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Les élites nordiques de l'Europe occidentale (xiie-xve siècle)

 | 
Tuomas M.S. Lehtonen
, 
Élisabeth Mornet

Les élites nordiques et la construction de l'État

Transformations sociales et émergence de nouvelles élites dans le royaume de Suède, 1220-1350

Olle Ferm

Résumé

Dans le présent aperçu de l’histoire suédoise entre 1220 et 1350, le concept d’« élite » a été réservé à un groupe qui a joué un rôle clé dans la transformation de la Suède en une société féodale selon le modèle européen. L’élite formait une strate étroite dans chacun des trois états (chevalerie, clergé, bourgeoisie) qui se constituèrent au cours de cette période grâce à des privilèges royaux. Les membres de ce groupe restreint, mais socialement diversifié, avaient en commun de pouvoir disposer des ressources auxquelles la majeure partie de la population n’avait pas – ou peu – accès : ressources économiques, sociales, culturelles et symboliques. Ainsi l’élite apparaît plurielle et diverse. La nouvelle élite fut recrutée en Suède, mais aussi à l’étranger ; des représentants de l’ancienne aristocratie n’en furent pas écartés et des gens de petite naissance purent également s’y agréger.

Texte intégral

1Le royaume de Suède connut durant la période 1220-1350 une mutation considérable qui affecta la société en son entier. Ses principaux traits se présentent globalement de la manière suivante :

  • 1 J. Myrdal, Det svenska jordbrukets historia. Jordbruket under feodalismen 1000-1700, Stockholm, 199 (...)

21. La croissance a concerné tous les secteurs économiques du pays, que ce soit la production agricole, artisanale ou proto-industrielle ou encore le secteur des services. Il y eut un essor du commerce à l’intérieur du royaume et des contacts réguliers furent établis avec les marchés extérieurs1.

  • 2 Selon le critère minimum bien connu de Max Weber : Staat ist diejenige menschliche Gemeinschaft, we (...)
  • 3 K. G. Westman, Svenska Rådets historia till år 1306, Uppsala, 1904 ; K. E. Löfkvist, De svenska dro (...)

32. Des fonctions étatiques sont apparues, autour de l’office central qu’était la royauté2. De nouvelles ressources, à la fois matérielles (comme les taxes annuelles) et idéologiques (en premier lieu par l’intermédiaire de la législation et de l’Église) furent conférées à la « Couronne », terme qui, au Moyen Âge, sous-entendait l’État comme propriétaire de la terre et autres revenus. De nouvelles institutions furent établies et jouèrent un rôle éminent, comme le herredag (diète), dans les relations entre le roi et les nobles, comme le Riksråd (Conseil du roi) ou encore quelques offices de nature étatique dont les détenteurs siégeaient au Riksråd3.

  • 4 Kulturhistoriskt lexikon för nordisk medeltid, IV, col. 621-625.

4À l’initiative royale, les lois provinciales furent codifiées aux alentours de 1300 et, cinquante ans plus tard, elles furent rassemblées et unifiées dans deux lois royales, qui les remplaçaient – l’une concernant les campagnes et l’autre les villes. La codification des lois (à un niveau national) et les initiatives législatives remontent au moins au milieu du xiiie siècle, quand plusieurs « lois de paix » furent établies dans l’intention évidente d’assurer la paix sociale et de garantir la sécurité des citoyens. La promulgation des lois nationales trouve sa justification dans la conception de la fonction royale comme plus haute instance de justice, et le projet du roi était d’unifier les provinces et d’établir son contrôle sur le royaume tout entier4.

  • 5 K. E. Löfkvist, Om riddarväsen och frälse i nordisk medeltid. Studier rörande adelsståndets uppkoms (...)

53. De nouveaux groupes sociaux ont émergé : clercs, chevaliers et écuyers, bourgeois, qui se distinguèrent du large groupe de la paysannerie en obtenant des privilèges juridiques. Les clercs et les chevaliers et écuyers furent exemptés du paiement des taxes à la Couronne et les bourgeois seuls furent autorisés à commercer librement. L’esclavage fut aboli et le groupe des paysanspropriétaires rejoignit les rangs des tenanciers5.

  • 6 B. Fritz, Hus, land och län. Förvaltningen i Sverige 1250-1434, Stockholm, 1972, t. 1, p. 33-113 ; (...)

64. Une nouvelle organisation spatiale se mit en place. La gestion des taxes annuelles conduisit à instaurer de nouvelles divisions territoriales. La délimitation des circonscriptions fiscales locales fut une conséquence naturelle de l’imposition annuelle des exploitations paysannes, et s’accompagna de la mise en place d’une administration provinciale fixée dans des châteaux et forteresses qui devinrent les centres stratégiques de la perception des taxes. En conséquence, la royauté suédoise se centralisa et elle délimita aussi son espace territorial face aux visées des royaumes voisins. Dans le même temps, eut lieu une expansion dans des régions où le pouvoir politique était disputé ou non structuré, spécialement vers le nord et l’est, où la Finlande fut intégrée au royaume6.

  • 7 H. Andersson, Urbanisierte Ortschaften und lateinische Terminologie. Studien zur Geschichte des nor (...)
  • 8 S. Rahmquist, « Sätesgård och gods. De medeltida frälsegodsens framväxt mot bakgrund av Upplands be (...)

7Autour des places commerciales, apparut un nouveau phénomène : la ville, séparée de la campagne environnante par une limite bien marquée ou par une muraille, à l’intérieur desquelles le Conseil urbain administrait les affaires de la cité, définit juridiquement une nouvelle citoyenneté urbaine7. En dehors des villes, la population fut l’objet d’une réorganisation sociale de grande ampleur. De nombreux paysans-propriétaires devinrent chevaliers ou écuyers et sortirent ainsi des communautés paysannes installées dans les anciens centres de peuplement, en établissant de nouvelles résidences – sätesgårdar, ou cours manoriales – isolées et éloignées de ces derniers8. Les institutions ecclésiastiques et judiciaires changèrent également : de nouvelles paroisses furent créées, les Ordres mendiants établirent leurs propres réseaux et la province d’Uppland devint une entité judiciaire, grâce à la loi d’Uppland (Upplandslagen), en 1296.

  • 9 O. Ferm, « Universitet och högskolor », dans Norden og Europa i middelalderen. Rapporter till Det 2 (...)
  • 10 B. Nilsson, Sverige kyrkohistoria, 1. Missionstid och tidig medeltid, Stockholm, 1998 ; S.-E. Pern (...)

85. L’Église fut réorganisée et son activité s’intensifia. Des chapitres cathédraux séculiers virent le jour et des conciles provinciaux furent réunis. Grâce à la fondation d’écoles cathédrales9, l’instruction des prêtres s’améliora et des visites épiscopales régulières dans les paroisses aboutirent à la diffusion et à une meilleure compréhension des normes canoniques et de la pratique liturgique10.

  • 11 C. I. Ståhle, « Medeltidens profana litteratur », dans Ny illustrerad svenska litteraturhistoria, 1 (...)

96. Les changements culturels s’exprimèrent de diverses manières, y compris sur le plan matériel. Légitimer le nouvel ordre requérait surtout la mobilisation d’instruments idéologiques et c’est ainsi que de nouvelles idées et de nouveaux modes de pensée furent introduits. Le développement de la literacy permit de formuler les nouvelles pratiques et de les normaliser. De nouvelles aspirations artistiques et littéraires trouvèrent à s’exprimer, tout comme les modes de la pensée théorique (en théologie, en philosophie, en droit et jurisprudence), dont certains étaient diffusés dans tout l’Occident11.

  • 12 Cette question sera débattue plus loin ; voir P. Ingesman et T. Lindkvist, « Europeisering eller sj (...)

10Bien que les spécificités nationales antérieures aient interféré dans cette évolution, les mutations décisives furent opérées sous une pression venue de l’extérieur, en particulier des pays limitrophes, Allemagne du Nord, Danemark et Norvège12. Pour l’essentiel, les principales transformations peuvent être vues comme une adaptation à un ordre féodal, hégémonique et européen, dans laquelle les élites sociales jouèrent un rôle central, parce qu’elles occupaient une position clé dans le fonctionnement de la nouvelle société.

Le concept d’« élite »

  • 13 E. Carlton, The Few and the Many. A Typology of Elites, Aldershot, 1996, p. 1-32.

11Dans le grand débat concernant le concept d’élite, on s’accorde sur le principe suivant : dans une perspective sociale, une élite est un petit groupe d’individus qui se distingue de la majorité et occupe le premier rang face à elle pour des raisons diverses. En outre, on est d’accord sur un autre point : une société évoluée est fondée sur une répartition des rôles sociaux. Cette répartition repose sur une évaluation des rôles qui s’exprime dans un système de rétribution différenciée. Et, davantage encore : les élites elles-mêmes ne sont pas nécessairement homogènes, du fait que différents critères d’estimation influent sur le système de rétribution13.

12En ce qui concerne la Suède au xiiie siècle, nous pouvons distinguer trois grands groupes que des privilèges particuliers séparaient de la majorité : les bellatores, les oratores et les mercatores, entre lesquels il existait d’ailleurs des liens et des rapprochements, puisque le clergé était essentiellement recruté dans les deux autres groupes.

13Cependant, le terme d’élite peut être réservé pour qualifier un plus petit groupe, une strate étroite à l’intérieur de ces états qui incluait certains membres extérieurs. Bien qu’il fût socialement diversifié, ce groupe avait quelque chose en commun : comme acteurs sociaux, ses membres bénéficiaient de ressources qui faisaient défaut, ou presque, à la majorité et dont la valeur sociale était si exceptionnelle qu’elle faisait accéder leurs détenteurs au rang d’élite.

  • 14 G. Mosca, Sulla teoria dei governi e sul governo parlamentare. Studi storici e sociali, Turin, 1884 (...)
  • 15 Pour une vision plus élaborée, voir par exemple R. Aron, « Classe sociale, classe politique, classe (...)
  • 16 J. Le Goff, Les intellectuels au Moyen Âge, Paris, 1957 ; M. Fumagalli Beonio Brochieri, « L’intell (...)

14Cette définition accentue la polysémie du concept. Elle suggère qu’il y a des élites de différentes sortes et implique que je me dissocie de ceux qui regardent « l’élite » comme synonyme de l’élite de pouvoir ou de la classe politique14. Car il est clair que les représentants d’autres groupes, par exemple les artistes, les gens de savoir, les prêtres et les intellectuels, peuvent être favorisés, c’est-à-dire accéder au rang d’élite dans différentes sociétés, parce qu’ils ont des talents ou des compétences spécifiques et recherchés qui leur confèrent un statut particulier15. Les intellectuels au sens moderne du terme n’existaient pas dans la Suède médiévale16, mais la qualification était bien celle des clercs qui avaient reçu une formation intellectuelle de haut niveau. Elle constituait une richesse rare et prisée non seulement dans l’Église mais aussi dans l’aristocratie laïque.

Les élites de la Suède médiévale

  • 17 D. Broady, Sociologi och epistemology, Stockholm, 1990, analyse ces champs ainsi que d’autres conce (...)

15Retournons maintenant aux groupes des élites au sens large du terme, pour définir la base de leur recrutement et les ressources qui leur permirent d’accéder à cette position particulière dans la société suédoise. « Ressources » sera pris ici au sens que donne Pierre Bourdieu à capital. Les acteurs sociaux acquéraient, investissaient et dépensaient un capital très divers (matériel, économique, militaire, social, culturel et symbolique) dans des champs différents. Dans ce contexte, nous distinguerons les champs politique, ecclésiastique et économique17.

Capital et élite du pouvoir

16Au milieu du xive siècle, les protagonistes dans le champ politique étaient peu nombreux. Nous pouvons les désigner par le terme de « classe politique ». Elle comprenait le roi, les lagmän (littéralement : hommes de loi) et les häradshövdingar, juges dont les compétences judiciaires et parfois législatives s’exerçaient à deux niveaux différents (de circonscriptions territoriales – la lagsaga et le härad), les riksråd (conseillers du royaume), c’est-à-dire les membres du Conseil du roi, les fogdar (baillis au service de la Couronne), les länsmän (détenteurs de fiefs) et l’aristocratie terrienne ; tous ensemble – à l’exception du roi –, ils étaient les « hommes du royaume ». Cette capacité les désignait pour représenter le royaume et ses différentes provinces dans les herredagar (diètes). Certains membres du clergé appartenaient à ce groupe : les évêques étaient membres du Conseil du roi et des clercs servaient dans l’entourage royal ou les maisons aristocratiques, non seulement comme pasteurs mais aussi comme administrateurs, secrétaires et scribes.

  • 18 T. Bottomore, Elites and Society, Londres, 1964, p. 8-9.
  • 19 K. G. Westman, Svenska rådets historia till år 1306, Uppsala, 1904 ; H. Schück, Rikets råd och män. (...)

17À l’intérieur de cette classe politique nous pouvons distinguer un cercle plus étroit et exclusif qui, à proprement parler, constituait l’élite politique. Elle rassemblait les gens qui exerçaient directement le pouvoir politique et n’étaient pas seulement cantonnés dans un rôle de simples exécutants18 : le roi, les membres du Conseil du roi – y compris les évêques –, certains lagmän appartenant au Conseil, et les länsmän qui détenaient les fiefs les plus importants, en tout vingt à trente individus, alors que la classe politique comprenait une centaine de membres19.

18Les ressources dont « la classe politique » disposait sont aisées à identifier. Pour les laïcs, il s’agissait du capital économique (biens non soumis à impôts et grands offices), du capital militaire (retenues de combattants à cheval, fortifications), du capital social (un réseau de liens sociaux qui pouvait être mobilisé comme appui ou comme secours dans l’adversité) et du capital symbolique (la bravoure). L’élite de pouvoir détenait en général des ressources plus importantes que les autres membres de la classe politique, davantage de capital économique, militaire et social, et elle bénéficiait de plus d’un capital culturel bien particulier – les manières de cour, au sens le plus large – qui faisait défaut au reste de la classe politique. Nous reviendrons plus loin sur le clergé. Pour l’essentiel donc, l’émergence de ce groupe est liée au développement du pouvoir royal et à l’apparition des fonctions étatiques qui lui sont associées, ainsi qu’à l’imitation des modèles continentaux.

  • 20 J. Rosén, Svensk historia, I, Stockholm, 1962, p. 134-144 ; T. Lindkvist, Plundring, skatter och de (...)

19La Suède était une monarchie élective. Durant un siècle environ, à partir du milieu du xiie siècle, deux familles se disputèrent le trône, mais elles furent remplacées au milieu du xiiie siècle par une nouvelle dynastie, qui se maintint au pouvoir une centaine d’années. Ses membres ont pleinement participé aux nouveaux développements politiques qui ont été présentés ci-dessus : ils s’emparèrent du pouvoir par la force dans le contexte des luttes qui caractérisent habituellement l’avènement d’un nouvel ordre : le prélèvement de l’impôt sur l’ensemble des richesses du pays20.

  • 21 E. Hjärne, « Fornsvenska lagstadganden. Tolkningar och sammanställningar », Kungliga Humanistiska V (...)

20La nouvelle dynastie fut à diverses reprises contestée à la fin du xiiie siècle. Les guerres civiles n’étaient pas quelque chose de nouveau, mais des moyens inédits furent mis en œuvre pour mâter les rébellions. Les chefs de l’opposition furent exécutés et leurs biens confisqués. Ces procédés n’étaient pas en usage dans la tradition politique suédoise, en revanche ils étaient légitimés par le droit romain concernant la haute trahison (crimen laesae majestatis)21. Seuls les clercs instruits qui avaient étudié au loin pouvaient avoir pris connaissance de ces principes et les avoir transmis au monarque.

21Les récentes ambitions du nouveau pouvoir royal visaient à obtenir un contrôle sur l’ensemble du pays. Pour ce faire, le roi avait besoin d’appuis loyaux, non seulement dans son entourage immédiat mais aussi dans toutes les régions du royaume et il lui fallait trouver de nouvelles ressources matérielles. Il y réussit en instaurant une nouvelle fiscalité, qui requérait une gestion administrative sophistiquée, à plusieurs niveaux. Les fogdar (baillis) furent désignés et installés dans les provinces dans des centres de perception dont les plus importants furent pourvus de fortifications modernes : forteresses, châteaux, maisons fortes entourés de douves à la mode continentale, qui pouvaient résister aux attaques des ennemis, qu’ils soient chevaliers ou paysans rebelles.

  • 22 Erikskrönikan, S.-B. Jansson éd., Stockholm, 2003, p. 59-62, 76, 95, 120-121, 136, 139-141, 143, 14 (...)

22Qui était recruté pour administrer les biens de la Couronne ? Au moins partiellement, les officiers vinrent de l’extérieur, étrangers installés comme fogdar ou länsmän. Ces gens avaient non seulement des compétences administratives, mais aussi des talents militaires qui étaient appréciés par le roi. Très probablement, ils avaient leurs propres suites armées. Le recrutement extérieur présentait clairement des avantages pour le roi, car les réseaux d’alliance internes au royaume faisaient défaut aux immigrants, qui dépendaient donc de lui plus étroitement. Toutefois, le désavantage de ce recrutement étranger était qu’il suscitait le mécontentement de la noblesse suédoise et il ne pouvait être mis en œuvre qu’avec modération, étant donné que le roi avait besoin, pour assurer son pouvoir, du soutien des puissants nés dans le royaume22.

  • 23 Voir par exemple S. Rahmquist, « Sandbro-ätten. En uppländsk frälsesläkt och dess gods », Personhis (...)

23Le recrutement intérieur se poursuivit selon deux modalités. Ceux qui étaient de basse naissance et dignes de confiance obtinrent des postes dans l’administration royale ; quant aux membres de l’aristocratie traditionnelle, ils ne furent pas écartés23. Certes, la vieille aristocratie fut partiellement démantelée après les grandes rébellions, mais ce qu’il advint de ses ressortissants n’est pas clair. Ils peuvent avoir été exclus à la fois de l’élite de pouvoir et de la classe politique. Mais il est probable aussi que certains chefs rebelles aient obtenu le pardon royal et une amnistie et qu’ils aient été en mesure de retrouver leur place, sinon dans la nouvelle élite de pouvoir, tout au moins dans la classe politique.

  • 24 Cf. J. Piekalkiewics et A. W. Penn, Politics of Ideocracy, Albany, 1975, p. 1-25. Sur le dialogue p (...)

24Le passage au nouvel ordre politique ne fut pas construit sur un consensus concernant les règles du jeu politique. Le nouveau régime était en définitive un régime autoritaire. Il traitait les dissidents avec le bras armé de la violence. Mais ces méthodes ne peuvent guère être qualifiées de totalitaires ou d’« idéocratiques », car le roi ne s’est jamais efforcé – il n’en avait pas les moyens – d’obliger l’ensemble de la population à prendre son parti ni d’agir selon une idéologie moniste, à savoir éliminer toute autre source d’autorité sociale que la sienne propre24. À tout prendre, malgré des méthodes parfois brutales, le roi et ses plus proches conseillers étaient obligés de passer des accords pacifiques avec les aristocraties régionales et locales.

25Une des caractéristiques du nouveau régime, et de son élite politique, fut son fort investissement dans un capital culturel croissant, qui se manifesta dans les manières de cour issues des modèles continentaux. Dans les cours royale et aristocratiques, on lisait les chroniques, notamment celles concernant le récent passé national, on traduisait les « romans bretons » du français (via l’allemand) en suédois et un auteur anonyme écrivit un Miroir du prince original (Um styrilsi konunga). Tout ceci contribua à renforcer l’expression idéologique et l’image de soi d’une identité aristocratique et à la séparer nettement du peuple qui suivait encore largement les anciennes coutumes.

Élites ecclésiastiques

26Au début du xive siècle, l’élite ecclésiastique formait un cercle étroit, mais influent, de moins de quarante ou cinquante personnes, qui avaient reçu une formation intellectuelle poussée, bénéficiaient de ressources économiques importantes et étaient soutenues par le puissant réseau international de l’Église romaine. Ce groupe comprenait l’archevêque (d’Uppsala), six évêques, les membres des chapitres cathédraux, les abbés et prieurs cisterciens, les dirigeants des frères dominicains et franciscains. Tous exerçaient un pouvoir au sommet de la hiérarchie ecclésiastique et, comme membres du Conseil royal, les évêques participaient également au pouvoir politique.

27Nous pouvons élargir ce groupe de l’élite aux moines et aux frères, si nous prenons en compte un autre aspect : ils bénéficiaient du capital symbolique attaché à un style de vie considéré comme exemplaire. Il leur conférait non seulement du prestige mais aussi quelque chose de plus, à savoir les biens, l’argent et les dons qui étaient prodigués à leurs monastères et couvents. Les réguliers exerçaient donc un pouvoir indirect en influençant les comportements et les actions des fidèles.

  • 25 La nouvelle histoire de l’Église chrétienne suédoise (Sveriges kyrkohistoria), dont la période médi (...)

28Même si on peut dire qu’il existait un certain recrutement interne – les clercs avaient parfois des enfants qui leur succédaient dans leurs fonctions et bénéfices –, l’Église recrutait la plupart de ses membres dans l’ensemble de la société laïque. Deux groupes furent spécialement concernés : la petite aristocratie (chevaliers et écuyers) et la bourgeoisie d’affaires allemande installée dans les villes suédoises25. Le recrutement a été élargi au xiiie siècle, ce qui s’explique par le fait que l’institution ecclésiastique se développa à cette époque (avec l’établissement des chapitres cathédraux et des couvents mendiants, si bien que l’influence des abbés cisterciens décrut en proportion), et le recrutement « étranger » cessa quand l’Église suédoise fut bien affermie et n’eut plus besoin des services de clercs venus de loin.

  • 26 O. Ferm, « Universitet och högskolor », loc. cit. (n. 9) ; M. Tanaka, La nation anglo-allemande de (...)

29Malgré l’élargissement du recrutement, l’élite cléricale provenait surtout, au début du xive siècle, d’un secteur de la société relativement prospère. Au sens large, elle disposait de ressources suffisantes. Pour poursuivre une carrière brillante dans l’Église, une formation académique était nécessaire, ce qui supposait partir étudier au loin. C’est à Paris que des collèges furent fondés pour accueillir des étudiants des diocèses d’Uppsala, Linköping et Skara. Mais même si certaines églises étaient en mesure de fournir une aide financière, il était indispensable de disposer de revenus personnels, ce qui excluait du savoir et par conséquent du recrutement de l’élite cléricale les strates inférieures de la société26.

30La nouvelle élite était influencée par les normes canoniques et les idéaux issus de la réforme grégorienne. Ceci entraîna tensions et conflits dans l’Église, là où les prêtres des paroisses (souvent liés aux magnats locaux) avaient des concubines, et avec l’élite politique pour le contrôle des ressources ecclésiastiques, spécialement celles des évêques. Ces conflits ne furent en définitive jamais vraiment résolus et durèrent jusqu’à la réformation du xvie siècle.

  • 27 A. Piltz, « Magister Matthias of Sweden in his Theological Context : A Preliminary Survey », dans T (...)

31Au début du xive siècle, l’Église disposait d’une culture beaucoup plus développée et complexe qu’un siècle plus tôt. Si la formation intellectuelle des clercs influença, comme nous l’avons vu, l’aristocratie laïque, son bénéfice demeura néanmoins cantonné pour l’essentiel à l’intérieur même de l’Église. Le nombre croissant de livres (non seulement les manuels destinés au ministère pastoral, mais aussi la littérature théologique et philosophique) témoignent du considérable essor de l’instruction et certains clercs se signalent par une production intellectuelle personnelle. Il s’agit d’ouvrages de droit canon, de paraphrases commentées de la Bible en langue vernaculaire, de traités théologiques et de récits historiques. Le théologien le plus réputé, magister Mathias, était bien connu sur le continent et Nicolas de Cues fit son éloge au xve siècle. Il fut aussi le confesseur de sainte Brigitte, rendue célèbre dans toute l’Europe par ses Révélations, qui furent éditées à Naples dans de luxueux manuscrits et ouvrirent la voie à sa canonisation en 139127.

Élite marchande et industrielle

  • 28 G. Magnusson, « Bergslagens bebyggelse under tusen år », loc. cit. (n. 1), p. 10-16 ; K. Kumlien, V (...)

32L’élite marchande était composée d’une partie des citadins, à savoir les marchands allemands qui dominaient le marché intérieur suédois et le commerce extérieur. Au xiiie siècle, la Suède s’est insérée dans les circuits commerciaux, exportant ses produits bruts, en important d’autres, comme le sel, de même que des denrées affinées ou de luxe, comme les tissus, le vin, les épices et les objets d’art. L’essor urbain et le développement de la production des minerais de fer et de cuivre dans le Bergslagen entraînèrent aussi le développement du commerce intérieur, spécialement entre les zones agricoles de la Suède centrale et méridionale (et également du sud-ouest de l’actuelle Finlande) et le Bergslagen, où des immigrants allemands entreprirent la modernisation des méthodes de production, au moins depuis le début du xive siècle28. Des toponymes comme Garpenberg (« la montagne des Allemands ») témoignent encore de leur influence dans le Bergslagen. Le centre le plus actif du commerce intérieur fut constitué par les villes qui s’établirent autour du lac Mälar : à la fin du xiie siècle, il n’y avait dans cette région qu’une seule ville, Sigtuna, mais à la fin de ce siècle, elles étaient au nombre de sept (Stockholm, Uppsala, Enköping, Västerås, Arboga, Örebro and Strängnäs). Et Stockholm noua d’étroites relations commerciales avec Turku (Åbo), qui devint un centre urbain actif au xiiie siècle.

  • 29 N. Ahnlund, Stockholms historia före Gustav Vasa, Stockholm, 1953, p. 109-120, 178-191, 218-221 ; K (...)

33La domination allemande dans les villes est une évidence. L’aménagement des villes suivait les modèles allemands, les noms allemands sont courants dans les diplômes conservés, et le plus ancien registre urbain parvenu jusqu’à nous (Kalmar stads tänkebök) fut écrit en allemand jusqu’au début du xve siècle : le suédois le remplaça alors. Une stipulation du droit urbain, qui voulait que le Conseil de ville fût pour moitié des Allemands et pour moitié des Suédois, ne reflétait pas l’exacte répartition sociale, mais était destinée à défendre la position des Suédois et à limiter le nombre d’Allemands qui participaient au pouvoir de décision29.

34Les ressources allemandes étaient principalement issues du commerce et impliquaient aussi le « savoir-faire » industriel. Experts dans la marchandise et la production métallurgique, ils détenaient les moyens économiques indispensables, de même qu’ils continuaient à bénéficier des réseaux existant dans les autres villes de la mer Baltique, et dès qu’ils furent installés en Suède, ils construisirent des réseaux internes similaires.

35Les marchands allemands se mariaient certainement entre eux, en Suède, comme dans les autres villes baltiques ; à tout prendre, comme leurs enfants, nés dans ce milieu exclusif, y demeuraient, leur identité propre se renforça plutôt. La situation changea néanmoins quelque peu quand des enfants allemands choisirent de faire carrière dans l’Église et entrèrent dans les chapitres cathédraux, les couvents et les monastères.

Maîtres d’œuvre et artisans

  • 30 Une nouvelle synthèse d’histoire de l’art suédois expose les influences étrangères lors de l’examen (...)

36L’Église introduisit aussi les traditions artistiques continentales en Scandinavie. De nombreuses influences peuvent être décelées, issues notamment de Lombardie, de France septentrionale, de la région rhénane et d’Allemagne du Nord. Les objets d’art furent importés directement de leur lieu de fabrication et ensuite imités par les artisans suédois. Mais en matière d’architecture, des maîtres maçons étrangers furent engagés par contrat à venir travailler en Suède30. Dans ce domaine, un changement majeur intervint : les constructions en pierre étaient une nouveauté dans le pays et la technique fut d’abord expérimentée dans les églises et les monastères pour être ensuite utilisée pour les forteresses et châteaux et enfin pour les manoirs.

37Bien que la quasi-totalité des maîtres artisans étrangers soient demeurés anonymes, de même que leurs élèves et successeurs d’origine suédoise, il est parfois arrivé que leur nom ait été conservé, quand ils signaient leurs œuvres. Le maître étranger le plus célèbre est le maître d’œuvre français Étienne de Bonneuil qui vint à Uppsala en 1287. Il est nommé alors « taillieur de pierre » – il était probablement le chef d’un groupe de compatriotes – et il travailla sur le chantier de la nouvelle cathédrale plusieurs années avant de retourner à Paris, où on le retrouve par la suite dans plusieurs documents conservés.

  • 31 Voir O. Ferm, « Kungs-Husby under medeltiden », dans C. G. Ehrenheim éd., Kungs-Husby i Trögd. Kung (...)

38Dans les cercles royaux et aristocratiques, il était important de paraître et de se comporter selon son rang. Dans les manières de cour qui devinrent de bon ton entrait aussi une tenue vestimentaire appropriée. Un tailleur royal est mentionné en 1285. Son nom, Elard, indique qu’il était d’origine allemande31.

39Ce ne furent pas seulement le goût, la mode et les techniques qui changèrent lors de la transition du roman au gothique, mais aussi les lieux d’activité : le xiie siècle avait été dominé par la construction dans les zones rurales (par exemple les églises monastiques ou paroissiales) ; au siècle suivant les principaux changements et innovations intervinrent dans les villes.

40Dans les nouvelles élites qui émergèrent lors du passage de la société suédoise à une nouvelle organisation, féodale, les principaux modèles vinrent du continent. Comme médiateurs, ou initiateurs du nouvel ordre, les hommes nés à l’étranger jouèrent clairement un rôle, soit temporairement soit durablement, tout comme les Suédois de naissance qui prirent exemple ou acquirent leur formation au loin. Les deux types de médiation persistèrent, mais à la longue, le premier tendit à diminuer tandis que le second augmentait. En tout cas, leur importance respective varia de telle sorte que la part des Suédois s’accrut tandis que le nombre des étrangers faiblissait.

41L’autre aspect de la transformation – la tâche de mener à bonne fin les changements à tous les niveaux de la société – fut bien davantage pris en mains par une élite suédoise de naissance qui avait en horreur d’être soumise à une loi étrangère. Parmi elle (« la classe politique »), nous pouvons distinguer deux groupes. L’un était constitué par les membres de la famille royale et les aristocrates (« l’élite politique »), ceux dont les origines remontaient au xiie siècle, l’autre par les homines novi, de plus humble origine, qui furent intégrés à l’élite politique. Dans le creuset de la société nouvelle, ces derniers saisirent l’opportunité de gravir les échelons de la hiérarchie sociale par le biais de l’entrée dans les réseaux aristocratiques.

42Le tableau que je viens de brosser du recrutement des élites suédoises et de leurs relations réciproques a fait appel à des observations très générales. Une enquête plus systématique devrait maintenant être entreprise. Les chances de disposer d’une information adéquate suffisante pour l’élite ecclésiastique et pour la classe politique sont bonnes, elles sont moindres en ce qui concerne la bourgeoisie, celle de Stockholm exceptée. Par conséquent, les chemins d’investigation pour les futurs chercheurs demeurent largement ouverts.

Notes

1 J. Myrdal, Det svenska jordbrukets historia. Jordbruket under feodalismen 1000-1700, Stockholm, 1999, p. 19-109 ; G. Magnusson, « Bergslagens bebyggelse under tusen år », Bebyggelsehistorisk tidskrift, 43 (2002), p. 10-16.

2 Selon le critère minimum bien connu de Max Weber : Staat ist diejenige menschliche Gemeinschaft, welche innerhalb eines bestimmten Gebietes – dies : das’Gebiet’, gehört zum Merkmal – das Monopol legitimer physischer Gewaltsamkeit für sich (mit Erfolg) beansprucht. M. Weber, Politik als Beruf, Francfortsur-le-Main, 1999 (1re éd. 1919), p. 18. Bien qu’on ne puisse pas envisager un État parfaitement développé au xiiie siècle, nous pouvons ajouter que la principale caractéristique de son émergence réside dans le fait que le roi prétend, avec un succès croissant, exercer le monopole de la violence légitime.

3 K. G. Westman, Svenska Rådets historia till år 1306, Uppsala, 1904 ; K. E. Löfkvist, De svenska drots-och marskämbetena under 1200-och 1300-talen, Lund, 1936 (Vetenskapssocieteten i Lund. Årsbok) ; H. Jägerstad, Hovdag och råd under äldre medeltid, Lund, 1948 ; H. Schück, « Kansler och Capella Regis under folkungatiden », (Svensk) Historisk tidskrift, 1963, p. 133-187 ; T. Lindkvist, Plundring, skatter och den feodala statens framväxt, Uppsala, 1990 (Opuscula historica Upsaliensia, 1).

4 Kulturhistoriskt lexikon för nordisk medeltid, IV, col. 621-625.

5 K. E. Löfkvist, Om riddarväsen och frälse i nordisk medeltid. Studier rörande adelsståndets uppkomst och tidigare utformning, Lund, 1935 ; C. G. Andrae, Kyrka och frälse i Sverige under äldre medeltid, Uppsala, 1960 (Studia historica Upsaliensia, IV) ; C. Nevéus, Trälarna i landskapslagarnas samhälle, Danmark och Sverige, Uppsala, 1974 ; T. Lindkvist et J. Myrdal, Trälar. Ofria i agrarsamhället från vikingatid till medeltid, Stockholm, 2003 (Skrifter om skogs-och lantbrukshistoria, 17).

6 B. Fritz, Hus, land och län. Förvaltningen i Sverige 1250-1434, Stockholm, 1972, t. 1, p. 33-113 ; P. O. Sjöström, « Den tidigmedeltida statsbildningsprocessen och den östra rikshalvan », Historisk tidskrift för Finland, 1994, p. 530-573.

7 H. Andersson, Urbanisierte Ortschaften und lateinische Terminologie. Studien zur Geschichte des nordeuropäischen Städtewesens vor 1350, Göteborg, 1971 (Acta Regia Societatis Scientiarum et Litterarum Gothoburgensis, Humaniora 6) ; H. Andersson, « Urbanisation », dans The Cambridge History of Scandinavia, 1. Prehistory to 1520, K. Helle éd., Cambridge, 2003.

8 S. Rahmquist, « Sätesgård och gods. De medeltida frälsegodsens framväxt mot bakgrund av Upplands bebyggelsehistoria », Upplands fornminnesförenings tidskrift, 53 (1996), p. 299-300.

9 O. Ferm, « Universitet och högskolor », dans Norden og Europa i middelalderen. Rapporter till Det 24. Nordiska Historikermöde, 1, P. Ingesman et T. Lindkvist éd., Århus, 2001, p. 97-106.

10 B. Nilsson, Sverige kyrkohistoria, 1. Missionstid och tidig medeltid, Stockholm, 1998 ; S.-E. Pern ler, Sveriges kyrkohistoria, 2. Hög-och senmedeltid, Stockholm, 1999.

11 C. I. Ståhle, « Medeltidens profana litteratur », dans Ny illustrerad svenska litteraturhistoria, 1. Forntiden. Medeltiden. Vasatiden, E. N. Tigerstedt éd., Stockholm, 1967 ; B. Klockars, « Medeltidens religiösa litteratur », ibid. ; H. Bengtsson, Den höviska kulturen i Norden. En konsthistorisk undersökning, Stockholm, 1999.

12 Cette question sera débattue plus loin ; voir P. Ingesman et T. Lindkvist, « Europeisering eller själveuropeisering ? », dans Norden og Europa i middelalderen, op. cit. (n. 9), p. 231-236. Voir aussi N. Blomkvist, The Discovery of the Baltic. The Reception of a Catholic World-System in the European North (AD 1075-1225), Leyde-Boston, 2005, p. 85-89, 567-678 et passim.

13 E. Carlton, The Few and the Many. A Typology of Elites, Aldershot, 1996, p. 1-32.

14 G. Mosca, Sulla teoria dei governi e sul governo parlamentare. Studi storici e sociali, Turin, 1884 ; G. Mosca, Elementi di scienza politica, Turin, 1923 ; R. Michels, Zur Sociologie des Parteiwesens in der modernen Demokratie, Leipzig, 1925, élargissait la perspective en considérant la structure et les tendances oligarchiques des partis politiques et spécialement des syndicats.

15 Pour une vision plus élaborée, voir par exemple R. Aron, « Classe sociale, classe politique, classe dirigeante », European Journal of Sociology, I, 2 (1960), p. 260-281.

16 J. Le Goff, Les intellectuels au Moyen Âge, Paris, 1957 ; M. Fumagalli Beonio Brochieri, « L’intellettuale », dans L’uomo medievale, J. Le Goff dir., Rome-Bari, 1990, p. 201-233.

17 D. Broady, Sociologi och epistemology, Stockholm, 1990, analyse ces champs ainsi que d’autres concepts centraux mis en avant par Pierre Bourdieu ; spécialement dans P. Bourdieu, Esquisse d’une Théorie de la Pratique, précédée de trois études d’ethnologie kabyle, Genève-Paris, 1972.

18 T. Bottomore, Elites and Society, Londres, 1964, p. 8-9.

19 K. G. Westman, Svenska rådets historia till år 1306, Uppsala, 1904 ; H. Schück, Rikets råd och män. Herredag och råd 1280-1480, Stockholm, 2005 (Kungl. Vitterhets-Historie-och Antikvitetsakademien, Historiska serien), chapitres 1-2.

20 J. Rosén, Svensk historia, I, Stockholm, 1962, p. 134-144 ; T. Lindkvist, Plundring, skatter och den feodala statens framväxt, op. cit. (n. 3).

21 E. Hjärne, « Fornsvenska lagstadganden. Tolkningar och sammanställningar », Kungliga Humanistiska Vetenskaps-Samfundet i Uppsala. Årsbok 1949-1950, Uppsala, 1951, p. 81-96, et passim ; Id., « Holmger, Filip och Helena. Ett personhistoriskt bidrag till belysning av rättsåskådning och politik i Sverige omkr. 1280 », Kungliga Humanistiska Vetenskaps-Samfundet i Uppsala. Årsbok 1951, Uppsala, 1951, p. 31-56.

22 Erikskrönikan, S.-B. Jansson éd., Stockholm, 2003, p. 59-62, 76, 95, 120-121, 136, 139-141, 143, 148, 157, 159 et 168. Sur la portée de l’immigration et de l’installation des Allemands, voir J.-M. Maillefer, Chevaliers et princes allemands en Suède et en Finlande à l’époque des Folkungar (1250-1363). Le premier établissement d’une noblesse allemande sur la rive septentrionale de la Baltique, Francfort-sur-le-Main, 1999 (Kieler Werkstücke Reihe, 10. Beiträge zur Europaïschen Geschichte des späten Mittelalters, 10), p. 85-110, 136-177.

23 Voir par exemple S. Rahmquist, « Sandbro-ätten. En uppländsk frälsesläkt och dess gods », Personhistorisk tidskrift, 74 (1978), p. 47-79.

24 Cf. J. Piekalkiewics et A. W. Penn, Politics of Ideocracy, Albany, 1975, p. 1-25. Sur le dialogue politique dans l’espace public, voir le dernier ouvrage de H. Schück, Rikets råd och män, op. cit. (n. 19).

25 La nouvelle histoire de l’Église chrétienne suédoise (Sveriges kyrkohistoria), dont la période médiévale a été couverte par B. Nilsson (1998) et S.-E. Pernler (1999), ne comporte pas de mise au point sur ce thème.

26 O. Ferm, « Universitet och högskolor », loc. cit. (n. 9) ; M. Tanaka, La nation anglo-allemande de l’Université de Paris à la fin du Moyen Âge, Paris, 1990, p. 45, 59-66.

27 A. Piltz, « Magister Matthias of Sweden in his Theological Context : A Preliminary Survey », dans The Editing of Theological and Philosophical Texts from the Middle Ages, M. Asztalos éd., Stockholm, 1986 (Studia Latina Stockholmiensia, 30), p. 137-160 ; H. Aili et J. Svanberg, Imagines Sanctae Birgittae, Stockholm, 2003.

28 G. Magnusson, « Bergslagens bebyggelse under tusen år », loc. cit. (n. 1), p. 10-16 ; K. Kumlien, Västerås till 1600-talet, Västerås, 1971, p. 114-117.

29 N. Ahnlund, Stockholms historia före Gustav Vasa, Stockholm, 1953, p. 109-120, 178-191, 218-221 ; K. Kumlien, op. cit. (n. 28), p. 114-117, 427, 492-504 ; N. Blomkvist, « Kalmars uppkomst och äldsta tid », dans Kalmar stads historia, 1, I. Hammarström éd., Kalmar, 1979, p. 200-203, 248-260. Sur l’influence des Allemands, voir encore J.-M. Maillefer, op. cit. (n. 22), p. 345-360.

30 Une nouvelle synthèse d’histoire de l’art suédois expose les influences étrangères lors de l’examen des différents secteurs artistiques. Voir L. Karlsson et al. éd., Signums svenska konsthistoria. Den romanska konsten, Lund, 1995, p. 73 et suiv., 106-115, 128, 152, 158, 180-182, 307, passim ; J.-E. Augustsson et al. éd., Signums svenska konsthistoria. Den gotiska konsten, Lund, 1996, p. 39-50, 54, 57-59, 65-70, 73, passim.

31 Voir O. Ferm, « Kungs-Husby under medeltiden », dans C. G. Ehrenheim éd., Kungs-Husby i Trögd. Kungsgård, kyrka och socken. Studier till Det medeltida, Stockholm, 1992.

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