Les « pourvances » de l’hôtel des ducs de Brabant à Bruxelles dans la seconde moitié du XVe siècle
L’apport des comptes de fournitures (1366-1372)
p. 495-501
Plan détaillé
Texte intégral
1L’approvisionnement de l’office de la cuisine de l’hôtel des ducs de Brabant reposait sur la recette de Brabant. Un personnel nombreux y était attaché et se répartissait « les divers services chargés d’approvisionner la cuisine en victuailles et de garnir les lardiers ». On le sait grâce aux beaux travaux de Mina Martens1 et d’André Uyttebrouck2. Le prince « vivant du sien », les provenances précises ou les lieux d’achats des divers approvisionnements sont moins bien connus encore que les comptes de la Recette générale ; ceux des domaines princiers3, des hôtels de Jean III, Jeanne de Brabant et Wenceslas de Luxembourg, Antoine de Bourgogne et Philippe de Saint-Pol mériteraient, de ce point de vue, des études approfondies4. On sait, par exemple, que pour garnir les lardiers ducaux, Henri Douzemoes, de 1363 à 1374, opérait contra diversos mercatores et persones in diversis foris5 […] pro hospicio dominorum ducis et ducisse6, que des porcs étaient régulièrement acquis sur le marché de Jodoigne7, que du bétail était parfois acheté en France8.
2Les comptes de fournitures, lorsqu’ils existent, permettent parfois d’en savoir plus9. Notamment d’éclairer l’existence de certains circuits de distribution ou de redistribution, en l’occurrence des « fiestes » et marchés, et d’en montrer l’étonnante diversité. En témoignent « li pappiers de laccat des biestes et des foraines parties accates et envoyes de Binche a Bruxelles » du 24 juin 1366 au 30 novembre 137210, et le compte des sommes délivrées à Henri Douzemoes en paiement des achats de bestiaux faits par lui à diverses foires de Hainaut pour l’hôtel (14 août 1366-1372)11. Outre quelques queues d’huile de colza ( ?) et d’œillette12 (?), et de malvoisie13, trois types de produits principaux sont concernés : des draps, du bétail et du vin.
3Pour les draps, la « fieste » de Mons paraît jouer un certain rôle dans les achats destinés à l’hôtel ducal de Bruxelles14, même si, à l’évidence, il n’est en rien comparable avec celui assumé par Bruges, Anvers, Louvain, Termonde ou Ypres15. Mais la production montoise y est acquise : ainsi en 136616, entre 1369 et 137017 et à la « fieste » de la Toussaint 137218, des draps « blans gris moyens et blans »19. Et surtout celle d’autres centres y est achetée, le fait montrant une fois de plus, au gré de mentions certes aléatoires, l’extraordinaire complexité des échanges commerciaux nourris par les foires, que relient de surprenants réseaux de “capillaires”20. En témoignent des draps de Luxembourg21 et de Huy (« lonck brun, lons blans »)22, l’apport non autrement précisé d’un marchand de Dinant23, les textiles de Binche (« blans draps »)24, Enghien (« beghin »)25 et Grammont (« ezele » et « rouge mellet »)26.
4En ce qui concerne l’achat des « grosses biestes, pourchiaus et moutons »27, on notera d’abord la probable28 diversité des marchés mis à contribution par Henri Douzemoes29.
5L’analyse des « parties de plusieurs pourvances accatees en envoyes en Brabant despuis le Saint Jehan lan lxvi au premier jour de octembre lan lxx » par Jehan de Reng30, met ensuite en lumière deux phénomènes. Le premier est l’importance des achats effectués « et envoyes a Brouxelles »31, « a plusieurs fiestes et a divers markies », « pour lostel monseigneur et me dame »32 :
Dates | Bœufs (grosses biestes) | Porcs (pourchiaus) | Moutons (moutons portant laine) |
1/07/1366-1/07/1367 | 312 | 902 | 586 |
1/07/1367-1/07/1368 | 311 | 1021 | 290 |
1/07/1368-1/07/1369 | 354 | 983 | 264 |
1/07/1369-Pâques 1370 | 431 | 1045 | 432 |
Pâques 1370-1371 | 321 | 784 | 661 |
Pâques 1371-30/11/1372 | 395 | 1008 | 582 |
6Au total, 2 124 bœufs, 5 743 porcs et 2 815 moutons, soit 10 682 têtes de bétail envoyées à Bruxelles33 et acquises34 sur une recette tout à fait particulière et, de surcroît, occasionnelle35, dont le produit servit aux achats de Jehan de Reng36. L’importance de ces chiffres ne doit d’ailleurs pas étonner : une partie de ce bétail fut certainement salée et entreposée dans les lardiers de Bruxelles bien sûr, mais aussi de Binche37. Le second est l’importance probable du marché, – a le fieste – de Jodoigne38 : il est le seul à être cité nommément39 et il paraît spécialisé dans la vente des porcs (324 au moins y sont achetés du 1er juillet 1366 au 1er juillet 1379). Des achats de moutons « laine portant » furent également faits au prévôt de Mons40.
7En ce qui concerne le vin, on sait que la cour de Brabant en fait une grande consommation41. Du vin du Rhin, de Gascogne, d’Espagne, de Porto et de Bourgogne. Il en vient des vignes ducales42. On en cherche un peu partout : M. Martens43 cite Overyssche, Tirlemont, Anvers, Hal, Maestricht, Namur, Bruges, Malines, Damme, Verdun. Dans notre compte, ce sont les vins champenois, Ay44 et Reims, qui sont achetés par Jehan de Reng et Gerardin « sen vallet »45. À nouveau, ce compte de « pourvances » permet d’en savoir plus.
8Il montre d’abord la présence des vins champenois à la cour de Brabant46 : « vin blank […] accatet a Rains »47, « vin vremel accates […] a Ay »48. Elle témoigne du succès grandissant du vignoble champenois de plus en plus fréquenté à partir du milieu du XIVe siècle par les Hainuyers, et notamment du vin clairet d’Ay […] « bien deschargé de couleur […] fort clairet tirant sur le pasle »49.
9Il en éclaire ensuite les cheminements50, par voie de terre, jusqu’à Bruxelles. Le vin est d’abord conduit d’Ay51 à Reims, passe par Aymeries52, peut-être par Maubeuge53, gagne Binche54, d’où il est expédié à Bruxelles55, Reims et Binche jouant à l’évidence le rôle de centres de manutention, d’entreposage et de redistribution, un « winage » étant levé de surcroît en son domaine de Binche par le prince sur chaque « car qui maisne vin »56. Cheminements longs : peut-être 6 jours pour aller de Binche à Bruxelles57. L’envoi du vin occupa en effet le convoyeur « par 2 voyes par 6 jours ». Réclamant de multiples interventions « techniques » : chargement et déchargement des futailles sur les chariots58, recerclage et rejointoyage de celles-ci59, remplissage des barriques et ouillage aux fins d’éviter que le vin ne s’acidifie au contact de l’air60. Cheminements coûteux enfin. Un seul chiffre : alors qu’une queue de vin d’Ay coûte entre 7 et 8 francs61, le voiturage de 5 queues de vin amenées de Reims à Binche entraîne une dépense de 27 francs et demi62.
10Il montre enfin le grand nombre de marchands vignerons ( ?) auquel, même dans la petite localité d’Ay, il est nécessaire de s’adresser pour obtenir les quantités de vin souhaitées : pour 27 queues, soit 9 411, 2928 litres63, un Rémois64 et six natifs d’Ay65 furent mis à contribution, le Rémois se taillant la part du lion avec 2 091, 3984 litres.
11On le voit – et encore ne s’agit-il que d’un exemple limité –, les comptes de fournitures permettent de toucher du doigt l’extraordinaire variété et complexité des rouages, des centres de production et de redistribution mis en œuvre pour assurer le ravitaillement d’un hôtel princier. Bien davantage que les comptes des Recettes générales et d’hôtel, ils révèlent ce qui se passe en amont de celui-ci. À ce seul titre, ils mériteraient d’être systématiquement repérés et exploités.
Notes de bas de page
1 M. Martens L’administration du domaine ducal en Brabant au moyen âge (1250-1406), Bruxelles, 1954, p. 162 et suiv. (Académie royale de Belgique. Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques. Mémoires, coll. in-8°, XLVIII-3).
2 A. Uyttebrock, Le gouvernement du duché de Brabant au bas moyen âge (1355-1430), 2 vol., Bruxelles, 1975 (Université libre de Bruxelles. Faculté de Philosophie et Lettres, LIX) ; Id., Inventaire des comptes généraux du duché de Brabant antérieurs à l’avènement de Philippe le Bon (1342-1430), Acta historica bruxellensia, 3 (1974), p. 101-130. On consultera aussi P. Kauch, L’organisation et le contrôle financier de l’hôtel d’Antoine de Bourgogne, duc de Brabant, Revue belge de philologie et d’histoire, 24 (1945), p. 180-201.
3 On citera, par exemple, pour l’hôtel de Jeanne de Brabant, l’importance des comptes des domaines qui constituaient ses douaires, notamment ceux de Binche (à leur propos : R.-H. Bautier et J. Sornay, Les sources de l’histoire économique et sociale du moyen âge. II : Les États de la Maison de Bourgogne, 1 : Archives des principautés territoriales, 2, Les principautés du Nord, Paris, 1984, p. 575-576. Sur les douaires de la duchesse, on consultera : Ch. Piérard, Les douaires de Jeanne de Brabant en Hainaut, Anciens Pays et Assemblées d’États, 12 (1956), p. 1-260.
4 Voir R.-H. Bautier et J. Sornay, Les sources…, p. 413-421. On notera que même les comptes de « gîtes », soit « les états correspondant à la durée de chaque séjour ducal en un château donné » (ibid., p. 417-418) ne permettent que rarement d’établir les provenances (cf. B. Barbiaux, Les comptes de gîte de l’hôtel de Jeanne de Brabant et Wenceslas de Luxembourg, 1336-1403, Louvain-la-Neuve, 1990 [mémoire de licence inédit]
5 M. Martens, L’administration…, p. 169, note 1.
6 Ibid., p. 169, note 1.
7 Ibid., p. 169, note 2 : Item de porcis et blanke bestiis emptis apud Geldoniam […]. Jodoigne, prov. de Brabant wallon, arrond. Nivelles.
8 Ibid.
9 Ce qui paraît assez normal puisqu’il s’agit de comptes particuliers et non de comptes généraux qui, par la force des choses, sont moins prolixes.
10 Bruxelles, Archives générales du Royaume, Chambre des comptes (cité désormais : AGR, CC), no 46 924 : compte du bétail, vin et provisions diverses affectées à Binche pour l’hôtel de Bruxelles (24 juin 1366 - 30 novembre 1372).
11 AGR, CC, no 48 752.
12 AGR, CC, no 46 924, fol. 6 : « Item a Jehan Foukart pour 4 keuwettes de oille de semaille tenant 838 lb. De net et cler oille ». L’« oille de semaille » désigne de l’huile obtenue à partir de graines oléagineuses, peut-être du colza. Le terme est en tout cas connu dans Les plus anciens comptes de la ville de Mons, 1279-1356, Chr. Piérard éd., II, Bruxelles, 1973, p. 200. On achète au même Jehan Foukart « une keuwe de oille doliette, contenant 208 lb. de cler oille, montant à 5 moutons le cent ». L’« oille doliette » pourrait désigner de l’huile de pavot somnifère (F. von Wartburg, Französisches Etymologisches Wörterbuch, Bonn-Bâle, 1928-, VII, p. 343). On paya « pour ledit oille, liquels fu envoyer a Brouxelles en le sepmaine des quarennaux lan lxvi », la somme de 50 moutons 2/3 (AGR, CC, no 46 924, fol. 6). Autres mentions touchant l’huile de semaille et d’œillette : fol. 8v, l0v (« envoyes a Brouxelles pour lostel, pour le pourvance dou quaresme ensuivant »).
13 Et on ajoutera l’achat « a Pierart dou Sour, de Bellecourt, pour une keuwette de mies, a dont envoyet a Brouxelles pour une dame de Geldres, contenant 118 los de mies. Item 2 autres tonnelles pour lostel contenant 84 los : 30 moutons 1 tierch » (AGR, CC, no 46 924, fol. 6v).
14 M. Martens, L’administration…, p. 167, l’avait déjà noté (pour l’année 1370). Il y avait deux foires à Mons : à la Pentecôte et à la Toussaint (1er-11 novembre). Sur celles ci : Ch. Piérard, Mons et les foires de Flandre, Mémoires de la Société d’histoire de Commines-Warneton et de la région, 7 (1977), p. 329-360 ; M. Bruwier, Les foires de Mons aux 14e et 15e siècles (1355-1465), Publications du Centre européen d’études burgondo-médianes, 23 (1983), p. 83-93.
15 M. Martens, L’administration…, p. 166-167.
16 AGR, CC, no 46 924, fol. 6.
17 AGR, CC, no 46 924, fol. 9v.
18 AGR, CC, no 46 924, fol. 11v.
19 Il semble qu’on connaissait surtout à Mons des draps teints en waranche (rouge ; deux nuances : vermeil et sanguin), waide (bleu) et noir. D’autres nuances sont connues : le cler tasnet (un rouge brun) et le brun tasnet. À ce sujet : G. De Poerck, La draperie médiévale en Flandre et en Artois. Technique et terminologie, Bruges, 1951. On trouvera d’utiles données dans Y. Thomas, La draperie et la sayetterie montoise au 16e siècle (1498-1577), Louvain-la-Neuve, 1989-1990 (Université catholique de Louvain, mémoire de licence inédit). Le drap de Mons n’apparaît pas à la cour de Philippe le Hardi. Voir à ce sujet les relevés très précis effectués par l’une de mes étudiantes. Ch. Kremer dans son excellent mémoire de licence en histoire : Le costume civil à la cour de Philippe le Hardi (1384-1404) : une approche économique et sociale, Louvain-la-Neuve, 1993 (Université catholique de Louvain, mémoire de licence inédit).
20 Le fait apparaît à l’évidence, par exemple, dans les Comptes du tonlieu d’Anvers, 1365-1404, Bruxelles, 1947 (Commission royale d’Histoire), édités par R. Doehaerd. Nous l’avons récemment souligné à propos du commerce du bois : J.-P. Sosson, Le commerce du bois au bas moyen âge : une réalité régionale, interrégionale et internationale. Quelques réflexions à propos des anciens Pays-Bas méridionaux, in L’uomo e la foresta, secc. XIIIXVIII. Atti della « Ventisettesima Settimana di Studi », 8-13 maggio 1995, S. Cavaciocchi éd., Florence, 1996, p. 743-761 (Istituto internazionale di Storia economica ‘F. Datini’. Prato. Serie II. Atti delle ‘Settimane di Studi’ e altri Convegni, 27).
21 AGR, CC, no 46 924, fol. 11v.
22 On sait l’importance de la draperie hutoise sur le marché allemand (H. Amman, Deutschland und die Tuchindustrie Nordwesteuropas im Mittelalter, Hansische Geschichtsblätter, 72 (1954), p. 1-63 ; réimpr. in Die Stadt des Mittelalters, C. Haase éd., III : Wirtschaft und Gesellschaft, Darmstadt, 1976, p. 56-136 (Wege der Forschung, CCXLV), et français (H. Laurent, Un grand commerce d’exportation au moyen âge. La draperie des Pays-Bas en France et dans les pays méditerranéens, XIIe-XVe s., Paris, 1935). On citera aussi la courte mais suggestive synthèse de A. Joris, À propos du commerce mosan aux XIIIe et XIVe siècles, in Annales du XXXVIe Congrès de la Fédération archéologique et historique de Belgique (Gand, 1955), Gand, 1956, p. 227-244 ; réimpr. in A. Joris, Villes. Affaires-Mentalités. Autour du pays mosan, Bruxelles, 1993, p. 175-194. AGR, CC, no 46 924, fol. 7 (marchand : Pierret de Huy), 1 lv.
23 Les draps dinantais seront vendus jusqu’à la cour d’Avignon (A. Joris, À propos…, in Id., Villes…, p. 189. AGR, CC, no 46 924, fol. 6 : « un homme de Dinant, 26 aines le drap ».
24 AGR, CC, no 46 924, fol. 9, 10. Binche, prov. Hainaut, arrond. Thuin.
25 Les draps d’Enghien sont également présents sur le marché allemand (H. Amman, Deutschland…, in Die Stadt des Mittelalters, III, Darmstadt, 1976, p. 78, 112, 113, 119). AGR, CC, no°46 924, fol. 7 (marchand : Robin Dainghien), 9, 10. Enghien (Edingen), prov. Hainaut, arrond. Soignies.
26 AGR, CC, no 46 924, fol. 6, 9v. Grammont (Geraardsbergen), prov. Flandre or., arrond. Alost.
27 AGR, CC, no 46 924, fol. 5v.
28 Le document ne permet guère de les identifier. Sauf celui de Jodoigne.
29 Les extraits de comptes édités par M. Martens, L’administration…, p. 168, note 11, permettent de se rendre compte de l’importance des achats effectués par le personnage : item receptori de IIIc X grossis bestiis, VIIIcLXIII porcis et IIcIIIIxx X ovibus emptis hoc anno pro hospicio dominorum ducis et ducisse per Henricum Douzemoes.
30 AGR, CC, no 46 924, fol. 3 : « recheveur dou restat dou compte […] que li roys de Franche dult a monseigneur le duck de Luxembourg et de Brabant ».
31 AGR, CC, no 46 924, fol. 10.
32 Ibid.
33 On aimerait connaître le trajet suivi par celles-ci. On sait, en tout cas, grâce aux comptes de la recette générale que des hommes à cheval les conduisaient : item de custibus et expensis dictorum factis apud Geldoniam et cum locatione equorum suorum pro mercede illorum qui dictas bestias duxerunt (cité par M. Martens, L’administration…, p. 169, note 2).
34 Pour une somme totale de 25 621 moutons de Brabant.
35 AGR, CC, no 46 924, fol. 3 : « Jehans de Reng, recheveur dou restat dou compte des iiim xlvii frans et x s. par. Que li roys de Franche dult a monseigneur le duck de Luxembourg et de Brabant a le St Remy lan lxix si quil paraît par les parties dou dit compte envoyet a Godefroid de le Tour, rentier de Brabant IIIIC lii franc 1 quart et ii s. par. Pour le rente que li dis rentiers eut de le pension que li roys lui dubt pour le dit duc de le St Remy lan lxix : cxxv frans. Somme de le recepte del or dessus dit vc lxxvii frans dou roy et 1 quart et 2 s. par. ».
36 AGR, CC, no 46 924, fol. 3.
37 Il y est fait deux fois allusion : AGR, CC, no 46 924, fol. 5v : « parmi les vies et les bakons qui ont estet mis en lardier tant a Binch comme a Brouxelles », « parmy chiaus qui salles et mis furent ou lardier de Binch ».
38 AGR, CC, no 46 924, fol. 5v, 6v, 8. Sur la base des comptes de la recette générale de Brabant, M. Martens, L’administration…, p. 169, note 2, constate qu’un achat de porcs était effectué annuellement à Jodoigne.
39 D’autres ont été mis à contribution, mais sans autre précision : AGR, CC, no 46 924, fol. 8, 9, 11 : « a plusieurs fiestes et markies ».
40 AGR, CC, no 46 924, fol. 9.
41 Pour le vin dans les anciens Pays-Bas, une synthèse classique : J. Craeybeckx, Un grand commerce d’importation : les vins de France aux anciens Pays-Bas (XIIIe-XVIe siècle), Paris, 1958 (École pratique des hautes Études. VIe Section. Centre de recherches historiques. Ports, routes, trafics, IX). Et plus récemment un remarquable catalogue d’exposition : Les routes de la treille, Bruxelles, CGER, 1990. Il serait sans doute possible, à partir des comptes de la Recette générale de Brabant, de calculer des consommations relatives, partant d’en savoir plus sur les goûts.
42 M. Martens, L’administration…, p. 173.
43 Ibid. Sur tous ces lieux d’achat et de redistribution, on consultera J. Craeybeckx, Un grand commerce d’importation…, passim.
44 Départ. Marne, arr. Reims, ch.-l. cant.
45 AGR, CC, no 46 924, couverture : « Et premiers parties des vins acates par Jehan de Reng et Gerardin sen vallet, environ le St Nicaise lan lxix ».
46 J. Craeybeckx, Un grand commerce d’importation…, p. 53, cite naturellement l’important client qu’était le comte de Hainaut, mais souligne aussi l’importance de la région namuroise.
47 AGR, CC, no 46 924, fol. 3.
48 Ibid., fol. 3v. Deux sortes sont parfois citées sans que l’on puisse dire s’il s’agit de vin d’Ay ou de Reims (AGR, CC, no 46 924, fol. 3v : « keuwes vremelles et 6 blankes »).
49 Sur les vins champenois, et notamment d’Ay, J. Craeybeckx, Un grand commerce d’importation…, p. 35, 36, 49, 53, 226, et, plus récemment, J.-P. Devroey, Les routes septentrionales des vins de Champagne (XIIIe-XVIe siècle, in Les routes de la treille, op. cit., p. 146-149, citation p. 148. Pour le contexte hainuyer : G. Sivéry, Les comtes de Hainaut et le commerce du vin au XIVe siècle et au début du XVe siècle, Lille, 1969. Pour les vins français, on consultera aussi H. Van Werveke, Le commerce des vins français au moyen âge, Revue belge de philologie et d’histoire, 12 (1933), p. 1096-1101. J.-P. Devroey, Les routes…, p. 147, attribue le succès des vins d’Ay à « l’introduction en Champagne des plants de Pinot noir venus de Bourgogne » et cite (p. 148) un texte (1565) fort éclairant sur leur réputation : « [ils] tiennent le premier rang en bonté et perfection sur tous les autres vins et sont toutes années bonnes ou mauvaises trouvez meilleurs que les aultres (vins) français ou de Bourgogne ou d’Anjou. (Ils) sont clerets et fauvelets, subtils, délicats et d’un goût fort agréable au palais, pour ces causes souhaitez pour la bouche des rois, princes et grands seigneurs, et cependant oligophores, c’est-à-dire si délicats qu’ils ne portent l’eau qu’en petite quantité…. ».
50 Vers les Pays-Bas, deux itinéraires principaux : une voie terrestre conduisant de Reims à Anvers par Neufchâtel, Vervins, Maubeuge et Mons ; Reims, Rethel, Mézières, puis par la Meuse, Namur et Liège (J.-P. Devroey, Les routes septentrionales…, p. 146-147).
51 AGR, CC, no 46 924, fol. 4 : « 21 keuwes accatees a Ay pour arriver a Rains », « al amener d’Ay a Rains », « les vins qui vinrent dAy a Rains », « au faire arriver par karoit dAy a Rains ».
52 Dép. Nord, arr. Avesnes-sur-Helpe. AGR, CC, no 46 924, fol. 3 : « sour le kenin entre Rains et Aimeries », « pour remplaige et pour les frais le dit Gerardin entre Aimeries et Binche ».
53 Dép. Nord, ch.-l. cant. AGR, CC, no 46 924, fol. 4v : du vin y est acquis pour l’ouillage.
54 Prov. Hainaut, ch.-l. d’arrond. AGR, CC, no 46 924, fol. 3 : « keuwes de vin amenées de Rains a Binch ».
55 AGR, CC, no 46 924, fol. 4v : « sour le kemin de Brouxelle », fol. 5 : « a luy pour mener ou dit mois de Binch a Brouxelles ».
56 Cité par J. Craeybeckx, Un grand commerce d’importation…, p. 52.
57 AGR, CC, no 46 924, fol. 4v : « pour ses frais fais sour le kemin de Brouxelles, par 2 voyes par 6 jours quil fu avoek les dis vins qui la furent menet de Binche ».
58 AGR, CC, no 46 924, fol. 4 : « pour deskerkier les vins qui vinrent d Ay a Rains et pour rekerkier 28 keuwes qui a present sont a Rains ».
59 AGR, CC, no 46 924, fol. 4v : « reloiage des keuwes dessus dictes fait a Rains ».
60 AGR, CC, no 46 924, fol. 3 : « pour VI los de vins pris a Maubuege pour remplaige », « pour remplaige pris a Rains et sour le kemin a Aimeries » ; fol. 4v : « 2 tonnelles pour remplaige, tant au kierkier a Rains comme sour le kenin ».
61 AGR, CC, no 46 924, fol. 3v.
62 Ibid.
63 Une queue de Champagne vaut 1,1/3 muid de Paris, 1 muid de Paris vaut 268,128 litres (J. Craeybeckx, Un grand commerce d’importation…, p. 283).
64 AGR, CC, no 46 924, fol. 3v : « A Saigot de Rains pour 6 keuwes de blank ».
65 Ibid. : Adam Wautier, Robiert Nobierte, Jehan Notin, Pierart Bielle Geulle, Colin Lasinchiel, Martinet Thiery, Rainiaul Arragon.
Auteur
Université catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve)
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