Conclusion
p. 523-524
Plan détaillé
Texte intégral
1Au terme de ces trois journées de colloque, il faut remarquer que la densité des communications, la qualité des rapporteurs, la vivacité des débats ouverts entre des participants nombreux et attentifs, montrent, s'il en était besoin, que le but des organisateurs a été atteint, et que cette réflexion sur un événement dont 600 ans nous séparent, amorçait des questions toujours d'actualité.
2On a souligné que c'était la première commémoration de la dédition de Nice (alors que le centenaire du retour à la France de 1860 avait été marqué par le IXe congrès de la Fédération historique de Provence) ; et, si le XIXe puis le XXe siècles ont produit des ouvrages ou des articles qui sont loin d’être négligeables, le nouveau destin de Nice, après le tournant de 1388, constituait un thème abordé pour la première fois dans son ensemble et par des sensibilités différentes. La règle du jeu d'un colloque est que les communications, libremement proposées, s'organisent autour d'un schéma directeur souple. Bien des choses, sans doute, auraient pu encore être dites. Pour moi, provençale et marseillaise depuis peu, je dois avouer ma surprise de découvrir, en lisant l’article XII du contrat de 1388, que l'aspiration de Nice à jouer un rôle de premier plan dans l'administration provençale était déjà une donnée, en cette fin du XIVe siècle, et que, déjà, la ville posait sa candidature au titre de capitale, au détriment d'Aix-en-Provence, si l'occasion s'en présentait...
3A travers ces exposés, par une juxtaposition de flashes, de plans rapprochés, de coups de sondes dans la profondeur des champs, s'est finalement formé un tableau impressionniste de l'événement, qui précisait le cadre encore très féodal, très politique aussi, de cette fin du XIVe siècle italo-provençal ; qui éclairait de coups de projecteurs le contexte européen d'alors ; qui permettait la comparaison avec d'autres déditions de la même période, qui engagèrent d'autres communautés d'habitants envers un "patron", plus qu'un suzerain ; qui, enfin, soulignait les retombées, chez les divers protagonistes, et les empreintes, du choix de 1388, pendant toute la période savoisienne du comté de Nice.
4Il était important de montrer que, pendant ces siècles, Nice n'a pas perdu son âme, c'est-à-dire sa langue, sa culture, ses coutumes ; la persistance des statuts du XIIIe siècle et des privilèges de la ville le montre, même si le vent de l'histoire a entraîné une certaine érosion des particularismes.
5Le dernier intérêt de ce colloque enfin, et non le moindre, ce fut, au-delà de l'histoire ponctuelle de Nice, de montrer l'estompage du système féodal et l'évolution des relations des villes et des princes. Tout en se déroulant dans un contexte de guerres encore médiévales, cette dédition ne fut pas uniquement œuvre de force, mais œuvre de séduction de la part du comte, et œuvre de volonté de la part des élites urbaines alors au pouvoir ; la collectivité niçoise, même si sa représentativité politique réelle est encore aléatoire, plus fondée sur sa capacité à assumer au mieux l’indispensable rôle économique, prend en compte son choix. C'est peut-être cette transformation des rapports entre les groupes sociaux, depuis la prime aube des temps modernes, et qui n'en finit pas de perdurer, qu’il a été passionnant de voir s'ébaucher.
6Pour terminer, il convient de dire notre reconnaissance à ceux qui ont permis l'excellent déroulement de ce colloque international, monsieur le Conservateur du Musée Cheret qui l'a accueilli, monsieur le Président du Conseil Général des Alpes-Maritimes ; à ceux qui l'ont organisé : les Centres d'Etudes médiévales, d'Histoire du droit et de la Méditerranée moderne et contemporaine de l'Université de Nice, et plus particulièrement Monsieur Olivier Vernier, les Archives municipales de Nice et les Archives départementales des Alpes-Maritimes, avec Mesdames Mireille Massot et Rosine Cleyet-Michaud.
Auteur
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