• Contenu principal
  • Menu
OpenEdition Books
  • Accueil
  • Catalogue de 15551 livres
  • Éditeurs
  • Auteurs
  • Facebook
  • X
  • Partager
    • Facebook

    • X

    • Accueil
    • Catalogue de 15551 livres
    • Éditeurs
    • Auteurs
  • Ressources numériques en sciences humaines et sociales

    • OpenEdition
  • Nos plateformes

    • OpenEdition Books
    • OpenEdition Journals
    • Hypothèses
    • Calenda
  • Bibliothèques

    • OpenEdition Freemium
  • Suivez-nous

  • Lettre d’information
OpenEdition Search

Redirection vers OpenEdition Search.

À quel endroit ?
  • Éditions de la Sorbonne
  • ›
  • Histoire ancienne et médiévale
  • ›
  • Histoire monde, jeux d’échelles et espac...
  • ›
  • Espaces de circulation, lieux de connexi...
  • ›
  • Pour une histoire de la Méditerranée vue...
  • Éditions de la Sorbonne
  • Éditions de la Sorbonne
    Éditions de la Sorbonne
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Liens vers le livre
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Formats de lecture

    Plan

    Plan détaillé Texte intégral L’intégration économique et politique des îles à l’espace méditerranéen Les îles au bas Moyen Âge : un destin politique commun ? Notes de bas de page Auteur

    Histoire monde, jeux d’échelles et espaces connectés

    Ce livre est recensé par

    • Catherine Miller, Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, mis en ligne le 21 novembre 2011. URL : https://journals.openedition.org/remmm/7259 ; DOI : https://doi.org/10.4000/remmm.7259
    Précédent Suivant
    Table des matières

    Pour une histoire de la Méditerranée vue des îles

    Approche comparée de la Corse, de la Sardaigne et de la Sicile au bas Moyen Âge

    A History of the Mediterranean seen from the Islands. A Comparative Approach to Corsica, Sardinia and Sicily in the Late Middle Ages

    Vannina Marchi Van Cauwelaert

    p. 95-110

    Résumés

    À travers une approche comparée de la Corse, de la Sardaigne et de la Sicile, cet article étudie la notion d’insularité au Moyen Âge. L’approche comparée vise ainsi à inverser la perspective afin d’écrire une histoire de la Méditerranée vue des îles. Les xive-xve siècles constituent à cet égard une époque charnière dans les trois îles de la Tyrrhénienne, qui se caractérisent à la fois par leur insertion économique à l’espace méditerranéen, par leur intégration politique à des États continentaux et par la formation en leur sein d’une identité collective qui s’exprime dans de violentes révoltes. Cette évolution commune des îles conduit à s’interroger sur les liens entre structures économiques, systèmes politiques et transformations sociales au sein de ces microcosmes méditerranéens situés à la frontière entre terre et mer.

    This article examines the idea of insularity in the Middle Ages by adopting a comparative method and comparing Corsica, Sardinia and Sicily. This comparative approach aims to show a different point of view to the conventional one and write the history of the Mediterranean as seen from the perspective of the islands. In this respect, the 14th and 15th centuries constitute a transitional period for these three islands of the Tyrrhenian Sea. It was at this time that they began to play a role in the economic world of the Mediterranean and were unified politically with various continental powers. They also aspired to a collective identity which would find expression in the form of violent revolts. Common patterns that can be discerned in the development of these islands can illuminate the links between economic structures, political systems and social change in these Mediterranean microcosms situated on the cusp between sea and land.

    Texte intégral L’intégration économique et politique des îles à l’espace méditerranéen Distances entre les îles et les continents Réseaux portuaires et routes maritimes Intégration politique Les îles au bas Moyen Âge : un destin politique commun ? L’adhésion des Sardes et des Corses à la conquête catalane dans la première moitié du xive siècle Des révoltes nationales ? Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Les recherches méditerranéennes ont connu ces dernières années une impulsion nouvelle suite à la publication du livre de Nicolas Purcell et Peregrine Horden, qui, à travers les concepts de « connectivité » et de « microécologie », accorde une place centrale aux îles1. Empruntée aux géographes, la notion d’insularité paraît donc opératoire pour étudier l’histoire de la Méditerranée2, or cette notion a été assez peu exploitée par les médiévistes3. En l’absence d’approche globale4, l’histoire des îles méditerranéennes demeure cloisonnée entre historiographies nationales et se situe bien souvent à la marge des recherches méditerranéennes5. Si cette constatation peut paraître schématique, elle semble en tout cas refléter le cas de la Corse médiévale : en dépit de progrès certains des connaissances, l’histoire de cette île demeure enfermée dans son propre horizon et ne parvient pas à trouver véritablement sa place au sein des Mediterranean studies. Cette marginalité de la Corse tient en premier lieu à la pauvreté de ses archives : on ne trouve dans l’île ni archives seigneuriales, ni archives urbaines, ni archives notariales6. Si les médiévistes ont eu très tôt recours aux archives de Pise, de Gênes et même de l’Aragon pour combler les lacunes de la documentation locale, la moisson n’a malheureusement pas été aussi riche que pour la Sardaigne voisine. C’est précisément pour tenter de sortir de cette impasse historiographique qu’a émergé l’idée d’étudier la Corse selon une perspective comparatiste. Suivant les prescriptions de Marc Bloch, l’histoire comparée pourrait être, en effet, un moyen de surmonter l’absence d’archives locales, en allant chercher dans des milieux proches et mieux documentés de nouvelles clés de lecture. À cet égard, le bas Moyen Âge paraît être une époque charnière dans les trois îles de la Tyrrhénienne, marquant à la fois leur intégration définitive dans des États continentaux et l’affirmation en leur sein d’une identité locale forte qui s’exprime dans de violentes révoltes : Vêpres et révoltes aristocratiques en Sicile7 ; guerres des Arborea en Sardaigne8 ; guerres des seigneurs cinarchesi en Corse9.

    2L’enquête ayant à peine commencé, nous nous bornerons ici à proposer quelques pistes préliminaires de réflexion. Nous évoquerons d’abord les différentes modalités de l’intégration économique et politique des îles dans l’espace méditerranéen (I), puis nous nous pencherons sur les conséquences internes de cette intégration, en tentant de reconstruire la vision des insulaires (II).

    L’intégration économique et politique des îles à l’espace méditerranéen

    Distances entre les îles et les continents

    3À une époque où le cabotage demeure la règle, les îles jouaient d’abord un rôle central dans la navigation méditerranéenne. Le long de leurs côtes, les marins trouvaient des escales où se réfugier, se ravitailler et commercer. La distance des îles par rapport aux continents, ainsi que celles des îles entre elles, de même que le rapport entre populations et ressources, sont ainsi déterminants pour comprendre leur rôle au sein de l’espace méditerranéen (fig. 1).

    4La Corse, avec un territoire de 8500 km2 et une population estimée à environ 100 000 âmes10, était la plus petite et la moins peuplée des trois îles, en même temps que celle dont les ressources étaient les moins abondantes : son relief, qui culmine à 2700 mètres au Monte Cinto, limitait les possibilités d’exploitation agricole tandis qu’elle ne disposait pas de ressources minières. Cependant, sa grande proximité avec l’Italie (environ 80 km pour la distance la plus courte) en faisait une escale de première importance au sein du « couloir tyrrhénien », qui reliait la Péninsule au Maghreb. On pouvait en effet naviguer depuis l’Italie jusqu’à la Corse sans jamais perdre de vue les côtes, tandis qu’à l’extrême sud de l’île, le détroit de Bonifacio ouvrait la porte de la Sardaigne. Le fait explique la valeur stratégique de ce site, véritable « verrou » de la Tyrrhénienne, dont l’occupation par les Génois en 1195 amorça le déclin de Pise dans la région. L’intérêt de la Corse pour les marchands italiens découlait donc plutôt de son emplacement que de ses ressources propres.

    5Trois fois plus grande que sa voisine, avec une superficie de 25 000 km2, la Sardaigne médiévale paraît avoir connu un déficit structurel de population11. Comme en Sicile, cette faiblesse démographique permettait néanmoins de dégager d’importants surplus agricoles. La Sardaigne, en effet, bien moins montagneuse que la Corse, comptait de nombreuses plaines céréalières qui en firent une grande exportatrice de blé jusqu’au milieu du xive siècle12. Par ailleurs, l’île disposait de mines d’argent à Villa di Chiesa (actuelle Iglésias)13. En outre, par sa proximité avec la côte tunisienne, la Sardaigne offrait une escale aux marchands italiens qui commerçaient au Maghreb14. En revanche, après son intégration aux États de la Couronne d’Aragon, c’est essentiellement en tant qu’escale sur la route de la Sicile que la Sardaigne s’insère dans les réseaux du commerce catalan.

    6La Sicile, avec une superficie équivalente à la Sardaigne et une population estimée à environ 350 000 habitants15 au début du xve siècle, offrait à la fois de grandes potentialités agricoles et un positionnement stratégique au cœur de la Méditerranée. Située à seulement 3 km de la Calabre, la Sicile était presque collée à l’Italie tandis que la côte tunisienne n’était qu’à 150 km de ses propres côtes. Au sein de la Méditerranée occidentale, la Sicile constituait donc un véritable pont entre l’Afrique et l’Italie, tandis que sa position centrale offrait un accès privilégié vers le Levant16.

    Réseaux portuaires et routes maritimes

    7Véritable carrefour commercial, la Sicile était, parmi les trois îles, la mieux intégrée à l’espace méditerranéen au sein duquel elle constituait à la fois une zone d’exportation de produits locaux, du blé essentiellement mais également des produits de l’élevage et du sucre17, et une zone de redistribution des produits entre Orient et Occident. La trame portuaire de l’île, particulièrement dense, au sein de laquelle les principaux ports étaient relayés par un réseau secondaire de caricatori, faisait de la Sicile une île entièrement ouverte sur la mer18 : pas une portion de ses côtes qui ne fût aménagée, non seulement afin d’être accessible aux marins mais également d’assurer le contrôle de l’État sur les échanges. Selon Henri Bresc, en effet, au xive siècle, le système des caricatori aurait permis de financer la guerre contre les Angevins. Fruit d’une convergence d’intérêts entre l’État, les féodaux et la bourgeoisie rurale, le choix de privilégier le commerce international aurait cependant engendré une dépendance totale de l’île vis-à-vis des marchands italiens et un renforcement du pouvoir aristocratique, au détriment à la fois des élites municipales et du domaine royal. Même si ce modèle a pu être contesté et nuancé à la marge19, il demeure que l’intégration de la Sicile au commerce méditerranéen a entraîné une transformation profonde de l’île : transformation des paysages liée à l’extension de la monoculture du blé, transformation des structures sociales avec le renforcement de la domination féodale sur l’île et l’échec définitif du mouvement communal qui avait donné naissance aux Vêpres20.

    8De ce point de vue, le contraste avec la Corse est significatif : jusqu’à la fin du xve siècle, où les Génois entreprennent l’édification de Bastia et d’Ajaccio, l’île ne comptait que deux véritables ports : Bonifacio et Calvi. Le commerce de l’île était entièrement entre les mains des Génois, tandis que la présence de marchands étrangers demeurait quasi nulle. Au total, l’influence du commerce sur le développement interne de la Corse paraît presque inexistante jusqu’à l’extrême fin du Moyen Âge. Hormis l’exemple connu du Cap corse, au sein duquel se développe, sous l’influence de seigneurs ligures, une culture viticole à visée commerciale dès la fin du xiiie siècle, le modèle économique dominant semble bien être celui de l’autarcie. Une autarcie agrémentée çà et là par des échanges interrégionaux et une relative ouverture méditerranéenne, mais touchant une élite particulièrement restreinte : bourgeois de Calvi et de Bonifacio, seigneurs et caporaux de l’arrière-pays, soit une dizaine de milliers de personnes au maximum. L’existence d’un corpus de documents notariés permet de bien connaître l’activité portuaire de Bonifacio au Moyen Âge : la ville jouait le rôle de relais commercial entre Gênes, la Corse et la Sardaigne21. L’intégration commerciale de la Corse dans l’espace méditerranéen avait donc un caractère à la fois régional et colonial : le monopole génois y était total.

    9De son côté, la Sardaigne catalane présentait une situation intermédiaire. Si, au xive siècle, Cagliari demeurait une escale du commerce international, la ville jouait avant tout le rôle de port de transit entre l’Espagne et l’Italie22. À partir de 1356, en effet, et de l’exclusion définitive des Pisans, le commerce cagliaritain passa presque entièrement entre les mains des marchands catalans, sans que l’on puisse parler de colonisation commerciale, à la différence de la Corse voisine. Ce relatif déclin du port de Cagliari, par rapport à la période pisane, serait plutôt la conséquence de l’action conjuguée de la crise démographique et de la guerre entre la Couronne d’Aragon et l’Arborea. Outre le fait que la chute démographique engendra une baisse des capacités de production de l’île en sel et en céréales, la guerre priva le port de Cagliari de son aire d’approvisionnement. Alors que les exportations de céréales entre Cagliari et Barcelone diminuaient, elles augmentaient au même moment entre Oristano et Gênes, contribuant ainsi à financer la résistance des Arborea à l’Aragon23. À ce déclin de Cagliari à la fin du Moyen Âge il faut cependant opposer la croissance du port d’Alghero qui, en raison de l’exploitation du corail, devint la principale escale sarde sur la route catalane du Levant24.

    Intégration politique

    10Sicile, Corse et Sardaigne offrent donc trois degrés d’intégration aux échanges méditerranéens : une intégration totale pour la Sicile, véritable carrefour commercial en Méditerranée. Grâce à des capacités de production élevées, un réseau portuaire dense et un encadrement fiscal efficace, le commerce international permet à la Sicile de financer son autonomie politique et de maintenir pendant un siècle le royaume né de la révolte des Vêpres. En Corse, l’intégration se fait dans le cadre d’un commerce régional de type colonial entièrement dominé par Gênes, sans pour autant que cette domination se traduise par un véritable contrôle politique de l’île, sans doute en raison de la faible productivité de cette dernière.

    11La Sardaigne, en revanche, avec son blé, son sel25 et son argent, suscita très tôt l’intérêt de la Couronne, qui espérait à la fois se rembourser de l’investissement nécessaire à sa conquête et en tirer de nouveaux revenus. Nous pouvons d’ailleurs nous demander jusqu’à quel point Jacques II, qui avait été roi de Sicile, n’a pas cru pouvoir introduire en Sardaigne le modèle sicilien d’un commerce international entièrement encadré par l’État26. Il reste que dès le lendemain de la conquête, le poids de la fiscalité aragonaise associé à l’introduction de la féodalité catalane provoque le rejet par les Sardes de cette nouvelle domination27. La force de la résistance sarde, qui se traduit par une véritable « guerre de Cent Ans méditerranéenne », transforme alors la Sardaigne en une sorte de « puits sans fond » pour les finances royales.

    12La révolte des Vêpres, en donnant naissance à la fois au royaume insulaire de Sicile et au royaume de Sardaigne et de Corse, a donc irrémédiablement lié le destin politique des trois îles au bas Moyen Âge. Pour les îles voisines, la principale conséquence des Vêpres siciliennes est la création et l’inféodation par Boniface VIII à Jacques II d’Aragon du Regnum Sardiniae et Corsicae en 1297. Réaffirmant sa suzeraineté sur les îles, le souverain pontife légitimait par cet acte une éventuelle conquête catalane de la Corse et de la Sardaigne. Cette nouvelle conquête était destinée à compenser la perte de la Sicile, que Jacques II s’engageait à restituer aux Angevins en combattant son propre frère, acclamé roi par les Siciliens l’année précédente. En 1302, le traité de Caltabellota réglait définitivement la question sicilienne en reconnaissant l’existence du royaume insulaire, qui allait perdurer jusqu’à son intégration définitive à la Couronne d’Aragon, à la fin du xive siècle. De son côté, le royaume de Sardaigne et de Corse devait rester théorique jusqu’en 1323, date à laquelle la conquête de la Sardaigne par Jacques II lui donna une première réalité28. Cependant, la documentation témoigne qu’avant la conquête, les Sardes et les Corses envoyèrent des ambassades au souverain aragonais afin de le convaincre de prendre possession de son nouveau royaume, ce qui soulève la question de leurs motivations.

    Les îles au bas Moyen Âge : un destin politique commun ?

    L’adhésion des Sardes et des Corses à la conquête catalane dans la première moitié du xive siècle

    13En Sardaigne, le principal partisan de la conquête catalane n’était autre que le juge d’Arborea, Ugone II, dont les héritiers furent dans la seconde moitié du xive siècle les plus fervents opposants à la Couronne29. Depuis les travaux pionniers d’Arrigo Solmi, les historiens sardes se sont beaucoup interrogés sur les raisons de ce revirement. La plupart d’entre eux ont conclu à un malentendu originel : alors qu’Ugone II pensait que la domination des souverains aragonais serait théorique et se limiterait à la perception d’un tribut, ces derniers voulaient dominer réellement le territoire afin d’en retirer de nouveaux profits. Dès lors, il est possible de se demander si, du côté sarde, ce malentendu n’était pas fondé sur une analogie avec la situation sicilienne. On sait à quel point la révolte des Vêpres a frappé le monde méditerranéen. Dans le judicat sarde d’Arborea, la nouvelle du succès des Siciliens contre les Angevins avec le soutien de la Couronne d’Aragon a pu faire naître l’idée d’une alliance possible contre Pise30. Surtout, la naissance du royaume insulaire de Sicile pourrait avoir réveillé les ambitions politiques des juges d’Arborea, seuls des quatre anciens pouvoirs sardes à avoir survécu à l’implantation pisano-génoise dans l’île. L’alliance avec le souverain aragonais a peut-être été perçue par Ugone II comme une occasion unique de restaurer son pouvoir, dans un contexte où la pression pisane menaçait directement son autonomie.

    14En Corse, en revanche, dans un premier temps, l’alliance aragonaise ne visait pas à lutter contre Gênes, dont on a vu que la domination était théorique, mais revêtait plutôt la fonction de légitimer la noblesse insulaire. La première moitié du xive siècle correspond, en effet, dans l’île à une période d’anarchie féodale, née de la crise de succession qui suit la mort du premier comte de Corse, Giudice di Cinarca. Ce dernier, qui était parvenu à créer un État féodal dans l’île, était mort sans héritier légitime31. Ses fils bâtards, ses gendres et ses neveux se disputaient donc sa succession et s’appuyaient successivement sur Gênes et sur l’Aragon pour renforcer leur pouvoir au détriment de leurs rivaux. Le milieu du xive siècle marque donc un tournant pour les deux îles : en Sardaigne, Mariano IV d’Arborea rompt en 1353 avec la politique d’alliance qu’avait initiée son père et soulève l’île contre la Couronne d’Aragon, avec le soutien des Doria du Logudoro et de la commune de Gênes. En Corse, une révolte populaire entraîne le renversement du pouvoir seigneurial et la deditio de l’île à la commune de Gênes. Dès lors, l’histoire des deux îles se trouve étroitement imbriquée : la lutte contre Gênes devient le ciment de l’alliance entre les seigneurs corses et les rois d’Aragon, tandis que la lutte commune contre les « Catalans » engendre une alliance nouvelle entre les Arborea, les Doria et Gênes. Cette imbrication a eu pour conséquence de faire de l’histoire de la Corse et de la Sardaigne aux xive-xve siècles un chapitre secondaire d’une histoire plus méditerranéenne de la lutte entre Gênes et l’Aragon32. Une histoire faite d’une succession d’événements et de personnages qui ont fasciné les érudits locaux depuis le xixe siècle, mais de faible portée structurelle. Or il me semble, et c’est l’un des paris de cette approche comparée des îles, qu’en inversant la perspective et en tentant de reconstituer une « vision des îles », cette simultanéité des révoltes pose la question de l’émergence d’un sentiment national insulaire à la fin du Moyen Âge. En d’autres termes, il s’agit de se demander si le modèle sicilien des Vêpres tel qu’il a été défini par Henri Bresc a pu essaimer dans les îles voisines et jusqu’à quel point.

    Des révoltes nationales ?

    15Si l’histoire des Vêpres, comprise dans un temps long qui va de la révolte proprement dite jusqu’à l’annexion du royaume par Martin l’Humain en 1397, a fait l’objet d’analyses divergentes au sein de l’historiographie sicilienne, la plupart des auteurs s’accordent toutefois à voir dans cette période la formation d’une identité sicilienne qu’exprime notamment l’emploi nouveau du terme « Sicules ». Une identité collective amenée à évoluer au cours des siècles, mais qui se définit à cette époque par l’emploi d’une langue propre qui apparaît de plus en plus fréquemment dans la documentation écrite, par l’attachement à un territoire dont le caractère insulaire a peut-être facilité la prise de conscience précoce, et par le recours à une tradition historique qui remonte aux rois normands33. Ce sentiment identitaire semble avoir été le moteur de la défense de l’autonomie sicilienne pendant tout le xive siècle. Avec l’intégration de l’île aux États de la Couronne au xve siècle, il devient l’instrument principal de la négociation entre le pouvoir central et les élites locales. Ces dernières ne cessent, en effet, d’agiter la menace d’une éventuelle révolte pour obtenir de nouveaux privilèges, notamment l’indigénat des charges34. Ce modèle sicilien paraît éclairant pour étudier la Sardaigne et la Corse, en raison de certains parallélismes des formes mais également des contrastes que la comparaison révèle.

    16Tous les historiens sardes s’accordent sur le fait que les Arborea nourrissaient des ambitions souveraines sur l’ensemble de l’île. Peut-être inspirés par le modèle de leurs voisins siciliens, les Arborea auraient cherché à fonder un royaume sarde autonome. Dans un discours prononcé devant les Cortes afin de les convaincre de financer une nouvelle campagne dans l’île, Pierre IV lui-même accuse Mariano d’Arborea de vouloir être roi de Sardaigne à sa place35. Cette ambition s’appuyait sans doute sur le souvenir ancien des judicats du xe siècle et sur celui, plus récent, de la tentative de Barisone, éphémère roi de Sardaigne au milieu du xiie siècle. Mais elle passait également par la construction d’un nouveau discours visant à édifier une « nation » sarde opposée à la nation « catalane », elle-même en formation. Dans son discours devant les Cortes, Pierre IV reproche précisément à Mariano d’Arborea de se lever « contra nostra naciò » après y avoir été élevé et nourri et dénie toute légitimité à la « nacio sardesca […] que tot temps es estada en servitut ». Or le discours des Arborea eut un certain succès puisque le soutien des populations sardes à leur égard fut unanime et constant36. Un corpus important de documents devrait permettre de reconstituer cette propagande : outre les lettres conservées dans le fonds des Cartas Reales de la chancellerie aragonaise, les archives de la couronne d’Aragon conservent les dix volumes du procès pour lèse-majesté instruit par la Couronne contre les Arborea37. Plusieurs de ces documents ont été publiés par Francesco Casula, notamment une lettre de Brancaleone Doria à Andrea Chiaromonte datée de 139238. Brancaleone y regrette l’absence de pont entre la Sardaigne et la Sicile qui aurait permis une alliance militaire entre les deux hommes et leur victoire définitive contre les « Catalans ». Cette mention paraît éclairante à plusieurs égards : en premier lieu, elle témoigne du sentiment de solidarité que ressent Brancaleone Doria vis-à-vis de la lutte de son voisin palermitain contre l’Aragon ; mais elle révèle également la principale faiblesse du combat des juges sardes : l’absence de flotte, sans laquelle il était impossible de dominer véritablement une île dans la Méditerranée du bas Moyen Âge. L’absence de flotte condamnait donc les juges d’Arborea à mener une guerre de guérilla qui, si elle parvint à réduire l’autorité catalane aux seules villes d’Alghero et de Cagliari, eut des effets désastreux sur l’économie de la Sardaigne. Le fait explique à la fois la longue durée du conflit et la lassitude finale des Sardes dont la documentation aragonaise se fait l’écho.

    17Comme en Sicile, l’exemple de l’Arborea suggère donc l’émergence d’une identité sarde fondée sur l’emploi d’une langue, attestée par la documentation écrite, par l’existence de coutumes juridiques propres – la fameuse carta de logu d’Arborea –, l’attachement à un territoire et à une dynastie. Le xive siècle aurait ainsi vu la tentative de mise en place d’un royaume sarde autonome et son échec définitif. L’enquête devrait permettre à la fois de reconstituer cette histoire des « vaincus » et d’étudier les modalités de l’intégration des élites sardes au nouvel État aragonais, dans une perspective comparatiste avec les modèles sicilien et corse.

    18En Corse, l’ambition des seigneurs cinarchesi était beaucoup plus limitée que celle de leurs voisins d’Arborea et l’on ne peut pas parler, avant l’extrême fin du xve siècle, de tentative d’État seigneurial autonome. À la différence des Arborea, qui disposaient d’une importante fortune, née notamment du commerce avec Gênes, les seigneurs corses n’avaient que de très maigres ressources. Ils étaient donc totalement dépendants de l’aide extérieure, alors que de leur côté les juges d’Arborea, comme ils le soulignaient sans cesse dans leurs échanges diplomatiques, parvenaient à combattre seuls l’Aragon. Cependant, la fragilité des seigneurs cinarchesi n’était pas qu’économique, elle était également politique, en raison de l’existence dans l’île d’un parti populaire qui leur était profondément hostile39. Dès lors, toute la propagande des seigneurs corses semble avoir eu pour but de cimenter une nouvelle alliance avec les chefs populaires, dans ce qui pourrait être une esquisse de construction nationale. Cette alliance reposait en premier lieu sur la restauration de l’institution comtale. En 1372, Arrigo della Rocca, qui était retourné en Corse à la tête d’une troupe aragonaise40, se fit proclamer comte de Corse par les populations de l’île, selon un rituel qu’avait mis en place Giudice di Cinarca au xiiie siècle. Cette acclamation scellait l’alliance entre Arrigo et les chefs politiques du nord de l’île. La référence aux comtes de Corse renvoyait par ailleurs au souvenir mythique de la reconquête carolingienne de l’île et à une unité originelle des chefs corses contre les Sarrasins41. Or, au début du xve siècle, cette tradition mythique s’est enrichie de nouveaux éléments visant à renforcer le parti aragonais dans l’île : une version rapportée par le chroniqueur Giovanni della Grossa affirmait qu’au ixe siècle, les comtes de Barcelone et de Corse avaient combattu côte à côte les Sarrasins dans l’île. Cette légende, dont il faudrait reconstituer les modalités de construction, visait sans doute à unifier les Corses sous la bannière aragonaise, mais, en convoquant le mythe d’une alliance originelle au temps de la « Reconquista », les seigneurs corses se présentaient également comme des alliés de l’Aragon et non de simples vassaux42. Sous la conduite de Vincentello d’Istria43, viceroi de Corse pour les Aragonais, cette propagande eut un certain succès : au début du xve siècle, le comte de Corse parvint, en effet, à réduire le pouvoir génois aux seules villes de Calvi et de Bonifacio dont il faillit s’emparer avec le soutien d’Alphonse le Magnanime en 1420. Malgré l’échec du siège de Bonifacio, Vincentello d’Istria resta maître de la Corse encore une quinzaine d’années avant d’être définitivement vaincu par Gênes. Or, d’après la chronique, l’échec de Vincentello serait en partie lié à la désaffection des Corses à son égard. Une désaffection que le chroniqueur justifie par la politique fiscale du seigneur. Ce dernier avait, en effet, multiplié les impôts pour pouvoir financer une flotte, seul moyen de dominer véritablement l’île. Ne pouvant s’appuyer sur le trafic commercial, entièrement entre les mains des Génois, cette pression fiscale s’exerçait sur un monde paysan déjà exsangue à la suite d’années de guerre. La propagande cinarchese ne serait donc pas parvenue à convaincre les populations de la nécessité de consentir à ces nouveaux efforts. Cet échec pourrait être lié à l’absence d’un véritable entourage intellectuel sur lequel les seigneurs corses auraient pu s’appuyer pour unifier les élites de l’île. À la différence de la Sardaigne voisine, la diffusion de l’écriture en Corse est restée extrêmement marginale jusqu’à la fin du xve siècle44. Il reste qu’au bas Moyen Âge, les Cinarchesi en lutte contre Gênes ont posé le premier jalon d’un processus de construction nationale qui finit par aboutir au milieu du xvie siècle, sous la conduite de Sampiero Corso45. Cette édification puisait en partie sa source dans la reconstruction mythique de la lutte entre chrétiens et musulmans pour la domination de la Méditerranée occidentale au haut Moyen Âge. Or, tant en Corse qu’en Sardaigne, au bas Moyen Âge, ce mythe méditerranéen a nourri des combats politiques et des traditions historiographiques contradictoires, dont les drapeaux des deux îles sont le lointain reflet (fig. 2).

    19Au terme de cette présentation succincte de ce que pourraient être les enjeux d’une histoire de la Méditerranée vue des îles, quelques lignes de force se dégagent, que les enquêtes bibliographiques et archivistiques permettront d’approfondir. La Sicile, parce qu’elle est beaucoup mieux documentée que ses voisines, s’offre comme horizon théorique. À partir de ce modèle sicilien, et en fonction des sources disponibles sur la Corse et la Sardaigne, trois clés de lecture se dessinent : une clé de lecture économique visant à définir le degré de dépendance des îles aux continents et à évaluer ainsi leur capacité de résistance à l’affirmation de dominations allogènes ; une clé de lecture politique visant à décrire les différentes formes de souveraineté élaborées dans les îles, et à éclairer les modalités de leur mise en concurrence au sein de l’espace tyrrhénien ; une clé de lecture socioculturelle visant à reconstruire les spécificités de ces sociétés insulaires situées à la frontière entre espace terrestre et monde maritime.

    Image

    Figure 1. — Carte des distances entre les îles et les continents en Méditerranée occidentale (d’après J. Martinetti, « Quel rôle aujourd’hui pour les grandes îles en Méditerranée ? », loc. cit. n. 2, p. 12).

    Image

    Figure 2. — Corse et Sardaigne dans l’Armorial de Gelre (xve siècle) Bibliothèque royale de Bruxelles, manuscrit 15652-56, fol. 62r.

    Notes de bas de page

    1 P. Horden, N. Purcell, The Corrupting Sea. A Story of the Mediterranean History, Oxford, 2000. La voie avait été ouverte par Fernand Braudel (F. Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, 9e éd., Paris, 1990, vol. 1, p. 177-199). Sur les limites du concept de connectivité pour étudier les îles médiévales, voir H. Bresc, « Îles et “tissus connectifs” de la Méditerranée médiévale », Médiévales, Îles du Moyen Âge, 47 (2004), p. 123-138.

    2 On trouvera une première approche de l’insularité méditerranéenne dans É. Kolodny, « Aspects d’ensemble de l’insularité méditerranéenne », Bulletin de l’association de géographes français, 53 (1975), p. 191-195 et des réflexions stimulantes dans J. Martinetti, « Quel rôle aujourd’hui pour les grandes îles en Méditerranée ? Une géopolitique comparée de l’insularité méditerranéenne », Recompositions géopolitiques en Méditerranée : un défi pour les Mediterranean studies, Cahiers de la Méditerranée, 89 (2014), p. 129-144. Sur l’utilisation de ce concept pour le Moyen Âge, voir les réflexions de J. Hadziiossif, « Aperçu des îles grecques au Moyen Âge », Milieux naturels, espaces sociaux. Études offertes à Robert Delort, éd. É. Mornet, F. Morenzoni, Paris, 1997, p. 661-676.

    3 Exception faite du volume de Médiévales dirigé par Nathalie Bouloux et Antoine Franzini : Îles du Moyen Âge, loc. cit. n. 1.

    4 Cette approche globale ne peut se faire que dans un cadre collectif ; en ce sens nous souhaitons mettre en place un projet de recherche méditerranéen dont la première réalisation a été le colloque « Les îles méditerranéennes au Moyen Âge. Enjeux stratégiques et ressources économiques (viiie-xve siècle » (Bastia, Palais des gouverneurs, 24-25 novembre 2016).

    5 Exception faite de la Sicile : H. Bresc, Un monde méditerranéen. Économie et société en Sicile (1300-1450), Rome/Palerme, 1986 ; S. Epstein, An Island for Itself. Economic Development and Social Change in Late Medieval Sicily, Cambridge, 1992.

    6 À l’exception du fonds des notaires bonifaciens : V. Vitale, Documenti sul castello di Bonifacio nel secolo xiii, Gênes, 1936. Id., Nuovi documenti sul castello di Bonifacio nel secolo xiii , Gênes, 1940 ; S. Origone, Notai genovesi in Corsica Calvi 1370-Bonifacio 1385-86, Gênes, 1979. Le corpus de sources ecclésiastiques est lui aussi particulièrement restreint, voir S. P. Scalfati, La Corse médiévale, Ajaccio, 1994.

    7 . Sur les Vêpres, la bibliographie est immense. Pour une approche synthétique de la question, voir Palerme 1070-1492 : mosaïque de peuples, nation rebelle. La naissance violente de l’identité sicilienne, éd. H. Bresc, G. Bresc-Bautier, Paris, 1993 ; pour une présentation générale du contexte politique, voir V. d’Alessandro, Politica e società nella Sicilia aragonese, Palerme, 1964 ; pour une mise en perspective des Vêpres dans le contexte de l’intégration de la Sicile aux États de la Couronne d’Aragon, voir P. Corrao, Governare un regno. Potere, società e istituzioni in Sicilia fra Trecento et Quattrocento, Naples, 1991, p. 35-200.

    8 F. Casula, La Sardegna aragonese, t. II, La nazione sarda, Sassari, 1990. Cette lecture « nationaliste » de la guerre d’Arborea a été nuancée par M. T. Ferrer i Mallol, « La guerra d’Arborea alla fine del xiv secolo », digital.csic.es, et plus récemment par L. Gallinari, Una dinastia in guerra e un re descurat. I giudici d’Arborea e Giovanni i d’Aragona 1379-1396, Cagliari, 2013.

    9 V. Marchi Van Cauwelaert, La Corse génoise. Saint Georges vainqueur des « tyrans », Paris, 2011.

    10 J.-A. Cancellieri, « Directions de recherche sur la démographie de la Corse médiévale (xiiie-xve) », Strutture familiari, epidemie, migrazioni nell’Italia medievale, éd. R. Comba, G. Piccinni, G. Pinto, Naples, 1984, p. 401-433.

    11 J. Day, « Malthus démenti ? Sous-peuplement chronique et calamités démographiques en Sardaigne au Bas Moyen Âge », Annales ESC, 30 (1975), p. 684-702.

    12 M. Tangheroni, Aspetti del commercio dei cereali nei paesi della Corona d’Aragona, t. I, La Sardegna, Cagliari, 1981.

    13 Id., La città del argento. Iglesias dalle origini alla fine del Medioeveo, Naples, 1985.

    14 La documentation témoigne que les Génois commerçaient à Bougie dès le milieu du xiie siècle : D. Valerian, Bougie port maghrébin (1067-1510), Rome, 2006, p. 86.

    15 La démographie de la Sicile avant la Peste noire est au cœur du débat entre Henri Bresc et Stephen Epstein ; toutefois, leurs estimations sont convergentes pour la période du xve siècle.

    16 D. Coulon, Barcelone et le grand commerce d’Orient au Moyen Âge. Un siècle de relations avec l’Égypte et la Syrie-Palestine (1330-1430), Madrid, 2004.

    17 M. Ouerfelli, Le sucre. Production, commercialisation et usages dans la Méditerranée médiévale, Leyde, 2008.

    18 P. Corrao, « I porti siciliani nel sistema di comunicazione mediterranea : identità urbana e ruolo politico-economico », Villes portuaires de Méditerranée occidentale au Moyen Âge. Îles et continents, Quaderni di Mediterranea. Ricerche storiche 26, éd. J. A. Cancellieri, V. Marchi Van Cauwelaert, Palerme, 2015, p. 185-199.

    19 G. Petralia, « La nuova Sicilia tardomedievale, un commento al libro di Epstein », Revista d’historia medievale, 5 (1994), p. 137-162 ; I. Mineo, « Nazione, periferia, sottosviluppo. La Sicilia medievale di Henri Bresc », Rivista storica italiana, 101 (1989), p. 722-758.

    20 H. Bresc, « 1282. Classes sociales et révolution nationale », La società mediterranea all’epoca del Vespro, XI Congresso de Historia de la Corona d’Aragona, Palerme, 1982, p. 241-257.

    21 J.-A. Cancellieri, Gênes en Corse et en Sardaigne au xiii e siècle, thèse de doctorat, Aix-en-Provence, 1978, 4 vol. ; G. Petto Balbi, Genova e la Corsica nel Trecento, Rome, 1976.

    22 C. Manca, Fonti e orientamenti per la storia economica della Sardegna aragonese, Padoue, 1967.

    23 Gallinari, Una dinastia in guerra…, op. cit. n. 8, p. 106-107.

    24 Coulon, Barcelone et le grand commerce d’Orient…, op. cit. n. 16.

    25 C. Manca, Aspetti dell’espansione economica catalano-aragonese nel Mediterraneo occidentale. Il commercio internazionale del sale, Milan, 1966.

    26 Sur les motivations économiques de la conquête, voir M. Tangheroni, « Il “regnum Sardiniae et Corsicae” nell’espansione mediterranea della Corona d’Aragona. Aspetti economici », La Corona d’Aragona in Italia (sec. xiii-xviii), XIV Congresso di storia della Corona d’Aragona, Cagliari, 1997, vol. 2, p. 49-88.

    27 Si l’on se réfère au modèle sicilien tel qu’il a été défini par Henri Bresc, l’une des principales faiblesses de la domination aragonaise de la Sardaigne pourrait avoir été la non-résidence des féodaux. Le recours à des avoués aurait engendré une multiplication des perceptions, tandis que l’absence des feudataires pourrait avoir empêché un remembrement des terres et une rationalisation de l’exploitation du sol sur le modèle du « latifondo ». Voir C. Crabot, Les feudataires catalans et la Sardaigne (1323-1420) : noblesse et expansion de la Couronne d’Aragon, thèse de doctorat, Paris X Nanterre, 2000.

    28 Sur la conquête de la Sardaigne par Jacques II, voir V. Salavert i Roca, Cerdeña y la expansión mediterránea de la Corona de Aragón, Madrid, 1956, 2 vol. ; A. Arribas Palau, La conquista de Cerdeña por Jaime II de Aragón, Barcelone, 1952.

    29 Tous les échanges de correspondances et d’ambassades entre Ugone II et Jacques II ont été publiés dans R. Conde y Delgado de Molina, Diplomatario aragonés de Ugone II d’Arborea, Raccolta di documenti editi e inediti per la storia della Sardegna 6, Sassari, 2005.

    30 Le récit du soulèvement d’Ugone II d’Arborea contre les Pisans, rapporté par un marchand marseillais, présente des similitudes frappantes avec les Vêpres, Diplomatario aragonés…, op. cit. n. 29, p. 47-48, de même que la présentation messianique de Jacques II par l’archevêque de Santa Giusta, confesseur d’Ugone II, ibid., p. 11.

    31 Cet État féodal semble avoir été constitué sur le modèle du judicat pisan de Gallura dans le contexte de la lutte entre Pise et Gênes pour la domination de la Corse.

    32 Voir G. Meloni, Genova e Aragona all’epoca di Pietro il Cerimonioso, Padoue, 1971-1974.

    33 Sur la construction d’un sentiment national au Moyen Âge, voir les pistes méthodologiques proposées par J.-M. Moeglin, « Nation et nationalisme du Moyen Âge à l’époque moderne (France-Allemagne) », Revue historique, 123/3 (1999), p. 537-554 ; Nation et nations au Moyen Âge. Actes du XLIVe Congrès de la SHMESP, Paris, 2014.

    34 Corrao, op. cit. n. 7.

    35 Ce discours a été analysé dans O. Schena, « Un orazione di Pietro il Cerimonioso contro il giudice Mariano d’Arborea », Sardegna, Mediterraneo e Atlantico tra Medioevo ed Età moderna, studi storici in memoria di Alberto Boscolo, éd. L. d’Arienzo, Rome, 1993, vol. 1, p. 319-335.

    36 Il faut ici faire exception de la révolte de 1386, qui conduisit à l’assassinat du juge Ugone iii et à l’affirmation d’une commune éphémère. Toutefois, la rapidité avec laquelle Eleonora d’Arborea parvint à restaurer son judicat plaide en faveur d’un soulèvement marginal lié à la personnalité d’Ugone III.

    37 ACA, Cancilleria, Processos en volumen, 1-10.

    38 F. Casula, Carte reali diplomatiche di Giovanni I il Cacciatore, re d’Aragona, riguardanti l’Italia, Padoue, 1977, p. 63-65, repris dans O. Schena, S. Tognettio, La Sardegna medievale nel contesto italiano e mediterraneo (secc. xi-xv), Milan, 2011, p. 75.

    39 La révolte populaire qui éclata dans l’île au milieu du xive siècle peut être interprétée comme la première expression d’une identité collective corse. Sur ces événements, voir J.-A. Cancellieri, « Homines et populus Corsice. Précisions sur la “Commune de Corse”, Gênes et la dédition de 1358 », 1388. La dédition de Nice à la Savoie, éd. H. Bresc, Paris, 1990, p. 229-240 ; A. Franzini, « Les révoltes de 1357 en Corse : visite d’un événement politique », Études corses, 56 (2003), p. 29-38.

    40 J.-A. Cancellieri, s. v. « Arrigo della Rocca », Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 37, Rome, 1989.

    41 Id., s. v. « Corse », Dictionnaire des lieux et pays mythiques, éd. O. Battistini, J. D. Poli, Paris, 2011.

    42 L’évolution de la bannière des chefs du parti aragonais est à cet égard significative : alors qu’Arrigo della Rocca avait pour emblème une aigle surmontée des armes aragonaises, son neveu Vincentello substitua à l’aigle l’image du château de Cinarca. Or ce château tirait son nom du personnage légendaire de Cinarco, le comte de Corse qui, avec l’aide du comte de Barcelone, aurait chassé les Sarrasins de l’île. Voir V. Marchi Van Cauwelaert, « Seigneurie contre commune. Recherches sur les fondements idéologiques du parti aragonais en Corse », Mélanges de la casa de Velázquez, 43/1 (2013), p. 231-249.

    43 R. Musso, s. v. « Vincentello d’Istria », Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 62, Rome, 2004.

    44 F. Casula, Breve storia della scrittura in Sardegna : la documentaria nell’epoca aragonese, Cagliari, 1978.

    45 Il est significatif que la naissance de l’historiographie locale accompagne ce mouvement d’édification d’un sentiment national, de la chronique de Giovanni della Grossa jusqu’à celle de Filippini. La thèse en cours de Lucie Arrighi devrait apporter sur ce point de précieux éclaircissements, L. Arrighi, Les relations corso-hispaniques à travers les Histoires de Corse ( xve-xvie siècles) : des enjeux politiques et culturels, sous la direction de Georges Martin, université Paris IV.

    Auteur

    • Vannina Marchi Van Cauwelaert
    Précédent Suivant
    Table des matières

    Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

    Voir plus de livres
    Marquer la ville

    Marquer la ville

    Signes, traces, empreintes du pouvoir (xiiie-xvie siècle)

    Patrick Boucheron et Jean-Philippe Genet (dir.)

    2013

    Marquer la prééminence sociale

    Marquer la prééminence sociale

    Jean-Philippe Genet et E. Igor Mineo (dir.)

    2014

    Église et État, Église ou État ?

    Église et État, Église ou État ?

    Les clercs et la genèse de l’État moderne

    Christine Barralis, Jean-Patrice Boudet, Fabrice Delivré et al. (dir.)

    2014

    La légitimité implicite

    La légitimité implicite

    Jean-Philippe Genet (dir.)

    2015

    La vérité

    La vérité

    Vérité et crédibilité : construire la vérité dans le système de communication de l’Occident (XIIIe-XVIIe siècle)

    Jean-Philippe Genet (dir.)

    2015

    La cité et l’Empereur

    La cité et l’Empereur

    Les Éduens dans l’Empire romain d’après les Panégyriques latins

    Antony Hostein

    2012

    La septième porte

    La septième porte

    Les conflits familiaux dans l’Athènes classique

    Aurélie Damet

    2012

    Transferts culturels et droits dans le monde grec et hellénistique

    Transferts culturels et droits dans le monde grec et hellénistique

    Bernard Legras (dir.)

    2012

    La délinquance matrimoniale

    La délinquance matrimoniale

    Couples en conflit et justice en Aragon (XVe-XVIe siècle)

    Martine Charageat

    2011

    La cité des réseaux

    La cité des réseaux

    Athènes et ses associations, VIe-Ier siècle av. J.-C.

    Paulin Ismard

    2010

    Des sociétés en mouvement. Migrations et mobilité au Moyen Âge

    Des sociétés en mouvement. Migrations et mobilité au Moyen Âge

    XLe Congrès de la SHMESP (Nice, 4-7 juin 2009)

    Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public (dir.)

    2010

    Une histoire provinciale

    Une histoire provinciale

    La Gaule narbonnaise de la fin du IIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle ap. J.-C.

    Michel Christol

    2010

    Voir plus de livres
    1 / 12
    Marquer la ville

    Marquer la ville

    Signes, traces, empreintes du pouvoir (xiiie-xvie siècle)

    Patrick Boucheron et Jean-Philippe Genet (dir.)

    2013

    Marquer la prééminence sociale

    Marquer la prééminence sociale

    Jean-Philippe Genet et E. Igor Mineo (dir.)

    2014

    Église et État, Église ou État ?

    Église et État, Église ou État ?

    Les clercs et la genèse de l’État moderne

    Christine Barralis, Jean-Patrice Boudet, Fabrice Delivré et al. (dir.)

    2014

    La légitimité implicite

    La légitimité implicite

    Jean-Philippe Genet (dir.)

    2015

    La vérité

    La vérité

    Vérité et crédibilité : construire la vérité dans le système de communication de l’Occident (XIIIe-XVIIe siècle)

    Jean-Philippe Genet (dir.)

    2015

    La cité et l’Empereur

    La cité et l’Empereur

    Les Éduens dans l’Empire romain d’après les Panégyriques latins

    Antony Hostein

    2012

    La septième porte

    La septième porte

    Les conflits familiaux dans l’Athènes classique

    Aurélie Damet

    2012

    Transferts culturels et droits dans le monde grec et hellénistique

    Transferts culturels et droits dans le monde grec et hellénistique

    Bernard Legras (dir.)

    2012

    La délinquance matrimoniale

    La délinquance matrimoniale

    Couples en conflit et justice en Aragon (XVe-XVIe siècle)

    Martine Charageat

    2011

    La cité des réseaux

    La cité des réseaux

    Athènes et ses associations, VIe-Ier siècle av. J.-C.

    Paulin Ismard

    2010

    Des sociétés en mouvement. Migrations et mobilité au Moyen Âge

    Des sociétés en mouvement. Migrations et mobilité au Moyen Âge

    XLe Congrès de la SHMESP (Nice, 4-7 juin 2009)

    Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public (dir.)

    2010

    Une histoire provinciale

    Une histoire provinciale

    La Gaule narbonnaise de la fin du IIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle ap. J.-C.

    Michel Christol

    2010

    Accès ouvert

    Accès ouvert freemium

    ePub

    PDF

    PDF du chapitre

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Acheter

    Édition imprimée

    Éditions de la Sorbonne
    • amazon.fr
    • leslibraires.fr
    • placedeslibraires.fr
    • lcdpu.fr
    ePub / PDF

    1 P. Horden, N. Purcell, The Corrupting Sea. A Story of the Mediterranean History, Oxford, 2000. La voie avait été ouverte par Fernand Braudel (F. Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, 9e éd., Paris, 1990, vol. 1, p. 177-199). Sur les limites du concept de connectivité pour étudier les îles médiévales, voir H. Bresc, « Îles et “tissus connectifs” de la Méditerranée médiévale », Médiévales, Îles du Moyen Âge, 47 (2004), p. 123-138.

    2 On trouvera une première approche de l’insularité méditerranéenne dans É. Kolodny, « Aspects d’ensemble de l’insularité méditerranéenne », Bulletin de l’association de géographes français, 53 (1975), p. 191-195 et des réflexions stimulantes dans J. Martinetti, « Quel rôle aujourd’hui pour les grandes îles en Méditerranée ? Une géopolitique comparée de l’insularité méditerranéenne », Recompositions géopolitiques en Méditerranée : un défi pour les Mediterranean studies, Cahiers de la Méditerranée, 89 (2014), p. 129-144. Sur l’utilisation de ce concept pour le Moyen Âge, voir les réflexions de J. Hadziiossif, « Aperçu des îles grecques au Moyen Âge », Milieux naturels, espaces sociaux. Études offertes à Robert Delort, éd. É. Mornet, F. Morenzoni, Paris, 1997, p. 661-676.

    3 Exception faite du volume de Médiévales dirigé par Nathalie Bouloux et Antoine Franzini : Îles du Moyen Âge, loc. cit. n. 1.

    4 Cette approche globale ne peut se faire que dans un cadre collectif ; en ce sens nous souhaitons mettre en place un projet de recherche méditerranéen dont la première réalisation a été le colloque « Les îles méditerranéennes au Moyen Âge. Enjeux stratégiques et ressources économiques (viiie-xve siècle » (Bastia, Palais des gouverneurs, 24-25 novembre 2016).

    5 Exception faite de la Sicile : H. Bresc, Un monde méditerranéen. Économie et société en Sicile (1300-1450), Rome/Palerme, 1986 ; S. Epstein, An Island for Itself. Economic Development and Social Change in Late Medieval Sicily, Cambridge, 1992.

    6 À l’exception du fonds des notaires bonifaciens : V. Vitale, Documenti sul castello di Bonifacio nel secolo xiii, Gênes, 1936. Id., Nuovi documenti sul castello di Bonifacio nel secolo xiii , Gênes, 1940 ; S. Origone, Notai genovesi in Corsica Calvi 1370-Bonifacio 1385-86, Gênes, 1979. Le corpus de sources ecclésiastiques est lui aussi particulièrement restreint, voir S. P. Scalfati, La Corse médiévale, Ajaccio, 1994.

    7 . Sur les Vêpres, la bibliographie est immense. Pour une approche synthétique de la question, voir Palerme 1070-1492 : mosaïque de peuples, nation rebelle. La naissance violente de l’identité sicilienne, éd. H. Bresc, G. Bresc-Bautier, Paris, 1993 ; pour une présentation générale du contexte politique, voir V. d’Alessandro, Politica e società nella Sicilia aragonese, Palerme, 1964 ; pour une mise en perspective des Vêpres dans le contexte de l’intégration de la Sicile aux États de la Couronne d’Aragon, voir P. Corrao, Governare un regno. Potere, società e istituzioni in Sicilia fra Trecento et Quattrocento, Naples, 1991, p. 35-200.

    8 F. Casula, La Sardegna aragonese, t. II, La nazione sarda, Sassari, 1990. Cette lecture « nationaliste » de la guerre d’Arborea a été nuancée par M. T. Ferrer i Mallol, « La guerra d’Arborea alla fine del xiv secolo », digital.csic.es, et plus récemment par L. Gallinari, Una dinastia in guerra e un re descurat. I giudici d’Arborea e Giovanni i d’Aragona 1379-1396, Cagliari, 2013.

    9 V. Marchi Van Cauwelaert, La Corse génoise. Saint Georges vainqueur des « tyrans », Paris, 2011.

    10 J.-A. Cancellieri, « Directions de recherche sur la démographie de la Corse médiévale (xiiie-xve) », Strutture familiari, epidemie, migrazioni nell’Italia medievale, éd. R. Comba, G. Piccinni, G. Pinto, Naples, 1984, p. 401-433.

    11 J. Day, « Malthus démenti ? Sous-peuplement chronique et calamités démographiques en Sardaigne au Bas Moyen Âge », Annales ESC, 30 (1975), p. 684-702.

    12 M. Tangheroni, Aspetti del commercio dei cereali nei paesi della Corona d’Aragona, t. I, La Sardegna, Cagliari, 1981.

    13 Id., La città del argento. Iglesias dalle origini alla fine del Medioeveo, Naples, 1985.

    14 La documentation témoigne que les Génois commerçaient à Bougie dès le milieu du xiie siècle : D. Valerian, Bougie port maghrébin (1067-1510), Rome, 2006, p. 86.

    15 La démographie de la Sicile avant la Peste noire est au cœur du débat entre Henri Bresc et Stephen Epstein ; toutefois, leurs estimations sont convergentes pour la période du xve siècle.

    16 D. Coulon, Barcelone et le grand commerce d’Orient au Moyen Âge. Un siècle de relations avec l’Égypte et la Syrie-Palestine (1330-1430), Madrid, 2004.

    17 M. Ouerfelli, Le sucre. Production, commercialisation et usages dans la Méditerranée médiévale, Leyde, 2008.

    18 P. Corrao, « I porti siciliani nel sistema di comunicazione mediterranea : identità urbana e ruolo politico-economico », Villes portuaires de Méditerranée occidentale au Moyen Âge. Îles et continents, Quaderni di Mediterranea. Ricerche storiche 26, éd. J. A. Cancellieri, V. Marchi Van Cauwelaert, Palerme, 2015, p. 185-199.

    19 G. Petralia, « La nuova Sicilia tardomedievale, un commento al libro di Epstein », Revista d’historia medievale, 5 (1994), p. 137-162 ; I. Mineo, « Nazione, periferia, sottosviluppo. La Sicilia medievale di Henri Bresc », Rivista storica italiana, 101 (1989), p. 722-758.

    20 H. Bresc, « 1282. Classes sociales et révolution nationale », La società mediterranea all’epoca del Vespro, XI Congresso de Historia de la Corona d’Aragona, Palerme, 1982, p. 241-257.

    21 J.-A. Cancellieri, Gênes en Corse et en Sardaigne au xiii e siècle, thèse de doctorat, Aix-en-Provence, 1978, 4 vol. ; G. Petto Balbi, Genova e la Corsica nel Trecento, Rome, 1976.

    22 C. Manca, Fonti e orientamenti per la storia economica della Sardegna aragonese, Padoue, 1967.

    23 Gallinari, Una dinastia in guerra…, op. cit. n. 8, p. 106-107.

    24 Coulon, Barcelone et le grand commerce d’Orient…, op. cit. n. 16.

    25 C. Manca, Aspetti dell’espansione economica catalano-aragonese nel Mediterraneo occidentale. Il commercio internazionale del sale, Milan, 1966.

    26 Sur les motivations économiques de la conquête, voir M. Tangheroni, « Il “regnum Sardiniae et Corsicae” nell’espansione mediterranea della Corona d’Aragona. Aspetti economici », La Corona d’Aragona in Italia (sec. xiii-xviii), XIV Congresso di storia della Corona d’Aragona, Cagliari, 1997, vol. 2, p. 49-88.

    27 Si l’on se réfère au modèle sicilien tel qu’il a été défini par Henri Bresc, l’une des principales faiblesses de la domination aragonaise de la Sardaigne pourrait avoir été la non-résidence des féodaux. Le recours à des avoués aurait engendré une multiplication des perceptions, tandis que l’absence des feudataires pourrait avoir empêché un remembrement des terres et une rationalisation de l’exploitation du sol sur le modèle du « latifondo ». Voir C. Crabot, Les feudataires catalans et la Sardaigne (1323-1420) : noblesse et expansion de la Couronne d’Aragon, thèse de doctorat, Paris X Nanterre, 2000.

    28 Sur la conquête de la Sardaigne par Jacques II, voir V. Salavert i Roca, Cerdeña y la expansión mediterránea de la Corona de Aragón, Madrid, 1956, 2 vol. ; A. Arribas Palau, La conquista de Cerdeña por Jaime II de Aragón, Barcelone, 1952.

    29 Tous les échanges de correspondances et d’ambassades entre Ugone II et Jacques II ont été publiés dans R. Conde y Delgado de Molina, Diplomatario aragonés de Ugone II d’Arborea, Raccolta di documenti editi e inediti per la storia della Sardegna 6, Sassari, 2005.

    30 Le récit du soulèvement d’Ugone II d’Arborea contre les Pisans, rapporté par un marchand marseillais, présente des similitudes frappantes avec les Vêpres, Diplomatario aragonés…, op. cit. n. 29, p. 47-48, de même que la présentation messianique de Jacques II par l’archevêque de Santa Giusta, confesseur d’Ugone II, ibid., p. 11.

    31 Cet État féodal semble avoir été constitué sur le modèle du judicat pisan de Gallura dans le contexte de la lutte entre Pise et Gênes pour la domination de la Corse.

    32 Voir G. Meloni, Genova e Aragona all’epoca di Pietro il Cerimonioso, Padoue, 1971-1974.

    33 Sur la construction d’un sentiment national au Moyen Âge, voir les pistes méthodologiques proposées par J.-M. Moeglin, « Nation et nationalisme du Moyen Âge à l’époque moderne (France-Allemagne) », Revue historique, 123/3 (1999), p. 537-554 ; Nation et nations au Moyen Âge. Actes du XLIVe Congrès de la SHMESP, Paris, 2014.

    34 Corrao, op. cit. n. 7.

    35 Ce discours a été analysé dans O. Schena, « Un orazione di Pietro il Cerimonioso contro il giudice Mariano d’Arborea », Sardegna, Mediterraneo e Atlantico tra Medioevo ed Età moderna, studi storici in memoria di Alberto Boscolo, éd. L. d’Arienzo, Rome, 1993, vol. 1, p. 319-335.

    36 Il faut ici faire exception de la révolte de 1386, qui conduisit à l’assassinat du juge Ugone iii et à l’affirmation d’une commune éphémère. Toutefois, la rapidité avec laquelle Eleonora d’Arborea parvint à restaurer son judicat plaide en faveur d’un soulèvement marginal lié à la personnalité d’Ugone III.

    37 ACA, Cancilleria, Processos en volumen, 1-10.

    38 F. Casula, Carte reali diplomatiche di Giovanni I il Cacciatore, re d’Aragona, riguardanti l’Italia, Padoue, 1977, p. 63-65, repris dans O. Schena, S. Tognettio, La Sardegna medievale nel contesto italiano e mediterraneo (secc. xi-xv), Milan, 2011, p. 75.

    39 La révolte populaire qui éclata dans l’île au milieu du xive siècle peut être interprétée comme la première expression d’une identité collective corse. Sur ces événements, voir J.-A. Cancellieri, « Homines et populus Corsice. Précisions sur la “Commune de Corse”, Gênes et la dédition de 1358 », 1388. La dédition de Nice à la Savoie, éd. H. Bresc, Paris, 1990, p. 229-240 ; A. Franzini, « Les révoltes de 1357 en Corse : visite d’un événement politique », Études corses, 56 (2003), p. 29-38.

    40 J.-A. Cancellieri, s. v. « Arrigo della Rocca », Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 37, Rome, 1989.

    41 Id., s. v. « Corse », Dictionnaire des lieux et pays mythiques, éd. O. Battistini, J. D. Poli, Paris, 2011.

    42 L’évolution de la bannière des chefs du parti aragonais est à cet égard significative : alors qu’Arrigo della Rocca avait pour emblème une aigle surmontée des armes aragonaises, son neveu Vincentello substitua à l’aigle l’image du château de Cinarca. Or ce château tirait son nom du personnage légendaire de Cinarco, le comte de Corse qui, avec l’aide du comte de Barcelone, aurait chassé les Sarrasins de l’île. Voir V. Marchi Van Cauwelaert, « Seigneurie contre commune. Recherches sur les fondements idéologiques du parti aragonais en Corse », Mélanges de la casa de Velázquez, 43/1 (2013), p. 231-249.

    43 R. Musso, s. v. « Vincentello d’Istria », Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 62, Rome, 2004.

    44 F. Casula, Breve storia della scrittura in Sardegna : la documentaria nell’epoca aragonese, Cagliari, 1978.

    45 Il est significatif que la naissance de l’historiographie locale accompagne ce mouvement d’édification d’un sentiment national, de la chronique de Giovanni della Grossa jusqu’à celle de Filippini. La thèse en cours de Lucie Arrighi devrait apporter sur ce point de précieux éclaircissements, L. Arrighi, Les relations corso-hispaniques à travers les Histoires de Corse ( xve-xvie siècles) : des enjeux politiques et culturels, sous la direction de Georges Martin, université Paris IV.

    Histoire monde, jeux d’échelles et espaces connectés

    X Facebook Email

    Histoire monde, jeux d’échelles et espaces connectés

    Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque Acheter ce livre aux formats PDF et ePub

    Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org

    Histoire monde, jeux d’échelles et espaces connectés

    Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.

    Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org

    Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.

    Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.

    La syntaxe de l’email est incorrecte.

    Référence numérique du chapitre

    Format

    Marchi Van Cauwelaert, V. (2017). Pour une histoire de la Méditerranée vue des îles. In Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public (éd.), Histoire monde, jeux d’échelles et espaces connectés (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.24798
    Marchi Van Cauwelaert, Vannina. « Pour une histoire de la Méditerranée vue des îles ». In Histoire monde, jeux d’échelles et espaces connectés, édité par Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2017. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.24798.
    Marchi Van Cauwelaert, Vannina. « Pour une histoire de la Méditerranée vue des îles ». Histoire monde, jeux d’échelles et espaces connectés, édité par Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public, Éditions de la Sorbonne, 2017, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.24798.

    Référence numérique du livre

    Format

    Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public (éd.). (2017). Histoire monde, jeux d’échelles et espaces connectés (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.24759
    Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public, éd. Histoire monde, jeux d’échelles et espaces connectés. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2017. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.24759.
    Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public, éditeur. Histoire monde, jeux d’échelles et espaces connectés. Éditions de la Sorbonne, 2017, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.24759.
    Compatible avec Zotero Zotero

    1 / 3

    Éditions de la Sorbonne

    Éditions de la Sorbonne

    • Mentions légales
    • Plan du site
    • Se connecter

    Suivez-nous

    • Facebook
    • X
    • Flux RSS

    URL : http://editionsdelasorbonne.fr/

    Email : edsorb@univ-paris1.fr

    Adresse :

    212, rue Saint-Jacques

    75005

    Paris

    France

    OpenEdition
    • Candidater à OpenEdition Books
    • Connaître le programme OpenEdition Freemium
    • Commander des livres
    • S’abonner à la lettre d’OpenEdition
    • CGU d’OpenEdition Books
    • Accessibilité : partiellement conforme
    • Données personnelles
    • Gestion des cookies
    • Système de signalement