Michel VIII, que purent se reconstituer de nouveaux groupements de possessions suffisamment importants pour étayer une action politique à l’échelle de l’Empire -pensons aux propriétés des Cantacuzènes en Macédoine dans la première moitié du xive siècle.

Notes

1 Contra, Kaplan, Cappadoce, p. 148.

2 Les principaux documents disponibles, le testament d’Eustathe Boïlas, la diataxis de Michel Attaleiatès, le typikon de Grégoire Pakourianos datent tous de la seconde moitié du xie siècle.

3 De nombreux monastères prirent le nom de leur fondateur ; ainsi ceux du Mont Athos offrent une liste importante de patronymes : Kolobos, Atziyannès, Chilandarès, Kaspax, Kardiognôstès, Moustakôn, Phakènos. Mais peu de ces noms sont-illustres, ce qui accroît la possibilité qu’ils aient été portés par l’aristocratie locale (Prôtaton, p. 30, 40, 86-93).

4 Par exemple, comment faut-il interpréter le fait qu’Alexis Paléologue soit représenté avec son père, Georges le grand hétériarque, sur l’église Saint Michel à Triaditza ? Markianos 524, n° 213. Alexis Paléologue a t-il exercé un commandement dans le thème de Bulgarie, ou bien les Paléologues étaient-ils devenus une famille influente dans cette région au xiie siècle ? On répondrait plus sûrement à cette question si des précisions sur la carrière d’Alexis Paléologue ou sur l’implantation de ses biens étaient connues. Nous privilégierons cependant la seconde hypothèse, en raison du caractère familial de la dédicace des fresques qui serait moins justifié si Alexis Paléologue avait été simplement duc de Bulgarie. En revanche, nous ne tirerons aucune déduction sur la localisation des biens d’Eumathios Philokalès sous prétexte qu’il a rénové l’église de Saint Jean Chrysostome en Chypre (dernière édition de l’inscription dans DOΡ 18, 1964, p. 335).

5 Par exemple les "biens du sébastocrator" à Constantinople ; on voit à quels dangers on s’exposerait en recherchant le personnage réel qui a donné son nom au quartier.

6 Gautier, Pantocrator, p. 116.

7 Les institutions telles que le fisc ou les monastères importants, à qui leur statut assurait la possession sans discontinuité de propriétés foncières, le cas échéant pendant plusieurs siècles, ont pu laisser dans la toponymie une trace plus durable, perceptible dans quelques rares cas jusqu’à nous.

8 Les familles, toutes de tradition militaire, qui portent le nom de provinces acquises au cours de la reconquête du xe siècle, étaient intégrées seulement depuis cette date et devaient conserver une influence dans leur province d’origine.

9 Toutes les personnes dont le nom de famille était formé sur un même nom de ville n’appartenaient pas nécessairement à la même lignée, ceci étant d’autant plus vrai que la ville d’origine était plus importante. Ainsi les Politai, qu’on trouve dans toutes les régions de l’Empire entre le xie et le xiiie siècle, étaient simplement des personnes ayant quitté Constantinople et acquis ce surnom dans la province où elles s’étaient établies, et qui transmirent ensuite ce patronyme à leurs descendants. De la même manière, les Antiochitai étaient certainement une importante famille de fonctionnaires de la capitale au xie siècle ; mais il n’y a aucune raison de croire que le Nicolas Antiochitès, fils d’Abu l Faradj, mort en 1052 et dont l’épitaphe a été retrouvée en Cilicie, ait quelque rapport avec la famille homonyme établie à Constantinople (dernière édition : G. Dagron D. Feissel, Inscriptions de Cilicie, Travaux et Mémoires, Monographie 4, Paris 1987, n° 96, p. 151-153).

10 Du type Radènos, originaire de Radè dans le thème des Anatoliques.

11 Fossier, Enfance de l’Europe, p. 333.

12 Skylitzès, p. 427.

13 Svoronos, Cadastre de Thèbes, A 35 p. 12, p. 69. Comme le souligne N. Svoronos dans son commentaire, il n’est pas sûr et même peu probable que le texte concerne le fameux général, mais plutôt un’de ses descendants.

14 Supra, p. 200.

15 Conseils et récits, p. 188.

16 Psellos, Scripta Minora II, p. 255. Psellos loue son ami Constantin, neveu du patriarche Cérulaire, de posséder un οίκος πολυάνθρωπος.

17 Cf. infra, p. 213 sq.

18 Skylitzès, p. 406.

19 Ibid., p. 484.

20 Nous entendons par là la prise de mesures veillant à restaurer l’ancienne armée de type thématique.

21 Infra, p. 350.

22 Infra, p. 316-317.

23 Infra, p. 230-231.

24 Michel Chôniatès I, p. 308.

25 Au xiie siècle, bien des fonctionnaires ne mettent plus sur leurs sceaux que leur prénom, leur patronyme et leurs dignités, sans préciser leurs fonctions.

26 L’hypothèse la plus vraisemblable nous paraît être une carrière d’une trentaine d’années, avec un changement de poste tous les deux ou trois ans en moyenne.

27 Cf. f. d. n° 5, 6, 11, 15.

28 Cf. f. d. n° 15.

29 Kalokyros Delphinas fut catépan d’Italie à l’époque où l’origine verifiable des catépans nommés était, semble-t-il, exclusivement micrasiatique, argument supplémentaire en faveur de cette hypothèse.

30 Skylitzès, p. 382.

31 Théophane Continué, p. 394 ; Skylitzès, p. 211.

32 Ibid., p. 293.

33 Léon Diacre, p. 122. Ce dernier précise que Bardas Phocas avait beaucoup renforcé cette forteresse.

34 Skylitzès, p. 336.

35 Ibid., p. 366. Basile II avait confisqué les biens de Bardas Phocas, mais avait rendu à Nicéphore un important domaine lorsque ce dernier avait mis bas les armes en 989 (Yahya II, p. 426). L’empereur restitua probablement une des propriétés saisies mais pas située au centre même de l’ancienne puissance foncière de la famille.

36 Sur cette église, voir en dernier lieu, Nicole Thierry, Un portrait de Jean Tzimiskès en Cappadoce, TM 9, 1985, p. 477-484.

37 Skylitzès, p. 382.

38 H. Grégoire, Notes de géographie byzantine : les forteresses cappadociennes d’Antigu Nigde et de Tyropoion Trypia, Byz. 10, 1935, p. 255 et Hild Restle, Cappadoce, p. 298.

39 Skylitzès, p. 340. Sur l’importance des biens, en dernier lieu, Kaplan, Cappadoce, p. 143-149.

40 Ramsay, The historical geography of Asia Minor, Londres 1890, p. 202-205.

41 Vie de Michel Maléïnos, p. 557. Eudocime, père de Michel, rejoint sa femme dans cette ville où elle séjournait.

42 Ibid., p. 550-551.

43 Skylitzès, p. 332.

44 E. Honigmann, Un itinéraire arabe à travers le Pont, Mélanges Cumont, Annuaire de l’Institut de Philologie et d’Histoire orientales et slaves, 1, 1936, p. 261-271.

45 Le xénodochion cité dans l’itinéraire arabe n’est peut-être pas différent d’une hôtellerie construite dans une des laures fondées par Michel Maléïnos qui semble avoir reçu beaucoup de visiteurs de marque.

46 Seibt, Skleroi.

47 P. Lemerle, La Chronique improprement dite de Monemvasie : le contexte historique et légendaire, RE Β 21, 1963, p. 10, 50-60.

48 Skylitzès, p. 93 ; Théophane Continué, p. 166.

49 Skylitzès, p. 316.

50 Yahya II, p. 419-420.

51 M. Canard, Deux documents arabes sur Bardas Sklèros, Studi Bizantini e Neoellenici 5, 1939, p. 62 sq. = Byzance et les Musulmans au Proche Orient, Variorum Reprints, Londres 1973, n° XI.

52 Yahya II, 430.

53 Kinnamos, p. 58.

54 Seibt, Skleroi, p. 77 n. 280.

55 Gautier, Pantocrator, p. 123.

56 Un des biens de la Skléraina figure parmi les donations de Jean II à son monastère du Pantokratôr, ibid., p. 122.

57 Vannier, Argyroi, p. 15. L’auteur propose l’hypothèse que leur nom serait lié à la très grande richesse de la famille, opulence qui, en 1075, incitait encore un Alexis Comnène à épouser une Argyropoulina (Bryennios, p. 221).

58 Skylitzès, p. 488 489.

59 Théophane Continué, p. 426 (pour Kourkouas) ; Léon Diacre, p. 100 (pour Tzimiskès).

60 Skylitzès, p. 230 ; D. A. I., p. 208, 212.

61 Polemis, Doukai.

62 Kabala, forteresse située au nord d’Iconium, avait déjà servi de point d’appui à Thomas le Slave engagé dans une rébellion contre Michel II, Skylitzès, p. 141, 186 187 ; Hild Restle, Cappadoce, p. 77, 83.

63 Skylitzès, p. 328. Ces forteresses sont mal localisées. Plateia Pétra avait déjà servi de base lors des révoltes de Symbatios contre Basile I, et, sous Romain Lékapènos, d’un imposteur se faisant passer pour Constantin Doukas tué en 913, signe que le souvenir des Doukai restait localement vif. Skylitzès, p. 228, affirme à cette occasion que la forteresse était dans le thème de l’Opsikion, en contradiction avec sa localisation dans le thème des Thracésiens en 989. Peut-être la place était-elle située aux confins des deux thèmes, dont les limites avaient pu être modifiées entre ces deux dates.

64 Skylitzès, p. 483.

65 Alexiade II, p. 81.

66 Bryennios, p. 119.

67 Ibid., p. 173 : τὰ βασίλεια του Καίσαρος.

68 Patmos I, p. 5 sq.

69 Kinnamos, p. 294-295. En fait, compte tenu des troubles de la fin du xie siècle, ces constructions n’ont probablement pas été l’oeuvre du César, mais plutôt celle de ses ancêtres.

70 Attaleiatès, p. 217-218, 228 ; Zônaras, p. 715. Michel Attaleiatès rattache cependant nettement les Botaneiatai au clan Phocas, sans doute par une alliance du côté maternel. En effet les sources arabes, généralement bien informées sur les activités du clan Phocas, n’ont pas, jusqu’ici, révélé l’activité des Botaneiatai au xe siècle.

71 Skylitzès, p. 488 ; Attaleiatès, p. 185, 213.

72 Sur l’intégration de la Phrygie dans le thème des Anatoliques, Skylitzès Continué, p. 125. Voir aussi H. Grégoire, Notes de géographie historique sur les confins pisidophrygiens : Lampè, Chôma, Charax, le Buzan Dag et la patrie de Nicéphore Botaneiatès, Bulletin de la Classe des lettres et des Sciences Morales et Politiques 34, 1948, p. 78-90.

73 Georgina Buckler, Un Botaneiate du vie siècle, Byz. 6, 1931, p. 405-410.

74 Bryennios, p. 261.

75 Alexiade II, p. 114.

76 Attaleiatès, p. 99 ; Skylitzès Continué, p. 122.

77 Attaleiatès, p. 145 146.

78 Skylitzès Continué, p. 153 ; Attaleiatès, p. 171.

79 Skylitzès Continué, p. 155.

80 Grumel, Régestes, n° 900. Cette requête fut annulée comme non conforme aux canons des conciles en novembre 1071, c’est à dire après la chute de Romain Diogénès.

81 Le prénom oriental de Bardas, attesté sur un sceau de Bardas Érôtikos (Konstantopoulos, Molybdoboulla, n° 628 β), pourrait être l’indice d’un mariage entre les deux familles.

82 82 Markopoulos, Vaticanus, p. 92.

83 Léon Diacre, p. 79.

84 Bryennios, p. 75.

85 Ibid., p. 197.

86 Manuel pouvait avoir hérité de sa famille maternelle sa maison paphlagonienne.

87 Psellos, MB IV, p. 407. La discussion sur l’emplacement exact de ce toponyme n’est pas de notre propos ; voir Barzos, Généalogie I, p. 25-26, qui reprend les travaux antérieurs.

88 Il n’est pas sûr que cet abandon soit en rapport avec les attaques turques, car à la même époque, Dokeianos, cousin germain d’Alexis, vivait toujours sur ses terres paphlagoniennes. La maison des Comnènes aurait été désertée lorsqu’Isaac Comnène vint à Constantinople prendre le pouvoir impérial.

89 Elles suivirent peut-être le recul de la frontière, si notre explication de la répartition des biens des Maléïnoi est conforme à la réalité.

90 Théophane, p. 400, 474.

91 Psellos, Chronographie II, p. 14.

92 Il faut distinguer Tornikios l’Ibère, fondateur d’Iviron, de la famille descendante de Tornikios fils d’Apoganem (D. A. I., p. 192, 194). Les premiers Tornikioi venaient donc d’Orient, mais les empereurs les installèrent immédiatement en Occident.

93 Léon Diacre, p. 45.

94 Bryennios, p. 291.

95 Le monogramme des Bryennioi est encastré dans les murs de la ville (Catherine Asdracha, L’apport du témoignage épigraphique à l’histoire médiévale de la Thrace, By ζ. Bui. VII, 1981, p. 450).

96 Attaleiatès, p. 53 ; son prénom est resté inconnu.

97 Skylitzès, p. 472-473.

98 Ibid., p. 484 ; Zônaras, p. 657.

99 Ibid., p. 716.

100 Bryennios, p. 211.

101 Ibid., p. 281.

102 Nicétas Chômâtes, Histoire, p. 6.

103 D. A. I., p. 232.

104 Papadopoulos Kérameus, Fontes I, p. 57.

105 Skylitzès, p. 217.

106 Iviron I, p. 153 ; l’interprétation de la titulature de Jean Chaldos est délicate, mais il est assuré qu’il a commandé le tagma des Arméniaques, soit antérieurement à sa nomination de duc de Thessalonique, soit lorsqu’il était en charge de la ville.

107 N. A Dontz, La généalogie des Tarônites, Etudes arméno byzantines, Lisbonne 1965, p. 339-34 ; V. Laurent, Alliances et filiation des premiers Tarônites, princes arméniens médiatisés, EO 37, 1938, p. 127-135.

108 Yahya II, p. 424.

109 Alexiade III, p. 75, 76, 77.

110 Constantin Gabras combattit les impériaux de Basile II, Skylitzès, p. 322, 325.

111 Kinnamos, p. 296.

112 Cahen, Pre Ottoman Turkey, p. 112, 210.

113 Papadopoulos Kérameus, Fontes, p. 38 39. Pour la rectification du texte de Papadopoulos, Panagiotakès, Phocas, p. 252

114 Vie de Dorothée par Mauropous, éd. Lagarde, p. 210.

115 Attaleiatès, p. 92 ; Zônaras, p. 680.

116 Laurent, Buttes Métriques, n° 526.

117 D. A. I., p. 206.

118 Léon Diacre, p. 144.

119 Bryennios, p. 195.

120 Alexiade I, p. 131.

121 Léon Diacre, p. 40. Curieusement, Jean Bringas, le parakoimomène, fut exilé dans sa province d’origine par Nicéphore Phocas (Skylitzès, p. 260).

122 Ibid., p. 416 : Georges, protovestiaire, frère de Michel IV, y possédait des biens étendus.

123 Mauropous, p. 56-57.

124 Vie de Syméon, p. 2, 4, 12.

125 Romain Sklèros agressa la femme de Georges Maniakès qui vivait sur les propriétés de son époux dans le thème des Anatoliques, Skylitzès, p. 427.

126 Radè était une kômè du thème des Anatoliques (Pseudo Syméon Magistre, éd. Bonn, p. 707). Au xie siècle, Anne Radènè possédait un monastère détenant des biens dans le thème de l’Egée ; mais on ne peut rien déduire de cette information fournie par Psellos (Scripta Minora II, p. 93) puisqu’on ne sait si Anne Radènè était charisticaire de ce monastère ou sa fondatrice.

127 Timarion, p. 57. Le texte précise qu’il s’agit de la Grande Phrygie, partie du thème des Anatoliques, par opposition à la Petite Phrygie rattachée au thème des Arméniaques.

128 Ils ont l’honneur, comme les Phocas et les Maléïnoi, d’être désignés par Basile II ou son interpolateur comme propriétaires fonciers influents et abusifs depuis plusieurs générations dans la région de Philomèlion, Zépos, Jus I, p. 267 n. 48.

129 W. M. Calder, Eastern Phrygia, 1928, Mama I, n° 190. L’éditeur publie une inscription du village de Koças, situé entre Philomèlion et Iconium ; elle commémore la réfection d’une église par le patrice Théodore Κ A Ρ A Ν patronyme que l’éditeur n’a pas reconnu ­et par Jean, ostiaire et épiskeptitès, sous le règne de Basile. Il peut s’agir de Basile I ou de Basile II ; en dépit de l’absence de la mention du co empereur Constantin VIII, nous préférons dater de Basile II et nous identifions le restaurateur de l’église avec Théodore Karantènos qui, à la tête de la flotte impériale, repoussa celle de Sklèros révolté (Skylitzès, p. 322).

130 Dernière mise au point sur ce transfert des Arméniens, Dédéyan, Immigration arménienne, p. 78-86.

131 Skylitzès, p. 355 ; Michel Le Syrien, p. 133 ; Aristakès De Lastivert, p. 19.

132 MATTHIEU D’ÉDESSE, p. 78. Ces lieux se trouvaient situés soit en Cappadoce, soit dans le thème du Charsianon.

133 Aristakès De Lastivert, p. 51.

134 Lemerle, Cinq études, p. 22-23.

135 Skylitzès, p. 217.

136 D. A. I., p. 212.

137 Nicole Thierry, L’art monumental byzantin en Asie Mineure du xieau xive siècle, DOP 20, 1975, p. 95-96 = Peintures d’Asie Mineure et de Transcaucasie aux xe et xie siècles, Variorum Reprints, Londres 1977, n° VII ; A. Guillou, La Lucanie byzantine, étude de géographie historique, Byz. 35, 1965, p. 119-149 = Studies on Byzantine Italy, Variorum Reprints, Londres 1970, n° X.

138 Patmos II, p. 9.

139 Ibid., p. 14.

140 Vie de Nicéphore de Milet, éd. H. Delehaye, AB, 44, 1895, p. 151.

141 Skylitzès, p. 396.

142 Ibid., p. 416.

143 Pour l’origine d’Eudocie, ibid., p. 180. Vita Euthymii Patriarchae CP, éd. Patricia Karlyn Hayter, p. 63, donne le patronyme d’Eudocie.

144 Skylitzès, p. 238. Romain était eunuque ; sans doute la propriété passa t-elleensuite à des collatéraux ou revint-elle à l’État.

145 Vryonis, Decline, p. 25 n. 132, classe, parmi les magnats des Cibyrréotes, Screnarius, Ducas. Nous ne voyons pas sur quelles sources s’appuie l’auteur pour justifier ses informations.

146 Vie de saint Paul de Latros, AB XI, 1892, p. 138. Tous les porteurs de ce patronyme ou de ce surnom n’étaient pas nécessairement apparentés. Toutefois, appartenaient sans doute à cette famille Georges Mauros, grammatikos, Basile Mauros, proèdre et juge de l’Hippodrome (Laurent, Administration, n° 1189 et 886 ; Gautier, Blachernes, p. 218). Le patriarche d’Antioche, Nicéphore Mauros, fut nommé à cette charge par Nicéphore Botaneiatès, ce qui fournirait un argument supplémentaire pour le rattacher à cette famille, l’empereur ayant choisi pour ce poste sensible un homme originaire, comme lui, d’Asie Mineure occidentale.

147 Darrouzès, Épistoliers, p. 241. Il semblerait qu’Ouranos ait eu des liens avec les Arméniaques ou le nord de l’Asie Mineure, à considérer la liste de ses correspondants, les métropolites de Néocésarée et de Sébastè, des juges des Arméniaques, de Colonée et le vestès Manuel, si toutefois il était identique à Manuel Érôtikos, notable paphlagonien.

148 Théophylacte Sagopoulos venait, semble-t-il, d’Éphèse, mais on ne peut-être certain qu’il y résidait ; peut-être y avait-il débarqué après une traversée maritime ? Vie de Lazare le Galésiote, p. 541 B.

149 Cheynet, Trois familles, p. 16, 57, 76.

150 Yahya II, p. 438.

151 Sur les possessions des Dalassènoi, nous ne savons rien de précis. Le seul indice de leur installation dans la partie orientale de l’Empire est fourni par un épisode tiré de la Vie de Lazare le Galésiote, p. 577 : Damien, neveu de Constantin Dalassènos, se fit tonsurer par Lazare et proposa au saint de vendre son oikos et de donner le produit de la vente au monastère. Pour accomplir cette promesse, Damien partit en direction d’Amorion, mais arrivé en cette ville, renonça à son projet. Nous déduisons de ce récit que la propriété de Damien était située dans la partie orientale de l’Empire. Si elle avait été située dans le duché d’Antioche, nous nous serions attendu à le voir se diriger plutôt vers Iconium que vers Amorion. Cependant, de cette ville, il pouvait aussi gagner la grande route traditionnelle reliant Constantinople à Césarée et Antioche.

152 Pour les références, Laurent, Antioche, p. 236 sq.

153 C’est aussi l’avis de Lemerle, Cinq études, p. 40-41.

154 Skylitzès, p. 395.

155 G. Seure, Antiquités thraces de la Propontide, BCH 36, 1912, p. 569.

156 Schlumberger, Sigillographie, p. 305.

157 Cheynet, Trois familles, n°. 13, p. 66-73.

158 Psellos, Basilikoi logoi, p. 727. À la lumière de ce texte, on admettra que la πόλιςνοητός καὶ θειος διάκοσμος de l’éloge de Monomaque s’identifierait à Θεούπολις, soit Antioche (Psellos, Scripta Minora I, p. 13).

159 Attaleiatès, p. 110 ; SK.Ylitzès Continué, p. 129.

160 Lemerle, Cinq études, p. 52-58.

161 Vryonis, Decline, p. 25 n. 132, établit les Paléologues dans le thème de Mésopotamie. Nous ne voyons pas la justification de ce classement. Certes, Nicéphore Paléologue était duc de Mésopotamie en 1077 (Bryennios, p. 239), mais on ne saurait en déduire un établissement familial.

162 Konstantopoulos, Molybdoboulla, n° 224α. Pour la datation et la discussion sur le patronyme, Seibt, Bleisiegel I, p. 261. Parmi les patronymes possibles, ceux de Mélissènos et Mélitèniôtès supposeraient une abréviation très rude et ambiguë ; aussi ne peut-on réellement hésiter qu’entre Mélias et Mélès.

163 Psellos, Chronographie II, p. 84 ; Idem Scripta Minora II, p. 43-45, 91 92, 168. Kékauménos eut quelques démêlés avec le métropolite de Colonée.

164 Seibt, Bleisiegel I, p. 298 ; W. M. Calder, Monuments from Eastern Phrygia, Mama VII, 1956, n° 188, publie une inscription incomplète, conservée sur un chapiteau découvert dans un village situé entre Philomèlion et Iconium, et-il la transcrit ainsi : ἐλέου Θεού στρατηγού A ΒΑ.... Les seuls anthroponymes commençant par ces trois lettres sont Abalantès et Abastaktos. Nous aurions ainsi le souvenir d’un bâtiment religieux construit (à quel titre ?) par un Abalantès, ou bien un Abastaktos.

165 Abu Firas, p. 454, 456.

166 Skylitzès, p. 214.

167 W. M. Calder J. M. R. Cormack, Monuments from Lycaonia, the Pisido Phrygian Borderland, Aphrodisias, MAMA VIII, 1962, n° 258, p. 46. L’inscription incomplète, trouvée dans un village proche d’Iconium, lie le nom d’Adralestos à celui d’un Nicéphore qu’on hésite à identifier avec l’empereur.

168 Cf. f. d. n° 15.

169 Us ont aussi l’honneur d’être cités par Abu Firas (p. 45).

170 Léon Diacre, p. 135.

171 Skylitzès, p. 338.

172 Ibid., p. 412.

173 Ibid., p. 210.

174 Bryennios, p. 245.

175 Skylitzès, p. 315, 318.

176 Attaleiatès, p. 170-172 ; Zônaras, p. 705.

177 Skylitzès, p. 289 ; Léon Diacre, p. 109, avec la variante Alakas.

178 Alexiade II, p. 198.

179 Skylitzès, p. 411.

180 Théophane Continué, p. 383.

181 Skylitzès, p. 320.

182 Ibid., p. 322.

183 Après la défaite de Bardas Sklèros, Léon Aichmalôtos résista dans les forteresses du thème des Thracésiens (ibid., p. 328) ; Oreste Aichmalôtos combattait en Occident auprès de Basile II vers 1015 (ibid., p. 354).

184 Constantin Charôn fut envoyé par Bardas Sklèros pour s’emparer de Bardas Phocas révolté en 970 (ibid., p. 293). Mais s’agissait-il bien d’une famille à laquelle aurait appartenu également le père d’Anne Dalassènè, Alexis, ou seulement de surnoms portés par deux personnages différents ?

185 Ibid., p. 362.

186 Infra, p. 308.

187 Sur Léon Pégonitès, V. S. Sandrovskaja, Iz istorii Bolgarii X XI w po dannym sfragistiki, Byz. Bui. VII, 1981, p. 462 ; sur Andronic Doukas, S. T. Gerasimov, Byzantinische Bleisiegel aus Pliska, BIBA 14, 1941 42, p. 170.

188 Sceau de Théodore Pègonitès, DO 58 106 4919 ; sur Jean Doukas, catépan d’Edesse, Lemerle, Cinq études, (Testament de Boïlas) p. 39.

189 Vie de saint Nikôn, p. 148.

190 Vie de sainte Euphrosyne, Acta Sanctorum, novembre III, p. 863.

191 D. A. I., p. 234, § 50.

192 Vie de saint Nikôn, p. 194. Les Choirosphaktai acquirent ultérieurement des biens dans d’autres parties de l’Empire, car Psellos intervint auprès du juge de TOpsikion pour qu’il protège le fils de Michel Choirosphaktès d’un voisin qui menaçait son proasteion de Pythia (Psellos, Scripta Minora II, p. 293 294).

193 Iôanna Makrè, Μολυβδόβουλλο Ῥεντακίου, ‘Αρχαιολογικά ‘Ανάλεκτα ἐξ ‘Αθηνών, XV, 1983, fasc. 1, ρ. 100 114. L’auteur a rassemblé tous les témoignages concernant les Rentakioi entre le VHP et le xe siècle.

194 Théophane, Chronographie, p. 474.

195 Peira LI, § 25.

196 Alexiade II, p. 59.

197 Svoronos, Cadastre, p. 68 77, propose un commentaire de la prosopographie du texte, qui doit être amendé sur plusieurs points. D’une part, il nous semble imprudent de rapprocher Constantin, Théodore ou même Sisinnios, cités dans le cadastre, de fonctionnaires d’Hellade de même prénom, tant-il pouvait y avoir d’homonymes. D’autre part, on ne reconnaîtra pas Kontos sur le sceau édité par Konstantopoulos (Molybdoboulla, n° 504 δ) il faut lire en réalité Ζωητός , ni la lecture Ἄνυτος pour Ἀνιώτης (Konstantopoulos, Molybdoboulla, n° 603α), puisqu’il s’agit de Marie, fille de Gagik d’Ani. En revanche, nous ferons quelques rapprochements supplémentaires entre les télestai du cadastre et quelques sceaux, la plupart inédits.

198 Au xe siècle, un prêtre Pardos vivait dans le Péloponnèse (J. Wortley, Les récits édifiants de Paul, évêque de Monembasie, et d’autres auteurs, Paris 1987, p. 37).

199 Un Galatôn possédait au début du xiie siècle une épiskepsis à Thessalonique, Gautier, Pantocrator, p. 121.

200 Svoronos, Cadastre, p.70-71 ; à propos de Pothos, il convient de séparer nettement ce qui relève du patronyme de ce qui concerne le prénom.

201 Conseils et Récits, p. 264.

202 VV XII, 1906, p. 516. Au xiie siècle, les Kalokairoi étaient établis en Eubée (Eustathe De Thessalonique, Opuscula, p. 339).

203 N. A. Béès, Vie de saint Luc de Phocide, VV XXI, p. 204-205.

204 Konstantopoulos, Molybdoboulla, n° 63.

205 Iviron I, p. 11.

206 Iviron I, acte n° 10, p. 169.

207 Nesbitt, Confraternity, p. 365.

208 Sceau Fogg n° 739.

209 Svoronos, Cadastre,p. 72 n. 2.

210 Konstantopoulos, Molybdoboulla, n° 71.

211 Michel Lampadarios, asékrètis, sceau Fogg n° 3660.

212 Svoronos, Cadastre,p. 73 η. 1.

213 Skylitzès, p. 398.

214 Vie d’Athanase, Vie A, p. 77 ; Vie B, p. 177.

215 Archives de l’Athos VI, Actes d’Esphigménou, éd. J. Lefort, Paris 1973, actes n° 4et 5.

216 Xénophon, acte n° 1 (1089).

217 Iviron I, acte n° 10, p. 170, l. 23.

218 Nous trouvons mention de terres lui ayant appartenu dans Iviron I, acte n° 10 p. 169 l. 18, p. 171 l. 40.

219 Cf. f. d. n° 17.

220 Attaleiatès, Diataxis, p. 29.

221 Docheiariou, p. 63 64, acte n° 3, l. 14 (1112). Le document est particulièrement riche pour la prosopographie de la haute société thessalonicienne : Romain Lazaritès, proèdre, Léon Kassandrènos, proèdre, Théodore Rentènos, proèdre, Léon et Dèmètrios Spathai, proèdres, Constantin et Jean Argyroi, magistres, Constantin Psyllos, magistre, Etienne Konteus, magistre, Basile Slatas, proèdre, Basile Sikountènos, proèdre, Grégoire Bouriôn, patrice, épi tou panthéou, Etienne Rasopôlès, protospathaire... Acte n° 4 (1117) : Pantoulphos, gendre de Belônas, curopalate.

222 Skylitzès, p. 343.

223 Ibid., p. 441-442 ; Attaleiatès, p. 29 ; Psellos, Chronographie II, p. 28 29.

224 Toutes références dans Seibt, Bleisiegel I, p. 243.

225 Skylitzès, p. 441.

226 Attaleiatès, p. 244-245.

227 Skylitzès, p. 471.

228 Ibid., p. 442.

229 Ibid., p. 441-442.

230 Alexiade I, p. 151.

231 Nous ne connaissons pas en effet l’origine de Grégoire Tarchaneiôtès, catépan d’Italie en 999 1000, Lupus Protospatharius, p. 56 ; Anonyme De Bari, p. 48 ; Trinchera, actes n° 10, 11, 12 ; Schlumberger, Sigillographie, p. 212 213, n° 3.

232 Skylitzès, p. 494.

233 Bryennios, p. 223.

234 Skylitzès, p. 442. Le texte laisse entendre que ces deux généraux étaient de la race des Glabas : " Ό Πολύς και Θεόδωρος ὁ Στραβομύτης οί έκ γένους τοῦ Γλαβᾶ" ; ce n’est pas sûr car plusieurs manuscrits ajoutent και avant oἱ et Polys semble plutôt un patronyme qu’un prénom ou un surnom.

235 Ibid., p. 467.

236 Ibid., p. 495.

237 Markianos 524, n° 263, p. 155.

238 Bryennios, p. 229 et n. 4. L’éditeur considère que Koutzoumitès est probablement identique au Koutzomitès mentionné dans Y Alexiade (II, p. 96) ce qui nous semble exact et qu’il faut dès lors rectifier la forme Katzamountès, lue par le premier éditeur du texte, Poussines ce qui nous paraît moins évident puisque la forme Katzamountès est bien attestée par Skylitzès (p. 495) et par le sceau de Léon Katzamountès, stratège, conservé dans la collection Seyrig. S’il fallait rétablir une lecture, il nous semblerait préférable de modifier celle de Y Alexiade.

239 Skylitzès, p. 342, 343, 349 où il est appelé πρωτεύων de Dyrrachion.

240 Ibid., p. 388.

241 F. Sišić, Letopis popa Dukljanina, Belgrade Zagreb 1928, p. 347 sq.

242 PG 119, col. 889.

243 Nous savons que les fils de Jean Vladislav ont commandé en Orient et ont épousé des femmes originaires d’Asie Mineure, mais rien ne nous est parvenu sur les dotations foncières que leur avait accordées Basile II.

244 Skylitzès, p. 410.

245 Conseils et récits, p. 172-174.

246 Chômatianos, col. 263.

247 Ibid., col. 517.

248 Sauf à considérer que le nom de Iasitès dérive de celui de Iasos, île proche de la côte d’Asie Mineure (Gautier, Blachernes, p. 217 n. 52).

249 Lemerle, Cinq études, p. 44-46.

250 250 Psellos, Scripta Minora II, p. 82-83.

251 Hendy, Monetary Economy, p. 103-106 ; Zépos, Jus I, Novelle de Romain II, p. 243.

252 Ibid., p. 265. Les personnages dont la carrière se déroulait entièrement à Constantinople Philokalès était au service personnel de Basile II n’oubliaient pas leur "patrie" ; d’autre part, la sanction impériale n’a pas interdit aux Philokalai de prospérer durant les xie et xiie siècles.

253 Un acte de 1032 (Trinchera, n° 25, p. 27 sq.) illustre la manière dont s’effectuait éventuellement un tel établissement. Basile ὁ του Κρομμύδου, prôtomandatôr des arsenaux impériaux (των βασιλικών ἀρμαμέντων), originaire de Constantinople, fut envoyé auprès du catépan et reçut de l’empereur une maison à l’intérieur du kastron de Bari. Les donations impériales permettaient donc une éventuelle installation sur place des fonctionnaires impériaux, et de leur famille. En fait, Basile vendit ensuite la maison et demanda au catépan une prostaxis l’autorisant à regagner sa patrie.

254 Le lien entre les Maléïnoi d’Italie et ceux d’Asie Mineure est mal établi, mais Grégoire, le premier d’entre eux actif en Italie, appartenait à l’état-major de Nicéphore Hexakiônitès qui avait reçu le gouvernement de l’Italie vers 965.

255 Une inscription située sur l’architrave de la cathédrale de Trani nous est conservée (A. Guillou, Une nouvelle inscription byzantine inédite de Trani (Italie), Okeanos, Mélanges Sevcenko, p. 272-277). Nous supposons le nom de famille bien lu, quoique l’éditeur n’explique pas comment-il interprète son déchiffrement Κλοστονιβ en Κλαδωνος.

256 Des Mésimérioi étaient établis dans les Balkans, Grégoire compta parmi les soutiens de Basilakios révolté en 1078 ; Constantin et Georges sont cités dans les décisions synodales prises par Apokaukos au début du xiiie siècle. On ne peut malheureusement établir si les Mésimérioi des Balkans, tous attestés après 1071, étaient une branche de la famille italienne réfugiée après la chute de la domination byzantine, ou au contraire, si la branche italienne venait des Balkans, hypothèse plausible si on prend en considération les liens très étroits qui unissaient le thème de Dyrrachion à l’Italie.

257 Eustathe et Léon Katanagkai participèrent à une révolte à Tarente (Cf. f. d. n° 72

258 Supra, p. 230.

259 Falkenhausen, Dominazione, p. 156.

260 Peut-être faudrait-il mettre la famille Prôteuôn en rapport avec le thème de Cherson, dans la mesure où jadis le pays était gouverné par un prôteuôn, et ce titre disparu aurait pu, comme il a été observé pour d’autres fonctions et dignités, servir de patronyme à une famille dont un ou plusieurs membres auraient exercé cette charge. Mais le terme prôteuôn se rencontre fréquemment aussi pour désigner le notable d’une ville, et nous voyons combien l’argument est fragile.

261 Cahen, Gabras, p. 145-149.

262 La première mention du nom Charsianitès se trouve dans le D. A. I., p. 38 §50 : Léon VI créa stratège de Mésopotamie Oreste le Charsianitès. Il s’agirait plutôt dans ce cas d’un simple surnom.

263 Docheiariou, acte n° 4 (1117) ; Iviron, actes inédits de mars 1085 et de janvier 1104.

264 Alexiade II, p. 173.

265 Lemerle, Cinq études, carte en encart entre les p. 176 et 177. Grégoire Pakourianos avait à cette date perdu ses biens dans sa Géorgie natale et ceux qu’il avait acquis dans le thème des Arméniaques.

266 Testament de Symbatios Pakourianos, Orthodoxia 5, 1930, p. 615.

267 Attaleiatès, p. 247 ; Skylitzès Continué, p. 173.

268 Basile Kourtikios, combattant de l’armée d’Alexis Comnène contre Basilakios en 1078 est appelé "Macédonien" (Bryennios, p. 295), car il était originaire d’Andrinople (Alexiade II, p. 26).

269 Théodore Bempétziôtès qui combattait les Petchénègues en 1087 (Alexiade II, p. 87), était établi dans cette ville et, sous Manuel Comnène, un de ses descendants en était originaire (Kinnamos, p.45).

270 Lavra I, acte n° 46, d’àoût 1084 ; acte n° 51 d’octobre 1092.

271 Etienne Argyros était à la fin du xie siècle chartulaire de la Néa, klèrikos de Sainte Sophie et primicier des nomikoi de Thessalonique (Lavra I, acte n° 53). Dans cette même ville, les magistres Constantin Argyros et Jean Argyropoulos furent en 1112 témoins d’un acte de vente (Docheiariou, acte n° 3). La fonction et les dignités à cette date dévaluées nous montrent le relatif déclin des Argyroi ou d’une de leurs branches.

272 Každan, Structure de la classe dominante, p. 142 150.

273 Gautier, Pantocrator, p. 117, 119. Manuel Botaneiatès était aussi propriétaire dans la région de Berrhoia, ibid., p. 123. Peut-être des Botaneiatai résidaient-ils à Pernik, mais cette hypothèse est fragile, dans la mesure où elle repose exclusivement sur la présence de sceaux de Manuel Botaneiatès et de sa femme Irène Synadènè, Jordanka Jurukova, Un sceau d’Irène Synadènè, Byz. Bui IV, 1973, p. 221-226.

274 RHC, Historiens grecs I, p. IX.

275 Patmos I, p. 209.

276 MM VI, p. 150 151. Des Hagiostéphanitai sont connus à la fin du xie siècle et au cours du xiie siècle : Théodore Hagiostéphanitès (Mouchmov, BIBA 8, 1935, n° 40 ; plutôt à dater du xie xiie siècle que du xe xie siècle selon l’auteur) ; Constantin Hagiostéphanitès au xiie siècle (Laurent, Orghidan, n° 430) ; Nicétas Hagiostéphanitès protonobélissime et duc au xiie siècle (sceau inédit IFEB, n° 50) et Michel Hagiostéphanitès (sceau inédit IFEB, n° 442).

277 De la même façon que nous identifions Balantès avec Abalantès.

278 Nicétas Chômâtes, Histoire, p. 331

279 Bryennios, p. 199.

280 Alexiade II, p. 163 ; III, p. 148.

281 Spyridakès, Ή περιγραφή της μονής Κόκκου ἐπὶ τῇ βάσει ἀνεκδότου χειρογράφου, Kyp. Sp. 13, 1949, p. 1-49.

282 Michel Chôniatès II, p. 276-277. L’auteur, après 1206 1207, recommande à Théodore Lascaris et au patriarche Autoreianos un Chalkoutzès sébaste, archonte thématique d’Eubée, ajoutant qu’il appartenait à une des familles les plus illustres de toute la Grèce. Michel Chôniatès croit pouvoir affirmer que les Chalkoutzai tiraient leur nom de Chalcis : il s’agirait plutôt d’une étymologie formée a posteriori pour rendre compte de leur présence en Eubée.

283 Vers 1110, Basile Sklèros était moine et higoumène du monastère athonite de Karakala, S. Lampros, Catalogue of the Greek Manuscripts of the Mount Athos II, Cambridge 1900, réimpression Amsterdam 1966, p. 112, n° 43.

284 Chômatianos, col. 425.

285 Ibid., col. 423. Rien dans le contexte ne permet de penser que ces Kabasilai et ces Alyatai s’étaient réfugiés en Épire après 1204.

286 PG 119, col. 892 (en 1199).

287 Anne Radènè, épouse de Théodore Lemniôtès : Ε. N. Kyriakoudès, Ό κτίτορας του ναοΰ των Ἁγ. ‘Αναργύρων Καστοριάς Θεόδωρος Λημνιώτης, Βαλκανικά Σύμμεικτα I, 1981, ρ. 3-26.

288 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 144.

289 A. Papadopoulos Kérameus, Διορθωτέα εις χριστιανικός ἐπιγραφάς, Journal du Ministère de l’Instruction Publique 343, 1902, p. 417 418.

290 EEBS 4, 1927, p. 50. Constantin Monastériôtès avait épousé Irène Prasinè et relevé l’église Saint Michel au temps de l’empereur Michel I.

291 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 296 : Maléïnos, originaire de Philippoupolis, soutint Alexis Comnène en 1185 contre l’empereur Andronic, mais un autre Maléïnos, Étienne, possédait des biens en Macédoine dès la seconde moitié du xie siècle (Lavra I, acte n° 45, l. 28).

292 Cf. f. d. n° 211. De toute manière, les Sénachérim étaient établis en Occident.

293 Théophylacte De Bulgarie, Opera, p. 365.

294 IDEM, Lettres, p. 189.

295 Svoronos, Cadastre, p. 70.

296 L’aristocratie de l’Empire de Nicée nous est assez bien connue (AHRWEILER, Smyrne, p. 167-178), mais on peut rarement distinguer les familles établies avant 1204 de celles qui se réfugièrent à Nicée ultérieurement.

297 Carile, Partitio, p. 218.

298 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 83.

299 Gautier, Pantocrator, p. 123 ; CARILE, Partitio, p. 219.

300 Alexiade I, p. 161.

301 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 627.

302 Villehardouin II, § 266, p. 74.

303 N. D. Chiabaras, ‘Ανέκδοτα μολυβδόβουλλα, JIAN 12, 1910, p. 151 et sceau inédit des Méchitaristes de Vienne, d’après le fichier de V. Laurent.

304 MM IV, p. 96. Le texte porte Ἀρίβη, mais il faut lire Ariébès ; il était proèdre et primicier.

305 Tafel Thomas, Urkunden I, p. 279. Le chrysobulle de 1198 évoque les biens détenus dans la province de Nicopolis par les parents de l’empereur, entre autres les sébastocrators dont sans doute le père de Michel et les Césars.

306 Carile, Partitio, p. 224.

307 Ibid., p. 219.

308 Eustathe De Thessalonique, Espugnazione, p. 46 : Théodore Maurozômès était natif du Péloponnèse.

309 Alexis Branas, né à Andrinople, résidait à Constantinople au moment de sa révolte en 1187 ; et même lorsqu’il se rebella, il laissa son épouse dans son palais, Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 388.

310 Carile, Partitio, p. 219.

311 . Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 225.

312 Ces familles pouvaient exister bien avant que les textes ne nous les fassent connaître. Ainsi des sceaux de Maggaphas remontent au xie siècle, Cheynet, Philadelphie, p. 45. Le sceau inédit d’un Kaloeidas est daté par V. Laurent du xe siècle (sceau Fogg n° 1610).

313 Cf. f. d. n° 168 et n° 213.

314 MM IV, p. 62. Ce document a été daté de 1133 par Ahrweiler, Smyrne, p. 128. Sur les familles de la région de Smyrne installées avant 1204, ibid., p. 167-168.

315 Les Kastamonitai furent apparentés aux Anges dans la seconde moitié du xiie siècle, car la mère d’Isaac II et d’Alexis III était une Kastamonitissa, Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 282. La fortune de cette famille est donc postérieure à la date du document cité.

316 MM IV, p. 320, 321.

317 Ibid., p. 305.

318 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 638.

319 Chômatianos, col. 90. Un autre Daimonoïôannès fut ultérieurement archonte à Monemvasie, Chronique de M orée, vers 2946. En 1233, Nicolas Daimonoïôannès négociait en Crète sa soumission à Venise, Tafel Thomas, Urkunden II, p. 312-313.

320 Cf. f. d. n° 219, η. 1.

321 Constantin Mélissènos était en 1165 1166 modeste grammatikos de l’évêché de Nauplie, Kleinchroniken, n° 32 §4.

322 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 605.

323 Ibid., p. 611 ; sur les autres Sgouroi, cf. f. d. n° 198, note 3.

324 Ibid., p. 605, 636.

325 Ibid., p. 58.

326 Basile Sikountènos, magistre, était déjà établi dans cette ville en 1112, Docheiariou, acte n° 3. Léon Sikountènos y fit bâtir un palais dont les murs étaient-illustrés par les exploits de l’empereur Manuel, Markianos 524, p. 29.

327 Antonin, Ο drevnih hristianskih nadpisjah ν Afinah, Saint Pétersbourg 1894, Inscriptions des Propylées n° 11. L’éditeur a transcrit Σατωρειανοῦ, mais le fac similé permet de rétablir Αὐτωρειανοῦ (en 1154).

328 Michel Chômâtes II, p. 292 et 301. Dèmètrios Makrembolitès, né à Athènes, vint ensuite à Thèbes car il avait épousé la fille de Kopsènos, originaire de cette ville (le patronyme était déjà attesté à Thèbes au début du xiie siècle : NESBITT, Confraternity, p. 366). Une branche des Makrembolitai vivait toujours dans la capitale, puisque Chômatianos rappelait, lors d’un procès concernant Théodore Makrembolitès, que sa patrie était Constantinople, qu’il avait dû quitter en raison de l’occupation latine (Chômatianos, col. 228).

329 -Le jeune Théophylacte Bélissariôtès décéda dans cette ville, Michel Chômâtes I, p. 199. Michel Chôniatès écrivit de nombreuses lettres au sébaste Georges, son neveu, dont le fils fut tué par Sgouros, IDEM II, p. 163.

330 Apokaukos, Byzantinisch neugriechische Jahrbücher XXI, 1971-1976, p. 59.

331 Chômatianos, col. 350.

332 Polemis, Doukai, p. 92.

333 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 639. Nicétas ne cite pas le patronyme, mais il s’agissait bien du César Gabalas. Voir f. d. n° 214 n. 2.

© Éditions de la Sorbonne, 1996

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