Quelques pièces de vêtement à la cour de Navarre à la fin du XIVe siècle
p. 393-400
Texte intégral
1En 1365, Charles II de Navarre offre à dame Marquesa de Mauléon dont on fête le mariage, 20 coudes d’écarlate (au prix de 52 livres navarraises), 40 coudes de drap de Bruxelles (52 liv.), un drap de soie pour le jour de la noce (29 liv.), du cendal pour 100 sous, des fourrures de vair (126 liv. 5 s.). Cette même année, l’Hôtel du Roi paie « Bertran », le couturier juif, pour la façon d’une longue houppelande d’écarlate vermeille, celle d’une autre houppelande courte d’écarlate rosée fendue, de deux chaperons doublés, 10 paires de chausses, tout ceci pour le roi, puis encore une houppelande, deux pourpoints, deux chaperons et deux paires de chausses, pour l’un des neveux du roi ; le couturier est payé 4 liv. 8 s. Ces habits doivent être fourrés ; on paie 6 liv. 19 s. 2 d. le pelletier de Pampelune Pere d’Arraiza, qui a fourni 167 dos d’écureuils de Calabre pour la houppelande de ce neveu (à 10 s. la douzaine), 11 liv. 14 s. Miguel d’Arrazquin pour 3 douzaines de létices, 16 liv. 10 s. 8 d. Martin d’Ochagavia pour 400 écureuils d’Allemagne pour la houppelande du roi. En 1380, l’Hôtel du Roi dépense plus de 1720 liv. en draps de laine, de satin de Languedoc et de Bristol, 12 liv. 10 s. pour 300 ventres d’écureuils d’Allemagne et plus de 614 liv. en « mercerie », pièces de velours, cendal vermeil, satin bleu, vermeil et noir et bocacin bleu. En 1401 enfin, le roi Charles III, au chapitre « mercerie » de son Hôtel, fait payer Samuel Benveniste, Juif de Tudela, qui a fait acheter à Saragosse 10 toques de Valence offertes à la reine (21 florins ou 28 liv.) ; Dueña Encave, Juive de Pampelune pour des onces de soie verte, blanche, vermeille, « ardente », pour les habits des infantes reçoit environ 10 liv. ; et dix couturiers juifs, Mymon, Camus, Mosset, Gento Alfassa, Salomon de Falces, Jacob Alfaça, Juce d’Estella, Jacob Frances, Abraham Ruet, Juce Salsalom, durant deux jours et deux nuits cousent les robes des étrennes de 1400-1401 pour toute la famille royale1.
2Tels sont quelques-uns des achats, quelques-unes des commandes de la cour des rois de Navarre Charles II (1349-1387) et Charles III (1387-1425). De tels détails se retrouveraient volontiers chaque année dans les Registres des Comptes, dans les chapitres des dépenses de la cour, ou dans les lettres de commande, les quittances, les inventaires après décès, les comptes du royaume, autant de témoignages de la vie quotidienne de l’aristocratie du royaume. La Navarre du XIVe siècle est gouvernée par les souverains de la dynastie d’Évreux, des princes du sang capétien mais rois de Navarre par la grâce des alliances matrimoniales. Charles II et Charles III ont tous deux une vie diplomatique internationale très affirmée ; cependant, lorsqu’ils ne sont pas à Paris ou à Évreux, ou à Valladolid, ou encore à Avignon, ils demeurent dans leur petit royaume et ont à cœur d’y organiser une véritable vie de cour2. À leur image peut-être, entraînés par l’essor commercial certainement, les nobles et les bourgeois de Pampelune, de Tudela, d’Estella, tiennent à se vêtir comme ils le voient faire dans les pays voisins.
La mode
3La cotte et le mantel, la houppelande, sont plus souvent mentionnés tels quels que décrits minutieusement. Il est heureux de savoir qu’en 1365, Charles II possède une houppelande longue, et une autre courte et fendue. Les couleurs vives, le vermeil, le vert, le bleu, l’écarlate, ou bien le blanc très recherché pour le satin ou le taffetas, sont soigneusement indiquées. Les meilleurs détails se trouvent dans les inventaires après décès alors que les achats effectués par les services de l’Hôtel du Roi se bornent à aligner les livres et les sous, pour des mesures de drap ou des ballots de fourrures. Lorsque meurt en 1393 le Riche-Homme Pes de Laxague, marié à l’une des cousines de Charles III, on trouve dans sa garde-robe, entre autres pièces plus courantes, un pourpoint de velours noir brodé de petites perles sur une seule manche, et une houppelande de taffetas vermeil revêtu de petites écailles « à la morisque »3. Les clous, boutons, perles, agrafes de métal, cousus et brodés dans le velours ou la soie, représentent certainement la pointe de la mode en Navarre (en Péninsule ibérique) dans les dernières décennies du XIVe siècle. La mercière-brodeuse juive de Pampelune Dueña Encave vend des bourses de soie dorée à boutons de perles4. En 1392, Saül Açaya et son équipe d’argentiers, tous Juifs de Pampelune, façonnent 4 marcs 6 onces d’argent blanc, fondus par eux-mêmes en 2766 pièces de têtes de clous et petits boutons dont est sertie une houppelande courte de toile verte, offerte par Charles III à son écuyer Johan de Gramont ; en comptant le travail du « couturier juif qui a recousu la dite houppelande qui avait été décousue pour y enclaver les dits clous », le trésorier doit payer l’ensemble 82 liv. 11 s. 8 d.5.
4Les rois de Navarre trouvent chez les marchands de Pampelune et de Tudela tous les tissus, et tous les habits de toutes les coupes qui peuvent se commander et se faire façonner à leur taille. Mais Charles III, séjournant à Paris en 1397-1398, semble s’approvisionner en pièces plus recherchées, sans parler des achats annuels de son habillage ordinaire, des houppelandes de velours, des pourpoints de satin noir (pour le deuil du comte de Montpensier), des 990 ventres de menu vair pour fourrer la robe royale d’écarlate à la fête de la Toussaint de 1397 (ce qui vaut 29 francs trois-quarts à 3 fr. le cent), ou encore 200 « martres sebelines » (200 fr. or) achetées à Jacob de Mareuil, pelletier bourgeois de Paris en 13986. Charles III fait travailler les orfèvres de Paris, Baude de Gui qui reçoit 200 écus d’or pour deux perles pesant chacune 18 carats, ou Pierre Frezet pour diverses pièces d’orfèvrerie non détaillées lui donnant plus de 393 fr., ou Nicolas du Pont le mercier, fournissant des patenôtres d’ambre blanc (4 fr. 13 s. 4 d. parisis)7. Le roi aime les coiffures :
« De moi, Homo, chapellier, demeurant a Paris, confesse avoir eu et reçeu de bon homme e saige Johan le Roux commis sur le fait de la Chambre aux deniers du Roy de Navarre, cinquante six francs d’or du coing du Roy notre Seigneur, qui deuz lui estoit, cest assavoir pour douze chappeaux de veloux sur soie et pour deux chappeaux de paille l’un noir et l’autre blanc, garniz de fin or de Chipre, par lui venduz e delivrez a Paris pour le dit Seigneur… »8.
5Les chapeliers de Navarre ne savent-ils pas coiffer leur roi ? Charles III, alors infant héritier, avait en 1385 acheté à Valladolid des ceintures et surtout des chapeaux de vair au chapelier… Gillet de Paris, installé dans la ville de Castille9. Les toques et les coiffes de la reine et des infantes font également partie des fréquentes dépenses de la cour10 ; pour les jeunes infantes, on fait venir en 1406 un lot de crespines de Saragosse11.
6Le roi donne à tout son entourage, en toutes occasions, des pièces de drap, des vêtements assemblés, les joailleries et les fourrures nécessaires à l’ornementation et à la doublure. Le roi en offre au « petit roi de la fève » à chaque fête d’Épiphanie ; aux messagers apportant des nouvelles des diverses cours ; à ses secrétaires12 ; à ses nobles qui fêtent des mariages, des baptêmes. Lors des funérailles qui marquent la famille royale, le souverain vêt sa cour entière de drap noir, gris, blanc ; ainsi en 1414 pour l’enterrement de doňa Juana, fille naturelle du roi, mariée à Iñigo d’Eztuñiga13. Sous Charles III en effet, on porte à la cour la livrée royale14, et des colliers que le roi commande par dizaines, à sa devise (« A Bonne Foy »)15. En 1399 par exemple, le « drap anglais » est commandé pour vêtir tous les services domestiques, 48 coudes de garance pour le palefrenier Constantin et les 7 pages et les employés de l’écurie, ou 12 coudes à Johan, seigneur d’Erasso, 12 coudes à Colin Complart, 12 coudes à Johan de l’Ecluse le secrétaire, ou 21 coudes à l’écuyer Bernart de Gramont16.
7La fourrure fait partie intégrante de cet habillement. La Navarre, par Saragosse ou par Burgos, fait venir les ballots de gris, de vair, d’abortones blancs ou noirs. Les écureuils d’Allemagne ou de Calabre, plus rares et plus chers, représentent une certaine originalité, mais les martres zibelines de 1397 ont été achetées par le roi à Paris. Les létices paraissent de temps à autre ; on en a vu en 1365 ; en 1382, le pelletier juif de Pampelune, Salomon Levi, en met avec de l’écureuil et du vair dans la doublure de la robe de dona Catelina de Lizaso (la mère de Lionel, enfant naturel de Charles II)17, En 1397, Charles III fait travailler par Salomon Levi, pour les fourrures de la reine et de ses suivantes, 244 ventres de vair, 125 écureuils d’Allemagne, 52 « douzaines d’avortons », et 11 hermines, en le payant 114 liv. 6 d.18.
8Mais tout cela se commande, se paie, demande des intermédiaires spécialisés.
L’acheminement, la façon, les prix
9En 1399, le trésorier Johan Caritat, à la demande du roi, paie 69 liv. 13 s. 4 d. Johan Ruiz le sastre de Pampelune, pour la façon de deux houppelandes doublées de drap, deux chaperons et deux paires de manches (on peut enlever ou fixer les manches sur les justaucorps), pour Lancelot, le fils bâtard du roi, et une paire de chausses et un chaperon pour l’abbé de Zubiurrutia, son maître19. Ainsi en est-il au long des jours, les sous et les livres de Navarre ou les florins d’Aragon qui est la monnaie de compte à la fin du XIVe siècle, vont du trésor aux bourses des fournisseurs et des artisans.
10Les péages de Navarre ou les commandes individuelles, renseignent sur les lieux de fourniture de ces pièces de vêtement. La Navarre a des moutons, de la laine et des fourrures d’agneaux, mais ces « avortons » sont portés par le tout-venant ou par les valets de la cour, et l’activité textile est secondaire dans le royaume, qui semble préférer exporter sa laine et faire revenir les produits finis, notamment de l’Aragon. Charles II, dès 1372, en 1385 et 1386 encore, puis son fils à sa suite, se préoccupent d’implanter à Tudela une industrie textile, lassés de savoir combien leurs négociants dépendaient du bon vouloir des souverains de la Couronne d’Aragon, et leurs Navarrais obligés d’acheter leurs draps à Saragosse20. Des moulins-foulons et une teinturerie royale sont installés sur les bords de l’Èbre (qui déborde et ruine ces établissements monopoles d’État) ; en 1393 des maîtres tondeurs de drap et teinturiers sont engagés par Charles III, pour 6 ans, à Tudela21. Rien n’y fait, le pli est pris, on achète à Saragosse, surtout les pièces de luxe. Le Juif Samuel Amarillo a ainsi un service régulier de trois chevaux pour deux valets et lui-même, de Saragosse à Tudela et à la cour à Olite, pour y envoyer le beau drap comme les épices ou l’orfèvrerie ; lors des funérailles de Charles II en janvier 1387, il achète en Aragon de quoi habiller la cour de taffetas et soie noirs22. Le livre du péage de Tudela23 de 1365 prouve déjà que les soieries comme la toile grossière ou le drap de lin, viennent de la vallée de l’Èbre, ce qui est tant de fois confirmé par les achats de la cour de Charles II et de Charles III qui font venir les velours, les satins, les soieries, de Barcelone ou de Valence par le relais de Saragosse.
11Le drap de laine peut venir également de Castille, moins cependant que du Languedoc. Les draps de Fanjeaux, Toulouse, Montolieu, viennent à Pampelune (les livres du péage les montrent constamment) ou à Estella par l’intermédiaire des marchands béarnais Jean de Juncalles, Bernard de Pardies, Bernard Martinon Brun, et de leurs facteurs et associés de Navarre24. Les Francos de Pampelune, notamment Martin et Pascal Cruzat, dans les dernières années du XIVe siècle, vivent de ce grand négoce du drap languedocien25. Le drap anglais, de Bristol26, le concurrence, voire le supplante (on sait qu’en 1399 les coudes de drap de Bristol servent à la livrée de la cour). Il ne faudrait oublier ni le drap normand de Montivilliers, évoqué de temps à autre sur les étals des drapiers de Pampelune à la fin du XIVe siècle, ni le drap flamand toujours présent. Voici en 1393 ce qu’on demande au marchand Martin Bertran de Pampelune, pour l’Hôtel du roi, des infantes et des sœurs de Charles III. On achète 4 draps blanc-gris, 1 drap brun, 2 draps bleus, de Montivilliers, à 45 flor. pièce, soit 337 flor. et demi ; 10 coudes de drap noir de Malines, à 2 flor. un quart le coude, soit 22 flor. et demi ; 24 coudes et demi de drap rouge de Londres, à 2 flor. et demi le coude, soit 49 flor. L’ensemble coûte 400 flor., à 26 s. de Navarre pièce, soit 531 liv. 14 s. On y ajoute 9 liv. pour les tontures, ce qui est souvent pratiqué sur les draps achetés et convoyés et dont on achève l’apprêt au moment de les débiter27. Dans ces années, Martin Bertran a des collègues de Pampelune, très sollicités, Miguel Laguiller, Miguel Laceilla, Johan de Zalva, ou ceux d’Estella, Bertolome d’Aguinariz et Semen d’Echeverri, tous marchands de drap et au besoin de pelleteries et merceries28.
12Dans le service de la Garde-Robe du roi, on travaille sur place, sur les personnes de la famille royale elles-mêmes, pour assembler et créer les vêtements demandés sur mesure. En juillet 1386, Charles II paie ses tailleurs particuliers Henriet et Ricart, qui ont pour employés les couturiers juifs de Pampelune Camus, Levi et Rossel. De février à juillet, le roi a vêtu son fils l’infant Charles et Lionel, son fils bâtard, les infantes, quelques autres personnes de la cour, notamment pour le premier mai, jour où le roi offre des habits verts à tout son entourage. Le couturier Camus a assuré la façon de la plupart des houppelandes, surcots, mantes, chaperons et encore chausses et bottines envoyées en Castille à l’infant, chaque pièce cousue valant de 10 à 30 sous, auxquels s’ajoutent de 10 à 25 s. ou plus encore de soie, fils et étoffes fournis par Henriet. Ainsi, ce bel habit de mai, qui rapporte 50 s. à Camus, le 28 avril, une houppelande de drap vert commandée pour le 1er mai fourrée de cendal vermeil, et 36 s. à Henriet pour le fil, la soie et les étoffes nécessaires…29 Une trentaine de robes, chausses, chaperons de drap de Montivilliers, Malines, Bristol, coûtent à Charles II 165 liv. 2 s. 10 d., ce qui n’est guère excessif, mais ne représente que le travail des tailleurs et la fourniture du fil et de menues pièces de soieries, alors que l’achat des pièces de drap demande des dépenses de 4 à 600 liv. au moins. En 1392, la cour dépense plus de 2319 liv. en « argenterie » (en colliers d’argent offerts à toute la cour à la devise du roi, en plus des coupes et des aquamaniles de la vaisselle), plus de 1196 liv. en draps (de Bristol, de Londres, de Montivilliers et de Fanjeaux), plus de 1428 liv. en pelleterie (écureuils, gris, martres et « avortons »), 259 liv. de mercerie (soie, velours, fil d’or) et 143 liv. de toiles ; les couturiers juifs Mimon et Gento sont payés 578 liv. 19 s. 9 d.30. Ainsi en est-il tous les ans à la cour de Navarre qui doit se vêtir et vêtir ses obligés. Trente à cinquante sous pour coudre une houppelande, ce n’est pas trop cher se faire payer pour un tailleur de Pampelune ; en coudre une trentaine pour tous les gens de la cour, voilà qui est plus profitable, et qui permet d’approcher les grands de ce monde de l’aristocratie, montrer où en est la mode des manches flottantes et boutonnées à volonté, des houppelandes fendues sur le côté et changées selon le calendrier, et ces perles et ces clous argentés qu’on fixe sur les coutures à rehausser, aux attaches, aux ceintures ou dans le tissu lui-même de la manche ou du plastron.
13Le roi de Navarre dépend de ses fournisseurs et de ses artisans. On sait le rôle de Salomon Levi le pelletier, de Dueña Encave la marchande d’habits et merceries (en 1407 on inventorie sa boutique, on y trouve plus de 100 toques de femmes, et 90 cottes, manteaux, robes, saies, tabards, surcots, pour hommes et femmes31), de Miguel Laguiller, Miguel Laceilla, Martin d’Ochagavia, fournisseurs en draps comme en fourrures. Il faut toujours revenir à la famille Cruzat de Pampelune, ces Francos qui sur plusieurs générations de Belenguer, Miguel, Aymar, Pascal, Johan, Martin, vendent le drap, les fourrures, avec les chevaux et les joyaux ou tout autre chose au gré de la cour. Ou aux Juifs de cour qui tiennent le même rôle, Samuel Amarillo, Samuel Benveniste et Josef Orabuena. Les artisans couturiers et pelletiers, orfèvres argentiers, sont souvent des Juifs, mais aussi des Navarrais de Pampelune, de Tudela, d’Estella, tous réunis en une seule société, celle du travail demandé par la cour, par toute l’aristocratie navarraise mise à la mode de la cour.
14Charles III achète ses chapeaux de fourrure et de paille à Valladolid et à Paris ; mais il fait venir son velours et ses soieries de la Couronne d’Aragon, et ses draps de Languedoc, de Normandie, d’Angleterre, sont ajustés en surcots et houppelandes par les gens de Pampelune. Comme son père Charles II, plus encore que son père, il fait briller sa cour, où il invite tous les princes de l’Occident qui ont à faire en Péninsule ibérique. Cour ibérique d’influence française, ce rôle politique transparaît-il dans la mode vestimentaire, les dernières décennies du XIVe siècle ? Le taffetas, le velours, le noir et l’or rehaussant le vert et l’écarlate, les fourrures serrées de vair, de gris, d’écureuil d’Allemagne, les cottes « à la morisque », et les chapeaux et les toques, les colliers de lettres « A Bonne Foy », les perles brodant les bourses et les manches, font de la cour d’Olite et des maisons aristocratiques de Pampelune et de Tudela, des foyers où l’on sait vivre comme il se doit dans tout milieu de pouvoir vers 1390-1400.
Notes de bas de page
1 Tous les documents sont de l’Archivo de Navarra, Deputación Foral, Pamplona, sección de Comptos Reales. Désormais, Documentos de Comptos : comptes ; Registres de Comptos : R.C. ; R.C. 1365 : t. 113, fol. 56v, 75v et 84 ; 1380 : t. 165, fol. 61 et 62 ; 1401 : t. 263, fol. 164-165v et 167v.
2 B. Leroy, La cour des rois de Navarre dans la deuxième moitié du XIVe siècle et au début du XVe siècle, une rencontre de techniciens, Anuario de Estudios Medievales, t. 16, Barcelone, 1986, p. 307-318, rééd. Variorum, Londres, 1990. Ead., Le royaume de Navarre, les hommes et le pouvoir, XIIIe-XVe siècles, Biarritz, 1995. À titre de comparaison, dans une riche bibliographie à ce sujet : S. Abraham-Thisse, Achats et consommation de draps de laine par l’Hôtel de Bourgogne, 1370-1380, in Commerce, Finances, Société, XIe-XVIe siècles, Mélanges offerts à Henri Dubois, Ph. Contamine, Th. Dutour, B. Schnerb dir., Paris, 1993, p. 27-70.
3 B. Leroy, Un seigneur de Navarre à la fin du XIVe siècle, Pes de Laxague, Revue de Pau et du Béarn, 12 (1984-1985), p. 111-130, rééd. Variorum, Londres, 1990. Ex, fol. 4 : item una hoppalanda de payno vermeio forrada de taffetaf a la Morisca, en la quoal ay cascameillos de plata, XL, sobredorados e fuyllas trente VII doradas… (Item, une houppelande de drap vermeil fourré de taffetas à la Morisque, dans laquelle il y a 40 petites écailles d’argent redorées et 37 feuilles d’or).
4 R.C. 1365, t. 113, fol. 82.
5 Comptes, caj. 63, no 27, XIII.
6 Comptes, caj. 75, no 64, IV, VI, VIII.
7 Comptes, caj. 75, no 3, VI.
8 Comptes, caj. 76, no 47, LXXX, LXXXII, LXXIX, LXXVIII (les chapeaux).
9 Comptes, caj. 54, no 61, I.
10 Tel en 1410, R.C. t. 309, fol. 92 : merceria… a Jacob Toquero Judio de Çaragoza que la Seynnoria Reyna li ha fecho delivrar por las partidas de toquaduras et otras cosas tomadas deill por la Infanta Dona Isabel, que de juso son escriptas las partidas de dineros que se siguen. Son assaber por quoatro toquaduras de sirgo, por cadauna I florin et meyo, montan VI florines. Item por una alvanega doro, una trencadera brodada doro et un trencado broquado doro, IIII florines et meyo. Et por unas mangas broquadas doro X florines… (A Jacob le bonnetier juif de Saragosse, à qui la reine a fait délivrer, pour les toques et autres fournitures nécessaires à l’Infante Isabel, qui sont décrites ci-dessous, les pièces qui s’ensuivent. À savoir pour quatre toques de serge, 1 florin et demi pièce, soit 6 florins ; pour une coiffe travaillée en filet de drap d’or, un ruban tressé brodé d’or et une autre tresse dorée, 4 florins et demi. Et pour des manches brodées de fil d’or, 10 florins (la somme est de 20 florins et demi, à 29 s. de Navarre pièce, soit 29 livres 14 s. 6 d.).
11 R.C. t. 290, fol. 169.
12 En 1397, Charles III remercie ses secrétaires Johan Ceilludo et Pere d’Eguirior, qui ont passé leur temps, plus qu’ils ne le devaient, à rédiger des lettres royales, en leur offrant à chacun une houppelande de drap de Montivilliers, les deux vêtements coûtant 90 florins. Comptes, caj. 71, no 3, II.
13 R.C. t. 333, fol. 62.
14 En 1413, R.C. t. 327, fol. 83 : a Judas Horabuena, tenient logar de Rau de los Judios del Regno et fisico del Rey nuestro seynnor que el Rey nuestro dicto Seynnor li ha fecho delivrar para pagar meya pieça de paynno de bocacin de que se podiesse vestir a la livrea que el dicto Seynnor fazia por el tiempo a sus gentes… (À Judas Horabuena, lieutenant du Grand Rabbin des Juifs du royaume et médecin du Roi notre Seigneur, à qui le Roi notre Seigneur a fait délivrer le prix d’une demi-pièce de drap de boucassin, pour se vêtir à la livrée que le Seigneur Roi faisait alors dresser pour ses gens…) (37 liv. 5 s.). Maître Josef Orabuena, son père, le Grand Rabbin de Navarre, a prêté de quoi acheter le drap pour l’ensemble de la livrée royale, 340 liv. 15 s.
15 En 1392, R.C. t. 216, fol. 105 et 108.
16 Comptes, caj. 77, no 53, XIV, XV, XVI, XVII et XXIX ; exemple, XIV ; sepan todos que yo Costantin palafreno del Seynnor Rey, otorgo aver ovido e recebido de Vos Juce Orabuena, fisico del dicto Seynnor Rey, quoranta e ocho cobdos de paynno de grança pora mi e pora otros siete pages e moços del Establo del dicto Seynnor rey, los quoales eill Nos ha dado por una vez pora nuestro vestir. Es asaber a cadauno seys cobdos, los quoales yo el dicto Costantin he recebido… (Sachent tous que moi Costantin palefrenier du Seigneur Roi, reconnais avoir reçu de Vous Juce Orabuena, médecin du Roi, 48 coudes de drap de garance, pour moi et pour 7 pages et valets de l’Écurie du dit Seigneur Roi, ce qu’il nous a donné pour nous vêtir. Soit à chacun 6 coudes, lesquels moi le dit Costantin j’ai reçu…) (29 décembre 1399).
17 Comptes, caj. 43, no 64, I.
18 Comptes, caj. 71, no 1, II.
19 Comptes, caj. 76, no 8, III.
20 Comptes, 1372 : caj. 24, no 41 ; 1386 : caj. 52, no 48.
21 Comptes, caj. 69, no 53, III.
22 Comptes, caj. 54, no 45, XII ; caj. 52, no 30, II ; caj. 54, no 40, XVII.
23 J. Zabalo Zabalequi, Peage de Tudela (1365), in Peajes Navarros, Pampelune, 1973 (Universidad de Navarra, Cuadernos de Trabajos de Historia, 1), p. 83-151.
24 Comptes, caj. 52, no 8, III ; caj. 54, no 32, I ; caj. 55, no 11, IV ; caj. 53, no 39, III et XLVI ; caj. 53, no 36, XXIV. En 1387, Charles III se préoccupe de régler ces draps aux marchands béarnais qui avaient fourni son père et qui n’étaient pas encore rémunérés.
25 B. Leroy, Commerce navarrais, marchands béarnais et bayonnais au XIVe siècle, Revue de Pau et du Béarn, (Actes du 38e Congrès de la Fédération Historique du Sud-Ouest) 14 (1987), p. 99-108, rééd. Variorum.
26 Entre autres, en juin 1389 : Comptes, caj. 52, no 29, I :… Yo, Gonçalvo Gil de Miranda, escudero, otorgo aver avido e recebido de Vos Naçan Del Gabay, Judio de Tudela, Tribudador de la Tabla de Tudela, de la imposicion de todo el Regno e guarda de la Tabla de Tudela es asaber una pieça de panno de Bristol, el quoal costo cinquanta e siete florines de oro d Aragon, la qual Vos aqueilla me avedes dado e delibrado por mandamiento a Vos fecto por Don Garcia Lopiz de Liçasoain, Thesorero de Navarra, signado de su nombre e sieillado de su sieillo, dato en Olit primero dia de Junio l’anyo de gracia Mil CCC LXXX e Nueve… (Moi Gonçalvo Gil de Miranda, écuyer, je reconnais avoir reçu de Vous Nathan del Gabay Juif de Tudela, « Tributador de la Table » de Tudela, sur l’imposition générale du royaume et la garde de la Table de Tudela, une pièce de drap de Bristol qui a coûté 56 florins d’or d’Aragon, laquelle vous m’avez donnée et délivrée sur le mandement de Garcia Lopiz de Liçasoain Trésorier de Navarre, souscrit de son nom et scellé de son sceau, donné à Olite le premier jour de juin de l’an de grâce 1389…).
27 Comptes, caj. 69, no 48, III.
28 Ainsi en 1412 : R.C. t. 318, fol. 131 à 135.
29 Comptes, caj. 52, no 53 ; cet autre exemple, VI : por Monser l’Infant : A Levi Fronces, por la faiçon de una grant hoppelanda entre taillada a danças de dos velustes l’uno bermeillo e l’otro negre, X l. de la moneda fieble. A Henriet por estofas por la dicta hoppelanda, por dos onças de seda e dos onças de filo, IIII libras de la moneda fieble. A Rosselet, por una corta hoppelanda double de bruneta botonada devant, XXIIII s. Aynes, por seda e filo, VI s. (Par Monseigneur l’Infant : à Levi Frances pour la façon d’une houppelande longue ouverte et à revers, de deux velours, l’un vermeil et l’autre noir, 10 livres de la monnaie courante. À Henriet pour les étoffes nécessaires à cette houppelande, pour 2 onces de soie et 2 onces de fil, 4 livres de cette monnaie. À Rosselet, pour une houppelande courte et doublée de brunet, boutonnée sur le devant, 24 sous. À Aynes, pour la soie et le fil, 6 sous).
30 R.C. t. 216, fol. 108 à 115.
31 R.C. t. 294, fol. 121 à 123, éd. B. Leroy, Recherches sur les Juifs de Navarre à la fin du Moyen Age, Revue des Études Juives, CXL (1981), p. 319-432, P.J. no XXXII, rééd. avec M. Garcia Arenal, Moros y Judios en Navarra en la baja Edad Media, Madrid, 1984.
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2014
La vérité
Vérité et crédibilité : construire la vérité dans le système de communication de l’Occident (XIIIe-XVIIe siècle)
Jean-Philippe Genet (dir.)
2015
La cité et l’Empereur
Les Éduens dans l’Empire romain d’après les Panégyriques latins
Antony Hostein
2012
La délinquance matrimoniale
Couples en conflit et justice en Aragon (XVe-XVIe siècle)
Martine Charageat
2011
Des sociétés en mouvement. Migrations et mobilité au Moyen Âge
XLe Congrès de la SHMESP (Nice, 4-7 juin 2009)
Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public (dir.)
2010
Une histoire provinciale
La Gaule narbonnaise de la fin du IIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle ap. J.-C.
Michel Christol
2010