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    Plan détaillé Texte intégral Experts « barbares » au sein de l’Empire séleucide Antioche et la cour séleucide Conclusions Notes de bas de page Auteur

    Transferts culturels et politiques dans le monde hellénistique

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Experts « barbares » dans le monde politique séleucide

    Nathaël Istasse

    p. 53-80

    Texte intégral Experts « barbares » au sein de l’Empire séleucide 1. Gouvernement territorial 2. Diplomatie 3. Administration locale 4. Armée Antioche et la cour séleucide Le milieu intellectuel antiochéen et babylonien sous les Séleucides Intellectuels grecs et macédoniens dans l’entourage aulique séleucide Présence « barbare » à la cour séleucide Conclusions Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    Not every society has chosen to use literacy in the same way, but literacy is always connected with power1.

    1La question des transferts culturels dans le monde hellénistique est, il va sans dire, aussi vaste qu’intéressante. Nous voudrions d’emblée préciser le cadre de cette étude. La notion d’expert2 s’entend ici, latissimo sensu, comme toute personne qualifiée, détentrice d’une ou plusieurs compétences ou savoirs et peut comprendre, à titre d’exemple, des intellectuels et lettrés (philosophes, historiens, poètes), des artistes, des spécialistes dans les domaines du droit, de la médecine, de la religion, de la politique ou encore de l’art militaire.

    2Par « barbares », nous désignons des individus de naissance ou de culture non gréco-macédoniennes3, provenant de localités et zones appartenant au territoire reçu ou conquis par les Séleucides (des côtes occidentales de l’Asie Mineure aux frontières de l’Inde). En d’autres termes, nous étudierons prioritairement les populations indigéno-orientales (Babyloniens, Juifs, Arabes…), en les mettant en perspective avec la situation des Grecs et des Macédoniens originaires d’Asie Mineure ou de Grèce continentale4.

    3La présente contribution porte sur deux aspects de la présence non grecque dans le monde politique séleucide. D’une part, nous envisageons les diverses fonctions politiques occupées par les experts indigéno-orientaux au sein de l’Empire séleucide, principalement dans les secteurs du gouvernement territorial, de la diplomatie, de l’administration locale et de l’armée. D’autre part, en se rapprochant de la personne royale, nous nous intéressons à la présence, au rôle et à l’influence politiques des experts indigéno-orientaux, membres de l’entourage aulique des rois séleucides – tout en les comparant de nouveau aux Grecs et aux Macédoniens –, en envisageant le groupe social des philoi royaux, ainsi que les courtisans, fonctionnaires et officiers royaux5. Cette dernière approche sera précédée par un tableau succinct de l’histoire intellectuelle et littéraire du royaume séleucide.

    4L’objectif final sera de déterminer si, d’après les sources littéraires et épigraphiques, on peut déceler des indices clairs de passages, de transferts culturels ou d’acculturations dans ce domaine précis (de la tradition intellectuelle non grecque vers la culture gréco-macédonienne des monarques, et inversement), ou, à défaut, de noter la présence, l’importance politique et le degré d’influence de ces experts « barbares » à la cour séleucide.

    Experts « barbares » au sein de l’Empire séleucide

    5Il nous paraît opportun d’esquisser ici un tableau de la place occupée par ces experts non grecs dans l’ensemble de l’échiquier politique séleucide, essentiellement dans les secteurs du gouvernement territorial, de la diplomatie, de l’administration locale et de l’armée. Ceci permettra de mettre en perspective la présence indigéno-orientale dans l’entourage aulique des Séleucides (notre dernière partie).

    1. Gouvernement territorial6

    6On relève 7 Orientaux, dont 5 Iraniens :

    1. Aribazos : stratège en Cilicie, en 246 ; il appartient probablement, d’après son nom, à la diaspora iranienne dans l’Asie Mineure occidentale ; il fut chargé de livrer à Laodice 1 500 talents (à Éphèse), mais fut tué avant d’y arriver et l’argent passa aux mains de Ptolémée III7 ;

    2. Artaxias : stratège d’Arménie à la solde d’Antiochos III, sans doute dynaste local (arménien ou iranien, d’après l’onomastique), encadré dans l’administration royale le temps de sa fonction. Après la défaite d’Antiochos III à Magnésie, il s’autoproclama roi en Arménie ; par ailleurs, il fonda la cité d’Artaxata ; plus tard, capturé par Antiochos IV, il devint vassal, mais garda, sous ces conditions, son trône8 ;

    3. Zariadris : lui aussi stratège d’Arménie sous Antiochos III, confirmé dans sa charge en 212, pour le gouvernement de la Sophène (Arménie) ; en 190, il reprend son indépendance comme roi9 ;

    4. (Hy) Spa(o)sinès : gouverneur (éparchos) de Mésène sous Antiochos IV, à Antioche sur le Tigre à partir de 165 ; il s’autoproclama roi de Charax et prit le contrôle de Babylone en 129-12610 ;

    5. Dionysios le Mède : satrape (commandant ou gouverneur) de Mésopotamie, officiant vers 142-140 (sous Démétrios II) ; ennemi de Diodotos Tryphon, après son meurtre d’Antiochos VI11.

    7Les deux autres sont juifs et grands-prêtres de leur peuple : Jonathan et Simon (pour ces deux personnages, cf. notre dernière partie).

    8Enfin, deux indigènes hellénisés sont attestés : Kendébaios (cf. notre dernière partie) et Sarpédon, fils de Démétrios, satrape ou général en Coelé-Syrie sous Démétrios II (son nom semble indiquer une origine cilicienne ou lycienne)12.

    2. Diplomatie13

    9La maîtrise de la rhétorique fut un critère prépondérant dans le choix royal des diplomates. De ce fait, ce sont surtout des Grecs qui occupèrent des postes élevés en ce domaine et furent chargés de mener les ambassades ou toute autre mission diplomatique. Toutefois, on doit évoquer le cas de ce Syrien hellénisé (inscrit au dème athénien de Trinémeia), [Zè]nodôros, envoyé d’Antiochos VII à Athènes et honoré par cette ville (cf. IG, II2, 937)14.

    3. Administration locale15

    10En règle générale, on observe, de la part des rois séleucides, un relatif respect de l’autonomie des institutions politiques des cités « anciennes » (Téos, etc.). Dans les villes non grecques (Babylone, Uruk, Jérusalem), on constate une présence non négligeable de fonctionnaires indigènes, par exemple en tant que préposés aux sanctuaires babyloniens16. Ainsi, on dénombre 9 Babyloniens :

    1. Bel-Ibni : administrateur en chef (satammu) du temple de Marduk à Babylone, délégué (paqdu) d’un Nikanôr, probablement le satrape de Mésopotamie sous Séleucos Ier et Antiochos Ier (266-261)17 ;

    2. Anu-uballit-Nikarchos, fils d’Anu-iksur : saknu (sorte de gouverneur, correspondant à l’épistates) à Uruk sous Séleucos II ; il eut un rôle, non précisé, dans la construction du temple principal de cette ville18 ;

    3. anonyme : satammu du temple babylonien de Marduk, sous Antiochos III (ca. 223) ; ce fonctionnaire semble avoir dépendu directement du roi, puisqu’il reçut une lettre d’instructions directement de celui-ci (pas par l’intermédiaire du satrape)19 ;

    4. Anu-balassu-iqbi, fils d’Anu-aha-ittannu : paqdu et rabu sa-res ali à Uruk en 221-220 : la nature de ce dernier titre reste matière à controverse. Peut-être s’agirait-il d’un gouverneur séleucide à Uruk ou, plus probablement, d’un administrateur principal de temple, à l’instar du satammu à Babylone20 ;

    5. Anu-uballit-Kephalon, fils d’Anu-balassu-iqbi, époux d’une Antiochis (Grainger, Prosopography, p. 149, no 3) : rabu sa-res ali (administrateur de temple) à Uruk entre 202 et 18621 ;

    6. Anu-belsunu, fils d’Anu-balassu-iqbi, frère du précédent : représentant (paqdu) du temple d’Uruk vers 185, il semble avoir exercé un contrôle sur l’administration des biens du temple (προστάτης τοῦ ἱεροῦ)22.

    7. Kidin-anu, fils de Tab-anu : paqdu à Uruk, apparaissant comme témoin dans un acte de vente d’un bien en 162 et dans une vente d’une prébende de brasseur en 15823 ;

    8. Enlil-uballit, fils de Nidintu-Enlil : ἐπίσκοπος (collaborateur du satammu dans l’octroi de prébendes ; fonction équivalente à celle de προστάτης ou de paqdu à Babylone) à Nippur pendant le règne de Démétrios Ier24 ;

    9. anonyme, fils de Labasi : rabu sa-res ali à Uruk en 14825 ;
      … et 2 Juifs : Simon, prostatês (commissaire royal responsable de la gestion administrative et fiscale) du temple, à Jérusalem, sous Séleucos IV26, et le grand-prêtre Ménélaos, mis en place par Antiochos IV comme successeur de Jason en 171 et soutenu par les Tobiades de Transjordanie. Il représente la tendance hellénisante parmi les Juifs (voulant faire de Jérusalem une ville à la mode grecque). Il fut exécuté, semble-t-il, par ordre de Lysias, sous le roi Antiochos V, en raison de son rôle dans la révolte des Maccabées27.

    11Enfin, deux indigènes d’Asie Mineure doivent être mentionnés. Bithys, attesté en 209 comme fonctionnaire séleucide en Mysie, agissant, au niveau local, sous les ordres d’un certain Philôtas, probablement stratège, lui-même subordonné de Zeuxis. Dans la lettre envoyée à ce dernier par Antiochos III, Bithys est chargé de veiller à l’installation du haut fonctionnaire Nikanôr (Carsana, Dirigenze, E 13) dans sa fonction de grand-prêtre d’Asie Mineure cistaurique (cf. SEG, XXXVII, 1010). Il est possible que Bithys ait été en charge d’un district d’une satrapie28. L’autre est Philippos de Phrygie, nommé épistate de Jérusalem par Antiochos IV, en 167-164, après une révolte survenue en 168 (II Maccabées, 5, 22 ; 6, 11 ; 8, 8)29.

    4. Armée30

    12On dénombre, pour 25 Grecs et 16 Macédoniens, 4 Iraniens :

    13a) Omanès dirigea un contingent perse, entre 246 et 241 (prob. 244), à Magnésie (Sipyle, Lydie) ; la ville de Smyrne l’honora de la citoyenneté31 ;

    14b) Aribazos fut le gouverneur militaire de Sardes sous Achaios le Jeune, en 215-21432 ;

    15c) Aspasianos le Mède commanda un contingent de 5 000 hommes (Mèdes, Kissiens, Kadousiens et Karmaniens) de l’armée d’Antiochos III, à la bataille de Raphia (217)33 ;

    16d) Mithridate : neveu d’Antiochos III (probablement fils d’une sœur du roi, cf. Polybe, VIII, 23, 3) ; en tant que son général, il prit part à la guerre contre Xerxès d’Arménie (Polybe, VIII, 23, 2-5) ; en 197, il mena, avec Ardys, une campagne militaire de soutien des deux jeunes fils d’Antiochos III, au sud de l’Asie Mineure (erronément Tite-Live, XXXIII, 19, 8-11)34.

    17À ceux-ci s’ajoutent 8 indigènes d’Asie Mineure :

    18e) Mènas, fils de Bioèris, est originaire de Bithynie ; il commanda une troupe d’infanterie légère, probablement sous Séleucos Ier, et fut tué lors de la bataille de Kouroupédion, en 28135 ;

    19f) Hermias, Carien (cf. notre dernière partie) ;

    20g) Ardys : commandant, probablement lydien (onomastique), de la cavalerie royale (lanciers) au sein de l’armée d’Antiochos le Grand, opposée à Molon en 220 (Polybe, V, 53, 2). Il fut également un des protagonistes du siège de Séleucie de Piérie, en 219 (Polybe, V, 60, 4-8). Enfin, il mena, en compagnie de Mithridate (ci-dessus), l’expédition destinée à soutenir les fils inexpérimentés d’Antiochos III (Tite-Live, XXXIII, 19, 9)36 ;

    21h) Kéraias : ὕπαρχος lagide (Ptolémée IV), probablement d’origine pisidienne, passé, tout comme le Thessalien Hippolochos, dans l’armée d’Antiochos III, en 218, lors de la quatrième guerre de Syrie (Polybe, V, 70, 10) ; ces deux transfuges commandèrent un régiment de 5000 mercenaires grecs dans le district de Samarie (ouest du Jourdain) (Polybe, V, 71, 11)37 ;

    22i) Lysimachos : officier galate à la tête d’un contingent de 500 Lydiens et 1000 Κάρδακες (nom perse désignant des mercenaires étrangers) pendant la guerre de Coelé-Syrie38 ;

    23j) Brikkôn, fils d’Ateuristès : Galate originaire d’Apamée, ce commandant d’un contingent de mercenaires galates servit sous Antiochos III, vers 196-194 et perdit la vie lors d’une bataille, aux environs de Maronée, en Thrace39 ;

    24k) Philippos de Phrygie (cf. ci-dessus, « Administration locale ») ;

    25l) Hèrakléôn : originaire de Béroia (Poseidonios, FGrH, 87 F 4 = Athénée, 153 b ; cf. Strabon, XVI, 2, 7), colonie macédonienne de Syrie, Hèrakléôn était un puissant membre de la cour d’Antiochos VIII Grypos (Poseidonios, ibid.) ; il s’occupa de la formation et de l’organisation de l’armée syrienne. D’après Flavius Josèphe (Antiquités juives, XIII, 13, 4), Hèrakléôn complota contre le roi et le tua en 96 ; il tenta de s’emparer du trône de Syrie (Trogue-Pompée, Prologues, XXXIX)40.

    26Enfin, deux Syriens : Télésarchos, un archôn séleucide des troupes envoyées aux Thermopyles pour combattre les Galates en 280 (Pausanias, X, 20, 5)41, et l’Arabe (sans doute du désert syrien) Zabdibel, qui commanda les troupes arabes (10 000 archers) engagées dans l’armée d’Antiochos III, lors de la bataille de Raphia (Polybe, V, 79, 8)42.

    27Dans ce secteur aussi, les « Barbares » apparaissent minoritaires sur le plan du haut commandement, l’état-major de l’armée séleucide restant occupé par un noyau gréco-macédonien. On peut constater que les rares cas de postes de responsabilités confiés à des non-Grecs se limitent à la direction de contingents nationaux43. Du reste, à l’instar d’Alexandre le Grand, les Séleucides firent un assez large emploi de troupes indigènes (Perses, Karmaniens, Kissiens, etc.).

    28Dans chaque secteur, les fonctions les plus importantes sont occupées majoritairement par des Grecs ou des Macédoniens44. Les Séleucides ont agi, dans le domaine politique, au rebours de la pensée d’Alexandre (voir nos remarques dans la dernière partie). En effet, les non-Grecs sont attestés principalement au niveau de l’administration locale, comme, par exemple, pour la gestion de sanctuaires locaux ou le commandement d’unités militaires indigènes. En revanche, les missions diplomatiques, par exemple, où la confiance engagée et les enjeux sont de taille, sont réservées aux Grecs et aux Macédoniens.

    Antioche et la cour séleucide

    Le milieu intellectuel antiochéen et babylonien sous les Séleucides

    29À l’instar d’Alexandrie, Pella, Rhodes et Rome, Antioche et, plus tard, Pergame se caractérisent par le fait d’avoir été dans l’espace hellénistique, simultanément mais à des degrés divers, un centre de vie politique et intellectuelle45.

    30La cour des Séleucides représenta un pôle important de rayonnement et d’attraction culturels. La bibliothèque d’Antioche (dont le poète Euphorion de Chalcis fut nommé directeur, cf. infra), sans atteindre la valeur et l’importance de celles d’Alexandrie et de Pergame, attira également savants et intellectuels de tous horizons46. La vie culturelle antiochéenne devait également passer par son théâtre et ses festivals47. Dans le cadre d’un éloge de son client Archias, Grec natif d’Antioche, Cicéron évoque cette riche cité, cadre des premières armes littéraires du poète (ad scribendi studium), abondant (adfluenti) jadis (quondam) d’eruditissimi homines et de liberalissima studia48.

    31Rappelons quelque peu ce que la tradition nous livre de l’histoire littéraire de l’État des Séleucides et évoquons quelques écrivains et penseurs grecs ou indigènes plus ou moins hellénisés, originaires de la Babylonie ou de la Syrie, ou y ayant séjourné49. Outre le grand Bérose de Babylone, on citera Diogène de Séleucie sur le Tigre (ou « Babylonien50 »), philosophe stoïcien (ca. 240-ca. 151), disciple de Chrysippe et successeur de Zénon de Tarse à la tête du Portique, participant à l’ambassade des philosophes à Rome dans l’affaire d’Oropos (156), en compagnie de l’académicien Carnéade et du péripatéticien Critolaos. Son concitoyen et contemporain Séleucos fut un digne représentant de l’astronomie hellénique et dut adhérer, de par la science qu’il cultiva, aux mêmes doctrines que Diogénès51. De nombreux autres produits de la culture grecque dans le royaume séleucide seraient à mentionner52 : les historiens Posidonios d’Apamée et Nicolas de Damas ; les philosophes de l’Académie Antiochos d’Ascalon et Héraclite de Tyr, les péripatéticiens Boéthos et Diodotos de Sidon, ainsi que Diodore de Tyr, les épicuriens Zénon de Sidon et Philodème de Gadara53, les stoïciens Chrysippe de Soles54, Apollodore de Séleucie, Apollophanès de Nisibe et Antipatros de Tyr, le cynique Ménippe de Gadara ; les médecins Apollonios d’Antioche et Apollophanès de Séleucie (cf. infra, no 13) ; les poètes Archias (cf. ci-dessus) et Méléagre de Gadara ; les grammairiens comme l’homérisant Denys de Sidon ou encore le successeur de Cratès de Mallos, Hérodicos de Babylone55.

    32La science babylonienne et les intellectuels indigènes n’ont apparemment pas dû subir un quelconque mépris de la part des savants grecs. Bien au contraire, on sait combien la culture et la science grecques purent bénéficier de l’apport indigène en matière d’arithmétique, de géodésie, de chronologie, d’observation astronomique, de métrologie ou encore de littérature cosmogonique et théogonique56.

    33Mais que sait-on sur l’attrait direct de la littérature, des arts ou des sciences sur cette dynastie gréco-macédonienne ? Faute de pouvoir apporter des réponses détaillées à cette triple question, nous pouvons néanmoins faire état de certains indices. On compte de nombreux écrivains, poètes et prosateurs, d’origines diverses (grecque, babylonienne, etc.), invités par les souverains et en faveur auprès d’eux, tels Aratos de Soles et Euphorion de Chalcis (cf. infra, resp. no 6 et 14), Hégésianax et Mnésiptolémos (cf. infra, resp. no 15 et 16). On sait, par ailleurs, que Simonide de Magnésie glorifiait dans une épopée les d’Antiochos le Grand57. D’autre part, certains auteurs dédièrent une œuvre au souverain, à l’image de ce prêtre du culte oriental du dieu Marduk, Bérose de Babylone, qui dédia à Antiochos Ier Sôter son Histoire de la Babylonie (Βαβυλωvιαkά), en trois livres rédigés en grec et composés vers 280 av. J.-C.58.

    34Pour ce qui est de l’art, on sait que plusieurs sculpteurs et peintres furent proches des Séleucides, tels Artémon, Ctésiclès ou encore Bryaxis59. Dans le domaine scientifique, il faut noter qu’un roi séleucide, Antiochos VIII, fut l’inventeur d’un contrepoison, au rapport de Galien et de Pline60. Par ailleurs, les expéditions, essentiellement commerciales, lancées dans l’océan Indien, dans la mer Caspienne et vers l’Orient par Séleucos Ier, Antiochos Ier et, plus tard, Antiochos IV, eurent pour conséquences d’améliorer sensiblement les connaissances géographiques de l’époque61.

    35Cependant, c’est la philosophie qui semble avoir occupé une grande partie de la vie intellectuelle à la Cour62. Antiochos II chercha en vain à faire venir à sa Cour Lycon63, chef des péripatéticiens, en grande faveur auprès d’Eumène Ier et Attale Ier. Le philosophe épicurien Philonidès (cf. infra, no 18) fut un proche collaborateur du roi Démétrios Ier et, en quelque sorte, son médiateur de vertus. Diogénès de Séleucie (cf. infra, no 20), lui aussi adepte du Jardin, séjourna à la cour d’Alexandre Balas (et peut-être même à celle de Démétrios Ier, si favorable à l’épicurisme), souverain inclinant plutôt vers le stoïcisme (cf. Athénée, V, 211 b)64. Il existerait également un décret, émanant peut-être du roi Antiochos VI ou VII et adressé au préfet de police Phanias, notifiant l’expulsion de l’ensemble des philosophes de Cour, en raison de leur corruption de la jeunesse. Cependant, l’authenticité et le sérieux de ce décret doivent être marqués du sceau de la suspicion, car, dans sa suite, le document vise précisément les jeunes endoctrinés et les menace de pendaison ainsi que de poursuites de leurs parents65.

    Intellectuels grecs et macédoniens dans l’entourage aulique séleucide

    36Afin de mettre en perspective le dernier point que nous aborderons, à savoir le milieu expert et intellectuel indigéno-oriental entourant le roi, il nous paraît bon de donner ici un aperçu du milieu intellectuel gréco-macédonien fréquentant la cour séleucide66.

    37Nous aborderons donc le milieu des philoi ou amis royaux, dans la mesure où c’est à eux qu’étaient dévolues les principales tâches du gouvernement, ainsi que d’autres « membres de la Cour », courtisans et fonctionnaires au service du monarque67. En l’absence d’un corps spécialisé d’ambassadeurs ou d’hommes politiques à part entière, des intellectuels ont été amenés à jouer différents rôles au sein de l’administration centrale des Séleucides68. Passons-les en revue, examinons leurs rôle, fonction et influence politiques auprès du souverain69.

    38Sous Séleucos Ier (312/311-281)

    391) Daïmachos70 : historien, de Platée ; auteur, entre autres, d’un ouvrage sur l’Inde (Harpocration) ; ambassadeur mandaté par Séleucos Ier ou/et Antiochos Ier auprès de Bindusara (fils et successeur de Tchandragupta).

    402) Démodamas71, fils d’Aristeidès : historien milésien, auteur, entre autres, d’un ouvrage sur Halicarnasse ; il fut stratège de Séleucos Ier et d’Antiochos Ier (Pline, Histoire naturelle, VI, 49) et mena plusieurs campagnes militaires en Orient (Sogdiane, etc.) ; ensuite, il joua le rôle de médiateur entre Milet et la cour séleucide.

    413) Mégasthénès72 : historien, auteur d’un ouvrage intitulé (source majeure sur la politique, la géographie et la société de l’Inde) ; il fut envoyé comme ambassadeur par Séleucos Ier auprès du roi indien Tchandragupta.

    424) Patroklès73 : en 312-311, Patroklès était stratège de Babylone (nommé par Séleucos Ier, cf. Diodore, XIX, 100, 5) ; sous la corégence d’Antiochos Ier, il mena une expédition navale exploratoire dans la mer Caspienne (praefectus classis, cf. Pline, Histoire naturelle, VI, 58, et Max Cary et Eric H. Warmington, op. cit., p. 214-218), dont il donna un compte rendu, utilisé par Ératosthène et Strabon ; peut-être aussi fut-il satrape de Parthie et d’Hyrcanie (Plutarque, Démétrios, 47, 4) ; on sait, d’après Plutarque (ibid.), que Séleucos Ier suivit son conseil de ne pas fournir l’aide que demandait Démétrios Poliorcète au roi, après son échec à Tarse. Séleucos Ier mort, Patroklès resta au service d’Antiochos Ier qui l’envoya lutter contre Zipoitès de Bithynie.

    435) Cléombrotos de Céos74 : médecin de la cour de Séleucos Ier ; père du médecin Érasistrate ; Cléombrotos aurait également soigné Antiochos Ier.

    44Sous Antiochos Ier Sôter (281-261)

    456) Aratos de Soles75 : le célèbre auteur des Phénomènes séjourna d’abord auprès d’Antigone Gonatas, puis chez Antiochos Ier, à la demande duquel il composa, assez vraisemblablement, une édition critique de l’Odyssée.

    467) Métrodôros76, fils de Timoclès, d’Amphipolis : médecin (sans doute le médecin personnel du roi Antiochos Ier) : il le guérit d’une blessure au cou survenue lors d’une bataille (probablement contre les Galates) ; apparemment, il reçut du roi un domaine (δωρєά foncière) près d’Ilion, ville qui lui conféra la citoyenneté sur la sollicitation de ce roi et de son stratège Méléagros (OGIS, 220 = I. Ilion, 34).

    478) Sôstratos77 : flûtiste (αὐλητής : Hégésandros, apud Athénée, I, 19 d ou pantomime (ὀρχηστής : Sextus Empiricus, Adv. gramm., 293) priénien ; Séleucos était très en faveur à la cour d’Antiochos Ier (son prestige et son influence ont peut-être joué dans la nomination de ses fils par Antiochos Ier en tant que somatophylaques78) ; il aurait eu une influence sur le souverain dans sa décision de libérer Priène.

    48Sous Antiochos II Théos (261-246)

    499) Archélaos79 : joueur de pantomime (ὀρχηστής), tenu en grand honneur parmi les amis d’Antiochos II et philos lui-même, au même titre que Hérodotos (cf. infra no 11).

    5010) * Aristos80 : historien chypriote ; Savalli-Lestrade, Philoi, p. 16, suggère l’identification de l’historien d’Alexandre (Aristos de Salamine de Chypre, cf. FGrH, 143) avec un « mignon » d’Antiochos II, à qui le roi, dans ses moments d’ébriété (cf. Athénée et Élien), confia l’administration du royaume.

    5111) Hérodotos81 : récitateur de mimes (λoγόµιµoς), cf. Archélaos (supra)

    5212) *X, fils de […]idôros82 : Priénien ; il fut envoyé par Antiochos II dans une cité (dont le nom est perdu) pour y jouer le rôle de juge étranger dans le cadre de litiges relatifs aux obligations.

    53Sous Séleucos II Kallinikos (246-226)

    5413) Apollophanès83, fils d’Apollophanès : Séleucéen (Séleucie de Piérie) ; médecin personnel de Séleucos II, Séleucos III, puis d’Antiochos III, dont il fut un ami très intime dès le début de son règne (cf. Polybe, V, 56, 1) ; inventeur de remèdes (dont un contrepoison, cf. Pline, Histoire naturelle, XXII, 59) ; à la fin de 220 av. J.-C., Apollophanès participa, à la demande d’Antiochos III, à l’éliminationdu « vizir » Hermias (cf. Polybe, V, 56, 2-13 ; et Schmitt, op. cit., p. 150-158) ; au printemps 219 av. J.-C., pendant une délibération portant sur l’invasion de la Coelé-Syrie, il obtint qu’on tente d’abord de récupérer sa ville natale, Séleucie de Piérie, occupée par les Lagides depuis 246 av. J.-C. (cf. Polybe, V, 58, 3-9) ; enfin, il est possible qu’il ait été nommé, après avoir obtenu congé de sa carrière médicale, des sanctuaires d’Apollon et Artémis à Daphnè (Savalli-Lestrade, Philoi, p. 39). On voit donc qu’Antiochos eut une influence politique considérable, en tant qu’ami et conseiller proche du roi.

    55Sous Antiochos III (223-187)

    5614) Euphorion de Chalcis (Eubée), fils de Polymnestos84 : poète, né entre 275 et 268 av. J.-C. ; après un séjour athénien, il se rendit assez âgé (sans doute après 221) à la cour d’Antiochos le Grand, qui le nomma directeur de la bibliothèque d’Antioche.

    5715) Hégésianax, fils de Diogénès85 : d’Alexandrie en Troade ; historien, grammairien, auteur d’un poème astronomique ; H., en tant que philos d’Antiochos III, fut employé souvent dans des missions diplomatiques : avec Lysias (Olshausen, Prosopographie, no 138), il mena l’ambassade séleucide qui se rendit à Corinthe (printemps 196) et rapporta les réponses des commissaires romains à Lysimacheia (cf. Polybe, XVIII, 47, 4 ; 50, 3) ; avec Ménippos (Savalli-Lestrade, Philoi, no 33), il dirigea l’ambassade séleucide à Rome (printemps 193), pour y défendre devant Flamininus, grâce à des arguments d’ordre historique, le bien-fondé de la position d’Antiochos III envers les cités grecques de Thrace et d’Asie (cf. Tite-Live, XXXIV, 57, 6 ; 58, 4 ; Appien, Syriakê, 6) ; il a également pu participer à l’ambassade envoyée par Antiochos III à Rome en 197 (cf. Tite-Live, XXXIII, 20, 8-9) dans le cadre de l’affaire de l’invasion séleucide du royaume attalide (cf. Olshausen, Prosopographie).

    5816) Mnésiptolémos, fils de Calliarchos86 : Kyméen ; historiographe, il fut en grande faveur auprès d’Antiochos III (cf. Athénée, XV, 697 d) ; son fils Séleucos pratiqua la poésie légère (ibid.).

    5917) Aristokréon, fils de Nausikratès87 : Séleucéen (Séleucie du Calycadnos) ou Soléen ; vers 230, il fréquenta, à Athènes, l’école de son oncle, le philosophe stoïcien Chrysippe de Soles (cf. Diogène Laerte, VII, 185) ; lors d’un séjour athénien, il dispensa également un enseignement (cf. IG, II2 785 = Syll.3 474 ; Athènes, 184/3 av. J.-C.) ; il fut honoré par les Athéniens pour avoir porté aide à ceux d’entre eux qui résidaient à Antioche (cf. l’inscription précitée). Par ailleurs, un décret athénien (IG, II2 786 ; Athènes, 229-209 av. J.-C.) lui accordant la proxénie, alors qu’il était à Athènes en qualité d’ambassadeur de Séleucie ou de Soloi – ce qui n’implique pas qu’il ait été membre de l’entourage direct d’Antiochos III – évoque son action lors de la libération de la domination antigonide en 229 av. J.-C.

    60Sous Séleucos IV (187-175)

    6118) Philonidès Ier88 : Laodicéen de Syrie ; mathématicien (en relation, notamment avec Apollonios de Pergè89) et philosophe épicurien90 ; d’après un décret émanant des Eumolpides et des hérauts d’Éleusis (IG, II2, 1236, Athènes, ca. 175 av. J.-C.), il fut honoré de la politeia à Athènes, en compagnie de ses enfants Philonidès II et Dikaiarchos (l. 3-4), pour avoir aidé les ambassadeurs envoyés par les Athéniens devant les rois Antiochos III et Séleucos IV ; plus tard, le peuple athénien le sauva de la captivité (l. 6)91. Ce courtisan, arrivé à la cour séleucide, semble-t-il, sous Séleucos IV ou Antiochos IV, resta en faveur auprès des rois Démétrios Ier (et peutêtre même Alexandre Balas, cf. Élias Bikerman, op. cit., p. 39). Le P. Herc. 1044 (éd. Gallo92) constitue une véritable source d’informations sur notre personnage : les 125 traités de philosophie épicurienne dus à Philonidès durent provoquer l’adhésion de Démétrios Ier à la doctrine (fr. 30), le roi devenant même son disciple (fr. 27, 3-4). L’influence morale de Philonidès sur le roi fut majeure (fr. 20) : l’apprentissage de la « douceur » (ήμερότης) eut pour conséquences un repli physique du souverain à l’écart de la foule, au mécontentement des sujets syriens d’Antioche93, et un rejet des courtisans et favoris (y compris sa « garde » personnelle, tâche des pages et des somatophylaques) pour conserver Philonidès comme collaborateur principal. Cependant, le roi ne manqua pas de confier au philosophe un grand nombre de missions politiques et diplomatiques importantes. Son crédit fut à la hauteur des honneurs qu’il reçut (cf. fr. 53). Ainsi, il intervint tant en faveur de sa ville natale (fr. 16, 1-2) qu’au bénéfice de nombreuses autres cités (par exemple, « celle de Carnéade » son collègue, Cyrène, devons-nous donc supposer, cf. fr. 27, 24-25). Dans l’affaire du meurtre du légat romain Cn. Octavius, commis par le rhéteur Leptinès de Laodicée, Philonidès conjura quelqu’un, sans doute Démétrios Ier, de ne pas détruire Laodicée (fr. 32, 5-8). Enfin, il aurait été nommé « gouverneur » (ἐπιστατ<ε>υθείς) de Laodicée (fr. 52a, 9-10)94.

    62Sous Démétrios Ier Sôter (162-150)

    639) Polybe de Mégalopolis : on connaît le rôle politique et militaire joué par l’historien, dont le père fut un des stratèges de la Ligue achéenne : par exemple, en 181 av. J.-C., sa participation, avec son père, à l’ambassade envoyée en Égypte pour renouer l’alliance avec Ptolémée Épiphane, son action pendant la lutte qui opposa Rome et la Macédoine jusqu’à la défaite de Persée, ou encore, après la prise de Corinthe en 146, son intervention en faveur de ses compatriotes. Pour la dynastie qui nous intéresse, il faut signaler l’avis, finalement rejeté, que Polybe donna à Démétrios Ier, en 162, lorsque celui-ci prétendit reprendre le trône de Syrie, à savoir de ne pas tenter une seconde démarche auprès du Sénat romain (devant l’échec d’une première tentative), solution proposée par le Milésien Apollonios (Savalli-Lestrade, Philoi, no 64)95.

    64Sous Alexandre Balas (150-145)

    6520) Diogénès96 : Séleucéen (Séleucie du Tigre) ; philosophe épicurien en faveur auprès d’Alexandre Balas, à qui il sollicita la permission de « porter une tunique de pourpre et une couronne en or ornée au centre d’un buste d’Arétè, dont il demanda à être nommé prêtre » (Athénée, V, 211 b), requête acceptée par le roi qui l’invita à rester à la Cour et à porter le costume sacerdotal (il fut nommé prêtre de l’Arétè du panthéon royal97). Il se peut qu’il ait fait partie, auparavant, de l’entourage de Démétrios Ier, souverain adonné à l’épicurisme. Ne pouvant tolérer sa, Antiochos VI Épiphane le fit égorger, à coup sûr à l’instigation de Diodotos Tryphon (Savalli-Lestrade, Philoi, no 74)98.

    66Sous Antiochos VII Sidètès (138-129)

    6721) Cratéros d’Antioche, fils de Cratéros99 : médecin et chambellan de la reine Cléopâtre Théa100 ; c’est peut-être en vertu de ces fonctions que cet eunuque fut également le « nourricier » (τροϕεύς101) (du jeune prince Antiochos IX Cyzicène (cadet des fils d’Antiochos VII et de Cléopâtre Théa).

    68Dans l’entourage aulique gréco-macédonien des Séleucides, nous relevons donc la présence de 21 intellectuels et savants (7 historiens, 4 médecins, 3 philosophes, 3 artistes, 1 astronome, 1 poète, 1 « géographe », 1 « juriste »), ce qui représente, grosso modo, 20 % du nombre total d’amis et membres de la Cour attestés, à savoir 83 individus dont le statut de philos est mentionné plus ou moins explicitement dans les sources et 20 membres de l’entourage royal connus comme ambassadeurs, généraux ou familiers, mais dont la qualité de philos est incertaine (toutes origines confondues)102.

    69Cet entourage aulique intellectuel semble avoir été relégué à la « Maison du roi » et avoir servi dans la bureaucratie domestique du roi et de la famille royale, au sein du palais, par opposition aux acteurs des différents secteurs de l’administration militaire, civile et judiciaire du royaume. Il n’a reçu, en politique, qu’un rôle secondaire, bien loin de déterminer le destin dynastique, à l’exception, notable il est vrai, du conseiller royal Apollophanès (no 13)103, des deux ambassadeurs importants que furent Hégésianax et Philonidès (resp. no 15 et 18)104 et du vice-roi Aristos (no 10). Cependant, on peut constater que, pour dix d’entre eux, aucun rôle politique spécifique n’est attesté105, ce qui n’exclut pas, bien entendu, qu’ils aient pu avoir une influence directe ou indirecte sur les décisions politiques du souverain. Quand ils n’avaient pas de rôle direct dans les affaires politiques du royaume, les philosophes de Cour, par exemple, ont pu jouer un rôle de médiateur de vertus auprès des souverains, les médecins exercer leur métier, les artistes ébaudir et charmer leur souverain. Mais dans les domaines, il est vrai spécifiques, de l’expertise militaire et de la gestion politique locale, on ne trouve aucune trace de « véritables » intellectuels ayant occupé, par exemple, les fonctions d’officier de l’armée ou de gouverneur local.

    Présence « barbare » à la cour séleucide

    70En ce qui concerne ce groupe, nous prendrons en compte tout individu expert ou/et savant, et ce au sein du groupe des philoi comme parmi les autres membres de la Cour106. On y relève trois indigènes d’Asie Mineure :

    1. Hermias107 : Carien probablement hellénisé108 ; sa qualité de philos n’est pas explicitée par les sources (Savalli-Lestrade, Philoi, p. 225, n. 32), mais il n’en reste pas moins que ce personnage occupa des fonctions le mettant en contact direct avec le souverain. Parmi les épisodes de sa carrière rapportés par Polybe, on retiendra qu’il fut nommé vice-roi (ὁ ἐπὶ τῶv πραγµάτωv, « préposé aux affaires », seul suppléant du roi dans la direction générale de l’État) par Séleucos III et confirmé dans ses fonctions par le roi Antiochos III (Polybe, V, 41, 1-2), dont il fut membre du συvέδριov (V, 41, 6-42 ; 49, 3-5 ; 51, 3-5) ; il dépêcha les généraux Xénon et Théodotos Hémiolios (vaincus en 222/221), ensuite Xénoitas (Grainger, Prosopography, p. 122), contre Molon (V, 43, 7 ; 45, 6-7) ; il commanda l’aile gauche de l’armée d’Antiochos III (avec le Macédonien Zeuxis) lors de la bataille d’Apollonia, où l’ennemi Molon fut tué (V, 53, 6). C’est également sur ses conseils qu’Antiochos III attaqua, vainement, la position ptolémaïque de la vallée de Biqaa (V, 45, 6-46, 5).

    2. Kendébaios109 : général (de la partie côtière de la Palestine : ἐπιστρατηγος τῆς παραλίας, cf. I Maccabées, 15, 38) sous Antiochos VII, dont il fut le philos ; il commanda l’armée envoyée par ce roi en Judée contre Simon (ci-dessous), après le retour de la mission d’Athénobios110. Son nom renvoie à l’onomastique pisidienne-lycienne.

    3. Bithys, fils de Thraséas : son nom appartient à l’onomastique thraco-macédonienne. Il est chancelier (ἐπιστoγράφoς) et συγγєvής du roi Antiochos VIII Grypos, à qui il dédia une statue à Délos (OGIS, 259, l. 1-3). Il provient assez vraisemblablement, d’après son patronyme, d’une famille originaire d’Aspendos (comme Ptolemaios, fils de Thraséas, gouverneur en Palestine dans la dernière décennie du iie siècle)111.

    71En outre, trois « Barbares » (deux Juifs et un Arabe) furent proches des souverains :

    1. Jonathan (Maccabeus)112 : ce Juif occupa une position centrale dans les relations judéo-séleucides. Au départ successeur de son frère Judas à la tête de la révolte juive contre les Séleucides, il devint l’allié de Démétrios Ier, qui lui accorda le droit de lever des troupes. Ce fait dut pousser Alexandre Balas à en faire son ϕίλος καὶ σύμμαχος (I Maccabées, 10, 16) et à le nommer archiereus du peuple juif en 153-152 (I Maccabées, 10, 18-20 ; Flavius Josèphe, Antiquités juives, XIII, 43-48). En 150, il se rendit aux noces de Balas et de Cléopâtre Théa à Ptolémaïs (I Maccabées, 10, 59-65). À cette occasion, le roi le nomma stratège et méridarque de la province séleucide de Judée (I Maccabées, 10, 66) et le compta parmi ses πρῶτοι ϕίλοι (I Maccabées, 10, 65)113. Trois ans plus tard (147), Jonathan défit Apollonios, le stratège de Coelé-Syrie à la solde de Démétrios II ; Balas lui céda en récompense la ville et le territoire d’Ékron (I Maccabées, 10, 88-89). En 145, après la mort de Balas et de Ptolémée VI Philométor, Démétrios II reconnut tous ses privilèges et l’inscrivit au nombre de ses « premiers amis » (I Maccabées, 11, 27). Ce roi étendit même ses fonctions de stratège et méridarque à trois districts de Samarie (I Maccabées, 11, 37). De Tryphon, agissant au nom d’Antiochos VI, il reçut, en 144, la confirmation de ses privilèges antérieurs et de sa qualité de philos du roi (I Maccabées, 11, 57). Lorsque Tryphon s’aperçut de l’excessive puissance de Jonathan (143-142), il le fit prisonnier (I Maccabées, 12, 43), s’en servit pour arracher au gouvernement juif plusieurs concessions et, les ayant obtenues, le supprima (I Maccabées, 13, 12-24).

    2. Simon114 : en 145, Antiochos VI (ou plutôt Diodotos Tryphon) le nomma stratège militaire de Palestine (précisément « de Tyr à la frontière égyptienne », Flavius Josèphe, Antiquités juives, XIII, 146). Frère et successeur de Jonathan dans la charge d’archiereus en Palestine (143-142), il obtint, à cette date, la reconnaissance de l’immunité totale pour la Judée. Philos de Démétrios II (I Maccabées, 13, 36 ; 14, 39), celui-ci reconnut ses titres, proclamés en 140 par un décret juif, de grand-prêtre, stratège et ethnarque du peuple juif (I Maccabées, 14, 25-49, spéc. 40) et lui accorda le privilège de porter la pourpre, la couronne d’or et la fibule d’or (I Maccabées, 14, 43). Antiochos VII lui confirma ses privilèges (I Maccabées, 15, 1-9) et le compta parmi ses « amis les plus proches », à la suite de son envoi d’argent et de provisions au souverain séleucide, pendant le siège de Dôra, forteresse phénicienne où s’était retranché Tryphon (Flavius Josèphe, Antiquités juives, XIII, 224). Mais, d’après une autre tradition, le roi refusa son aide, revint sur ses engagements et envoya en Judée ses généraux et amis Athénobios, pour poser un ultimatum à Simon, et, devant la réponse insatisfaisante de ce dernier115, Kendébaios, avec mission d’envahir la Judée (I Maccabées, 15, 28-36, et Flavius Josèphe, Antiquités juives, XIII, 223-227).

    3. (I)malchos ou Jamblichos116 : sous Alexandre Balas ; dynaste d’Arabie, appelé (I)malchos par I Maccabées (11, 39-40) et Flavius Josèphe (Antiquités juives, XIII, 131), et Jamblichos (Diodore, XXXIII, 4a). Avant que Diodote Tryphon n’installe le fils de Balas, Antiochos VI, sur le trône, en 144, Malchos fut chargé de l’élever.

    72Quant au Syrien Kombabos, il s’agit d’un personnage légendaire, né de l’imagination de Lucien de Samosate117. D’après celui-ci, il mena l’expédition envoyée à Hiérapolis-Bambykè (Syrie) par Séleucos Ier, dont il fut l’ami « le plus aimé », pour reconstruire le sanctuaire de la déesse Atargatis-Kumbaba (Cybèle-Attis). Lors de cette mission, par crainte de succomber aux charmes de la reine Stratonice dont il était chargé d’assurer l’escorte et, partant, de trahir la confiance royale, il se fit eunuque. Le roi l’en récompensa, entre autres, en le nommant archégète des eunuques desservant le temple de la déesse118.

    73Sans être membres de la Cour ou même fonctionnaires dans l’Empire séleucide, de nombreux étrangers, parfois de rang royal, furent amenés à rencontrer, sur des périodes plus ou moins longues, les rois séleucides. Le silence des sources ne doit pas nous interdire de supposer que ces personnages ont pu participer, peu ou prou, à la formation intellectuelle et culturelle des monarques et des membres de la Cour. Ainsi, on pourrait penser, à titre d’exemple, aux relations, directes et indirectes, des souverains avec les empereurs indiens comme Bindusara (Antiochos Ier), Tchandragupta (Séleucos Ier) ou encore le roi indien Sophaganesos (ou Jaloka), allié d’Antiochos III en 206 (Polybe, XI, 39, 11-12)119.

    Conclusions

    74Il faut donc constater la quasi-absence de l’élément « barbare » dans l’entourage des rois séleucides et particulièrement parmi les philoi, à l’exception notable des Juifs Jonathan et Simon, et de Kendébaios120. Il faut noter également que les sources n’attestent aucun non-Grec avant Alexandre Balas (150 av. J.-C.). D’autre part, on remarquera que l’on ne compte, parmi les amis, aucun Irano-Babylonien, aucun indigène syrien, ni aucun Arabe (de Syrie, par exemple)121. Ce n’est que sous Alexandre Balas que les sources – il est vrai « hellénocentristes » – attestent le dynaste arabe Malchos.

    75C’est donc, d’après les sources disponibles, au sein du milieu juif hellénisé de Palestine que certains souverains séleucides choisirent leurs rares philoi non grecs (mis à part Kendébaios). Mais l’intérêt d’un soutien fort de ce côté du Royaume, en l’occurrence le premier représentant du peuple juif, a, selon nous, pesé largement dans leur décision de les intégrer parmi leurs philoi. Par ailleurs, nous n’avons relevé aucun intellectuel ou détenteur d’un savoir, d’une science parmi les non-Grecs proches du roi. Ceci dit, un personnage comme Jonathan, par exemple, a très certainement dû marquer intellectuellement et culturellement les souverains séleucides, et leur transférer une partie de sa culture, ne pensons qu’au ioudaïsmos. Les sources, si minces en ce qui concerne l’élément « barbare » sous les rois séleucides, ne permettent pas, pensons-nous, d’aller plus loin dans l’objectivité (des statistiques, par exemple, de comparaison entre indigènes et Grecs ayant participé au pouvoir étatique n’auraient aucune validité). Quoi qu’il en soit, on voit ici confirmée la domination de l’élite gréco-macédonienne dans le monde hellénistique (comme en Égypte, par exemple), spécialement au sommet de la fonction dirigeante et aux échelons supérieurs de l’administration122.

    Notes de bas de page

    1 Robert Pattison, On Literacy. The Politics of the Word from Homer to the Age of Rock, Oxford, Oxford University Press, 1982, p. viii (citation empruntée à Alan K. Bowman et Greg Woolf, Literacy and Power in the Ancient World, Cambridge, Cambridge University Press, 1994, p. 1).

    2 Pour l’Égypte ptolémaïque, Bernard Legras a mis en lumière le degré d’influence du savoir égyptien et les fonctions des experts indigènes à la cour des Ptolémées, cf. « Les experts égyptiens à la cour des Ptolémées », Revue historique, 307/4 (2002), p. 963-991.

    3 Cette répartition binaire ne doit évidemment pas cacher les différents degrés d’acculturation et de dépendance au sein de cet immense royaume : la situation des Juifs de Palestine (où judaïsme et hellénisme se confrontent), par exemple, n’est pas celle des ressortissants de contrées déjà fortement hellénisées (Pisidie, Lycie, etc.) ou encore celle du cheik arabe.

    4 En ce compris les îles (Rhodes, la Crète, Chypre, etc.), la Syrie, etc.

    5 Les ouvrages et articles de revues (leurs titres sont abrégés selon l’Année philologique) utilisés principalement sont les suivants : Chiara Carsana, Le dirigenze cittadine nello stato seleucidico, Côme, Edizioni New Press, 1996 (Bibl. di Athenaeum, 30), désormais abrégé Carsana, Dirigenze ; John D. Grainger, A Seleukid Prosopography and Gazetteer, Leyde, Brill, 1997 (Mnemosyne Suppl., 172), désormais abrégé Grainger, Prosopography ; Eckart Olshausen, Prosopographie der hellenistischen Königsgesandten, Louvain, 1974 (Stud. Hell., 19), désormais abrégé Olshausen, Prosopographie ; Ivana Savalli-Lestrade, Les philoi royaux dans l’Asie hellénistique, Genève, Droz, 1998 (EPHE, IVe section, Hautes études du monde gréco-romain, 25), désormais abrégé Savalli-Lestrade, Philoi. Par ailleurs, sur l’histoire, les institutions ou encore l’hellénisation des Séleucides, cf. aussi K.M.T. Atkinson, « The Seleucids and the Greek Cities of Western Asia Minor », Antichton, 2 (1968), p. 32-57 ; Élias Bikerman, Institutions des Séleucides, Paris, P. Geuthner, 1938 ; id., « The Seleucids and the Achaemenids », dans Atti del convegno sul tema : La Persia e il mondo greco-romano (Roma, 11-14 aprile 1965), Rome, Accademia Nazionale dei Lincei, 1966, p. 87-117 ; Auguste Bouché-Leclercq, Histoire des Séleucides (323-64 av. J.-C.), Paris, E. Leroux, 1913-1914 ; Getzel M. Cohen, The Seleucid Colonies. Studies in Founding, Administration and Organization, Wiesbaden, F. Steiner, 1978 ; Glanville Downey, A History of Antioch in Syria from Seleucus to the Arab Conquest, Princeton, Princeton University Press, 1961 ; et id., Ancient Antioch, Princeton, Princeton University Press, 1963 ; John Ma, Antiochos III and the Cities of Western Asia Minor, Oxford, Oxford University Press, 2000 (cf. aussi trad. française, Paris, Les Belles Lettres, 2004) ; Andreas Mehl, Seleukos Nikator und sein Reich, Louvain, 1986 (Stud. Hell., 28) ; Domenico Musti, « Lo stato dei Seleucidi », SCO, 15 (1966), p. 61-197 ; Wolfgang Orth, Königlicher Machtanspruch und städtische Freiheit. Untersuchungen zu den politischen Beziehungen zwischen den ersten Seleukidenherrschern (Seleukos I, Antiochos I, Antiochos II) und den Städten des westlichen Kleinasien, Munich, C.H. Beck, 1977 ; Hatto H. Schmitt, Untersuchungen zur Geschichte Antiochos’des Grossen und seiner Zeit, Wiesbaden, F. Steiner, 1964 (Historia, Einzelschr., 6) ; Holger Sonnabend, Die Freundschaften der Gelehrten und die zwischenstaatliche Politik im klassischen und hellenistischen Griechenland, Hildesheim, Olms, 1996 ; Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique (323-30 av. J.-C.), Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1966-1967.

    6 Nous partons des données rassemblées par Carsana, Dirigenze, respectivement sections A à D pour les quatre domaines envisagés, et Grainger, Prosopography, et suivons les remarques de Savalli-Lestrade, Philoi, p. 224-225, n. 28 à 31, concernant des retraits ou ajouts à cette liste. Nous renverrons systématiquement à Carsana, Dirigenze, et Grainger, Prosopography, pour des compléments bibliographiques. En ce qui concerne le gouvernement territorial, on arrive donc à un total de 9 indigènes pour 13 ou 14 Macédoniens et 6 Grecs. Savalli-Lestrade, Philoi, p. 227, insiste sur le rôle politique très réduit et éphémère des « Barbares » au niveau des satrapies ou stratégies territoriales et qualifie ceux-ci (à l’exception d’Aribazos et peut-être de Dionysios) de « potentats locaux enrôlés dans l’administration royale, sans doute avec des obligations fiscales et militaires envers le roi ». Enfin, elle souligne à juste titre l’importance du rôle qui fut celui des gouverneurs grecs et macédoniens dans les satrapies orientales. Cf. aussi Carsana, Dirigenze, p. 15-27, Élias Bikerman, op. cit., (1938), p. 197-207, et Grainger, Prosopography, p. 811-812. Sur les transferts culturels réciproques entre Grecs et Iraniens du royaume séleucide, cf. Élias Bikerman, op. cit. (1965), p. 87-117.

    7 Savalli-Lestrade, Philoi, p. 227 (pour tous ces Orientaux) ; Carsana, Dirigenze, A 6 ; Grainger, Prosopography, p. 81. Cf. P. Petrie, II, 45, et III, 144, ainsi que Maurice Holleaux, « Remarques sur le papyrus de Gourob », dans Études d’épigraphie et d’histoire grecques, Louis Robert, éd., Paris, De Boccard, 1942, III, p. 281-297.

    8 Carsana, Dirigenze, A 11 ; Grainger, Prosopography, p. 83. Cf. Polybe, XXV, 2, 12 ; XXXI, 16, 1 ; Diodore, XXXI, 17 a, 22 et 27 a ; Strabon, XI, 14, 5-6 et 15. Cf. Hermann Bengtson, Die Strategie der hellenistischen Zeit, II, Munich, C.H. Beck, 1944, p. 157 et suiv.

    9 Carsana, Dirigenze, A 12 ; Grainger, Prosopography, p. 122. Cf. Strabon, XI, 14, 5 et 15.

    10 Carsana, Dirigenze, A 21 ; Grainger, Prosopography, p. 95. Cf. Pline, Histoire naturelle, VI, 139 ; et A.R. Bellinger, « Hyspaosines of Charax », YCS, 8 (1942), p. 52-67.

    11 Carsana, Dirigenze, A 27 ; Grainger, Prosopography, p. 88. Cf. Diodore, XXXIII, 28. En outre, nous relevons un certain Terunu (Théron ?), gouverneur de Babylonie, attesté comme opposant à un ennemi en 260, cf. Grainger, Prosopography, p. 119.

    12 Carsana, Dirigenze, A 26 ; Grainger, Prosopography, p. 116. Cf. Diodore, XXXIII, 28, Strabon, XVI, 2, 26 ; et Athénée, VIII, 333 b-d.

    13 À noter également l’attestation d’un Cyrénéen, Polianthès, sous Séleucos Ier (Carsana, Dirigenze, B 3). Tout compte fait, on dénombre 21 Grecs (avec quelques doutes concernant trois Antiochéens d’Antioche de Syrie) et 3 Macédoniens. Sur le rôle diplomatique des philoi hellénistiques, cf. Leon Mooren, « Die diplomatische Funktion der hellenistischen Königsfreunde », dans Antike Diplomatie, Eckart Olshausen et Hildegard Biller, éd., Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1979, p. 256-290. Cf. aussi Carsana, Dirigenze, p. 29-41. Pour le royaume ptolémaïque, Mooren (op. cit., p. 258-259) estime à environ 70 % la proportion d’amis chez les envoyés lagides. Cf. aussi Olshausen, Prosopographie, ou Savalli-Lestrade, Philoi, p. 231, n. 53, qui recense au moins 25 % d’amis parmi les envoyés royaux répertoriés (de 356 à 151/0).

    14 Carsana, Dirigenze, B 23 ; Savalli-Lestrade, Philoi, no 86. C’est d’après son nom qu’on peut penser à une origine syrienne (ou palestinienne) pour ce personnage, cf. G.J. Toomer, « The Mathematician Zenodorus », GRBS, 13 (1972), p. 177-192, spéc. 180-188. Toutefois, certains doutes subsistent sur l’identité de ce personnage. Il pourrait s’agir de [Mè]nodôros, auquel cas l’onomastique renverrait plutôt à une polis d’Asie Mineure ou à une île avoisinante, cf. e.g. Louis Robert, Noms indigènes dans l’Asie Mineure gréco-romaine, Paris, A. Maisonneuve, 1963, p. 514. Cf. aussi Stephen V. Tracy, « IG II2 937 : Athens and the Seleucids », GRBS, 19 (1988), p. 383-388, spéc. 387. Olshausen, Prosopographie, p. 215-216 (no 150), confond sa carrière et celle de son père Eumène, qui reçut la citoyenneté athénienne.

    15 Pour ce secteur, on arrive à un total de 13 indigènes pour 10 Grecs ou Macédoniens provenant de fondations séleucides ou y fonctionnant et 5 Grecs de cités d’Asie Mineure. Cf. Carsana, Dirigenze, p. 43-52.

    16 Savalli-Lestrade, Philoi, p. 228, y oppose, à juste titre, les Macédoniens qui furent préposés aux sanctuaires et/ou grands-prêtres en Asie Mineure, tels Nikanôr (no 37) ou encore Dion, préposé aux sanctuaires d’Asie Mineure cistaurique sous Antiochos II (SEG, XXVII, 1010). Sur l’administration royale séleucide en Babylonie, cf. Amélie Kurth, « The Seleucid kings and Babylonia : new perspectives on the Seleucid realm in the East », dans Aspects of Hellenistic Kingship, Per Bilde et al., éd., Aarhus, Aarhus University Press, 1996, p. 41-54. Nous voudrions évoquer également la famille iranienne des Bagadatès et des Ariaramnès, détentrice de la néocorie d’Artémis à Amyzon (quand la Carie fut devenue grecque et pendant un siècle et demi), cf. Louis Robert, op. cit. (1963), p. 349.

    17 Carsana, Dirigenze, C 2 ; Grainger, Prosopography, p. 300. Sur le rôle central des satammu dans l’administration de la Babylonie, cf. Gilbert J.P. McEwan, Priest and Temple in Hellenistic Babylonia, Wiesbaden, F. Steiner, 1981, p. 25-27.

    18 Carsana, Dirigenze, C 5 ; Grainger, Prosopography, p. 522. Cf. Albert T. Clay, Miscellaneous Inscriptions in the Yale Babylonian Collection, New Haven, Yale University Press, 1915, p. 81-84, no 52 (inscription du temple, 244/3). D’autres Babyloniens reçurent un nouveau nom grec (par exemple Anu-uballit-Kephalon, ci-dessous), mais Nikarchos est le seul Babylonien connu à l’avoir reçu directement du roi, cf. aussi Susan Sherwin-White, « Seleucid Babylonia : a Case Study for the Installation and the Development of Greek Rule », dans Hellenism in the East : the Interaction of Greek and Non Greek Civilizations from Syria to Central Asia after Alexander, Amélie Kurth et Susan Sherwin-White, éd., Londres, Berkeley, University of California Press, 1987, p. 1-31, spéc. 29 (et, sur l’hellénisation de la classe dirigeante babylonienne, dans le même ouvrage, Robert J. Van der Spek, « The Greek Polis and the Ancient Near Eastern City », p. 57-74, spéc. 68 et suiv.). L’adoption de noms grecs par des Babyloniens est un des signes de l’influence de la culture grecque sur la société babylonienne, cf. G.K. Sarkisian, « Greek Personal Names in Uruk and the Graeco-Babyloniaca Problem », dans Wirtschaft und Gesellschaft im alten Vorderasien, Jàn Harmatta et Géz Komoroczy, éd., Budapest, 1976, p. 495-503 (et id., même titre, Anthropos, 73 (1978), p. 269).

    19 Carsana, Dirigenze, C 6. Cf. Albert K. Grayson, Assyrian and Babylonian Chronicles, New York, J.J. Augustin, 1975, p. 277-278, et 283-284, 13b, 3-4 (sur le roi, cf. l. 11). Son ethnique est explicitement indiqué (Babili, 3).

    20 Carsana, Dirigenze, C 7 ; Grainger, Prosopography, p. 197 (no 9). Cf. G.K. Sarkisian, « New Cuneiform Texts from Uruk of the Seleucid Period in the Staatliche Museen zu Berlin », FBSM, 16 (1974), p. 15-76, spéc. p. 24 (no 1), l. 16, 23 et 39. Pour une comparaison entre la carrière de rabu à Uruk et de satammu à Babylone, cf. R.J. Van der Spek, op. cit., dans Hellenism in the East, p. 70-72. Bikerman, op. cit. (1938), p. 206 ; et Gilbert J.P. McEwan, op. cit., p. 26-27, rapprochent ce titre de celui de l’épistates.

    21 Carsana, Dirigenze, C 12 ; Grainger, Prosopography, p. 410 (no 3). Le personnage est attesté dans des documents concernant des prébendes à Uruk. Cf. R.A. Bowman, « Anu-uballi-Kephalon », AJSL, 56 (1939), p. 231-243.

    22 Carsana, Dirigenze, C 15 ; Grainger, Prosopography, p. 205 (no 16).

    23 Carsana, Dirigenze, C 20 ; Grainger, Prosopography, p. 422 (no 83).

    24 Carsana, Dirigenze, C 21.

    25 Carsana, Dirigenze, C 25.

    26 Carsana, Dirigenze, C 16 ; Grainger, Prosopography, p. 118 (no 3). Il avait été engagé par Onias III. Sa dispute avec ce dernier le mena à révéler les richesses du temple au gouverneur Apollonios, fils de Thraséas (cf. II Maccabées, 3, 4-13 ; 4, 1-6 et 23).

    27 Carsana, Dirigenze, C 17 ; Grainger, Prosopography, p. 105. Cf. II Maccabées, 4, 23-50 et 13, 3-8 ; Flavius Josèphe, Antiquités juives, XII, 5, 1 et 9, 7. Il faudrait également évoquer d’autres grands-prêtres juifs, tel que Onias III, en charge jusqu’en 174, où il fut déposé par Antiochos IV en faveur de Jason (Grainger, Prosopography, p. 110).

    28 Carsana, Dirigenze, C 8 ; Grainger, Prosopography, p. 85 (no 1). Sur l’origine probable de son nom (thrace), cf. Louis Robert, Bulletin épigraphique, 1974, no 219.

    29 Carsana, Dirigenze, C 18 et D 49. On sait aussi que Ptolémée, le gouverneur de Coelé-Syrie et de Phénicie (Carsana, Dirigenze, A 17), lui envoya une armée de 20 000 hommes commandés par Nikanôr (Carsana, Dirigenze, D 48), à la suite d’une autre rébellion survenue à Jérusalem en 165.

    30 Cf. Bezalel Bar-Kochva, The Seleucid Army. Organization and Tactics in the Great Campaigns, Cambridge, Cambridge University Press, 1976 ; Élias Bikerman, op. cit. (1938), p. 51-105 ; Marcel Launey, Recherches sur les armées hellénistiques, Paris, De Boccard, 2e éd., 1987, I, p. 59-60. Carsana, Dirigenze, p. 53-68, spéc. 58-61, reconnaît le rôle minoritaire des non-Grecs (Iraniens, Arabes, Galates, Thraces et, si tant est qu’il soit possible de déterminer leur faible degré d’hellénisation, les indigènes d’Asie Mineure) par rapport aux trois autres composantes ethniques, à savoir les Macédoniens, les mercenaires crétois et grecs du continent, et les Grecs d’Asie Mineure.

    31 Carsana, Dirigenze, D 10 ; Grainger, Prosopography, p. 110. Cf. OGIS, 229.

    32 Carsana, Dirigenze, D 16 ; Grainger, Prosopography, p. 81 (no 2). Cf. Polybe, VII, 17, 9, et 18, 4 et 7 ; VIII, 21, 9.

    33 Carsana, Dirigenze, D 28 ; Grainger, Prosopography, p. 83 (s.v. Aspianas !). Cf. Polybe, V, 79, 7. Cf. Bezalel Bar-Kochva, op. cit., p. 87.

    34 Carsana, Dirigenze, D 36 ; Grainger, Prosopography, p. 51. Il est classé parmi les Iraniens uniquement d’après l’onomastique, cf. Philip Huyse, Iranisches Personennamenbuch, Wien, Österreichische Akademie der Wissenschaften, 1990, no 75. Sur cette campagne, cf. Maurice Holleaux, « Ardys et Mithridates », Hermes, 47 (1912), p. 481-491.

    35 Carsana, Dirigenze, D 2. Cf. Gustave Mendel, Catalogue des sculptures grecques, romaines et byzantines, III, Rome, L’Erma di Bretschneider, 1966, p. 305-307, no 1072.

    36 Carsana, Dirigenze, D 20 ; Grainger, Prosopography, p. 81. Sur son nom, cf. Ladislav Zgusta, Kleinasiatische Personennamen, Prague, Verlag der Tschechoslowakischen Akademie des Wissenschaften, 1964, p. 89, no 86, 7.

    37 Carsana, Dirigenze, D 24 ; Grainger, Prosopography, p. 99. Prosopographia Ptolemaica, no 15050. Sur l’origine probable de son nom, cf. Ladislav Zgusta, op. cit., p. 694 ; et Marcel Launey, op. cit., I, p. 474 et n. 2.

    38 Carsana, Dirigenze, D 25 ; Grainger, Prosopography, p. 103, no 1. Sur son origine et son rôle militaire, cf. Polybe, V, 79, 11. Cf. aussi Marcel Launey, op. cit., I, p. 516.

    39 Carsana, Dirigenze, D 43. Ses renseignements proviennent d’une stèle funéraire (SEG, XXIV, 637), imprécise quant à la date et aux circonstances de la mort de Brikkôn. L’époque mentionnée (la campagne de Thrace), la plus vraisemblable (on proposa celle d’Antigone Gonatas et même l’époque romaine), provient de l’étude paléographique et historique de Yves Grandjean (« Note sur une épigramme de Maronée », Bulletin de correspondance hellénique, 95 (1971), p. 283-294). Son nom appartient à l’onomastique galate (donnée confirmée par l’origine des mercenaires qu’il dirigea), cf. Léon Fleuriot, « Deux noms de Galates à Maronée », Bulletin de correspondance hellénique, 94 (1970), p. 667 et suiv.

    40 Carsana, Dirigenze, D 59 ; Grainger, Prosopography, p. 92. Cf. John D. Grainger, The Cities of Seleukid Syria, Oxford, Clarendon, 1990, p. 44, 52, 132 et 173-174. Edwyn Bevan (The House of Seleucus, Londres, 1902, II, p. 258 et suiv.), en se fondant sur l’attestation du fils de Hèrakléôn, Dionysos, comme tyran, entre autres, de Béroia (Strabon, XVI, 2, 7), a même avancé l’hypothèse, recevable mais non péremptoire, que notre personnage avait fondé un principat indépendant au nord de la Syrie, incluant sa ville natale, Bambykè-Hiéropolis et Héracléa.

    41 Carsana, Dirigenze, D 6 ; Grainger, Prosopography, p. 118. Carsana, Dirigenze, p. 143, n. 1, soulève un doute dû à la rédaction « obscure » de Pausanias concernant l’ethnique (Syrien), à savoir que celui-ci pourrait se rapporter aux troupes engagées plutôt qu’à leur commandant. La place de la mention de l’ethnique dans la phrase (juste après Télésarchos) et la présence de la mention (juste avant) de l’ethnique de l’autre commandant engagé pour la Macédoine doivent, selon nous, lever toute ambiguïté et faire adopter la solution retenue.

    42 Carsana, Dirigenze, D 31 ; Grainger, Prosopography, p. 122. Ce fut probablement un dynaste arabe, vassal du roi Antiochos, après ses succès en Coelé-Syrie en 218 (cf. Polybe, V, 71, 1).

    43 Cf. Christian Habicht, « Die herrschende Gesellschaft in den hellenistischen Monarchien », VSWG, 45 (1958), p. 5.

    44 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, p. 225-226.

    45 Cf. Troels Engberg-Pedersen, « The Relationship between Intellectual and Political Centres in the Hellenistic World », dans Centre and Periphery in the Hellenistic World, Per Bilde et al., éd., Aarhus, Aarhus University Press, 1993, p. 285-315, spéc. 285 (Studies in Hellenistic Civilization, IV). Les milieux intellectuel et politique rhodiens à l’époque hellénistique sont étudiés, par exemple, dans Hellenistic Rhodes. Politics, Culture and Society, Vincent Gabrielsen et al., éd., Aarhus, Aarhus University Press, 1999 (cf. aussi, dans ce volume, l’article de B. Mygind, « Intellectuals in Rhodes », p. 247-293). Pour Rome, cf. e.g. Philosophia Togata : Essays on Philosophy and Roman Society, Miriam Griffin et Jonathan Barnes, éd., Oxford, Clarendon Press, 1989, spéc. p. 1-37.

    46 Nous possédons très peu de témoignages relatifs à cette bibliothèque publique (par exemple, rien concernant précisément les éventuels ouvrages de littérature ou science indigènes, dus à des non-Grecs), qui dut, pourtant, être fondée assez tôt, en tout cas bien avant Antiochos III. B.A. van Groningen propose comme fondateur soit Séleucos Ier soit Séleucos II (Euphorion, Amsterdam, 1977, p. 2). Le temple de Trajan à Antioche fut converti par Julien en une bibliothèque, confiée aux soins d’un certain Théophile, cf. Souda, s.v. « Ίοβιανός » I 401 (Adler) ; cf. K. Vössing, s.v. « Bibliothek », dans Der Neue Pauly. Enzyklopädie der Antike, Hubert Cancik et Helmut Schneider, éd., II (1997), Stuttgart-Weimar, J.B. Metzler, col. 634-647) ; C. Callmer, « Die antike Bibliotheken », dans Opuscula archaeologica, III, 1944, p. 184 ; Jeno Platthy, Sources on the Earliest Greek Libraries, Amsterdam, A.M. Hakkert, 1968, p. 170-173 ; Glanville Downey, op. cit. (1963), p. 176.

    47 Malgré le silence des sources sur l’existence d’un théâtre dans l’Antioche hellénistique, il est difficile de croire qu’il n’en ait pas existé un avant celui de César, par exemple, cf. Glanville Downey, op. cit. (1961), p. 72. Cf. aussi C.O. Müller, Antiquitates Antiochenae, Göttingen, 1839, p. 70 et suiv. Sur le théâtre de Babylone, cf. e.g. Paul Perdrizet, « Légendes babyloniennes », RHR, 105 (1932), p. 226.

    48 Cicéron, Pro Arch., 4.

    49 Nous n’évoquons pas ici les intellectuels dont on sait qu’ils remplirent des fonctions politiques au service des Séleucides et renvoyons pour ceux-ci à nos paragraphes consacrés aux intellectuels, indigènes ou non indigènes selon le cas, ayant appartenu à l’entourage du souverain ou ayant exercé une fonction politique au sein du royaume. Plusieurs tableaux de l’histoire littéraire séleucide ont été brossés : sur les écrivains à la cour séleucide, cf. Franz Susemihl, Geschichte der griechischen Litteratur in der Alexandriner Zeit, Leipzig, B.G. Teubner, 1891-1892 (cf. index s.v. Antiochos, Seleukos, Stratonike) ; sur la littérature hellénistique en Syrie et particulièrement en Babylonie, cf. Paul Perdrizet, op. cit., spéc. p. 223-228. Cf. aussi Élias Bikerman, op. cit. (1938), p. 39-40, et Joseph Bidez, « Les écoles chaldéennes sous Alexandre et les Séleucides », dans Volume offert à Jean Capart, Bruxelles, 1935 (Annuaire de l’Institut de philologie et d’histoire orientales, III), p. 41-89. Cf. aussi E. Pack, « Antiochia : schema di uno spazio letterario semivuoto », dans Lo spazio letterario della Grecia antica, Guiseppe Cambiano, Luciano Canfora et Diego Lanza, dir., vol. I, t. II, Rome, Salerno Editrice, 1993, p. 717-767. Sur la présence ininterrompue d’experts babyloniens, notamment astronomes, auprès des rois assyriens et babyloniens, cf. aussi Robert J. Van der Spek, « Darius III, Alexander the Great and Babylonian scholarship », dans A Persian Perspective. Essays in Memory of Heleen Sancisi-Weerdenburg, Wouter Henkelman et Amélie Kurth, éd., Leyde, Nederlands Instituut voor het Nabije Oosten, 2003 (Achaemenid History, XIII), p. 289-346.

    50 Strabon, XVI, 1, 16, apporte peut-être une explication à cette hésitation : il prend précisément notre philosophe comme exemple d’individu originaire de Séleucie, mais dont l’ethnique « Séleucéen » est de préférence remplacé par « Babylonien » (du nom du pays, pas de la ville). Cicéron (De natura deorum, I, 41) l’appelle aussi Babylonius, lorsqu’il évoque son ouvrage intitulé De Minerva. Cf. Diogène Laerte, VI, 81 ; VII, 30, 39, 55, etc., et H. von Arnim, s.v. « Diogenes (45) », dans RE, V 1 (1903), col. 773-776. Son origine indigène peut être déduite de Plutarque, De fort. Alex., I, 5.

    51 Cf. Franz Susemihl, op. cit., I, 763 et suiv. Strabon, XVI, 1, 6, le range parmi les philosophes ἐπιχώροι (chaldéens), au sein desquels il cite également Cidenas, Naburianos et Sudines. Les « philosophes » chaldéens s’occupaient majoritairement d’astronomie, mais un petit nombre d’entre eux versaient dans l’astrologie et tiraient des horoscopes (Strabon, ibid.). Sur cette littérature astronomique et astrologique babylonienne de l’époque hellénistique, cf. Paul Schnabel, Berossos und die babylonisch-hellenistische Literatur, Leipzig-Berlin, B.G. Teubner, 1923, p. 109-133 et 211-241 (Épigénès, Apollonios de Myndos, Critodemos, Cidenas/Kidinnu, Sudines, Naburianos, l’école d’Uruk, etc.). Sur Sudines, cf. aussi Franz Susemihl, op. cit., I, p. 861-862.

    52 Cf. Paul Perdrizet, op. cit., p. 228.

    53 Sur la présence épicurienne en Syrie, cf. W. Crönert, « Die Epikureer in Syrien », JÖAI, 10 (1907), p. 145-152. Citons encore Diogène de Tarse (cf. Diogène Laerte, X, 26, 97, 118, etc.).

    54 Il faudrait mentionner Aristocréon de Soles, son neveu et dédicataire pour au moins dix ouvrages (cf. Diogène Laerte, VII, 185, 196, 197 et 202). Sur son rôle d’ambassadeur à Athènes, cf. Holger Sonnabend, op. cit., p. 283-286 (cf. infra, no 17).

    55 Origine qu’il affiche volontiers dans l’épigramme conservée apud Athénée, V, 222 a (Anthologie grecque, XVI, 19a, éd. Loeb).

    56 Cf. Paul Perdrizet, op. cit., p. 225 : dans le royaume séleucide plus que dans celui des Ptolémées, les intellectuels grecs avaient beaucoup d’estime pour l’élément indigène. Voir, par exemple, Strabon, XVI, 1, 6 : les philosophes indigènes y sont qualifiés d’. Sur le sort réservé à Babylone et à son milieu intellectuel par les Séleucides (notamment en comparaison de sa rivale Séleucie du Tigre), cf. Robert J. Van der Spek, « The Babylonian City », dans Hellenism in the East (op. cit.), p. 60-70.

    57 Cf. Souda, s.v. « Σιμωνίδης », S 443 (Adler). Cf. Arnoldo Momigliano, « Un’ignota irruzione dei Galati in Siria al tempo di Antioco III ? » BFC, 36/6 (déc. 1929), p. 151-155.

    58 Cf. Tatianos (Or. ad Graecos, 36, p. 38 ; Schwartz ; = Eusèbe, Préparation évangélique, X, 11, 8). Son œuvre est malheureusement fragmentaire (cf. Gerald P. Verbrugghe et John M. Wickersham, Berossos and Manetho, Introduced and Translated : Native Traditions in Ancient Mesopotamia and Egypt, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1996, p. 35-67, ou Paul Schnabel, op. cit., p. 251-275). Son Histoire s’étendait depuis les temps les plus anciens jusqu’à la mort d’Alexandre le Grand. On sait, d’après les travaux de chronographie romaine impériale et byzantine, qu’il distinguait trois périodes principales dans l’histoire de la Mésopotamie, à savoir la phase légendaire (jusqu’au Déluge), les sept dynasties (jusqu’à Alexandre) et les relations des Assyriens avec les rois de Juda (à partir de Senachérib) ; l’apport essentiel de ce récit réside dans le fait qu’il renferme des données étrangères aux traditions de la philosophie grecque (légendes locales, cosmogonie babylonienne, etc.) et paraissant n’avoir pas été conservées par ailleurs. On peut dire que Bérose, à l’instar du grand-prêtre d’Héliopolis, Manéthon, pour l’Égypte, a fondé l’histoire scientifique de l’Assyro-Babylonie. D’après Pline (Histoire naturelle, XVIII, 294), un certain Archibios, inconnu par ailleurs, probablement agronome, communiqua à un des rois Antiochos un curieux remède contre le mauvais temps. Cf. M. Wellmann, s.v. « Archibios (5) », dans RE, II (1896), 466 ; et Franz Susemihl, op. cit., I, 835. Nous connaissons, par ailleurs, l’intérêt d’Antiochos VIII pour les remèdes et antidotes (cf. infra). Bien entendu, cet élément n’apporte aucune certitude quant au véritable destinataire d’Archibios.

    59 Pline évoque quelques-uns de ces artistes : Bryaxis et Aristodémos, auteurs d’un portrait de Séleucos Ier (Histoire naturelle, XXXIV, resp. 73 et 86) ; les deux peintres Artémon et Ctésiclès, liés à la reine Stratonice (XXXV, 139-140). Lors de la procession qu’il donna à Daphné, vers 167 (voir sa description apud Polybe, XXX, 25, 1-26, 9), le roi Antiochos IV sut mettre en valeur le travail des artistes d’Antioche (Polybe, XXX, 26, 1-2 ; cf. Athénée, V, 193 d). Élias Bikerman, op. cit. (1938), p. 39, n. 1, évoque également l’implication de ces artistes dans la décoration d’un mausolée voisin d’Éphèse, probablement celui d’Antiochos II.

    60 D’après Pline (Histoire naturelle, XX, 264) et Gargilius Martialis (39, 8), il s’agit d’un remède – une thériaque à base de serpolet – contre tous les animaux venimeux, excepté l’aspic (Pline), dont l’inventeur, le roi Magnus Antiochus, aurait donné la composition sous forme d’une inscription métrique consacrée dans le temple d’Asclépios à Cos (Garg.). On a cru longtemps (cf. J. André, éd., Les Belles Lettres, CUF, Pline, l. XX, 1965, p. 218, n. 2) qu’il s’agissait d’Antiochos le Grand. Mais il s’agirait plutôt d’Antiochos VIII Grypos, auteur d’un antidote (cf. Galien, Antid., II, 14 et 17 = XIV, 185 et 201 K.) dont la composition est proche de celle transcrite par Gargilius et Pline, cf. J.-M. Jacques, « Nicandre de Colophon, poète et médecin », Ktéma, 4 (1979), p. 133-149, spéc. 141.

    61 Cf. Pline, Histoire naturelle, II, 167 ; V, 49 et 86 ; VI, 58, 63 et 147, etc. Sur les explorations commandées par les Séleucides (notamment celle de Patroklès en mer Caspienne, voir infra, no 4), cf. Max Cary et Eric H. Warmington, Les explorateurs de l’Antiquité, Paris, Payot, 1932, p. 213-222. Évoquons, à titre d’exemple, l’essai de transplantation de la culture des épices indiennes en Arabie séleucide de la part de Séleucos Ier.

    62 Cf. l’anecdote rapportée par Athénée, XIV, 652 f-653 a : un prince indien (Bindusara, fils de Tchandragupta) demanda au « roi Antiochos » de lui vendre, outre des figues sèches et du vin doux, un philosophe. Pour ce dernier, le roi refusa, avançant le caractère inhabituel (ou illégal ?) chez les Grecs d’une telle vente.

    63 Cf. Diogène Laerte, V, 67.

    64 Cf. Athénée, V, 211 a-d. Alexandre Balas organisait des symposia à la Cour, où il invitait philosophes et littérateurs (211 a) ; lors de ses entretiens, il se montrait même (211 d).

    65 Cet épisode est rapporté par Athénée (XII, 547 a-b). Auguste Bouché-Leclercq, op. cit., p. 377, penche pour Antiochos VII, tout en marquant ses doutes. Nous serions tentés d’attribuer cette mesure à Antiochos VI, dans la mesure où ce roi est connu, par ailleurs, pour la mise à mort du philosophe épicurien Diogénès de Séleucie du Tigre. L’attestation de Phanias n’est malheureusement pas éclairante d’un point de vue chronologique.

    66 Sur l’importance des fonctions politiques revêtues par certains intellectuels et savants à la cour des monarques hellénistiques, cf. Christian Habicht, op. cit. (1958), p. 1-16, spéc. 7-8. Sur le rôle politique joué par des intellectuels, particulièrement en Grèce et à l’âge classique, cf. les deux ouvrages de Franck L. Vatai, Intellectuals as Political Activists in the Greek and Hellenistic World, Diss. State Univ. of New York, Binghamton, 1982 (cf. Diss. Abstr., XLIII (1982), 1639A) et Intellectuals in Politics in the Greek World, From Early Times to the Hellenistic Age, Londres, CroomHelm, 1984. Nous renvoyons à l’ouvrage d’Ivana Savalli-Lestrade pour les individus n’étant pas connus explicitement en tant qu’intellectuels ou savants et ne faisant partie de l’entourage royal que grâce à leurs compétences politiques, diplomatiques ou encore militaires (majorité des cas ; par exemple, Gorgias, expert militaire au service d’Antiochos IV, cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 53). De même, nous ne relevons pas ici les fonctionnaires tels que les chanceliers (ἐπιστολογράϕοι), comme Dionysios sous Antiochos IV (Savalli-Lestrade, Philoi, no 51) ou Ménocharès, fils de Dionysios (Savalli-Lestrade, Philoi, no 70).

    67 Sur la cour séleucide, cf. e.g. Élias Bikerman, op. cit. (1938), p. 31-50, et Carsana, Dirigenze, p. 69-86. Sur le recrutement, la titulature et l’institution des amis royaux, cf. Savalli-Lestrade, Philoi, p. 213-394 (et la bibliographie, p. 430-449). Plus particulièrement sur l’ambiguïté et l’évolution de la position sociale des amis (parasites, courtisans, fonctionnaires authentiques, etc.), cf. Gabriel Herman, « The “Friends” of the Early Hellenistic Rulers, Servants or Officials ? », Talanta, 12-13 (1980-1981), p. 103-127. Les quelque 86 amis répertoriés par Savalli-Lestrade se répartissent essentiellement en trois groupes ethniques : les Milésiens, les Syriens et les Macédoniens. Pour une distribution plus détaillée, cf. Savalli-Lestrade, Philoi, p. 216-234.

    68 Sur les liens amicaux entre savants et la politique internationale à l’époque hellénistique, cf. Holger Sonnabend, op. cit., p. 201-327.

    69 Nous tirons la plupart des informations suivantes de l’ouvrage cité de Savalli-Lestrade. Pour chaque individu, nous indiquons le nom, éventuellement le patronyme, l’ethnique et le domaine intellectuel, ainsi que le rôle politique ; les noms marqués de * présentent une incertitude, expliquée par la suite, quant à la nature de leur activité intellectuelle.

    70 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 2 ; Carsana, Dirigenze, B 4 ; Grainger, Prosopography, p. 86 ; Olshausen, Prosopographie, no 126. Cf. aussi Andreas Mehl, op. cit., p. 180. Sources et fragments : Harpocration, s.v. ἐγγυθήκη (FGrH, 716) ; Strabon, II, 1, 9.

    71 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 3 ; Carsana, Dirigenze, D 4. Étienne de Byzance le cite comme source pour le nom d’une ville indienne (s.v. Ἄντισσα), ce qui suggère que Démodamas a pu être mêlé à la campagne indienne de Séleucos Ier. Sur les Milésiens à la cour séleucide (mais au iie siècle av. J.-C.), cf. Peter Herrmann, « Milesier am Seleukidenhof. Prosopographische Beiträge zur Geschichte Milets im 2. Jhdt. v. Chr. », Chiron, 17 (1987), p. 171-192.

    72 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 6 ; Carsana, Dirigenze, B 2 ; Grainger, Prosopography, p. 103 ; Olshausen, Prosopographie, no 127. Cf. Arrien, Anabase, V, 6, 2 (nombreuses évocations dans ses écrits de son voyage en Inde) et Strabon, II, 1, 4 ; XV, 1, 35-60. Cf. Franz Susemihl, op. cit., I, p. 547-552.

    73 Nous ne classerions pas ce personnage parmi les géographes de profession, mais l’utilisation et l’appréciation de son travail par des savants comme Ératosthène et Strabon devaient assurer à son rapport une qualité scientifique certaine. Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 7 et 14 ; Carsana, Dirigenze, A 3 ; Grainger, Prosopography, p. 111.

    74 Savalli-Lestrade semble avoir omis ce médecin de Cour (ou même son fils Érasistrate, si on suit la tradition postérieure, cf. ci-dessous). Cf. Gabriele Marasco, « Les médecins de Cour à l’époque hellénistique », Revue des études grecques, 109 (1996), p. 435-466, spéc. 440-441. Pline indique (Histoire naturelle, VII, 123) que Cléombrotos reçut cent talents du roi Ptolémée pour la guérison d’Antiochos, mais, en XXIX, 5, il se contredit, affirmant que c’est son fils Érasistrate qui soigna le roi et reçut cette somme. Cependant, il semblerait qu’il faille bien attribuer cette guérison au père et penser que la tradition postérieure a substitué son fils, dont la renommée de médecin était plus élevée à l’époque hellénistique, cf. Gabriele Marasco, op. cit., p. 440 et n. 22. Toutefois (p. 441 et n. 25), il faut préciser que la qualité de philos de Séleucos Ier attestée chez Appien (Syriakê, 60, 315 : titre intégré dans un récit historique et donc pas sous une forme officielle que l’on trouverait, par exemple, dans un document royal) se rapporte à Érasistrate et non à Cléombrotos. La haute position de Cléombrotos semble confirmée par un passage de la Souda, s.v. « Ἄρατος », A 3745 (Adler), attestant que le poète Aratos de Soles aurait composé un Ἐπικήδειον Κλεομβρότου : si, comme nous le pensons, il faut y voir le médecin de Céos, ce renseignement suggérerait la présence de Cléombrotos aux côtés d’Aratos (dont la Souda, ibid., cite des titres d’œuvres dénotant son intérêt pour la médecine et l’histoire naturelle), à la cour d’Antiochos Ier. Par ailleurs, Marasco (op. cit., p. 438-439) ne pense pas que le médecin Simon, qui vécut « à l’époque de Séleucos Nicanôr » (Diogène Laerte, II, 124), ait été le médecin personnel de ce dernier. Nous nous rallions à cette opinion et pensons que l’indication de Diogène Laerte est purement chronologique.

    75 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 8 ; Carsana, Dirigenze, E 4 ; Grainger, Prosopography, p. 81. Peut-être également Aratos entama-t-il une correction du texte de l’Iliade, mais les données relatives à ces éditions des textes homériques sont contradictoires, cf. E. Pack, op. cit., p. 727-728. Quoi qu’il en soit, on ne trouve nulle trace du travail d’Aratos dans les scholies d’Homère. Sur son édition de l’Odyssée, cf. Edwyn Bevan, House of Seleucus, II, p. 276 et Knaack, s.v. « Aratos (6) », dans RE, II, 1 (1895), col. 391-399, spéc. 393). D’après la Souda (s.v. « Ἄρατος », A 3745, éd. Adler) et la Vita Arati 1, 50 (= Vita 1, p. 8, l. 19-24, éd. J. Martin, Scholia in Aratum vetera, Teubner, 1974), Aratos se livra à une diorthôsis du texte de l’Iliade, mais il semble que ce travail ne vit pas le jour (cf. Knaack, op. cit.). Pour un résumé de la question, cf. Rudolf Pfeiffer, History of Classical Scholarship. From the Beginnings to the End of the Hellenistic Age, Oxford, Clarendon Press, 1968, p. 121-122. Par ailleurs, Aratos célébra, dans un Hymne à Pan aujourd’hui perdu, les noces d’Antigone Gonatas et de Phila II (fille de Séleucos Ier et de Stratonice).

    76 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 13 ; Carsana, Dirigenze, E 3 ; Grainger, Prosopography, p. 106. Cf. Gabriele Marasco, op. cit., p. 441-442 ; et K.M.T. Atkinson, op. cit., p. 33. Sur les relations entre Antiochos et Ilion, cf. Wolfgang Orth, op. cit., p. 43 et suiv. Sur l’épisode de la guerre contre les Galates (277-entre 275-274 et 269-268), cf. aussi W. Otto, Beiträge zur Seleukidengeschichte des 3. Jahrhunderts v. Chr. = ABAW (Philos. -philol. u. Hist. Kl.), XXIV/1 (1928), p. 23-25 et 89.

    77 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 15 ; Carsana, Dirigenze, E 5 ; Grainger, Prosopography, p. 118. Aristodémos, au ier s. av. J.-C., le classa parmi les parasitoi de ce roi (apud Athénée, VI, 244 f). Sur le sens d’orchêstês, cf. Louis Robert, Opera minora selecta, I, 1969, p. 654-670. Sextus Empiricus (l.c.) relate l’anecdote suivante sur les circonstances de la libération de Priène due à l’intervention de notre artiste : au moment de jouer le rôle d’Eleutheria dans un spectacle dansant, Séleucos aurait manifesté son malaise à s’exécuter, tant que sa patrie demeurait servile. Cet épisode est fort sujet à caution (cf. Christian Habicht, Gottmenschentum und griechische Städte, Munich, C.H. Beck, 1970, p. 87), mais il est vrai qu’il peut détenir un fond de vérité (cf. Savalli-Lestrade, Philoi, p. 15).

    78 Sur la dignité conférée aux deux fils de Sôstratos, cf. Athénée, I, 19 d. Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 15bis ; et Carsana, Dirigenze, E 6.

    79 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 16 ; Grainger, Prosopography, p. 81. Cf. Hégésandros apud Athénée, I, 19 c.

    80 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 17 ; Carsana, Dirigenze, E 7 ; Grainger, Prosopography, p. 82. Cette attribution, touchant également son frère Thémisôn, est relatée par Athénée (X, 438 c-d), d’après Phylarque (FGrH, 81 F 6). Cf. Élien, Histoires variées, II, 41.

    81 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 18. Sur les archaiologoi, mimologoi, etc., cf. Louis Robert, Opera minora selecta, I, 1969, p. 671 et suiv. Cf. aussi id., éd., Études épigraphiques et philologiques, Paris, E. Champion, 1938, p. 100-101. Par ailleurs, on sait qu’Antiochos IV, lors des jeux qu’il célébra à Daphné, s’entoura de mimes et de musiciens (cf. Polybe, XXX, 26, 7-8).

    82 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 21 ; Carsana, Dirigenze, C 4 ; Olshausen, Prosopographie, no 132. Signalons aussi, dans ce domaine, le cas d’Apollophanès de Rhodes, fils d’Anaxipolis (Savalli-Lestrade, Philoi, no 26), qui revêtit la fonction, exceptionnelle dans les institutions séleucides, de superviseur d’un tribunal établi en Carie pour régler des problèmes locaux soulevés après les troubles intervenus entre la fin de la domination de Philippe V et la restauration du pouvoir séleucide en 197 av. J.-C. (ἀρχιδικαστής, cf. I. Mylasa, I, no 126, l. 4). Un autre cas est celui du consul de 113, Cn. Papirius Carbo (Savalli-Lestrade, Philoi, Divers XVIII, p. 121), sous Antiochos VIII Grypos : ce roi lui dédia une statue – honneur réservé aux plus illustres des philoi royaux, ce qui n’en fait pas un nécessairement – « pour sa valeur et [son dévouement] à son égard » (I. Délos, 1550 = OGIS, 260 ; Délos, ca. 112 av. J.-C.). Ce magistrat romain aurait-il contribué à la restauration du Séleucide, chassé de Syrie par son frère Cyzicène en 113 et réfugié à Aspendos (cf. Savalli-Lestrade, Philoi) ?

    83 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 22 et 27 ; Carsana, Dirigenze, E 12 ; Grainger, Prosopography, p. 80-81. Cf. SEG, XXXIII, 673 (lettre d’Antiochos III recommandant Apollophanès aux citoyens de Cos). Cf. aussi Jean-Marie André, Un médecin de Cour hellénistique : Apollophane de Séleucie, dans Cahiers du centre George-Radet, 4 (1984), p. 29-43 ; Attilio Mastrocinque, « Les médecins des Séleucides », dans Ancient Medicine in its Socio-Cultural Context, Ph. J. Van der Eijk et al., éd., Amsterdam-Atlanta, 1995, I, p. 143-151 ; Gabriele Marasco, op. cit., p. 444-446. Ses titres de συγγενὴς καὶ τροϕεύς d’Antiochos III, restitués par R. Herzog (dans PP, 38 (1983), p. 61-64, spéc. 64) demeurent purement hypothétiques pour l’époque et le lieu considérés (Savalli-Lestrade, Philoi, p. 24), cf. aussi F. Muccioli, « Crisi e trasformazione del regno seleucide tra il II e il I secolo a. C. : titolatura, ruolo e competenze dei ΣΥΓΓΕΝΕΙΣ », dans Politics, Administration and Society in the Hellenistic and Roman World (Proceedings of the International Colloquium : Bertinoro, 19-24 July 1997), Leon Mooren, éd., Paris, Peeters, 2000 (Studia Hellenistica, 36), p. 251-274, spéc. 257-258 (malgré Attilio Mastrocinque, op. cit., p. 148-149). D’autre part, la grande influence politique des médecins de Cour sous les Séleucides et à l’époque hellénistique trouve un précédent direct dans la situation des médecins royaux sous les Achéménides (par exemple, Ctésias de Cnide à la cour d’Artaxerxès II, cf. Gabriele Marasco, op. cit., p. 459-460). Sur son rôle d’envoyé auprès des Béotiens en 192 (Polybe, XX, 2) et sur la proxénie qu’il reçut de la Confédération béotienne, cf. Georges Nachtergael, « Envoyés royaux d’époque hellénistique », Chronique d’Égypte, 50 (1975), p. 249-262, spéc. 259.

    84 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 30 ; Carsana, Dirigenze, E 19 ; Grainger, Prosopography, p. 89. Cf. Souda, s.v. « Εὐϕορίων », E 3801 (Adler). Cf. aussi B. A. Van Groningen, op. cit., spéc. p. 1-6 et 249-250. Gabriele Marasco, op. cit., p. 446, avance l’hypothèse d’une influence du médecin Apollophanès, dont la condition exceptionnelle aurait pu attirer Euphorion à la cour d’Antioche et lui inspirer de l’intérêt pour la médecine (nous pensons à son lexique d’Hippocrate, cf. B. A. Van Groningen, op. cit., fr. 175-176 et le commentaire).

    85 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 32 ; Carsana, Dirigenze, B 6 ; Grainger, Prosopography, p. 91 ; Olshausen, Prosopographie, no 136. Cf. Glanville Downey, op. cit. (1963), p. 55. Athénée (IV, 155 b) rapporte l’anecdote suivante, tirée de Démétrios de Scepsis (FGrH, 45 T 3) : au cours d’un repas où Antiochos III et ses amis dansaient en armes, Hégésianax, refusant de danser à son tour, proposa plutôt de lire ses poèmes à l’assemblée, ce qui lui valut une récompense et le titre d’ami.

    86 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 35 ; Carsana, Dirigenze, E 20 ; Grainger, Prosopography, p. 107. Un mot employé dans ses Histoires (portant sur la maison royale séleucide), concernant un Séleucos, fut tourné en ridicule par le poète comique athénien Épinicos (FGrH, 164 T 2 apud Athénée, X, 432 b-c). Le nom de son fils, Séleucos, marque bien l’attachement qu’il pouvait porter à la famille royale séleucide. Cf. aussi IG, XI 4, 697 (décret de Délos lui accordant une couronne et la proxénie).

    87 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, Divers III, p. 113 ; Carsana, Dirigenze, E 9. Sur la carrière d’Antiochos, cf. Christian Habicht, « Athen und die Seleukiden », Chiron, 19 (1989), p. 7-26, spéc. 13-14 ; et id., Studien zur Geschichte Athens in hellenistischer Zeit, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1982, p. 81 et n. 11.

    88 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 46 et 72 ; Carsana, Dirigenze, E 24 ; Grainger, Prosopography, p. 113. Voir aussi Holger Sonnabend, op. cit., p. 288-290 et 324-325.

    89 Philonidès fut également en relation, à Athènes, avec le mathématicien Zènodôros, auteur d’un traité de géométrie, cf. P. Herc. 1044 (éd. I. Gallo, citée infra), fr. 31 et 34. Cf. aussi G.J. Toomer, op. cit., p. 177-192, spéc. 187.

    90 Cf. W. Crönert, op. cit., p. 145-148. Sur le relatif retrait de la vie politique des philosophes de l’époque hellénistique et leur rôle dans le domaine de l’éthique, cf. A.A. Long, « Hellenistic Ethics and Philosophical Power », dans Hellenistic History and Culture, Peter Green, éd., Berkeley, University of California Press, 1993, p. 138-167. Ces penseurs, par opposition à certains philosophes de l’Athènes classique, se sont généralement tenus à l’écart des affaires de la Cour et ne se sont pas souvent impliqués en tant que conseillers du prince (en y jouant, sur le plan philosophique, le rôle de médiateurs de vertu), cf. Peter Scholz, Der Philosoph und die Politik. Die Ausbildung der philosophischen Lebensform und die Entwicklung des Verhältnisses von Philosophie und Politik im 4. und 3. Jh. v. Chr., Stuttgart, F. Steiner, 1998. Cf. aussi R.R.R. Smith, « Kings and philosophers », dans Images and Ideologies. Self Definition in the Hellenistic World, Anthony W. Bulloch, E.S. Gruen, A.A. Long, A. Steward, dir., Berkeley, University of California Press, 1993, p. 202-215.

    91 Nous suivons l’interprétation de Christian Habicht, op. cit. (1989), p. 18 et n. 57-59, selon qui ce décret se rapporte bien au philosophe et non à son père.

    92 Cf. Italo Gallo, Frammenti biografici da papiri, II, Rome, Ed. dell’Ateneo e Bizzarri, 1980, p. 22-126.

    93 Cf. Flavius Josèphe, Antiquités juives, XIII, 35 ; Diodore, XXXI, 32 a ; Justin, XXXV, 1, 8, et XXXVI, 1, 1.

    94 La ligne 8 du même fragment, attestant le décès d’un individu anonyme, conduisit certains commentateurs (cf. Élias Bikerman, op. cit. (1938), p. 39) à y voir Démétrios Ier et à conclure que Ph. fut nommé par Alexandre Balas. Cette interprétation ne peut dépasser le stade de l’hypothèse (Savalli-Lestrade, Philoi, p. 73).

    95 Cf. Polybe, XXXI, 11, 4-14, 13 (spéc. 11, 5, et 12, 7). Cf. aussi Peter Herrmann, op. cit., spéc. p. 176.

    96 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 75 ; Carsana, Dirigenze, E 37 ; Grainger, Prosopography, p. 87. Cf. Athénée, V, 211 b. Carsana suggère son identification avec le philosophe épicurien de Tarse mentionné par Diogène Laerte (X, 26). Par ailleurs, on se gardera de le confondre avec son homonyme et concitoyen, le célèbre philosophe stoïcien qui participa à l’ambassade des philosophes à Rome en 156-155 (cf. Diogène Laerte, VI, 81).

    97 Sur ces « dieux royaux », cf. aussi Élias Bikerman, op. cit. (1938), p. 253.

    98 Cf. Athénée, V, 211 d.

    99 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 84 ; Carsana, Dirigenze, E 42. Cf. I. Délos, 1547 : cette inscription témoigne de la place de Cratéros parmi les du roi Antiochos (très certainement Antiochos VII Sidêtês). Cf. Gabriele Marasco, op. cit., p. 446-447. Sur son rôle de précepteur, cf. Porphyre de Tyr, FGrH, 260 F 32, 20 (= Eusèbe, Chroniques, p. 121, 14-18) : le prince dut s’enfuir à Cyzique avec lui, devant la crainte inspirée par son oncle Démétrios II (cf. Appien, Syriakê, 68, 361).

    100 Il faut noter qu’Aristarque, le médecin de la reine Bérénice (seconde femme d’Antiochos II), joua un rôle important dans le meurtre de cette dernière et de son fils, poussé par les intrigues de Laodice, la première femme d’Antiochos (cf. Polyen, VIII, 50 ; Grainger, Prosopography, p. 81 ; et Glanville Downey, op. cit. (1961), p. 90).

    101 D’autres « nourriciers » ou précepteurs sont connus : Antiochos IV confia la tâche de (« élever ») le jeune prince Antiochos V au « grand vizir » Lysias (Savalli-Lestrade, Philoi, no 56) ; Philippos, l’ami d’Antiochos IV, reçut de lui la charge d’élever le même prince (Savalli-Lestrade, Philoi, no 59) ; le pupille d’un certain Diodôros n’était autre que Démétrios Ier (Savalli-Lestrade, Philoi, no 66) ; Euménès exerça la même charge auprès d’un prince dont l’identité reste incertaine (Antiochos IV, Démétrios Ier ou Antiochos VII, cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 94).

    102 Nous suivons la distinction et les statistiques de Savalli-Lestrade, cf. respectivement les parties A et C de sa prosopographie.

    103 Cependant, il faut noter le conseil donné par Patroklès à Séleucos Ier et l’avis – occasionnel ? – rendu par Polybe (no 19) à Démétrios Ier.

    104 Signalons aussi l’historien platéen Daïmachos, dont les connaissances de l’Inde lui valurent d’être envoyé en mission diplomatique auprès de Bindusara (no 1).

    105 Savalli-Lestrade, Philoi, no 8, 13, 15, 16, 18, 30, 35, 75, 84 et notre no 5.

    106 Il va sans dire que des experts militaires ou politiques, sans être stricto sensu des intellectuels, ont pu, malgré le silence des sources, marquer intellectuellement les rois (même remarque pour l’Égypte chez Bernard Legras, op. cit. (2002), p. 971).

    107 Carsana, Dirigenze, E 10 (= D 17) ; Grainger, Prosopography, p. 93. Cf. Édouard Will, « Les premières années du règne d’Antiochos III », Revue des études grecques, 75 (1962), p. 75-129, spéc. 111 et suiv.

    108 Carsana, Dirigenze, p. 146, n. 1, interprète la relative imprécision de Polybe (V, 41, 2) quant à l’ethnique de Hermias (il donne le nom de la région, plutôt que celui de la cité d’origine) comme l’indication d’une origine indigène pour H. Son nom pourrait être la version grecque d’un nom proprement carien (W. Blümel, « Einheimische Personennamen in griechischen Inschriften aus Karien », Epigraphica Anatolica, 20 (1992), p. 7-34, spéc. 13). Du reste, Hermias a pu être, plutôt qu’un Grec de Carie, un Carien hellénisé (vu le caractère relativement doux et plus tardif du processus d’hellénisation dans cette région).

    109 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 85 ; Carsana, Dirigenze, D 58 et E 40 (= A 28) ; Grainger, Prosopography, p. 99. Savalli-Lestrade, Philoi, p. 84 et 120, note qu’un certain Sarpédon (nom probablement d’origine cilicienne-lycienne), occupant les mêmes fonctions que Kendébaios sous Démétrios II, a pu être remplacé, peut-être à l’arrivée d’Antiochos VII en Syrie (139-138), par Kendébaios. Cf. Hermann Bengston, op. cit., p. 178-181, no 37. Sur son nom, cf. Louis Robert, Études épigraphiques et philologiques, Paris, 1938, p. 280. Une origine thrace n’est pas à écarter selon Marcel Launey, op. cit., I, p. 389, et II, p. 1196.

    110 Cf. Flavius Josèphe, Antiquités juives, XIII, 225-227. L’attaque menée par Kendébaios sera repoussée par les fils de Simon, Jean Hyrcanos (Grainger, Prosopography, p. 96-97) et Judas.

    111 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 90 ; Carsana, Dirigenze, E 43 ; Grainger, Prosopography, p. 85 (no 2). Sur l’origine thrace de ce nom, cf. J. et Louis Robert, Bulletin épigraphique, 1974, no 219 ; Christian Habicht et Christopher P. Jones, « A Hellenistic Inscription from Arsinoe in Cilicia », Phoenix, 43 (1989), p. 317-346, spéc. 342-345. Sa qualité d’ami n’est toutefois pas explicite dans l’inscription le mentionnant (I. Délos, 1549 = OGIS, 259 ; Délos, 121-96).

    112 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 77, 79 et 82 ; Carsana, Dirigenze, E 36 (= A 24) ; Grainger, Prosopography, p. 97 et suiv. Cf. Hermann Bengtson, op. cit., no 40, p. 172 et 179.

    113 C’est donc dans un contexte particulier, la lutte entre Démétrios Ier et Balas pour obtenir le soutien de Jonathan, que notre Juif obtint ces titres, habituellement réservés aux Grecs.

    114 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 81 et 87 ; Carsana, Dirigenze, A 25 ; Grainger, Prosopography, p. 116-118 (no 1).

    115 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 83 ; Grainger, Prosopography, p. 84. Il s’agissait de la restitution de toutes les villes conquises par les Juifs à l’extérieur de la Judée ou, à défaut, du paiement d’un prix forfaitaire de 1 000 talents. Simon renvoya Athénobios avec une offre bien moindre de sa part.

    116 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, Divers XIII, p. 118-119 ; Carsana, Dirigenze, E 39 ; Grainger, Prosopography, p. 95. Il existe plusieurs versions du meurtre de Balas, accompli avec la complicité d’un dynaste d’Arabie (d’Abai), dénommé Dioclès par Diodore (XXXII, 10, 1), à qui le roi aurait confié son fils Antiochos ; d’après I Maccabées, 11, 17, Balas aurait eu la tête tranchée par Zabdibel l’Arabe (celui-ci l’aurait envoyée, ensuite, à Ptolémée VI ; cette version fut suivie par Flavius Josèphe, Antiquités juives, XIII, 118, qui attribue le meurtre au dynaste d’Arabie Zabeilos). On peut penser qu’il s’agit d’un seul et même individu, dont le nom aurait connu diverses transcriptions, ou plutôt que Malchos ait été le fils du traître (cf. Savalli-Lestrade, Philoi, p. 119). Cependant, on ignore si Malchos se vit confier sa tâche par le roi ou par ce dynaste arabe.

    117 Lucien, De Dea Syria, 17-27. Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 4 ; Carsana, Dirigenze, E 1.

    118 Sans aller jusqu’à voir dans cet épisode romanesque de la présence d’un Oriental dans l’entourage d’un roi séleucide une ouverture (imaginaire ou réelle) de l’élite gréco-macédonienne envers la noblesse indigène (cf. Amélie Kurth et Susan Sherwin-White, From Samarkhand to Sardis, Londres, Duckworth, 1993, p. 124 et suiv.), on peut admettre avec Savalli-Lestrade, Philoi, p. 6, que la reconstruction (réelle ou inventée) d’un temple d’une divinité indigène symbolise le respect porté par les rois de Syrie à l’égard de la religion indigène. Enfin, Pierre Briant (Histoire de l’Empire perse. De Cyrus à Alexandre, Paris, Fayard, 1996, p. 283) a eu raison de souligner le caractère typiquement « perse » de la fidélité unissant le roi et ses amis (particulièrement ses eunuques). La légende de Kombabos s’est greffée sur des antécédents mésopotamiens et reflète une histoire de Cour développée à l’époque achéménide. Cf. aussi Émile Benveniste, « La légende de Kombabos », dans Mélanges syriens à René Dussaud, Paris, 1939, p. 249-258.

    119 Dans d’autres cultures également : évoquons le refuge que le Carthaginois Hannibal trouva auprès d’Antiochos le Grand, après sa défaite à Zama ; à une époque plus tardive (Démétrios III Eukairos et Antiochos XII), on pourrait citer Alexandre Jannée, roi des Juifs (103-76), fils de Jean Hyrcanos. Pour le monde arabe, évoquons le roi Samsigéramos, allié, traître et assassin d’Antiochos XIII (cf. Diodore, XL, 1b). De la Thrace, on signalera Dromichaetes, allié d’Antiochos II lors du siège de Kypsela, vers 250 (Polyen, IV, 16).

    120 Le roman de Kombabos, nous le rappelons, sort de la plume de l’écrivain de Samosate.

    121 Cela apporte une nuance significative à la thèse soutenue par Amélie Kurth et Susan Sherwin-White (From Samarkand to Sardis, Londres, Duckworth, 1993) sur la place centrale de Babylone au sein de l’Empire séleucide. Cf. aussi la critique d’Édouard Will, « Notes de lecture », 4/2 (1994), p. 433-447.

    122 Nous ne pouvons donc nous rallier aux conclusions de Carsana, Dirigenze, p. 95, selon qui les fonctions dirigeantes au sein de l’Empire séleucide seraient réparties, de manière quasi équitable, entre un noyau macédonien (Asie Mineure et Syrie) et un noyau « indigéno-oriental » (région transtaurique). Les relevés concernant les individus de l’entourage royal, comme ceux répartis dans l’ensemble du royaume (cf. notre première partie), démentent totalement ces conclusions (cf. la critique de Savalli-Lestrade, Philoi, p. 223-234). Christian Habicht, op. cit. (1958), p. 5-6, avait déjà mis en lumière le caractère marginal de la présence indigène auprès des rois hellénistiques. Habicht explique ce fait par la politique nationale gréco-macédonienne menée par les Diadoques, puis par les monarques hellénistiques, réagissant à la politique d’Alexandre, qui voulut, par exemple, associer l’aristocratie perse et mède à la direction politique du royaume. Léon Mooren eut également l’Eindruk que les Séleucides avaient appliqué aux Orientaux la même politique que les Ptolémées aux Egyptiens (cf. « Macht und Nationalität », dans Das ptolemäische Ägypten (Actes du colloque international, Berlin, 1976), Herwig Maehler et Volker M. Strocka, éd., Mayence, P. von Zabern, 1978, p. 51-57, spéc. 53). Simon Price avance le chiffre de 2,5 % d’indigènes (aussi Iraniens, cf. Christian Habicht, op. cit. (1958), p. 5) au sein de l’administration des Séleucides (et des Ptolémées également), la classe dirigeante ayant même, pendant les deux premières générations, exclu totalement les natives (Simon Price, « The History of the Hellenistic Period », dans The Oxford History of Greece and the Hellenistic World, J. Boardman et al., éd., Oxford, Oxford University Press, 2001, p. 364-389, spéc. 372-375). Sur la politique « nationaliste » des Séleucides, cf. aussi Hermann Bengtson, « Die Bedeutung der Eingeborenenbevölkerung in den hellenistischen Oststaaten », dans Die Welt als Geschichte, XI (1951), p. 135-142. Seul, en définitive, C.B. Welles constate, de manière erronée, une majorité d’Iraniens et autres Asiatiques dans l’armée, l’administration et même dans le cercle des amis des Séleucides (Propyläen-Weltgeschichte. Eine Universalgeschichte, Golo Mann et Alfred Heuss, éd., Berlin, Ullstein, III, 1962, p. 470). D’après John Ma (op. cit., p. 8 et n. 12), la majeure partie de l’entourage du roi (amis et officiers) ne vient pas des cités d’Asie Mineure, mais des fondations séleucides de Syrie du Nord (cf. Philippe Gauthier, Les cités grecques et leurs bienfaiteurs (ive-ier siècle avant J.-C.). Contribution à l’histoire des institutions, Paris, École française d’Athènes, 1985 (BCH, Suppl., 12), p. 169-175). Voir, avant tout, la distribution des ethniques connus (46 contre 38 inconnus) des amis séleucides chez Savalli-Lestrade, Philoi, p. 216-218.

    Auteur

    • Nathaël Istasse

      Université de Liège/Bibliothèque royale de Belgique.

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    1 Robert Pattison, On Literacy. The Politics of the Word from Homer to the Age of Rock, Oxford, Oxford University Press, 1982, p. viii (citation empruntée à Alan K. Bowman et Greg Woolf, Literacy and Power in the Ancient World, Cambridge, Cambridge University Press, 1994, p. 1).

    2 Pour l’Égypte ptolémaïque, Bernard Legras a mis en lumière le degré d’influence du savoir égyptien et les fonctions des experts indigènes à la cour des Ptolémées, cf. « Les experts égyptiens à la cour des Ptolémées », Revue historique, 307/4 (2002), p. 963-991.

    3 Cette répartition binaire ne doit évidemment pas cacher les différents degrés d’acculturation et de dépendance au sein de cet immense royaume : la situation des Juifs de Palestine (où judaïsme et hellénisme se confrontent), par exemple, n’est pas celle des ressortissants de contrées déjà fortement hellénisées (Pisidie, Lycie, etc.) ou encore celle du cheik arabe.

    4 En ce compris les îles (Rhodes, la Crète, Chypre, etc.), la Syrie, etc.

    5 Les ouvrages et articles de revues (leurs titres sont abrégés selon l’Année philologique) utilisés principalement sont les suivants : Chiara Carsana, Le dirigenze cittadine nello stato seleucidico, Côme, Edizioni New Press, 1996 (Bibl. di Athenaeum, 30), désormais abrégé Carsana, Dirigenze ; John D. Grainger, A Seleukid Prosopography and Gazetteer, Leyde, Brill, 1997 (Mnemosyne Suppl., 172), désormais abrégé Grainger, Prosopography ; Eckart Olshausen, Prosopographie der hellenistischen Königsgesandten, Louvain, 1974 (Stud. Hell., 19), désormais abrégé Olshausen, Prosopographie ; Ivana Savalli-Lestrade, Les philoi royaux dans l’Asie hellénistique, Genève, Droz, 1998 (EPHE, IVe section, Hautes études du monde gréco-romain, 25), désormais abrégé Savalli-Lestrade, Philoi. Par ailleurs, sur l’histoire, les institutions ou encore l’hellénisation des Séleucides, cf. aussi K.M.T. Atkinson, « The Seleucids and the Greek Cities of Western Asia Minor », Antichton, 2 (1968), p. 32-57 ; Élias Bikerman, Institutions des Séleucides, Paris, P. Geuthner, 1938 ; id., « The Seleucids and the Achaemenids », dans Atti del convegno sul tema : La Persia e il mondo greco-romano (Roma, 11-14 aprile 1965), Rome, Accademia Nazionale dei Lincei, 1966, p. 87-117 ; Auguste Bouché-Leclercq, Histoire des Séleucides (323-64 av. J.-C.), Paris, E. Leroux, 1913-1914 ; Getzel M. Cohen, The Seleucid Colonies. Studies in Founding, Administration and Organization, Wiesbaden, F. Steiner, 1978 ; Glanville Downey, A History of Antioch in Syria from Seleucus to the Arab Conquest, Princeton, Princeton University Press, 1961 ; et id., Ancient Antioch, Princeton, Princeton University Press, 1963 ; John Ma, Antiochos III and the Cities of Western Asia Minor, Oxford, Oxford University Press, 2000 (cf. aussi trad. française, Paris, Les Belles Lettres, 2004) ; Andreas Mehl, Seleukos Nikator und sein Reich, Louvain, 1986 (Stud. Hell., 28) ; Domenico Musti, « Lo stato dei Seleucidi », SCO, 15 (1966), p. 61-197 ; Wolfgang Orth, Königlicher Machtanspruch und städtische Freiheit. Untersuchungen zu den politischen Beziehungen zwischen den ersten Seleukidenherrschern (Seleukos I, Antiochos I, Antiochos II) und den Städten des westlichen Kleinasien, Munich, C.H. Beck, 1977 ; Hatto H. Schmitt, Untersuchungen zur Geschichte Antiochos’des Grossen und seiner Zeit, Wiesbaden, F. Steiner, 1964 (Historia, Einzelschr., 6) ; Holger Sonnabend, Die Freundschaften der Gelehrten und die zwischenstaatliche Politik im klassischen und hellenistischen Griechenland, Hildesheim, Olms, 1996 ; Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique (323-30 av. J.-C.), Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1966-1967.

    6 Nous partons des données rassemblées par Carsana, Dirigenze, respectivement sections A à D pour les quatre domaines envisagés, et Grainger, Prosopography, et suivons les remarques de Savalli-Lestrade, Philoi, p. 224-225, n. 28 à 31, concernant des retraits ou ajouts à cette liste. Nous renverrons systématiquement à Carsana, Dirigenze, et Grainger, Prosopography, pour des compléments bibliographiques. En ce qui concerne le gouvernement territorial, on arrive donc à un total de 9 indigènes pour 13 ou 14 Macédoniens et 6 Grecs. Savalli-Lestrade, Philoi, p. 227, insiste sur le rôle politique très réduit et éphémère des « Barbares » au niveau des satrapies ou stratégies territoriales et qualifie ceux-ci (à l’exception d’Aribazos et peut-être de Dionysios) de « potentats locaux enrôlés dans l’administration royale, sans doute avec des obligations fiscales et militaires envers le roi ». Enfin, elle souligne à juste titre l’importance du rôle qui fut celui des gouverneurs grecs et macédoniens dans les satrapies orientales. Cf. aussi Carsana, Dirigenze, p. 15-27, Élias Bikerman, op. cit., (1938), p. 197-207, et Grainger, Prosopography, p. 811-812. Sur les transferts culturels réciproques entre Grecs et Iraniens du royaume séleucide, cf. Élias Bikerman, op. cit. (1965), p. 87-117.

    7 Savalli-Lestrade, Philoi, p. 227 (pour tous ces Orientaux) ; Carsana, Dirigenze, A 6 ; Grainger, Prosopography, p. 81. Cf. P. Petrie, II, 45, et III, 144, ainsi que Maurice Holleaux, « Remarques sur le papyrus de Gourob », dans Études d’épigraphie et d’histoire grecques, Louis Robert, éd., Paris, De Boccard, 1942, III, p. 281-297.

    8 Carsana, Dirigenze, A 11 ; Grainger, Prosopography, p. 83. Cf. Polybe, XXV, 2, 12 ; XXXI, 16, 1 ; Diodore, XXXI, 17 a, 22 et 27 a ; Strabon, XI, 14, 5-6 et 15. Cf. Hermann Bengtson, Die Strategie der hellenistischen Zeit, II, Munich, C.H. Beck, 1944, p. 157 et suiv.

    9 Carsana, Dirigenze, A 12 ; Grainger, Prosopography, p. 122. Cf. Strabon, XI, 14, 5 et 15.

    10 Carsana, Dirigenze, A 21 ; Grainger, Prosopography, p. 95. Cf. Pline, Histoire naturelle, VI, 139 ; et A.R. Bellinger, « Hyspaosines of Charax », YCS, 8 (1942), p. 52-67.

    11 Carsana, Dirigenze, A 27 ; Grainger, Prosopography, p. 88. Cf. Diodore, XXXIII, 28. En outre, nous relevons un certain Terunu (Théron ?), gouverneur de Babylonie, attesté comme opposant à un ennemi en 260, cf. Grainger, Prosopography, p. 119.

    12 Carsana, Dirigenze, A 26 ; Grainger, Prosopography, p. 116. Cf. Diodore, XXXIII, 28, Strabon, XVI, 2, 26 ; et Athénée, VIII, 333 b-d.

    13 À noter également l’attestation d’un Cyrénéen, Polianthès, sous Séleucos Ier (Carsana, Dirigenze, B 3). Tout compte fait, on dénombre 21 Grecs (avec quelques doutes concernant trois Antiochéens d’Antioche de Syrie) et 3 Macédoniens. Sur le rôle diplomatique des philoi hellénistiques, cf. Leon Mooren, « Die diplomatische Funktion der hellenistischen Königsfreunde », dans Antike Diplomatie, Eckart Olshausen et Hildegard Biller, éd., Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1979, p. 256-290. Cf. aussi Carsana, Dirigenze, p. 29-41. Pour le royaume ptolémaïque, Mooren (op. cit., p. 258-259) estime à environ 70 % la proportion d’amis chez les envoyés lagides. Cf. aussi Olshausen, Prosopographie, ou Savalli-Lestrade, Philoi, p. 231, n. 53, qui recense au moins 25 % d’amis parmi les envoyés royaux répertoriés (de 356 à 151/0).

    14 Carsana, Dirigenze, B 23 ; Savalli-Lestrade, Philoi, no 86. C’est d’après son nom qu’on peut penser à une origine syrienne (ou palestinienne) pour ce personnage, cf. G.J. Toomer, « The Mathematician Zenodorus », GRBS, 13 (1972), p. 177-192, spéc. 180-188. Toutefois, certains doutes subsistent sur l’identité de ce personnage. Il pourrait s’agir de [Mè]nodôros, auquel cas l’onomastique renverrait plutôt à une polis d’Asie Mineure ou à une île avoisinante, cf. e.g. Louis Robert, Noms indigènes dans l’Asie Mineure gréco-romaine, Paris, A. Maisonneuve, 1963, p. 514. Cf. aussi Stephen V. Tracy, « IG II2 937 : Athens and the Seleucids », GRBS, 19 (1988), p. 383-388, spéc. 387. Olshausen, Prosopographie, p. 215-216 (no 150), confond sa carrière et celle de son père Eumène, qui reçut la citoyenneté athénienne.

    15 Pour ce secteur, on arrive à un total de 13 indigènes pour 10 Grecs ou Macédoniens provenant de fondations séleucides ou y fonctionnant et 5 Grecs de cités d’Asie Mineure. Cf. Carsana, Dirigenze, p. 43-52.

    16 Savalli-Lestrade, Philoi, p. 228, y oppose, à juste titre, les Macédoniens qui furent préposés aux sanctuaires et/ou grands-prêtres en Asie Mineure, tels Nikanôr (no 37) ou encore Dion, préposé aux sanctuaires d’Asie Mineure cistaurique sous Antiochos II (SEG, XXVII, 1010). Sur l’administration royale séleucide en Babylonie, cf. Amélie Kurth, « The Seleucid kings and Babylonia : new perspectives on the Seleucid realm in the East », dans Aspects of Hellenistic Kingship, Per Bilde et al., éd., Aarhus, Aarhus University Press, 1996, p. 41-54. Nous voudrions évoquer également la famille iranienne des Bagadatès et des Ariaramnès, détentrice de la néocorie d’Artémis à Amyzon (quand la Carie fut devenue grecque et pendant un siècle et demi), cf. Louis Robert, op. cit. (1963), p. 349.

    17 Carsana, Dirigenze, C 2 ; Grainger, Prosopography, p. 300. Sur le rôle central des satammu dans l’administration de la Babylonie, cf. Gilbert J.P. McEwan, Priest and Temple in Hellenistic Babylonia, Wiesbaden, F. Steiner, 1981, p. 25-27.

    18 Carsana, Dirigenze, C 5 ; Grainger, Prosopography, p. 522. Cf. Albert T. Clay, Miscellaneous Inscriptions in the Yale Babylonian Collection, New Haven, Yale University Press, 1915, p. 81-84, no 52 (inscription du temple, 244/3). D’autres Babyloniens reçurent un nouveau nom grec (par exemple Anu-uballit-Kephalon, ci-dessous), mais Nikarchos est le seul Babylonien connu à l’avoir reçu directement du roi, cf. aussi Susan Sherwin-White, « Seleucid Babylonia : a Case Study for the Installation and the Development of Greek Rule », dans Hellenism in the East : the Interaction of Greek and Non Greek Civilizations from Syria to Central Asia after Alexander, Amélie Kurth et Susan Sherwin-White, éd., Londres, Berkeley, University of California Press, 1987, p. 1-31, spéc. 29 (et, sur l’hellénisation de la classe dirigeante babylonienne, dans le même ouvrage, Robert J. Van der Spek, « The Greek Polis and the Ancient Near Eastern City », p. 57-74, spéc. 68 et suiv.). L’adoption de noms grecs par des Babyloniens est un des signes de l’influence de la culture grecque sur la société babylonienne, cf. G.K. Sarkisian, « Greek Personal Names in Uruk and the Graeco-Babyloniaca Problem », dans Wirtschaft und Gesellschaft im alten Vorderasien, Jàn Harmatta et Géz Komoroczy, éd., Budapest, 1976, p. 495-503 (et id., même titre, Anthropos, 73 (1978), p. 269).

    19 Carsana, Dirigenze, C 6. Cf. Albert K. Grayson, Assyrian and Babylonian Chronicles, New York, J.J. Augustin, 1975, p. 277-278, et 283-284, 13b, 3-4 (sur le roi, cf. l. 11). Son ethnique est explicitement indiqué (Babili, 3).

    20 Carsana, Dirigenze, C 7 ; Grainger, Prosopography, p. 197 (no 9). Cf. G.K. Sarkisian, « New Cuneiform Texts from Uruk of the Seleucid Period in the Staatliche Museen zu Berlin », FBSM, 16 (1974), p. 15-76, spéc. p. 24 (no 1), l. 16, 23 et 39. Pour une comparaison entre la carrière de rabu à Uruk et de satammu à Babylone, cf. R.J. Van der Spek, op. cit., dans Hellenism in the East, p. 70-72. Bikerman, op. cit. (1938), p. 206 ; et Gilbert J.P. McEwan, op. cit., p. 26-27, rapprochent ce titre de celui de l’épistates.

    21 Carsana, Dirigenze, C 12 ; Grainger, Prosopography, p. 410 (no 3). Le personnage est attesté dans des documents concernant des prébendes à Uruk. Cf. R.A. Bowman, « Anu-uballi-Kephalon », AJSL, 56 (1939), p. 231-243.

    22 Carsana, Dirigenze, C 15 ; Grainger, Prosopography, p. 205 (no 16).

    23 Carsana, Dirigenze, C 20 ; Grainger, Prosopography, p. 422 (no 83).

    24 Carsana, Dirigenze, C 21.

    25 Carsana, Dirigenze, C 25.

    26 Carsana, Dirigenze, C 16 ; Grainger, Prosopography, p. 118 (no 3). Il avait été engagé par Onias III. Sa dispute avec ce dernier le mena à révéler les richesses du temple au gouverneur Apollonios, fils de Thraséas (cf. II Maccabées, 3, 4-13 ; 4, 1-6 et 23).

    27 Carsana, Dirigenze, C 17 ; Grainger, Prosopography, p. 105. Cf. II Maccabées, 4, 23-50 et 13, 3-8 ; Flavius Josèphe, Antiquités juives, XII, 5, 1 et 9, 7. Il faudrait également évoquer d’autres grands-prêtres juifs, tel que Onias III, en charge jusqu’en 174, où il fut déposé par Antiochos IV en faveur de Jason (Grainger, Prosopography, p. 110).

    28 Carsana, Dirigenze, C 8 ; Grainger, Prosopography, p. 85 (no 1). Sur l’origine probable de son nom (thrace), cf. Louis Robert, Bulletin épigraphique, 1974, no 219.

    29 Carsana, Dirigenze, C 18 et D 49. On sait aussi que Ptolémée, le gouverneur de Coelé-Syrie et de Phénicie (Carsana, Dirigenze, A 17), lui envoya une armée de 20 000 hommes commandés par Nikanôr (Carsana, Dirigenze, D 48), à la suite d’une autre rébellion survenue à Jérusalem en 165.

    30 Cf. Bezalel Bar-Kochva, The Seleucid Army. Organization and Tactics in the Great Campaigns, Cambridge, Cambridge University Press, 1976 ; Élias Bikerman, op. cit. (1938), p. 51-105 ; Marcel Launey, Recherches sur les armées hellénistiques, Paris, De Boccard, 2e éd., 1987, I, p. 59-60. Carsana, Dirigenze, p. 53-68, spéc. 58-61, reconnaît le rôle minoritaire des non-Grecs (Iraniens, Arabes, Galates, Thraces et, si tant est qu’il soit possible de déterminer leur faible degré d’hellénisation, les indigènes d’Asie Mineure) par rapport aux trois autres composantes ethniques, à savoir les Macédoniens, les mercenaires crétois et grecs du continent, et les Grecs d’Asie Mineure.

    31 Carsana, Dirigenze, D 10 ; Grainger, Prosopography, p. 110. Cf. OGIS, 229.

    32 Carsana, Dirigenze, D 16 ; Grainger, Prosopography, p. 81 (no 2). Cf. Polybe, VII, 17, 9, et 18, 4 et 7 ; VIII, 21, 9.

    33 Carsana, Dirigenze, D 28 ; Grainger, Prosopography, p. 83 (s.v. Aspianas !). Cf. Polybe, V, 79, 7. Cf. Bezalel Bar-Kochva, op. cit., p. 87.

    34 Carsana, Dirigenze, D 36 ; Grainger, Prosopography, p. 51. Il est classé parmi les Iraniens uniquement d’après l’onomastique, cf. Philip Huyse, Iranisches Personennamenbuch, Wien, Österreichische Akademie der Wissenschaften, 1990, no 75. Sur cette campagne, cf. Maurice Holleaux, « Ardys et Mithridates », Hermes, 47 (1912), p. 481-491.

    35 Carsana, Dirigenze, D 2. Cf. Gustave Mendel, Catalogue des sculptures grecques, romaines et byzantines, III, Rome, L’Erma di Bretschneider, 1966, p. 305-307, no 1072.

    36 Carsana, Dirigenze, D 20 ; Grainger, Prosopography, p. 81. Sur son nom, cf. Ladislav Zgusta, Kleinasiatische Personennamen, Prague, Verlag der Tschechoslowakischen Akademie des Wissenschaften, 1964, p. 89, no 86, 7.

    37 Carsana, Dirigenze, D 24 ; Grainger, Prosopography, p. 99. Prosopographia Ptolemaica, no 15050. Sur l’origine probable de son nom, cf. Ladislav Zgusta, op. cit., p. 694 ; et Marcel Launey, op. cit., I, p. 474 et n. 2.

    38 Carsana, Dirigenze, D 25 ; Grainger, Prosopography, p. 103, no 1. Sur son origine et son rôle militaire, cf. Polybe, V, 79, 11. Cf. aussi Marcel Launey, op. cit., I, p. 516.

    39 Carsana, Dirigenze, D 43. Ses renseignements proviennent d’une stèle funéraire (SEG, XXIV, 637), imprécise quant à la date et aux circonstances de la mort de Brikkôn. L’époque mentionnée (la campagne de Thrace), la plus vraisemblable (on proposa celle d’Antigone Gonatas et même l’époque romaine), provient de l’étude paléographique et historique de Yves Grandjean (« Note sur une épigramme de Maronée », Bulletin de correspondance hellénique, 95 (1971), p. 283-294). Son nom appartient à l’onomastique galate (donnée confirmée par l’origine des mercenaires qu’il dirigea), cf. Léon Fleuriot, « Deux noms de Galates à Maronée », Bulletin de correspondance hellénique, 94 (1970), p. 667 et suiv.

    40 Carsana, Dirigenze, D 59 ; Grainger, Prosopography, p. 92. Cf. John D. Grainger, The Cities of Seleukid Syria, Oxford, Clarendon, 1990, p. 44, 52, 132 et 173-174. Edwyn Bevan (The House of Seleucus, Londres, 1902, II, p. 258 et suiv.), en se fondant sur l’attestation du fils de Hèrakléôn, Dionysos, comme tyran, entre autres, de Béroia (Strabon, XVI, 2, 7), a même avancé l’hypothèse, recevable mais non péremptoire, que notre personnage avait fondé un principat indépendant au nord de la Syrie, incluant sa ville natale, Bambykè-Hiéropolis et Héracléa.

    41 Carsana, Dirigenze, D 6 ; Grainger, Prosopography, p. 118. Carsana, Dirigenze, p. 143, n. 1, soulève un doute dû à la rédaction « obscure » de Pausanias concernant l’ethnique (Syrien), à savoir que celui-ci pourrait se rapporter aux troupes engagées plutôt qu’à leur commandant. La place de la mention de l’ethnique dans la phrase (juste après Télésarchos) et la présence de la mention (juste avant) de l’ethnique de l’autre commandant engagé pour la Macédoine doivent, selon nous, lever toute ambiguïté et faire adopter la solution retenue.

    42 Carsana, Dirigenze, D 31 ; Grainger, Prosopography, p. 122. Ce fut probablement un dynaste arabe, vassal du roi Antiochos, après ses succès en Coelé-Syrie en 218 (cf. Polybe, V, 71, 1).

    43 Cf. Christian Habicht, « Die herrschende Gesellschaft in den hellenistischen Monarchien », VSWG, 45 (1958), p. 5.

    44 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, p. 225-226.

    45 Cf. Troels Engberg-Pedersen, « The Relationship between Intellectual and Political Centres in the Hellenistic World », dans Centre and Periphery in the Hellenistic World, Per Bilde et al., éd., Aarhus, Aarhus University Press, 1993, p. 285-315, spéc. 285 (Studies in Hellenistic Civilization, IV). Les milieux intellectuel et politique rhodiens à l’époque hellénistique sont étudiés, par exemple, dans Hellenistic Rhodes. Politics, Culture and Society, Vincent Gabrielsen et al., éd., Aarhus, Aarhus University Press, 1999 (cf. aussi, dans ce volume, l’article de B. Mygind, « Intellectuals in Rhodes », p. 247-293). Pour Rome, cf. e.g. Philosophia Togata : Essays on Philosophy and Roman Society, Miriam Griffin et Jonathan Barnes, éd., Oxford, Clarendon Press, 1989, spéc. p. 1-37.

    46 Nous possédons très peu de témoignages relatifs à cette bibliothèque publique (par exemple, rien concernant précisément les éventuels ouvrages de littérature ou science indigènes, dus à des non-Grecs), qui dut, pourtant, être fondée assez tôt, en tout cas bien avant Antiochos III. B.A. van Groningen propose comme fondateur soit Séleucos Ier soit Séleucos II (Euphorion, Amsterdam, 1977, p. 2). Le temple de Trajan à Antioche fut converti par Julien en une bibliothèque, confiée aux soins d’un certain Théophile, cf. Souda, s.v. « Ίοβιανός » I 401 (Adler) ; cf. K. Vössing, s.v. « Bibliothek », dans Der Neue Pauly. Enzyklopädie der Antike, Hubert Cancik et Helmut Schneider, éd., II (1997), Stuttgart-Weimar, J.B. Metzler, col. 634-647) ; C. Callmer, « Die antike Bibliotheken », dans Opuscula archaeologica, III, 1944, p. 184 ; Jeno Platthy, Sources on the Earliest Greek Libraries, Amsterdam, A.M. Hakkert, 1968, p. 170-173 ; Glanville Downey, op. cit. (1963), p. 176.

    47 Malgré le silence des sources sur l’existence d’un théâtre dans l’Antioche hellénistique, il est difficile de croire qu’il n’en ait pas existé un avant celui de César, par exemple, cf. Glanville Downey, op. cit. (1961), p. 72. Cf. aussi C.O. Müller, Antiquitates Antiochenae, Göttingen, 1839, p. 70 et suiv. Sur le théâtre de Babylone, cf. e.g. Paul Perdrizet, « Légendes babyloniennes », RHR, 105 (1932), p. 226.

    48 Cicéron, Pro Arch., 4.

    49 Nous n’évoquons pas ici les intellectuels dont on sait qu’ils remplirent des fonctions politiques au service des Séleucides et renvoyons pour ceux-ci à nos paragraphes consacrés aux intellectuels, indigènes ou non indigènes selon le cas, ayant appartenu à l’entourage du souverain ou ayant exercé une fonction politique au sein du royaume. Plusieurs tableaux de l’histoire littéraire séleucide ont été brossés : sur les écrivains à la cour séleucide, cf. Franz Susemihl, Geschichte der griechischen Litteratur in der Alexandriner Zeit, Leipzig, B.G. Teubner, 1891-1892 (cf. index s.v. Antiochos, Seleukos, Stratonike) ; sur la littérature hellénistique en Syrie et particulièrement en Babylonie, cf. Paul Perdrizet, op. cit., spéc. p. 223-228. Cf. aussi Élias Bikerman, op. cit. (1938), p. 39-40, et Joseph Bidez, « Les écoles chaldéennes sous Alexandre et les Séleucides », dans Volume offert à Jean Capart, Bruxelles, 1935 (Annuaire de l’Institut de philologie et d’histoire orientales, III), p. 41-89. Cf. aussi E. Pack, « Antiochia : schema di uno spazio letterario semivuoto », dans Lo spazio letterario della Grecia antica, Guiseppe Cambiano, Luciano Canfora et Diego Lanza, dir., vol. I, t. II, Rome, Salerno Editrice, 1993, p. 717-767. Sur la présence ininterrompue d’experts babyloniens, notamment astronomes, auprès des rois assyriens et babyloniens, cf. aussi Robert J. Van der Spek, « Darius III, Alexander the Great and Babylonian scholarship », dans A Persian Perspective. Essays in Memory of Heleen Sancisi-Weerdenburg, Wouter Henkelman et Amélie Kurth, éd., Leyde, Nederlands Instituut voor het Nabije Oosten, 2003 (Achaemenid History, XIII), p. 289-346.

    50 Strabon, XVI, 1, 16, apporte peut-être une explication à cette hésitation : il prend précisément notre philosophe comme exemple d’individu originaire de Séleucie, mais dont l’ethnique « Séleucéen » est de préférence remplacé par « Babylonien » (du nom du pays, pas de la ville). Cicéron (De natura deorum, I, 41) l’appelle aussi Babylonius, lorsqu’il évoque son ouvrage intitulé De Minerva. Cf. Diogène Laerte, VI, 81 ; VII, 30, 39, 55, etc., et H. von Arnim, s.v. « Diogenes (45) », dans RE, V 1 (1903), col. 773-776. Son origine indigène peut être déduite de Plutarque, De fort. Alex., I, 5.

    51 Cf. Franz Susemihl, op. cit., I, 763 et suiv. Strabon, XVI, 1, 6, le range parmi les philosophes ἐπιχώροι (chaldéens), au sein desquels il cite également Cidenas, Naburianos et Sudines. Les « philosophes » chaldéens s’occupaient majoritairement d’astronomie, mais un petit nombre d’entre eux versaient dans l’astrologie et tiraient des horoscopes (Strabon, ibid.). Sur cette littérature astronomique et astrologique babylonienne de l’époque hellénistique, cf. Paul Schnabel, Berossos und die babylonisch-hellenistische Literatur, Leipzig-Berlin, B.G. Teubner, 1923, p. 109-133 et 211-241 (Épigénès, Apollonios de Myndos, Critodemos, Cidenas/Kidinnu, Sudines, Naburianos, l’école d’Uruk, etc.). Sur Sudines, cf. aussi Franz Susemihl, op. cit., I, p. 861-862.

    52 Cf. Paul Perdrizet, op. cit., p. 228.

    53 Sur la présence épicurienne en Syrie, cf. W. Crönert, « Die Epikureer in Syrien », JÖAI, 10 (1907), p. 145-152. Citons encore Diogène de Tarse (cf. Diogène Laerte, X, 26, 97, 118, etc.).

    54 Il faudrait mentionner Aristocréon de Soles, son neveu et dédicataire pour au moins dix ouvrages (cf. Diogène Laerte, VII, 185, 196, 197 et 202). Sur son rôle d’ambassadeur à Athènes, cf. Holger Sonnabend, op. cit., p. 283-286 (cf. infra, no 17).

    55 Origine qu’il affiche volontiers dans l’épigramme conservée apud Athénée, V, 222 a (Anthologie grecque, XVI, 19a, éd. Loeb).

    56 Cf. Paul Perdrizet, op. cit., p. 225 : dans le royaume séleucide plus que dans celui des Ptolémées, les intellectuels grecs avaient beaucoup d’estime pour l’élément indigène. Voir, par exemple, Strabon, XVI, 1, 6 : les philosophes indigènes y sont qualifiés d’. Sur le sort réservé à Babylone et à son milieu intellectuel par les Séleucides (notamment en comparaison de sa rivale Séleucie du Tigre), cf. Robert J. Van der Spek, « The Babylonian City », dans Hellenism in the East (op. cit.), p. 60-70.

    57 Cf. Souda, s.v. « Σιμωνίδης », S 443 (Adler). Cf. Arnoldo Momigliano, « Un’ignota irruzione dei Galati in Siria al tempo di Antioco III ? » BFC, 36/6 (déc. 1929), p. 151-155.

    58 Cf. Tatianos (Or. ad Graecos, 36, p. 38 ; Schwartz ; = Eusèbe, Préparation évangélique, X, 11, 8). Son œuvre est malheureusement fragmentaire (cf. Gerald P. Verbrugghe et John M. Wickersham, Berossos and Manetho, Introduced and Translated : Native Traditions in Ancient Mesopotamia and Egypt, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1996, p. 35-67, ou Paul Schnabel, op. cit., p. 251-275). Son Histoire s’étendait depuis les temps les plus anciens jusqu’à la mort d’Alexandre le Grand. On sait, d’après les travaux de chronographie romaine impériale et byzantine, qu’il distinguait trois périodes principales dans l’histoire de la Mésopotamie, à savoir la phase légendaire (jusqu’au Déluge), les sept dynasties (jusqu’à Alexandre) et les relations des Assyriens avec les rois de Juda (à partir de Senachérib) ; l’apport essentiel de ce récit réside dans le fait qu’il renferme des données étrangères aux traditions de la philosophie grecque (légendes locales, cosmogonie babylonienne, etc.) et paraissant n’avoir pas été conservées par ailleurs. On peut dire que Bérose, à l’instar du grand-prêtre d’Héliopolis, Manéthon, pour l’Égypte, a fondé l’histoire scientifique de l’Assyro-Babylonie. D’après Pline (Histoire naturelle, XVIII, 294), un certain Archibios, inconnu par ailleurs, probablement agronome, communiqua à un des rois Antiochos un curieux remède contre le mauvais temps. Cf. M. Wellmann, s.v. « Archibios (5) », dans RE, II (1896), 466 ; et Franz Susemihl, op. cit., I, 835. Nous connaissons, par ailleurs, l’intérêt d’Antiochos VIII pour les remèdes et antidotes (cf. infra). Bien entendu, cet élément n’apporte aucune certitude quant au véritable destinataire d’Archibios.

    59 Pline évoque quelques-uns de ces artistes : Bryaxis et Aristodémos, auteurs d’un portrait de Séleucos Ier (Histoire naturelle, XXXIV, resp. 73 et 86) ; les deux peintres Artémon et Ctésiclès, liés à la reine Stratonice (XXXV, 139-140). Lors de la procession qu’il donna à Daphné, vers 167 (voir sa description apud Polybe, XXX, 25, 1-26, 9), le roi Antiochos IV sut mettre en valeur le travail des artistes d’Antioche (Polybe, XXX, 26, 1-2 ; cf. Athénée, V, 193 d). Élias Bikerman, op. cit. (1938), p. 39, n. 1, évoque également l’implication de ces artistes dans la décoration d’un mausolée voisin d’Éphèse, probablement celui d’Antiochos II.

    60 D’après Pline (Histoire naturelle, XX, 264) et Gargilius Martialis (39, 8), il s’agit d’un remède – une thériaque à base de serpolet – contre tous les animaux venimeux, excepté l’aspic (Pline), dont l’inventeur, le roi Magnus Antiochus, aurait donné la composition sous forme d’une inscription métrique consacrée dans le temple d’Asclépios à Cos (Garg.). On a cru longtemps (cf. J. André, éd., Les Belles Lettres, CUF, Pline, l. XX, 1965, p. 218, n. 2) qu’il s’agissait d’Antiochos le Grand. Mais il s’agirait plutôt d’Antiochos VIII Grypos, auteur d’un antidote (cf. Galien, Antid., II, 14 et 17 = XIV, 185 et 201 K.) dont la composition est proche de celle transcrite par Gargilius et Pline, cf. J.-M. Jacques, « Nicandre de Colophon, poète et médecin », Ktéma, 4 (1979), p. 133-149, spéc. 141.

    61 Cf. Pline, Histoire naturelle, II, 167 ; V, 49 et 86 ; VI, 58, 63 et 147, etc. Sur les explorations commandées par les Séleucides (notamment celle de Patroklès en mer Caspienne, voir infra, no 4), cf. Max Cary et Eric H. Warmington, Les explorateurs de l’Antiquité, Paris, Payot, 1932, p. 213-222. Évoquons, à titre d’exemple, l’essai de transplantation de la culture des épices indiennes en Arabie séleucide de la part de Séleucos Ier.

    62 Cf. l’anecdote rapportée par Athénée, XIV, 652 f-653 a : un prince indien (Bindusara, fils de Tchandragupta) demanda au « roi Antiochos » de lui vendre, outre des figues sèches et du vin doux, un philosophe. Pour ce dernier, le roi refusa, avançant le caractère inhabituel (ou illégal ?) chez les Grecs d’une telle vente.

    63 Cf. Diogène Laerte, V, 67.

    64 Cf. Athénée, V, 211 a-d. Alexandre Balas organisait des symposia à la Cour, où il invitait philosophes et littérateurs (211 a) ; lors de ses entretiens, il se montrait même (211 d).

    65 Cet épisode est rapporté par Athénée (XII, 547 a-b). Auguste Bouché-Leclercq, op. cit., p. 377, penche pour Antiochos VII, tout en marquant ses doutes. Nous serions tentés d’attribuer cette mesure à Antiochos VI, dans la mesure où ce roi est connu, par ailleurs, pour la mise à mort du philosophe épicurien Diogénès de Séleucie du Tigre. L’attestation de Phanias n’est malheureusement pas éclairante d’un point de vue chronologique.

    66 Sur l’importance des fonctions politiques revêtues par certains intellectuels et savants à la cour des monarques hellénistiques, cf. Christian Habicht, op. cit. (1958), p. 1-16, spéc. 7-8. Sur le rôle politique joué par des intellectuels, particulièrement en Grèce et à l’âge classique, cf. les deux ouvrages de Franck L. Vatai, Intellectuals as Political Activists in the Greek and Hellenistic World, Diss. State Univ. of New York, Binghamton, 1982 (cf. Diss. Abstr., XLIII (1982), 1639A) et Intellectuals in Politics in the Greek World, From Early Times to the Hellenistic Age, Londres, CroomHelm, 1984. Nous renvoyons à l’ouvrage d’Ivana Savalli-Lestrade pour les individus n’étant pas connus explicitement en tant qu’intellectuels ou savants et ne faisant partie de l’entourage royal que grâce à leurs compétences politiques, diplomatiques ou encore militaires (majorité des cas ; par exemple, Gorgias, expert militaire au service d’Antiochos IV, cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 53). De même, nous ne relevons pas ici les fonctionnaires tels que les chanceliers (ἐπιστολογράϕοι), comme Dionysios sous Antiochos IV (Savalli-Lestrade, Philoi, no 51) ou Ménocharès, fils de Dionysios (Savalli-Lestrade, Philoi, no 70).

    67 Sur la cour séleucide, cf. e.g. Élias Bikerman, op. cit. (1938), p. 31-50, et Carsana, Dirigenze, p. 69-86. Sur le recrutement, la titulature et l’institution des amis royaux, cf. Savalli-Lestrade, Philoi, p. 213-394 (et la bibliographie, p. 430-449). Plus particulièrement sur l’ambiguïté et l’évolution de la position sociale des amis (parasites, courtisans, fonctionnaires authentiques, etc.), cf. Gabriel Herman, « The “Friends” of the Early Hellenistic Rulers, Servants or Officials ? », Talanta, 12-13 (1980-1981), p. 103-127. Les quelque 86 amis répertoriés par Savalli-Lestrade se répartissent essentiellement en trois groupes ethniques : les Milésiens, les Syriens et les Macédoniens. Pour une distribution plus détaillée, cf. Savalli-Lestrade, Philoi, p. 216-234.

    68 Sur les liens amicaux entre savants et la politique internationale à l’époque hellénistique, cf. Holger Sonnabend, op. cit., p. 201-327.

    69 Nous tirons la plupart des informations suivantes de l’ouvrage cité de Savalli-Lestrade. Pour chaque individu, nous indiquons le nom, éventuellement le patronyme, l’ethnique et le domaine intellectuel, ainsi que le rôle politique ; les noms marqués de * présentent une incertitude, expliquée par la suite, quant à la nature de leur activité intellectuelle.

    70 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 2 ; Carsana, Dirigenze, B 4 ; Grainger, Prosopography, p. 86 ; Olshausen, Prosopographie, no 126. Cf. aussi Andreas Mehl, op. cit., p. 180. Sources et fragments : Harpocration, s.v. ἐγγυθήκη (FGrH, 716) ; Strabon, II, 1, 9.

    71 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 3 ; Carsana, Dirigenze, D 4. Étienne de Byzance le cite comme source pour le nom d’une ville indienne (s.v. Ἄντισσα), ce qui suggère que Démodamas a pu être mêlé à la campagne indienne de Séleucos Ier. Sur les Milésiens à la cour séleucide (mais au iie siècle av. J.-C.), cf. Peter Herrmann, « Milesier am Seleukidenhof. Prosopographische Beiträge zur Geschichte Milets im 2. Jhdt. v. Chr. », Chiron, 17 (1987), p. 171-192.

    72 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 6 ; Carsana, Dirigenze, B 2 ; Grainger, Prosopography, p. 103 ; Olshausen, Prosopographie, no 127. Cf. Arrien, Anabase, V, 6, 2 (nombreuses évocations dans ses écrits de son voyage en Inde) et Strabon, II, 1, 4 ; XV, 1, 35-60. Cf. Franz Susemihl, op. cit., I, p. 547-552.

    73 Nous ne classerions pas ce personnage parmi les géographes de profession, mais l’utilisation et l’appréciation de son travail par des savants comme Ératosthène et Strabon devaient assurer à son rapport une qualité scientifique certaine. Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 7 et 14 ; Carsana, Dirigenze, A 3 ; Grainger, Prosopography, p. 111.

    74 Savalli-Lestrade semble avoir omis ce médecin de Cour (ou même son fils Érasistrate, si on suit la tradition postérieure, cf. ci-dessous). Cf. Gabriele Marasco, « Les médecins de Cour à l’époque hellénistique », Revue des études grecques, 109 (1996), p. 435-466, spéc. 440-441. Pline indique (Histoire naturelle, VII, 123) que Cléombrotos reçut cent talents du roi Ptolémée pour la guérison d’Antiochos, mais, en XXIX, 5, il se contredit, affirmant que c’est son fils Érasistrate qui soigna le roi et reçut cette somme. Cependant, il semblerait qu’il faille bien attribuer cette guérison au père et penser que la tradition postérieure a substitué son fils, dont la renommée de médecin était plus élevée à l’époque hellénistique, cf. Gabriele Marasco, op. cit., p. 440 et n. 22. Toutefois (p. 441 et n. 25), il faut préciser que la qualité de philos de Séleucos Ier attestée chez Appien (Syriakê, 60, 315 : titre intégré dans un récit historique et donc pas sous une forme officielle que l’on trouverait, par exemple, dans un document royal) se rapporte à Érasistrate et non à Cléombrotos. La haute position de Cléombrotos semble confirmée par un passage de la Souda, s.v. « Ἄρατος », A 3745 (Adler), attestant que le poète Aratos de Soles aurait composé un Ἐπικήδειον Κλεομβρότου : si, comme nous le pensons, il faut y voir le médecin de Céos, ce renseignement suggérerait la présence de Cléombrotos aux côtés d’Aratos (dont la Souda, ibid., cite des titres d’œuvres dénotant son intérêt pour la médecine et l’histoire naturelle), à la cour d’Antiochos Ier. Par ailleurs, Marasco (op. cit., p. 438-439) ne pense pas que le médecin Simon, qui vécut « à l’époque de Séleucos Nicanôr » (Diogène Laerte, II, 124), ait été le médecin personnel de ce dernier. Nous nous rallions à cette opinion et pensons que l’indication de Diogène Laerte est purement chronologique.

    75 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 8 ; Carsana, Dirigenze, E 4 ; Grainger, Prosopography, p. 81. Peut-être également Aratos entama-t-il une correction du texte de l’Iliade, mais les données relatives à ces éditions des textes homériques sont contradictoires, cf. E. Pack, op. cit., p. 727-728. Quoi qu’il en soit, on ne trouve nulle trace du travail d’Aratos dans les scholies d’Homère. Sur son édition de l’Odyssée, cf. Edwyn Bevan, House of Seleucus, II, p. 276 et Knaack, s.v. « Aratos (6) », dans RE, II, 1 (1895), col. 391-399, spéc. 393). D’après la Souda (s.v. « Ἄρατος », A 3745, éd. Adler) et la Vita Arati 1, 50 (= Vita 1, p. 8, l. 19-24, éd. J. Martin, Scholia in Aratum vetera, Teubner, 1974), Aratos se livra à une diorthôsis du texte de l’Iliade, mais il semble que ce travail ne vit pas le jour (cf. Knaack, op. cit.). Pour un résumé de la question, cf. Rudolf Pfeiffer, History of Classical Scholarship. From the Beginnings to the End of the Hellenistic Age, Oxford, Clarendon Press, 1968, p. 121-122. Par ailleurs, Aratos célébra, dans un Hymne à Pan aujourd’hui perdu, les noces d’Antigone Gonatas et de Phila II (fille de Séleucos Ier et de Stratonice).

    76 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 13 ; Carsana, Dirigenze, E 3 ; Grainger, Prosopography, p. 106. Cf. Gabriele Marasco, op. cit., p. 441-442 ; et K.M.T. Atkinson, op. cit., p. 33. Sur les relations entre Antiochos et Ilion, cf. Wolfgang Orth, op. cit., p. 43 et suiv. Sur l’épisode de la guerre contre les Galates (277-entre 275-274 et 269-268), cf. aussi W. Otto, Beiträge zur Seleukidengeschichte des 3. Jahrhunderts v. Chr. = ABAW (Philos. -philol. u. Hist. Kl.), XXIV/1 (1928), p. 23-25 et 89.

    77 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 15 ; Carsana, Dirigenze, E 5 ; Grainger, Prosopography, p. 118. Aristodémos, au ier s. av. J.-C., le classa parmi les parasitoi de ce roi (apud Athénée, VI, 244 f). Sur le sens d’orchêstês, cf. Louis Robert, Opera minora selecta, I, 1969, p. 654-670. Sextus Empiricus (l.c.) relate l’anecdote suivante sur les circonstances de la libération de Priène due à l’intervention de notre artiste : au moment de jouer le rôle d’Eleutheria dans un spectacle dansant, Séleucos aurait manifesté son malaise à s’exécuter, tant que sa patrie demeurait servile. Cet épisode est fort sujet à caution (cf. Christian Habicht, Gottmenschentum und griechische Städte, Munich, C.H. Beck, 1970, p. 87), mais il est vrai qu’il peut détenir un fond de vérité (cf. Savalli-Lestrade, Philoi, p. 15).

    78 Sur la dignité conférée aux deux fils de Sôstratos, cf. Athénée, I, 19 d. Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 15bis ; et Carsana, Dirigenze, E 6.

    79 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 16 ; Grainger, Prosopography, p. 81. Cf. Hégésandros apud Athénée, I, 19 c.

    80 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 17 ; Carsana, Dirigenze, E 7 ; Grainger, Prosopography, p. 82. Cette attribution, touchant également son frère Thémisôn, est relatée par Athénée (X, 438 c-d), d’après Phylarque (FGrH, 81 F 6). Cf. Élien, Histoires variées, II, 41.

    81 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 18. Sur les archaiologoi, mimologoi, etc., cf. Louis Robert, Opera minora selecta, I, 1969, p. 671 et suiv. Cf. aussi id., éd., Études épigraphiques et philologiques, Paris, E. Champion, 1938, p. 100-101. Par ailleurs, on sait qu’Antiochos IV, lors des jeux qu’il célébra à Daphné, s’entoura de mimes et de musiciens (cf. Polybe, XXX, 26, 7-8).

    82 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 21 ; Carsana, Dirigenze, C 4 ; Olshausen, Prosopographie, no 132. Signalons aussi, dans ce domaine, le cas d’Apollophanès de Rhodes, fils d’Anaxipolis (Savalli-Lestrade, Philoi, no 26), qui revêtit la fonction, exceptionnelle dans les institutions séleucides, de superviseur d’un tribunal établi en Carie pour régler des problèmes locaux soulevés après les troubles intervenus entre la fin de la domination de Philippe V et la restauration du pouvoir séleucide en 197 av. J.-C. (ἀρχιδικαστής, cf. I. Mylasa, I, no 126, l. 4). Un autre cas est celui du consul de 113, Cn. Papirius Carbo (Savalli-Lestrade, Philoi, Divers XVIII, p. 121), sous Antiochos VIII Grypos : ce roi lui dédia une statue – honneur réservé aux plus illustres des philoi royaux, ce qui n’en fait pas un nécessairement – « pour sa valeur et [son dévouement] à son égard » (I. Délos, 1550 = OGIS, 260 ; Délos, ca. 112 av. J.-C.). Ce magistrat romain aurait-il contribué à la restauration du Séleucide, chassé de Syrie par son frère Cyzicène en 113 et réfugié à Aspendos (cf. Savalli-Lestrade, Philoi) ?

    83 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 22 et 27 ; Carsana, Dirigenze, E 12 ; Grainger, Prosopography, p. 80-81. Cf. SEG, XXXIII, 673 (lettre d’Antiochos III recommandant Apollophanès aux citoyens de Cos). Cf. aussi Jean-Marie André, Un médecin de Cour hellénistique : Apollophane de Séleucie, dans Cahiers du centre George-Radet, 4 (1984), p. 29-43 ; Attilio Mastrocinque, « Les médecins des Séleucides », dans Ancient Medicine in its Socio-Cultural Context, Ph. J. Van der Eijk et al., éd., Amsterdam-Atlanta, 1995, I, p. 143-151 ; Gabriele Marasco, op. cit., p. 444-446. Ses titres de συγγενὴς καὶ τροϕεύς d’Antiochos III, restitués par R. Herzog (dans PP, 38 (1983), p. 61-64, spéc. 64) demeurent purement hypothétiques pour l’époque et le lieu considérés (Savalli-Lestrade, Philoi, p. 24), cf. aussi F. Muccioli, « Crisi e trasformazione del regno seleucide tra il II e il I secolo a. C. : titolatura, ruolo e competenze dei ΣΥΓΓΕΝΕΙΣ », dans Politics, Administration and Society in the Hellenistic and Roman World (Proceedings of the International Colloquium : Bertinoro, 19-24 July 1997), Leon Mooren, éd., Paris, Peeters, 2000 (Studia Hellenistica, 36), p. 251-274, spéc. 257-258 (malgré Attilio Mastrocinque, op. cit., p. 148-149). D’autre part, la grande influence politique des médecins de Cour sous les Séleucides et à l’époque hellénistique trouve un précédent direct dans la situation des médecins royaux sous les Achéménides (par exemple, Ctésias de Cnide à la cour d’Artaxerxès II, cf. Gabriele Marasco, op. cit., p. 459-460). Sur son rôle d’envoyé auprès des Béotiens en 192 (Polybe, XX, 2) et sur la proxénie qu’il reçut de la Confédération béotienne, cf. Georges Nachtergael, « Envoyés royaux d’époque hellénistique », Chronique d’Égypte, 50 (1975), p. 249-262, spéc. 259.

    84 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 30 ; Carsana, Dirigenze, E 19 ; Grainger, Prosopography, p. 89. Cf. Souda, s.v. « Εὐϕορίων », E 3801 (Adler). Cf. aussi B. A. Van Groningen, op. cit., spéc. p. 1-6 et 249-250. Gabriele Marasco, op. cit., p. 446, avance l’hypothèse d’une influence du médecin Apollophanès, dont la condition exceptionnelle aurait pu attirer Euphorion à la cour d’Antioche et lui inspirer de l’intérêt pour la médecine (nous pensons à son lexique d’Hippocrate, cf. B. A. Van Groningen, op. cit., fr. 175-176 et le commentaire).

    85 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 32 ; Carsana, Dirigenze, B 6 ; Grainger, Prosopography, p. 91 ; Olshausen, Prosopographie, no 136. Cf. Glanville Downey, op. cit. (1963), p. 55. Athénée (IV, 155 b) rapporte l’anecdote suivante, tirée de Démétrios de Scepsis (FGrH, 45 T 3) : au cours d’un repas où Antiochos III et ses amis dansaient en armes, Hégésianax, refusant de danser à son tour, proposa plutôt de lire ses poèmes à l’assemblée, ce qui lui valut une récompense et le titre d’ami.

    86 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 35 ; Carsana, Dirigenze, E 20 ; Grainger, Prosopography, p. 107. Un mot employé dans ses Histoires (portant sur la maison royale séleucide), concernant un Séleucos, fut tourné en ridicule par le poète comique athénien Épinicos (FGrH, 164 T 2 apud Athénée, X, 432 b-c). Le nom de son fils, Séleucos, marque bien l’attachement qu’il pouvait porter à la famille royale séleucide. Cf. aussi IG, XI 4, 697 (décret de Délos lui accordant une couronne et la proxénie).

    87 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, Divers III, p. 113 ; Carsana, Dirigenze, E 9. Sur la carrière d’Antiochos, cf. Christian Habicht, « Athen und die Seleukiden », Chiron, 19 (1989), p. 7-26, spéc. 13-14 ; et id., Studien zur Geschichte Athens in hellenistischer Zeit, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1982, p. 81 et n. 11.

    88 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 46 et 72 ; Carsana, Dirigenze, E 24 ; Grainger, Prosopography, p. 113. Voir aussi Holger Sonnabend, op. cit., p. 288-290 et 324-325.

    89 Philonidès fut également en relation, à Athènes, avec le mathématicien Zènodôros, auteur d’un traité de géométrie, cf. P. Herc. 1044 (éd. I. Gallo, citée infra), fr. 31 et 34. Cf. aussi G.J. Toomer, op. cit., p. 177-192, spéc. 187.

    90 Cf. W. Crönert, op. cit., p. 145-148. Sur le relatif retrait de la vie politique des philosophes de l’époque hellénistique et leur rôle dans le domaine de l’éthique, cf. A.A. Long, « Hellenistic Ethics and Philosophical Power », dans Hellenistic History and Culture, Peter Green, éd., Berkeley, University of California Press, 1993, p. 138-167. Ces penseurs, par opposition à certains philosophes de l’Athènes classique, se sont généralement tenus à l’écart des affaires de la Cour et ne se sont pas souvent impliqués en tant que conseillers du prince (en y jouant, sur le plan philosophique, le rôle de médiateurs de vertu), cf. Peter Scholz, Der Philosoph und die Politik. Die Ausbildung der philosophischen Lebensform und die Entwicklung des Verhältnisses von Philosophie und Politik im 4. und 3. Jh. v. Chr., Stuttgart, F. Steiner, 1998. Cf. aussi R.R.R. Smith, « Kings and philosophers », dans Images and Ideologies. Self Definition in the Hellenistic World, Anthony W. Bulloch, E.S. Gruen, A.A. Long, A. Steward, dir., Berkeley, University of California Press, 1993, p. 202-215.

    91 Nous suivons l’interprétation de Christian Habicht, op. cit. (1989), p. 18 et n. 57-59, selon qui ce décret se rapporte bien au philosophe et non à son père.

    92 Cf. Italo Gallo, Frammenti biografici da papiri, II, Rome, Ed. dell’Ateneo e Bizzarri, 1980, p. 22-126.

    93 Cf. Flavius Josèphe, Antiquités juives, XIII, 35 ; Diodore, XXXI, 32 a ; Justin, XXXV, 1, 8, et XXXVI, 1, 1.

    94 La ligne 8 du même fragment, attestant le décès d’un individu anonyme, conduisit certains commentateurs (cf. Élias Bikerman, op. cit. (1938), p. 39) à y voir Démétrios Ier et à conclure que Ph. fut nommé par Alexandre Balas. Cette interprétation ne peut dépasser le stade de l’hypothèse (Savalli-Lestrade, Philoi, p. 73).

    95 Cf. Polybe, XXXI, 11, 4-14, 13 (spéc. 11, 5, et 12, 7). Cf. aussi Peter Herrmann, op. cit., spéc. p. 176.

    96 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 75 ; Carsana, Dirigenze, E 37 ; Grainger, Prosopography, p. 87. Cf. Athénée, V, 211 b. Carsana suggère son identification avec le philosophe épicurien de Tarse mentionné par Diogène Laerte (X, 26). Par ailleurs, on se gardera de le confondre avec son homonyme et concitoyen, le célèbre philosophe stoïcien qui participa à l’ambassade des philosophes à Rome en 156-155 (cf. Diogène Laerte, VI, 81).

    97 Sur ces « dieux royaux », cf. aussi Élias Bikerman, op. cit. (1938), p. 253.

    98 Cf. Athénée, V, 211 d.

    99 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 84 ; Carsana, Dirigenze, E 42. Cf. I. Délos, 1547 : cette inscription témoigne de la place de Cratéros parmi les du roi Antiochos (très certainement Antiochos VII Sidêtês). Cf. Gabriele Marasco, op. cit., p. 446-447. Sur son rôle de précepteur, cf. Porphyre de Tyr, FGrH, 260 F 32, 20 (= Eusèbe, Chroniques, p. 121, 14-18) : le prince dut s’enfuir à Cyzique avec lui, devant la crainte inspirée par son oncle Démétrios II (cf. Appien, Syriakê, 68, 361).

    100 Il faut noter qu’Aristarque, le médecin de la reine Bérénice (seconde femme d’Antiochos II), joua un rôle important dans le meurtre de cette dernière et de son fils, poussé par les intrigues de Laodice, la première femme d’Antiochos (cf. Polyen, VIII, 50 ; Grainger, Prosopography, p. 81 ; et Glanville Downey, op. cit. (1961), p. 90).

    101 D’autres « nourriciers » ou précepteurs sont connus : Antiochos IV confia la tâche de (« élever ») le jeune prince Antiochos V au « grand vizir » Lysias (Savalli-Lestrade, Philoi, no 56) ; Philippos, l’ami d’Antiochos IV, reçut de lui la charge d’élever le même prince (Savalli-Lestrade, Philoi, no 59) ; le pupille d’un certain Diodôros n’était autre que Démétrios Ier (Savalli-Lestrade, Philoi, no 66) ; Euménès exerça la même charge auprès d’un prince dont l’identité reste incertaine (Antiochos IV, Démétrios Ier ou Antiochos VII, cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 94).

    102 Nous suivons la distinction et les statistiques de Savalli-Lestrade, cf. respectivement les parties A et C de sa prosopographie.

    103 Cependant, il faut noter le conseil donné par Patroklès à Séleucos Ier et l’avis – occasionnel ? – rendu par Polybe (no 19) à Démétrios Ier.

    104 Signalons aussi l’historien platéen Daïmachos, dont les connaissances de l’Inde lui valurent d’être envoyé en mission diplomatique auprès de Bindusara (no 1).

    105 Savalli-Lestrade, Philoi, no 8, 13, 15, 16, 18, 30, 35, 75, 84 et notre no 5.

    106 Il va sans dire que des experts militaires ou politiques, sans être stricto sensu des intellectuels, ont pu, malgré le silence des sources, marquer intellectuellement les rois (même remarque pour l’Égypte chez Bernard Legras, op. cit. (2002), p. 971).

    107 Carsana, Dirigenze, E 10 (= D 17) ; Grainger, Prosopography, p. 93. Cf. Édouard Will, « Les premières années du règne d’Antiochos III », Revue des études grecques, 75 (1962), p. 75-129, spéc. 111 et suiv.

    108 Carsana, Dirigenze, p. 146, n. 1, interprète la relative imprécision de Polybe (V, 41, 2) quant à l’ethnique de Hermias (il donne le nom de la région, plutôt que celui de la cité d’origine) comme l’indication d’une origine indigène pour H. Son nom pourrait être la version grecque d’un nom proprement carien (W. Blümel, « Einheimische Personennamen in griechischen Inschriften aus Karien », Epigraphica Anatolica, 20 (1992), p. 7-34, spéc. 13). Du reste, Hermias a pu être, plutôt qu’un Grec de Carie, un Carien hellénisé (vu le caractère relativement doux et plus tardif du processus d’hellénisation dans cette région).

    109 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 85 ; Carsana, Dirigenze, D 58 et E 40 (= A 28) ; Grainger, Prosopography, p. 99. Savalli-Lestrade, Philoi, p. 84 et 120, note qu’un certain Sarpédon (nom probablement d’origine cilicienne-lycienne), occupant les mêmes fonctions que Kendébaios sous Démétrios II, a pu être remplacé, peut-être à l’arrivée d’Antiochos VII en Syrie (139-138), par Kendébaios. Cf. Hermann Bengston, op. cit., p. 178-181, no 37. Sur son nom, cf. Louis Robert, Études épigraphiques et philologiques, Paris, 1938, p. 280. Une origine thrace n’est pas à écarter selon Marcel Launey, op. cit., I, p. 389, et II, p. 1196.

    110 Cf. Flavius Josèphe, Antiquités juives, XIII, 225-227. L’attaque menée par Kendébaios sera repoussée par les fils de Simon, Jean Hyrcanos (Grainger, Prosopography, p. 96-97) et Judas.

    111 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 90 ; Carsana, Dirigenze, E 43 ; Grainger, Prosopography, p. 85 (no 2). Sur l’origine thrace de ce nom, cf. J. et Louis Robert, Bulletin épigraphique, 1974, no 219 ; Christian Habicht et Christopher P. Jones, « A Hellenistic Inscription from Arsinoe in Cilicia », Phoenix, 43 (1989), p. 317-346, spéc. 342-345. Sa qualité d’ami n’est toutefois pas explicite dans l’inscription le mentionnant (I. Délos, 1549 = OGIS, 259 ; Délos, 121-96).

    112 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 77, 79 et 82 ; Carsana, Dirigenze, E 36 (= A 24) ; Grainger, Prosopography, p. 97 et suiv. Cf. Hermann Bengtson, op. cit., no 40, p. 172 et 179.

    113 C’est donc dans un contexte particulier, la lutte entre Démétrios Ier et Balas pour obtenir le soutien de Jonathan, que notre Juif obtint ces titres, habituellement réservés aux Grecs.

    114 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 81 et 87 ; Carsana, Dirigenze, A 25 ; Grainger, Prosopography, p. 116-118 (no 1).

    115 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 83 ; Grainger, Prosopography, p. 84. Il s’agissait de la restitution de toutes les villes conquises par les Juifs à l’extérieur de la Judée ou, à défaut, du paiement d’un prix forfaitaire de 1 000 talents. Simon renvoya Athénobios avec une offre bien moindre de sa part.

    116 Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, Divers XIII, p. 118-119 ; Carsana, Dirigenze, E 39 ; Grainger, Prosopography, p. 95. Il existe plusieurs versions du meurtre de Balas, accompli avec la complicité d’un dynaste d’Arabie (d’Abai), dénommé Dioclès par Diodore (XXXII, 10, 1), à qui le roi aurait confié son fils Antiochos ; d’après I Maccabées, 11, 17, Balas aurait eu la tête tranchée par Zabdibel l’Arabe (celui-ci l’aurait envoyée, ensuite, à Ptolémée VI ; cette version fut suivie par Flavius Josèphe, Antiquités juives, XIII, 118, qui attribue le meurtre au dynaste d’Arabie Zabeilos). On peut penser qu’il s’agit d’un seul et même individu, dont le nom aurait connu diverses transcriptions, ou plutôt que Malchos ait été le fils du traître (cf. Savalli-Lestrade, Philoi, p. 119). Cependant, on ignore si Malchos se vit confier sa tâche par le roi ou par ce dynaste arabe.

    117 Lucien, De Dea Syria, 17-27. Cf. Savalli-Lestrade, Philoi, no 4 ; Carsana, Dirigenze, E 1.

    118 Sans aller jusqu’à voir dans cet épisode romanesque de la présence d’un Oriental dans l’entourage d’un roi séleucide une ouverture (imaginaire ou réelle) de l’élite gréco-macédonienne envers la noblesse indigène (cf. Amélie Kurth et Susan Sherwin-White, From Samarkhand to Sardis, Londres, Duckworth, 1993, p. 124 et suiv.), on peut admettre avec Savalli-Lestrade, Philoi, p. 6, que la reconstruction (réelle ou inventée) d’un temple d’une divinité indigène symbolise le respect porté par les rois de Syrie à l’égard de la religion indigène. Enfin, Pierre Briant (Histoire de l’Empire perse. De Cyrus à Alexandre, Paris, Fayard, 1996, p. 283) a eu raison de souligner le caractère typiquement « perse » de la fidélité unissant le roi et ses amis (particulièrement ses eunuques). La légende de Kombabos s’est greffée sur des antécédents mésopotamiens et reflète une histoire de Cour développée à l’époque achéménide. Cf. aussi Émile Benveniste, « La légende de Kombabos », dans Mélanges syriens à René Dussaud, Paris, 1939, p. 249-258.

    119 Dans d’autres cultures également : évoquons le refuge que le Carthaginois Hannibal trouva auprès d’Antiochos le Grand, après sa défaite à Zama ; à une époque plus tardive (Démétrios III Eukairos et Antiochos XII), on pourrait citer Alexandre Jannée, roi des Juifs (103-76), fils de Jean Hyrcanos. Pour le monde arabe, évoquons le roi Samsigéramos, allié, traître et assassin d’Antiochos XIII (cf. Diodore, XL, 1b). De la Thrace, on signalera Dromichaetes, allié d’Antiochos II lors du siège de Kypsela, vers 250 (Polyen, IV, 16).

    120 Le roman de Kombabos, nous le rappelons, sort de la plume de l’écrivain de Samosate.

    121 Cela apporte une nuance significative à la thèse soutenue par Amélie Kurth et Susan Sherwin-White (From Samarkand to Sardis, Londres, Duckworth, 1993) sur la place centrale de Babylone au sein de l’Empire séleucide. Cf. aussi la critique d’Édouard Will, « Notes de lecture », 4/2 (1994), p. 433-447.

    122 Nous ne pouvons donc nous rallier aux conclusions de Carsana, Dirigenze, p. 95, selon qui les fonctions dirigeantes au sein de l’Empire séleucide seraient réparties, de manière quasi équitable, entre un noyau macédonien (Asie Mineure et Syrie) et un noyau « indigéno-oriental » (région transtaurique). Les relevés concernant les individus de l’entourage royal, comme ceux répartis dans l’ensemble du royaume (cf. notre première partie), démentent totalement ces conclusions (cf. la critique de Savalli-Lestrade, Philoi, p. 223-234). Christian Habicht, op. cit. (1958), p. 5-6, avait déjà mis en lumière le caractère marginal de la présence indigène auprès des rois hellénistiques. Habicht explique ce fait par la politique nationale gréco-macédonienne menée par les Diadoques, puis par les monarques hellénistiques, réagissant à la politique d’Alexandre, qui voulut, par exemple, associer l’aristocratie perse et mède à la direction politique du royaume. Léon Mooren eut également l’Eindruk que les Séleucides avaient appliqué aux Orientaux la même politique que les Ptolémées aux Egyptiens (cf. « Macht und Nationalität », dans Das ptolemäische Ägypten (Actes du colloque international, Berlin, 1976), Herwig Maehler et Volker M. Strocka, éd., Mayence, P. von Zabern, 1978, p. 51-57, spéc. 53). Simon Price avance le chiffre de 2,5 % d’indigènes (aussi Iraniens, cf. Christian Habicht, op. cit. (1958), p. 5) au sein de l’administration des Séleucides (et des Ptolémées également), la classe dirigeante ayant même, pendant les deux premières générations, exclu totalement les natives (Simon Price, « The History of the Hellenistic Period », dans The Oxford History of Greece and the Hellenistic World, J. Boardman et al., éd., Oxford, Oxford University Press, 2001, p. 364-389, spéc. 372-375). Sur la politique « nationaliste » des Séleucides, cf. aussi Hermann Bengtson, « Die Bedeutung der Eingeborenenbevölkerung in den hellenistischen Oststaaten », dans Die Welt als Geschichte, XI (1951), p. 135-142. Seul, en définitive, C.B. Welles constate, de manière erronée, une majorité d’Iraniens et autres Asiatiques dans l’armée, l’administration et même dans le cercle des amis des Séleucides (Propyläen-Weltgeschichte. Eine Universalgeschichte, Golo Mann et Alfred Heuss, éd., Berlin, Ullstein, III, 1962, p. 470). D’après John Ma (op. cit., p. 8 et n. 12), la majeure partie de l’entourage du roi (amis et officiers) ne vient pas des cités d’Asie Mineure, mais des fondations séleucides de Syrie du Nord (cf. Philippe Gauthier, Les cités grecques et leurs bienfaiteurs (ive-ier siècle avant J.-C.). Contribution à l’histoire des institutions, Paris, École française d’Athènes, 1985 (BCH, Suppl., 12), p. 169-175). Voir, avant tout, la distribution des ethniques connus (46 contre 38 inconnus) des amis séleucides chez Savalli-Lestrade, Philoi, p. 216-218.

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    • Pébarthe, Christophe. (2015) Du transfert culturel au métissage. DOI: 10.4000/books.pur.89368
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    • Couvenhes, Jean-Christophe. (2009) L'Asie mineure dans l'Antiquité : échanges, populations et territoires. DOI: 10.4000/books.pur.98490
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    • Heller, Anna. (2009) La cité grecque d’époque impériale: vers une société d’ordres?. Annales. Histoire, Sciences Sociales, 64. DOI: 10.1017/S039526490002816X
    • Barbau, Clémentine. Labrude, Angélique. (2014) Interactions, transferts culturels et acculturation en Protohistoire européenne. Archimède. Archéologie et histoire ancienne, 1. DOI: 10.47245/archimede.0001.act.01

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    Istasse, Nathaël. « Experts “barbares” dans le monde politique séleucide ». Transferts culturels et politiques dans le monde hellénistique, édité par Jean-Christophe Couvenhes et Bernard Legras, Éditions de la Sorbonne, 2006, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.33489.

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    Couvenhes, J.-C., & Legras, B. (éds.). (2006). Transferts culturels et politiques dans le monde hellénistique (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.33456
    Couvenhes, Jean-Christophe, et Bernard Legras, éd. Transferts culturels et politiques dans le monde hellénistique. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2006. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.33456.
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