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Le village médiéval et son environnement

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Laurent Feller
, 
Perrine Mane
, 
Françoise Piponnier

Les habitants et leurs objets

De la houe à la sandale chevaline dans le Japon ancien

Charlotte von Verschuer

Texte intégral

  • 1 Cf. N. Ôkura, Nôgu-benriron, 1822, K. Aoki et al. (éd.), Tsunekawa-shuppansha, 1977.
  • 2 Cf. Ritsuryô, 701 ap. J.-C., art. Roku-ryô 1 et Byaku-ryô 1, 8, 10, 11, M. Inoue et alii. (éd.), I (...)

1« La houe est le premier outil agricole, au Japon comme en Chine ; elle nous accompagne quotidiennement aussi bien dans la culture des cent grains que dans celle des divers légumes ; sans la houe on ne laboure pas de champ ». Cette phrase inaugure le premier chapitre du Traité des outils agricoles (Nôgu-benriron), écrit en 1822 par Ôkura Nagatsune (1768- ?)1. Elle nous semble bien caractériser l'agriculture japonaise, car la houe, et non la charrue, a joué un rôle prédominant dans ce pays durant deux millénaires. À l'époque ancienne, l'importance de la houe était telle qu'elle constituait une partie du traitement de l'aristocratie. En effet, le premier code administratif japonais, publié en 701 ap. J.-C., accordait une récompense semestrielle à tous les nobles de la cour impériale, comprenant des textiles et des fers de houe, le nombre de ces derniers allant de cinq à cent dix suivant le rang du bénéficiaire. À cette époque, la cour a fait livrer des fers de houe en guise d'impôt par la population du pays2.

  • 3 Kodai ni okeru nôgu no hensen, Shizuoka-Ken-Maizô-Bunkazai-Chôsa-Kenkyûjo (éd.), Shizuoka, 1994, a (...)

2Le rapport qui suit donne un aperçu des découvertes d'outils agricoles datés du premier millénaire de notre ère. L'archéologie japonaise a multiplié les découvertes d'outils anciens depuis les années 1960. Plus récemment, et surtout depuis le symposium national sur l'outil agricole, organisé en 1994 par l'Institut du patrimoine culturel du département de Shizuoka, les archéologues consultent aussi les travaux ethnographiques et les ouvrages agronomiques prémodernes, afin de mieux connaître la fonction et le mode d'emploi des outils découverts dans les sites3.

  • 4 Cf. K. Shimaji, T. Itô (éd.), Nihon no iseki shutsudo mokuseihin-sôran, 1988, inventaire des objet (...)
  • 5 Cf. Asahi-Shimbun (éd.), Kodaishi-hakkutsu 1988-1990, dans Asahi-Graph, 1990, p. 52, pour la sépul (...)

3Le patrimoine archéologique en bois se compose, en 1985, de trente-sept mille objets, relevés dans trois cent quatre-vingt un sites du Japon, datés du Néolithique au XVIe siècle. Parmi ces objets, les suivants ont trait à l'agriculture : 771 têtes d'outils de labour, dont plus des deux tiers ont pu être identifiés comme des houes (kuwa), 45 têtes de planches à égaliser ou raclettes (eburi), 112 longs manches d'outils, 122 mortiers (usu) et pilons (kine), 79 masses (yokotsuchi/ kinuta), 24 manches de faucilles (kama), 192 manches de haches (ono), 149 « socques des champs » (tageta et ôashi) et 118 « barquettes des champs » et bacs (tabune/ fune). D'autres découvertes, faites après 1985, comprennent par exemple les quatre mille objets en bois du site de Kakue à Shizuoka, publiés de 1991 à 19944. Pour le fer nous possédons seulement des chiffres épars : deux mille huit cents pièces datées des trois premiers siècles, découvertes jusqu'en 1987 ; deux mille outils agricoles et artisanaux exhumés en 1988 dans la seule tombe de Nishihakayama, du Ve siècle, située près d'Ôsaka ; cinq cent quatre-vingt-six outils agricoles datés du Ville au XIIe siècle, mis au jour dans le département de Chiba jusqu'en 19945.

4Chronologiquement, l'époque de Yayoi (IIIe siècle av.-IIIe siècle ap. J.-C.) est marquée par l'héritage du Néolithique (8000-300 av. J.-C.), c'est-à-dire par la pierre et le bois, utilisés pour le labour et la moisson. Les outils et les armes de fer des premiers siècles de notre ère semblent importés du continent. L'âge du fer est tardif au Japon : après les premières traces de moulage, la forge n'est attestée qu'à partir du Ve siècle ap. J.-C., sous forme de scories et de vestiges de fourneaux. Nous présentons dans la suite chaque type d'outil.

La houe et la bêche6

  • 6 Voir pour cette section : T. Kurosaki, Nôgu [Outils agricoles], dans H. Ishino et al. (éd.), Kofun (...)

5La bêche (suki) se présente sous deux formes : faite d'une seule pièce de bois (Fig. 1 : 35-37), ou à la tête et au manche assemblés (Fig. 1 : 30-34). Les têtes plus petites mesurent environ 20 cm, les plus grandes 30 cm de long. Les outils assemblés connaissent deux types d'emmanchement : soit le manche traverse un collet creusé dans le haut de la tête et forme un angle obtus avec elle (Fig. 1 : 30, 31) ; soit le manche est lié en ligne droite avec des fibres végétales à la tête pourvue de deux trous et d'une languette (Fig. 1 : 34), soit il est encastré et lié à la tête (Fig. 1 : 32-33).

6La houe apparaît plus souvent que la bêche dans les sites, les textes d'archives et la littérature agronomique prémodeme. Ôkura Nagatsune a répertorié, en 1822, une trentaine de formes de houes des différentes régions du Japon, utilisées pour la terre lourde et légère, les champs secs et irrigués, en donnant pour chacune les mesures (Fig. 2). Le Hyakushô-denki (XVIIe siècle) recommande, avant le repiquage des rizières, un labour en profondeur et un deuxième superficiel, avec des houes d'épaisseur et de poids différents.

7Uehara Mahito a établi une typologie, adoptée par la plupart des archéologues, qui distingue quatre types : la houe large, la houe étroite, la houe à dents et la houe horizontale. La houe large hiro-guwa (Fig. 1 : 5-12) est pourvue d'une tête rectangulaire, trapézoïdale ou lobée, avec un tranchant droit ou incurvé, d'une vingtaine de centimètres de large. Une particularité apparaît dans les régions de Kinki et de Sanin, au centre du Japon, au IIe siècle ap. J.-C. : une pièce de bois est fixée au dessus de la tête de houe et forme un angle aigu avec elle (Fig. 1 : 5, 7, 9-12, 15). Ce dispositif protège l'agriculteur contre les éclaboussures de la boue et s’utilise donc en terrain très humide. La houe « anti-boue » se répand dans le pays entier vers les IIIe-IVe siècles de notre ère et disparaît à quelques exceptions près à la fin du IVe siècle. Au XVIIe siècle on fixait, selon le Hyakushô-denki, un « chapeau protecteur » (kuwa-gasa) sur la houe lors de la seconde façon de la rizière.

  • 7 Cf. Y. Takaya, Kome o dô toraeru ka, NHK, 1990, p. 157-159.

8La houe étroite sema-guwa (Fig. 1 : 1-4, 13) ne dépasse pas 10 cm de large au tranchant. On peut se demander si celle au profil incurvé servait aussi pour le désherbage en terrain sec, puisque les outils de sarclage n'apparaissent qu'à l'époque pré-moderne. L'une des houes étroites, à double tranchant (morote-guwa, Fig. 1 : 1), présente une tête plus épaisse et plus lourde que toutes les autres houes. L'archéologue Takaya Yoshikazu pense, à partir de son expérience acquise en Asie du Sud-Est, que la houe à deux tranchants est la seule suffisamment puissante pour labourer la terre et que toutes les autres houes, beaucoup plus légères, servaient pour le désherbage7.

9La houe à dents mata-guwa (Fig. 1 : 17, 18) pouvait compter deux à six dents sur une largeur de 25 à 30 cm. Avec peu de dents, c'est un outil de labour, avec plus de dents et plus large, il ressemble dans certains cas au râteau en bois. Selon le Traité des outils, le râteau (chinarashi) sert pour le hersage après le labour ou après les semailles et permet d'enlever des racines préalablement coupées ; mais d'autres traités agricoles des XVIIe-XVIIIe siècles notent que le râteau sert pour le désherbage. Une forme originale, inconnue du continent chinois, apparaît vers le IIe siècle ap. J.-C. dans le centre-sud du Japon : la tête fendue est surmontée d'une languette en forme de calice végétal (Fig. 1 : 23). Cet outil, comparé par les archéologues japonais à la forme d'une aubergine (nasubi-kei), se répand dans certaines régions du pays au VIe siècle, puis se raréfie à partir du VIIe et disparaît au IXe siècle. Le manche n'est pas passé dans un collet, comme pour toutes les autres houes, mais lié à la languette en formant un angle aigu. Il en existe une version à tête non fendue et au tranchant incurvé (Fig. 1 : 20, 21). La fonctionnalité de cet outil est discutée par les archéologues.

10La houe horizontale yoko-guwa (Fig. 1 : 14-16) est marquée par une tête plus large (25-35 cm) que longue. Cette houe est parfois munie d'une planche anti-boue. Le tranchant est droit, incurvé ou denté, ressemblant dans ce dernier cas à la planche à égaliser eburi, sorte de raclette très large qui servait, du moins au XIXe siècle, à égaliser la terre par exemple après avoir rempli de fumier les raies des champs de blé et de coton.

11L'ethnologie connaît d'autres usages pour cet outil : égaliser la terre après le hersage, étaler les épis de céréales après la moisson afin de les faire sécher, et, dans les cultures sur brûlis, épandre la broussaille incendiée.

  • 8 Cf. note 4 pour le matériau ; Asahi-Shimbun (éd.), Asahi Graph, 3632, déc. 1991, p. 16, 17 et 3549 (...)

12Concernant le matériau, 88 % des têtes de bêche, de houe et de planche à égaliser découvertes jusqu'en 1985 sont faites de chêne Quercus acuta Thunb. (akagashi), un bois très dur, tandis que les manches de ces outils sont taillés pour la moitié dans le même bois, pour le reste dans d'autres chênes ou bois divers. Il y a donc eu sélection du matériau. Les paysans ont pu fabriquer eux-mêmes leurs outils, mais il semble avoir existé des ateliers spécialisés, comme en témoignent les bassins de trempage du bois. Dans le site de Kawamuko (département de Shimane), daté des trois premiers siècles avant notre ère, une dizaine de fosses, aménagées dans le confluent de deux rivières, ont livré des pièces de bois, dont onze têtes de houe et six têtes de bêche encore à la forme carrée, mais déjà pourvues de languettes. On suppose que les anciens faisaient tremper le bois de chêne pour faciliter la fabrication. D'autres fosses de trempage ont été mises au jour dans le site de Nishikawazu à Matsue, dans ce même département de Shimane, sur le site de Kamotsuba, à Gose (département de Nara), et dans celui de Kôseki à Mobara (département de Chiba). Dans ce site, daté de la fin du IIIe siècle ap. J.-C., l'ancien lit d'une rivière a livré plus de six cents objets en bois, la plupart en cours de fabrication8.

13Les fers de houe et de bêche ont connu une forme primitive à partir du Ier ou du IIe siècle de notre ère, constituée par une lame recourbée des deux côtés de leur tête (Fig. 3 : 1, 2, 3). Les lames étaient importées de la péninsule coréenne et ont peut-être été travaillées à froid au Japon. Les premiers fers proviennent de sites d'habitats, puis ils se multiplient dans les tombes à partir du IVe siècle. Ils atteignent leur apogée autour de l'an 500 et disparaissent au milieu du VIe siècle. Mesurant entre 7 et 12 cm de large, certains fers ont pu servir pour des houes étroites, mais la plupart constituait probablement seulement un mobilier funéraire. Le fer est en général abondant dans ces tombes, qui ont donné leur nom à l'« époque des Sépultures » (IVe-VIe siècles). On possède aussi un petit nombre de têtes de houe à dents entièrement en fer, la plus précoce provenant d'une sépulture du site de Shikinzan à Osaka (Fig. 3 : 4), daté du IVe siècle, mais cet objet semble d'origine coréenne.

  • 9 Cf. note 6 ; voir l’iconographie dans K. Shibusawa (éd.), Nihon- jômin-seikatsu-ehiki, 5 vol., Hei (...)

14Au Ve siècle apparaissent les fers en forme de U, faits de deux croissants soudés sur leur pourtour (Fig. 3 : 5-9). La largeur moyenne se situe autour de 15 cm. La forme courbe est de règle, mais certains fers laissent apparaître la forme carrée d'une lame (Fig. 3 : 5). Les tranchants en fer forgé sont très probablement influencés par les modèles coréens. Au Japon, le croissant s'allonge au milieu du tranchant vers le Ville siècle (Fig. 3 : 8, 9). Ces outils ferrés ont soutenu l'agriculture japonaise durant des siècles jusqu'à l'époque moderne. Ceux représentés dans le Traité des outils du XIXe siècle (Fig. 2) sont tous carrés. On connaît également quelques spécimens carrés provenant de sites du centre du Japon datés des XVIe-XVIIe siècles, mais l’iconographie pré-moderne représente le plus souvent le paysan labourant son champ avec une houe au fer incurvé9.

Les instruments de labour tractés10

  • 10 Voir pour cette section : M. Kôno, Nihon- nôkôgu-shi no kisoteki kenkyû, Izumi-shoten, 1994 ; M. Y (...)

15Les charrues et les herses sont plus rares, mais elles existent. En 1993, le bilan des découvertes comprend trois charrues complètes et sept fragments, provenant de huit sites, datés du VIIe au XIIIe siècle. À ces pièces de bois viennent s’ajouter un soc en fonte de fer du IXe siècle, et un soc avec un versoir en fer du site de Kusado Sengen daté du XIVe au XVIe siècle.

16Deux charrues ont été mises au jour en 1993 dans le site de Kajiwara à Kobe (département de Hyôgo), dans une zone datée du milieu du VIIe siècle. Elles comportent chacune un sep horizontal avec versoir, un étançon droit encastré dans le sep, un mancheron courbé à son extrémité, également encastré dans le sep, et un timon incurvé. Ce sont donc des charrues au profil quadrangulaire. Les sites du Japon n'ont pas livré de charrue manche-sep au profil triangulaire, ni curieusement d'araire – à considérer les versoirs ; mais comme le japonais ne connaît qu'un seul mot, karasuki « bêche chinoise », pour désigner la charrue et l'araire, on ne peut pas trancher à défaut de photos. Le coutre et l'avant-train semblent inconnus au Japon.

  • 11 Voir M. Kôno, op. cit. à la note 10, p. 40 ; Shizuoka, op. cit. à la note 3, II, p. 479, III, p. 1 (...)

17Pour la herse en bois, les trouvailles comptent en 1990 vingt-et-une pièces entières ou fragmentées, et six autres, au moins, sont signalées entre cette date et 1994. Elles datent du VIe au XIIe siècle, la plupart étant datables des Ville et IXe siècles. Deux herses découvertes dans le site de Kamitabe, Ôsaka, qui a pu être daté de 735, comportent chacune une traverse. Mesurant l'une 99,5, l'autre 115,5 cm de long, elles sont percées de dix trous carrés dans lesquels sont encastrées les dents. Il subsiste respectivement dix et cinq dents en bois de 32,5 à 38,5 cm de long. Les autres herses comportent sept à onze dents. La herse à une seule traverse semble de règle à l'époque ancienne. Trois herses posent problème : les traverses ne comportent aucune perforation pour fixer les deux barres verticales qui soutiennent le manche horizontal. Par ailleurs, trois sites au moins ont livré des dents de fer, datées des VIIIe-IXe siècles11.

18Le nombre limité d'instruments tractés dans les sites n'est pas a priori à associer avec leur rareté à l'époque ancienne, puisqu'il y avait vraisemblablement recyclage du bois et du fer. Les avis restent d'ailleurs partagés quant au degré de diffusion de ces instruments, mais tous convergent sur le fait de la relative pauvreté de l'élevage. Les Japonais n'ont pas pratiqué d'abattage, ni consommé de viande d'élevage jusqu'au XVIe siècle. À notre avis, le labour tracté était essentiellement réservé aux exploitations nobles et monastiques ; l'entretien d'un animal de trait dépassait probablement les possibilités des exploitations paysannes individuelles. De plus, la parcellisation des terres en petits lots éparpillés dans le paysage rendait malaisé le travail à la charrue ou à la herse tractées. Cela explique aussi le fait que le gouvernement ait patronné plusieurs missions à la fin du XIXe siècle, pour diffuser dans le pays entier la charrue au sep court et l'araire manche-sep développés dans le sud par le département de Fukuoka.

Les outils de moisson12

  • 12 Voir pour cette section : K. Terasawa, Shûkaku to chozô, dans H. Ishino et al. (éd.), op. cit. à l (...)

19Le couteau à moissonner en pierre, caractéristique du Néolithique, perdure jusqu'aux IIIe-IVe siècles de notre ère, en laissant progressivement sa place au couteau en fer à Kyûshû dans le sud du pays (Fig. 4 : 26-30) et au couteau en bois taillé dans le centre du pays. L'usage éventuel de bambou et de coquilles est difficile à vérifier. Le couteau en fer remonte ensuite jusqu'au centre-nord du pays (Gumma) ; il se raréfie au Ve siècle et disparaît au début du VIe siècle. On peut identifier deux formes : une lame de fer repliée aux extrémités, et une demi-lune percée de deux trous assez rapprochés permettant de passer une ficelle. Une troisième forme a été livrée par les sites du Ville au Xe siècle : le couteau de fer en forme de demi-lune avec deux trous aux extrémités, destinés peut-être à fixer une garde en bois.

20La faucille forgée apparaît dans le sud du pays au IIe siècle ap. J.-C., près de Fukuoka à Kyûshû, mais ne se répand dans cette région qu'à partir du IIIe siècle, puis remonte petit à petit vers le centre du pays. Les premières faucilles sont vraisemblablement d'origine coréenne. D'ailleurs bien des influences continentales ont pénétré au Japon par l'île de Kyûshû, située à 200 kilomètres du sud de la Corée.

21L'archéologue Terasawa Kaoru a classé les outils de moisson des IVe au Ville siècle en trois catégories et a essayé d'identifier leur fonction en se référant à l'agronomie moderne. Ne connaissant pas la longueur du manche, nous sommes confrontés au choix du terme français, puisque le japonais désigne les faucilles et les faux par le seul terme de kama ; mais la taille des lames et l’absence d’inclinaison par rapport au manche font penser qu’il s’agit plutôt de faucilles. Les catégories de Terasawa sont les suivantes :

  • les petites faucilles à récolter les céréales au niveau de l'épi, avec une lame de 8 à 10 cm de long sur moins de 2 cm de large (Fig. 4 : 1-9) ;
  • les faucilles moyennes avec une lame de 10 à 16 cm de long sur 2 à 3 de large, servant à moissonner les céréales au bas de la tige, peut-être aussi à déchaumer et à couper les mauvaises herbes : cette catégorie est la plus nombreuse sur nos sites (Fig. 4 : 10-17) ;
  • les grandes faucilles dépassant 17 cm sur plus de 3 cm de large, à la lame épaisse, sont utilisées vraisemblablement pour recueillir des végétaux dans les sous-bois (Fig. 4 : 19-25).

22Toutes ces lames sont droites ou incurvées. Il n'y a pas de tranchants dentelés. L'extrémité large était passée par une ouverture du manche, repliée sur lui-même et liée avec des fibres végétales. La lame à soie ainsi que la lame à languette passée par le manche puis recourbée font leur apparition vers le XIIIe-XIVe siècle. La faucille ne disparaîtra plus jusqu'au XXe siècle, mais elle coexiste avec le couteau à moissonner entre le VIIe et le XIe siècle, ce qui pose le problème de la hauteur de la coupe. Certains historiens pensent que les coupes haute et basse coexistaient jusqu'au XIe siècle, mais peut-être convient-il de distinguer le riz des autres céréales. Après le XIIIe siècle, l'iconographie montre le paysan qui coupe le riz avec une faucille au niveau du tiers inférieur des tiges.

Après la moisson13

  • 13 Voir pour cette section : S. Gôda, Nôgu no hense, dans Kikan-kôkogaku, 37, nov. 1991, p. 53-58 ; e (...)

23En cas de coupe basse, l'égrenage des céréales se faisait peut-être par percussion des javelles de tiges sur le sol ou chaubage, mais aussi par battage avec un bâton. L'usage du fléau ou encore de deux bambous articulés entre lesquels sont passés les épis n'a pas encore pu être daté. En cas de coupe haute, l'égrenage des épis, le décorticage des grains et le blanchissage du riz se faisaient, semble-t-il, en une seule opération par pilage au mortier.

24Il subsiste, en 1991, une bonne centaine de pilons entiers ou fragmentés, dont plusieurs datent du Néolithique. Ce sont des pilons verticaux de un à deux mètres de long, faits d'une forte branche et taillés à leurs deux bouts et au milieu. Des pilons plus courts apparaissent au IIIe siècle ap. J.-C. On a aussi trouvé des sortes de marteaux à piler dans des sites du Kyûshû, au sud du pays, datés du IIIe siècle, faits d'une branche coudée dont une partie, taillée en son bout, sert de tête de marteau, l’autre partie de manche ; puis le marteau à piler avec manche perpendiculaire apparaît pour la première fois dans le site de Kusado Sengen, daté du XIVe au XVIe siècle. En revanche, le pilon à levier, au manche perpendiculaire, actionné avec les pieds, est attesté à partir du IXe siècle. Plus tard, le pilon à levier actionné par la roue hydraulique soutient les grandes exploitations, puisqu'elles produisaient du riz pilé et non des farines céréalières. Par ailleurs, les masses, assez nombreuses, datées entre le IIe siècle av. J.-C. et le Xe siècle ap. J.-C., servaient vraisemblablement à l'écossage des haricots et au battage de la paille.

25On a mis au jour, jusqu'en 1991, une bonne quarantaine de mortiers, dont les plus anciens datent du IIIe siècle av. J.-C. Ce sont des troncs évidés mesurant en moyenne 50 cm de diamètre pour 50 cm de haut. On a découvert dans le site d'Ikegami à Osaka quinze mortiers plus petits, de 20 cm, datés des premiers siècles av. et ap. J.-C., tous faits de bois de camphrier (kusunoki, Cinnamomum camphora Sieb.). Les autres mortiers sont faits de bois variés, mais le chêne akagashi prévaut pour les pilons.

26Il subsiste même quelques vans, dont deux du IIIe siècle av. J.-C., les autres datent du IVe au VIIe siècle. Un van du VIIe siècle, provenant du site d'Anoo à Shiga, mesure 83 sur 65,5 cm.

D'autres outils14

  • 14 Voir T. Kinoshita, op. cit. à la note 12, p. 94-128, 210-214 ; S. Gôda, op. cit. à la note 13 ; Sh (...)

27Les fouilles nous ont livré des « socques des champs » (tageta) faites de planchettes, mesurant environ 40 cm sur 15 à 20 cm, percées de trois ou quatre trous destinés à fixer les cordons qui tiennent le pied (Fig. 5 : 2,4-8). Selon les ethnologues, ces planchettes servaient à marcher dans les champs très humides pour éviter de s’enfoncer dans la boue, lors des semailles, du sarclage et de la moisson, et les archéologues classent donc les socques parmi les outils de moisson. Le Traité des outils de 1822 note aussi des socques pour la neige. Les quatre-vingt-douze socques découvertes jusqu'en 1985 datent du IIIe au IXe siècle. La majorité provient du site de Yamaki, situé à Shizuoka, et daté du IIIe siècle. Dans ce site, elles sont toutes en cryptomère (sugi, Cryptomeria japonica D. Don). Les socques des champs n'ont probablement pas disparu après le IXe siècle.

28Les « grandes socques » (ôashi) forment une catégorie à part. L'archéologue et ethnologue Kinoshita Tadashi en a relevé quarante-six dans le site de Yamaki, également en cryptomère, mesurant 43,5 à 80 cm de long pour 8,5 à 13,6 cm de large ; elles sont pourvues de trois trous de cordons (Fig. 5 : 1, 3). Ces planchettes sont fixées sur un cadre ou un treillage auxquels sont attachées des cordes que l'utilisateur tient dans les mains en marchant (Fig. 6). Cinquante-sept autres grandes socques ont été mises au jour dans d'autres sites datés du IIIe au XIe siècle. Le traité agricole Seikeizusetsu du début du XIXe siècle montre l'image d'un paysan qui enfonce l'engrais végétal par piétinement avec ces grandes socques. Selon Kinoshita, cet usage ne remonte qu'aux XIIIe-XIVe siècles. Avant, on aurait utilisé les grandes socques pour égaliser la terre.

29Le site de Yamaki nous a, en outre, livré vingt-deux « barquettes des champs » (tabune). L'appellation de tabune recouvre deux sortes de récipients faits tous les deux d'un tronc évidé en longueur : les bacs ovales (fune), et les barquettes dont la forme rappelle les pirogues (maruki-bune) du Néolithique. Les barquettes sont, les unes pourvues de trous à leurs extrémités qui permettaient de passer des cordes, les autres munies de poignées. Elles mesurent en moyenne un mètre de long pour 20 à 40 cm de large et 10 à 15 cm de haut. Celles découvertes en dehors de Yamaki datent du début de notre ère au VIe siècle. Au XIXe siècle, le Traité des outils évoque les barquettes qui flottent dans les rizières et sont chargées du riz coupé ; d'autres sont tramées sur une piste faite de troncs de bambou dans les champs en cours d'aménagement, pour transporter la terre. Selon Kinoshita, les barquettes des champs servaient alors en outre à transporter l'engrais végétal, les plants destinés au repiquage et le riz récolté. Mais l'iconographie agraire du XVIIIe siècle représente le transport des plants dans deux corbeilles et celui du riz récolté en bottes ficelées, portées sur une perche en équilibre sur l'épaule.

30Ce tour d'horizon de l'archéologie japonaise de l'outillage nous a permis de soulever certaines questions qui peuvent éventuellement être élucidées par la comparaison avec l'Europe, concernant la fonction de la houe, le manche de la herse, la coexistence de la faucille et du couteau de moissonneur, etc. En outre, on a pu noter certaines particularités. L'abondance des vestiges de bois s'explique par l'humidité du sol du Japon, pays dont les précipitations annuelles sont de 2000 mm, soit le double de la moyenne mondiale. Certains outils, rares ou inexistants en Europe, comme le dispositif anti-boue de la houe et les socques, sont propres à la riziculture. On est par ailleurs frappé par la tradition différente de l'élevage et du labour tracté. Au terme de ce rapport, nous évoquerons un autre détail en relation avec l'élevage. Le fer à cheval, qui abonde dans les sites de l'Europe, est absent de ceux du Japon. Il était en effet inconnu de ce pays jusqu'à son introduction, en provenance de Hollande, en 1729, par le gouvernement japonais. Même après cette date, les Japonais ont continué à protéger les sabots de leurs chevaux avec des sandales de paille (Fig. 7 et 8).

Fig. 1. Typologie des houes et des bêches, IIIe av.-Ve ap. J.-C., région de Kinki, centre du Japon ; d'après M. UEHARA, Inasaku no dôgu to matsuri, dans Kikan-kôkogaku, 37, nov. 1991, p. 48.

Fig. 2. Huit houes ferrées, d'après N. ÔKURA, Nôgu-benriron (Traités des outils agricoles), 1822, TSUNEKAWA (éd.). De gauche à droite et de haut en bas, les régions sont : Yamato (Nara), Kishû Wakayama, Harima Mikazuki (Tottori), Bingo (Hiroshima), Shimôsa (Chiba-Ibaragi), Harima Akaishi (Hyôgo).

Fig. 3. Fers de houe et de bêche. 1 et 4 : Shikinzan, Ôsaka, IVe siècle ; 2 : Hyôka, Nara ; 3 : Ariyama, Ôsaka ; 5 : Nonaka, Ôsaka ; 6 : Miyayama, Hyôgo ; 7 : Katae ; 8 : Funada, Tokyo. Tous ces fers datent du IVe au VIe siècle. 9 : Hachiyo Murakami, Chiba, Ville siècle. Cf. T. KUROSAKI (cf. note 6). p. 79.

Fig. 4. Typologie des outils de moisson, d’après K. TERASAWA (no 12), p. 53 ; IVe-VIIIe siècle, sites de toutes les régions.

Fig. 5. Socques. 1 et 3 : grandes socques, Fusaike et Yamaki. Six socques des champs : 2 : Fusaike ; 4 : Yamaki ; 5,6 : Toro ; 7,8 : Utô Kuchinashi. Tous ces sites datent du IIIe siècle et sont situés à Shizuoka. Cf. Y. KURAKU, Suiden no kôkogaku, Tôkyo-daigaku, 1991, p. 108.

Fig. 6. Grandes socques des champs, Tomoi-higashi, Ôsaka, IIIe siècle. Cf. T. KINOSEITA (voir note 12), p. 128.

Fig. 7. Sandale chevaline, XXe siècle, Kôfu ; cf. K. MIYAZAKI, Wara I (La paille), Hôsei-daigaku, 1985, p. 104.

Fig. 8. Hiroshige I et II, Yotsuya Naitô Shinjuku [Route près de la résidence de Naitô], vers 1858, estampe, scène no 86 des Cent paysages d’Edo [Edo meishhyakkei].

Notes

1 Cf. N. Ôkura, Nôgu-benriron, 1822, K. Aoki et al. (éd.), Tsunekawa-shuppansha, 1977.

2 Cf. Ritsuryô, 701 ap. J.-C., art. Roku-ryô 1 et Byaku-ryô 1, 8, 10, 11, M. Inoue et alii. (éd.), Iwanami, 1976.

3 Kodai ni okeru nôgu no hensen, Shizuoka-Ken-Maizô-Bunkazai-Chôsa-Kenkyûjo (éd.), Shizuoka, 1994, actes de colloque, I : communications, vol. H et ΙΠ (612 et 750 pages) : bilans archéologiques de vingt-trois départements du Japon. La revue Nihon no bijutsu, 357, février 1996, a consacré un numéro spécial à l'archéologie de l'outil (Kodai no nôgu). Les traités prémodemes les plus cités sont le Nôgu-benriron, op. cit. à la note 1 ; M. Tsuchiya, Kôka-shunjû [Travaux agricoles du printemps à l'automne], 1707 ; Nogyô-zue, 1717, calendrier agricole enluminé du même auteur ; Hyakushô-denki [Traditions de paysans], anonyme, XVIIe siècle, avec un chapitre sur les outils ; tous dans la collection Nihon-Nôshozenshû, IV, p. 71 et 16-17.

4 Cf. K. Shimaji, T. Itô (éd.), Nihon no iseki shutsudo mokuseihin-sôran, 1988, inventaire des objets en bois découverts jusqu'en 1985 ; cf. Shizuoka..., op. cit. à la note 3, IIΙ, p. 353 pour le site de Kakue. Voir aussi C. von Verschuer, L'habitat rural du Japon ancien, dans Archéologie médiévale, XXIII, 1993.

5 Cf. Asahi-Shimbun (éd.), Kodaishi-hakkutsu 1988-1990, dans Asahi-Graph, 1990, p. 52, pour la sépulture ; Shizuoka, op. cit. à la note 3, Π, p. 475-479 pour Chiba.

6 Voir pour cette section : T. Kurosaki, Nôgu [Outils agricoles], dans H. Ishino et al. (éd.), Kofun-jidai no kenkyû, IV, Yûzankaku, 1991, p. 69-88 ; M. Uehara, Nishi-nihon no nôgu no hensen, dans Shizuoka..., op. cit. à la note 3,1, p. 1-10 ; K. Matsui, Tetsu-nôgu no hensen, dans Shizuoka..., op. cit. à la note 3,1, p. 49-60.

7 Cf. Y. Takaya, Kome o dô toraeru ka, NHK, 1990, p. 157-159.

8 Cf. note 4 pour le matériau ; Asahi-Shimbun (éd.), Asahi Graph, 3632, déc. 1991, p. 16, 17 et 3549, juillet 1990, p. 18 ; Asahi Graph, 1990, p. 200, pour les fosses de trempage.

9 Cf. note 6 ; voir l’iconographie dans K. Shibusawa (éd.), Nihon- jômin-seikatsu-ehiki, 5 vol., Heibonsha, 1984.

10 Voir pour cette section : M. Kôno, Nihon- nôkôgu-shi no kisoteki kenkyû, Izumi-shoten, 1994 ; M. Yamada, Inasaku-gijutsu, dans H. Ishino et al. (éd.), op. cit. à la note 6, p. 36-50 ; pour le site de Kajiwara, voir Kajiwara-Iseki-Hakkutsu-Chosadan (éd.), Kajiwaraiseki B-chiku-shutsudo no karasuki, Hyôgo-kôkogaku-kenkyûkai, 1993 ; pour le site de Kusado Sengen, voir Hiroshima-Kenritsu-Rekishihakubutsukan (éd.), Hiroshima-kenritsu-rekishi-hakubutsukan tenji-annai, 1989, p. 77. Les seps des charrues de Kajiwara mesurent 19 et 24,5 cm de large ; seraient-ils plutôt des dentaux ?

11 Voir M. Kôno, op. cit. à la note 10, p. 40 ; Shizuoka, op. cit. à la note 3, II, p. 479, III, p. 14, 157, 363,42, 530.

12 Voir pour cette section : K. Terasawa, Shûkaku to chozô, dans H. Ishino et al. (éd.), op. cit. à la note 6, p. 50-68 ; cf. M. Uehara, op. cit. à la note 6, pour les types d'emmanchement. Voir des lames à soie et à languette dans T. Kinoshita, Nihon nôkô no gijutsu to kigen. Yûzankaku, 1985, p. 92 et Hiroshima-Kenritsu-Rekishihakubutsukan (éd), op. cit. à la note 10, p. 77. Pour l'iconographie, cf. notes 3 et 9.

13 Voir pour cette section : S. Gôda, Nôgu no hense, dans Kikan-kôkogaku, 37, nov. 1991, p. 53-58 ; et K. Shimaji, T. Itô (éd.), op. cit. à la note 4, p. 52-54, 126-128. Voir Hiroshima-Kenritsu-Rekishihakubutsukan (éd.), op. cit. à la note 10, p. 71, 78, pour les marteaux à piler.

14 Voir T. Kinoshita, op. cit. à la note 12, p. 94-128, 210-214 ; S. Gôda, op. cit. à la note 13 ; Shizuoka (op. cit. à la note 3, ΙII, p. 479482) date le site de Yamaki plutôt du IVe siècle, et corrige les chiffres donnés par Kinoshita, en notant 29 socques des champs et 269 grandes socques. Voir note 3 pour l'iconographie.

Table des illustrations

Légende Fig. 1. Typologie des houes et des bêches, IIIe av.-Ve ap. J.-C., région de Kinki, centre du Japon ; d'après M. UEHARA, Inasaku no dôgu to matsuri, dans Kikan-kôkogaku, 37, nov. 1991, p. 48.
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Légende Fig. 2. Huit houes ferrées, d'après N. ÔKURA, Nôgu-benriron (Traités des outils agricoles), 1822, TSUNEKAWA (éd.). De gauche à droite et de haut en bas, les régions sont : Yamato (Nara), Kishû Wakayama, Harima Mikazuki (Tottori), Bingo (Hiroshima), Shimôsa (Chiba-Ibaragi), Harima Akaishi (Hyôgo).
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Légende Fig. 3. Fers de houe et de bêche. 1 et 4 : Shikinzan, Ôsaka, IVe siècle ; 2 : Hyôka, Nara ; 3 : Ariyama, Ôsaka ; 5 : Nonaka, Ôsaka ; 6 : Miyayama, Hyôgo ; 7 : Katae ; 8 : Funada, Tokyo. Tous ces fers datent du IVe au VIe siècle. 9 : Hachiyo Murakami, Chiba, Ville siècle. Cf. T. KUROSAKI (cf. note 6). p. 79.
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Légende Fig. 4. Typologie des outils de moisson, d’après K. TERASAWA (no 12), p. 53 ; IVe-VIIIe siècle, sites de toutes les régions.
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Légende Fig. 5. Socques. 1 et 3 : grandes socques, Fusaike et Yamaki. Six socques des champs : 2 : Fusaike ; 4 : Yamaki ; 5,6 : Toro ; 7,8 : Utô Kuchinashi. Tous ces sites datent du IIIe siècle et sont situés à Shizuoka. Cf. Y. KURAKU, Suiden no kôkogaku, Tôkyo-daigaku, 1991, p. 108.
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Légende Fig. 6. Grandes socques des champs, Tomoi-higashi, Ôsaka, IIIe siècle. Cf. T. KINOSEITA (voir note 12), p. 128.
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Légende Fig. 7. Sandale chevaline, XXe siècle, Kôfu ; cf. K. MIYAZAKI, Wara I (La paille), Hôsei-daigaku, 1985, p. 104.
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Légende Fig. 8. Hiroshige I et II, Yotsuya Naitô Shinjuku [Route près de la résidence de Naitô], vers 1858, estampe, scène no 86 des Cent paysages d’Edo [Edo meishhyakkei].
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Auteur

EPHE IVe section, Paris

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