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Dans les geôles du roi

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Julie Claustre

Troisième partie. La coercition

Troisième partie. La coercition

Texte intégral

1Le roi avait autorisé dans ses geôles la prise de corps de ses débiteurs, L de ceux qui s’y étaient obligés sous ses sceaux et de ceux qui avaient été condamnés par ses juges. Elle était un mode de contrainte qui visait à faire payer le débiteur. C’est en cela même que la prison pour dette résiste aux cadres juridiques contemporains et semble confiner à l’absurde : comment l’enfermement d’une personne aurait-il pu être un moyen de la faire payer ? La détention la privait justement de bien des moyens qui lui auraient permis de régler ses dettes et accroissait encore ses difficultés financières et celles de sa famille. C’est cette absurdité que dénonçaient les détracteurs de la prison pour dette qui militèrent pour son abolition au xixe siècle. L’absurdité de ce système devint patente quand s’affirma une certaine norme carcérale, radicalement différente de celle du Moyen Âge, à la fois dans ses modalités et dans ses fins : le xixe siècle généralisa l’enfermement pénal dans des prisons qui avaient peu de choses à voir avec celles du xve siècle. Dès lors, l’enfermement des débiteurs devenait injuste, car il ressemblait trop à une peine infligée aux indigents. L’abolition progressive de la prison pour dette en Europe au xixe siècle est sans doute liée à la transformation de l’enfermement consécutive à la généralisation de la pénalité carcérale. Au xve siècle, la prison ne servait pas d’abord à punir, mais à garder. La juste compréhension de la fonction de l’emprisonnement pour dette renvoie à l’étude de sa mise en œuvre pratique.

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