Les princes et le pouvoir au Moyen Âge
|Avant-propos
Texte intégral
1En choisissant l'Université de Brest comme siège de son XXIIIe Congrès annuel, et le prince et son pouvoir comme thème de ses réflexions, la Société des Historiens médiévistes de l'Enseignement supérieur public a voulu honorer une jeune université dynamique et traiter d'une question qui touche de près à l'histoire de la Bretagne, tout en étant au cœur des recherches d'un grand nombre de nos collègues.
2Certes, la Bretagne ducale n'est pas le seul domaine auquel le Centre de Recherche Bretonne et Celtique (URA 374 du CNRS) s'intéresse : l'anthropologie, l'ethnologie, la géographie font partie de ses activités, qu'une visite passionnante de ses locaux nous a permis d'entrevoir. Il n'en reste pas moins que cette Bretagne ducale à laquelle d'importants travaux ont été récemment consacrés, illustre l'ambiguïté d'une grande principauté, quasi rivale du royaume, et d'un prince qui se voudrait roi et qui s'arroge maint attribut de la souveraineté.
3Mais ailleurs, est-ce aussi le cas ? De l'Empire germanique à la péninsule ibérique, des principautés françaises au Milanais, nous avons parcouru bien des étapes, dans le temps et dans l'espace, en posant quelques questions, en donnant quelques réponses, en tournant surtout autour du thème fondamental du pouvoir, de ses fins et de ses moyens. Idéologie, hommes et finances, lignage, pays et peuple, image que veut donner le prince par ses tenues et ses résidences, rapports avec ses sujets, ses villes, sa noblesse et ses clercs, tels sont quelques-uns des points de vue qui ont été abordés dans ces journées de Congrès et que l'on trouvera présentés dans cet ouvrage.
4S'il n'est d'histoire que d'histoire de l'homme, dans sa chair comme dans ses comportements, le thème du prince et de son pouvoir dépasse de loin la sécheresse toute descriptive d'une histoire institutionnelle, pour devenir celle d'un homme mû tout entier par une ambition qu'il se doit de satisfaire au sein d'un "pays" et d'un peuple, qui lui en accordent ou non les moyens. Dépourvu de tout signe sacré et de tout attribut de souveraineté, le prince médiéval est le plus souvent étranger à la genèse monarchique de l'État moderne.
5Un grand merci à nos collègues brestois, Jean Kerhervé, Yannick Hillion et Jean-Christophe Cassard pour leur hospitalité et la réussite de ce Congrès, ainsi qu'à Werner Paravicini et Jean-Marie Cauchies, qui ont bien voulu se joindre à nous pour nous présenter les recherches en cours en Allemagne et en Belgique.
© Éditions de la Sorbonne, 1993