Version classiqueVersion mobile

Pouvoir et contestations à Byzance (963-1210)

 | 
Jean-Claude Cheynet

Première partie. Les révoltes. Documentation

Pratique de la révolte à Byzance, du xe au xiiie siècle

Texte intégral

1La lecture de nos fiches documentaires ne nous autorise pas à fournir dès maintenant une explication politique des mouvements de rébellion, mais elle permet de déterminer les conduites à respecter pour la réussite d’un tel mouvement. Ces règles différaient selon le type de révolte, grande campagne visant Constantinople, complot palatin, ou simple agitation périphérique.

  • 1 L’énorme fortune de Jean Tzimiskès constitue un exemple typique; elle provenait pour une part de l (...)

2La conquête du pouvoir peut être techniquement considérée comme une entreprise susceptible de dégager un profit pour qui y participe. Au rebelle, la prise du pouvoir suprême suffit comme récompense ; pour ses partisans, l’assurance de mettre la main sur la principale source de revenus, ceux qui étaient attachés aux charges publiques et aux dignités élevées, représente l’incitation majeure à soutenir leur chef1. Aussi à chaque stade d’évolution de la sédition, les partisans pesaient-ils avantages et inconvénients à poursuivre l’entreprise en fonction de ses chances de succès.

  • 2 Psellos, Chronographie II, p. 86, emploie le terme ἀκριβές qui implique moins, nous semble-t-il, l (...)

3La réussite supposait le respect d’un certain nombre de principes initiaux : la capacité à mobiliser les solidarités de la société byzantine qu’il conviendra de décrire ultérieurement, la possibilité de réunir hommes et moyens indispensables, l’habileté à négocier les ralliements et à éviter les désertions, à terminer enfin une révolte avant qu’il ne fût trop tard. L’inquiétude d’Isaac Comnène s’apprêtant à lutter contre Michel VI se comprend alors, car "c’était la première fois qu’il faisait une telle entreprise, qui exige de la minutie dans la préparation"2. De fait, à observer la liste des révoltés, chaque fois qu’un nom apparaît pour la première fois, la rébellion s’est soldée la plupart du temps par un échec. Par chance pour Isaac Comnène, son parent Nicéphore avait déjà inauguré une première tentative - malheureuse - de la famille Comnène.

La mise en place du complot

  • 3 La liste des principaux protagonistes qui se dégage de nos fiches documentaires et des tableaux gé (...)
  • 4 Psellos, Chronographie 1, p. 122.
  • 5 Ibid. Il, p. 135.

4Pour tout prétendant à l’Empire, entre le xe siècle et le début du xiiie siècle, l’indispensable condition initiale était l’appartenance à une bonne souche (l’εὐγένεια) et à partir du xiie siècle, à la seule famille impériale3. Au xie siècle s’étaient détachées, au sommet de l’aristocratie, des personnalités que l’opinion publique jugeait susceptibles de prétendre à l’Empire. Constantin Dalassènos était du nombre ; aussi l’empereur Michel IV préféra-t-il le tenir enfermé, et Michel V pour la même raison le fit tonsurer4. Bien avant d’obtenir le trône, Constantin Doukas jouissait aussi de la faveur populaire qui le comptait parmi ceux destinés au pouvoir suprême5.

  • 6 Ibid. II, p. 14.
  • 7 Ibid. II, p. 86.

5Cette sélection très étroite des prétendants s’expliquait par l’aptitude d’un illustre génos à mobiliser une nombreuse parenté et des domesticités abondantes. Or les généraux byzantins, presque tous issus de ce type de familles, faisaient jouer en outre les solidarités qui s’exerçaient dans le cadre de l’armée. Les civils n’avaient d’autre choix que de comploter secrètement ou d’apporter leur participation à une entreprise dirigée de fait par un stratège. Inversement, aucune révolte d’envergure ne se développait sans l’appui d’un chef illustre. Au printemps 1047, la faction macédonienne de l’armée ne s’était pas ouvertement révoltée, faute d’un meneur6. Quelques années plus tard, le mécontentement de l’armée demeurait larvé, car les militaires cherchaient un candidat digne du pouvoir et désireux de le conquérir. Aussi accoururent-ils tous auprès d’Isaac Comnène dont ils n’avaient osé espérer qu’il prendrait leur tête7.

  • 8 Skylïtzès, p. 490.

6Une fois le prétendant décidé à agir, il lui fallait rassembler les siens, c’est- à-dire prendre les premiers risques. Il commençait par dévoiler ses intentions à ses parents, ensuite à sa "maison" puisqu’en armant ses serviteurs et ses familiers, il se constituait un embryon de force armée. Katakalôn Kékauménos en 1057, craignant d’avoir trop tôt découvert ses intentions de rébellion contre Michel VI dans la lettre envoyée au logothète du drome Nicétas Xylinitès, et ne disposant pas lui-même de soldats, assura sa sécurité en révélant le complot à ses parents et amis et réunit une première troupe de quelques milliers d’hommes8.

  • 9 Alexiade III, p. 90-91 ; Conseils et Récits, p. 274 : Kékauménos conseille à l’empereur de se méfi (...)

7À mesure qu’augmentait le nombre des complices, la tentation des premières trahisons s’accroissait. Si dans l’ensemble les serviteurs restaient fidèles à leur maître qu’il était de leur intérêt de voir réussir, il y eut des exceptions. Certaines dénonciations mal fondées ruinèrent des personnages de premier plan, en fait fidèles9.

  • 10 Skylitzès, p. 316.
  • 11 Attaleiatès, p. 23.
  • 12 Constantin Dalassènos, Constantin Doukas, Roussel de Bailleul, les frères Anémai, etc... avaient f (...)
  • 13 Constantin IX, dépourvu de forces pour combattre Léon Tornikios, recourut au même procédé, vidant (...)

8Ayant réuni les siens, l’aspirant rebelle élargissait le cercle de ses appuis en contactant ceux qui lui semblaient partager ses intentions, comme le firent les généraux hostiles à Michel VI ou plus tard à Michel VII. Bien entendu, vivaient à Constantinople ou dans les provinces des stratiotes ayant achevé leur service, prêts à soutenir n’importe quel fauteur de troubles. Les amateurs de désordre vinrent ainsi rallier Bardas Sklèros et renforcèrent ses troupes10. En 1047 Léon Tornikios s’appuya lui aussi sur des militaires récemment démobilisés11. Les prisons, à Constantinople en particulier, abritaient de nombreux détenus dont des militaires12, et toute tentative de révolte dans la capitale était précédée par l’ouverture des prisons et l’enrôlement des prisonniers13. Ce recrutement gonflait numériquement les troupes de l’agitateur, mais sans grande efficacité.

Les moyens de la sécurité

  • 14 Conseils et Récits, p. 228
  • 15 Svoronos, Serment, p. 111-125. Rappelons à titre d’exemple que Constantin X, avant de mourir en la (...)

9Il fallait ensuite assurer par des liens irréfragables la confiance mutuelle des conjurés. En dépit des paroles du Christ, que rappelle Kékauménos14, désapprouvant le serment, même juste, la prestation d’un serment demeurait l’arme essentielle pour s’assurer la pistis d’un associé. Les empereurs eux-mêmes en usèrent fréquemment dans des situations difficiles, régences, menaces de la part d’une rébellion, ou assurance d’une fidélité jugée douteuse15.

  • 16 Alexiade II, p. 154. Grégoire Gabras cherchait des complices pour s’échapper de Constantinople ; c (...)
  • 17 Léon Diacre, p. 120; Skylitzès, p. 336; Zônaras, p. 552.
  • 18 Skylitzès, p. 322.
  • 19 Psellos, Chronographie II, p. 28.
  • 20 Skylitzès, p. 487; Aristakès de Lastivert, p. 95.
  • 21 Bryennios, p. 217: Jean Bryennios, frère de Nicéphore, avait rencontré à Constantinople Basilakios (...)
  • 22 Ibid., p. 264.
  • 23 Alexiade I, p. 73-74. Alexis se lia par serment réciproque avec Grégoire Pakourianos, puis avec Hu (...)
  • 24 Alexiade II, p. 174.
  • 25 Psellos, Chronographie II, p. 28 : τὴν ἐπί τοὺς ὅρκους πίστιν οὐ διεψεύσατο.
  • 26 Attaleiatès, p. 263-264: παραβάται τῶν ὅρκων καὶ τῶν συνθηκῶν.
  • 27 Skylitzès, p. 316.
  • 28 Attaleiatès, p. 98.

10Les conjurés, avant toute action, prêtaient un serment de fidélité à leur chef, qui à son tour s’engageait à mener l’entreprise à son terme. Ces promesses mutuelles précédaient nécessairement tout mouvement16, et elles sont attestées pour les révoltes de Bardas Phocas en 97217, Bardas Sklèros18, Léon Tornikios19, Isaac Comnène20, Nicéphore Bryennios21, Nicéphore Botaneiatès22, Alexis Comnène23, Nicéphore Diogénès24. Ces garanties se révélaient parfois insuffisantes, puisque des conjurés se ralliaient tout de même à l’empereur : Tornikios fut abandonné de tous, sauf de Jean Batatzès qui “faisant passer tout au second plan ne démentit pas la foi donnée”25. Psellos laisse percer son admiration pour la fidélité dont fit preuve Batatzès, semblable à un héros de l’Antiquité, alors qu’en fait il avait été l’un des plus redoutables ennemis de Monomaque. Nicéphore Botaneiatès ne put retenir deux de ses généraux qui renoncèrent à le suivre dans une entreprise qu’ils jugeaient vouée à l’échec, en dépit des serments et des accords passés avec lui26. Les conjurés, au même titre que les empereurs, s’attachaient aussi les troupes étrangères qu’ils pouvaient recruter par des serments, et bien plus sûrement par la promesse de récompenses substantielles. Bardas Sklèros reçut la fidélité des émirs d’Amida et de Martyropolis, puis renforça ces liens nouveaux par ceux de la parenté27. Romain Diogénès avait conclu des traités avec les Sauromates du Danube, qu’il voulait confirmer par un serment écrit28. Les exemples comparables sont nombreux.

11Pour disposer d’une plus grande liberté d’action, les rebelles en puissance devaient assurer la sécurité de leurs proches parents sur lesquels auraient pu s’exercer des représailles. Il leur fallait donc les soustraire à la surveillance impériale et s’assurer un refuge en cas d’échec.

  • 29 Skylitzès, p. 315; Zônaras, p. 540.
  • 30 Alexiade II, p. 153.
  • 31 Skylitzès, p. 335.

12Bien des rejetons des grandes familles de l’Empire vivaient à Constantinople, soit que leur présence à la cour impériale leur permît de bénéficier des largesses du souverain, soit que les empereurs eux-mêmes aient souhaité, sinon exigé leur présence, comme de véritables otages, ne les traitant pas différemment des fils de princes étrangers emmenés par l’empereur pour garantir le comportement pacifique de leur père. Bardas Sklèros prit la précaution de faire ramener par l’un de ses fidèles, Anthès Alyatès, son fils Romain de la cour de Basile II, signe précurseur de la révolte29. L’empereur ne se trompait point sur l’interprétation de tels départs. Le retour de Théodore Gabras vers Trébizonde avec son fils Grégoire, pourtant destiné à épouser une princesse Comnène, parut signifier à Alexis I l’imminence d’une rébellion30. Inversement, lorsque Romain Sklèros revint volontairement à la cour impériale, Basile II prévoyait que le père cesserait d’être son adversaire intransigeant31.

  • 32 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 245.
  • 33 Léon Diacre, p. 46.
  • 34 Alexiade I, p. 77-79.
  • 35 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 233.

13En dernier recours, les lieux d’asile servaient de sauvegarde au rebelle et à ses parents. Les palais n’assuraient pas un refuge durable, à peine le bref délai qui leur permettrait de prendre la fuite. En 1182, Andronic Ange et ses fils échappèrent par une courte résistance dans leur palais à la vengeance du protosébaste Alexis32. En revanche, les lieux d’asile, églises et monastères, nombreux dans la capitale, méritaient le respect, surtout Sainte-Sophie à proximité immédiate de la résidence du patriarche. En 963, Bardas Phocas, apprenant le soulèvement militaire mené par son fils Nicéphore, entra dans Sainte-Sophie pour échapper aux représailles exercées par le parakoimomène Bringas et il n’en sortit pas avant l’entrée victorieuse de Nicéphore dans la capitale33. En 1081, lorsqu’Anne Dalassènè, en compagnie de sa belle-fille, l’épouse d’Isaac Comnène, eut appris la fuite de ses fils, elle réussit à gagner Sainte-Sophie et ne consentit à en sortir qu’après avoir reçu les garanties les plus solennelles, une croix de l’empereur assez grande pour être visible par tous, sans qu’on osât employer la force contre elle34. Tout à fait exceptionnellement, Sainte-Sophie tint lieu de véritable forteresse car la disposition des lieux s’y prêtait dans une certaine mesure ; Marie la Porphyrogénète et Rénier de Montferrat, son époux, s’y enfermèrent pour résister aux troupes du protosébaste Alexis Comnène en 1182, établirent des gardes aux portes et transformèrent la maison de prière en un “repaire de brigands”, un château fortifié inexpugnable et un camp militaire35.

  • 36 Psellos, Chronographie I, p. 111-112.
  • 37 Attaleiatès, p. 29.

14Si le droit d’asile sauva bien des conjurés, le sort des vaincus fut souvent plus malheureux, surtout en province où les autorités religieuses avaient moins de poids qu’à Constantinople. Même dans la capitale, l’empereur déchu Michel V et son oncle, le nobélissime Constantin, furent arrachés à la table d’autel de l’église du Stoudios, pour être aveuglés peu après36. Léon Tornikios et Jean Batatzès, réfugiés dans l’église de Bulgarophygon, subirent le même sort, le jour de Noël 104737.

  • 38 Léon Diacre, p. 122.

15En province, mieux valait détenir une forteresse - en principe une forteresse publique ou une ville fortifiée. Elle assurait une triple fonction, la protection des parents non combattants, la sécurité des biens les plus précieux, le repli en cas de défaite afin de négocier les meilleures conditions de reddition, à condition d’y avoir par précaution déposé un ravitaillement abondant38. Bardas Phocas contrôla ainsi Tyranna en 971, Bardas Sklèros Harput en 976 ou Isaac Comnène Pimolissa en 1057.

La propagande

  • 39 Skylitzès, p. 316-317.
  • 40 Vie de Lazare le Galésiote, p. 540, § 105.

16Après avoir au mieux assuré sa sécurité, il restait à galvaniser le moral des partisans, en particulier des gens simples, par une habile propagande. Elle se réduisait souvent à des rumeurs d’oracles favorables à l’usurpateur, auquel était promise la réussite, prononcés de préférence par des personnalités religieuses réputées pour leur vertu. Nos fiches documentaires montrent la présence quasi constante de tels signes, même si leur explication restait parfois délicate : ainsi lorsque Bardas Sklèros interpréta favorablement un message trompeur39. Lorsque les prédictions faisaient défaut, elles étaient sollicitées ; en témoigne l’anecdote rapportée dans la Vie de Lazare le Galésiote, à propos de Constantin Barys. Le saint avait prévu la chute de Michel V, et prouvé la qualité de son don de prophétie. Comme Constantin Barys, alors exilé par Constantin Monomaque, songeait à l’Empire, il envoya vers Lazare un compagnon sûr, pourvu d’une grosse bourse, d’un scaramange et d’une lettre de son maître priant le saint de lui annoncer s’il obtiendrait le pouvoir impérial. Lazare sut refuser les cadeaux et la prédiction attendue, et lorsque Barys échoua dans sa tentative, perdant même la langue, la sagesse du moine fit l’admiration de chacun40.

  • 41 Eustathe de Thessalonique, Espugnazione, p. 60.

17Les oracles ou les arguments avancés par les rebelles ne furent pas toujours persuasifs. Lorsqu’Alexis Sikountènos présenta un Pseudo-Alexis Comnène, il rallia bien la masse du peuple qui croyait voir en lui le fils de l’empereur Manuel, mais les notables, s’ils le suivaient également, savaient parfaitement que le vrai fils de Manuel avait été assassiné par son cousin Andronic41.

L’occasion favorable

  • 42 Beck, Sénat, p. 44-45.
  • 43 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 344-345
  • 44 Mésaritès, Palaslrevolution, p. 41-42

18Parvenu à ce stade de préparation, le rebelle choisissait l’occasion la plus favorable pour passer à l’action. À Constantinople, la présence de l’empereur aurait dû dissuader toute manifestation d’hostilité, mais le soulèvement contre Michel V dément cette loi habituellement respectée. Spontanée, cette révolte fut aussi la plus sanglante puisque trois mille habitants y laissèrent leur vie et la rapidité de sa réussite stupéfia les contemporains. Dans sa ville, l’empereur ne courait de risques que lors des processions solennelles quand une δυσφημία éclatait soudainement, mais si Constantin Monomaque faillit être renversé dans de telles circonstances, jamais ces troubles n’abattirent l’empereur42. Le danger culminait lorsqu’il s’éloignait de la capitale pour gagner un palais de la banlieue : il sortait alors escorté d’une grande partie de la garde impériale, notamment des Varanges, aussi les effectifs laissés à la garde du Grand Palais en étaient-ils allégés d’autant. En 1185 Andronic Comnène se laissa surprendre par l’émeute populaire qui porta au pouvoir Isaac Ange43. En 1201, Jean Comnène le Gros crut au retour de circonstances aussi favorables quand Alexis III Ange et ses proches séjournaient, accompagnés des Varanges, à quelque distance de la Ville44.

  • 45 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 450-451.

19En province se présentaient des opportunités plus variées. Les rebelles profitaient d’une défaite impériale, tels Bardas Phocas en 976 après que Basile II eut été battu par les Bulgares de Samuel, ou bien le César Jean Doukas en 1071 après la déconfiture de Romain IV à Mantzikert ; d’autres révoltés exploitaient l’éloignement aux frontières des armées byzantines, comme Léon Tornikios en 1047. La meilleure chance cependant était d’obtenir le commandement de la principale armée de campagne, ce qui arriva, avec des fortunes diverses, à Nicéphore Phocas en 963, Kônstantios Doukas en 1079, Alexis Comnène en 1081, Alexis Branas en 1187. Le plus beau coup fut l’oeuvre d’Alexis Ange qui en 1195 parvint à rallier les officiers commandant la grande armée réunie par son propre frère Isaac et à l’éliminer alors que ce dernier s’était éloigné pour s’adonner à la chasse45. D’autres enfin tirèrent avantage d’être établis à la périphérie de l’Empire, ce qui retardait la réaction impériale et favorisait les alliances avec les puissances étrangères voisines, tels Bardas Sklèros en 976 et surtout les rebelles qui prirent la tête d’un mouvement de dissidence dont l’ambition ne dépassait pas le contrôle d’une ou deux provinces de l’Empire, Gabras à Trébizonde, Philarète Brachamios en Cilicie au xie siècle, Maggaphas à Philadelphie, Alexis Comnène à Trébizonde encore, au tournant des xiie et xiiie siècles.

  • 46 Kaegi, Unrest, p. 320.

20D’une manière générale, la présence d’importantes forces militaires favorisait les rébellions et explique leur floraison aux régions frontières de l’Empire, plutôt que dans les provinces démilitarisées au xie siècle, situées au coeur des pays byzantins, où les forces de police à la disposition des stratèges locaux devaient être alors fort modestes. Le phénomène n’est pas nouveau et W. Kaegi a déjà noté, dans son étude sur les troubles militaires entre le viie siècle et le ixe siècle, que les mobilisations de troupes nombreuses étaient particulièrement génératrices de troubles46.

Le difficile financement

21Une fois la révolte devenue patente, les rebelles devaient rapidement accroître leurs forces pour faire face à la riposte des armées impériales. Pour recruter des soldats, l’argent sous forme monnayée leur était indispensable ; l’acquisition et la réunion de ressources financières devenaient absolument prioritaires. Pour rallier les notables, la distribution des dignités et des fonctions et la promesse de rogai abondantes ultérieurement suffisaient la plupart du temps.

  • 47 Psellos, Chronographie I, p. 4: Σκληρòς... πλοῦτον τε περιβεβλημένος, μέγα ἀρκοῦντα τυράννῳ.
  • 48 Alexiade III, p. 69.

22Dès l’origine, les disponibilités transformables en liquidités étaient mises en commun par les révoltés, à commencer par leur chef dont la richesse personnelle était gage de réussite, comme le souligne Psellos à propos de Bardas Sklèros : “il disposait de grandes ressources, moyen puissant pour qui vise le pouvoir”47. Bien sûr l’opulence par elle-même n’assurait pas le pouvoir et la mésaventure du fort riche Jean Solomôn le prouve ; Michel Anémas, véritable chef du complot, lui avait promis qu’il serait le futur empereur, afin d’obtenir sa participation, et surtout de disposer de son patrimoine48.

  • 49 Každan, Structures de la classe dominante, p. 228-229 d’après le compte-rendu d’Irène Sorlin, p. 3 (...)

23La fortune des grands se composait de biens fonciers et de trésors thésaurisés, numéraire, bijoux, tissus de soie ; leur part respective reste sujette à discussion, encore que nous pensions, comme Kazhdan, que la part des biens mobiliers a dû l’emporter sur celle des biens immeubles49. Ceux-ci étaient de peu d’utilité pour attirer de nouveaux partisans. Même les plus grands propriétaires fonciers de l’Empire, les Phocas ou les Sklèroi, cherchèrent immédiatement à augmenter leurs ressources en numéraire. Cependant la richesse foncière fondait l’enracinement en province d’une lignée, lui permettant alors de créer les solidarités de familles, les liens de “service” et les fraternités militaires, efficaces précisément pour mener à bien une révolte.

  • 50 Alexiade I, p. 81.

24Georges Paléologue, avant de rejoindre ses parents Comnènes au printemps 1081, prit donc soin d’emporter toute sa richesse transportable qu’il conservait au monastère du Kosmidion ; il la chargea sur les bêtes de somme des moines, ce qui laisse entendre qu’il avait joint au numéraire toutes sortes d’objets précieux50.

  • 51 Attaleiatès, p. 262. Bryennios récupéra par la suite ce tribut sur les habitants d’Andrinople.
  • 52 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 533.
  • 53 Sur la fortune de l’aristocratie, voir J-C. Cheynet, Fortune et puissance des grandes familles (xe(...)
  • 54 Les chefs croisés furent encore éblouis par la richesse des palais aristocratiques de Constantinop (...)

25L’estimation quantitative de la richesse mobilière de la haute aristocratie nous échappe largement, parce que les testaments dont nous disposons sont tous partiels. Lorsqu’en 1077 les Petchénègues assiégèrent Andrinople, Nicéphore Bryennios et les membres de sa proche famille prélevèrent sur leur fortune personnelle vingt talents afin d’acheter le départ des barbares51. Un siècle après, Manuel Kamytzès, prôtostratôr d’Alexis III Ange, son cousin, capturé par le Bulgare Ibankos, demanda à l’empereur de prélever sur sa fortune personnelle les deux centenaires d’or, soit quatorze mille quatre cents nomismata, exigés pour sa rançon. Nicétas Chôniatès qui rapporte l’événement, ajoute que la vaisselle d’or, les tissus de soie, les vêtements de Kamytzès représentaient plusieurs fois cette somme52. Estimer la fortune mobilière de Kamytzès à dix ou douze centenaires au moins ne semble pas excessif. Sans doute était-il parmi ses contemporains le mieux pourvu de ce type de biens pour lesquels il marquait une nette prédilection. Sa seule fortune aurait suffi à lever une armée53. La richesse des individus, notamment des proches de l’empereur, contrastait vivement avec l’indigence de l’État à cette date54.

  • 55 Skylitzès, p. 316.
  • 56 Ibid., p. 319.
  • 57 Psellos, Chronographie II, p. 86-87.·

26Quelle que fût l’importance des ressources personnelles du rebelle et de ses proches, ce dernier les augmentait encore en se substituant à l’État pour prélever l’impôt, seule ressource qui suffit à lever et entretenir durablement des armées. Bardas Sklèros, pourtant si fortuné, intercepta dès le début de sa rébellion les percepteurs, ce qui affaiblissait d’autant les forces de l’empereur, puis il leva l’impôt pour son propre compte et demanda aux riches une contribution exceptionnelle, que certains acceptèrent librement de payer, tandis que d’autres y furent contraints55. Sklèros, au lendemain d’une victoire, s’empressa de collecter de l’argent à Tzamandos qui lui avait ouvert ses portes56. Tous les usurpateurs qui menèrent une révolte assez durable suivirent ce schéma d’action. Isaac Comnène en 1057, sachant lui aussi “qu’avant toutes choses, il faut beaucoup d’argent pour un corps de troupes”, bloqua toutes les routes menant à la capitale puis perçut les impôts de l’État avec un soin particulier, en établissant des percepteurs diligents et en inscrivant tout sur les registres57.

  • 58 Bryennios, p. 183.
  • 59 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 250.
  • 60 Ibid., p. 386.

27Pour contrecarrer les entreprises de l’adversaire, l’empereur disposait toujours du trésor impérial, arme considérable, qui lui permettait en très peu de temps de susciter une armée nouvelle. Basile II obtint six mille mercenaires russes face à Phocas ; Constantin IX en 1047, Isaac II Ange en 1187 réunirent en quelques jours une troupe pour s’opposer aux assiégeants de Constantinople. Sans doute l’armée rassemblée par Monomaque fut-elle submergée par les troupes de Tornikios, mais celle d’Isaac II dispersa les soldats d’Alexis Branas. La condition de la réussite impériale résidait dans le paiement effectif de la solde promise, sinon les mercenaires s’égaillaient, comme les six mille Alains appelés par Michel VII Doukas58. Un siècle plus tard, Nicétas Chôniatès accusait le protosébaste Alexis Comnène d’avoir négligé sa défense, soulignant qu’il avait tout le nécessaire à sa disposition dans les trésors impériaux et qu’il aurait pu empêcher le succès d’Andronic Comnène59. Quelques années après cependant, Isaac Ange dut en bonne part son salut à la fortune que Manuel Kamytzès, évoqué plus haut, mettait à sa disposition par haine d’Alexis Branas, l’adversaire de l’empereur60. Il n’est pas de meilleur symbole de la dégradation rapide du pouvoir impérial.

La pression sur les indécis et sur les adversaires

  • 61 Skylitzès, p. 490-491.
  • 62 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 291.

28Dans la phase préparatoire de la rébellion, le futur révolté devait parfois s’efforcer, dans un premier temps, de rallier par la ruse, et non pas par la force, les indécis et les réticents. Katakalôn Kékauménos en 1057, avec la seule troupe de ses parents et de ses proches, sonda au préalable les intentions des personnages qu’il ne jugeait pas sûrs, d’abord les plus célèbres et les plus courageux. Constatant qu’il ne pouvait rallier les plus éminents, il contrefit des lettres impériales ; elles lui permirent de mobiliser cinq tagmata sous prétexte de lutter contre le Turc Samouch qui troublait alors la frontière orientale de l’Empire. La mobilisation accomplie, il fit l’appel quotidien pour se rendre familier à ses soldats, puis convoqua le chef d’un tagma en lui donnant le choix de se rallier au complot qu’il révélait ou d’être exécuté. Par ces méthodes persuasives, il fit prêter serment par tous, favorables ou non, en faveur d’Isaac Comnène. Puis il utilisa les tagmata byzantins ainsi ralliés pour faire pression sur les tagmata â’ethnikoi ; fort de toutes ces troupes, il rejoignit alors Isaac Comnène61. En 1183, un autre Isaac Comnène débarqua en Chypre ; lui aussi contrefit des lettres impériales prétendant le nommer gouverneur de l’île ; il put ainsi se faire obéir des troupes et des fonctionnaires locaux avant de révéler ses intentions séparatistes62.

  • 63 Léon Diacre, p. 114.
  • 64 Aristakès de Lastivert, p. 43; Matthieu d’Édesse, p. 76.
  • 65 Attaleiatès, p 249.
  • 66 Mauropous (p. 183) ne manqua pas de stigmatiser ce comportement.
  • 67 Carbone, p. 160.

29Mais lorsque la rébellion, devenue manifeste, s’appuyait sur une force militaire conséquente, la guerre civile prenait les mêmes caractères qu’une guerre contre une puissance étrangère. Les rebelles recouraient à la contrainte pour augmenter leurs ressources en hommes et en richesses et s’attaquaient particulièrement aux puissants, soupçonnés de conserver leur fidélité à l’empereur. Bardas Phocas en 971 parcourut l’Asie, brûlant les domaines de ceux qui refusaient de traiter avec lui et fit un “butin de Mysiens”63. Bien des notables ne se soumirent à Georges Maniakès qu’en raison de leur crainte face au caractère implacable de l’homme64. En 1077 la maison et les biens de Michel Attaleiatès, farouche adversaire de Nicéphore Bryennios, furent saisis par les partisans de ce dernier65. Les personnes n’étaient pas épargnées : Léon Tornikios n’hésita pas à enrôler de force, à torturer ses victimes afin de leur faire avouer où elles cachaient leurs richesses, se comportant donc comme un envahisseur étranger66. Aucune province de l’Empire, même à la périphérie, n’échappa à de telles luttes internes. En 1054 le duc d’Italie, Argyros, récompensait Génésios, prêtre à Tarente, en lui attribuant des biens confisqués à d’autres habitants de la ville. Lorsque celle-ci s’était révoltée contre l’empereur, l’ecclésiastique avait en effet conservé sa pis lis douleia envers le duc et ses adversaires s’étaient de ce fait emparés de ses biens et l’avaient exilé67.

  • 68 Atexiade I, p. 83.

30Moins dramatique, la rencontre du César Jean Doukas et du percepteur d’impôts Byzantios illustre la difficulté de garder sa fidélité à l’empereur pour qui était confronté à ses adversaires. Comprenant que Doukas était en train de participer à la rébellion d’Alexis Comnène, Byzantios ne voulut pas lui abandonner ses recettes fiscales, mais, isolé, fut contraint de céder. Bien qu’il n’eût nullement trahi Nicéphore III, il n’osa pas rentrer à Constantinople, craignant d’être emprisonné pour avoir cédé l’argent qu’il transportait ; aussi préféra-t-il à contre-coeur suivre le César68.

  • 69 Bryennios, p. 231.
  • 70 Attaleiatès, p. 247; Skylitzès Continué, p. 173-174.

31Les acclamations en l’honneur du révolté furent, elles aussi, souvent arrachées par la contrainte. Les habitants de Traïanoupolis saluèrent Nicéphore Bryennios une fois que la garnison de la ville, fidèle à Michel VII, eut été surprise par le jeune fils de Bryennios ; ils espéraient ainsi que leur ville serait épargnée69. Les adversaires du rebelle durent donc s’enfuir à l’arrivée de ses troupes ; Michel Attaleiatès, avec son groupe de parents et de serviteurs, quitta Raidestos, acquise à Bryennios, pour rejoindre Constantinople. Autrement il aurait risqué sinon les supplices, du moins l’emprisonnement et peut-être la mort, s’il s’était laissé prendre par ses adversaires. Constantin Théodôrokanos, capturé par les partisans de Bryennios, ne subit pas de châtiment corporel mais fut expulsé et gardé à vue dans une ville de Macédoine où il mourut de manière suspecte70.

  • 71 Attaleiatès, p. 252.
  • 72 Bryennios, p. 247.
  • 73 Alexiade I, p. 79.

32À l’intérieur de la capitale, l’incendie et le pillage des palais des opposants se pratiquaient également. Si les habitants de la capitale refusaient de recevoir les rebelles, ceux-ci attaquaient les biens sis hors les murs. Jean Bryennios n’hésita point, tel un envahisseur bulgare ou scythe, à incendier les maisons et les églises situées entre Saint-Pantéléïmôn et le Sténon71. Lors des événements de 963 ou de 1043 à Constantinople, les partisans de Nicéphore Phocas dans le premier cas, les adversaires de Michel V dans le second, se répandirent par les rues et rasèrent les palais de leurs ennemis, celui notamment du parakoimomène Joseph Bringas en 963, et celui du nobélissime Constantin, oncle et principal soutien de Michel V en 1047. En 1078 encore, beaucoup de hauts fonctionnaires de la capitale hésitaient de nouveau sur la conduite à tenir ; alors les partisans de Botaneiatès, laissés libres d’agir par une erreur de jugement de Michel VII qui sous-estimait la gravité de la situation, "alertèrent les hauts fonctionnaires qui n’avaient pas trempé dans la conspiration et menacèrent de brûler leurs maisons s’ils ne se ralliaient pas à eux ; ils les convoquèrent à Sainte-Sophie, où les uns accoururent de bon gré, les autres avec répugnance"72. Au contraire, Anne Comnène dut reconnaître la sollicitude de Nicéphore III qui veilla à laisser intactes à Constantinople les maisons des Comnènes et des Doukai avec tout ce qu’elles contenaient73.

33Ces luttes urbaines où les demeures des adversaires politiques étaient détruites, n’étaient pas propres au monde byzantin, les villes italiennes connurent également ces pratiques. Dans son acte d’accusation de Cérulaire, Psellos a donné un compte- rendu particulièrement vivant des exactions commises contre tous ceux qui, en 1057, hésitaient à prendre parti pour le patriarche lorsque Michel VI fut renversé. La question de la responsabilité de Cérulaire lors de ces événements est discutable, mais la réalité des faits décrits ne l’est guère, car ils eurent lieu deux ans auparavant, et Psellos ne pouvait rapporter d’allégations mensongères puisque les témoins étaient encore nombreux. Cérulaire, selon lui, avait réuni une bande de brigands sanguinaires, les avait armés puis utilisés pour contraindre les fonctionnaires à le suivre et pousser le reste de la foule à s’insurger. En effet, les gens avaient tendance à rester chez eux en attendant l’issue des événements (τῶν πραττομένων παραχωροῦντες θέῳ).

  • 74 Le terme choisi (πολιορκεῖν) s’emploie habituellement pour le siège des places fortes.
  • 75 Psellos, Scripta minora I, p. 283, 291.

34Quant aux opposants et aux indifférents, leurs maisons devaient être ruinées et rasées jusqu’aux fondations. Des palais furent donc abattus, leurs gardes assiégés74. Certains de ceux-ci furent tués ou blessés à coups d’épées, de haches ou de pioches75.

  • 76 Yahya III, p. 239-240.
  • 77 Skylitzès, p. 492.

35Ces pressions, fort efficaces sur les adversaires politiques, n’avaient pas seulement pour objet de s’emparer de leurs fortunes, mais devaient aussi démoraliser les troupes restées fidèles à l’empereur. Yahya d’Antioche rapporte l’effroi des troupes de Basile II engagées en 1022 dans une dure campagne contre Georges, roi de Géorgie, lorsqu’elles apprirent la révolte menée par Nicéphore Phocas et Nicéphore Xiphias dans le thème des Anatoliques : “beaucoup de ceux qui accompagnaient l’empereur Basile II, apprenant la situation, firent preuve de découragement et décidèrent de fuir vers les révoltés afin de protéger leurs maisons et leurs parents, redoutant de voir les chefs rebelles s’en emparer et en devenir les maîtres”76. En 1057, les soldats de Michel VI, informés de la révolte d’Isaac Comnène et de l’avance de son armée en Asie Mineure, rentrèrent chez eux, de crainte qu’il n’arrivât malheur à leurs femmes et à leurs enfants77.

36Ces rapports de force entre révoltés et fidèles de l’empereur permettent d’expliquer le comportement a priori déconcertant de puissants qui semblent, tantôt sympathiser avec les rebelles, tantôt rallier le camp impérial. Ainsi Michel Bourtzès, d’abord soutien de Basile II, rejoignit les rangs de Bardas Sklèros lorsque ce dernier, vainqueur, poursuivit sa marche vers l’est, menaçant donc le thème des Anatoliques où Bourtzès s’était précisément retiré parce qu’il y avait ses propriétés. Lorsque Bardas Phocas eut été nommé à la tête des armées de Basile II contre ce même Sklèros, la position des impériaux redevint solide au centre de l’Asie Mineure où les Phocas et leurs partisans possédaient leurs principaux biens fonciers. Michel Bourtzès fut donc libre de suivre à nouveau Basile II.

  • 78 Conseils et Récits, p. 260.

37Mais l’aventure de Nikoulitzas, rapportée par Kékauménos, est encore plus suggestive. Nikoulitzas avait prévenu l’empereur Constantin X que l’accroissement de la fiscalité provoquerait un soulèvement en Hellade. Faute d’avoir été écouté par l’empereur, il se trouva contraint par les insurgés eux-mêmes de prendre la direction du mouvement, lui qui avait plusieurs fois tenté de les dissuader d’une telle entreprise. Ses amis lui jurèrent en effet qu’en cas de refus, il serait tué, sa terre pillée et ses serviteurs égorgés ou réduits en esclavage78. Le texte de Kékauménos, plus qu’une simple apologie pour son parent, nous paraît correspondre à une situation réellement rencontrée par les notables d’une province.

  • 79 Psellos, Chronographie II, p. 102.

38Le chef d’une rébellion était incité par ses hommes à poursuivre l’action jusqu’à son terme : Isaac Comnène répugnait à s’engager dans la révolte contre Michel VI, et une fois acquise sa victoire de Nicée, il aurait souhaité déposer les insignes impériaux en négociant avec Michel, mais son entourage ne le lui permit pas79.

  • 80 Tel fut le calcul du prôtostrntôr Manuel Karaytzès, placé par la rébellion d’Alexis Branas en 1187 (...)

39Face à une tentative d’usurpation, le notable byzantin se trouvait toujours placé devant un choix délicat. Ou bien il gardait sa fidélité à l’empereur, mais risquait de perdre ses biens et même ses gens et devait alors parier sur la victoire finale de son favori pour retrouver ou accroître sa fortune, en partie grâce aux confiscations exercées sur les biens des vaincus80. Ou bien, pour sauvegarder ses propriétés, il se soumettait aux fauteurs de troubles ; si ces derniers l’emportaient, il prétendait que son ralliement était vraiment sincère ; mais si l’empereur restait maître du terrain, le notable risquait de voir ses biens confisqués s’il ne le persuadait pas qu’il avait agi sous la contrainte.

40En dehors des chefs mêmes de la rébellion, il était donc difficile pour les empereurs de distinguer parmi les officiers et les soldats de l’usurpateur ses partisans sincères et ceux qui l’avaient suivi contre leur gré. Pour le dirigeant rebelle, la difficulté était analogue, car il devait à tout moment craindre que les enrôlés malgré eux ne désertent son camp à la première occasion favorable. Dès lors, la politique impériale de répression se comprend mieux : les chefs d’une usurpation manquée étaient toujours punis avec sévérité, aveuglés ou exécutés ainsi que leurs proches parents nécessairement solidaires de leurs choix. En revanche, le reste des officiers échappait le plus souvent à tout châtiment et même à la confiscation des biens, faute de pouvoir discerner les vrais opposants des fidèles ou des indifférents contraints de suivre l’usurpateur. Ainsi Michel Bourtzès, en dépit de sa participation à la rébellion si redoutable de Bardas Sklèros, reçut ultérieurement de Basile II le duché d’Antioche, poste de confiance puisqu’il représentait le commandement militaire le plus important de l’Orient byzantin, en dehors bien sûr du domesticat des Scholes d’Orient.

Ralliements et désertions

  • 81 Àttaleiatès, p. 19.
  • 82 Psellos, Chronographie II, p. 24.
  • 83 Skylitzes, p. 318.
  • 84 Ibid., p. 322.
  • 85 Psellos, Chronographie II, p. 27.

41Les premiers combats étaient pour les révoltés d’une importance cruciale, non pas tellement au plan militaire car ils étaient rarement décisifs, mais par leur impact psychologique. Une victoire entraînait immédiatement de nombreux ralliements - sous l’effet de la peur, nous venons de le voir, ou de la conviction que le rebelle avait les moyens de l’emporter et qu’il était temps de le soutenir pour toucher les bénéfices de la participation, après le succès final. À ce moment seulement, le prétendant acquérait éventuellement la supériorité numérique sur les troupes impériales. L’armée du sébastophore Etienne, opposée à Maniakès, commença à acclamer ce dernier comme empereur dès que le rebelle sembla en mesure de l’emporter81 ; mais sa mort suffit à dissoudre instantanément la rébellion. Après la victoire de Tornikios devant la capitale, alors que le sort de Constantin IX paraissait tout à fait désespéré, bien des habitants s’empressèrent de rejoindre le rebelle82. À l’inverse, un échec même partiel représentait pour l’usurpateur une épreuve redoutable, fatale quelquefois. Bardas Sklèros, dont l’un des généraux, Alyatès, avait été battu par l’armée impériale, dut faire face à de nombreuses désertions et prit les mesures les plus sévères pour retenir les siens. Il n’hésita pas à faire égorger son propre hétériarque, qu’il soupçonnait de s’apprêter à déserter, par de fidèles troupes sarrasines83. Il fit crever les yeux, châtiment impérial par excellence, aux frères Hagiozacharitai, ses anciens partisans passés à l’armée du protovestiaire Léon, après qu’il les eut capturés en remportant sa grande victoire contre le général de l’empereur84. L’échec de Tornikios devant Constantinople, puis devant quelques forteresses de Thrace, entraîna la débandade quasi générale de son armée sans qu’aucun nouvel affrontement eût lieu avec les Impériaux85.

  • 86 Bryennios, p. 243 ; Attaleiatès, p. 257.
  • 87 Skylitzès, p. 327.
  • 88 Annales de Bari, p. 56
  • 89 Skylitzès, p. 338-339: Sklèros fort âgé se trouvait dans une situation très particulière puisqu’il (...)

42Pendant les opérations militaires, la diplomatie ne perdait pas ses droits, et tant l’usurpateur que l’empereur en place faisaient assaut de promesses pour débaucher les principaux officiers de l’adversaire. Nicéphore Bryennios aussi bien que Nicéphore Botaneiatès, en dépit du démenti de Michel Attaleiatès, à défaut d’entrer dans Constantinople, avaient secrètement envoyé des chrysobulles rédigés de leur propre main aux plus hauts fonctionnaires de la capitale pour les détacher de l’empereur Michel VII. Le second eut apparemment plus de succès que le premier86. Les empereurs pratiquaient la même politique qu’envers les adversaires extérieurs : tenter de prévenir la guerre en achetant le chef barbare, ou à défaut diviser l’ennemi. L’empereur commençait toujours par essayer de désamorcer le mouvement en apaisant son chef et en lui proposant avant tout combat important un chrysobulle de sympatheia, tel celui porté par Ouranos à Bagdad pour rassurer Bardas Sklèros et ses compagnons87, ou celui que Constantin IX destina à Georges Maniakès88. Cet acte de conciliation reflétait à la fois le souci d’une saine gestion des ressources de l’Empire puisque toute guerre coûtait extrêmement cher, et la nécessité de tenir compte d’une opinion publique qui tolérait mal que soit abondamment versé le sang des Chrétiens. La recherche d’un tel accord se révéla en fait toujours vaine, à l’exception de la reddition de Bardas Sklèros en 989 en échange de la dignité de curopalate, et des négociations entreprises par Alexis Comnène avec son beau-frère Nicéphore Mélissènos89.

  • 90 Léon Diacre, p. 120; Skylitzès, p. 336; Zônaras, p. 552.
  • 91 Ibid., p. 392.

43L’empereur s’attachait donc plutôt à soudoyer les lieutenants et la troupe de l’usurpateur en renchérissant sur les promesses qui leur avaient été faites. Ses généraux disposaient de deux armes aussi redoutables l’une que l’autre, une armée décidée et des chrysobulles prêts à être distribués. Bardas Sklèros pour le compte de Jean Tzimiskès, Léon le protovestiaire pour celui de Basile II, eurent tout pouvoir pour accorder les dignités, l’empereur ayant transféré sur leur personne ce privilège90. Au contraire, Michel VI avait, selon Skylitzès, commis une grave erreur et n’envoyant pas d’ambassadeurs vers Isaac Comnène et ses compagnons alors que l’affaire en était encore à ses débuts91.

  • 92 Léon Diacre, p. 120; Skylitzès, p. 292.
  • 93 Ibid., p. 494.

44Face à cette menace, les usurpateurs cherchèrent à bien protéger leur camr contre d’éventuels émissaires venus de la part de l’empereur distribuer des dignités et des propriétés. Bardas Sklèros révolté redoutait particulièrement l’installation du camp des impériaux à proximité du sien, en raison de ce danger. Il avait gardé le souvenir de la manière dont il avait lui-même réduit la révolte de Bardas Phocas pour le compte de Jean Tzimiskès quelques années auparavant. Il avait en effet réussi à introduire dans le camp de Phocas des espions déguisés en mendiants, pour montrer aux partisans du rebelle les promesses impériales d’aministies et d’offres de dignités ; en cas de refus, ils auraient été traités en ennemis92. Le succès de l’offre fut tel que Sklèros n’eut pas à livrer bataille pour remplir sa mission Avant la sanglante bataille de Nicée en 1057, les soldats d’Isaac Comnène et ceux de Michel VI campèrent non loin les uns des autres ; chacun des deux camps s’efforça de rallier les soldats de l’adversaire, leurs parents et amis. Isaac Comnène jugea plus prudent de restreindre au strict minimum les sorties de ses fourrageurs hors du camp93. Comme nous l’avons dit, le meilleur moment pour de telles opérations de séduction de la part de l’empereur se situait précisément après un échec des rebelles.

  • 94 Isaac, encore inquiet à l’idée de franchir les murailles inviolées de Constantinople, était pourta (...)

45L’empereur cependant ne devait pas trop attendre pour engager des négociations sérieuses car lorsqu’un usurpateur victorieux semblait devoir l’emporter, tous les facteurs qui jusque-là favorisaient l’empereur, les possibilités de promotions et de donations, devenaient alors un atout pour le futur maître de l’Empire. Ultimement, le souverain vaincu offrait à ses adversaires la seconde place dans l’Empire avec la dignité de César et la promesse de la succession au trône, jugée prochaine eu égard à l’âge avancé de l’empereur. Nicéphore III et Michel VI s’y essayèrent, et ce dernier y ajouta vainement la reconnaissance de toutes les donations faites par Isaac Comnène. À cet instant, il était en fait trop tard94.

Les négociations de reddition

  • 95 Skylitzès Continué, p. 153; Attaleiatès, p. 174-175.

46Lorsque la situation du principal rebelle devenait critique, il fallait fuir ou se rendre. La première solution était plus difficile à appliquer qu’il n’y paraît, car le rebelle, après une défaite décisive, perdait tout soutien dans la population, sauf dans le cas des rébellions “ethniques” ; plus grave encore, ceux qui l’avaient trop longtemps soutenu voyaient dans la livraison de leur chef la dernière chance de pardon de la part de l’empereur, à moins d’une exceptionnelle solidarité du groupe, comme celle des conjurés partisans de Bardas Phocas et de Bardas Sklèros. Mais Romain Diogénès, réfugié dans la forteresse d’Adana, fut remis par les siens à Andronic Doukas, en échange de la garantie d’un traitement honorable, promesse qui se révéla illusoire95.

  • 96 Selon les canons, si le coupable était un clerc, il était déposé (G. A. Rhallès-M. Potlès, Σύνταγμ (...)
  • 97 Skylitzès, p. 328. Bardas servait encore Basile II en 1016 lorsqu’il conduisit une flotte vers la (...)
  • 98 Bryennios, p. 281-283.
  • 99 Ibid. p. 295.

47Négocier sa reddition était donc la meilleure issue. Encore fallait-il, pour obtenir des conditions acceptables, qui sauvegardaient l’intégrité de la personne sinon des biens, disposer de quelques atouts, un groupe de soldats d’une fidélité à toute épreuve et une solide forteresse ; un révolté prévoyant, rappelons-le, devait toujours se préserver un tel refuge. Sinon, le châtiment habituel, l’aveuglement ou même l’exécution capitale, devenait inévitable, sauf clémence de l’empereur96. En revanche, une résistance acharnée pouvait permettre à l’insoumis de sauver sa vie ou ses yeux. Christophore et Bardas Doux, lieutenants de Sklèros, continuèrent leur lutte face aux troupes impériales durant plus d’une année après la défaite de leur chef, en s’appuyant sur les forteresses d’Armakourion et de Plateia Pétra ; ils obtinrent finalement une amnistie de Basile II et redevinrent même officiers dans l’armée impériale97. En 1078, Nicéphore Bryennios vaincu, fuyant en compagnie de son fils, lui conseilla de se réfugier à Andrinople avec tous les survivants et de ne point se soumettre avant d’avoir reçu des garanties de la part de Nicéphore Botaneiatès ; le fils s’échappa et gagna cette ville. L’empereur, ayant appris que Basilakios avait à son tour pris les armes contre lui, préféra envoyer des chrysobulles d’amnistie garantissant à chaque officier de l’armée de Bryennios sa dignité et l’intégralité de ses biens98. Une telle mansuétude se révéla un bon calcul, puique les Macédoniens secondèrent Alexis Comnène envoyé contre Nicéphore Basilakios99.

  • 100 Ibid., p. 263.
  • 101 Alexiade I, p. 99.

48La négociation portait exclusivement sur les sûretés personnelles accordées au rebelle et à ses proches. Pour rétablir la confiance, l’empereur désignait de préférence des parents de son adversaire. Aux yeux de ce dernier, un tel choix confortait les promesses de sauvegarde dont ils étaient porteurs, puisque la solidarité familiale interdisait de nuire à ses parents, fussent-ils rebelles à l’autorité. Jean Tzimiskès délégua vers Bardas Phocas, dont il pressentait le désir de se rendre sous d’honorables conditions, Bardas Sklèros, leur parent à tous deux, qui porta à Phocas une lettre de sa soeur Sophie. Nicéphore III Botaneiatès négocia avec Bryennios avant le combat décisif et choisit deux émissaires, l’un phrygien, Romain Straborômanos, chef de l’ambassade en sa qualité de parent du basileus, l’autre, Constantin Choirosphaktès, parce qu’il était apparenté au prétendant100. Nicéphore Botaneiatès, à nouveau en difficulté face aux Comnènes et aux Doukai, envoya dans leur camp son fidèle partisan Nicéphore Paléologue parce qu’il était leur parent par alliance101.

  • 102 Psellos, Chronographie II, p. 171-172.

49À ce stade ultime de la négociation, l’Église et notamment son chef, le patriarche, intervenaient éventuellement. Michel Cérulaire conseilla ainsi à Constantin Monomaque de se montrer clément envers Tornikios et ses partisans. Les ecclésiastiques constituaient en effet de bons garants puisqu’ils ne sauraient, moins que quiconque, se parjurer. Aussi, dans le cas de Diogénès, le non-respect de cette clause fut-il une grave faute, car Dieu ne soutenait plus ceux qui avaient trahi leur parole. L’effort désespéré de Psellos pour disculper les Doukai et tout particulièrement son disciple, l’empereur Michel, lors de l’aveuglement de Diogénès, prouve la force de l’argument102.

50La société byzantine se révélait fort propice aux rébellions, en particulier au cours des xe et xie siècles, car tout notable pouvait trouver son intérêt à y participer. À condition d’être doté d’une bonne capacité de jugement, il gagnait en effet en toutes circonstances. Si l’usurpateur était finalement vainqueur, il bénéficiait des bienfaits accordés aux dépens de l’ancien groupe dirigeant. S’il était vaincu, il lui fallait choisir le moment favorable pour rallier les rangs impériaux et souvent gagner à cette occasion une promotion ou une propriété. Le xiie siècle, jusqu’en 1180 du moins, ne connut pas de grands mouvements de rébellion. En effet, le même jeu ne pouvait réussir dans la mesure où les honneurs et la fortune n’étaient plus distribués aux grandes familles, mais dépendaient seulement de la parenté acquise avec le groupe des Comnèno-Doukai. Les ambitieux avaient intérêt à mener une stratégie matrimoniale, plutôt qu’à faire pression par les armes sur le groupe dirigeant. Seule la dislocation partielle de ce groupe après 1180 rétablit une situation plus favorable aux usurpations, comme au xie siècle.

Notes

1 L’énorme fortune de Jean Tzimiskès constitue un exemple typique; elle provenait pour une part de l’héritage d’une des plus grandes familles orientales, et pour le reste des nombreuses dôréai impériales reçues pour prix de ses exploits, Léon Diacre, p. 99.

2 Psellos, Chronographie II, p. 86, emploie le terme ἀκριβές qui implique moins, nous semble-t-il, la notion de difficulté comme le traduit Renauld, que celle de minutie nécessaire au succès.

3 La liste des principaux protagonistes qui se dégage de nos fiches documentaires et des tableaux généalogiques où ils prennent place dispense d’expliciter davantage ce point.

4 Psellos, Chronographie 1, p. 122.

5 Ibid. Il, p. 135.

6 Ibid. II, p. 14.

7 Ibid. II, p. 86.

8 Skylïtzès, p. 490.

9 Alexiade III, p. 90-91 ; Conseils et Récits, p. 274 : Kékauménos conseille à l’empereur de se méfier particulièrement des sycophantes.

10 Skylitzès, p. 316.

11 Attaleiatès, p. 23.

12 Constantin Dalassènos, Constantin Doukas, Roussel de Bailleul, les frères Anémai, etc... avaient fait un séjour dans les prisons de la capitale.

13 Constantin IX, dépourvu de forces pour combattre Léon Tornikios, recourut au même procédé, vidant les prisons pour renforcer les troupes qui devaient faire une sortie contre le rebelle, Psellos, Chronographie II, p. 23.

14 Conseils et Récits, p. 228

15 Svoronos, Serment, p. 111-125. Rappelons à titre d’exemple que Constantin X, avant de mourir en laissant la régence à sa veuve, avait fait prêter serment de fidélité à ses fils par ses sujets, ou encore que Nicéphore III Botaneiatès, lors de la révolte de Kônstantios Doukas, s’était assuré de la fidélité des gens du Sénat - soit à l’époque des milliers de Constantinopolitains (Attaleiatès, p. 308).

16 Alexiade II, p. 154. Grégoire Gabras cherchait des complices pour s’échapper de Constantinople ; ceux qu’il avait pressentis refusèrent de l’aider s’il ne garantissait point sa résolution par un serment - ce que Grégoire accepta sans difficulté, tant la procédure semblait habituelle.

17 Léon Diacre, p. 120; Skylitzès, p. 336; Zônaras, p. 552.

18 Skylitzès, p. 322.

19 Psellos, Chronographie II, p. 28.

20 Skylitzès, p. 487; Aristakès de Lastivert, p. 95.

21 Bryennios, p. 217: Jean Bryennios, frère de Nicéphore, avait rencontré à Constantinople Basilakios ; mécontents tous deux des récompenses obtenues de Michel VII, ils échangèrent des serments se promettant de garder le secret (Attaleiatès, p. 247), les soldats de Bryennios lui avaient aussi prêté serment.

22 Ibid., p. 264.

23 Alexiade I, p. 73-74. Alexis se lia par serment réciproque avec Grégoire Pakourianos, puis avec Humbertopoulos. Peu de temps après, Jean Doukas, allié d’Alexis, s’attacha par des serments les chefs d’une bande turque, ibid. I, p. 83.

24 Alexiade II, p. 174.

25 Psellos, Chronographie II, p. 28 : τὴν ἐπί τοὺς ὅρκους πίστιν οὐ διεψεύσατο.

26 Attaleiatès, p. 263-264: παραβάται τῶν ὅρκων καὶ τῶν συνθηκῶν.

27 Skylitzès, p. 316.

28 Attaleiatès, p. 98.

29 Skylitzès, p. 315; Zônaras, p. 540.

30 Alexiade II, p. 153.

31 Skylitzès, p. 335.

32 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 245.

33 Léon Diacre, p. 46.

34 Alexiade I, p. 77-79.

35 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 233.

36 Psellos, Chronographie I, p. 111-112.

37 Attaleiatès, p. 29.

38 Léon Diacre, p. 122.

39 Skylitzès, p. 316-317.

40 Vie de Lazare le Galésiote, p. 540, § 105.

41 Eustathe de Thessalonique, Espugnazione, p. 60.

42 Beck, Sénat, p. 44-45.

43 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 344-345

44 Mésaritès, Palaslrevolution, p. 41-42

45 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 450-451.

46 Kaegi, Unrest, p. 320.

47 Psellos, Chronographie I, p. 4: Σκληρòς... πλοῦτον τε περιβεβλημένος, μέγα ἀρκοῦντα τυράννῳ.

48 Alexiade III, p. 69.

49 Každan, Structures de la classe dominante, p. 228-229 d’après le compte-rendu d’Irène Sorlin, p. 376.

50 Alexiade I, p. 81.

51 Attaleiatès, p. 262. Bryennios récupéra par la suite ce tribut sur les habitants d’Andrinople.

52 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 533.

53 Sur la fortune de l’aristocratie, voir J-C. Cheynet, Fortune et puissance des grandes familles (xe-xiie siècles), dans Hommes et richesses II, à paraître. Sur le coût d’une campagne militaire, voir Hendy, Monetary economy, p. 222.

54 Les chefs croisés furent encore éblouis par la richesse des palais aristocratiques de Constantinople qui venait pourtant de subir des sièges, de graves incendies et des troubles importants : “chacun mit garnison de ses gens au château qui lui avait été rendu et fit garder le trésor... Le butin fait fut si grand que personne ne vous en saurait dire le compte: or, argent et vaisselle et pierres précieuses, et satins et vêtements de soie et manteaux de vair, de gris et d’hermine et tous les objets de prix qui furent jamais trouvés sur terre”, (Villehardouin II, p. 53).

55 Skylitzès, p. 316.

56 Ibid., p. 319.

57 Psellos, Chronographie II, p. 86-87.·

58 Bryennios, p. 183.

59 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 250.

60 Ibid., p. 386.

61 Skylitzès, p. 490-491.

62 Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 291.

63 Léon Diacre, p. 114.

64 Aristakès de Lastivert, p. 43; Matthieu d’Édesse, p. 76.

65 Attaleiatès, p 249.

66 Mauropous (p. 183) ne manqua pas de stigmatiser ce comportement.

67 Carbone, p. 160.

68 Atexiade I, p. 83.

69 Bryennios, p. 231.

70 Attaleiatès, p. 247; Skylitzès Continué, p. 173-174.

71 Attaleiatès, p. 252.

72 Bryennios, p. 247.

73 Alexiade I, p. 79.

74 Le terme choisi (πολιορκεῖν) s’emploie habituellement pour le siège des places fortes.

75 Psellos, Scripta minora I, p. 283, 291.

76 Yahya III, p. 239-240.

77 Skylitzès, p. 492.

78 Conseils et Récits, p. 260.

79 Psellos, Chronographie II, p. 102.

80 Tel fut le calcul du prôtostrntôr Manuel Karaytzès, placé par la rébellion d’Alexis Branas en 1187 devant l’alternative suivante: ou bien soutenir son parent Isaac II, lui ouvrant ses coffres bien remplis pour y puiser à volonté ; il obtiendrait ainsi, après la victoire de l’empereur, un complet remboursement augmenté de gratifications à la mesure du péril ; ou bien Manuel refusait son aide, mais il avait la certitude de perdre sa fortune si Branas, son ennemi intime, l’emportait car il la confisquerait à coup sûr (Nicétas Chôniatès, Histoire, p. 386).

81 Àttaleiatès, p. 19.

82 Psellos, Chronographie II, p. 24.

83 Skylitzes, p. 318.

84 Ibid., p. 322.

85 Psellos, Chronographie II, p. 27.

86 Bryennios, p. 243 ; Attaleiatès, p. 257.

87 Skylitzès, p. 327.

88 Annales de Bari, p. 56

89 Skylitzès, p. 338-339: Sklèros fort âgé se trouvait dans une situation très particulière puisqu’il avait repris, sans grand espoir de réussite, le flambeau d’une révolte menée en fait par Bardas Phocas qui le détestait et l’avait fait emprisonner. Alexiade I, p. 93 : Nicéphore Mélissènos s’était révolté contre Nicéphore III en même temps qu’Alexis Comnène ; n’étant pas alors un véritable adversaire de ce dernier, il-put être désintéressé lorsqu’Alexis l’emporta.

90 Léon Diacre, p. 120; Skylitzès, p. 336; Zônaras, p. 552.

91 Ibid., p. 392.

92 Léon Diacre, p. 120; Skylitzès, p. 292.

93 Ibid., p. 494.

94 Isaac, encore inquiet à l’idée de franchir les murailles inviolées de Constantinople, était pourtant prêt à accepter la proposition de Michel VI, mais il craignait à ce point les réactions de ses propres troupes à l’annonce des négociations qu’il préféra les tenir secrètes. Lorsque tout fut terminé, il rendit publics les résultats qui furent acceptés dans la mesure où “chacun fut content de ce qu’il (Isaac) avait pris moins soin de lui-même que de ceux qui s’étaient préoccupés avec lui du pouvoir”, Psellos, Chronographie II, p. 98 et p. 102-105.

95 Skylitzès Continué, p. 153; Attaleiatès, p. 174-175.

96 Selon les canons, si le coupable était un clerc, il était déposé (G. A. Rhallès-M. Potlès, Σύνταγμα τῶν θείων καὶ ἱεῶν κανόνων II, p. 108-109).

97 Skylitzès, p. 328. Bardas servait encore Basile II en 1016 lorsqu’il conduisit une flotte vers la Chazarie.

98 Bryennios, p. 281-283.

99 Ibid. p. 295.

100 Ibid., p. 263.

101 Alexiade I, p. 99.

102 Psellos, Chronographie II, p. 171-172.

© Éditions de la Sorbonne, 1996

Licence OpenEdition Books

Cette publication numérique est issue d’un traitement automatique par reconnaissance optique de caractères.
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search