Les saints ermites et moines dans la peinture murale byzantine
|Deuxième Partie. Les cycles des vies des saints ermites et moines
Avant-propos
Texte intégral
- 1 D’après l’ekphrasis d’Astérius d’Amasée (éd. Halkin, Euphémie de Chalcédoine, p. 5-8). Pour les au (...)
- 2 Grüneisen (de), Sainte-Marie Antique, p. 122-133, pl. IC.XXXIV (fig. 96), et Wilpert, Römischen Mo (...)
- 3 Pour les cycles hagiographiques dans la peinture murale du début jusqu’au xiie siècle, avec la bib (...)
- 4 Lafontaine, Peintures médiévales, p. 77-79, et Trimarchi, Per una revisione, p. 671.
- 5 Cf. infra, n. 75.
- 6 Cf. infra, n. 48 et 62.
1La tradition du cycle hagiographique remonte, d’après les témoignages écrits (Passion de sainte Euphémie dans son martyrium à Chalcédoine)1, au ive siècle, mais le plus ancien exemple conservé d’une certaine importance serait celui du martyre de Cyr et Julitte dans la chapelle sous leur vocable à Santa Maria Antiqua, à Rome, daté de 741-7522. En ce qui concerne l’Orient, en dehors des mentions écrites (deux miracles de Démétrius, du viie siècle, dans son église à Thessalonique), les témoignages précis nous manquent pour la période du viie au xe siècle3. Ce n’est qu’à la fin du ixe et au xe siècle que ce type d’illustrations, consacrées, pour la première fois, aux saints solitaires, s’étend sur un territoire plus vaste (Rome, Cappadoce, Géorgie). Ainsi apparaissent presque simultanément les épisodes de la vie de Marie l’Égyptienne à Rome dans le temple dit de la Fortune Virile en 872-8824, les scènes consacrées à Syméon Stylite à Zelve (Cappadoce) au début du xe siècle5, ainsi que les illustrations de la vie de David Garedželi à Udabno (complexe monastique de David Garedža en Géorgie), au plus tard vers 9836.
- 7 Cf. supra, Deuxième partie, n. 3.
- 8 Abramišvili, Cycle of David, p. 103-106.
- 9 Tomeković, Cycles hagiographiques, p. 1, n. 1-2.
- 10 Cf. infra, n. 138-139.
- 11 Djurić, Istorijske kompozicije, p. 99-127.
- 12 Ibid., p. 121-148.
2Les cycles hagiographiques se font plus nombreux à partir du xie et surtout au xiie siècle7, mais les illustrations dédiées aux saints ermites et moines restent relativement rares : la vie de David Garedželi peinte au xie siècle à l’église de Mocameta8, toujours dans le complexe monastique de David Garedža, et quatre tableaux représentant la rencontre de saint Antoine et saint Paul de Thèbes à Sant’ Angelo in Formis (fin xiie siècle)9. À cette première période appartient également le cycle d’Antoine dans l’atrium de Santa Maria Antiqua à Rome, malheureusement daté du xe au xiiie siècle10. Enfin, au xiiie siècle, apparaissent le cycle de Siméon Nemanja peint, la première fois, dans l’église de la Vierge à Studenica en 1233-1234 et, ensuite, à Sopoćani vers 1265, dans la chapelle sud, à côté du narthex11, et l’illustration de la mort et de la translation des reliques de Sava le Serbe à Gradac, vers 127512.
- 13 Cf. infra, n. 197.
- 14 Cf. infra, n. 222-225.
- 15 Selon Praškov, Hrel’ovata kula, p. 50-55. Piguet-Panayotova (Chapelle, p. 363-384) croit qu’il s’a (...)
- 16 Vassiliev, Ivanovskite stenopisi, p. 25-41.
- 17 Tomeković, Hagiographie peinte, p. 41-43.
- 18 Okunev, Gradja, p. 106.
- 19 Tomeković, Cycle inédit, p. 445-463.
- 20 Selon la communication de Sreten Petković présentée au IVe colloque organisé par l’Institut des ét (...)
3Une autre étape sera celle du xive siècle, où ce type d’illustrations se multiplie. La vie d’Euthyme figure dans la chapelle qui porte son nom à Saint-Démétrius de Thessalonique (1303)13, celle de Gérasime à Saint-Nicolas Orphanos de la même ville (1314-1317)14. Le cycle peint dans la chapelle de la tour de Chreljo, en 1334-1335, semble être dédié à Jean de Rila15. Des scènes de la vie de Gérasime ont été ensuite représentées à Ivanovo (vers 1360)16. Trois scènes consacrées à la vie de Pélagie la Pénitente font partie du décor d’Apano Vianos en Crète (1360)17. Des épisodes de la vie d’Antoine ont été illustrés à Mateić (1356-1360)18 et à Soughia en Crète (fin du xive siècle)19. Enfin, dans le narthex de Jošanica, on a figuré (fin xive-début xve siècle) des scènes de la vie de divers ascètes20.
- 21 Cf. infra, p. 210-212, 214.
4Des scènes de la vie de saints ermites et moines ont encore été peintes, en tableaux isolés, dans certaines églises, où elles sont subordonnées à différents thèmes. Citons quelques exemples : la rencontre d’Onouphrios et de Paphnoutios à Veljusa (1167-1170), la dormition de Paul de Latros dans son ermitage (xiie siècle), Lucien en train de traire les biches à Bertubani (1212-1213), la rencontre d’Antoine et de Paul de Thèbes à Tirnovo (1230), la dormition de Gabriel à Lesnovo, etc. Nous en reparlerons dans la partie consacrée au contexte dans lequel figure l’illustration de la vie de cette catégorie de saints21.
Notes
1 D’après l’ekphrasis d’Astérius d’Amasée (éd. Halkin, Euphémie de Chalcédoine, p. 5-8). Pour les autres exemples connus d’après les sources ou dans d’autres techniques, voir Tomeković, Répercussions, p. 40, avec la bibliographie antérieure.
2 Grüneisen (de), Sainte-Marie Antique, p. 122-133, pl. IC.XXXIV (fig. 96), et Wilpert, Römischen Mosaiken, pl. 166/1, 186-187.
3 Pour les cycles hagiographiques dans la peinture murale du début jusqu’au xiie siècle, avec la bibliographie, voir Tomeković, Répercussions, p. 40-41 ; Ead, « Maniérisme », p. 278-283 ; *surtout Ead., Illustration. Les plus anciennes représentations dans les enluminures datent du ixe siècle. Voir aussi, pour l’histoire de Marie à Saint-Démétrius de Thessalonique, Cormack, Writing in Gold, p. 87-89, fig. 27-29.
4 Lafontaine, Peintures médiévales, p. 77-79, et Trimarchi, Per una revisione, p. 671.
5 Cf. infra, n. 75.
6 Cf. infra, n. 48 et 62.
7 Cf. supra, Deuxième partie, n. 3.
8 Abramišvili, Cycle of David, p. 103-106.
9 Tomeković, Cycles hagiographiques, p. 1, n. 1-2.
10 Cf. infra, n. 138-139.
11 Djurić, Istorijske kompozicije, p. 99-127.
12 Ibid., p. 121-148.
13 Cf. infra, n. 197.
14 Cf. infra, n. 222-225.
15 Selon Praškov, Hrel’ovata kula, p. 50-55. Piguet-Panayotova (Chapelle, p. 363-384) croit qu’il s’agit de l’illustration des Psaumes de David 148-158.
16 Vassiliev, Ivanovskite stenopisi, p. 25-41.
17 Tomeković, Hagiographie peinte, p. 41-43.
18 Okunev, Gradja, p. 106.
19 Tomeković, Cycle inédit, p. 445-463.
20 Selon la communication de Sreten Petković présentée au IVe colloque organisé par l’Institut des études balkaniques (Belgrade-Thessalonique) à Belgrade en 1985. *Voir Petković (S.), Lives of Hermits, p. 289-298.
21 Cf. infra, p. 210-212, 214.
© Éditions de la Sorbonne, 2011