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Délibération et pouvoir dans la cité grecque

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Françoise Ruzé

Deuxième partie. De quelques cités doriennes

De quelques cités doriennes

Texte intégral

1Rassembler l’étude des quelques cités doriennes qui nous fournissent des informations sur la place de la délibération dans leur vie politique et sociale peut apparaître comme une double gageure : on sait bien, depuis l’étude d’Edouard Will sur Doriens et Ioniens, parue en 1956, que cette distinction n’est ni aussi ancienne ni aussi opératoire qu’on l’avait imaginée. Par ailleurs, ces cités sont presque toujours cataloguées comme des bastions oligarchiques. Or la vérification de ces diverses affirmations réserve quelques surprises : on évoque une société très hiérarchisée s’appuyant sur des dépendants laborieux, mais ceux-ci sont parfois associés aux hommes libres ; on parle de « conseils » mais ceux-ci sont souvent très étroits et de fonction très obscure. Surtout, ces cités se sont manifestées, chacune à leur manière, par la précocité des innovations introduites : législation écrite en Crète, répartition du pouvoir délibératif entre chefs et peuple des hoplites à Sparte, tyrannie contraignant l’oligarchie à battre en retraite à Corinthe, recours aux dépendants pour combler les pertes de citoyens à Argos. Cette capacité d’adaptation nous invite à chercher dans ces cités les éléments qui assureront une pratique délibérative de plus en plus élaborée et contraignante. Certes, nous les retrouverons ailleurs, mais il nous paraît souhaitable de commencer par les examiner là où la vie politique semble avoir été particulièrement dynamique aux temps de l'archaïsme et de nous interroger sur une éventuelle cohérence entre ces cités voisines par la géographie ou par les moeurs. Dans cette optique, le cas d’Argos prend tout son intérêt, à la fois si proche des autres et si sensible à des influences venues d’ailleurs.

© Éditions de la Sorbonne, 1997

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