Rois et princes chevaliers (Allemagne, XIIe - XVIe siècles)
p. 9-34
Texte intégral
1Que signifie, à l'époque, se comporter en chevalier ? Au moins cinq choses. [1] Fraternité : être primus inter pares et non pas le tyran de tous. [2] Combat : combattre, soi-même, individuellement, jusqu'au combat singulier. Respecter cependant les règles du combat, respecter la vie des prisonniers. [3] Honneur : soumettre le profit, l'avantage à l'honneur du beau geste. Participer à la mentalité économique de la noblesse : dépenser, non épargner1, et donc organiser fêtes et tournois, être actif et entreprenant en faisant des voyages et pèlerinages. [4] Amour : aimer, aimer courtoisement, être poète ; défendre femmes, enfants, orphelins et tous les faibles. Ce dernier trait fait déjà partie de la piété [5] : défendre l'Église, combattre l'infidèle.
2Pour s'apercevoir de l'originalité de cette position il suffit de se souvenir de la manière dont l'aristocrate romain et byzantin était généralement représenté : sans armes, sans armure, dans la main un rotulus plutôt qu'une glaive. Précieuse cette observation du prince turc Djem, prisonnier du pape Alexandre VI dans les années 1490, à qui un cardinal demanda comment lui plaisaient les tournois : il répondit que, chez lui, on faisait exercer de tels spectacles par des esclaves, dont il importait peu qu’ils fussent blessés ou tués2.
3Pour m'approcher du sujet - et il ne peut s'agir que d’une première approche - je présenterai un certain nombre de personnes, puis d'actions, puis d'objets pour en tirer des conclusions fort provisoires.
Personnes
4Quant aux personnes, je distinguerai une série positive et une série négative, et les rois, des princes.
La série positive
Empereurs et rois
51. Barberousse, mort au courant de la IIIe croisade en 1190, est le premier roi chevalier allemand3. C'est lui qui a consacré au plus haut niveau le mariage de la royauté, de l'empire et de la chevalerie lors de la fête splendide et internationale de Mayence de 1184 qui vit l'adoubement de ses deux fils, un "caroussel" équestre auquel il a participé en personne, et, presque, un tournoi, annoncé déjà, mais finalement abandonné à cause des réticences des princes ecclésiastiques qui se fondaient sur des phénomènes naturels interprétés comme signes de désaccord céleste4.
62. Henri VII de Luxembourg (1309-1313) offre quelques éléments de chevalerie5 et Louis de Bavière (1314-1347) fonde le curieux Ritterstift Ettal6 tout comme Othon IV (1198-1218) en avait fondé un à Osterode en 1217 déjà7. Mais pour rencontrer de nouveau un roi chevalier, il faut attendre le XVe siècle.
73. Sigismond de Luxembourg (1410-1437)8. Plusieurs éléments font entrevoir que ce fils de Charles IV favorisait la chevalerie. Déjà en 1408, encore que roi d'Hongrie, il fonda l'Ordre du Dragon qui connaîtra un rayonnement considérable9. Pendant le Concile de Constance, il aurait tournoyé incognito, mais victorieux10. Plus tard il fera même un effort (infructueux) de s'appuyer sur une "troisième Allemagne", celle de la noblesse chevaleresque, en légalisant ses associations11.
84. Maximilien Ier (1486-1519), souvent qualifié de "dernier chevalier", a des tendances à se considérer non comme le dernier, mais comme le seul chevalier, monopolisant ainsi cette position prestigieuse12. Ses tournois, ses romans, son offre de combat singulier faite à Charles VIII en 149213 sont connues14. C'est lui qui reprend et amplifie l'Ordre de la Toison d'Or en de magnifiques fêtes dont on vient de commémorer celle de Malines en 149115.
95. Son petit fils Charles V (1519-1558), imbu de traditions bourguignonnes, offre le combat singulier par deux fois à François Ier : 1526-1528, 1536 ; lui aussi, il participe à des tournois. Les projets de croisade de son grand-père, il les exécutera dans le Voyage de Barbarie de 153516.
Princes
106. Fils et père d'empereur, roi lui-même, mais d'un Electorat, Jean de Bohème (1311-1346) est plus qu'un prince. Néanmoins, il est, peut-être, l'incarnation la plus pure du prince-chevalier. Inlassablement il a taché de faire progresser la maison de Luxembourg, notamment par une politique impériale en Italie, en Silésie, en Pologne. Trois fois en Prusse, il est, probablement, à l'origine de la vogue de ces entreprises en Europe occidentale17. Organisateur de tournois18, l’un des premiers dont une devise soit connue, son "ich dien" (je sers) est, par respect, repris par son adversaire le Prince Noir et sert toujours de devise aux Princes de Galles19. La fin du roi aveugle lors de la bataille de Crécy en 1346, fidèle à l'alliance de la France, sa deuxième patrie, ses chevaliers et lui-même, les rênes de leurs chevaux liés pour ne pas le perdre de vue et pour ne pas reculer20, ont fait l'admiration ou l'étonnement des contemporains. Il est l'un des rares princes compris dans la liste des 42 Meilleurs Trois qu'un héraut d'armes a dû dresser entre 1337-1347, les autres étant le comte de Hainaut et de Hollande, le comte de Juliers, le comte de la Mark et l'évêque de Liège21. Enfin, le "Jugement dou roy de Behaigne", de Guillaume de Machaut nous le montre juge dans une Cour d'Amour, entouré des vertus chevaleresques Honneur, Courtoisie, Amour, Beauté et Largesse22. Nous verrons ce que son fils Charles IV pensera de cette dernière.
117. Autre personnage haut en couleur chevaleresque, le duc Othon de Brunswick, dit "le Tarentin". C'est un fils aîné, né en 1319 ou 1320, mais de la branche cadette de Grubenhagen de la grande maison des Welfes. Il semble avoir été forcé d'entrer à l'Ordre Teutonique et le quitte avant 1352, si non plus tôt. Car, de 1339 à 1350 environ, nous le voyons à la cour de ses cousins de Montferrat. Il loue ensuite son épée au roi de France Jean le Bon. En 1352, il est en champ clos avec le duc Henri de Lancastre au Pré-aux-Clercs de Saint-Germain, parce que Lancastre l'avait accusé de lui avoir couru sus pendant son voyage de Prusse. Mais le roi les réconcilie, lui fournit une pension confortable et le marie, en 1353, à la veuve du roi de Majorque. Cette carrière française pendant laquelle il entre aussi en contact avec l'empereur Charles IV à Rome et reçoit l'investiture - non réalisable - de fiefs impériaux en Provence en 1355, se termine définitivement avec la mort de sa première femme en 1362. Mais la carrière italienne avait déjà commencé, interrompue par une tournée en Orient en l'an 1371, sur les traces de son père, le duc Henri "de Grèce". En 1372, tuteur de ses neveux de Montferrat, il sert le pape Grégoire XI contre Milan, et c'est ce choix de parti qui, outre son mérite militaire, recommande le condottiere pour quatrième (et dernier) mari de Jeanne, reine de Naples, en 1376 (le pape avait aussi pensé à le marier avec la reine d'Arménie, dont le royaume avait besoin d'un défenseur). S'il ne reçoit pas le titre de roi, il est maintenant prince de Tarente et comte d'Acerra, ce qui ne l'empêche pas de guerroyer en Toscane. Le schisme papal de 1378 et les convulsions conséquentes de la politique napolitaine risquent de le ruiner, lui qui soutient le pape d'Avignon contre celui de Rome. Mais il survit : Hermen Bote, l'historien de la ville de Brunswick, s'en étonne toujours un siècle plus tard : "Un seigneur d'Einbeck [ville la plus importante des Grubenhagen] devient roi de Naples et mène guerre contre le pape"23. Plusieurs fois prisonnier et remis en liberté, la fortune l'a quitté. Il meurt à Fondi en 1399. C'est, d'après nos critères, un prince chevalier : combattant, aimant les duels, tournoyant, entreprenant, fidèle en plus à ses engagements. L'un de ses compatriotes, Thierry de Niem, le considère pater principum et norma nobilium, prudentissimus ac strenuus nimis in factis armorum, et, ce qui plus est aliqualiter litteratus24.
128. Si Othon de Brunswick fait figure de mercenaire, parent pauvre de bonne famille, assez bon caractère, davantage chevalier que prince, son contemporain Guillaume VI, duc de Gueldre (1371), puis aussi de Juliers (1393-1402), est un prince point pauvre du tout, mais néanmoins chevalier, et comment ! Adoubé à la fin d'une bataille victorieuse par son propre père en 1371 à l'âge de 15 ans, il fera entre 1383 et 1400 pas moins de sept fois le voyage de Prusse, autant que son père entre 1346 et 1374. S'il n'a pas participé à la croisade de Barbarie de 1390 (il est cependant attesté à Venise), il a vu la Terre Sainte une année plus tard. Le quatrième voyage de Prusse suit immédiatement une extraordinaire manifestation d'esprit chevaleresque : allié du roi d’Angleterre, il envoie, sans y être forcé, une si belle lettre de défi au roi de France, qu’elle servait encore tard au XVe siècle de modèle à la chancellerie française. Elle lui attire cependant l'une des très rares invasions françaises en Allemagne, celle d'un roi tout aussi jeune, fougueux et chevaleresque : Charles VI. Le duc de Gueldre réussit néanmoins à s'en tirer fort honorablement, la mauvaise saison, la position difficile de l'armée française, le dégrisement général et ses excuses et promesses aidant. De ce faux pas téméraire il sort grandi. Toute sa mesure, il la donnera cependant pendant ce quatrième voyage de Prusse : en route, il est fait prisonnier par un noble local, de connivence avec le duc de Poméranie. Le Grand-Maître de l'Ordre Teutonique amène toute une armée pour sa libération. Guillaume, en présence de ses bienfaiteurs refuse : il est prisonnier sur parole. L'Ordre attend quelques semaines, puis emmène le récalcitrant de force en chariot, enchaîné à un comte frère de 1 Ordre. Arrivé ainsi en terre de Prusse, il se comporte de telle manière, disant que cela était contre son honneur, que l'Ordre doit le laisser aller se reconstituer prisonnier. Les responsables de l'Ordre Teutonique, qui pourtant feront offrir la bataille de Tannenberg par deux hérauts d'armes portant deux glaives en 1410, n'en reviennent pas. Le cas étonnant du roi Jean le Bon n'est pas sans parallèle25.
139. Prenons enfin l'exemple de l'Électeur Albert Achille26 de Brandebourg, burgrave de Nuremberg (1414-1486). Ayant appris en 1481 que quelques-uns de ses gens auraient (re)constitué une société de tournois nommé la Licorne, qui n'est pas la sienne, il exige qu’ils en sortent et entrent dans la société de l'Ours qui est traditionnellement à sa maison : "Jusqu'ici nous avons été, à l'aide de Dieu, les premiers dans le tournoi, et, à l'aide de Dieu, nous avons l’intention de le rester, écrit-il à son fils Jean27. Il est à remarquer qu’Albert est en même temps chef d'une société sous le vocable de la sainte Vierge communément appelé l’Ordre du Cygne, et s’en sert activement28. Son engouement pour le tournoi n'est pas un fait isolé à l'époque. En 1435, le duc de Juliers, à l'occasion d'un tournoi à Cologne, se fait membre de la Société de l'Ane29. Les princes autour de 1500, Bavière, Palatinat, Saxe ont particulièrement cultivé le tournoi, surtout après 1487, date de l’échec final de la tentative des chevaleries unies des "Quatre Pays" d'organiser des cours et tournois indépendamment des cours princières30.
La série négative
Empereurs et rois
141. Barberousse mort, on a quelque mal a trouver de si tôt une figure comparable. Othon IV de la dynastie des Welfes (1198-1218) aurait pu être un roi et empereur chevalier : éduqué en Angleterre, comte de Poitou, projetant une croisade en Terre Sainte, soutenant la croisade en Baltique, premier roi allemand à employer ostensiblement le système héraldique31, fondant, à ce qu'il semble, des associations nobiliaires et paritaires sous son égide32. Cependant, il n'a pas laissé de renommée particulièrement chevaleresque : superbus et stultus, sed fortis le caractérise une chronique contemporaine33. On ne voyait pas chez lui largesse, mesure, constance34. On l'a même accusé de mépris pour les femmes et les gens d'Église35. Bien-sûr, ces accusations viennent de ses adversaires. Le cas est difficile à juger.
15Les Hohenstaufen du XIIIe siècle, Frédéric II en particulier (1212-1250)36, ont eu trop de majesté et de hauteur pour se concevoir dans la perspective chevaleresque, bien qu'ils fussent poètes, et malgré la libération de Jérusalem de 1225. Que la période de l'interrègne n'ait pas produit des rois chevaliers n'étonnera personne.
162. Rodolphe de Habsbourg, élu roi en 1273 (mort en 1291), est un cas particulièrement intéressant37. Car son imprévisible élection a été pour lui ce que Damas a été pour saint Paul. D'un guerrier intrépide et sans scrupule, agrandissant son aire de domination dans le sud-ouest de l'Empire, il s'est mué en roi pacificateur, paisible, humble même. Les anecdotes que les ordres mendiants mettent en circulation à son sujet nous le présentent ainsi, vêtu de simple toile grise, ami des villes, des bourgeois et des marchands38 - presque un Louis XI, sauf la bigoterie, la haine et le dédain. Économe, manquant de largesse, il n’a pas été aimé des poètes : le plus grand mécène de la littérature allemande de son époque a été Ottokar H, roi de Bohème, suivi de son fils Wenceslas II, qui figure en tant qu'auteur dans le fameux Codex Manesse, pas le roi Rodolphe39. Ni poète donc, ni tournoyeur, ni amoureux - son âge de 55 ans aidant, peut-être. N'empêche que Konrad de Wurzbourg a probablement composé le "Tournoi de Nantes" et autres poèmes à son intention40. La légende veut même qu’il ait tué de ses mains Ottokar H à l'issue de la bataille décisive de Durnkrut en 1278. Il n'en est rien41. Reste l'existence d'un possible contre-portrait du roi42.
172. Charles IV de Luxembourg (mort en 1378)43 s'est comporté d'une manière toute opposée à celle de son père Jean de Bohème. Vrai frère de son contemporain Charles V de France, "le Sage", il est économe, parfois peu majestueux, ami des marchands et des bourgeois, attiré par les sciences44. Le jeune Charles avait projeté une croisade contre Grenade, il était déjà à Montpellier, sa troupe à Montauban, mais son père lui interdit l'expédition45. Roi, il avait participé incognito à un tournoi au cours duquel il était tombé désarçonné et avait dû racheter son cheval. Sommé par le pape de respecter la dignité royale il évita désormais ce genre d'activité à une exception prés, en 1364, à l'occasion de la visite de Pierre Ier, roi de Chypre, tournoyeur lui-même46. Charles rehaussa le cérémonial religieux de la royauté à grands frais. Mais il n'a que dédain et remarques cuisantes pour le faste et les gaspillages de la chevalerie. Ille odiosus et furibundus taxillorum ludus est pour lui le jeu de dés entre princes47. Si on lui vante les exploits de son tournoyeur de frère, le duc Wenceslas de Brabant, il répond qu'il vient de désarçonner le margrave de Brandebourg dont, en effet, il avait acheté la terre. Pour lui, largesse n'est pas vertu, mais faiblesse insensée ; ainsi refuse-t-il de souscrire à un contrat qui prévoit le paiement d'une somme de 20.000 marcs d'argent à son père Jean de Bohème : "Si notre père met la main sur cet argent, il le gaspillera avec ses ribauds de Rhénans"48 ! Ce savant couronné avait rien d'héroïque, la cour de Prague manquait de cette atmosphère plus ou moins érotique qui caractérisait la culture chevaleresque de son temps49. Il ne jugea pas utile non plus d'imiter Édouard III et Jean II en fondant un ordre de chevalerie50. La guerre n'a rien de chevaleresque pour lui ; à son grand profit, il évitera cette grande bataille de Bäsweiler où son frère Wenceslas, émule de Jean II, sera fait prisonnier, en 137151. L'autobiographie remarquable de Charles IV est un témoin fondamental de cette mentalité religieuse et sobre en même temps.
183. Avant son accession au trône, au cours de son pèlerinage en Terre Sainte, Frédéric III, mort en 1493 après un règne incroyablement long de plus de 50 ans, avait accepté l'ordre de l'Épée de Chypre et avait même noté ses statuts dans son journal personnel52. Mais il ne fondera pas non plus d'ordre de chevalerie séculier ; il lui suffira de pouvoir distribuer, par autorisation spéciale, la Stola et Jarra d'Aragon en signe de distinction53. Il a néanmoins créé, en 1469, un dernier ordre de chevalerie ecclésiastique, l'ordre de Saint-Georges, à Millstatt en Carinthie, pour la défense contre le Turc54. En ce faisant il a été un prédécesseur de son fils Maximilien. Économe, homme du droit et de la négociation, il n'a cependant rien d'un chevalier ; désavantagé par une petite taille, il se compose consciemment, dès son enfance, une apparence faite de constance et de gravité55.
Princes
19Si nous nous tournons vers les princes délibérément non chevaliers, nous constaterons que c'est une espèce extrêmement rare - au moins à ce que j'ai pu en savoir.
20Un Landgrave de Thuringe nous fournit cependant, au XIIe siècle, une amorce de théorie d'incompatibilité entre la qualité princière et le tournoi, que nous avons déjà rencontrée au niveau des rois. Car il écrit à son frère, entre 1140 et 1155 :
Qua re, frater animo meo carissime, pacis tempore militaribus armorwn ludis inutilibus, quibus iuveniliter sepenumero delectatus vite periculum incurristi, velim abstineas ac potius publicis regni negotiis virtutem tuam atque industriam, ut principem decet, enitescere fadas56.
21Mais cette réaction ne devait plus être partagée, semble-t-il, par la majorité aux siècles suivants57.
22Je me contente de rappeler que, dans ce milieu, l'amour courtois n'est qu'un jeu de société. Les mésalliances dans la haute noblesse sont, au moins quand il s'agit de l'héritier, mortelles, pour les femmes, encore au XVe siècle : les exemples de Bavière et de Cilli le prouvent58.
Actions
23On s'est beaucoup préoccupé de ce qu'un roi ou prince peut et doit faire59, et bien peu, trop peu, de ce qu'il ne peut et ne doit pas faire.
Doit-il se faire chevalier ?
24Initialement, et notre prince turc l'avait bien senti, le roi, le prince n'est pas chevalier, il a des chevaliers60. Mais dans le courant des XIIe-XIIIe siècles, les rois et les princes se font chevaliers. Il y a les exemples de Louis VI en 1097, Manuel de Byzance en 1159, Barberousse en 1184, Richard Cœur-de-Lion en 119461.
25Désormais il est Rex et Miles. Jusqu'au milieu du XIIIe siècle l'Arthur des romans préside le combat, mais n'y entre pas62. Puis cela change : Ulrich de Liechtenstein déguisé en Arthur combat lui-même63. L'idéal du roi et du prince chevalier est répandu partout en Europe à partir de la deuxième moitié du XIIIe siècle. Au XIVe siècle il est à son apogée : dans leurs "louanges de preux chevaliers", Gelre et Suchenwirt traitent sur le même pied un chevalier et un prince64. Et le roi Jean de Bohème figure parmi les "Meilleurs Trois".
26Puis, au courant du XVe siècle, l'adoubement des grands se fait plus rare, suivant en cela la courbe générale. Philippe Contamine l'a montré pour la France65. Il faudrait répondre aux mêmes questions en ce qui concerne l'Empire : jusqu'à quelle date le roi et le prince se font-ils effectivement adouber ? A partir de quand la collée fait-elle partie du sacre (celui de Louis XII fournit l’occasion de promouvoir à la chevalerie un cousin du comte palatin du Rhin)66, de la cérémonie d'accession, du baptême67 ? Le prince est-il considéré chevalier né ? Il semble que non, car Philippe le Beau a dû se faire adouber avant d'être admis à la Toison d'Or en 148468. Il y a cependant une forte motivation à continuer l'usage : l'intérêt financier. Car la chevalerie du fils aîné, tout comme la croisade, était l'un des quatre cas de l'aide féodale. Mais cette taxe est remplacée progressivement par d'autres impositions plus régulières.
Doit-il combattre en champ clos ?
27La proposition (non acceptée) de Richard Cœur-de-Lion faite à Philippe Auguste, en 1194, est la première dont nous ayons connaissance ; le cartel de Charles d'Anjou contre Pierre d'Aragon 1282 le premier accepté d'une longue série, qui se termine en 1536 (2e cartel de Charles V à François Ier). Nous savons cependant qu'aucun combat en champ clos, entre rois et princes, n'a eu lieu69. Il y a un exemple de combat annoncé et effectivement exécuté jusqu'à la décision, en 1330, au sujet du droit de possession d'un important château ; mais les opposants n'avaient pas la qualité princière, c'étaient l'Edelherr' de Lippe et le comte de Schwalenberg en Westphalie70. C'est donc un mythe qu'il importe d'interpréter. Il s'agit d'une attitude empruntée : le prince joue le rôle du chevalier qu'il n'est pas. Et il est remarquable qu’il se sente obligé de faire ainsi. En 1345, Casimir, roi de Pologne, offre le combat singulier à Jean de Bohème, non en champ clos, mais en chambre close. Jean "l'Aveugle" répond qu’il accepte volontiers, à condition que Casimir se fasse d'abord aveugler : c'est le futur empereur Charles IV qui raconte cette histoire dans son autobiographie et s'en moque71 ! Il convient d'observer l’affaiblissement de l'idée exprimée par l'offre du combat personnel. Il semble que du XIVe au XVe siècle se produise un changement d'atmosphère, en France d'abord, en Allemagne ensuite.
28Particularité de l'Allemagne, les princes ecclésiastiques participent au mouvement : en 1308, l'évêque d'Osnabrück et le comte de la Marck combattent personnellement l'un contre l'autre à la bataille du Halerfeld, donc pas en champ clos ; l'évêque meurt des blessures reçues au cours de cette bataille. En 1391, l'archevêque de Cologne offre le combat singulier à un autre comte de la Marck (qui répond que les torches des villages embrasées lui montreront l'endroit où il le pourra trouver) - le combat n'a donc pas lieu. En 1448, un autre archevêque de Cologne, en face de l'ennemi, s'oublie jusqu'à lui offrir le combat singulier, mais se reprend72.
Le prince, peut-il participer à des tournois ?
29L'Église interdisait depuis 1130 à tout homme la participation aux tournois73. Cette interdiction était-elle obligatoire particulièrement pour les rois et princes ? Il est évident que oui : la participation cachée des rois à certains tournois le prouve. Clément VI avait écrit à Charles IV en 1348 que toute participation était contra decenciam dignitatis74. Une certaine retenue au moins était partout exigée. Et les rois et princes interdisent parfois des tournois, non pour des considérations morales, mais à cause d'une guerre ou d'une croisade imminentes75. L'empereur Frédéric III refusera, en 1486, à son fils Maximilien le plaisir d'une joute contre l'Électeur palatin, fraîchement couronné Roi des Romains, peut-être parce qu'il n'y avait pas d'autre roi présent et que cette joute au Vieux-Marché de Cologne était organisée hiérarchiquement : ne couraient l'un contre l'autre que les rangs nobiliaires équivalents. Maximilien aurait falsifié la signature de son père, son adversaire l'aurait désarçonné et demandé immédiatement, à genoux, pardon à l'Empereur, qui l'accorda, souriant de la mésaventure de son fils76.
30Plus tard, dès la fin du XVe siècle, et tout au long de l'Ancien régime, le grand tournoi sera une exclusivité des princes, de moins en moins dangereuse, il est vrai, le "ballet de chevaux" (Roβballet) en étant la forme définitive77.
Doit-il fonder ordres et sociétés de chevalerie ?
31La vogue des ordres royaux et princiers de chevalerie78 est une preuve de plus que la monarchie subit le mouvement chevaleresque et nobiliaire et réagit en conséquence. Les princes allemands ne sont pas parmi les premiers à en fonder : la Maison d'Autriche commence dès avant 1337, mais le caractère de cette societas capelle sancti Georgi Templois est peu claire79. Il est à remarquer cependant qu'aucun roi ou empereur, allemand n'a fondé un ordre proprement impérial ou royal, tandis que les princes ont été fort actifs - mais pas autant que la chevalerie elle-même. Par leur principe même de collégialité, ces ordres et sociétés n'ont, dans la perspective monarchique, qu'un caractère transitoire. Les sociétés allemandes qui connaissent un premier apogée vers 1340, un deuxième autour de 1390, un troisième vers 1480, sont en majorité des institutions nobiliaires, non princières80. Sauf de rares exceptions, les ordres, en tant que moyen politique et social, disparaissent donc autour de 1500 pour renaître deux ou trois générations plus tard en tant qu'instruments monarchiques.
Objets
Le témoignage des prénoms
32Il ne semble pas que les noms arthuriens, si fréquents dans la petite et la moyenne noblesse, aient pénétré le monde princier allemand. Je n'en connais que des exemples bretons et anglais, d'ailleurs liés : le petit fils d'Henri II en 1186, comte/duc de Bretagne, Arthur Ier (mort en 1202/1203), Arthur II (mort en 1312), Arthur III (mort en 1458) et le fils d'Henri VII Tudor, Prince de Galles (mort en 1502)81. Cependant, de grands nobles et des princes, même ecclésiastiques - Rieneck, Wurzbourg, Mayence - ont donné des noms significatifs à des châteaux nouvellement érigés autour de l'an 1200 et jusqu'au milieu du XIIIe siècle : Frouwedenberch (Mont-Joie), Miltenberg (Mont-Largesse) et Landesere (Honneur du pays)82. Il existe un autre "Montjoie", devenu Monschau, château ayant donc reçu un nom directement français, fondé avant 1217 par un duc de Limbourg83. Une enquête complète sur les noms des châteaux nous révélerait certainement des changements révélateurs au cours du temps : l'on remarquerait des noms en Landes-kron, -hut, -eck, -berg etc., expression de la territorialisation, et, aux XIVe et XVe siècles, l’individualisme d'un Électeur de Trèves (Balduins-eck, -stein) ou d'un duc du Tyrol (Sigmunds-burg, -kron, -ried). De même, l'adoption des noms des saints chevaliers serait à étudier, bien que le phénomène, teint de christianisme, soit moins pur : George, Maurice, Michel et, plus particulièrement en Allemagne rhénane, les quatre saints maréchaux : Antoine, Hubert, Cornelius et Quirinus.
Le témoignage des sceaux
33En règle générale, le roi est représenté en majesté, le prince en chevalier (ou cavalier), cela en France, toujours en avance, déjà au XIe siècle. Les comtes de Luxembourg reprennent cet exemple avant 1100, le reste de l'Empire suit, progressivement au cours du XIIe siècle. Les Welf avec Henri le Lion et son oncle ne font pas exception. Mais l'exception pourtant, avec Conrade de Thuringe en 1234, par exemple84. Il est fort révélateur que les Électeurs de Brandebourg, en 1504, changent leur sceau contre un sceau de majesté, et le font désigner par ce nom. Le duc Louis de Bavière-Landshut, non-électeur, emploie cependant le type équestre encore en 151685. Les ducs de Bretagne, on le sait, les ont bien devancés, à partir de 1407 déjà86. Une étude sur les monnaies serait à mener parallèlement et donnerait probablement les mêmes résultats.
Le témoignage des tombes
34Jamais, tant que je sache, les rois n'y sont représentés en chevalier87. La majorité des princes et des grands nobles est en armure seulement à partir du XVe siècle ; jusque-là le plus souvent ils portent les insignes du pouvoir ou l'épée seulement88. U y a cependant les reliefs du roi et des sept électeurs à l'Hôtel de ville de Mayence en 1344 (ou 1317 ?) : tous sont armés de pied en cap, y compris les princes ecclésiastiques89. Le roi-prétendant Gunter, comte de Schwarzburg, en 1352, est représenté en chevalier, non en roi90. L’ambiguïté apparaît clairement au XIVe siècle, siècle chevaleresque par excellence.
Conclusion : se comporter en prince, une alternative, une décision
35Ma conclusion peut être brève. Entre sacralité archaïque91 et monarchie nouvelle, il y eut moins le roi que le prince chevalier. C'est une tendance, pas plus. Elle est en principe irréalisable, bien qu'elle paraisse parfois réalisée. De père en fils, les générations se contredisent. Il y a un choix à faire entre les modèles du prince "sage" (pas de "majesté à lunettes" cependant)92 et celui du prince "guerrier" ou "chevalier". On observe une curieuse (et naturelle) correspondance entre la taille haute, le corps fort (Henri VII, Louis le Bavarois, Maximilien) et la petite taille, la santé fragile (Charles IV, Frédéric III), et le modèle choisi. Adopter ce modèle chevaleresque a pour conséquence un certain style politique : un prince qui rit et qui est joyeux avec ses gens renonce temporairement à son rôle de juge et de seigneur93. Rares sont les cas où l'union des armes et des lettres94 a été vraiment vécue : le trait d'union entre ces deux mondes a souvent été un membre de la famille, homme d'Église de formation, par discipline dynastique, puis dernier survivant et continuateur de la lignée95.
36S’il y a des rois et des princes chevaliers, parties prenantes dans les tournois, il y en a d'autres qui ne participent pas au jeu - et deviennent ainsi imprévisibles. Il importe d'ailleurs de faire attention aux limites du phénomène : parole non tenue, lâcheté et couardise, illettrisme, grossièreté ne sont pas si rares, et parfois voulues. L'usage du style chevaleresco-courtois tient sans doute à une question de goût, mais aussi aux exigences immanentes au système en vigueur.
37Comment expliquer le comportement chevaleresque du duc de Gueldre ? Parce que son pays était profondément divisé par les partis des Bronckhorst et des Hekeren, et que buts et comportements chevaleresques pouvaient servir de force d'attraction pour la noblesse et créer l'unité autour un idéal vécu et tourné vers l’extérieur ?
38Comment expliquer le comportement d'Albert Achille ? Parce que le pays de Franconie est morcelé, connaît une noblesse nombreuse, est économiquement dominé par la ville puissante de Nuremberg, la dignité princière des Hohenzollern étant de date récente et parfois contestée96 ?
39Le roi et le prince fort s'éloignent nécessairement d'un code de comportement qui ne le laisse pas maître du jeu. L'esprit chevaleresque est diamétralement opposé au concept du crimen lesae majestatis qui prévaut XVe siècle, expression d'une nouvelle conception de l'État97. Le roi et le prince ont deux corps. Le corps éternel interdit d'exposer le corps mortel aux avanies du hasard. Le faire serait malséant, "unanständig"98 Le prince chevalier disparaît donc, après avoir servi de trait d'union entre le prince et les noblesses - quitte a resurgir un instant en la personne du roi Albert Ier de Belgique au cours de la première Guerre mondiale, prix d'un engagement personnel inébranlable et couronné de succès. Mais la recherche récente vient de montrer que ce Roi-chevalier, lui aussi, est une légende99.
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Notes de bas de page
1 Largitas apertissimum nobilitatis indicium, cf. J. Fleckenstein, 1990, p. 316 ; Th. Zotz, 1990, 433 s., p. 449. Cet attribut de prince n'est point spécifique au Moyen Age, voir H. Kloft, 1970.
2 J. Burckhardt, 1860, V 1. Cf. L. Thuasne, 1892 et Cognasso, 1942.
3 Cf. en dernier lieu Friedrich Barbarossa, éd. Haverkamp, (1992).
4 Cf. pour les fêtes de Mayence : J. Fleckenstein, 1972, P. Moraw, 1988, H. Wolter, 1991. Pour H. Thomas, 1987, p. 350 ; 1989, Matière, 8 sq. ; 1989, Nationale Elemente, 350 sq., le fait de la translation chevaleresque à l'Empire est moins bien établi.
5 Cf. la chronique illustrée de son expédition et de sa mort en Italie, 1308-1313, faite en 1340 env. sur l'initiative de son frère Baudouin, archevêque de Trèves, éd. Heyen, 1965.
6 Cf. H. Kruse, W. Paravicini, A. Ranft, 1991, p. 44-50, no 2.
7 B.-U. Hucker, 1990, p. 508-523.
8 Pour les rois de la maison de Luxembourg voir P. Moraw, 1993 (sous presse).
9 H. Kruse, W. Paravicini, A. Ranft, 1991, p. 230-247, no 52.
10 H. Thomas, 1983, p. 380. Cf. Richental, éd. Buck, p. 136.
11 F. Rapp 1989, p. 91 ; H. Kruse, W. Paravicini, A. Ranft, 1991, p. 26.
12 Cf. W. Paravicini, Kultur, (1994), II/8.
13 W. Goez, 1967, p. 164. H. Wiesflecker I, (1971), p. 335 et n. 58. (p. 522).
14 H. Wiesflecker V, (1986), 306 sq., Id., 1991, 320 sq., J.-D. Müller, 1982.
15 R. de Smedt, 1992.
16 K. Brandi, 1937, 17 sq., 303 sq. ; (Tunis), 377 sq. ; (Alger, 1541), et les notes dans K. Brandi, 1941, 57 sq., 251 sq., 307 sq. ; W. Goez, 1967, 152 f. et n. 79 ; H. Duchardt, 1984.
17 W. Paravicini, 1989, 79 s. Cf. R. Cazelles, 1947. P. Moraw, 1993 (sous presse). Une biographie manque.
18 U. Peters, 1971, p. 188 n. 44. W. Iwanczak, 1987.
19 P. Johanek, 1991, p. 535.
20 Froissait, éd. Diller, p. 730.
21 W. Paravicini, (1994).
22 H. Thomas, 1983, p. 270. Cf. Th. Brandis, 1968, no 480 ("Minne und Gesellschaft").
23 R. Sprandel, 1990, p. 227 et n. 44.
24 W. Havemann, 1853, p. 424-426 ; J. Waschow, 1874 ; P. Zimmermann, 1887 und 1911 ; H.-V. Sauerland, 1905 ; V. Ansaldi, 1913 ; K.-H. Schäfer, 1913, p. 146*-152* ; K.-H. Schäfer, 1920 ; K.-H. Schäfer, 1911-1940, II, p. 203-205 et IV, p. 287, 293 ; E.-G. Léonard, 1932-1937 ; W.-H. Rüdt de Collenberg, 1963 ; W. Paravicini, 1989, p. 130-134 avec la n. 545. Cf. H. Finke, 1904, p. 276. Il n’existe pas de biographie moderne.
25 W. Paravicini, 1989, p. 52-53, p. 60-66, p. 245-252. G. Nijsten, 1992, 104 s. et n. 113 (p. 320 s.) ; p. 279 et n. 164 (p. 366), et passim. R. Ernsing, 1885. Une biographie manque.
26 C'est l’humaniste Aeneas Sylvius Piccolomini (pape Pie II) qui lui donna ce deuxième prénom nom honorifique, louant sa valeur militaire.
27 F. Priebatsch (éd.), Correspondenz, III, p. 47, no 733 = G. Steinhausen. 1899 p. 228-229, no 341.
28 Cf. H. Kruse, W. Paravicini, A. Ranft, 1991, no 69 (Cygne), no 84 (Ours), no 85 (Licorne), ignorant les matériaux publiés par F. Priebatsch.
29 A. Ranft, 1993, II B 2, note 61. Cf. H. Kruse, W. Paravicini, A. Ranft, 1991, no 21.
30 Cf. W. Paravicini, Kultur, (1996), II/4, avec la bibliographie.
31 Cf. W. Paravicini, Wappenrolle, (1993).
32 Cf. H.-M. Schaller, 1989 ; B.-U. Hucker, 1990, 373 s., 523 s. ; B.-U. Hucker (éd.), 1993.
33 Burchard von Ursberg, p. 81.
34 H. Grundmann, 1970, p. 30.
35 J. Bumke, 1986, II, p. 440-441.
36 En dernier lieu : W. Stürner, 1992. Malgré son titre, l'intéressante étude de Nitschke, 1964, ne concerne pas notre sujet.
37 En dernier lieu : E. Boshof, R. Erkens (éd.), (sous presse).
38 W. Treichler, 1971 ; Th. M. Martin, Städtepolitik, 1976, p. 72-75 et p. 202 ; Th. M. Martin, Bild, 1976 ; H. Thomas, 1983, p. 38, 53, 83.
39 H. Thomas, 1983, p. 62.
40 H. Thomas, 1986. H. Brunner date cependant le Tournoi de Nantes de l'époque du roi Richard de Cornouaille (1257-1272). Voir en général A. Ritscher, 1988-1989 et 1992, p. 58-95 qui établit également des relations entre Konrad von Wurzbourg et la maison d'Habsbourg.
41 R. Sprandel (éd.), Kölner Webchronik, p. 51-52.
42 Cf. A. Ritscher, 1992, ci-dessus n. 40.
43 Cf. F. Seibt, 1978, F. Kavka, 1989, H. Stoob, 1990, P. Moraw, 1993 (sous presse).
44 Heinrich von Mügeln : H. Thomas, 1983, 269 s.
45 Vita ch. 14, éd. Hillenbrand, p. 172 (env. 1340).
46 N. Iorga, 1896, p. 197, d'après la Chronographia regum Francorum et Machaut, La prise d'Alexandrie. En la Grande Salle de son château de Tangermünde au Brandebourg (1374/1378) il fit cependant peindre, entre autres sujets, un tournoi (Iwanczak, 1987, p. 769).
47 Vita, ch. 16, éd. Hillenbrand, p. 182. Cf. W. Paravicini, 1989, p. 296-299.
48 Vita, ch. 19, éd. Hillenbrand, p. 196, avec la note.
49 H. Thomas, 1993, p. 270-274 ; H. Herkommer, 1980. Ce sera tout différent sous son fils Wenceslas.
50 H. Thomas, 1983, p. 275. Cf. A.-J.-D. Boulton, 1987.
51 H. Thomas, 1983, p. 274.
52 A. Lhotsky, 1971, 213 s.
53 H. Kruse, W. Paravicini, A. Ranft, 1991, 17 s. et n. 48.
54 H. Kruse, W. Paravicini, A. Ranft, 1991, p. 407-416, no 79.
55 Il n'y a pas de biographie récente, sauf celles, décevantes, de Zanetti, 1985 et de Rill, 1987 ; cf. cependant le Cat. Friedrich III., 1966 et Haller, 1965 sur les jugements que les contemporains ont porté sur l'empereur. H. Koller (Salzbourg) et P.-M. Lipburger (Mayence) continuent les travaux de J. Chmel, A. Bachmann et A. Lhotsky.-Ph. Braunstein, 1990, p. 120, d'après J. Grünpeck : mox ineunte pueritia virilem animum camque in vultu constantiam et moribus gravitaient pre se ferre coepit.
56 R. Zöllner, Ludowinger, 1992, p. 120 ; Hessen und Thüringen, 1992, p. 153, no 199.
57 Pour les interdictions ecclésiastiques des tournois voir J. Le Goff, 1985 et S. Krüger, 1985.
58 H. Dopsch 1974/1975, 20, pour la maison de Cilli, Agnès Bemauer (Lexikon des Mittelalters, t. Ier, München-Zürich, 1977/1980, col. 1980 s.), pour la maison de Bavière. Cf., pour l'époque antérieure, J. Bumke, 1986, II, 551 s.
59 Cf. W. Heinemeyer (éd.), 1987.
60 W. Goez, 1967, p. 148.
61 W. Goez, 1967, p. 148, n. 63, d'après un ms. non publié de J. Fleckenstein, "Der König als Ritter" (1964) ; cf. Ph. Contamine 1976, p. 276 ; S. Krüger, 1985, 402 s., n. 14.
62 Cf. P. Johanek, 1987.
63 Texte littéraire de 1255 env. Cf. W. Paravicini, Kultur, (1994), II/3.
64 Th. Nolte, 1993. Gelre : Anrooij, 1991 ; L. Jéquier, 1992. Suchenwirt : Cl. Brinker, 1987.
65 Ph. Contamine, 1976.
66 Ph. Contamine, 1976, p. 279.
67 Pour la France, en 1380, Ph. Contamine, 1976, p. 276 et 278.
68 Ph. Contamine, 1976, p. 284.
69 W. Goez, 1967. Cf. Guttandin, 1993, p. 155-158.
70 W. Goez, 1967, p. 160, n. 109. Voir l'indication des sources et la date dans F. Forwick, (1963), 15 s.
71 Vita, éd. Hillenbrand, ch. 18, p. 192 ; W. Goez, 1967, p. 153.
72 W. Goez, 1967, p. 128, p. 160, n. 108, p. 159, n. 103.
73 S. Krüger, 1985.
74 S. Krüger, 1985, p. 421, n. 117 ; cf. ibid., textes de Ph. de Mézières et Ph. de Leyde.
75 Cf. W. Paravicini, 1989, p. 216-218.
76 K. Militzer, 1993, à la note 33, d'après la Koelhoffsche Chronik de Cologne.
77 H. Watanabe-O'Kelly, 1992.
78 A.-J.-D. Boulton, 1987 ; H. Kruse, W. Paravicini, A. Ranft, 1991.
79 H. Kruse, W. Paravicini, A. Ranft, 1991, no 3.
80 W. Paravicini, Kultur, (1994), II/6. A. Ranft, 1993.
81 Cf. Lexikon des Mittelalters, t. Ier, München-Zürich, 1977/1980, col. 1067-1069. P. Johanek, 1987, 361 s.
82 W. Störmer, 1980.
83 Cf. Handbuch der Historischen Stätten, III, p. 525.
84 E. Kittel, 1970, p. 264-273. Thuringe : E. Kittel, 1970, p. 249 ; R. Zöllner, 1992, p. 24 (également sur les monnaies).
85 H. Bier, 1937, p. 23-28. B. Czok, 1984, p. 22-24. Le type équestre se perpétue cependant en Brandebourg-Prusse jusqu'en 1840.
86 Catalogue La Bretagne au temps des ducs, Daoulas, 1991, p. 51-52, nos 47-48.
87 Cf. J. Ehlers, 1989 ; K. Bauch, 1976. Il existait cependant un ex-voto du roi Philippe IV ou VI à Notre-Dame de Paris, voué au cours d’une bataille, le représentant grandeur nature à cheval, le casque mis (K. Bauch, 1976, p. 191, fig. 299).
88 H. Boockmann, 1987, p. 200.
89 P. Moraw, 1985, 160/161 ; H. Bookmann, 1987, p. 221.
90 K. Bauch, 1976, p. 245, fig. 365. H. Boockmann, 1987, p. 251 ; voir ibid., p. 278, le comte de Katzenelnbogen représenté en chevalier.
91 Cf., en dernier lieu, G. Feeley-Harnik (1991), et La royauté sacrée dans le monde chrétien, éd. A. Boureau/C.-S. Ingerflom, (1992).
92 Pour modèle et vérité dans les portraits des rois allemands à la fin du Moyen Age, voir Ph. Braunstein, 1990.
93 Cf., au Xe siècle, Widukind von Corvey, I 39, au sujet du roi saxon Henri Ier : Licet in conviviis salis jocundus esset, tamen nichil regalis disciplinae minuebat. Tantum enim favorem pariter et timorem militibus infudebat, ut etiam ludenti non crederent ad aliquam lasciviam se dissolvendum. Par sa force aux exercices physiques et à la chasse il aurait d'ailleurs été la terreur (terror) des autres.
94 A. Buck, 1992.
95 Le phénomène serait à étudier en profondeur.
96 Pour la qualité princière de la maison de Hohenzollem voir les travaux de J.-M. Moeglin, 1990-1991. La dominance économique de Nuremberg : R. Seyboth, 1994.
97 S.-H. Cuttler, 1982 ; J. Chiffoleau, Y. Thomas (en prép.).
98 W. Goez, 1967, p. 165 n. 121, texte du XVIIIe siècle.
99 M.-R. Thielemans (éd.), 1991. Cf. cependant le compte rendu sévère de ce livre d'A. Dantoing, Revue d'Histoire Ecclésiastique, 87, (1992), p. 220-223. - Je remercie MM. Braunstein, Chevalier, Moeglin, Parisse pour d'utiles remarques faites au cours de la discussion qui a suivi cette conférence.
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