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Les métamorphoses du déchet

 | 
Grégory Hamez
, 
Martine Tabeaud

La collecte des ordures ménagères à Paris entre 1889 et 1967

Sandrine Glatron et Fabrice Cussac

Résumé

Les données issues des annuaires statistiques de la ville de Paris permettent de dresser une cartographie évolutive de la production urbaine de déchets par arrondissement, entre 1889 et 1967. Cette évolution est à rapprocher de celle des structures et de la sociologie urbaines pour comprendre les transformations qui eurent lieu durant le XXe siècle.

Texte intégral

  • 1 Ces annuaires sont publiés annuellement durant presque un siècle, entre 1880 et 1967. Nous commenç (...)

1Les données que nous nous proposons d’exploiter et de cartographier proviennent des Annuaires statistiques de la ville de Paris. Le premier tableau des ordures ménagères, par mois et arrondissement de Paris, apparaît dans l’Annuaire de 18881. Il nous projette dans une histoire en plein bouleversement : le contexte est alors celui de l’épanouissement de la ville moderne, qui cesse d’être un mouroir, où se développent les idées hygiénistes et s’organisent des services collectifs de plus en plus rationnels permettant d’assurer la salubrité publique : adductions d’eau, égouts et vidanges, et, pour ce qui nous intéresse ici, ramassage et traitement des ordures.

  • 2 Projets d’enlèvement des boues et ordures ménagères de Paris, 1875, par COLAS et MOREL, rapporteur (...)
  • 3 Sur l’histoire de la poubelle et des ordures, on se reportera avec profit à l’ouvrage de Jeanne-Hé (...)

2Dès le milieu des années 1870 commence une réflexion suivie sur l’enlèvement des boues et ordures ménagères2. Elle trouve son aboutissement au milieu des années 1880, avec promulgation par Eugène Poubelle de deux fameux arrêtés préfectoraux sur le ramassage des ordures, les 23 novembre 1883 et 7 mars 1884. Ils instaurent le récipient « normalisé » qui prit le nom du préfet de la Seine et reste encore en usage aujourd’hui3. La toute fin du XIXe siècle représente donc une période charnière dans l’histoire de l’assainissement urbain de Paris. Cette nette amélioration du ramassage des ordures sera complétée par l’instauration du tout-à-l’égout enfin imposé le 10 juillet 1894 par le règlement sanitaire de Belgrand, promulgué en loi.

  • 4 Pour appréhender cette production, dans sa continuité, nous avons converti les données volumétriqu (...)

3Le stade intermédiaire du cheminement des ordures est ici quantifié, celui de leur ramassage sur la voirie et de leur convoyage vers les lieux où elles sont traitées et/ou entreposées. Nous n’avons connaissance que de la quantité de matériaux transportés, exprimée en volume (mètres cubes) jusqu’en 1921, puis en masse (tonnes), ce qui pose la délicate question de la continuité de nos données4. Quelle est la composition de cette production ? Son évolution ? Comment est-elle collectée et quelles en sont les utilisations ? Ce sont là quelques éléments qui transparaissent à travers les données statistiques et les commentaires succincts qui les accompagnent.

Que collecte-t-on dans les rues de la capitale ?

Un doublement du volume d’ordures

4Dans Paris intra-muros, la collecte des ordures ménagères augmente notablement entre 1889 et 1967 (tabl. la et lb, fig. 1), en valeur absolue mais aussi si l’on rapproche cette évolution croissante de celle de la population qui stagne à partir des années 1920 et diminue à partir des années 1960. Pour toutes les données des annuaires, le « creux » de la seconde guerre mondiale est très sensible : la population a fui et les restrictions entraînent une très forte diminution de la masse d’ordures collectées.

Tabl. 1a. L’évolution de la population parisienne entre 1889 et 1967

Tabl. 1a. L’évolution de la population parisienne entre 1889 et 1967

Fig. 1. Évolution corrélative des ordures ménagères et de la population parisienne

Fig. 1. Évolution corrélative des ordures ménagères et de la population parisienne

Tabl. 1b. Évolution de la production d’ordures ménagères entre 1889 et 1967 (en tonnes ou équivalent tonnes)

Tabl. 1b. Évolution de la production d’ordures ménagères entre 1889 et 1967 (en tonnes ou équivalent tonnes)

1. Pour les années 1889, 1899, 1909 et 1919 (chiffres en italiques) les Annuaires nous fournissent des données de cubage des ordures ménagères. Ce n’est qu’à partir de 1921 que l’unité de compte devient la tonne. Pour les années antérieures, nous avons fait l’estimation suivante : à la fin du XIXe siècle, un mètre cube d’ordures pèse 560 kg, suivant les indications proposées par l’ouvrage de Paul VINCEY, sur les gadoues de Paris, pour l’année 1895. Par la suite, la densité a été ramenée à 500 kg par mètre cube, la densité des ordures ayant tendance à diminuer avec l’augmentation des emballages et la réduction des éventuelles boues, suite aux travaux et à la généralisation du tout-à-l’égout.
2. Un seul volume regroupe les années 1938-1941. Le détail de la collecte des ordures ménagères ventilées par quartier ne figure que pour l’année 1941, raison pour laquelle nous avons dû retenir cette année de référence.
3. La dernière ligne du tableau regroupe les « hôpitaux, casernes, cimetières, etc. ». Elle apparaît à la fin des années 1930. La localisation exacte des établissements concernés, à l’intérieur de Paris, n’est pas précisée, d’où notre choix de ne pas prendre cette ligne en compte dans le total. Cependant, elle montre une évolution notable dans la classification des ordures, c’est pourquoi nous la faisons tout de même apparaître.

Que contiennent les ordures ramassées ?

  • 5 Henri SAUVAL, historien, in Histoires et recherches des antiquités de la Ville de Paris, 1724, cit (...)

5Les données statistiques comme le vocabulaire employé pour recenser les ordures enlevées ne nous sont que d’un piètre secours pour reconstituer leur composition. On y parle de boues, gadoues, ordures, immondices, sans plus de précision. À aucun moment n’est utilisé le vocable « déchets », qui n’apparaîtra que plus tard, dénotant une modification de leur statut. Nous en sommes donc réduits aux hypothèses, à compléter par d’autres sources. Se mêlent dans cette boue, sans aucun doute, les détritus liquides et solides. Les témoignages des XVIIIe et XIXe siècles nous en brossent un tableau peu ragoûtant : au début du XVIIIe, « ces boues sont noires, puantes, d’une odeur insupportable aux étrangers, qui pique et se fait sentir 3 ou 4 lieues à la ronde. De plus, cette boue, quand on la laisse sécher sur de l’étoffe, y laisse de si fortes taches qu’on ne saurait les ôter sans emporter la pièce, et ce que je dis des étoffes se doit entendre de tout, parce qu’elle brûle tout ce qu’elle touche, ce qui a donné lieu au proverbe : Il tient comme boue de Paris »5.

  • 6 Plusieurs textes successifs obligent les habitants à « balayer régulièrement tous les jours devant (...)
  • 7 Alphonse L. De la salubrité dans la Ville de Paris, 1826, cité par R.-H. GUERRAND, op. cit., p. 29

6Jusqu’au milieu du XIXe siècle, le fonctionnement urbain est tel que ces ordures comprennent à la fois les détritus des ménages proprement dits et les « productions » des rues. Pour les premiers ce sont les « ordures, immondices de toutes sortes (...) jetées journellement par plus de 200 000 ménages et y [séjournant] plus ou moins de temps. Les résidus des objets de fabriques viennent augmenter ces amas6. Les chevaux, les voitures, les gens à pied, passent et repassent sur ces immondices, sur ces décombres, les écrasent, les broient, les changent en boue noire »7. Pour les secondes cela comprend d’une part les déjections animales : crottin de cheval, à une époque où les transports urbains se développent bien vite mais ne sont pas encore motorisés, et les produits de dégradation des revêtements des voies de circulation. Toutefois, il est probable que la construction des égouts après 1850 ait permis d’évacuer en partie la boue des rues lavées à grande eau pour éviter poussière et glissades, mais par ailleurs débarrassées des tas d’immondices puisque des boîtes accueillaient désormais les déchets.

Les ordures des ménages

  • 8 Les garnis insalubres de la Ville de Paris, rapport de la commission des logements insalubres, in (...)
  • 9 Arrêté préfectoral du 24 novembre 1883 : article 5 concernant l’interdiction de verser certaines c (...)
  • 10 article 6, op. cit.

7Depuis 1884, les ordures ménagères sont en effet déposées sur la chaussée, dans des récipients ad hoc. On y trouve ce qu’il reste du stockage des déchets dans les couloirs d’immeubles, les escaliers, les cours et courettes qui demeurent encore « infectées par des amoncellements de détritus de toute nature en putréfaction, [par] la stagnation des eaux pluviales et ménagères qui y croupissent et s’y putréfient »8. L’arrêté Berger du 6 avril 1878, qui introduit les récipients de recueil des ordures, et les arrêtés préfectoraux Poubelle décrivent ces immondices comme les produits de balayage des allées, boutiques, magasins, entrepôts et appartements, ainsi que le contenu des seaux d’immondices que les chiffonniers vident sur la voie publique pour choisir et enlever ce qui leur convient. À partir de 1884, suite aux arrêtés sus-cités, sont exclus des ordures ménagères les « terres, gravas, décombres et débris de toute nature provenant de l’exécution de travaux ou de l’entretien des cours et jardins » ainsi que « les résidus et déchets de toute nature provenant de l’exercice de commerces ou industries quelconques »9. En revanche, opérant déjà une collecte sélective également recueillie sur la voie publique dans des récipients à part, les Parisiens pouvaient faire enlever « les débris de vaisselle, verre, poterie, etc., provenant des ménages »10, objets acuminés ou contondants dont on avait soin d’épargner les potentielles blessures aux boueux. Il faut ajouter aux déchets ménagers les déjections animales, partie intégrante des balayures des parties communes, provenant du petit bétail qui longtemps encore a fait partie des maisonnées urbaines. Enfin, les déchets hospitaliers figurent dans une rubrique à part dès la fin des années 1930 (ligne « divers » du tabl. 1b).

Une production des rues en forte diminution

8Ce qu’on connaît de l’évolution des moyens de locomotion est en mesure de nous fournir une indication de l’évolution du nombre des carrosses et autres hippomobiles. En 1880, on relève encore le nombre de voitures et bêtes de somme dans les annuaires statistiques. 14 881 Parisiens possèdent 64 301 chevaux, juments, mulets et mules et 18 365 voitures susceptibles d’y être attelées. Bien que les comptes ne sont pas suivis dans les éditions postérieures, quelques indications recueillies à partir de ces mêmes annuaires donnent un ordre d’idée du phénomène. L’augmentation du nombre de véhicules ne manque pas de venir accentuer les embarras de Paris, bien qu’on y constate une forte diminution des attelages. En 1909, il y a 6 523 voitures à traction animale et 6 482 chevaux et mulets. En 1919, on peut encore compter 14 651 voitures publiques à Paris, parmi lesquelles omnibus, tramway d’attelage et hippomobiles représentent 1617 unités (11 %). Dix ans plus tard, en 1929, si le nombre de voitures publiques a doublé pour atteindre 28 557, les voitures à cheval sont en diminution numérique : avec 1 301 unités réparties entre les omnibus d’attelage et les hippomobiles, elles ne représentent plus que 4,5 % du total des voitures publiques. Les années postérieures ne font plus allusion à ce type d’attelage...

Tabl. 2. Évolution des revêtements des chaussées publiques (en m2)

Tabl. 2. Évolution des revêtements des chaussées publiques (en m2)

1. chaussées pavées en pierre -et pavage mosaïque moderne
2. chaussées empierrées
3. chaussées asphaltées
4. chaussées pavées en bois
5. chaussées en terre
6. chaussées à revêtement antidérapant ou lisses
7. trottoirs en bitume
8. trottoirs en granit
9. revers pavés
10. contre-allées sablée ou terre
A. total chaussées
B. total trottoirs

9Parallèlement à la diminution des déjections animales, liée à celle des bêtes de trait, le revêtement des rues s’améliore : les chaussées bitumées et asphaltées remplacent progressivement les anciens pavages et empavements fortement producteurs de boues (cf. tabl. 2).

Fig. 2. Évolution des revêtements des chaussées publiques (en m2)

Fig. 2. Évolution des revêtements des chaussées publiques (en m2)

10Les annuaires statistiques sont prolixes sur les chapitres de l’ingénierie et des techniques. On y apprend que les chaussées en pierres sont composées de grès, arkoses, quartzite, granit des Vosges et porphyre, les chaussées empierrées de porphyre, meulière et cailloux. Leur entretien consiste à en assurer le niveau et l’uni par des opérations de remblaiement partiel, et la propreté par l’ablation au rabot ou l’enlèvement au balai de la boue et de la poussière, qui viennent grossir les tas d’immondices. Les boues produites « naturellement » par temps de pluie, sont également liées au lavage abondamment prodigué aux rues parisiennes par temps de brouillard pour éviter les glissades, par temps sec pour limiter la poussière.

11Les chaussées recouvertes d’asphalte (mélange de calcaire, silice et bitume) présentent de nombreux avantages. Elles sont insonores et ne produisent le plus souvent ni boue ni poussière. D’où leur utilisation aux abords des administrations publiques, des édifices recevant du public tels que les établissements de culte et les hôpitaux. Elles ont toutefois l’inconvénient de devenir glissantes par temps humide (pluie ou brouillard) ; elles mobilisent alors des cantonniers chargés de les sabler ou de veiller à leur propreté en les lavant à grande eau... ce qui présente alors l’inconvénient de rapprocher ces rues asphaltées de l’état des chaussées empierrées ou pavées. Les asphaltes ne sont pas exempts de dégradation : ils se désagrègent durant l’hiver, sous l’alternance des phases de gel et de dégel ; durant l’été, l’exposition à de fortes chaleurs les ramollit, ils « se pelotonnent en bourrelets très désagréables pour la circulation » et tendent alors à se désagréger. En diminuant la teneur en bitume, on limite ces inconvénients. En outre, de grands progrès seront accomplis durant tout le XXe siècle ainsi qu’en témoigne la généralisation des revêtements bitumeux.

12Les chaussées en bois sont expérimentées à Paris depuis 1881 et semblent bien appréciées, comme on peut le déduire d’une augmentation très sensible de ce type de pavage au cours du siècle. Ces chaussées ont pour elles d’être bien unies, offrant une circulation douce et agréable, peu sonore et de bonne tenue (pour les chevaux notamment). Le service d’entretien y est réduit au minimum car les détritus sableux sont pour ainsi dire inexistants, ce qui rend le pavé de bois assez économique sur ce chapitre.

13Les chaussées en terre sont vouées à être remplacées le plus rapidement possible. Au début des années 1880, elles sont majoritaires dans les communes récemment annexées à Paris, sur la couronne externe de la ville : 14, 16, 18 et 20ème arrondissements essentiellement.

14Quant aux trottoirs, leur transformation de « revers sableux » ou « terreux » en surfaces bitumées ou pavées de pierre ou de bois se fait à un rythme plus rapide encore que les chaussées elles-mêmes. A partir des années 1930, il n’existe plus de distinction entre chaussée et trottoir dans la comptabilisation des voies publiques.

15Il ne fait nul doute que, progressivement, ce sont bien les ordures ménagères qui vont remplir les tombereaux, puis les camions-poubelles, allégés des gadoues des rues. La courbe mensuelle de la collecte pourrait confirmer cette hypothèse.

Fig. 3. Évolution mensuelle de la collecte dans les 2e et 20e arrondissements

Fig. 3. Évolution mensuelle de la collecte dans les 2e et 20e arrondissements
  • 11 Sabine BARLES, La ville délétère, p. 249, pour 1910.

16La diminution de la population parisienne est contrebalancée par une production per capita de plus en plus importante, dont l’envolée est tout juste amorcée à la fin de la période considérée, les années 1960. Cette progressive domination des ordures ménagères proprement dites est bien perceptible à travers le creux de plus en plus marqué du volume collecté durant les mois estivaux, période où les Parisiens désertent Paris, après 1936 et la généralisation des congés payés. À la fin du siècle dernier et au début du XXe siècle, la production d’ordures était beaucoup plus régulière, tout au long de l’année (or on sait par ailleurs que la quantité d’eau nécessaire pour l’arrosage des rues était deux fois plus élevée en été qu’en hiver11).

17Cette variation temporelle, à différentes échelles d’observation, s’accompagne-t-elle de comportements diversifiés selon les quartiers parisiens ?

L’évolution intra-muros : des caractéristiques particulières à chacun des quartiers parisiens ?

Fig. 4. Évolution de la collecte des ordures par quartiers à Paris, de 1889 à 1967

Fig. 4. Évolution de la collecte des ordures par quartiers à Paris, de 1889 à 1967

Fig. 5 : Densité de population et quantité d’ordures enlevées

Fig. 5 : Densité de population et quantité d’ordures enlevées

L’organisation de la collecte des ordures ménagères

18Tous les quartiers parisiens ne connaissent pas la même évolution, sauf en ce qui concerne le fossé de la Seconde Guerre Mondiale qui les affecte tous, et qui est nettement moins visible durant le premier conflit. Globalement, on constate un parallélisme assez fidèle entre l’évolution des ordures et celle de la population, au moins pour la phase qui précède la deuxième guerre mondiale : les arrondissements très centraux ont une forte tendance à la déprise et voient leur production d’ordures ménagères plutôt décroître (1er, 2e et 3e arrondissements) ou stagner (4e, 5e et 6e), tandis que les arrondissements périphériques suivent une évolution inverse. Avec les Trente Glorieuses, l’avènement de la consommation de masse, la généralisation des emballages entraînent une augmentation continue des ordures, le point d’inflexion apparaissant au début des années 1960, en particulier pour les quartiers moins centraux, du 10e au 20e arrondissements, alors même que la population parisienne connaît un tassement sensible (voir tableau la et figures 4 et 5).

Au quotidien, le travail ingrat des boueux

  • 12 Tableau de Paris, 1781, cité par GUERRAND.
  • 13 Publications administratives, cité par GUERRAND, op. cit. p. 31. et JUGIE, op. cit. p. 39.
  • 14 R.-H. GUERRAND, op. cit, p. 34.

19On dispose de quelques descriptions vives du travail des boueux, qui donnent une idée de l’état des rues : « Le tombereau voiture une boue liquide et noirâtre... La pelle, le balai, l’homme, la voiture, les chevaux, tout est de la même couleur et l’on dirait qu’ils aspirent à imprimer la même teinte sur tous ceux qui passent », écrit Sébastien MERCIER en 178112. Entre le tas à ramasser, au milieu de la voie ou sur ses bords, selon les caractéristiques de la chaussée, la déperdition de matière était énorme, ainsi que le note le journaliste Louis Lazare, en 1863 : « Arrive un lourd tombereau escorté de deux estafiers, portant le premier une pelle, le deuxième un balai. Ces messieurs ramassent avec une lenteur pleine de componction la partie la plus solide du tas d’ordures qu’ils jettent dans le tombereau avec une intelligence si newtonienne des lois de la pesanteur, que la moitié des détritus au moins va retomber en gerbes de trognons de choux, de carottes et de salades sur la voie »13. La présence des boîtes à ordures sur les trottoirs, puis la réalisation du tout-à-l’égout – se substituant peu à peu au tout-à-la-rue – à partir de la fin des années 1890, ont singulièrement amélioré cette collecte haute en couleur. L’existence des poubelles a nécessairement amélioré l’état des rues, car elle a dû changer les modalités du chargement, aidé par une mécanique de levage soulageant les boueux de la pesante tâche de transvaser les ordures depuis les boîtes déposées sur la chaussée jusqu’à l’intérieur du tombereau. Mais le degré de gêne olfactive ne s’est pas immédiatement atténué. Dans les rues tout d’abord, si l’entreposage s’est trouvé très limité dans le temps, diminuant sensiblement l’étendue temporelle et spatiale du cloaque, il y a eu quelques étés chauds dont les Parisiens ont gardé un souvenir mémorable (en particulier 1911 qui valut bien 1880 – millésime du « pourrissoir urbain » conspué par les hygiénistes et son chantre, le Dr Berthillon – d’après ce qu’on en rapporte). Les tombereaux ensuite, ont continué de véhiculer leurs cargaisons délétères à travers les rues de la capitale longtemps encore avant d’être progressivement améliorés : dès 1903, des « voitures de répurgation fermées sont mises en service »14. Mais il faudra attendre pas loin d’un siècle pour que circulent les bennes vertes silencieuses et tout à fait étanches.

Paris, voiture pour l’enlèvement des ordures, 1910.
in : Histoire de la France urbaine, dir. G. Duby – T.4 "La ville de l’âge industriel", (p.322) ;éd. Seuil-1983 ; 671p.

Organisation administrative

  • 15 A partir du 16 juillet 1909, la collecte et le transport des ordures passe en régie.

20Le service d’enlèvement des gadoues est payé par les administrés de la ville de Paris qui, dès lors, sont réputés se décharger de tout effort de propreté sur l’administration, selon les observateurs hygiénistes de la fin du XIXe siècle. Depuis les années 1870, la ville se charge du ramassage des ordures, confiant le service par adjudication à des entrepreneurs15.

  • 16 Texte de présentation des rubriques de l’annuaire statistique, 1889.

21En 1889, « le service d’enlèvement des boues et immondices est fait à l’entreprise par 550 tombereaux et 1 075 chevaux, pour un prix de 1 761 940 F annuel. À chaque tombereau sont adjoints, pour aider au chargement, trois ouvriers payés par la Ville, en plus du charretier qui dépend de l’entreprise adjudicataire »16. Il s’agit :

  • du chiffonnier au tombereau, fonction à laquelle ont acceptés de se convertir quelques-uns des biffins roulants qui chiffonnaient auparavant totalement et librement pour leur compte. Dans ce nouveau métier, ils sont employés à ramasser les ordures pour moins d’un franc par jour (0,30 F par heure), à la grande satisfaction des moralistes et hygiénistes, mais peuvent, une fois leur service terminé, emporter le fruit de leur tri17 ;
  • -de l’aide-chargeur qui contribue à soulever les lourdes boîtes ;
  • de la retrousseuse qui balaie derrière le tombereau, preuve s’il en fallait de la chute d’ordures sur la chaussée au moment de leur chargement dans le véhicule.

22Si l’on adjoint à ces 1 650 employés des tombereaux, les ouvriers balayeurs qui parcourent les voies publiques, ce sont donc environ près de 3 000 personnes qui travaillent au nettoiement de la Ville, en 1889. Ils sont 3 770 en 1899, 4 466 en 1909 et 4 842 en 1919. L’organisation des statistiques change par la suite, et les annuaires ne nous révèlent plus l’effectif du personnel d’entretien.

  • 18 Arrêté préfectoral du 7 mars 1884, article 2.

23Le décret de 1884 précise les heures de ramassage : entre 6 h 30 et 8 h 30 l’été (du 1er avril au 30 septembre), de 7 h 30 à 9 h en hiver (du 1er octobre au 31 mars)18. L’annuaire de 1889 confirme le respect de cet horaire, pour le matin à tout le moins : « Le service doit être terminé à 8 h 30 en été et à 9 h en hiver ». La noria des tombereaux semble pourtant reprendre en début d’après-midi, pour s’achever vers 16 h. Les horaires ont fort peu changé au cours du XXe siècle. Mais il restait encore à se débarrasser de cette masse encombrante d’ordures, une fois hors les murs.

Le traitement des ordures ménagères

  • 19 Cf. Des dépôts de voiries de la Ville de Paris considérés au point de vue de la salubrité, 1881.

24Dernier stade de la « production » des ordures : leur traitement, question épineuse. Depuis Philippe-Auguste et jusqu’à la fin du XIXe siècle, les ordures étaient acheminées vers les voiries, dépôts d’immondices, de boues et vidanges (matières fécales), de cadavres d’animaux, d’abord situées hors les murs. Il en reste 4 à la fin du XIXe : une à Ivry, une à Bagnolet, et deux à Colombes19. Peu à peu cependant, le traitement de ces ordures se modifie, passant de la mise en décharge et de l’épandage à l’incinération (cf. tabl. 5a et fig. 6). En 1889, « les produits du balayage sont abandonnés aux entrepreneurs qui en rétrocèdent une partie à la culture maraîchère des environs de Paris, mais la plus grande part doit être évacuée loin car les communes limitrophes montrent une grande rigueur dans la défense qu’elles mettent en place contre l’invasion de la gadoue ». L’évolution vers l’incinération massive est déjà esquissée comme le laisse entendre le commentaire de l’ingénieur chargé de rédiger la notice explicative : « Si les difficultés de dépôt des gadoues continuaient à s’aggraver, la ville devrait chercher à se débarrasser de ces produits autrement, par exemple en les brûlant, au grand détriment de la culture des environs de Paris ». La mise au point et l’utilisation de plus en plus générale des engrais chimiques au cours du XXe siècle viendront réduire à néant cette observation et contribueront à apporter une solution au traitement des ordures dans le respect des exigences hygiéniques et de confort des habitants.

Tab. 5a. Évolution du type de traitement des ordures ménagères entre 1909 et 1967 (unité = tonne)

Tab. 5a. Évolution du type de traitement des ordures ménagères entre 1909 et 1967 (unité = tonne)

1 n.c. = non communiqué

Fig. 6. Traitements des ordures ménagères à Paris et région parisienne

Fig. 6. Traitements des ordures ménagères à Paris et région parisienne

25Les poudres en culture sont abandonnées durant la période d’après-guerre (1949) pour disparaître totalement des recensements ainsi que les poudres en décharge (celles-ci ont fait une courte apparition en 1939 avec un tonnage sensiblement identique à celui dévolu à la récupération plafonnant à quelques milliers de tonnes en 1949). D’autres traitements leur sont préférés tels que les gadoues en culture approchant les 200 000 tonnes de moyenne entre 1939 et 1967 avec un point culminant à presque 288 000 tonnes en 1949 et respectant une courbe relativement stable sur trois décennies. Les courbes les plus expressives représentent les gadoues en décharge qui connaissent une forte ascension de 1939 à 1959 dépassant le tonnage incinéré à la même date soit 541 291 tonnes contre 500 101 tonnes. De 1959 à 1967 les tendances s’inversent avec une nette décrue pour les gadoues en décharge face à la montée en flèche de l’incinération (1 200 060 tonnes).

26En guise de conclusion, on recourt nettement à la pratique d’incinération des déchets au début des années 1960, débouché providentiel devenu solution unique et systématique dans la résorption des ordures.

Tabl. 5b. Destination des véhicules d’ordures ménagères en région parisienne (en tonnes)

Tabl. 5b. Destination des véhicules d’ordures ménagères en région parisienne (en tonnes)

1 Ces données en tonnes résultent d’une conversion des cubages (coefficient 0,50)
2 En 1922, l’usine d’Ivry remplace la voirie d’Ivry et le dépôt de Vitry.
3 Sur la ligne « total », les volumes traités ne correspondent pas exactement aux tonnages collectés (cf. tabl. 1b), car les centres de traitement des ordures ne traitent pas exclusivement et en totalité les ordures collectées à Paris. Au début du siècle une partie des boues est encore distribuée aux agriculteurs de la région. Après la deuxième guerre mondiale, les usines traitent les ordures de 50 communes de la région, en plus de celles de la capitale.

27Les annuaires statistiques de la ville de Paris nous apportent de nombreux éléments de connaissance du fonctionnement urbain. Mais de multiples problèmes subsistent. On pourrait même dire que l’examen des données statistiques pose plus de questions qu’il n’en résout : le contenu des ordures ménagères n’est nulle part détaillé et nous en sommes réduits aux hypothèses, au moins si l’on s’en tient à cette source de renseignements. La continuité des séries n’est pas toujours assurée, ce qui s’explique aisément par les grandes transformations urbaines, mais aussi par une recherche d’amélioration des données collectées : la nature du réseau de voirie, par exemple, n’est pas fournie au fil du temps suivant les mêmes rubriques (la comptabilisation des trottoirs disparaît en 1939), le traitement des ordures n’est clairement identifié et comptabilisé qu’à partir de 1929. Assez rapidement, le réseau de traitement des ordures ne concerne plus seulement les immondices parisiennes, de sorte que nous ne savons pas exactement quel est leur sort.

28Il s’agit donc d’un sujet bien mal connu que nous avons tenté d’aborder ; il ouvre des perspectives de recherche riche et palpitante.

Bibliographie

Bibliographie

Annuaires statistiques de la Ville de Paris. 1880-1967

S. Barles, La ville délétère. Médecins et ingénieurs dans l’espace urbain. XVIIIe - XIXe siècle, Paris, Champ Vallon, 1999

R.-H. Guerrand, Moeurs citadines. Histoire de la culture urbaine XIXe – XXe siècles, Paris, Quai Voltaire, 1992

J.-H. Jugie, Poubelle-Paris. La collecte des ordures ménagères à la fin du XIXe siècle, Paris, Larousse/Sélection du Reader’s Digest, 1993

Notes

1 Ces annuaires sont publiés annuellement durant presque un siècle, entre 1880 et 1967. Nous commençons notre série en 1889 parce que c’est seulement au cours de cette année-là que des éléments explicatifs nous sont fournis sur les rubriques proposées. Par ailleurs, durant les premières années qui suivent l’introduction d’une rubrique, les données qui y sont contenues fluctuent avant de se stabiliser et de faire l’objet de relevés standardisés. Certaines années donnent lieu à des regroupements, par exemple pendant la deuxième guerre mondiale. C’est ce qui explique que nous avons dû prendre l’année 1941 au lieu de notre année de référence 1939, car tous les détails n’étaient pas fournis pour 1939. Enfin, 1967 est la dernière année des années 1960 durant laquelle est publié l’annuaire statistique. Pour ne pas négliger les années 1960, nous avons choisi de l’y faire figurer.

2 Projets d’enlèvement des boues et ordures ménagères de Paris, 1875, par COLAS et MOREL, rapporteurs de la commission administrative spéciale chargée d’étudier le problème. Mais avant cette époque, nombreuses ont été les tentatives de réglementer et d’organiser la collecte des ordures. R.-H. Guerrand en fait l’inventaire dans le premier chapitre de « la ville propre », portant sur l’hygiène urbaine, dans Mœurs citadines. Histoire de la culture urbaine XIXe-XXe siècles. La même évolution est retracée par J.-H. Jugie, dans : Poubelle-Paris. La collecte des ordures ménagères à la fin du XIXe siècle.

3 Sur l’histoire de la poubelle et des ordures, on se reportera avec profit à l’ouvrage de Jeanne-Hélène JUGIE, op. cit.

4 Pour appréhender cette production, dans sa continuité, nous avons converti les données volumétriques en poids, grâce à d’autres sources qui nous fournissent les quantités ramassées dans les deux unités. Ainsi, en 1895, les données sur les Gadoues de Paris et l’agriculture du département de la Seine, de Paul VINCEY, nous indiquent qu’un mètre cube de gadoue enlevée pesait 560 kilogrammes en moyenne.

5 Henri SAUVAL, historien, in Histoires et recherches des antiquités de la Ville de Paris, 1724, cité par R.-H. GUERRAND, op. cit., p. 27.

6 Plusieurs textes successifs obligent les habitants à « balayer régulièrement tous les jours devant leurs maisons, boutiques, cours jardins et autres emplacements » pour constituer des tas disposés « jusqu’au ruisseau dans les rues à deux pavés et jusqu’au milieu de la chaussée dans les autres mes ».

7 Alphonse L. De la salubrité dans la Ville de Paris, 1826, cité par R.-H. GUERRAND, op. cit., p. 29.

8 Les garnis insalubres de la Ville de Paris, rapport de la commission des logements insalubres, in Annales d’Hygiène publique et de médecine légale, janvier-juin 1878, p. 193-232, cité par J.-H. JUGIE, op. cit., p. 69.

9 Arrêté préfectoral du 24 novembre 1883 : article 5 concernant l’interdiction de verser certaines catégories de détritus dans les récipients communs.

10 article 6, op. cit.

11 Sabine BARLES, La ville délétère, p. 249, pour 1910.

12 Tableau de Paris, 1781, cité par GUERRAND.

13 Publications administratives, cité par GUERRAND, op. cit. p. 31. et JUGIE, op. cit. p. 39.

14 R.-H. GUERRAND, op. cit, p. 34.

15 A partir du 16 juillet 1909, la collecte et le transport des ordures passe en régie.

16 Texte de présentation des rubriques de l’annuaire statistique, 1889.

17 Il faut ici mentionner la longue bataille qui a opposé l’opinion à l’administration au moment de l’application du décret Poubelle. L’un des enjeux de la résistance était précisément la mise en cause du travail des chiffonniers par l’obligation de conditionner les ordures. Mais l’éloignement de ces classes dangereuses et malpropres du cœur de la Ville, dont ils vivaient, était sans doute l’un des maillons de la propreté que l’on cherchait à imposer alors.

18 Arrêté préfectoral du 7 mars 1884, article 2.

19 Cf. Des dépôts de voiries de la Ville de Paris considérés au point de vue de la salubrité, 1881.

Table des illustrations

Titre Tabl. 1a. L’évolution de la population parisienne entre 1889 et 1967
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Titre Fig. 1. Évolution corrélative des ordures ménagères et de la population parisienne
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Titre Tabl. 1b. Évolution de la production d’ordures ménagères entre 1889 et 1967 (en tonnes ou équivalent tonnes)
Légende 1. Pour les années 1889, 1899, 1909 et 1919 (chiffres en italiques) les Annuaires nous fournissent des données de cubage des ordures ménagères. Ce n’est qu’à partir de 1921 que l’unité de compte devient la tonne. Pour les années antérieures, nous avons fait l’estimation suivante : à la fin du XIXe siècle, un mètre cube d’ordures pèse 560 kg, suivant les indications proposées par l’ouvrage de Paul VINCEY, sur les gadoues de Paris, pour l’année 1895. Par la suite, la densité a été ramenée à 500 kg par mètre cube, la densité des ordures ayant tendance à diminuer avec l’augmentation des emballages et la réduction des éventuelles boues, suite aux travaux et à la généralisation du tout-à-l’égout.2. Un seul volume regroupe les années 1938-1941. Le détail de la collecte des ordures ménagères ventilées par quartier ne figure que pour l’année 1941, raison pour laquelle nous avons dû retenir cette année de référence.3. La dernière ligne du tableau regroupe les « hôpitaux, casernes, cimetières, etc. ». Elle apparaît à la fin des années 1930. La localisation exacte des établissements concernés, à l’intérieur de Paris, n’est pas précisée, d’où notre choix de ne pas prendre cette ligne en compte dans le total. Cependant, elle montre une évolution notable dans la classification des ordures, c’est pourquoi nous la faisons tout de même apparaître.
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Titre Tabl. 2. Évolution des revêtements des chaussées publiques (en m2)
Légende 1. chaussées pavées en pierre -et pavage mosaïque moderne2. chaussées empierrées3. chaussées asphaltées4. chaussées pavées en bois5. chaussées en terre6. chaussées à revêtement antidérapant ou lisses7. trottoirs en bitume8. trottoirs en granit9. revers pavés10. contre-allées sablée ou terreA. total chausséesB. total trottoirs
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Titre Fig. 2. Évolution des revêtements des chaussées publiques (en m2)
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Titre Fig. 3. Évolution mensuelle de la collecte dans les 2e et 20e arrondissements
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Titre Fig. 4. Évolution de la collecte des ordures par quartiers à Paris, de 1889 à 1967
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Titre Fig. 5 : Densité de population et quantité d’ordures enlevées
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Légende Paris, voiture pour l’enlèvement des ordures, 1910.in : Histoire de la France urbaine, dir. G. Duby – T.4 "La ville de l’âge industriel", (p.322) ;éd. Seuil-1983 ; 671p.
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Titre Tab. 5a. Évolution du type de traitement des ordures ménagères entre 1909 et 1967 (unité = tonne)
Légende 1 n.c. = non communiqué
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Titre Fig. 6. Traitements des ordures ménagères à Paris et région parisienne
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Titre Tabl. 5b. Destination des véhicules d’ordures ménagères en région parisienne (en tonnes)
Légende 1 Ces données en tonnes résultent d’une conversion des cubages (coefficient 0,50)2 En 1922, l’usine d’Ivry remplace la voirie d’Ivry et le dépôt de Vitry.3 Sur la ligne « total », les volumes traités ne correspondent pas exactement aux tonnages collectés (cf. tabl. 1b), car les centres de traitement des ordures ne traitent pas exclusivement et en totalité les ordures collectées à Paris. Au début du siècle une partie des boues est encore distribuée aux agriculteurs de la région. Après la deuxième guerre mondiale, les usines traitent les ordures de 50 communes de la région, en plus de celles de la capitale.
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