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    Plan détaillé Texte intégral I - LES FUNERAILLES II - LES COMMEMORATIONS III - LES OEUVRES CARITATIVES IV - LES CHAPELLES V - LES RELATIONS AMICALES CONCLUSION Notes de bas de page

    La famille en Gévaudan au XVe siècle (1380-1483)

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre - Χ - La sociabilité

    p. 285-326

    Texte intégral I - LES FUNERAILLES A - La sépulture B - Les funérailles II - LES COMMEMORATIONS A - De la neuvaine à l'annate B - Obits et absolutions 1°) Les obits 2°) Les absolutions C - Les messes et les prières 1°) Les messes 2°) Les psaumes, prières et remémorations D - "Noal" : repas anniversaire avec office III - LES OEUVRES CARITATIVES A - Les confréries et les charités 1 ) Les confréries de charité 2°) Les confréries de dévotion et de métier B - Les hôpitaux C - Les fabriques 1°) Les luminaires 2°) Les fabriques : "operae" et "questus" D - Les églises et les couvents 1 ) Les couvents 2°) Les églises, héritières universelles 3°) L'amélioration du culte E - Les devoirs pieux IV - LES CHAPELLES A - La dotation des chapelles B - Culte religieux et tradition familiale V - LES RELATIONS AMICALES A - Les exécuteurs testamentaires B - La famille et les témoins chez le notaire CONCLUSION Notes de bas de page

    Texte intégral

    1Au Moyen Age, l'influence de la spiritualité convainc l'homme que la mort ne signifie pas l'arrêt de la vie, mais consiste en une transition vers un autre monde, celui qui est promis par les Saintes Ecritures. En conséquence, c'est à l'approche de ce passage que les gens, par l'intermédiaire de leur testament, affermissent les liens qui subsisteront entre l'univers temporel et cet avenir incertain, plein de promesses et de menaces. L'éventualité du décès révèle alors toutes les structures de sociabilité unissant l'individu au reste de la société ; il réconcilie même parfois le premier à la seconde. La foi, la peur de l'au-delà, l'amour de son prochain sont donc autant de motivations incitant à s'ouvrir vers autrui. En outre, le désir de se survivre dans l'espace connu des vivants éveille chez certains la volonté de perdurer dans la mémoire des autres, tout en servant les espérances d'ascension sociale de la famille.

    2La participation à ce mouvement dépend de la fortune de chacun et se fait plus ou moins ostentatoire selon l'argent dont le testateur dispose. En fait l'apparat funéraire se répartit en classes différentes. Il n'est malheureusement pas possible de dresser une statistique générale du coût des funérailles d'après l'ensemble des testaments dans la mesure où chaque instrument comprend toujours au moins une et souvent plusieurs dispositions composées de biens en nature.

    3Certains testateurs s'en remettent à leurs représentants. Laurence, femme de Jehan Julien "Bestiol", charge ainsi ses mari et frère, héritiers universels, de ses obsèques, neuvaine et obit. Le cordonnier mendois Durand Sanho déclare qu'il y aura les prêtres que sa femme et héritière souhaitera inviter et que cette dernière ordonnera tout ce qu'il faut pour ses funérailles. En revanche, Jehanne, veuve de Pierre Denis, du Cros (Termes), prescrit que les prêtres et clercs de la cathédrale de Mende assisteront à son enterrement pour trois deniers chacun et célébreront un obit perpétuel pour quarante sous payés par ses fils et hoirs, ce qui correspond à une dépense évaluée à trois livres un quart. A la même époque, noble Raymond d'Apcher, partant combattre les Sarrasins devant Grenade, octroie mille livres pour ses oeuvres, dont quatre cents pour quatre messes perpétuelles, le reste demeurant à distribuer par ses exécuteurs testamentaires lors des cérémonies1.

    4En outre, dans les Cévennes, les legs pieux sont beaucoup moins fréquents, comme l'atteste le relevé de ceux de Benoît de La Mare2 qui demande treize prêtres recevant chacun vingt deniers et le prieur pour trente deniers. Il laisse aussi dix sous et une couverture à la chanté de Barre, un peu de céréales à la confrérie de l'Epine de la Sainte-Couronne de Barre, cinq sous divis entre les quêtes de cette ville, autant au prieur du lieu pour son "lit de mort", douze deniers à diviser entre les oeuvres de six paroisses, trente deniers entre celles de Vébron, et deux repas anniversaires avec treize prêtres et le prieur qui obtiendront respectivement vingt et trente deniers. Ces dispositions sont donc d'une valeur approchant les dix livres, soit quatre-vingt-seize sous en argent, une couverture et une quantité de céréales qui valent l'une et l'autre aux environs de deux à trois livres.

    5Vers la même époque, Thomas Daude, tailleur de Mende qui souhaite reposer au cimetière des frères mineurs de Mende, consacre dix moutons or pour ses funérailles, sépulture, neuvaine et annate, alors qu'Alimbourgis Pareur, veuve de Jehan Raynald, marchand de Mende, qui élit sépulture au cimetière Saint-Pierre dans la tombe de ses maris et parents, y destine cent moutons or3. L'écart est donc de plus de trois cents points entre le baron et la modeste Jehanne, veuve Denis, mais il descend à cent trente avec un tailleur ou à treize avec une riche bourgeoise. En outre, il n'est sans doute pas faux de considérer que la part des obsèques n'atteignait pas celle des dots des filles qui en étaient pourvues, un rapport approximatif du quart à la moitié entre dotation et enterrement ne s'avérant pas utopique.

    6Les prescriptions, plus ou moins étoffées selon les testaments, se répartissent en quatre catégories principales en fonction de leur destination : les obsèques, les commémorations, les oeuvres caritatives et les fondations de chapelles familiales. Si la rédaction des dernières volontés dévoile les structures mises en place pour régir les relations entre les vivants, ou entre les vivants et le souvenir de leurs défunts, il ne saurait être question d’oublier les relations amicales ou familières nouées au cours de la vie et révélées à l'occasion de la rédaction de ces actes.

    I - LES FUNERAILLES

    7Le rituel funèbre se présente différemment selon les testaments, mais en fait, une grande uniformité, susceptible de paraître contradictoire, règne d'un acte à l'autre. Les mêmes rites sont observés mais certains testateurs en prescrivent plus que d'autres, en raison de leur fortune ou des conditions éventuelles de leur décès. Les plus pauvres se contentent du minimum alors que les plus aisés développent le faste le plus ostentatoire.

    A - La sépulture

    8La localisation de la sépulture s'opère d'abord par rapport au domicile du testateur, voire exceptionnellement en fonction du lieu de décès différent de celui de l'habitation ; après quoi vient l'élection de l'emplacement. 84,50 % optent pour le cimetière paroissial, 8,50 % pour un couvent et 7 % pour une église ou une chapelle, ces dernières faisant parfois partie d'une communauté régulière. La différence est infime entre les contingents d'hommes, de femmes et d'ecclésiastiques qui décident de reposer dans le cimetière de la paroisse, puisque les pourcentages s'élèvent respectivement à 84,95 %, à 86,30 % et à 81,50 %. Mais l'écart se creuse entre les deux derniers choix. 10,60 % des hommes, 9,50 % des femmes et 0,60 % des prêtres seulement souhaitent le dépôt de leur corps dans le cimetière d'un ordre mendiant. Il en résulte que 16,90 % des gens d'Eglise veulent dormir éternellement dans l'église de leur paroisse, dans celle d'un couvent ou dans la cathédrale, alors que seuls 4,45 % des laïcs et 4,20 % des femmes prennent cette décision.

    9La plupart des localités ne comportent qu’un cimetière ; toutefois deux d’entre elles, au moins, en abritaient plusieurs. A Chirac, nous identifions celui de Saint-Romain, cité de 1394 à 1483, et celui de Saint-Jehan-Baptiste mentionné de 1405 à 14714 ; tous deux existaient déjà auparavant et perdureront encore. D'ailleurs la ville comptait trois églises, la principale, souvent qualifiée d’église mère, celle de Saint-Romain, sise devant la grande place publique où se réunissait généralement la congrégation urbaine pour élire les syndics, et celles de Saint-Jehan-Baptiste et de Saint-Sauveur-de-la-Tourette, la dernière n'étant qu’une chapelle sise dans un terroir rural5. A Mende, les cimetières sont plus nombreux. Celui de Saint-Privat est cité de 1381 à 1428, ceux de Saint-Pierre en 1391-14836, de Saint-Biaise en 1385-1433 et de Saint-Michel en 1407-14747. Toutefois, conclure à l'existence de quatre sites d'enterrement s'avérerait erroné. En effet, la saturation du cimetière Saint-Privat conduisit, dès la fin du XIVe siècle, à l’ouverture de celui de Saint-Pierre, qui supplanta le premier au point de le faire disparaître au début du XVe8. Ceux de Saint-Michel et Saint-Biaise ne forment en fait qu’un seul et même lieu, car le testament de Jehan Amat, en 1424, stipule que ce dernier sera enseveli dans la sépulture de ses fils et filles au cimetière Saint-Biaise et Saint-Michel9. De plus, le cimetière Saint-Pierre, aussi nommé "Grand cimetière", accueillait une chapelle Saint-Pierre, jouxtant la cathédrale10, et s'opposait au petit cimetière, "vulgairement appelé de Saint-Michel", où se trouvait la chapelle Saint-Michel fondée par noble Bertrand de Corsac, au détour de la cathédrale11. Les divers noms, loin d'exprimer une distinction géographique, servent à désigner les divers secteurs d'inhumation autour de la cathédrale.

    10Plusieurs testateurs s'en remettent à des tiers pour élire leur sépulture, comme dom Durand Sirvens qui demande, en 1397, que le bailli de la Communauté des prêtres de la cathédrale lui procure une place dans le cimetière cathédral au cas où il décéderait à Mende. Mais la tombe choisie est parfois désignée avec une précision extrême, comme celle de Catherine, épouse de Guinet del Serre, de Mende, qui désire reposer dans le caveau de son père, proche de celui de Jehan Pelet, alias Régis, ou celle du père de dom Gérald Géraldon qui gît entre le petit portique de la chapelle Saint-Pierre et la chapelle Sainte-Marie-de-Nire12. Mais dans la majorité des cas l'identification se fait simplement en fonction de l'identité des prédécesseurs ; encore convient-il d'ajouter que 19,65 % des testateurs n'expriment aucun autre voeu que le choix du cimetière13.

    114,45 % des mourants adoptent une tombe personnelle, comme le notaire mendois Jehan Enjalvin, originaire de La Canourgue, auquel le clergé de la cathédrale en avait octroyé une sans que nous ne connaissions précisément les conditions d'acquisition.

    1263,85 % des testateurs désirent rejoindre, pour l'éternité, un ou plusieurs de leurs parents de sang ou d'alliance : frère, soeur, père, mère, conjoints, parents, grands-parents beaux-parents, enfants. En fait, 42,45 % seront étendus en compagnie d'ascendants ou de collatéraux, 11,25 % avec des cognats, époux compris, et 10,15 % avec des descendants auxquels sont parfois associés des ascendants. L'hésitation point occasionnellement entre plusieurs caveaux familiaux, à moins que ce ne soit la manifestation d'un double recours en cas de problème ; ainsi Izens, femme de Raymond Chalvet, évoque-t-elle la tombe de sa fille, Marguerite, veuve de Pierre Amat, au cimetière Saint-Biaise, et celle de sa petite-fille, Hélix, née de son fils Pierre Delmas, au cimetière Saint-Pierre14.

    1337,25 % se réfèrent à la tombe de leurs parents. Ce terme "parents" ne se réduit pas aux père et mère puisque nous rencontrons l'expression "ses géniteur et parents"15 ; de plus, Jehan Rocherousse fixe son ensevelissement "dans la tombe de ses parents, en laquelle sont ses père et mère et femme". Enfin, dans son testament, maître Claude Taurand confirme la présence de Guillaume, François, Vital et Privat, ses défunts grand-père, père et frères. Dans ces cas précis, les testateurs désignent donc un caveau familial dans lequel gisent principalement les individus de leur sang et de leur maisonnée, et Pierre Malassanha souligne qu'il s'agit de celui de "la maison dels Malassanhos"16. Ce choix inspire plus spécifiquement les laïcs mâles, puisque 50,35 % d'entre eux le retiennent, alors que seuls 21,30 % des femmes et 27,40 % des prêtres les imitent. En outre, 5,20 % des hommes désirent se rapprocher de leur père et 0,70 % de leur mère, les taux étant respectivement de 3,60 % et de 2,15 % pour les prêtres, de 3,30 % et de 3,30 % pour les femmes.

    14La mise en terre auprès de la belle-famille ou du conjoint concerne plus les femmes que les hommes. En effet, si 5 % des seconds demandent asile dans le caveau de leur épouse ou des parents de cette dernière, géniteurs ou frère, 27,20 % des femmes agissent ainsi. Cela démontre que la femme coupait plus souvent ses liens avec sa famille de sang pour se lier à celle dans laquelle elle entrait par le mariage. Par contre, l'explication du comportement de cette minorité d'hommes qui adopte la même attitude doit certainement être recherchée dans les installations uxorilocales. Quand un couple s'établit matrilocalement, la sépulture des deux conjoints est plus fréquemment réalisée dans le caveau de la mariée, alors que l'installation virilocale privilégie la tombe maritale. Enfin, 8,60 % des hommes et 14,35 % des femmes retrouveront leurs enfants éteints avant eux. L'inhumation probable de la majorité des enfants dans le caveau de famille du père autorise l'estimation d'un nombre plus élevé d'épouses enterrées dans la sépulture de leurs beaux-parents que celui qui apparaît au premier abord, et cela d'autant plus que les testaments révèlent qu'une partie des jeunes décédés précocement avait rejoint leurs aïeux.

    15Parfois une étrange cohabitation s'impose. Guillaume Abolenc élit sépulture au couvent des frères mineurs, dans la tombe de Pierre Atger, premier mari de sa femme Catherine Roch ; laquelle teste à son tour, le 16 mars 1478, étant mariée à Guillaume Durand, en affirmant vouloir retrouver Pierre et Guillaume17. L'explication paraît simple : Pierre Atger était originaire de Mende où se trouvait son caveau familial, ce qui ouvrait sans doute des droits à sa femme et héritière. Catherine naquit à Brenoux,, Guillaume Abolenc au Malzieu et Guillaume Durand à Saint-Pierre-le-Vieux18. Toutes ces personnes immigrées à Mende par leur mariage se rabattaient sur la tombe du plus proche parent pour fixer leur dernier séjour.

    16Le second choix des prêtres, en dehors de leur ascendant, se porte sur les autres parents, oncle, tante, frère et soeur. C'est du moins la perspective retenue par 12,95 % d'entre eux, alors que les pourcentages descendent à 2,05 % pour les hommes et à 1,85 % pour les femmes. Le lien avunculaire entre les ecclésiastiques n'est pas toujours innocent. Le 12 janvier 1468, dom Jacques Marquez, curé du Born, revendique sa place aux côtés de son oncle paternel, dom Jehan Marquez. Ce dernier l'avait précédé à la tête de cette cure, de 1407 jusqu'en 1435, année de sa mort, et Jacques en avait été investi, le 28 septembre 1435, sur présentation du chapitre de Mende19. Or, les Marquez étaient originaires d'Aumont, distant d'une dizaine de lieues, et puisque Jehan avait obtenu un tombeau au Born, la logique commandait que Jacques l’y suivît.

    1718 % des prêtres optent pour un caveau confraternel. Plusieurs prêtres des Collèges mendois réclament ainsi leur place parmi leurs collègues. Le 20 novembre 1420, dom Raymond Redon revendique la sienne dans le tombeau du Collège Saint-Lazare. Le 11 décembre 1420, dom Durand Cayrel souhaite que sa dépouille soit associée à celles de doms Pierre Sabbatier et Guigon Chambon, dans une tombe du Collège de Tous les Saints. Le 23 juin 1482, dom Etienne Bodet rejoindra dom Guillaume Laurent dans un caveau du même Collège, comme dom Pierre Catrebars le 23 juin 148220.

    18Ceux du clergé cathédral qui n'appartiennent pas à un des Collèges se tournent vers les nombreuses sépultures de leur Communauté. En 1427, dom Etienne Bonhomme demande que la Communauté des prêtres lui cède un tombeau à côté du portique principal de la cathédrale, dans le cimetière Saint-Pierre. Dom Raymond Dumas ira dans celui qui est à côté de la chapelle Saint-Grégoire. En 1423 dom Raymond Redon modifie ses précédentes dispositions, citées un peu plus haut, pour s'associa à la dépouille de dom Pierre Bornes. En 1443, dom Jehan Bernard, bénéficia de la cathédrale, demandait à rejoindre Bornes et Dumas, en précisant qu'à défaut il souhaitait un autre tombeau aux "armes de la Communauté des prêtres"21, et nous verrons plus loin qu'en 1447 c'est une cousine de Raymond qui en faisait autant.

    19Les paroisses rurales offrent souvent un caveau à leurs curés. Dom Jehan Constans, curé de Balsièges, réserve sa place dans celui des curés du lieu, s'il meurt dans les limites de cette localité. Le 13 avril 1475, dom Gonet Sarrasin, curé du Born, requiert le même privilège. Mais ces sépultures ne sont pas réservées aux prêtres et des laïcs y trouvent leur dernier refuge, s'ils sont d'un rang suffisant, ou familialement liés au clergé. Le 12 mai 1428, noble Agnès, veuve de maître Jacques Laondès, notaire de Chaudeyrac, choisit le tombeau des prêtres de Balsièges, dont son fils Jehan tient la cure, mais elle ajoute qu'au cas où elle décéderait à Chaudeyrac, elle irait dans celui de son mari, dans la chapelle Saint-Jehan22.

    20D'autres préfèrent la fosse d'un prêtre de leur famille. Le 29 décembre 1428, dom Guillaume Amelhac prend celle du chanoine Guillaume Quintin, son maître et parent éloigné, dans le cloître de la cathédrale, si le chapitre y consent ; sinon il sera installé dans un caveau de la Communauté des prêtres au cimetière Saint-Pierre23.

    21Enfin, 3,50 % des testateurs, principalement des femmes et des prêtres, associent leur dépouille à celle de tiers avec lesquels ils ont des liens assez divers. Les femmes s'unissent ainsi à leur ancien maître. Le 3 juin 1447, Salamone, veuve de Pierre Nogaret, opte pour le caveau de dom Raymond Redon, prêtre bénéficier de Mende, dont elle fut la servante, la commère et la cousine. Toutefois ces dispositions éveillent des difficultés et ne s’accomplissent qu'avec l'autorisation du chapitre. Ainsi, en cas de refus, Salamone se rabat-elle sur la tombe d'Alazacie, veuve Chambon, dans le grand cimetière.

    22Nous avons dit que 7 % des testateurs privilégiaient un site honorifique, à savoir une église ou une chapelle : un chiffre important qui laisse supposer un certain encombrement du sous-sol des maisons du Seigneur. La cathédrale de Mende accueille 1,75 % des testateurs, et plus spécialement 8,65 % des ecclésiastiques. Les chanoines se réfugient en premier dans leur église. Le 8 août 1460, dom Pierre Atger veut être inhumé dans la chapelle Saint-Alban, construite devant la chapelle Sainte-Agnès, à côté du pilier et de l'escalier qui est au-dessus du tombeau de dom Jehan Denise, défunt chanoine. C'est à côté du tombeau de ce dernier qu'en 1465 le chanoine Etienne Boyer demande à reposer24.

    23Le plus modeste Etienne Jaffred, sous-sacriste de la cathédrale, et l'hebdomadier Gérald Simon désirent que leurs corps soient déposés devant le marche-pied où l'on dorme le pain béni25. Le riche marchand Pierre Monbel désigne la tombe de sa défunte femme. Pierre s'en remet à l'autorisation du chapitre et c'est une condition sine qua non souvent rappelée par les testateurs, tant pour une inhumation dans la cathédrale que dans une chapelle ou une église. Le 16 avril 1483, Cérone Denise, désirant être réunie à son frère, le chanoine Jehan Denise, dans la chapelle Sainte-Anne, offre vingt moutons or au chapitre à cette seule fin, en ajoutant qu'en cas de refus le legs sera cassé. Une somme importante est donc consacrée pour convaincre les maîtres des lieux, puisqu'elle dépasse à elle seule les frais occasionnés pour certaines funérailles et suffirait même pour acheter une petite maison rurale, ou même quatre boeufs, voire trois chevaux. Le cloître de la cathédrale sert également puisque dom Erailh de Mirmont y élit sépulture, devant la porte du chapitre par laquelle on monte au clocher26.

    24L'attirance pour les cimetières des couvents n'est pas la même selon les ordres. Les mineurs reçoivent 81,55 % des testateurs attirés par ces établissements et les carmes 18,45 %. Par contre le rapport s'avère identique pour l'inhumation à l'intérieur des églises des deux communautés religieuses qui reçoivent chacune une part égale de défunts. Certains reposeront dans les cloîtres, comme le paysan Jehan Folc qui dormira éternellement devant l'autel de la chapelle Sainte-Marie, dans le cloître des carmes, ou Catherine, épouse de Durand Sirvens, de Badaroux et Pierre Dolsan, de Mende, chez les frères mineurs27.

    25Les églises paroissiales abritent surtout les dépouilles des prêtres, principalement des curés, et des nobles. En 1435, dom Vital Tarnescha veut être placé dans le choeur de l'église de Saint-Gervais, à côté du tombeau de ses prédécesseurs les recteurs du lieu, devant le grand autel, avec une grande pierre tombale. En 1395, Jehan Régis, prêtre issu d'une ancienne famille chiracoise, demande a reposer "en l'église Saint-Romain" et "en la chapelle Sainte-Marie" de Chirac, ou si cela s'avérait impossible au tombeau de ses parents. Noble Agnès d'Ayres, épouse de noble Guillaume d'Andes, de Saint-Sauveur-de-Peyre, teste le 27 avril 1405, en demandant à rejoindre les dépouilles de ses enfants, dans l'entrée de l'église paroissiale28.

    26Sans être exclu, le charnier constitue bien logiquement le lieu d'inhumation le moins attrayant pour les testateurs. Dom Jehan Thome, prêtre de Mende originaire de Prinsuéjols, proclame que l'on portera son corps "dans la maison dite du charnier du cimetière de l'église Sainte-Gervais". Or, les legs constitués par Jehan attestent qu'il aurait fort bien pu opter pour une sépulture individuelle. La modestie et l'idéal chrétien de pauvreté inspirèrent très certainement cet ecclésiastique. C'est sans doute ce quartier du cimetière qu'évoque Guillauma, veuve de Jehan Fournier, lorsqu'elle exige que son cadavre soit mis "dans la partie destinée aux pauvres"29. En fait, ce type d'endroit fonctionne autant comme sépulture pour les cadavres, que comme ossuaire. En effet, en 1421, dom Raymond Chausset, prêtre de Marvejols, déclare que sa dépouille sera ensevelie dans le caveau de sa tante, Miracle, près du pied de l'orme du cimetière Sainte-Marie ; puis au bout de quatre ans, ses os seront transportés "dans le charnier, dit du purgatoire, où les os des morts de ladite église paroissiale de Marvejols sont recueillis".

    27Le déplacement des ossements d'un défunt, assez rare, mais non exceptionnel, suit généralement le trépas survenu assez loin du domicile familial. En 1466, Vital de Recoules revendique sa place dans le cimetière Saint-Pierre, avec ses père et mère. Toutefois, il précise qu'au cas où il trépasserait ailleurs, il resterait dans la paroisse où surviendrait son décès, son fils et héritier devant rapatrier ses ossements dans les dix ans après sa mort, sous peine d'exhérédation.

    28Plusieurs exemples posent le problème d'un décès survenu loin du domicile, perturbant le dispositif classique, en particulier dans les testaments des pèlerins. En.1430, les prêtres Vital Balmelas, Jehan Masel, Guillaume de Monteilh, partant pour Saint-Jacques-de-Compostelle, s'en remettent à leurs compagnons de voyage, alors qu'en 1471, le marchand Pierre Malel décide qu'on l'ensevelira dans la plus proche église du lieu où surviendra sa mort30.

    29D'autres hommes, sans doute pour des raisons professionnelles, risquent de décéder loin de chez eux. Le 20 avril 1426, le clerc Etienne Rovière ordonne que son corps rejoigne celui de ses parents s'il meurt à moins de deux lieues de Fontans ; sinon il restera dans la paroisse où il aura cessé de vivre. Pour le chanoine François Bompar, sa sépulture se fera dans l'église la plus proche parmi celles dont il est prébendier, et, à défaut, où ses amis le voudront ; pour dom Raymond Marron, prêtre du Collet-de-Dèze, là où il mourra. Toutefois, seul un jugement hâtif porterait à croire que tous les testateurs acceptent que leur enveloppe chamelle demeure au loin et certains exigent leur rapatriement, comme dom Gérald Traversier en 148331.

    30Les droits sur une sépulture, parfois soumis à une autorisation, demeurent occasionnellement incertains et les testateurs multiplient les dispositions. Le 19 octobre 1458, dom Michel Michel, curé de Prades, a droit au caveau des curés, mais s'il ne dirigeait plus la paroisse au temps de sa disparition, il irait dans celui de ses parents. L'exclusion découle aussi des épidémies et, le 27 juillet 1483, le tailleur chiracois Bertrand Cordesses fixe une première sépulture à Saint-Romain de Chirac, près de ses parents, ou, si l'entrée lui était interdite en raison de la peste, à Sainte-Marie de Marvejols où gît son beau-père32.

    31Les familiers vêtiront un peu moins d'un pour cent des testateurs "dans l'habit de l'ordre ou religion de saint François" comme le sollicite le marchand Jehan Chaldoreilhe en 1444, le sabotier Jehan Sachon en 1447, Hélène, veuve du forgeron Pierre Bertrand, en 144833, le prieur de Bacon, Jehan Scot, natif de Mende, en 1455, et le paysan Jehan Pascal, du Born, en 1478. Les prêtres se font généralement parer d'une de leurs aubes et procèdent comme Jehan Peytavin, prieur de l'autel Sainte-Croix, en octroyant une somme d'argent pour acquérir une nouvelle veste sacerdotale en compensation de celle, usagée, dans laquelle ils partiront34.

    32Enfin, environ un pour cent des testateurs exige une pierre tombale. Celle de Marguerite de Peyre, dans l'église des prêcheurs de Marvejols, portera les armoiries de sa maison ; celle de l'archidiacre Erailh de Mirmont sera sculptée en sa mémoire mais les détails dépendent de la volonté de ses exécuteurs testamentaires. Etienne Boyer souhaite que sa pierre soit sculptée comme les autres pierres des chanoines de ladite église. En 1423, l'épitaphe de dom Raymond Redon informera les passants avec la mention hic jacet dominus Raymundus Rotundi, presbiteri35. Lors de son testament du 28 juin 1396, le juriste mendois Jehan de Salvanhac brigue la plus riche décoration. Il élit sépulture au cimetière Saint-Privat, entre deux gradins de la chapelle Saint-Léonard, et ordonne que l'on fasse, dans la paroi de ladite sépulture, contiguë à celle de dom Pierre Saltet, chanoine de Mende, avec licence de ce dernier et sans abîmer la cloison, un cercle à l'intérieur duquel sera peinte l'image de la Vierge avec, à ses pieds, la représentation de Jehan, à genoux, en train de la vénérer, et au bas les armes dites de Salvanhac. En outre, il prévoit un coffrage pour recevoir ses ossements "aux lieu et temps opportuns"36.

    B - Les funérailles

    33Quand la mort frappe, un prêtre délivre l'extrême-onction ou, si l'état du mourant le permet, l'Eucharistie, et le 23 juillet 1406, Béatrice, veuve de Jehan de Lafont, de Saint-Gervais, lègue une carte de froment au "prêtre qui m'administrera l'Eucharistie". Ensuite un cortège se forme pour quérir le corps du défunt. Julien Chambarut et sa femme, de Rochebelot (Rieutort-de-Randon), précisent que le chapelain qui ira les chercher, avec la croix, à leur domicile, recevra un cariai de seigle, alors que ceux qui l'accompagneront pour conduire leurs dépouilles de leur oustau à l'église, précédés par la croix, en auront un demi-cartal. Jehan Pascal, habitant Saint-Martin du Born, à sept kilomètres de Mende, désire être inhumé dans le cimetière des frères mineurs et impose que les religieux du couvent aillent prendre son corps dans sa demeure et leur offre, pour l’office, quinze deniers à chaque prêtre, et cinq aux autres, ainsi qu'un repas en compagnie du curé du Born37.

    34Ensuite, selon l'heure de la mort, et si cette dernière ne permet pas de célébrer la messe, 2,50 % des testateurs commandent que des prêtres veillent leur corps. En 1475, dom Guillaume Simon en désire quatre, parmi lesquels doms Jehan Bonicel et Guillaume Folc, qui "auront à dire et lire, comme coutume, les psaumes, avec oraisons et autres collectes". Ces prêtres sont chargés de réciter les collecte, oraisons, litanies et de chanter des psaumes, pendant toute la nuit Cet acte de grande piété symbolise sans doute la crainte inspirée aux croyants du Moyen Age, contraints d'abandonner leur cadavre dont l'âme venait de se séparer, par une nuit passée sans qu'aucun office religieux n'ait pu être dit. Toutefois cette pratique apparaît principalement chez les bourgeois, les religieux et les nobles. En règle générale, la moitié des officiants opérait pour les vêpres, l'autre moitié pour les matines. Presque tous les testateurs octroient une somme de trente deniers et un repas à chaque psalmiste. Plus de la moitié d'entre eux se contente du nombre minimum de quatre prêtres, mais Clarette, veuve de Jehan Coderc, marâtre d'un prêtre, en convoque sept pour les vêpres et six pour les matines38.

    35Après, les funérailles deviennent souvent plus coûteuses à Mende que partout ailleurs dans le Gévaudan, pour la simple raison que près des deux tiers des Mendois sollicitent la présence de la totalité des membres de la Communauté des prêtres et clercs de la cathédrale, dont nous savons qu'elle se composait d'environ une centaine de membres39. La plupart des Mendois souhaitent également l'assistance des moines des deux ordres mendiants, prêtres et jeunes postulants compris. D'autres, comme Jehanne, femme de maître Guillaume Clapier, invitent aussi les "prêtres extérieurs" vivant à Mende40. Nous pouvons donc imaginer le faste de ce départ du monde des vivants, la cathédrale étant remplie par tous ceux, sans doute nombreux, qui répondaient à l'appel à cause des dons qu'ils espéraient alors que les absents ne recevaient rien. Les plus riches offrent aussi des cadeaux à des pauvres pour qu'ils escortent leurs dépouilles.

    36Les autres invitent un nombre explicite de prêtres ; Guillauma, veuve Barrandon et Valentin, en désire neuf et tous les frères mineurs dans le couvent desquels elle se fait inhumer. Toutefois, plusieurs testateurs ensevelis dans un couvent n'engagent que des moines, comme Jehan Sirvens en 1399, et Bernard de Royda en 1391 ; encore ce dernier n'appelle-t-il que douze moines parvenus au sacerdoce alors que le premier convie toute la congrégation. L'enterrement dans un monastère n'interdit pas l'invitation adressée à d'autres moines, et Jehanne, veuve de Durand Cordolh, dont l'élection de sépulture se porta sur le cimetière des carmes, souhaitait une cérémonie avec tous les carmes et quatre frères mineurs41.

    37A Saint-Gervais et dans la plupart des paroisses rurales du Gévaudan, le nombre de prêtres est limité et précis. Très souvent, treize prêtres participeront aux funérailles. Le chanoine Léon Costecalde considérait que ce chiffre symbolisait la réunion des apôtres et du Christ, et il n'y a guère de raison de contester cette interprétation, tant le phénomène est fréquent et ne semble pas résulter du seul hasard. Toutefois, d'autres testateurs définissent un groupe bien éloigné de cette norme allant de sept à vingt-cinq42. De plus, comme à Mende, plusieurs testateurs appellent l'ensemble des ecclésiastiques de leur paroisse, parfois accompagnés de ceux d'autres localités43. Les ruraux reproduisent les attitudes urbaines et ajoutent des moines. En 1405, noble Agnès d'Ayres incite à venir treize prêtres et deux moines de chacun des ordres de Marvejols, prêcheurs, augustins et mineurs44.

    38L'argent offert à chaque prêtre atteint des montants variés, de deux deniers à deux gros45 mais une différence est occasionnellement instaurée en fonction du statut des officiants. Le chanoine Guillaume Valdin marque cette inégalité avec intensité : cinq sous et quatre deniers aux chanoines, quatre sous et quatre deniers aux hebdomadiers et au sous-sacriste, trois sous et quatre deniers aux prêtres bénéficiers, deux sous aux clercs, deux gros aux rotiers et aux moines. Le coût de l'invitation des prêtres se répartit aussi en fonction des principales étapes. Dom Gérald Géraldon lègue deux sous et six deniers à chaque participant, à distribuer ainsi : cinq deniers pour la réception de son corps devant son oustau, cinq au début de l'office mortuaire, autant à la fin, cinq pour les oraisons et dix pour le conduire dans sa tombe46.

    39Les funérailles suivent un protocole qui n'a guère évolué au fil des siècles ; tout au plus étaient-elles plus somptueuses au Moyen Age, fastueuses par l'assistance dont nous venons de démontrer l'importance et ce, d'autant plus que les voisins et les amis y assistaient. Il suffit d'imaginer, à Mende, la centaine de prêtres vêtus de robes sacerdotales, la dizaine de chanoines, parmi lesquels le prévôt, le préchantre, le sacriste, les quatre hebdomadiers, les moines des deux ordres mendiants, les clercs, et lorsque le défunt comptait dans la société locale, s'il était notaire, marchand ou tout simplement de bonne compagnie, tous ceux qui devaient se montrer. Bien entendu, il faut encore ajouter les confrères des corporations.

    40Le cadavre, pris dans la maison du disparu, était acheminé jusqu'à l'église, escorté d'un cortège plus ou moins considérable selon le rang occupé par le définit et selon son domicile sis dans la capitale du pays, dans une ville, ou à la campagne. Le curé, ou le principal ecclésiastique de la paroisse marchait en tête, la croix derrière lui, portée par un prêtre de moindre importance, ou par un clerc, parfois d'autres prêtres, des moines et les invités.

    41Déposé face à l'autel, le corps gisait sur un catafalque. Le 12 juin 1433, le paysan Jehan Raymond désire un "lit de mort" d'une valeur de vingt sous. Le 3 février 1461, la modestie guide le notaire Jehan Enjalvin qui demande que le clergé aille chercher sa dépouille comme un pauvre, avec une simple couverture. Noble Marguerite de Peyre manifeste avec moins de virulence sa modestie face à la mort en excluant le recours à des tissus d'or ou de soie47. En revanche, en 1401, noble Marguerite de Chabot offre un franc pour que son corps soit recouvert d'un tissu d'or qui fut donné à la cathédrale de Mende par le bienheureux Urbain V48.

    42Dans la cathédrale, la cérémonie a lieu devant l'autel Sainte-Croix dont le râteau est muni de chandelles _au moins sept grosses dit un testament de 1438. Les deux candélabres de fer placés aux pieds et à la tête des défunts, comme le prescrit Guillaume Melhac, complètent le luminaire49. Mais ce dernier ne se réduit pas aux râteaux d'autel et aux candélabres qui illuminent les extrémités du corps, pratique également observée dans les paroisses rurales ; il est enrichi d'autres éléments. Catherine, veuve de maître André Clapier, commande aussi huit torches d'une livre de cire à brûler devant sa dépouille, et treize petites chandelles. A plusieurs reprises, des chandelles sont portées, autour du cadavre, par des pauvres, et Guillaume Robin se fit ainsi entourer par vingt-quatre d'entre eux, tenant chacun une bougie dans sa main50.

    43Le testament de dom Bertrand Gisquet résume bien le contenu du rituel en déclarant que soit célébrée une "cérémonie funèbre, avec office des morts et messe, devant l'autel Sainte-Croix, comme il est coutume, avec les oraisons"51. En fait, tout commençait par l'office mortuaire ; suivaient les oraisons52, soit la collecte, la secrète et la postcommunion ; puis, venait l'absoute, pour le repos de l’âme du défunt. C'est pendant ce cérémonial que l'on distribuait l’offrande de pains et de vin léguée par le mort et payée sur sa succession Son importance se révèle toute relative. Alaycette, veuve de Pons Chalmond, désire une pinte de vin et six pains à deux deniers. Le tisserand Pierre Alègre, quatre coupes de vin, quatre pains à quatre deniers, onze pains à deux deniers, dom Gérald Géraldon,'une émine de vin et vingt-cinq pains53.

    44Ensuite, les participants portent le corps en terre, et plusieurs individus exigent que de grosses chandelles continuent à se consumer pendant ce mouvement, comme Guillaume Lebraton, notaire de Mende, en 1423. Alors, plus d'un pour cent des testateurs ordonne de procéder à une sonnerie générale des cloches. Aygline Alari, en 1418, et Vincent Atrasic, en 1461, exigent deux sonneries générales pendant que leur corps transitera par la cathédrale avant de rejoindre le couvent des mineurs54. Dom Gérald Géraldon offre cinq sous au marguillier pour faire carillonner la cloche nommée jolia. Dans les paroisses rurales les carillons sont également activés, et dom Gonet Sarrasin propose deux gros et à manger aux sonneurs55.

    45Les habitants de Saint-Gervais prescrivent généralement que leur corps transite par la cathédrale où seront célébrés l'office mortuaire et la messe devant l'autel Sainte-Croix, alors que le râteau et le candélabre de fer seront munis de chandelles ; après quoi un second office devra être dit dans l'église Saint-Gervais où ils seront transportés avant d'être mis en terre. C'est ce qu'impose Raymond Dumas, en 1427. Il prend pour dernier asile la tombe de sa mère, au cimetière de Saint-Gervais, mais il ordonne que son corps soit déféré devant l'autel Sainte-Croix de la cathédrale où la messe et une absolution seront célébrées, avec une offrande à la volonté de ses exécuteurs testamentaires, une gratification à chaque membre du clergé cathédral, et la garniture des râteau et candélabres de fer. Après, on le portera en l'église Saint-Gervais, où treize prêtres feront la messe, les oraisons et l'absolution. En 1437, le prêtre Guillaume Palorn précise que le râteau de l’autel Sainte-Croix et deux candélabres de fer disposés à ses tête et pieds continueront à brûler pendant que l'on conduira son corps de la cathédrale à l’église de Saint-Gervais où il reposera près de ses femme et enfants. L'acte rappelle qu'il s'agit d'une pratique coutumière.

    46Les testateurs, qui souhaitent que l'un des couvents accueille leur dépouille, demandent généralement à transiter par la cathédrale où le clergé dit une messe des morts. Le 31 juillet 1475, Hélix Atger, femme de Pierre Maynier, commande que sa dépouille soit déposée devant l'autel Sainte-Croix, et que l'office se déroule en présence des prêtres de la cathédrale, des rotiers et des frères mineurs et carmes. Le râteau et les candélabres de fer seront illuminés par de grosses chandelles comme la coutume l'exige, mais quatre torches brilleront également. Les héritiers distribueront neuf cartes de vin, neuf pains à trois deniers et les petites chandelles d'usage. A l’arrivée de son corps dans le couvent des mineurs, une autre messe sera réalisée sous le feu de quatre torches et du candélabre orné de neuf grosses bougies56.

    47Beaucoup plus original, le tisserand mendois Pierre Basalgette ordonne sa translation dans la cathédrale où seront célébrées les actions de mort et messe de requiem, comme il est coutume de le faire, par tous les membres du clergé qui auront chacun cinq deniers. Ses familiers muniront de bougies le râteau et les candélabres de fer de l'autel Sainte-Croix, et distribueront six cartons de vin, neuf pains à deux deniers et les petites chandelles habituelles ; après quoi son corps sera transporté à Balsièges, dans sa paroisse natale, auprès de ses parents. Là, treize prêtres participeront aux funérailles contre un gros et un repas, pendant que le luminaire et l'offrande traditionnels seront respectés57.

    48Dans les campagnes, le cérémonial est simplifié et, le 3 octobre 1401, Genciane, épouse de Durand Julien, de Balsièges, rapporte qu'elle sera ensevelie au cimetière Saint-Martin, après un office célébré par neuf chapelains, rémunérés vingt deniers chacun, et une offrande de pain, de vin et de luminaire à volonté de son héritier universel.

    49Dans l'aire du domaine royal, nous n'observons pas de différence flagrante entre les villes et la cité mendoise ; seule l'assistance diminue en raison de la différence d'importance numérique du clergé local. Le 22 février 1446, Aldebert Garnier, prêtre de Marvejols, désire reposer dans le cimetière Sainte-Marie dudit lieu et convoque alors tous les prêtres de Marvejols et les moniales du Chambon, pour quinze deniers chacun, tous les frères prêcheurs, pour un mouton or, les mineurs et les augustins pour huit gros, par couvent Toutefois, s'il décédait à Saint-Pierre-de-Nogaret il resterait dans cette localité et ses funérailles auraient lieu en présence de douze prêtres de cette paroisse et de deux prêcheurs de Marvejols. La convocation de tous les prêtres séculiers de Marvejols, des moines des trois ordres et des moniales dans la capitale royale du Gévaudan est apparemment habituelle. Alors que la plupart des chiracois se contentent de l'ensemble des membres de la Communauté des prêtres de Chirac, dont nous avons auparavant déclaré qu'elle en comptait au moins quinze, en 1395, dom Jehan Régis convie tous les prêtres séculiers de Chirac, deux moines et deux prêtres du monastère Saint-Sauveur, deux moniales du Chambon et trois frères de chacun des trois ordres de Marvejols58.

    50Sur les marches de l'Auvergne, au Malzieu, la coutume prévoit que tous les prêtres de la Communauté de l'église locale assistent à l'office funèbre, pour une somme de dix à vingt deniers, après quoi un repas leur est offert avec les voisins et la parentèle, comme le précise le testament du barbier Pierre Adatgier. Le 16 décembre 1463, le notaire Pierre Codonh commence par prescrire la présence de quatre psalmistes rémunérés trois gros et pourvus "du manger et du boire", s'il décédait à une heure où il faudrait le veiller. Ensuite, quatre prêtres, payés un gros, porteront son corps de sa demeure à l'église où se réuniront cinquante prêtres, y compris ceux de la ville, un prédicateur et son compagnon avec, en plus, les prêtres de Prunières, de Saint-Léger-du-Malzieu, de Verdezun, de Blavignac et de Saint-Pierre-le-Vieux, qui bénéficieront de quinze sous à eux tous. Enfin, treize pauvres munis d'une torche d'une livre et demie de cire se joindront à ses obsèques contre une canne de tissu du pays chacun59. A Saint-Léger-du-Malzieu, distant d'une lieue, les paroissiens appellent généralement treize prêtres, leur offrent deux sous et à manger60. D'autres apportent des précisions particulières61. Un peu plus au nord, à Saint-Privat-du-Fau, Pierre Martin junior demande que tous les prêtres de Saint-Privat, de Saint-Léger-du-Malzieu, de Julianges, les curés de Chaulhac et de Paulhac, assistent à ses funérailles. Dom Guillaume Chapsier, natif de Cussac dans le diocèse de Saint-Flour, curé de Termes en Gévaudan, veut reposer à Termes, mais explique qu'au cas où il décéderait au Malzieu, les prêtres et curé de cette ville devraient prier pour lui et porter son corps jusqu'à la croix du pont de pierre, dit de "Treodol", du Malzieu. A partir de là, ses héritiers universels le feraient transporter jusqu'à Termes, distant d'une vingtaine de kilomètres. Puis la cérémonie d'enterrement serait réalisée par les prêtres de Termes, de la Fage-Saint-Julien, et les curés de Fournels et Bacon62.

    51Dans les Cévennes, les funérailles semblent globalement plus pauvrement rétribuées que dans le reste du Gévaudan, même si des pratiques identiques apparaissent. Pierre de Piza, de Vébron, convie cinq prêtres pour quinze deniers par tête et le curé pour vingt, et Mathieu Chambon, de Saint-Martin-de-Lanscule, appelle quinze prêtres pour cinq blancs en plus du curé pour deux gros. Seuls quelques rares testateurs mentionnent une distribution de pain, de vin et de luminaire, comme Bertrand Bastide, de Saïgas (Vébron)63. Un autre, Pierre Fagie, de Barre, ajoute qu'il laisse quinze deniers au clerc qui tiendra les timbala. Anthoine Pelhicier, de Recoules (Vébron), alloue quatre deniers au clerc qui portera la croix64.

    52Lorsqu'elle paraît nécessaire, une dernière coutume est observée, celle des doubles offices. Elle s'impose plus particulièrement lors d'un décès survenu au loin. En 1428, Jehan de Crozas, bastier de Mende, rapporte qu'au cas où il serait enterré ailleurs qu'à Mende, son héritier, en l'apprenant, devrait procéder, dans la cathédrale, aux mêmes funérailles qu'il a prévues en temps normal65. Jehan n'étant pas un pauvre susceptible de trépasser en misérable sur une route, il était certain que son inhumation serait accompagnée d'un minimum d'apparat et qu'il bénéficierait de deux cérémonies, une lors de sa mise en terre, l'autre lorsque la nouvelle de sa mort parviendrait à son domicile. Plusieurs testateurs imposent une cérémonie à leur domicile, et une autre là où ils naquirent66.

    53Les testateurs respectent encore cet usage lorsqu'ils vivent dans une ville pourvue d'un monastère, à Mende en particulier, comme nous l'avons déjà constaté à plusieurs reprises quand un homme souhaite être enterré à Saint-Gervais ou dans un couvent et impose son transit par la cathédrale ; mais d'autres ayant élu sépulture dans le cimetière de la cathédrale ne devraient prescrire qu'un office alors qu'ils en imposent plusieurs. Le 7 décembre 1436, Guillaume Robin, dont la dépouille ira au cimetière Saint-Privat, décide que ses funérailles auront lieu dans la cathédrale et dans chacun des couvents des frères mineurs et carmes de Mende, ou dans un seul mais en présence des deux ordres67.

    II - LES COMMEMORATIONS

    54Nous répartissons les actes commémoratifs en quatre catégories. Les offices célébrés dans l'année et en bout de l'an, les obits et absolutions perpétuels, les messes et les prières, enfin les repas anniversaires. Toutes ces commémorations se complètent très souvent les unes et les autres, selon la volonté des testateurs. Grâce à ce cérémonial, ces derniers prétendent obtenir la rédemption de leurs péchés ; ils entretiennent également le souvenir de leur mémoire et de leur passage sur terre, mais ils contribuent aussi au prestige de leur famille. En effet, plus le rituel est riche, long et géographiquement répandu, plus le patronyme de la maison sera cité dans les églises, devant la congrégation des prêtres et des paroissiens. Au-delà des chiffres et des descriptions, ce dernier aspect ne doit jamais disparaître de notre conscience, tant il fait partie de la réalité. L'action pieuse imposée par le particulier pour répondre à ses aspirations philosophiques coexiste avec celle que chacun est tenu de réaliser pour l'honneur de la maisonnée, sans que nous puissions personnellement distinguer l'influence de l'une et de l'autre.

    A - De la neuvaine à l'annate

    55La terminologie latine en la matière est simple et ne présente pas de problème de traduction : novena, trentena, quarantena, annota. Ces termes correspondent à une prolongation des funérailles, soit pour neuf jours, soit pour trente, pour quarante ou pour une année complète à compter de l'enterrement. Chaque jour, des prêtres, en nombre parfois égal, mais souvent inférieur à celui qui fut fixé pour les obsèques, se réunissent pour célébrer un office, dans lequel est faite une offrande, en argent pour les officiants, en pain, vin et luminaire pour la messe. Plusieurs testateurs prescrivent également une absolution pour laquelle les prêtres se déplacent sur leur tombe et l'aspergent d'eau bénite. Par contre, il semble que cette commémoration se limite parfois à une simple libation.

    56Plusieurs questions surgissent Quand un individu commande une neuvaine, une trentaine et une annate, devons-nous considérer que l'annate s'achève un an après l'enterrement, ou un an et traite neuf jours après ? Le principe étant banalement logique pour les gens de l'époque, les précisions à ce sujet sont rares, mais plusieurs testaments livrent heureusement la réponse. Le 25 octobre 1448, Hélène, veuve de Pierre Bertrand, impose une offrande pour quarante jours "après la neuvaine". Le 18 décembre 1423, l'annate de dom Raymond Redon commencera le dernier jour de la neuvaine68. D'autre part, l'annate consiste-t-elle en une célébration accomplie les seuls dimanches de l'année entière, ou chacun des trois cent soixante-cinq jours ? Plusieurs actes circonscrivent l'annate aux jours du Seigneur. Mais, assez curieusement, le 4 février 1473, le brassier mendois Jehan Amoros, fixe la sienne aux lundis69. Au contraire, de très nombreux testateurs déclarent qu'elle sera observée pendant une année complète, comme dom Raymond Redon, en 1423. Dom Guillaume Amelhac prescrit que son offrande aura lieu "pour une année continue et complète", en 1428. Raymond Boyer en 1445, rapportent que ce sera pour "chaque jour durant l'année de son décès70. Mais une grande quantité de testateurs demeure silencieuse à ce sujet et nous ne pouvons statistiquement pas trancher ; toutefois il semble que l'option "année complète" soit la plus coutumière.

    57Quantitativement, les neuvaines sont très fréquentes puisqu'elles apparaissent dans 75 % des testaments, alors qu'elles sont inexistantes dans Forez71, et seuls 25 % des disposants se contentent d'elles. 39 % la font suivre d'une annate, comme Guillaume Robin, 1,50 % d'une demi-annate, 4,50 % d'une quarantaine, comme Jacques Sirvens, en 1407, et 2,30 % d'une trentaine72 La majorité des Gabalitains affirme donc une nette préférence pour la neuvaine, puis pour l'annate, les célébrations intermédiaires demeurant peu estimées. Toutefois, si nous additionnons celles qui sont associées à des neuvaines et les autres, près de 12 % des testateurs retiennent une offrande de trente jours à six mois. De plus, 1,10 % demande une neuvaine suivie d'une trentaine et d'une annate, 0,80 % une neuvaine, avec trentaine et quarantaine, 0,35 % une neuvaine, avec trentaine et demi-annate, 0,55 % une quarantaine seule, après quoi nous rencontrons de rares cas de demi-annate isolée, ou d'annate consécutive à une trentaine. Pour parachever le panorama, il convient de préciser que 1,20 % des testaments mentionne une annate seule et que nous relevons également deux doubles annates dont l'une précédée d'une neuvaine.

    58Les détails de ces commémorations ne sont pas toujours livres. En 1477, Privat Colomb, de Cayres (Barjac), institue sa neuvaine comme il est coutume de procéder "pour les bons et probes paroissiens". En 1424, la quarantaine de Guillaume Avinhon adoptera la forne en vigueur dans l'église de Saint-Gervais. Quant à Catherine, femme de Durand Sirvens, elle en délègue la responsabilité à ses héritier et exécuteurs testamentaires, en 143073.

    59Il n'est guère possible, ni intéressant, de citer l'ensemble des différentes formes prises par ces commémorations. En fait, la moyenne journalière variait de trois à six deniers, répartis à peu près également en pain, vin et chandelles. Mais, en 1395, dom Guillaume de Brenoux commande une neuvaine dans laquelle seront journellement distribués, une coupe de vin et huit pains d'un denier ; après quoi six prêtres feront une absolution sur sa tombe pour deux deniers longs chacun74 De même, le nombre de prêtres requis pour l'absolution se situe-t-il entre trois et sept, même si Agnès, femme d'Etienne Velayt, en voulut treize en 1391. Toutefois, très souvent les journées de la neuvaine sont séparément plus coûteuses que celles de l'annate. En 1386, Pierre Devèze offre deux sous de pain, trois coupes de vin et douze deniers tournois pour chacun de ses neufs premiers jours, et six deniers pour chaque journée d'annate75.

    60Une dévotion dans un autre lieu que celui où est située la cérémonie principale augmente parfois ces fondations. Agnès Cobe, femme du notaire Jehan Farsat, établit sa neuvaine dans la cathédrale, avec une offrande de trois coupes de vin, treize pains, trois petites chandelles journalières et sept grosses pour l'ensemble, ainsi qu'une absolution par sept prêtres, mais elle déclare que chacune des églises de Saint-Gervais, des frères carmes et mineurs et de la chapelle Sainte-Marie-de-Nire recevra une torche de deux livres de cire. Une distribution est occasionnellement répartie entre des lieux différents. En 1411, Hélix Vital, femme de François Pontier, lègue trois florins pour une annate à suivre quotidiennement, un tiers dans l'église de Saint-Gervais et un tiers dans chaque couvent de Mende. Quant à Philippa, veuve de Privat Gisquet, de Changefèges (Balsièges), elle donne trois oboles par jour d’annate, à faire six mois à Balsièges, un mois aux carmes de Mende, un mois aux mineurs et quatre mois dans la chapelle Saint-Privat de la Roche76.

    61A Chirac, une autre pratique est observée : la distribution entre le tenant de la cure et l'officiant En 1472, Pierre Dumond prodigue du pain, du vin et de la cire, pur toute sa neuvaine, à raison de trois deniers par jour, la moitié revenant au vicaire, la moitié au semainier, et l'annate constituée, la même année, par Guise, veuve de Jehan Bernard, obéit au même principe77.

    B - Obits et absolutions

    1°) Les obits

    62Un peu plus de la moitié des testateurs institue des obits perpétuels, soit 45 % des hommes, 56 % des femmes et 76 % des prêtres, alors qu'en Forez ce n'est le cas que pour 20 % des laïcs roturiers, hommes et femmes compris78. En fait, toutes les couches sociales cèdent à cette pratique, nobles ou roturiers, marchands, juristes, artisans, brassiers ou paysans, mais les citadins la respectent presque systématiquement alors que les ruraux la négligent souvent.

    63La formation d'obits ne découle pas exclusivement des seules volontés testamentaires et les registres fourmillent d'instruments uniquement destinés à en constituer ; il est vrai que les contractants appartiennent alors souvent au milieu ecclésiastique. La pratique paraît si fréquente que le recours aux registres obituaires s'avère général, et nous relevons la mention d'obits enregistrés dans des liber obitum ou registrum obitum, voire tabula obitum, dans plus d'une vingtaine d'églises cathédrale, collégiale, monacale ou paroissiale79.

    64La majorité des testateurs instituant des obits perpétuels se contente d'un ou deux, mais plusieurs d'entre eux en désirent un nombre bien plus élevé. En 1383, Déodat Hugonet en fonde cinquante deux, quarante chez les prêtres de Mende, pour quatre-vingt-seize francs et douze chez les moines de Sévérac pour vingt-quatre francs80. Le 4 septembre 1418, noble dom Guillaume de Mostuéjols rappelle l'obit fondé par lui dans un autre acte, en demande douze mensuels dans la cathédrale, pour son défunt oncle dom Frédol de la Voulte, archidiacre de Lectoure, et douze autres pour ses père et mère, au prix de quarante-huit francs l'ensemble81. Enfin, certains disposants ne mentionnent pas le nombre désiré, mais l'argent dispensé permet de penser qu'il y en a plusieurs.

    65Le testateur institue généralement l'obit pour le salut de son âme, parfois pour celles de ses parents et bienfaiteurs, et fixe sa célébration au jour de sa mort82. Toutefois des clauses particulières surgissent, comme dans le testament de noble Marguerite de Chabot, femme de Guillaume Charcos, qui en fonde pour elle, pour son père, sa mère, son défunt premier mari et leur fils Pierre de la Garde. L'anniversaire du décès de celui dont on veut commémorer la disparition n'est pas la seule échéance retenue, et dom Jehan Marquez en demande bien un le jour de son enterrement, mais il en veut aussi pour Noël et pour la Saint-Etienne83. Les intéressés se réfèrent à des fêtes religieuses, comme le dimanche de la Trinité en 1428, la Saint-Michel en 1421, la Saint-Simon et Saint-Jude en 142184, le lendemain de la fête du Corps du Christ et la Saint-Séverin en 1430, Pâques, la Pentecôte et la Toussaint en 143685.

    66La principale caractéristique de l'obit consiste en sa perpétuité. Mais que représentait cette dernière pour les contemporains ? Le tisserand mendois François Pontier fournit un élément de réponse en déclarant que celui qu'il fonde au couvent des carmes devra être observé tant que l'ordre des moines durera86. La perpétuité paraît donc supposée réelle, même si le scepticisme plane sur le fait que l'obit de François Pontier, fondé en 1457, ait continué à être célébré jusqu'à la Révolution, époque à laquelle trois moines occupaient encore le couvent87. L'humour nous autorise à affirmer qu'aujourd'hui personne de le respecte plus ! Et nous reviendrons sur cette question en étudiant le mode de paiement élaboré par les testateurs. Mais de son côté, Catherine Dumas, veuve de Raymond Itier, limite ses messes à une durée de vingt ans, en ajoutant que trois prêtres devront individuellement dire une messe de requiem à chaque Sainte-Trinité et procéder à une absolution sur sa tombe, contre dix-sept deniers par tête88.

    67Les actes décrivent rarement la forme prise par cette commémoration. Toutefois, dom Vital Tuffier, curé de Saint-Pierre-le-Vieux, présente ainsi son obit perpétuel de deux livres : l'office sera célébré le premier lundi de Carême ; son héritier offrira un repas au prieur, au curé, aux prêtres et aux clercs du lieu qui arriveront à chaque messe anniversaire avant l’épître ; ceux qui surviendraient après s'en verraient privés. Il semble cependant indéniable que, la plupart du temps, les messes sont collectives et accompagnées d'une lecture des obituaires dans lesquels la liste des défunts devait être extrêmement longue. Dom Vital Tuffier personnalisait donc l'évocation de sa mémoire en offrant un repas aux officiants contraints de le mentionner avec une attention particulière lors de la prière qui précéderait la collation.

    68La classification des obits selon la fréquence des messes est raisonnable. Les offices les plus classiques coïncident avec l'anniversaire de la mort ou avec une fête spécifique du calendrier et n'ont lieu qu'une fois dans l'année. Toutefois, les testateurs qui instituent plusieurs célébrations en viennent, par l'accumulation, à créer un rite particulier. Plusieurs d'entre eux en désirent quatre, comme Hélix Germain, veuve de Jehan Pelhicier, qui les prescrit dans la cathédrale, un le jour de son enterrement, un le lundi de la Toussaint, un le lundi de Pâques, un le lundi de la Pentecôte89. Ensuite, apparaît l'obit mensuel, ou les douze obits, à observer un par mois, que nous avons déjà évoqués.

    69L'office hebdomadaire perpétuel, plus honorable, est retenu par un panel d'individus aux origines assez variées, bourgeois, artisans ou ecclésiastiques. Marie, femme du marchand mendois François de Boda, veut que les prêtres du Collège Saint-Lazare en célèbrent un pour cinquante et une livres ; Laurent Batailhe, peigneur de Mende, fixe le sien, au lundi ou à un autre jour si cela est plus commode, dans le couvent des frères mineurs, au prix de cent moutons or. Le 17 mai 1482, dom Anthoine Ferrier offre son clos avec voie d'accès, à l'église Saint-Gervais, en précisant que le prieur nommera un prêtre pour officier hebdomadairement, avec un clerc, en consommant hostie, vin et chandelles90.

    70L'obit quotidien se révèle plus rare, et nous pouvons aisément en deviner la raison, puisqu'il commémore journellement et perpétuellement la mémoire du disparu, ce qui représente une démarche très particulière, parmi les plus coûteuses. En 1433, le chanoine Guillaume Martin destine deux cents moutons or aux prêtres de Mende, pour accomplir ce rituel. Maître Pierre Codonh, notaire du Malzieu, dont le titre de coseigneur de La Grange relevé dans d'autres actes atteste la richesse, teste en 1463. Il fonde alors une messe quotidienne à charge des prêtres du Malzieu selon le rite suivant : le dimanche en l'honneur du Seigneur, le lundi pour les Morts, le mardi pour Tous les Saints, le mercredi une messe apostolique, le jeudi pour le Saint-Esprit, le vendredi pour la sainte Croix, le samedi en l'honneur de la Vierge, avec collecte des morts du mardi au vendredi inclus. Et si lesdits prêtres ignoraient comment célébrer ces offices il stipule que d'autres, plus aptes, les remplaceront. Il y consacre cent vingt livres et exige que son héritier demande aux prêtres d'accepter ce legs dans les deux mois qui suivront sa mort91.

    71Nous avons observé que le pourcentage de prêtres fondant un obit était plus élevé que celui des laïcs. La raison pourrait provenir de la plus grande piété des premiers, ce que nul ne saurait exclure d'ailleurs, mais une réalité coutumière justifie autant, sinon plus, cet état de fait. En effet, les règles des communautés ecclésiastiques imposaient la fondation d'obits aux prêtres qui y adhéraient. Les simples prêtres étaient astreints à des offices annuels92. A Chirac, les "moeurs et coutumes" prescrivent un obit de deux livres et demie pour la mémoire du nouvel arrivant et de ses parents, lorsqu'ils seront décédés, et cette pratique est bien respectée puisque nous relevons la mention d'obits presbytéraux de 1463 à 149193. Les statuts du chapitre de Mende contraignaient les chanoines à l'institution d'un obit mensuel, comme l'indique fort bien le testament de dom Guillaume Martin qui précisait que les offices se déroulaient dans le choeur de la cathédrale.

    72Le prix des obits, pas totalement figé, laisse une certaine liberté de mouvement. Sans doute les variations observées répondent-elles à deux aspirations : elles permettent à tous de pouvoir en demander, mais elles impliquent aussi, très certainement, une différence qualitative du service. Toujours est-il que le tarif atteint généralement deux livres dans les villes et une livre dans les petites paroisses rurales, ce qui tient sans doute au système des distributions. En effet, il ne faut pas oublier que les obits restent à célébrer par la Communauté des prêtres dont les membres officiants se partagent les revenus. Or, la différence entre le très nombreux clergé cathédral et celui, plus réduit, des campagnes explique la hausse du coût à Mende afin d'éviter une portion trop congrue, même s'il est vrai que les ecclésiastiques mendois, et dans une moindre mesure ceux des petites villes, se rattrapaient sur la quantité.

    73Des tarifs coutumiers sont évoqués par le testament d'Agnès, femme de maître Jehan Nazond, notaire de Mende, qui désirait "un anniversaire ou obit" pour lequel elle allouait "la somme qu'il est coutume de lever". Toutefois, la réalité est loin d'être uniforme. Pourquoi ? Le montant global de la somme attribuée pour une commémoration de ce genre répond à peu près aux règles générales des rentes qui fixent la valeur annuelle de cette dernière au 1/20 du capital. En conséquence, un obit d'une livre autorise une distribution annuelle d'un sous, celui de deux livres, deux sous, de deux livres et demie, deux sous et demi. Confronté au problème des distributions, en 1397, dom Durand Sirvens use d'un procédé très particulier. Il décrète que son obit perpétuel entraînera l'octroi annuel d'une somme annuelle de six deniers à chaque prêtre et clerc de la cathédrale, ce qui impliquait que son hoir verserait cinquante sous par an environ, soit le prix d'une rente de cent francs94. Il est vrai que cet héritier ainsi surchargé n'était autre que ledit clergé cathédral. D apparaît bien, alors, que la petite paroisse avec un prieur, un vicaire et un ou deux prêtres, se satisfait facilement de ce sous, contrairement à une église urbaine.

    74Pour la Communauté des prêtres et clercs de la cathédrale, le prix mentionné est généralement de deux livres95, mais il descend occasionnellement en dessous. Le 11 février 1401, noble Marguerite de Chabot n'offre qu’une livre, mais elle en demandait dix d'un coup, pour dix livres. Marguerite Mirmon, de Grandval, n'accorde que quinze sous en 140896. Au contraire, un obit atteint le montant de cinquante sous en 142097. Pour mémoire, nous rappellerons les obits mensuels, généralement de vingt-quatre livres, soit vingt-quatre sous de distributions annuelles à raison de deux par mois. De leurs côtés, Delphine Parlier, en 143298, et Agnès Cobe, en 1437, baillent cent écus or pour leur commémoration quotidienne, soit cinq écus par an, ou une distribution d'environ trois deniers, une obole et une pite journaliers.

    75Dans les collèges de la cathédrale et dans les couvents mendois, l'obit est généralement évalué d'une à deux livres99, comme dans les autres paroisses du diocèse, même s'il descend à cinq sous à Chaudeyrac en 1428, ou monte à soixante à Albaret-Sainte-Marie en 1471100. Dans les couvents de Saint-Chély-d'Apcher, de Marvejols, et dans les monastères du Monastier, de Chambon et de Mercoire il varie d'un mouton or à deux francs101. En fait, rien n'est impératif, et la même commémoration passe de dix sous en 1407-1411, à seize en 1410, voire vingt en 1407, ou quarante en 1427, au Born102.

    76Des testateurs fondent des obits en dehors du pays. En 1427, Pierre Mercier, prêtre de Mende, en réclame un dans la cathédrale d'Agde, payé selon la coutume de cette église, et dom Guillaume Valdin offre trente livres pour acheter trente sous de cens à la cathédrale de Lodève pour dire un obit pour six deniers annuels par prêtre.

    77L'acquittement de ces sommes soulève plusieurs problèmes. Tout d'abord, même si la pratique est rare, certains testateurs, sans doute en peine de se procurer des liquidités, règlent leurs dispositions en nature, comme Guillaume Arzalier, d'Allenc, qui abandonne deux brebis en guise de règlement, en 1482103.

    78Le paiement des obits s'effectue parfois à terme, comme celui de dix sous de Pierre Ebrard, pour six deniers par an pendant vingt ans. Cette pratique n'a rien d'inconvenant et se conforme au principe des distributions liées aux casuels des prêtres ; le testament de Jehan Anthoine, rédigé le 5 juin 1481, présente bien cette question puisqu'il stipule que l'héritier universel remettra dix-huit deniers, chaque année, aux prêtres de Saint-Alban pour la célébration d'un office perpétuel dont le capital est de trente sous. Cela signifie qu'au bout de vingt ans la commémoration de Jehan Anthoine sera entièrement soldée. Cette méthode contraignait bien les officiants à dire la messe perpétuelle pendant deux décennies, mais que se passait-il après ? La source de revenu, tarie, ne suscitait plus d'intérêt et le nombre d'anniversaires perpétuels fondés par d'autres risquait bien de la faire disparaître. La meilleure garantie de l'exécution d'un véritable office perpétuel consistait en la création d'une rente éternelle. En 1427, Pierre Raymond procède ainsi, en créant une rente usufruitière sur l'un de ses prés. Son héritier devra verser vingt deniers pour l'office anniversaire de son enterrement. La rente est bien constituée sur le pré légué à son héritier, non sur l'héritier lui-même, ce qui est très important puisque c'est ce genre de fondation qui finit par se confondre progressivement avec des cens, et son paiement n'est pas forcément imposé à l'héritier, mais aux successeurs dans la possession de l'immeuble concerné104.

    79Les sommes réellement versées servent généralement à acheter des rentes et, en 1433, quand Guillaume Garin, du Born, constate qu'il risque de mourir sans héritier, il décide que la moitié de ses biens reviendront au chapelain de Saint-Martin, pour acheter une rente, afin de célébrer un obit hebdomadaire. Le cas échéant un achat spécifique est imposé. En 1482, Pierre Monbel demande que les quatre livres qu'il baille aux prêtres de Châteauneuf-de-Randon soient utilisées pour acquérir une veste sacerdotale dans les deux ans suivant sa mort.

    80Ces fondations agissent occasionnellement comme un moyen de pression sur un débiteur et, en 1476, le tisserand Jacques Malassanha lègue une livre pour un office perpétuel de douze deniers à dire à Rieutort, en diminution de ce que lui doit Anthoine Malassanha105.

    2°) Les absolutions

    81Nous avons observé que l'obit perpétuel risquait de conduire le défunt à un quasi-anonymat dans la mesure où le nombre d'anniversaires inscrits dans les obituaires faisait oublier dans la foule chacun de ceux dont la mémoire était célébrée. L'un des procédés pour compenser cet inconvénient et pour tenter d'émerger de ce flot de disparus perpétuellement honorés consistait à accroître la valeur de l'obit, ou à le distinguer en octroyant un repas aux officiants. Toutefois, plusieurs testateurs utilisaient un autre type de commémoration qui s'ajoutait à la précédente : l'absoute sur la tombe imposée à la fin de la messe.

    82Le 16 octobre 1424, Jehan Amat, tisserand mendois, lègue douze livres et seize sous "pour un denier perpétuel d'offrande sur sa tombe le jour où son corps sera porté en sépulture ecclésiastique"106. C'est le prix général de l'absolution d'un denier. Lors d'une telle cérémonie, la Communauté des prêtres et clercs de la cathédrale se présente sur la tombe du défont, pour y prier, et la bénit ; chaque membre de cette Communauté se voyant allouer un denier, ce qui implique une dépense annuelle approximativement de huit sous, soldés grâce à la constitution de cette rente fixée à plus de douze livres. Ce tarif se maintient jusqu'aux environs de 1432, époque à laquelle il passe à vingt-quatre moutons or, soit dix-huit livres. Cependant la même cérémonie se révèle bien moins coûteuse dans les couvents107.

    83Toutefois, une telle pratique n'est pas limitée au denier annuel perpétuel. En 1428, dom Guillaume Amelhac concède soixante-quatre florins pour une absolution perpétuelle de quatre deniers. La quadruple commémoration est réclamée à plusieurs reprises, en particulier pour les quatre principales fêtes, soit Pâques, Pentecôte, Toussaint et Noël, comme dans le testament de dom Pierre Grumel en 1427. Mais la distribution de plusieurs deniers n'est pas toujours scindée sur plusieurs journées. En 1425, Gérald Géraldon en offre deux perpétuellement à chaque prêtre de la cathédrale présent sur sa tombe le jour anniversaire son enterrement108.

    84Mais, le jeu se complique souvent par la conjonction de plusieurs opérations, l'obit et le transport sur la tombe n'étant plus des démarches complémentaires, mais des actions solidaires indissociables. En 1444, dom Guillaume Boayro emploie douze deniers annuels pour un anniversaire spécial, au cours duquel chaque membre du clergé cathédral aura cinq deniers pour l'office mortuaire, cinq pour la messe, et deux pour l'absoute autour de la tombe de ses mère et soeur.

    85Plusieurs testateurs instaurent alors un processus impressionnant. L'hebdomadier Gérald Simon prescrit de nombreuses fondations de ce type109. Tout d'abord, il institue un obit perpétuel en ordonnant que l'on procède, avec l'accord du chapitre, à une sonnerie générale avec la cloche nommée "jolia", comme il "est coutume de faire pour les seigneurs hebdomadiers de ladite église", et offre cinq sous pour le travail du marguillier. En outre, il ordonne que les prêtres de la cathédrale effectuent une absolution d'un denier sur la tombe de ses parents, dans l'église des carmes, et s'il était impossible de la faire chez les calmes, il faudrait la célébrer devant le grand autel de la cathédrale, aux matines. Il en désire aussi, sur sa tombe, aux vêpres de la Saint-Gérald, une double de deux deniers, aux matines et après la messe de la Saint-François, une autre dans la chapelle Saint-Jehan-Evangéliste sur le Lot, le jour de la procession allant à ladite chapelle, et si l’accès en était inabordable ce jour-là, il faudrait exécuter cette absolution devant le grand autel de la cathédrale aux vêpres ; il en ajoute une dernière, de deux deniers, chaque samedi, à réaliser par les seuls hebdomadiers, après la messe de la confrérie Sainte-Marie, devant le grand autel, et lègue, pour cette dernière, huit livres aux hebdomadiers ; le tarif étant moindre puisque les officiants ne seront que quatre.

    C - Les messes et les prières

    1°) Les messes

    86Ces fondations de messes se distinguent des obits dans la mesure où les testateurs ne les instituent pas dans une perspective perpétuelle et préfèrent un nombre de célébrations limité temporellement et quantitativement. En outre, leur exécution dépend généralement, non d'une collectivité religieuse, mais de prêtres individuellement désignés par les testateurs ou laissés au choix des héritiers ou des exécuteurs testamentaires. 41,10 % des testateurs consacrent au moins une clause à ce sujet, en particulier les prêtres, puisque nous relevons 57 % des ecclésiastiques, pour 45,15 % des femmes et 32,80 % des hommes.

    87La quantité de messes varie d'un acte à l'autre en offrant un échantillonnage très diversifié. Parmi les paysans, Pierre Ebrard, du Born, en prescrit cinquante en 1411, et Jehan Raymond, dans la même paroisse, quatre-vingt-dix sous la forme de trentains, en 1433. En 1416, Catherine, veuve du bourgeois Guillaume Galtier, en crée trois cent cinquante110, et noble Marguerite de Peyre mille soixante.

    88Certains se contentent de quelques messes, voire d'une seule ou n'en font pas dire du tout, mais la plupart de ceux qui en désirent instituent au moins un trentain, et souvent plus, quel que soit leur statut social, du paysan Jehan Delmas, au marchand Jaucelin Brolhet. Quant à Delphine, veuve de Vital Chastel, elle en impose dix de requiem, un à son enterrement, un les derniers jours de neuvaine et d'annate, un le premier jour de l'annate, un le lundi après la Toussaint, jour de la mort de son mari, trois autres dans l'année, pour les Ames du Purgatoire, et deux selon ses héritiers et exécuteurs testamentaires111.

    89Les messes coûtent habituellement de six deniers à un sous, mais des clauses particulières entraînent des hausses, ou des baisses, occasionnelles. Elles sont normalement célébrées dans les jours, ou dans l'année, qui suivent le décès. Le 8 octobre 1411, Catherine Pessada, femme d'Etienne Bompar, en inscrit une pour chaque jour de sa neuvaine et offre trois deniers à chaque prêtre présent En 1397, dom Durand Sirvens réclame trois fois trente messes à célébrer dans les trois jours qui succéderont à sa mort par trente prêtres différents payés dix deniers pièce ; après quoi la totalité des membres de la Communauté du clergé cathédral effectuera un office mortuaire et une messe en fin d'année, pour cinq deniers chacun, avec une absolution au même prix. En outre, il prescrit une messe en fin de neuvaine, à Chaudesaigues dont il est originaire, et demande que deux prêtres exécutent trente messes chacun pendant que son corps sera déféré de la cathédrale à sa tombe. Cet exemple démontre deux choses : les trentains pouvaient être confiés à un seul officiant ou à trente, et leur exécution était parfois limitée à une journée. Toutefois, le 8 février 1455, dom Jehan Bernard crée trois fois trente messes à entreprendre une par jour pendant quatre-vingt-dix jours successifs112.

    90Les types de messe et leurs formes sont assez diversifiés. Tout d'abord, elles sont récitées à voix haute ou basse113. Ensuite, la distinction s’opère par rapport au rituel : les plus fréquentes sont celles de requiem et des morts rencontrées dans la quasi-totalité des testaments instituant de telles oeuvres. Ensuite nous observons que Jausionde, épouse de maître Pons Valdin, fonde des messes de La Passion ; Eldine, veuve de Jehan Vanel, des messes de la Rédemption. En 1471, dom Guillaume Simon souhaite un trentain de messes différentes pour chaque jour de sa neuvaine, à savoir, de la Sainte-Trinité le premier jour, du Saint-Esprit le second, de Sainte-Marie le troisième, d'Angelis le quatrième, de Tous les Saints le cinquième, et des défunts du sixième au neuvième. Le 8 février 1455, Jehan Bernard, prêtre de Mende, ordonne que soient successivement célébrés, par un seul prêtre, pendant trente jours sans intervalle à compter de son enterrement, un trentain de messes du Saint-Esprit, avec Gloria, Credo et collecte, puis un second de messes de Sainte-Marie, avec Gloria, Credo et collecte, et huit trentains, enfin un dernier composé de messes de Requiem114.

    2°) Les psaumes, prières et remémorations

    91En plus des psaumes accompagnant la veillée funèbre nocturne de leur dépouille, certains testateurs en demandent d'autres, à réaliser souvent en conjugaison avec des messes. En 1383, Déodat Hugonet lègue cinquante gros pour cinquante psaumes, outre six livres pour six trentains. Le tisserand mendois Jehan Amat constitue une fondation très particulière en priant un prêtre de réciter sept psaumes par jour pendant une année entière.

    92Les gratifications consenties à des ecclésiastiques chargés de prier pour la rédemption des défunts se révèlent assez fréquentes. Guillaume Bedos alloue dix sous à dom Guillaume Alègre, en 1419, en échange de prières réalisées pour son âme et pour celles de ses parents et bienfaiteurs. Quarante sous sont donnés, pour cette même raison, par Marguerite Mirmont, au Collège de Tous les Saints115.

    93Une autre coutume consiste à solliciter le curé afin qu'il rappelle le défunt à la mémoire des paroissiens qui prieront pour le repos de son âme lors de l'office du dimanche. Ces remémorations, ou "remembrances" si nous utilisons l'ancien français, ont pour particularité un paiement généralement effectué en nature, contrairement à celui des obits et des messes, toutefois, Jehan Arzalier octroie soixante sous en1430116. Plusieurs testateurs précisent clairement que la recommandation de leur âme durera un an, et Raymond Boyer, qui s'adresse au curé de Chanac, le 21 mai 1445, rapporte bien que c'est une coutume117.

    94Un rituel un peu plus compliqué apparaît dans le testament de Jehan Bernard, rédigé le 8 février 1455. Ce prêtre invite chaque curé de Badaroux, Bagnols, Barjac, Born, Chadenet, Rouvière, Sainte-Hélène et Saint-Julien-du-Tournel, pour que le dimanche après la notification de son décès chacun le recommande à "la majeure partie du peuple" et chante "un répons de morts avec une collecte". En outre, il les supplie d'accomplir une sonnerie générale des cloches. Après quoi les paroissiens seront conviés à se souvenir de lui pendant un an118.

    D - "Noal" : repas anniversaire avec office

    95La dernière fondation pieuse destinée à rappeler le défunt à la mémoire des vivants, nommée "noal", apparaît derrière une terminologie assez variée qui désigne un repas anniversaire119. Ce dernier est mentionné dans 57 % des testaments. La plupart des actes né se contentent pas d'un seul noal et en instaurent plusieurs. L'archidiacre Erailh de Mirmont en institue un dans chacun des couvents de Mende, noble Marguerite de Peyre vingt120. Ils sont alors tenus la même année en des endroits différents, ou se succèdent dans le temps121.

    96Ces événements se déroulent dans la maison du testateur, ou dans des lieux saints. Le 7 décembre 1436, le marchand Guillaume Robin situe les siens aux couvents des mineurs et des carmes, aux Collèges de Tous les Saints, de Bonconseil, de Saint-Lazare et de Saint-Privat de la Roche. Ces quatre Collèges mendois et les couvents jouissent très fréquemment d'une telle libéralité. Encore l'établissement dans un local ecclésiastique est-il souvent assorti d'une invitation lancée à d'autres religieux que ses occupants légitimes. Le 2 mai 1435, lors du repas qu'elle prodigue au Collège de Tous les Saints, pour le dernier jour de sa neuvaine, Agnès Cobe convoque tous les prêtres de ce Collège, ainsi que les hebdomadiers de la cathédrale et deux servants de l'église de Saint-Gervais122.

    97Très souvent les laïcs dressent l'une de ces réfections dans leur oustau, comme noble Agnès d'Ayres, qui l'assigne dans l'année de sa mort, avec une personne de chaque maison de Saint-Sauveur-de-Peyre, ses amis à choisir par son mari, treize prêtres qui recevront individuellement deux sous et six deniers et deux religieux de chacun des trois ordres de Marvejols123. En général, les amis sont conviés, très souvent avec les voisins, ou le chef de chaque maison, en compagnie de trois à quinze prêtres qui obtiennent le plus fréquemment une gratification de trois à trente deniers. En 1427, Pierre Raymond veut ses amis et les personnes des autres oustaux du Bom où il vit, mais Pierre Ebrard ne désire que les chefs de maison du Born, en 1478. En plus, la mendoise Izens, épouse de Raymond Chalvet, désigne treize pauvres orphelines et cinq autres miséreux, en 1429. En 1467, dom Durand Ramadier, de Rimeize, ajoute les veuves et les clercs du lieu. En 1483, Vital Ebrard déclare que les habitants de Rouvière y assisteront comme c'est la coutume. Enfin plusieurs fixent un nombre précis et dom Vital Tuffier invite deux cents convives124.

    98La nourriture distribuée est rarement décrite, sauf lorsqu'il s'agit de faire une distribution générale aux miséreux en même temps que le repas ; mais en 1459, Philippa Gisquet, veuve de Pons Vayssota, ordonne que son héritier y consacre la viande de sept brebis. En 1477, dom André Denis précise qu'il y aura du pain, du vin et de la viande, comme de coutume dans la paroisse de Noalhac. Et dans le minutier du Malzieu, les notaires notent que le menu se compose de pain, de vin et de viande. Le coût de ces commémorations n'est guère différent de celui des précédentes. Les actes l'indiquent quand le legs est consenti à une communauté religieuse et nous relevons les prix de vingt sous, en 1404, et cinq livres et douze sous en 1408125. Mais le nombre de convives influe indéniablement sur la dépense globale qui comprend une indemnité en numéraire allouée aux prêtres et les fiais alimentaires.

    99Afin de comprendre une telle prédilection éprouvée pour le noal qui se situe, en pourcentage de représentation des oeuvres commémoratives mentionnées dans les testaments, juste après les neuvaines et avant les obits, messes, annates, trentaines et quarantaines, il convient de percevoir que trois motivations inspiraient les testateurs. Les deux premières ne le distinguent pas des autres cérémonies : la piété et la volonté du souvenir. La foi se manifeste par la présence des prêtres qui procurent au noal son caractère religieux, et cela d'autant plus que certains envisagent que cette assistance ne réunira que des ecclésiastiques. Le souvenir se renforce par la reconduction de l'anniversaire. En 1421, dom Vital Bastide, du Malzieu, offre une première réfection pour son enterrement et en prépare dix autres étalées sur une décennie126.

    100Mais le noal représente aussi et surtout un acte de relation sociale, et ce n'est pas sans raison que nous avons observé qu'il était plus fréquemment limité aux seuls prêtres à Mende, alors qu'il s'ouvrait généralement à tout le voisinage dans les paroisses rurales et dans les petites villes. A Mende, la sociabilité passe souvent par d'autres canaux, les familles nucléaires sont plus nombreuses, la vie communautaire moins développée que dans le reste du pays. En outre, dans la capitale du pays, l'identité du chef de famille et le nombre de personnes demeurant dans les maisons attenantes sont mieux connus car le contact se maintient en permanence. Enfin, l'individualisme citadin, déjà relevé, en particulier du fait des structures familiales, mais également en raison d'une plus grande influence des mouvements migratoires, rend moins important l'ouverture du banquet à d'autres que la famille et les prêtres chargés de prier. Au contraire, dans les campagnes, l'appel aux voisins devient presque général et cela rappelle l'observation de Bronislaw Kaspar Malinowski qui notait que chez les indigènes Trobriandais, "à la mort d'un individu son sous-clan et, dans une certaine mesure, son clan, sont considérés comme frappés de deuil, et tout le rituel funèbre est organisé conformément à cette conception traditionnelle"127. Ainsi les ruraux, et dans une moindre mesure les habitants des petites villes ouvertes sur un terroir champêtre, s'impliquent-ils dans les obsèques du voisin et dans la perpétuation du souvenir des défunts. Le devoir de solidarité joue son rôle, mais ce moment sert aussi à délivrer ou acquérir des informations. Alors que les oustaux se ferment aux regards extérieurs le reste du temps128, à l'occasion du décès les portes s'ouvrent et tout le monde s'introduit dans l'intimité du défunt et des survivants fragilisés par la mort. En contrepartie de cette indiscrétion, légèrement morbide, le rituel consacre la nouvelle situation de la maison.

    101Le noal retient majoritairement le suffrage des hommes vivant à l'état laïc puisque 62,50 % d'entre eux en instituent pour 54,10 % des femmes et 47,25 % des prêtres. Chez ces derniers, cette démarche manifeste principalement leur piété, mais pour les premiers, il s'agit indéniablement de faire accepter l'héritier comme nouveau chef de famille, ou de renforcer le pouvoir de la veuve dont les enfants demeurent en bas âge. Si la totalité des voisins est occasionnellement appelée pour manger après l'enterrement, puis, selon les cas, au premier et au second anniversaires, ou même pendant plusieurs années, ce sont surtout les capouliés129 qui répondent à ce devoir. Autour de la table, se réunissent les prêtres, pasteurs du peuple et guides spirituels, les meinadiés, mais aussi les veuves, qui viennent tous reconnaître les transformations hiérarchiques survenues chez le défunt et participent, en quelque sorte, à la répartition des nouveaux rôles et à la transmission du pouvoir, par leur approbation, même si cette dernière ne pouvait être refusée.

    102C'est donc, pour les ruraux, un acte crucial où se mêlent la piété, le partage de la souffrance des autres, la quête d'informations qui permettront d'envisager de futurs pactes, mariages, rachats de terres. Enfin, c'est une façon de resserrer les liens de solidarités, essentiels dans les paroisses démunies de fortifications où les habitants doivent se montrer prêts à prendre les armes lorsque le tocsin sonne l'alarme.

    III - LES OEUVRES CARITATIVES

    103Cette expression englobe une réalité très large dont les intentions et les buts sont très diversifiés. Les Gabalitains s'intéressent aux confréries et aux charités assistant les pauvres, aux hôpitaux, aux fabriques paroissiales, aux églises et aux couvents, tout en observant des devoirs auxquels ils ne peuvent échapper.

    A - Les confréries et les charités

    104L'étude du mouvement confraternel réalisée par Catherine Vincent, bien que réduite à la Normandie, présente cette question d'une façon très complète130 et nous n'apporterons rien d'exceptionnellement nouveau sur le plan de leur organisation et de leur fonctionnement ; cela d'autant plus que Félix Buffière a déjà décrit les confréries de métiers gabalitaines131. Notre but se limite donc à compléter les informations sur la situation régionale au XVe siècle, alors que Félix Buffière situe surtout son propos dans les temps modernes.

    105Dans les testaments, plusieurs expressions permettent d'identifier ce type d'organisation : "confrérie" et "charité"132. Catherine Vincent a démontré qu'en Normandie ces deux termes sont synonymes et il semble bien en être ainsi en Gévaudan puisque la confrérie des tisserands de Mende est tour à tour nommée "charité des pareurs et tisserands" en 1433 et "confrérie des tisserands" en 1435133. Encore relevons-nous l'usage des substantifs "aumône" et "quête". Enfin, dans les paroisses rurales, l'offrande aux "pauvres du Christ" sert de référence134. En fait, malgré une synonymie certaine entre ces termes, celui de "confrérie" se révèle d'un usage beaucoup plus courant dans les villes, celui de "charité" dans les paroisses rurales, et nous verrons que ce n'est pas innocent.

    106La classification des confréries s'opère différemment en fonction des critères retenus, mais avant d'exposer la typologie gabalitaine nous décrirons quelles sortes de confréries n’existaient pas dans notre pays. Deux sont totalement absentes du paysage local : les confréries laïques pénitentielles fondées sur l’expiation des péchés, et les "grandes confréries" décrites par Bernard Chevalier et dans lesquelles les membres appartenaient surtout aux couches élevées de la société135. De fait, nous identifions trois sortes de confréries : les confréries caritatives, les confréries de métiers et les confréries de dévotion, mais la situation n'est pas toujours claire dans la mesure où nous ne disposons pas des statuts et des actes de fondation, à de rares exceptions près, et notre raisonnement repose sur les legs constitués ou sur quelques actes annexes dont nous ferons mention.

    107Le phénomène confraternel manifeste une grande vitalité en Gévaudan puisque nos sources témoignent de la présence d'une confrérie ou d'une charité dans près de 30 % des paroisses, ce qui constitue un minimum, et il paraît certain que la plus modeste des localités comptait au moins une association de ce genre ; seule la rareté ou l'absence de testaments rédigés par les habitants de nombreux villages explique notre incapacité à pallier la déficience de notre information. Si nous n'avons pu retrouver qu'une charité dans la plupart des paroisses, il en existait au moins deux à Saint-Chély-d'Apcher, sous le patronage de saint Eloi et de saint Anthoine, et à Marvejols sous celui de la Vierge et de saint Jacques. Dans la ville de Chirac, six confréries et une charité, peut-être deux, apparaissent : les Confréries de Sainte-Marie, des Brassiers, de la Nativité du Christ, des Jeunes Hommes, de Saint-Anthoine, du Corps du Christ, et la charité de l'Ascension, alors que plusieurs legs mentionnent une charité anonyme qui correspond peut-être à la précédente, à moins qu'il ne s'agisse d'une autre dans l'hôpital. A Mende, la situation s'avère remarquable car nous en identifions vingt-six, ce qui place la capitale du diocèse en bonne position face aux autres villes du royaume, puisque Catherine Vincent en signale dix-huit à Caen et à Bayeux, vingt à Gisors, vingt-cinq à Dieppe, mais cent trente et une à Rouen136.

    1 ) Les confréries de charité

    108Les confréries caritatives répondent au terme caritas ou à l'expression "pauvres du Christ". Elles forment l'essentiel des établissement ruraux, tout en étant présentes dans les villes. La plupart demeurent anonymes mais certaines d'entre elles ont reçu le nom de la fête principale à laquelle se fait une procession solennelle et deux vocables sont retenus : l'Ascension et le Corps du Christ. Les legs qui leur reviennent ne proviennent pas de membres, mais de généreux donateurs qui s'intéressent aux miséreux. 29,15 % des testaments consacrent ainsi une gratification en nature, sans la moindre allusion à une obligation confraternelle ou statutaire. Cette proportion ne marque pas de différence notable en fonction du sexe ou de l'état laïc ou clérical des bienfaiteurs parmi lesquels nous rencontrons des chanoines, prêtres, nobles, un juriste, un officier, des notaires, marchands, aubergistes et hôteliers, un barbier, un cordonnier, un pelletier, un sellier, des serruriers, artisans du textile, laboureurs et paysans.

    109Les legs sont généralement fixés en nature, plus particulièrement en céréales, et leur but s'avère purement caritatif : ils sont voués aux malheureux et non à des confrères. Tout se passe alors comme si les ruraux assument essentiellement un rôle de bienfaisance en prodiguant de la nourriture aux démunis. Les testateurs distribuent cette aide en concomitance avec les funérailles. En 1465, dom Etienne Boyer octroie généreusement dix setiers de seigle en "pain cuit et chaud". Cependant les actes mentionnent souvent des échéances plus lointaines. Le 26 juin 1423, Plasentre, veuve de Laurent Salesse, de Coulagnets (Saint-Gervais), exige que les pauvres reçoivent, dans sa maison, trois setiers de seigle chacune des deux années qui suivront son décès. Les héritiers se chargent alors d'exécuter cet acte de piété. Et le testament de Pierre Martin, en 1437, confirme qu'il est coutumier de procéder à de telles distributions lors des commémorations au profit des défunts137. Si la pratique de l'offrande lors de l'enterrement, ou pendant la neuvaine, s'avère généralement conjointe à celle qui alimente les stocks de la charité, les Cévenols observent seulement la seconde.

    110Encore ces dons n'impliquent-ils pas catégoriquement la présence de confréries, mais seulement celle de miséreux, et cela pose le problème de savoir à quoi correspondent réellement les charités rurales. Raymond Companch, Agnès Brunenc et Guillauma Ebrard, femme de Jehan Malaval, s'adressent respectivement aux charités de leur domicile, à Balsièges, Barjac et Brenoux138, ce qui confirme bien la présence d'une organisation chargée de recueillir les donations et de recenser les malheureux dans ces diverses paroisses.

    111Contrairement aux villes, et même à certains villages, qui jouissent d'un minimum d'organisation grâce à leurs procureurs, syndics ou consuls, beaucoup de localités regroupent simplement leurs paroissiens autour de l'église où s'exprime une "solidarité de clocher". Il n'est pas improbable que les distributions alimentaires dans l'oustau familial aient pour effet, outre la commémoration du défont, de favoriser la notabilité de la maison, car les chefs des diverses familles et les prêtres assistent à un repas, comme nous l'avons signalé, pendant que les pauvres prennent du pain cuit qu'ils ramèneront dans leur maison. Si ce système avait été le seul à fonctionner, il ne serait plus resté aux pauvres qu'à espérer la mort fréquente de voisins généreux. Ce n'est heureusement pas le cas et des réserves alimentaires sont constituées. Quand elle teste, en 1399 et en 1405, noble Marguerite de Peyre, dame de Servières, pense à ses pauvres. Elle ordonne la remise de douze setiers de seigle pour son annate139, autant pour la fête du Corps du Christ Enfin, elle garantit le don perpétuel de soixante setiers de seigle annuels140 que les prieurs ou recteurs successifs du lieu conserveront et administreront Cette rente perpétuelle à constituer ou à prélever sur celles que possédait Marguerite fut donc cédée pour venir en aide aux habitants de Servières, sous la surveillance du desservant de la paroisse.

    112Quelques testateurs fondent des abris pour les malheureux. En 1383, Déodat Hugonet, inspiré par "l'amour de Dieu", charge sa tante, Alasacie Hugonet, d'administrer sa maison du pan du Chastel afin d'y recevoir des miséreux et garantit que cette demeure restera, par la suite, dédiée à ce seul usage. Il ajoute divers legs au bénéfice des nécessiteux, entre autres, six setiers de seigle de cens, vingt-cinq florins pour acheter du pain, et quatre autres florins. De la même façon, en 1433, Agnès, veuve de maître Pierre Cordolh, déclare que la croto de son oustau écherra au service des pauvres auxquels elle laisse également un matelas, un coussin, deux couvertures et deux draps. Ces dispositions manifestent un privilège des sites urbains où de tels asiles se justifient par le nombre élevé des sans-domicile. Ces derniers devaient pouvoir s'abriter pendant les froides nuits hivernales, y recevoir de la nourriture, et c'est sans doute là qu'étaient partagés les vêtements que les défunts leur abandonnaient. Comme nous l'avons déjà vu, les nécessiteux jouissaient souvent de legs particuliers généralement assortis de l'obligation de participer activement aux funérailles, en portant des chandelles.

    113Les testateurs accordent certaines gratifications à des catégories spécifiques d'indigents, parmi lesquelles les jeunes filles à maria paraissent les principales bénéficiaires. Ils agissent de deux façons différentes. La dotation est réservée à une seule fille, bien pourvue, comme l'envisage dom Etienne Colin, alias de Mirmont, qui demande, le 22 décembre 1463, que ses héritier et exécuteurs testamentaires choisissent une fille qui obtiendra vingt-cinq livres, sa veste grise doublée de tissu pers, dix setiers de seigle, une tasse de quatre onces d'argent, une cuiller d'argent et la moitié d'une vigne. Ou bien ils en font bénéficia plusieurs, tel que noble Jehan de Corsac qui prodigue quarante livres à dix filles141. Les femmes, en particulier les veuves, ne sont pas oubliées142, ni les orphelins mâles143 et les "respectables infirmes"144.

    114Les charités accumulaient ainsi les biens, meubles, immeubles et tout particulièrement cens provenant de pieux paroissiens. Celle de Chirac était administrée par les "collecteurs des pauvres" qui géraient un portefeuille de rentes apparemment important sous le regard attentionné des syndics. Sur ordre de Bernard Chinard, trésorier royal de Marvejols et lieutenant du bailli royal qui en reçut mandat du sénéchal de Beaucaire et de Nîmes, plus de cinquante censitaires se reconnurent obligés envers elle le 20 mars 1367. Et de telles reconnaissances furent renouvelées le 14 mai 1394, en 1455 et en 1456145. La charité de Chirac figure donc parmi les seigneurs fonciers et ses représentants agissent en tant que tels. Il semble que son siège se trouve dans l'hôpital de Chirac plutôt qu'en l'église paroissiale, mais son établissement s'avère bien distinct, car les actes qui la concernent sont toujours passés sous la responsabilité des collecteurs alors que ceux qui impliquent l'hôpital le sont toujours sous l'autorité du précepteur qui appartient à l'ordre des hospitaliers de Sainte-Marie d'Aubrac.

    115Les charités s'enrichissaient encore de l'octroi de quelques successions universelles transmises dans 0,35 % des testaments, avec d'autres perspectives ouvertes par des substitutions dans 1,20 % des actes. En 1442, Jehan Julien, de Mende, institua héritière universelle "l'aumône ou charité" de l'Ascension qui recevra ses biens après la mort de sa femme, et dont le produit de leur vente sera distribué annuellement à raison de deux deniers à chaque personne qui viendra les recevoir auprès de ladite charité, et cela jusqu'à extinction complète de son capital146.

    2°) Les confréries de dévotion et de métier

    116A de rares exceptions près, les legs formulés en faveur de ces confréries découlent toujours d'une intention confraternelle, le testateur appartenant à l'association en question. La démarche caritative passe donc en arrière-plan et n'apparaît même presque plus, la pensée des intéressés s'orientant presque essentiellement vers la solidarité du groupe des adhérents. Le recrutement de ces derniers s'opère principalement parmi les citadins et nous rencontrons des individus de tous les états : nobles, juristes, officiers, aubergistes et hôteliers, bastiers, bouchers, brassiers, écrivains, forgerons, fustiers, marchands, notaires, serruriers, teinturiers et artisans du textile. Le mouvement atteint une certaine ampleur puisque 22 % des testateurs sont affiliés à une confrérie, soit 29,10 % des prêtres, 20,45 % des femmes et 20,40 % des hommes.

    117Si certains n'appartiennent qu'à une confrérie, l'adhésion à plusieurs n'est pas rare. Doms Anthoine Dumas et Etienne Boyer sont inscrits dans cinq d'entre elles, doms Jehan de Salvanhac, Guillaume Simon dans quatre, Jausionde Artald, épouse de maître Pons Valdin, Pierre Malel, Jehan de Crozas, doms Erailh de Mirmont et Guillaume de Las Charrals dans trois. Si nous avons la surprise de constater que les femmes sont aussi nombreuses, et même légèrement plus, à s'inscrire dans une association de ce type, il est clair que les hommes laïcs ont plus tendance à multiplier les inscriptions. En outre, les Gabalitains n'hésitent pas à rechercher des confrères au-delà du pays. Dom Erailh de Mirmont appartient à la confrérie de Saint-Nicolas de Bayeux, ville dans laquelle il occupa un canonicat147. Déodat Hugonet pense à la confrérie de Saint-Gille, à Sévérac où il possède des biens. Ces adhésions puisent souvent leur légitimité dans une relation familiale ou professionnelle, mais pour une raison assez inexpliquée, sans doute due à sa seule notoriété, la confrérie de Saint-Anthoine de Vienne (en Viennois) reçut le suffrage d'au moins trois mendois148.

    118La distinction entre les confréries de simple dévotion et celles qui unissent les gens de métier s'avère difficile. Les renseignements manquent sur toutes celles des localités autres que la cité épiscopale et notre propos s'orientera vers ces dernières. Sur les vingt-six répertoriées à Mende, celle de l'Ascension est caritative, sans doute comme la confrérie du Corps du Christ. Plusieurs concernent des hommes exerçant la même activité, celles des tailleurs, des notaires, des bouchers, des cordonniers, des tisserands et pareurs de draps, et de Saint-Eloi réservée aux travailleurs du fer et aux gens d'équipage. Une autre, la "confrérie de Sainte-Marie de mars", est dirigée par les prêtres mais ouverte aux laïcs, hommes et femmes confondues. Pour les autres, les informations sont insuffisantes, mais la "confrérie des onze mille vierges" paraît réservée aux ecclésiastiques et aux femmes149.

    119Toutes ces associations fonctionnent indéniablement selon un système classique veillant à l'entraide collective bien décrit par Catherine Vincent pour la Normandie, ou par Félix Buffière pour la période moderne du Gévaudan. Des baillis les administrent et sont occasionnellement cités dans les testaments, comme celui de la Purification de la Vierge lors des dernières volontés rédigées par Guillaume Robin en 1460, ou de la charité des bouchers en 1396150, ou de la Nativité de la Vierge en 1473 et 1475151.

    120Les legs octroyés atteignent des valeurs très inégales. Tout d'abord, 10,95 % sont versés en nature et le reste en numéraire, ce qui conforte la différence avec les confréries caritatives, déjà étudiées, dont les offrandes s'évaluaient avant tout en céréales. Pour les gratifications en nature, 42 % sont fixées en seigle, 16 % en huile, 13 % en orge, 10 % en cire et 6,50 % en froment, le reliquat demeurant mal déterminé ou alliant des biens divers.

    121La grande majorité des allocations en argent ne dépasse pas une livre. Nous en relevons 14,30 % en dessous de cinq sous, 34,50 % à cinq sous, 1,20 % entre six et neuf sous, 36,50 % entre dix et dix-neuf, 5,90 % entre vingt et vingt-neuf, 2 % à trente sous, 1,20 % entre quarante et soixante-dix-neuf, 0,80 % de quatre-vingts à quatre-vingt-dix-neuf, 0,40 % au-dessus de cinq livres, alors que le reste demeure indéterminé.

    122Seul un dixième de ces legs dépassait donc les vingt sous, et leur relative modestie vient de ce que la plupart des testateurs se contentent de respecter un niveau convenable. Le 14 mai 1431, Jehan Brugeire déclare ainsi qu'il lègue ce qu'il doit aux confréries du Corps du Christ et de Saint-Jehan-Baptiste, en vertu des statuts, et c'est seulement à celle des tisserand qu'il remet quinze sous152. Selon les actes, ce legs dû varie de deux sous et demi à dix sous, ce qui rappelle la somme éteignant les droits de tout héritier potentiel.

    123Avec cet argent, les confrères enrichissent les ornements de leurs associations. Le 8 juillet 1443, huit cordonniers de Mende, assistés par le gardien du couvent des frères mineurs dans lequel fut fondée leur chapelle, demandèrent à un fustier lyonnais de leur fabriquer un retable en noyer pour la prochaine fête de leurs saints patrons Crespin et Crespinien, contre une somme de dix moutons or et une paire de souliers153. Le 27 mars 1464, le tisserand Pierre Martin lègue huit moutons or solvables sur trois ans afin d'acheter un bréviaire à la chapelle de la confrérie de Sainte-Marie. En outre, action plus importante sans doute puisqu'il s'agit d'assurer l'avenir et l'autonomie de leur groupement, les confrères acquièrent des rentes. Ainsi le tisserand Jehan Amat recommande-t-il l'acquisition d'un cariai de seigle de revenu annuel lorsqu'il lègue trois livres et quatre sous à la confrérie Sainte-Marie d'août154.

    124Ces legs n'excluaient pas les repas et commémorations confraternels. La confrérie de Sainte-Marie des tisserands et pareurs de draps bénéficie de plusieurs allocations de ce type. En 1430, Pierre Amat laisse dix sous pour ses obligations statutaires, et deux moutons or pour un repas à dresser dans sa neuvaine ou dans les quinze jours sous peine d'annulation du legs155.

    125Les confréries favorisent un climat de sociabilité en intégrant l'individu dans un autre groupe que la "famille chamelle". Elles répondent donc à une attente essentielle des individus en leur permettant de sortir de l'espace familial par leur intégration à une sorte de "club" dans lequel les membres se retrouvent, mangent en commun, prient Dieu et célèbrent le souvenir des défunts. Les veufs et les veuves y rencontraient des structures qui compensaient le vide affectif, la solitude et même parfois l'exclusion qui frappe la personne isolée. Toutefois, les relations au sein d'une telle association ne se révélaient pas toujours aisées, en particulier lorsque des questions de pouvoir ou de protocole surgissaient. La confrérie du Corps du Christ de Mende fournit un exemple de ce type. Elle accueillait des Gabalitains de statuts très différents puisque nous y rencontrons au moins, en 1466-1467, un chanoine, l'official, deux hebdomadiers, un prieur, deux prêtres bénéficiers de la cathédrale, deux notaires dont un noble, cinq marchands, un forgeron, un fustier, un cordonnier, un potier, nobles Jacques de Corsac, seigneur de Vallescure, Louise de Crussol, veuve du baron du Tournel, et tutrice de son fils, Jehan, le nouveau seigneur du Tournel. Une question de préséance surgit, à cette époque, entre les baillis du Corps du Christ et la baronne156. Louise revendiquait, au nom de son fils, le droit coutumier de porter, ou de faire porter, le jour de la procession de la fête du Corps du Christ, le pavillon de la confrérie fabriqué aux frais du seigneur du Tournel, ce que lui contestaient les baillis de celle-ci. Cette anecdote révèle bien le climat de ces cérémonies où chacun tente d'affirmer son rôle dans la société civile. D'un côté la vieille noblesse rurale tente de maintenir un privilège ancestral signalant sa suprématie, de l'autre, les citadins s'affranchissent en acquérant leur propre bannière et en déclarant que le droit seigneurial provenait des frais d'acquisition de cette dernière.

    B - Les hôpitaux

    126Les hôpitaux jouissent d'une attention mesurée de la part des Gabalitains puisque nous enregistrons des legs à leur destination dans 13,85 % des testaments, 11,30 % chez les hommes laïcs, 12,55 % chez les femmes et près du double, 23 %, chez les ecclésiastiques. 43,70 % de ces testateurs n'adressent leurs bienfaits qu'à un hospice, mais les autres les partagent entre plusieurs, 4,20 % entre deux, 15,95 % entre trois, 35,30 % entre quatre et 0,85 % entre cinq. Toutefois, le pourcentage global monte à 88,35 % dans la région du Malzieu où la presque quasi-totalité des habitants veille à offrir quelque chose à plusieurs hôpitaux.

    127C'est ainsi que Bertrand Olivier s'intéresse aux hôpitaux du Puy, de Vienne, de Pont-Saint-Esprit, de Mende et de Saint-Claude en 1448. Le 15 février 1446, dom Pierre Salvanh, prêtre de Rouvière originaire de la Fage-Saint-Julien, offre dix sous à chacun des quatre principaux hôpitaux157 Contrairement à ce que nous pourrions supposer, cette formule n'inclut pas celui de Mende et ne concerne que ceux du Puy, de Vienne, de Pont-Saint-Esprit et de Saint-Jehan-de-Vendac. D convient de noter que 81,55 % des testaments conservés dans le minutier du Malzieu retiennent cette quadruple allocation, ce qui atteste une coutume largement développée dans le ressort de la baronnie de Mercoeur.

    128En tout, entre quatorze et seize hôpitaux bénéficient d'une gratification de la part des Gabalitains. Le plus prisé est celui de Saint-Anthoine dans la lointaine cité de Vienne qui reçoit 24,40 % des legs, suivi par ceux de Notre-Dame du Puy, pour 21,05 % des legs, du Pont-Saint-Esprit, sur le Rhône, pour 18,70 %, de Mende pour 17,40 %, de Saint-Jehan-de-Vendac pour 13,05 %158. Nous avons donc la surprise de constater que des mendois, ou des gens des alentours, préfèrent l'hospice de Saint-Anthoine à celui de leur propre cité.

    129Les trois établissements du Malzieu, de Barre et de Chanac reçoivent 2,35 % des gratifications159. Les autres apparaissent sporadiquement, celui du Saint-Suaire de Toulouse en 1463, de Sévérac en 1383, de Roncevaux en 1426, de Saint-Claude en Bourgogne160 et du Caylar-Alajon en 1427161. En 1472, Pierre Ozilhan, prêtre de Mende, fils d'un marchand montpelliérain, pense à l'hôpital et à la léproserie de Montpellier162. Enfin, deux autres hospices sont cités, celui de l'ordre de Saint-Jehan-de-Jérusalem dont les commanderies de Gap-Francès et de Palhers se trouvaient en Gévaudan, et celui de la Sainte-Trinité, qui serait susceptible de correspondre à celui du Malzieu puisque le legs émane d'un habitant de cette ville163.

    130La plupart du temps les dons sont constitués en argent, comme le prévoient 86,75 % des testaments. Les sommes restent alors très basses, quelques sous, rarement plus d'un franc, et dans la région du Malzieu, elles se réduisent même à quelques deniers, de deux à quinze164 selon les cas. Quand les testateurs promettent des biens en nature, beaucoup plus avantageux en raison de leur valeur, il s'agit le plus souvent d'éléments de literie, une couverture avec un drap en 1427, ou avec deux draps en 1436, un matelas, une couverture et deux draps, voire un lit de deux couvertures, deux draps, une courtepointe et un édredon de plume en 1482. D'autres, plus rares, baillent des vêtements, comme Cécile, femme de Pierre Masso, qui laisse son surcot à Saint-Anthoine de Vienne en 1433. Quelques personnes destinent leurs bienfaits à un usage prédéfini. Le 1er janvier 1432, Delphine, fille de maître Jehan Parlier, exige que ses dix moutons or servent à acheter une veste sacerdotale au chapelain de l'hôpital de Mende165.

    C - Les fabriques

    131En général, presque tous les testateurs se préoccupent de leur paroisse natale ou de celle où ils vivent. Cet intérêt s'exprime proportionnellement à la richesse. En 1399, noble Marguerite de Peyre emploie dix francs pour les réparations et ornementations à faire dans l'église de Servières, un franc pour le luminaire et la quête ; elle en ajoute autant pour la quête des Ames du purgatoire, un calice d'un marc et demi d'argent, et un voile d'or portant les armes de sa maison, valant huit francs. A l'opposé, des testateurs plus pauvres omettent complètement de remplir une telle charge, comme Aygline Alari, le 4 septembre 1418166.

    1°) Les luminaires

    132La plupart des mendois constituent un legs général en faveur de l'ensemble des luminaires des paroisses de Balsièges à Rouvière, comme Déodat Hugonet qui leur consacre un morlas chacun en 1383. Nous sommes alors en présence de ce que le juriste dom Jehan de Salvanhac se contente de nommer "les luminaires du vallon de Mende"167, soit une vingtaine d'églises et de chapelles. Mais dans certains cas d'autres limites sont adoptées. Le 4 janvier 1448, un tisserand mendois étend ses bienfaits à l'aire de Born à Balsièges, en incluant Barjac168, alors que Jehan Chaldoreilhe pense à celle de Rouvière jusqu'à Chanac169. En 1448, le marchand Bertrand Olivier frise la magnificence en offrant deux cartons d'huile à chacun des luminaires de trente-sept paroisses dispersées sur la vallée du Lot, de Cubières jusqu'à Chanac, le petit vallon du Valdonnez et le Randonat170. Et c'est apparemment une coutume bien établie qui consiste à éclairer les églises d'une aire géographique.

    133Parfois, les testateurs définissent, avec force détails, un usage spécifique du legs attribué à ce type de gratification. En 1437, Agnès Cobe impose à son héritier l'entretien en huile du lampadaire de la chapelle Sainte-Marie-de-Nire, et cela tant que ses biens y suffiront. En outre, elle prescrit que ceux qu’elle a fondés dans les autels Sainte-Marie et Saint-Privat soient alimentés pendant deux ans. En 1436, en l'honneur des Cinq plaies de Notre Seigneur, Guillaume Robin ordonne que son fils et héritier fournisse pendant cinq ans, à ses frais, l'huile pour faire briller le lampadaire placé à côté du bénitier de la cathédrale, tous les samedis et vigiles des fêtes de la Vierge, de la Nativité, de la Résurrection, de l'Ascension, de la Pentecôte, du Corps du Christ, de Saint-Pierre-Apostolique et de Saint-Biaise. La perpétuité est occasionnellement commandée. Le 8 octobre 1445, le marchand Jacques de Boda fait cadeau de trois livres de cire de pension annuelle pour un cierge à brûler éternellement dans l'autel de la chapelle du Saint-Mouvement, lors de l'office principal du jeudi saint et jusqu'au vendredi saint.

    134Toutefois ces éclairages n'étaient pas réservés à des usages pieux, et l'hebdomadier Gérald Simon participa pour sa part, en 1475, à une bien curieuse mais utile nécessité en offrant une demi-émine d'huile pour allumer la lampe qui se trouvait devant la porte du portail supérieur de la cité épiscopale171. L'originalité du legs tient en sa rareté, mais nous pourrions nous étonner de ne jamais le relever dans d'autres testaments. Cela démontre que les gens du Moyen Age nourrissaient un très grand sens religieux mais qu'ils n'ont pas encore développé leur sentiment de civisme. L'homme se voue au service de sa foi, et quand une forme de civisme apparaît, c'est presque uniquement vis-à-vis des oeuvres caritatives. Ce fait explique pourquoi nous ne relevons aucune gratification en faveur des organes communaux. La sociabilité s'avère incapable de toute expression laïque et passe immanquablement par la religiosité.

    2°) Les fabriques : "operae" et "questus"

    135Les termes questus, opera et fabrica introduisent un legs constitué en faveur des fabriques paroissiales. Après avoir recherché une différence entre les unes et les autres, une relative synonymie s'avéra très vite de mise172. Les oeuvres paroissiales sont utilisées à toutes fins d'enrichissement ou de réfection des bâtiments utiles à la collectivité. Les mots "oeuvre" et "fabrique" désignent une oeuvre particulière, comme celle de la cathédrale lors de la construction de cette dernière. Les quêtes sont plus spécialement destinées à accueillir les dons consentis en vertu d'une dévotion particulière, comme celle d'un saint, mais aussi par participation à l'un de ces devoirs civiques indissociables de l'esprit de dévouement, telle que la construction d'un pont, utile à tous. Toutefois l'évidence commande que l'argent des quêtes rejoigne celui des oeuvres dont les responsables paroissiaux se chargeaient. Enfin, l'oeuvre, comme la fabrique, désigne l'ensemble des oeuvres, ou quêtes, administrées par les "ouvriers"173, dans le cadre d'une gestion locale, sans doute soumise à la surveillance du clergé et des représentants des habitants, sauf dans la cathédrale où le chapitre et le clergé demeurent les maîtres incontestés.

    136Les églises abritent donc plusieurs quêtes et nous en relevons quatre au Malzieu en 1465, à Allenc en 1482, à Estables-de-Randon en 1483, à Badaroux en 1481, à Saint-Bauzile en 1476, à Saint-Romain de Chirac en 1440, trois à Barjac en 1459, au moins autant à Marvejols, en 1421, celles des Pauvres, de Sainte-Marie et des Ames du Purgatoire174. Ces dernières jouissent indéniablement d'une dévotion particulière puisque nous découvrons des quêtes en faveur des Ames du Purgatoire dans trente-deux paroisses, ce qui nous autorise à affirmer que toutes les églises favorisaient ce culte, confirmant en cela notre propos antérieur sur la crainte de l'après-mort et le sort réservé à l'âme des pécheurs.

    137Comme pour les luminaires, les testateurs avantagent en premier les paroisses où ils vivent, mais leurs libéralités dépassent souvent cette limite. Le 11 mai 1428, dom Guillaume de Las Charrals lègue ainsi douze deniers à chaque quête de douze localités. Quelques testateurs pensent curieusement à des quêtes bien éloignées de leur domicile, comme celle de Sainte-Marie du Puy, en 1427, pour Guillauma, épouse d'Etienne Hugonet, du Chastelnouvel, ou celle du Saint-Suaire de Toulouse, en 1437, pour dom Vital Martin175.

    138Beaucoup de testateurs n'apportent guère d'autre précision qu'une destination au profit des "ornements" ou des "réparations", et leurs legs varient de quelques deniers à plusieurs sous comme tel de Raymond Chalvet qui alloue vingt sous en 1409176_, voire à plusieurs livres. Mais l'opportunité anime des usages spécifiques, comme l'acquisition d'une chasuble processionnelle, d'une couverture pour le lit des morts, d'un calice en argent, d'un bréviaire, ou d'une croix177. En 1448, Bertrand Olivier ordonne à son héritier de faire reproduire "une image de saint Etienne protomartyr, avec deux brigands ("latronibus"), à la façon et forme de celui qui est en l'église paroissiale de Châteauneuf", pour la chapelle Saint-Anthoine du couvent des carmes178.

    139La réfection des immeubles bénéficie également des bienfaits des paroissiens. En 1411, Etienne Gay accorde deux livres pour réparer l'autel Saint-Anthoine à Laval. En 1383, Déodat Hugonet propose quatre florins or pour la construction de l'église de Saint-Gervais et, un siècle plus tard, nous découvrons deux legs au profit de "l'oeuvre du clocher de l'église de Saint-Gervais"179.

    140L'un des plus grands chantiers gabalitains de la fin du Moyen Age fut sans contestation possible la construction de la nouvelle cathédrale. Le pape Urbain lança le premier chantier pour remplacer l'ancien monument et la nef fut élevée en 1369-1370 ; après quoi la mort de cet enfant du Gévaudan entraîna le cessation de tous les travaux. Les premiers efforts avaient coûté cher : les revenus de l'évêché des deux années en question et plusieurs milliers de florins gracieusement offerts par le pape. Félix Buffière rapporte que, par la suite, toutes sortes de projets furent avancés, comme de vendre une partie de trésor de la cathédrale, ce que refusa l'évêque Robert du Bosc. D'épisodiques, mais vaines espérances percent dans certains testaments. Ainsi le chanoine Guillaume Valdin lègue-t-il, en 1438, vingt-cinq moutons or "à l'oeuvre de la nouvelle église, commencée par le bien renommé seigneur le pape Urbain, dans le cas où elle serait perfectionnée et complétée, mais seulement dans ce cas". Finalement, ce ne fut qu'en juin 1452, que les travaux du choeur purent commencer sous la direction des carriers, Pons Gaspars, maître d'oeuvre, et Jehan Durand. Un an plus tard, en 1453, un contrat, rédigé en langue vernaculaire, échelonna le paiement sur vingt ans et les travaux s'étendirent en longueur180.

    141Dès le début, l'entreprise est jugée suffisamment sérieuse pour inspirer confiance aux Gabalitains et les legs en sa faveur affluent. Nous relevons ainsi vingt-cinq legs de 1452 à 1467, de cinq sous comme celui de Guillaume Galieyras à huit livres de la part de Jehanne Julien, femme de noble Jehan Dumond. Mais parfois la gratification correspond à une très grande contribution Dans une première étape, dom Jehan de Fenils institua le clergé cathédral pour héritier universel, en le chargeant de faire gérer ses biens par les "ouvriers et procureurs de l'oeuvre de la fabrique de la nouvelle église", puis le 31 mai 1460, il déclara souhaiter lever toute ambiguïté en déclarant que c'était cette oeuvre qui hériterait de ses biens et non le clergé181.

    142Bien sûr, ces travaux risquaient toujours de s'interrompre, faute d'argent ou de volonté et, sans doute confrontée à cette crainte, Delphine, femme de Vital Chastel, n'octroie dix moutons qu'à la condition que la construction se poursuive au moment de sa mort182. Selon Félix Buffière la construction du choeur cessa en 1467, mais les legs continuèrent d'affluer jusqu'en 1482, moins nombreux, il est vrai. Il fallut attendre le début du seizième siècle pour que le nouvel évêque, François de la Rovère, neveu du pape Jules II, relançât la dynamique.

    143Mais le civisme, ou plus simplement le sens pratique résultant de la raison économique qui commande de faciliter la circulation des marchandises, occasionna l'organisation d'oeuvres civiles. La traversée du Lot, au niveau de la cité épiscopale, s'effectuait par l'entremise de deux ponts, mais le Pont-neuf s'affaissa aux environs de 1381-1382, ne subsistant qu'à l'état d'une ruine dénommée le "Pont-rout"183. Le 3 décembre 1421, les mendois passaient un contrat avec le carrier Jehan Aostet qui s'engageait à reconstruire le Pont-neuf184, et les legs pour la réparation apparurent de 1422 à 1433, ce qui démontre que les travaux lurent longs185.

    144Un autre chantier semble avoir encore eu plus d'importance que le précédent : celui du pont de Quézac. Originellement construit sous l'influence du pape Urbain V, il fut emporté par une crue du Tarn en 1395186. Le premier legs connu remonte au 28 juin 1396 et émane du juriste mendois Jehan de Salvanhac. Il est suivi d'un second, le 31 août 1398, provenant de noble Raymond Gasc, modeste damoiseau d'Ispagnac, mais neveu de Jehan Gasc, évêque de Nîmes. Leurs montants atteignent respectivement deux francs et cent moutons or187. Les réparations commencèrent sans doute immédiatement car Jehan de Salvanhac déclare bien adresser son legs à "l'oeuvre du pont que l'on a commencé de fabriquer sur le fleuve du Tarn" ; mais peu après, noble Raymond Gasc précise que ses cent moutons or ne seront réellement versés que si l'ouvrage a lieu de son vivant. Devons-nous conclure qu'une interruption s'est produite et que Raymond espère une reprise, ou bien tient-il simplement à préciser que l'achèvement du pont forme une clause résolutoire, comme cela nous semble plus probable ? Que se passa-t-il par la suite ? Le chantier dura-t-il plusieurs décennies ou la construction s'écroula-t-elle à nouveau ? Toujours est-il qu'une avalanche de dons constitués par les mendois apparaît de 1437 à 1445188. Pourquoi cette oeuvre inspira-t-elle autant de mendois ? Tout le pays honorait la Vierge de Quézac qui faisait l'objet d'un pèlerinage et dom Jehan de Salvanhac précise bien que l'ouverture de ce pont facilitera la traversée vers l'oratoire de la sainte Vierge Marie de Quézac.

    145D'autres travaux d'intérêts généraux sont lancés dans le pays, sans que les testaments ne les mentionnent. Nous renonçons à les citer, l'essentiel étant de noter que les fabriques paroissiales, sans cesse alimentées en legs plus ou moins importants, permettaient aux défunts de participer, après leur mort, à toutes ces actions qui servaient la collectivité, dans une union du clergé et des représentants laïcs du peuple.

    D - Les églises et les couvents

    146Les églises et les couvents bénéficient encore d'attentions difficiles à exposer dans les paragraphes précédents, en particulier l'abandon d'une hoirie universelle, soit directement, soit par fidéicommis, soit par substitution, en vertu des systèmes étudiés dans notre cinquième chapitre sur la dévolution du patrimoine. Ainsi 6,30 % des testateurs ouvrirent-ils leur succession en faveur d'une oeuvre pie, soit 22,50 % des prêtres, 2,85 % des femmes et 2,45 % des hommes189. En outre, 0,60 % des prêtres et 0,20 % des hommes nomment un fidéicommissaire laïc grevé de restitution envers l'Eglise. De plus, en cas d'extinction de leur parenté, 5,30 % des ecclésiastiques, 8,90 % des femmes et 5,95 % des hommes opèrent également un fidéicommis de ce type.

    1 ) Les couvents

    147Comme ils offrent des repas à plusieurs couvents, les testateurs leur proposent également des legs. En 1383, l'homme d'armes Déodat Hugonet, dont les possessions familiales s'étendaient dans les régions de Mende et de Sévérac, attribue une somme de quatre florins or à chaque couvent des mineurs et carmes de Mende, aux moniales noires de Millau, à celles de Mercoire et du Chambon. Difficile de préciser si ces legs s'adressaient aux fabriques, aux luminaires, ou à la nourriture des moines, et les religieux conservaient certainement leur libre arbitre ; mais il est vraisemblable que les donateurs espéraient, en contrepartie, que les donataires prieraient pour eux comme le souligne Privat Basalgette en 1411190.

    148Les legs s'avèrent toujours d'une grande diversité et plusieurs testateurs leur imposent une destination précise. Le 21 janvier 1434, dom Vital Coderc offre quarante sous pour aider à réparer le monastère de la Chaise-Dieu Agnès, veuve de Pierre Cordolh, alloue trente moutons or aux carmes de Mende pour la fabrication d'un calice en argent et ; en 1464, Jehanne, veuve de Guillaume Rovier, cède deux tasses d'argent, dans le même but, au couvent des frères mineurs191.

    149Enfin, 5,25 % des testateurs, qui remettent l'universalité de leur succession à l'Eglise, la laissent à l'un des deux couvents mendois, soit 18,20 % de ces hommes et 9,10 % de ces femmes192. En outre, ces communautés sont également privilégiées dans 11,10 % des substitutions en faveur des institutions religieuses, proportionnellement réparties à égalité entre chaque catégorie de testateurs, laïcs ou ecclésiastiques, hommes ou femmes. Les carmes sont légèrement préférés aux mineurs, mais les bienfaiteurs recommandent alors généralement l'exécution d'un office religieux. En 1483, Jehan Folc abandonne ainsi ses héritages aux carmes en prescrivant une messe de mort hebdomadaire perpétuelle pour lui et pour ses parents193.

    2°) Les églises, héritières universelles

    150Il est inutile de revenir sur les nombreuses gratifications dont jouissent les églises séculières : offrandes funéraires, obits, noals, messes, luminaires et fabriques ; aussi nous attacherons-nous uniquement aux cessions universelles. La manne échoit sans contestation possible à la Communauté des prêtres et clercs de la cathédrale de Mende élue par 68,40 % des prêtres et 37,50 % des femmes remettant leur patrimoine entre les mains d'une oeuvre pie, soit près de la moitié des testaments aboutissant à une telle finalité. Ensuite, 15,80 % des ecclésiastiques et 12,50 % des femmes encouragent le Collège de Tous les Saints194, sans doute en raison du vocable sous lequel il est placé. En revanche les hommes boudent ces deux communautés qui n'apparaissent, lors de leurs dernières volontés, que par l’intermédiaire des substitutions, tout en constituant d'ailleurs un phénomène minoritaire. Les laïcs du sexe fort sont finalement plus attirés par les pauvres, pour un tiers d'entre eux, et surtout par les Collèges de Saint-Lazare, de Saint-Privat et de Bonconseil, et par la chapelle Sainte-Marie-de-Nire. Enfin, quelques cas particuliers se manifestent, comme l'oeuvre de la Communauté des prêtres de Marvejols en 1421, ou les hebdomadiers de la cathédrale de Mende en 1471195.

    151Assez curieusement, les chapelles familiales fondées par un ascendant ou par l'intéressé lui-même n'apparaissent qu'à travers le biais des substitutions, chez 37,05 % des laïcs, 19,05 % des femmes et 22,20 % des prêtres qui subrogent l'Eglise à leurs héritiers. Ainsi, le 4 avril 1455, Pierre Rampolh fonde-t-il une chapellenie, tout en remettant l'universalité de ses héritages à la chapelle Sainte-Marie-de-Nire. Sa femme recevait, à titre particulier, une partie de ses possessions et c’est après le décès de celle-là que sa chapelle bénéficiera des biens alloués à son épouse. Ce système revenait, en quelque sorte, à partager le patrimoine entre deux oeuvres pies, l'une à caractère familial : la chapelle personnelle, l'autre destinée à une institution préexistante. D'ailleurs plusieurs testateurs scindaient leurs suffrages entre plusieurs héritiers universels, comme Etienne Coralh, vicaire de la chapelle Saint-Privat de la Roche, qui nomme à parts égales, Vital Sabbatier et les prêtres de la cathédrale196.

    152Trois motivations inspirent l'élection de l'Eglise comme héritière universelle, et justifient la prédominance du nombre de prêtres dans le contingent de ceux qui se comportent ainsi. La première résulte de la piété. La seconde, sans doute la plus fréquente, découle de l'absence de descendants. L'exemple de Jehan Massadaur se fait, à ce sujet, édifiant. Confronté à l'épidémie de peste, il teste le 24 juin 1483, en faveur du posthume à naître de sa femme, Anthonia Basalgette, épousée peu auparavant, le 10 novembre 1482. Peu après, Anthonia décède et Jehan demeure seul, sans enfant ; en conséquence, il rédige un second testament, le 8 septembre 1483, en faveur du Collège Saint-Privat de la Roche. La troisième relève du principe de collégialité et apparaît dans les institutions formulées au bénéfice du Collège de Tous les Saints qui émanent majoritairement de prêtres appartenant à ce dernier. De même, le 6 juin 1459, dom Raymond Julien, vicaire de la chapelle Saint-Roc, en l'église de Saint-Gervais, porte-t-il son choix sur cette chapelle197.

    153Ces généreuses donations sont accompagnées d'astreintes. Dom Pierre Devèze, bénéficier de Mende, prieur de Verreyrolles, retient que le bailli de la Communauté des prêtres mendois devra accepter l'institution d'un obit hebdomadaire perpétuel pour son âme et pour celles de ses parents, faute de quoi ses héritages seront vendus et distribués à de pauvres filles. Lorsque les prêtres de la cathédrale enlèvent une légation universelle, ils obtiennent généralement collectivement l'investiture du rôle de distributeur de l'héritage à des fins pieuses. Ainsi, le 22 décembre 1463, dom Etienne Colin, alias de Mirmont, les charge-t-il de solder les legs, dettes et rancunes, et de dispenser au mieux le reliquat en oeuvres pies. Quelques instruments précisent encore mieux ce rôle. Le 5 octobre 1475, Delphine, veuve de Vital Chastel, transmit l'universalité de son hoirie à la Communauté des prêtres de Mende, en ajoutant que cette dernière n'aurait que vingt moutons or sur ses biens et diviserait le complément en fondations pieuses, en respectant les choix de ses exécuteurs testamentaires. Cela transforme cette cession universelle en un fidéicommis et cette attitude est adoptée par plusieurs testateurs.

    154Lorsqu'une légation universelle revient à une communauté religieuse la transmission s'avère généralement subordonnée à une acceptation dûment constatée en raison d'un refus possible de la bénéficiaire. Le 29 février 1444, Jehan Chaldoreilhe, veuf de Jauceline Bonot, offre ses possessions à la chapelle Sainte-Marie du Salut. Le 1er mars, il précise par codicille que la répudiation de son héritage entraînerait sa remise au couvent des frères mineurs. Le lendemain, Jehan décède et Pierre Grumel, prieur de ladite chapelle, déclare, en son nom et au nom de son cochapelain Etienne Maset, qu'il accepte l'hoirie de Jehan. Le même jour il fait dresser l'inventaire du patrimoine composé de deux oustaux, d'un chasal, d'un ort et de divers meubles198.

    3°) L'amélioration du culte

    155Les fondations de messes et d’obits perpétuels, d'absoutes, de commémorations et de prières avaient pour effet d'intensifier les cérémonies religieuses célébrées dans les églises. Nous comprenons alors aisément pourquoi les effectifs du clergé gabalitain, comme celui des autres diocèses sans doute, étaient aussi élevés, tant la tâche se révélait grande à accomplir. Chaque jour, les voûtes de la cathédrale devaient résonner sous les chants des psaumes et les chuchotements des messes dites dans chacune des chapelles. La centaine de prêtres s'agitait certainement entre le bel édifice et les petites chapelles du cimetière.

    156Mais les Gabalitains se soucient également "d’augmenter le culte divin", comme le déclare le bénéficier Raymond Dumas, en 1428. L’archidiacre Eralh de Mirmont fonde une procession à assurer par le chapitre de Mende, le jour de la Saint-Etienne, premier martyr de la Chrétienté, à savoir le lendemain de la Nativité du Christ, le 26 décembre. A cette fin, il lègue cent livres tournois et deux de ses ouvrages valant ensemble trente-cinq livres au chapitre de Mende, trente-deux livres pour deux deniers perpétuels à remettre chaque année à chacun des membres de la Communauté des prêtres de la cathédrale, six livres pour ses successeurs à la tête de la sacristie, quatre livres pour le marguillier et quarante sous au sous-sacriste. Il destinait ces sommes d'argent à l'augmentation du capital des bénéfices ecclésiastiques, afin d'acheter des rentes qui permettraient l'offrande annuelle. C'est ainsi que le sacriste percevrait six sous à chaque Saint-Etienne protomartyr, le marguillier quatre, le sous-sacriste deux199.

    157D'autres fondations dénotent plus d'originalité, et l'une d'elles apparaît dans un instrument distinct de tout testament. Le 14 mai 1429, Privat Reboul offre une rente d'une émine de seigle pour que le marguillier de la cathédrale sonne la cloche "Maynel", avant l'Ave Maria de midi, de la fête de la Sainte-Croix en mai à celle de septembre. Cet ordre singulier provient d'un mendois relativement modeste, puisque nous savons qu’il exerçait le métier de tisserand, mais suffisamment notable pour être élevé au rang de syndic en 1436200.

    E - Les devoirs pieux

    158Les obligations religieuses réellement imposées aux laïcs à l’approche de la mort sont rares. La seule qui surgisse dans les testaments concerne le droit de terrage (pro lecto mortalatgio et terratgio) perçu par le curé de la paroisse dont dépend le testateur ou par celui du lieu d'enterrement. Théoriquement, les gens doivent se faire ensevelir dans leur cimetière paroissial et le desservant de la cure, ou le prieur, jouissent d'un petit pactole201. A défaut de faire porter leur corps dans la terre de leur paroisse, les testateurs indemnisent le prêtre frustré de ses revenus202.

    159Par contre, les astreintes sont plus nombreuses pour le clergé. Certaines servent à éteindre les droits juridiques de l'évêque et de son official, car tous les ecclésiastiques détenant un bénéfice dans un diocèse doivent satisfaire l'évêque et, semble-t-il, l'official, en leur consacrant un legs, et peu d'entre eux manquent à ce devoir, même si la plupart recourt au legs symbolique de cinq sous203. Les autres portent sur les devoirs statutaires des communautés religieuses ou sur les réparations dues par le titulaire d'un bénéfice envers ce dernier.

    160Lorsqu'ils entrent dans le chapitre, les chanoines de Mende donnent une cape processionnelle valant au moins vingt livres en 1368204, époque après laquelle son prix ira en croissant. Lors de leur mise en possession de la prébende, les titulaires s'engagent à en solder le montant205. Certains la paient de leur vivant, comme Pons de Salvinhac qui en reçoit quittance en 1460206 ; d’autres règlent la question peu avant de mourir, par voie testamentaire, en chargeant leurs héritiers de satisfaire leurs obligations207. Les mêmes obligations pèsent sur les simples prêtres. Le testament de Pierre Albaret démontre que les statuts de la Communauté des prêtres du Malzieu lui imposent le don de deux livres "pour sa cape de nouvelle entrée"208.

    161Les bénéficiers assumaient la responsabilité de l'entretien du temporel et les testaments servent souvent à distribuer une manne tendant à assurer les travaux, ou à accroître la valeur des meubles. En 1418, dom Guillaume de Mostuéjols abandonne la moitié des fruits de son prieuré de Saint-Martin-de-Boubaux pour les réparations que son successeur fera, et autant en faveur de celui de Saint-Julien-d'Arpaon qui forme l'annexe de sa dignité de sacriste de la cathédrale. Le 30 janvier 1434, dom Jehan Couhde cède un lit à son prieuré de Servières "comme il est coutume de léguer pour de telles églises en Gévaudan et dans le diocèse de Mende"209.

    162Enfin, en 1433, le chanoine Guillaume Martin, redoutant d'avoir péché dans son office, ordonne qu'un prêtre rachète toutes ses négligences en officiant pendant deux ans contre une somme de quinze moutons or210. Plusieurs prêtres agissent comme lui et compensent leurs éventuelles défaillances dans l'exercice de leur ministère, prouvant ainsi leur piété et leurs craintes face à la mort211.

    IV - LES CHAPELLES

    163Les causes manifestes motivant la fondation d'une chapelle ou d'une chapellenie puisent leur origine dans les convictions religieuses des Gabalitains. En 1383, Déodat Hugonet déclare agir pour la rédemption de ses péchés, pour le salut de son âme et de celles de ses prédécesseurs. Mais c'est l'acte de fondation de la chapelle Saint-Robert et Saint-Luc par maître Pons Valdin qui expose le mieux l'effet de ces fondations quand le notaire consigne que le "culte divin" augmentera212. Comme pour l'ensemble des oeuvres pies dont il a été précédemment question, l'Eglise se révèle la grande bénéficiaire et, par delà la richesse temporelle et l'entretien d'un nombre élevé de prêtres, c'est le service de la Foi qui se développe.

    164Les fondations de chapelles constituent la plus rare manifestation de la piété des Gabalitains puisque nous n'en relevons que dans 4,70 % des testaments. La moitié d'entre elles émane d'un homme, 38,10 % d'un prêtre et 11,90 % d'une femme. Toutefois, il arrive que plusieurs actes concernent un même établissement bénéficiant d'une dotation originelle augmentée par les descendants du fondateur ; en conséquence, nous avons enregistré vingt-six chapelles différentes, auxquelles nous avons ajouté celle des Valdin, instituée par un acte indépendant. Les familles nobles participent à ce mouvement, avec des personnes comme nobles Raymond Gasc et Jehan de Corsac ; mais les bourgeois, grands et petits, s'en mêlent également, tels les Robin et les Cobe, ainsi que les artisans Pierre Rampolh et Jehan Brunei. Même les paysans tiennent leur place ; cette dernière étant, toutefois, défendue par des individus ayant quitté la terre. Isabelle de Lafont, fondatrice de la chapelle des Batailhe213, est la fille d'un laboureur de Chanteruéjols (Saint-Gervais), mais la veuve d'un artisan.

    165Parmi ces fondations se confondent les chapelles et les simples chapellenies, sans que la différence ne soit toujours affirmée. Toutefois, dom Jehan de Fenils institue bien une chapellenie dans la chapelle d'Aurore, en 1460, alors que Jacques Cobe, notaire de Mende, fait construire une petite chapelle et un autel dans l'église paroissiale de Rieutort-de-Randon. La nuance ne découle donc pas de la terminologie mais de la description qui est faite dans les actes de fondation. Une certitude point : les actes ne mettent jamais en présence de la construction d'un bâtiment distinct ; tout au plus notons-nous l'édification d'un autel dans la cathédrale de Mende, dans une église, ou dans une chapelle indépendante du cimetière de Mende. En outre, le coût de revient de telles opérations reste totalement ignoré.

    166En général, les fondateurs vouent ces établissements au Christ, à la Vierge Marie, et à un ou deux saints qui leur donneront leurs véritables noms. Parfois nous restons perplexe sur le véritable vocable. Quel sera l'intitulé de la chapelle vouée à Saint-Biaise, à la Sainte-Trinité et la Vierge Marie par dom Jehan Masel. S'agira-t-il de Saint-Biaise ou de la Sainte-Trinité ? D'ailleurs, au fils du temps, nous constatons que le nom des fondateurs désigne plusieurs chapelles. Il suffit pour s'en convaincre de se reporter au testament de dom Gérald Géraldon qui mentionne, en 1425, les trois chapelles des Tonel, d’Alasacie Richard et de maître Jehan Vedel. La chapelle d'Alasade Richard, plus couramment dite "des Richard", fut fondée le 16 mai 1288, par un neveu d'Alasade214. Plusieurs créations relevées dans les testaments suivirent ce principe d’attribution du patronyme ; celle d'Isabelle de Lafont, veuve Batailhe, devient la chapelle "des Batailhe", celle de maître Guillaume Taurand récupère le vocable "dels Taurans".

    A - La dotation des chapelles

    167La dotation des chapelles est tripartite. Elle se compose des objets destinés au culte, des rentes fournissant un revenu honnête au chapelain, des meubles et immeubles sur lesquels vivra ce dernier. Mais le système n'est pas toujours aussi parfait et plusieurs fondateurs se satisfont d'une seule de ces composantes, généralement la rente, comme Déodat Hugonet215.

    168Le processus de la dotation et de la création d'une chapelle, ou d'une chapellenie, s'opère souvent en plusieurs étapes. La décision d'instituer une telle oeuvre ne germant pas subitement dans la tête du bienfaiteur, l'acte de fondation pur est souvent précédé d'un autre, voire de l'achat anticipé de rentes. C'est particulièrement flagrant avec la chapelle des Dumas. Le 2 juin 1422, Jehan Dumas, paysan d'Altayrac, lègue dix livres afin d'acheter un setier de seigle de redevance pour la chapelle fondée par son frère, dom Raymond Dumas. Or, l'oeuvre pie est successivement constituée et réformée lors des testaments que Raymond dresse les 9 septembre 1428 et 25 juin 1434. Nous avons pu constater qu'il existait souvent un doute sur la date précise de l'acte initial. En fait, nous pensons qu'un homme exprime un jour le désir d'organiser une chapelle et passe un premier acte qui n'engage que lui puisqu'il ne prend pas forme contractuelle avec un tiers. En conséquence, par la suite l'instrument originel peut se trouver modifié, à la hausse ou à la baisse, et tout se déroule dans le même esprit que pour les testaments, en tenant compte du fait que la volonté des hommes évolue au fil du temps. Le dernier acte rédigé devait certainement avoir force de droit, sauf, bien entendu, lorsque la chapelle avait déjà été conférée à un chapelain, ce qui est parfois le cas, puisque le bénéficier devenait parti prenant. Mais très souvent le constituant ne fait que créer sur le papier, s'en remettant à ses héritiers ou à ses exécuteurs testamentaires pour concrétiser la réalisation.

    169C'est donc généralement après le décès de l'intéressé que le pieux établissement devient effectif. Le 17 mai 1482, Anthoine Ferrier ordonne la constitution d'une chapelle. Quatre jours plus tard l'un de ses exécuteurs testamentaires requiert l'official de procéder à la publication du testament d'Anthoine qui vient de décéder. Puis, le 23 mai, les deux exécuteurs obtiennent l'approbation de l'official pour la fondation de ladite chapelle. Les choses se déroulent alors très vite puisque le 24, dom Etienne Ferrier, prêtre de Mende, et Etienne Ferrier, du Croset, oncle et frère d'Anthoine, présentent deux chapelains, doms Bernard Chambon comme prieur, et Pierre Dumas comme second, à l'investiture qui est immédiatement octroyée216.

    170A quoi attribuer cette lente matérialisation de la volonté exprimée ? La piété des intéressés les incite certainement à procéder au mieux, à traduire le plus parfaitement et le plus richement leur Foi, mais la vie demeurant toujours soumise à des revers de fortune, l'aisance d'un homme risque de décliner et les voeux formulés à un moment de son existence peuvent se révéler ruineux par la suite. Le généreux Chrétien réunissait donc les meilleures conditions d'exécution pour en laisser l'application à ses successeurs, tout en passant parfois sa vie à rassembler les capitaux nécessaires. En 1434, dom Raymond Dumas alloue ainsi vingt-deux setiers, une émine de seigle, et quatre setiers de froment, progressivement acquis entre 1418 et 1433.

    171Le coût d'une telle oeuvre est trop irrégulier pour que nous puissions fixer une véritable moyenne, mais il semble bien que le minimum pour assurer une certaine viabilité soit d'une centaine de livres tournois permettant d'acquérir de huit à dix setiers de céréales de rentes. Ces dernières correspondaient souvent au un vingtième du capital, et une telle somme rapportait donc l'équivalent de cinq livres, ce qui est peu comparé aux "titrés cléricaux" généralement fixés à dix livres. D'ailleurs, nous constatons que Jacques Cobe octroie dix setiers de seigle valant cent francs et une pension de quatre livres, ce qui équivaut à près de neuf livres annuelles, mais quarante ans plus tard, ses petits-fils compenseront l'insuffisance de la dotation avec huit setiers. C'est bien une somme d'une dizaine de livres qui garantit l'entretien perpétuel d'un chapelain et l'assiduité de ce dernier aux célébrations d'offices.

    172Lors d'une fondation "post-mortem", l'initiative revient à celui qui héritera du patronage de la chapelle, et si ce dernier est "chagrin" pour réaliser l'acquisition de revenus, il versera la même annuité en plus de la rente qu'il devra toujours capitaliser par la suite. C'est une façon de contraindre à l'obéissance immédiate, puisque le coût d'une rente qui n'était pas soldée dans l'année du décès, subissait une augmentation d'un vingtième pour chaque année de retard. C'est, d'ailleurs autant un moyen de pression qu'un crédit consenti à celui sur lequel se greffe une telle charge. Cette affirmation repose sur l'exemple de la chapelle des Couhde. Le 23 juillet 1460, le marchand Jehan Couhde lègue, à cette dernière, cent livres d'augment de dot aux frais de son héritier. Trois ans plus tard, Jehan Chabrit, cousin et héritier de Jehan Couhde, transige avec un autre cousin, Jehan Dumas, chanoine de Montauban et vicaire de ladite chapelle. Chabrit s'engage à solder sept setiers de seigle par an tant qu'il n'aura pas versé les termes du paiement du capital prescrit.

    173Ensuite, les donateurs pourvoient les chapelains en biens mobiliers et immobiliers. Une maison est offerte par Raymond Dumas, des terres et des demeures par Anthoine Cobe. De son côté, Anthoine Ferrier lègue une vigne et sa maison mendoise de cinq étages sur laquelle les deux chapelains qu'il a équipés régneront en maîtres absolus, mais dans laquelle sera tenue une école de grammaire. A cela s'ajoutaient les meubles. Enfin, le dernier élément concerne la célébration du culte qui nécessite un calice, toujours en argent, un missel et des vestes sacerdotales, ou d'autres objets plus décoratifs.

    174La chapelle parfaite est donc dotée de toute la panoplie du prêtre, de belles rentes, de meubles et d'immeubles qui encouragent le vicaire à respecter ses diverses obligations religieuses et à résider sur place. Ce dernier agit comme usufruitier et ne dispose que du droit de jouissance sur les possessions qui lui sont confiées et qu'il doit restituer, après inventaire, aux patrons. Il n'est pas erroné d’estimer que le capital minimum le plus honorable monte à trois cents livres à la campagne et quatre cents à Mende, en concluant à une répartition de deux cents livres pour la rente annuelle, soixante-dix livres pour les objets de culte, trente ou cent trente livres pour la demeure du chapelain217. L'oeuvre se révèle donc coûteuse, mais elle ne ruine guère plus que l'accumulation d'obits quotidiens et de messes hebdomadaires, alors qu'elle joue un rôle dans l'ascension familiale. Une chose surprend : pourquoi certains personnages, comme le très riche Pierre Monbel, ne fondent-ils pas de tels établissements ? C'est un mystère, et ce d'autant plus qu'il ne participe pas à l'élaboration et au développement de la chapelle des Monbel instituée par son cousin germain Raymond Monbel218. En effet, ces fondations symbolisent véritablement l'entreprise familiale par excellence, servie par le fondateur et ses descendants. L'accumulation de possessions familiales pour la dotation s'opère sur plusieurs générations, comme chez les Cobe, les Couhde, les Dumas, les Robin et les Taurand. Ces familles n'échappent pas à cette perpétuation de l'acte de piété. Toutes possèdent ainsi un lieu de culte où la tradition familiale sera défendue, tant par esprit chrétien que par entretien de la notabilité du lignage.

    B - Culte religieux et tradition familiale

    175Les instruments évoquent trois problèmes à propos du culte à célébrer dans les chapelles : les cérémonies et les devoirs imposés au bénéficier, la dévolution du patronage et du droit de présentation, enfin le choix des chapelains, le tout détaillé en pleine liberté par le fondateur.

    176Insister sur le culte ne ferait que rappeler les paragraphes précédents sur les funérailles et commémorations. Les vicaires des chapelles sont, selon les cas, astreints à des services variés allant de quelques messes annuelles, comme l'ordonne Jehan Cahors qui en prescrit trois de requiem avec absoute sur sa tombe, ou une par semaine, comme le commande Raymond Chausset, voire plusieurs. Pierre Rampolh détaille ainsi le rituel de sa commémoration. Les prêtres du Collège Saint-Lazare feront quotidiennement dire une messe basse des défunts, ou autre selon le célébrant, devant l'autel dudit Collège, avec deux oraisons ou collectes, suivies d'une aspersion d'eau bénite sur son caveau sis près de l'escalier de la chapelle Saint-Luc, au cimetière de Mende. Toutefois la pratique tend à l'accumulation de cérémonies et les donateurs successifs accroissent souvent le cérémonial imposé par le fondateur.

    177Les testateurs souhaitent que les prêtres prient pour leur repos et pour celui de leurs parents et bienfaiteurs. En conséquence, la présence sur place du bénéficier se révèle indispensable et les actes spécifient généralement l'astreinte à résider sur le bénéfice. D'ailleurs ce principe s'avère théoriquement de mise, même si évêque et bas-clergé ne respectent guère cette obligation219. Il est vrai qu'il existe une différence entre l'évêque, le prieur et le curé qui assurent un rôle pastoral et dont l'absence devient préoccupante pour les diocésains et les paroissiens, et le simple chapelain chargé des messes commémoratives ; mais la négligence nuit toujours aux âmes, dans un cas des vivants, dans l'autre des défunts. Confrontés à ce risque, les fondateurs protègent leur établissement par une clause de destitution. Dom Raymond Dumas précise bien qu'après toute absence du vicaire supérieure à deux mois le titulaire serait remplacé. La rigueur des règles se manifeste encore dans la tenue impérative des cérémonies. Maître Pons Valdin et noble Jehan de Corsac unissent les deux problèmes de l'absentéisme et de la célébration du culte, indéniablement liés, même si le respect de la domiciliation n'implique pas forcément celui de la seconde condition. Toutefois, Jehan de Corsac proclame que la preuve de la faute se déduira d'après la déposition de trois témoins.

    178Comme le déclare Jean-Louis Gazzaniga, reprenant P. Thomas, le droit de patronage "a fait son apparition dans les textes au XIIe siècle" et constitue "une faveur accordée par l'Eglise pour récompenser les fondateurs et leurs héritiers"220. Il représente alors le droit d'instituer un chapelain, outre les droits plus temporels consistant à veiller sur le patrimoine des chapelles. En règle générale, l'héritier est investi de ce privilège. Mais plusieurs testateurs rejettent un tel choix. Cette modification dans le comportement se signale lorsque le légataire universel n'est pas du sang du bienfaiteur alors que ce dernier souhaite justement maintenir son oeuvre entre les mains de ses familiers. Le clergé cathédral hérite de la fortune de dom Jehan Masel, mais c'est le neveu de ce dernier, et après lui l'héritier des Masel, qui jouiront du droit de présentation et des avantages afférents. Noble Jehan de Corsac charge de ce devoir celui qui portera ses nom et armes. En somme, les donateurs veillent réellement à ce que leurs familles et, si possible, les descendants de la branche aînée portant leurs patronymes demeurent les maîtres des chapelles.

    179Nous ne connaissons qu'un cas où la parentèle, ayant accédé à la succession universelle, se trouve exclue du patronage au profit du clergé. Dom Etienne Jaffred, prêtre de Chanac, sous-sacriste de la cathédrale, prit une telle décision que la lecture du testament justifie aisément Etienne a laissé ses héritages à son neveu Raymond Bocadaur, auquel il a successivement substitué son autre neveu, dom Etienne Bocadaur, prieur de Saint-Biaise de Chanac, puis la chapelle Sainte-Marie qu'il a fondée dans cette église et dont la présentation est confiée au curé de Chanac. En conséquence, par fidéicommis, toutes les richesses d'Etienne aboutirent dans l'escarcelle de sa chapelle, et la dévolution des droits de patronage échut directement au curé du lieu sans que les hoirs, qui n'étaient en fait que des fidéicommissaires, se sentissent floués.

    180Sauf lorsque le clergé de la cathédrale hérite de tout, comme avec dom Raymond Dumas, la collation revient généralement à un autre que le patron, mais Jehan de Corsac décide que présentation et collation iront à ses héritiers. Maître Pons Valdin se réserve également les deux tant qu'il vivra, et ce n'est qu'après son décès que ses héritiers recevront le patronage, et les prêtres du Collège de Bonconseil l'institution réelle. Toutefois, si des laïcs obtiennent souvent le patronage, la collation est presque toujours déléguée à des religieux.

    181Si le patronage échappe parfois à la famille d'un fondateur, au profit de l'Eglise qui reçoit l'université des biens de ce dernier, il existe un point sur lequel aucun bienfaiteur ne transige : les chapelains appartiendront à leur sang. Anthoine Ferrier déclare que "toujours le plus proche parent de la race dels Ferriers" se verra attribuer la chapelle. La raison se devine aisément derrière une double motivation : un parent assurera toujours avec plus de fidélité le culte des ancêtres, et la famille en quête d'ascension sociale disposera perpétuellement d'un bénéfice pour l'entretien des cadets voués à la religion.

    182En règle générale, le fondateur nomme toujours le premier chapelain qui entrera en fonction lors de la création de la chapellenie, et nous avons alors la surprise de constater qu'il s'agit parfois d'un personnage dont le lien de parenté demeure inconnu221. Mais le lien intime, ignoré, n'est pas exclu. En 1465, Jehan Brunei choisit un clerc, Jacques d'Alvemhe. Apparemment rien ne les unit, mais Jacques Amald, neveu de Brunei, est marié à Jehanne d'Alvemhe, dont la parenté avec Jacques d'Alvemhe est fort probable, même si nous ne pouvons la prouver. Toutefois beaucoup désignent directement quelqu'un du même sang.

    183Pour l'avenir, la priorité revient toujours aux prêtres issus de la famille. Jehan Brunei indique qu'à la mort du premier chapelain, sera présenté le plus proche de sa race, à savoir le premier de la maison de sa soeur, Jacinette, femme Arnald, à défaut un autre issu d'Anthoine Brunei, alias Portai, enfin de Pierre et d'Anthoine Bes. Dans le cas où il n'y en aurait pas, il veut le plus apte "dans les moeurs et connaissances". Tout d'abord, un clerc de sa parentèle, puis un pauvre prêtre de Fraissinet-de-Lozère, enfin un pauvre clerc de ladite paroisse. Et tous les processus de dévolution du titre de chapelain se déroulent en respectant ces prescriptions : un prêtre, ou à défaut un clerc, le plus lié au testateur par le sang, ensuite un pauvre mais honnête prêtre de la localité dans laquelle se trouve la chapelle, puis un clerc. La clause favorisant l'accès d'un simple clerc est importante. Dom Jehan de Boda ayant omis de stipuler une telle condition lors de sa fondation, il se rattrape dans son codicille du 18 décembre 1433. Dans de telles situations, la contrainte s'impose au chapelain de parvenir aux ordres sacrés dans un délai plus ou moins bref. Les Gabalitains accordent un à deux ans selon les actes222. Pendant cet intérim, le clerc titulaire paie un prêtre qui officie à sa place. Qu'advient-il si le clerc demeure en l'état ? Les patrons en nomment un autre. Cette mesure, apparemment ordinaire, tranche sans pitié pour la notabilité du postulant. Le 24 décembre 1448, noble Jehan de Folhaquier, fils du seigneur de Folhaquier, proche parent des Alamand, reçoit la chapelle Sainte-Anne de Mende. Un an plus tard, le 31 décembre 1449, Jehan n'a pas encore réussi à devenir prêtre et se trouve contraint de résigner son bénéfice223.

    184La nomination d'un parent du fondateur est généralement respectée. Le 5 juillet 1307, par un acte de maître Pierre Amoros, notaire royal, dom Vital Cavalier fonda une chapelle dans l'église de Banassac. Or, le 9 mars 1398, Jehan Cavalier y présente son cousin, dom Hugon Cavalier, prêtre et moine de Saint-Léon (diocèse de Rodez). Et les lointains descendants revendiquent à ce titre la jouissance de ces chapellenies. Le 13 février 1444, dom Bernard Robin, chanoine de Mende, prétend avoir le droit de succéder à dom Guillaume Boyer, à la tête d'une des quatre chapellenies du Collège de Bonconseil (fondé en 1324) car il est le plus proche parent du fondateur, et il obtient satisfaction le 10 avril224.

    185Que devenaient ces chapelles familiales ? La chapelle du Saint-Sépulcre, fondée par l'hebdomadier dom Jehan de Boda et confirmée par ce dernier en 1433 est confiée à ses parents Boda. En 1438, Jehan de Boda, marchand de Mende, agit comme légitime administrateur de ses fils Jehan et Pierre, héritiers universels de leur grand-oncle l'hebdomadier. Pierre semble avoir survécu à son frère mais il mourut relativement jeune après avoir testé en faveur de son cousin, maître Pierre Tonel, le 18 juillet 1461. Ce dernier accepte l'héritage et partage le patronage avec Raymond de Boda, cousin germain des susdits Jehan et Pierre225. En conséquence, cette fondation de Jehan de Boda échut entre les mains de deux maisons : celles des Boda et des Tonel. La chapelle Saint-Vincent et Saint-Bonnet, dite des Robin, constitue un miracle de longévité. Elle revint également à deux familles, celles des Robin et des Jourdan, dont elle assura le souvenir jusqu’à sa propre disparition en 1793226.

    V - LES RELATIONS AMICALES

    186Les caractères de sociabilité transparaissent à l'étude des liens unissant les testateurs aux individus auxquels ils ont confié l'exécution de leurs dernières volontés, ou encore à l'examen des invitations lancées à des amis, des voisins ou des notables pour participer à la rédaction d'un testament ou d'un contrat de mariage.

    A - Les exécuteurs testamentaires

    187Roger Aubenas a déjà décrit le rôle des exécuteurs testamentaires en mentionnant qu'avec la réintroduction du droit romain dans le midi leur rôle fut réduit par l'institution de l'héritier universel à une mission de contrôle général de l'exécution, avec des pouvoirs plus ou moins étendus, allant même au XIIIe siècle jusqu'à la capacité de réduire ou d'augmenter les legs. En Gévaudan, les termes executor, gadiator et fideicommissarius sont généralement utilisés pour les désigner227. Nous ne ferons qu'aborder brièvement leur rôle à la fin du Moyen Age. Très souvent les testateurs se contentent de les nommer et de les cantonner dans ce devoir de gardien et de surveillant du strict respect de leurs dernières volontés. Toutefois, comme le signale Roger Aubenas, leur action croît en importance quand l'héritier universel est un enfant ou lorsqu’il est limité dans ses droits à disposer du patrimoine transmis.

    188Dans notre huitième chapitre, nous avons déjà constaté que plus d'un quart des testateurs confiaient la tutelle ou (et) la curatelle de leurs enfants à leurs exécuteurs testamentaires, en collaboration ou non avec des parents. En 1397, Jehan Rieutort senior leur demande de solder ses dettes, legs, et d'assurer la protection de ses enfants228. Le 30 mai 1419, dom Jehan Cavalier, prêtre de Florac, bachelier en décret, institua héritiers universels, sa soeur, Raymonde, et le fils de celle-ci, Etienne Rocat. Il confia l'exécution testamentaire à des "amis" auxquels il concéda la capacité d'agir sans licence d'aucune Cour ni obligation de rendre des comptes, dont il les releva, et chargea l'un d'eux d'être le "maître et gouverneur" de ses possessions229.

    189Les exécuteurs testamentaires exercent même occasionnellement le droit de modifier les legs octroyés, soit pour les réduire comme ceux de Pierre Villedieu, en 1433, soit pour les augmenter selon la capacité que leur reconnaît le sacriste Guillaume de Mostuéjols. En 1435, ceux de dom Jehan de Galieyras distribueront ses avoirs à des fins caritatives. Toutefois, les testateurs limitent également la liberté des protecteurs de leurs desseins. Ainsi noble Raymond Gasc annonce-t-il que les siens opéreront en recevant les conseils de l'official de Mende230.

    190D'après le sondage réalisé dans deux cent soixante-treize testaments, la moitié au début de notre période, l'autre moitié à la fin, nous avons constaté que 25,25 % des testateurs octroyaient une rétribution à leurs exécuteurs testamentaires, en précisant généralement qu'ils entendaient ainsi les rémunérer pour leur travail, ce qui n'exclut pas, cependant, la volonté d'inclure une gratification à titre amical. 14,50 % d'entre eux allouent moins de cinq sous, 26,10 % offrent de six à dix-neuf sous, 47,80 % promettent entre une livre et quatre-vingt-dix-neuf sous, enfin, les 11,60 % restant baillent une somme supérieure à cinq livres231.

    191La plupart des testateurs _64,65 %_ n'instituent qu'un à deux exécuteurs testamentaires, 34,20 % entre trois et cinq, alors que les autres dépassent ce nombre. Dom Eralh de Mirmont en désigne six en 1418, Pierre Monbel, sept en 1482, noble Marguerite de Peyre, neuf en 1405232. L'administration de cette charge ne requérait pas la présence de tous les exécuteurs et Eralh de Mirmont déclare que trois d'entre eux à la fois suffiront, et réserve sa rémunération de six livres à ceux qui travailleront.

    192Qui chargeait-on des exécutions testamentaires ? La recherche de personnes dignes de foi est indéniable, cette confiance reposant sur une relation intime ou sur la fonction sociale de celui qui retiendra l'attention. Ceci explique qu'au moins un prêtre apparaisse à ce sujet dans 65,95 % des testaments. 18,30 % des testateurs désignent le notaire récipiendaire et 4,40 % un officier. Ensuite, 23,10 % des Gabalitains nomment un collatéral, frère, oncle, cousin ou neveu, 16,10 % un cognat, beau-frère, beau-père ou autre allié par les femmes233, 3,30 % un descendant, 0,75 % un ascendant et 4,75 % le conjoint. Il existe des différences notables selon le sexe ou l'état de celui qui rédige ses dernières volontés, ainsi relevons-nous la présence de prêtres dans 85,70 % des instruments émanant d'ecclésiastiques, dans 64 % de ceux des femmes et dans 56,25 % seulement de ceux des hommes laïcs. Après, les religieux et les femmes se tournent vers les notaires récipiendaires, alors que les hommes appellent d'abord leurs collatéraux et, à un moindre degré, leurs cognats. Des occurrences plus rares demeurent à signaler : les amis ne sont signalés que dans 5,10 % des actes ; mais la faiblesse de ce chiffre provient sans doute de l'impossibilité dans laquelle nous sommes d'identifier le lien existant entre une partie des exécuteurs et les testateurs dans 29,30 % des testaments, ces personnes appartenant sans doute au cercle des familiers. En outre, les gens recensés parmi les notaires, les prêtres ou les officiers sont parfois de proches amis ou des collègues. En 1419, Pons Maurin s'en remet à la volonté de son "père spirituel" François Bonet "qui [m'] entendit en confession"234. Les femmes sont minoritaires, mais non exclues, et 5,45 % des hommes nomment une épouse235, alors que 2,65 % des testatrices convoquent une autre femme236.

    193Au-delà de ces propos nous notons la présence de spécialistes de l'exécution testamentaire. Dom Etienne Montanhier, prêtre bénéficier de la cathédrale, notaire épiscopal de 1393 à 1440, en est le digne représentant puisqu'il est nommé à cette fin par huit personnes, mais il est vrai que toutes ces personnes se présentèrent dans son étude afin de faire rédiger leurs dernières volontés lui permettent d'exercer son influence dans le mode de désignation. Le chanoine Etienne Boyer veille sur l'observance des ordres de douze testateurs. Enfin les théologiens des carmes de Mende, comme maîtres Jehan David et Jehan Gloriend, jouissent d'une reconnaissance qui les appellent souvent à cette fonction237

    194La notabilité d’une famille incite les gens à faire appel à ses membres, comme nous le constatons avec les Valdin. Maître Pons Valdin est désigné par son ami et voisin dom Jehan Salvanhac en 1396, par noble Marguerite de Chabot en 1401. Le marchand Jehan Valdin, neveu de Pons, est préféré par Guillauma, femme Fournier, en 1427, par son cousin Bertrand Valdin en 1433, et par son amie Catherine Pareur, veuve d'Etienne Tonel, en 1436. Le même Bertrand Valdin, fils de Pons, est nommé par Astruge, femme de maître Pierre Chabrit, en 1428, par sa marâtre, Jausionde Artald, en 1427 et en 1435 ; le chanoine Guillaume Valdin, par Guillauma, femme Fournier, en 1427, par sa marâtre, Jausionde Artald, en 1430, 1435, par son frère Bertrand en 1433. Artald Jausionde, femme Valdin, est elle-même élue par la femme Fournier en 1427, par François Valdin, fils de Bertrand, et par Raymond Julien en 1459238.

    B - La famille et les témoins chez le notaire

    195L'un des aspects de la sociabilité se manifeste grâce à l'analyse de l'identité des personnes assistant à la rédaction d'actes notariés dénués de tout caractère commercial, comme les testaments et les contrats de mariage. En tout, l'ensemble de notre documentation a livré plus de quatorze mille témoins, approximativement répartis moitié-moitié entre les deux types d'instruments. En moyenne, les testaments ont été reçus en présence de sept garants, et les contrats de mariage de six. Parmi les personnages invités à assister aux actes, les plus nombreux sont des ecclésiastiques, puisqu'ils constituent un peu plus du quart de l'ensemble, à savoir 23,05 % de prêtres et de moines, 2,80 % de prieurs, curés et vicaires pour les testaments, et 20,85 % des premiers et 7,80 % des seconds pour les contrats de mariage. Les simples clercs représentent 5,10 % de ceux qui collaborent à des testaments et 1,80 % des témoins des constitutions dotales. Ensuite, 1,55 % des témoins coopérant à des testaments sont des notaires, 0,25 % des officiers et des juristes, 0,40 % des sergents et 0,40 % des nobles, alors que les pourcentages pour les pactes de fiançailles sont respectivement de 5,15 %, de 1,95 %, de 0,40 % et de 3,40 %. Ainsi les notables constituent-ils 35 % du contingent des personnes témoignant à la rédaction des dernières volontés et 42 % de celui qui participe à l'établissement des contrats de mariage. Enfin, si l'exclusion des femmes n'est pas systématique, ces dernières ne figurent que dans 0,80 % des testaments et 0,03 % des contrats de mariage, ce qui démontre le peu de considération accordée à leur parole pour garantir l'authenticité d'un acte notarié.

    196Relever l'identité de l'ensemble des quatorze mille personnes rencontrées et le lien de parenté ou d'affinité les unissant aux contractants n'était guère envisageable ; aussi nous sommes-nous contentés de procéder ainsi pour les instruments concernant la famille Cobe. En 1423, maître Jacques Cobe lit son testament au couvent des frères mineurs, devant sept moines de cet ordre, dont deux maîtres en théologie, Guillaume Palmier et Privat Chapelain. Vingt-six ans plus tard, Alaycette Galin, épouse de son petit-fils Guillaume Cobe, acte à la même fin en présence de deux prêtres et de laïcs mendois avec lesquels elle ne semble entretenir que des relations de voisinage ou d'affaires. Ainsi relevons-nous parmi ces derniers Pierre Alboyn, marchand de Mende, qui obtint quittance, en 1453, de Guillaume Cobe, pour une somme due à la mère de ce dernier.

    197Par contre, les autres actes concernant cette famille mettent à jour des niveaux de sociabilité plus complexes. Afin de fixer des repères, nous avons inscrit, entre parenthèses, les numéros des tableaux généalogiques placés en annexe auxquels se rattachent tous ces personnages et il suffit dès lors de se reporter à la figure des "liens d'affinité entre les Cobe et leurs témoins" et aux généalogies afférentes pour découvrir les liens d'affinité existant entre eux Le 30 mai 1466, pour exposer ses dernières volontés, le sellier Pierre Cobe senior (8) réunit autour de lui Pierre et Rigald Chapsier (12), Pierre Colonh (17), Guilhabert Jalvin, notaires, François Garsin (17), barbier, Pierre Dumas, marchand (12), Guillaume Destrictis, clerc, Jehan Bequat, cordonnier, Etienne Scot, pareur de draps. Quelques mois plus tard, le 30 août 1466, le testament de son frère Guillaume Cobe (8) est reçu devant doms Olivon Michel (8), Bernard Garsin (17), prêtres, Jehan Dumond, marchand, Bernard Born, Pierre Delom, tailleurs, Gérald Dufour et dom Jacques Pradelas. En outre, Pierre chargea Guillaume Cobe et dom Olivon Michel de ses exécutions testamentaires, alors que Guillaume choisit le même Pierre Cobe, doms Olivon Michel, Jehan Masel, prêtres, Etienne Torrent, notaire récipiendaire (27), Jacques Balmas (7), Jehan Jourdan (19), Jehan Dumond, marchands, Etienne Chapsier (12). Le 29 février 1471, Pierre Cobe modifie ses dispositions en présence de maître Guillaume Mayrand, Pierre Tonel (21, 7, 28), notaires, Vital Bodo, barbier, Jehan Ros, clerc, Bernard Atger (3) et deux autres mendois.

    198Le 5 mai 1459, Jehan de Strade, official de Mende, Jehan de Clermont, préchantre de la cathédrale, Pons Jourdan (19), Guillaume Sabbatier, Etienne Boyer, chanoines, Jehan Jourdan (19) et Astorg Petit, marchands, assistent aux contrats de mariage passés entre Pierre Cobe junior et Catherine, fille du marchand Jehan Egalenc, d'une part, et Vital Valentin et Philippa, soeur du susdit Pierre, d'autre part. Quand Pierre Cobe junior convole une seconde fois, le 1er janvier 1470, avec Jehanne Atger, fille de Bernard, c'est sous l'oeil attentif de doms Guillaume Sabbatier, Jehan Alamand (1), Pons Jourdan (19), Jehan Matusson, chanoines, nobles Jacques de Corsac (9), Jehan Dumond, alias "Chapelle (13), dom Guillaume Monbel, licencié ès lois (25), Jehan Jourdan, marchand (19), maîtres Guillaume Clapier senior (25), Jehan Ros, Jehan Julien, notaires. Vingt jours après, son frère, Jehan Cobe, s'unit avec Hélix, fille du notaire Jehan Chabrit, et demande l'assistance de doms Jehan Alamand, Etienne Boyer, Jehan Martin, chanoines, maître Pierre Enjalvin (6), bachelier ès droits, Pons Vacheri, notaire, Jehan Jourdan (19) et Pierre Dumas (12), marchands239.

    FIGURE- IV - Liens d'affinité entre les Cobe et leurs témoins dans les testaments et contrats de mariage

    Image

    199Le chanoine Pons Jourdan, invité à plusieurs reprises, s'avère être un affin, très éloigné, des Cobe. En effet, il est le fils d'Aygline Robin (19), dont une nièce, Hélix Traversier, épousa Gérald Maynier (28) qui avait une soeur, Philippa, mariée à maître Bertrand Atger (17). Or, Bertrand Atger était le cousin du 2° au 3° degré de Jehanne Atger, femme de Pierre Cobe junior (3). De même, Pierre Dumas était-il le beau-frère de Rigald et de Marguerite Chapsier (12). Cette dernière se trouvait elle-même belle-soeur de Soubeyrane Tonel, soeur de maître Pierre (7). Ces Tonel sont cousins du 3° au 2° degré de Jehan de Chaldoreilhe, beau-frère de Jehanne Bonot, dont le mari Anthoine de Melzac était l'oncle d'Etienne de Melzac (7). La belle-soeur de ce dernier, Marcébilie, épousa Jehan Petit en 1441, cousin du 2° au 3° degré de Jehan Petit, époux de Catherine Torrent, fille du notaire Etienne Torrent, et de Guillaume Petit qui eut un fils de Gabrielle Paulhan (27). Or, Jehanne Julien, tante par alliance de Gabrielle Paulhan, s'unit à noble Jehan Dumond, alias "Chapelle", père de Catherine Dumond (13), belle-soeur de Jehanne Atger, conjointe de Pierre Cobe (3).

    200Une recherche approfondie révélerait certainement bien d'autres exemples de participation aux actes de ces affins aux liens de parenté résultant de l'échange généralisé ; mais ces découvertes sont-elles la preuve d'une proximité découlant de cette parenté ou bien plus simplement de celle qui provient du simple voisinage, voire même des relations d'affaire ? En fait, l'influence d'une telle alliance familiale ne nous paraît guère probante, et quand le chanoine Pons Jourdan assiste à un contrat, il le fait en compagnie de l'official de Mende, du pré-chantre et d'autres prébendiers de la cathédrale. De même, lorsque des notaires comme les Chapsier figurent parmi les témoins, c'est avec un autre notaire, Guilhabert Jalvin. En fait, les Cobe ont atteint un degré de notabilité qui leur permet d'inviter ces personnages appartenant à leur milieu. Si nobles Jacques de Corsac et Jehan Dumond se déplacent également, c'est parce que l'un et 1'autre se mêlent souvent des affaires communales, et qu'il est bon pour eux de marquer un intérêt pour cette famille et pour ses proches. Ces affins viennent donc au même titre que noble Jehan de Clermont, doms Etienne Boyer, Guillaume Sabbatier et les autres témoins, dans le cadre des relations sociales.

    CONCLUSION

    201Les commémorations instituées avec profusion procurent le courage indispensable pour affronter la peur de la mort, aussi bien pour celui qui envisage de disparaître que pour ceux qui lui survivront. En raison des croyances chrétiennes, le premier, en rédigeant son testament, estime que l'équilibre entre ses mauvaises et ses bonnes actions le maintiendra un certain temps dans une position ambiguë, entre l'enfer et le paradis, ce qu'atteste d'ailleurs la vénération rendue au culte des Ames du Purgatoire. Ceux dont la vie fut irréprochable redoutent peut-être, eux-mêmes, ce moment du jugement suprême. Le concept de l'au-delà paraît simple dans l'enseignement théologique dispensé au pratiquant, s'appuyant plus sur la foi que sur la raison ; mais combien de doutes s'emparent de ces laïcs, à l'esprit très pieux, et de ces ecclésiastiques, pas toujours irréprochables et parfois trop attirés par les plaisirs du siècle, quand l'approche de la mort les pousse à s'interroger rationnellement ! La profusion des bassins des Ames du Purgatoire se montre à ce sujet très révélatrice. Quant aux survivants, ils sont confrontés à la douleur, la tristesse d'avoir perdu un être cher, aimé et pour certains indispensable. La pratique de ces rituels évite de rompre brutalement : les vivants honorent les morts. Celui qui perd l'être adulé ne reste pas seul à préserver la mémoire du passé ; ses voisins, ses amis, les prêtres de la paroisse, tout le monde participe à ce mouvement offrant le réconfort et la reconnaissance dont les souffrants ont besoin.

    202Occulter la dimension religieuse de cette question constituerait une aberration, mais rejeter son aspect matérialiste ne serait pas plus sensé. Toutes ces pratiques tendent également à développer les relations sociales. La famille du défunt assure sa notoriété, lorsque le prêtre invite les paroissiens à la prière pour le disparu lors de l'office dominical. Et plus les offices sont nombreux à être célébrés, plus la maisonnée conforte sa position dans la hiérarchie locale. Les descendants ont la satisfaction de rappeler que leur famille a contribué à l'achat des vases sacrés et à la reconstruction de l'église. Les nobles, les bourgeois et les nouveaux riches jouissent du plaisir de contempler leur autel particulier, dédié à un saint qui veillera sur eux, et exhibent aux yeux de tous la preuve de leur richesse. En fait, plus le faste funéraire est ostensible, plus les gens indiquent l'importance de leur rang face à leurs concitoyens, et plus le reste de la société participe à leurs actions, plus ils démontrent la considération dont on les entoure.

    203Nous devons conclure en tenant compte d'une dualité ethnologique qui conforte encore nos propos sur la distinction souvent faite entre la population du Gévaudan et celles des deux pointes extrêmes du pays, dans les Cévennes et à un moindre niveau dans la baronnie de Mercoeur. Les Cévenols affichent une large préférence pour les dispositions à caractère laïc. 98,40 % d'entre eux commandent des noals, alors que la moyenne est de 57 % ; de même 77,40 % offrent un legs aux pauvres des charités, contre une moyenne de 29,15 %. En revanche, les démonstrations pieuses les attirant moins, seuls 9,65 % de leurs testaments prescrivent une neuvaine, et tous méprisent les trentaines, quarantaines et annates, alors que la moyenne était de 75 %. Les messes sont ordonnées dans 9,65 % de leurs dernières volontés, chiffre bien éloigné du taux général de 41 % que nous avons signalé. Les obits ne sont institués que dans 1,60 % de leurs actes, contre 54,75 % pour les autres Gabalitains. Les hommes de la région du Malzieu se montrent un peu plus pieux, mais ils affirment, eux aussi, une nette préférence pour les repas anniversaires et pour les pauvres, au détriment des commémorations religieuses. Ce constat s'avère très intéressant puisqu'il atteste que dans la seconde moitié du XVe siècle, le peuple cévenol, qui vivait d'une façon très communautaire en privilégiant la solidarité familiale, développait également une forte tendance laïque, préférant célébrer la mort des proches autour d'une table, avec des prêtres, bien sûr, mais en compagnie des voisins et des amis. Les rudes habitants du sud du Tarn s'intéressaient plus à ceux qui tombaient dans la misère et dépendaient de leur charité qu'au fait d'entretenir le clergé en instituant des messes et des obits perpétuels ou en prolongeant leurs funérailles pendant plusieurs semaines. Ainsi l'austérité, la solidarité et la compassion commandaient-elles déjà le mode de vie de ceux qui, quelques décennies plus tard, se tourneront vers la Réforme.

    Notes de bas de page

    1 Julien (G. 1378/22), Sanho (3E. 1954/27v°), Denis (3E.2274/93v°), Apcher (E.276).

    2 3E.2027/112. Pourtant Benoît de La Mare, bailli de Barre, fut un personnage jouissant d'une certaine aisance, dont les descendants devinrent nobles (Voir son tableau généalogique en annexe)

    3 Daude (3E.2886/27v°), Pareur(G.1401/153v°).

    4 Saint-Romain (3E. 1557/116, 625/114v°), Saint-Jehan-Baptiste (3E. 1559/135, 1574/118).

    5 Ces trois églises sont citées par Jehan Regordel, le 30 mars 1449 (3E. 1565/4v°).

    6 1381-1428 (G.1369/17v°, 3E.1711/60), 1391-1483 (3E.1954/51v°, 2925/115).

    7 1385-1433 (3E.1954/30, G.1388/5v°), 1407-1474 (3E.2274/36, 2898/74).

    8 Contrairement à ce qu'affirma Léon Costecalde, les testaments prouvent que les cimetières Saint-Privat et Saint-Pierre coexistèrent dès la fin du XIVe siècle, et que le premier ne cessa d’être nommé vers 1428.

    9 3E. 1708/77v°.

    10 En 1469, collation de la chapelle Sainte-Anne fondée dans la chapelle Saint-Pierre (3E.1086/5v°).

    11 Cimetière Saint-Michel (G. 1420/180v°), chapelle Saint-Michel (3E.1711/55, 2900/83).

    12 Sirvens (G.1384/36), Pelet (3E. 1954/14), Géraldon (3E.171 l/34v°).

    13 Il y a toutefois une différence entre prêtres et laïcs, puisque 15,10 % des premiers n'ont pas d'exigences spécifiques, alors que c'est le cas de 17,25 % des femmes et de 22,65 % des hommes.

    14 Enjalvin (G.1396/134v°, 157), Chalvet (3E. 1711/61).

    15 Testament de Jehan Tinherie, bénéficier de Mende, le 21 novembre 1444 (G. 1401/116).

    16 Rocherousse (G.1418/292), Taurand (3E.1087/261v°), Malassanha (3E.2884/200).

    17 Abolenc (3E.2895/88), Roch (3E. 1087/35v°).

    18 Roch (3E.2890/16), Abolenc (3E.2891/119), Durand (3E. 1086/137).

    19 3E.2277/46, 48.

    20 Redon (G.1382/26v°), Cayrel (3E.1708/59V°), Bodet (3E. 1087/250), Catrebars (id/253).

    21 Bonhomme (3E.1711/1 1v°), Dumas (3E. 171 l/35v°), Redon (3E. 1708/66), Bernard (G. 1401/63).

    22 Constans (G.1418/161v°), Sarrasin (3E.2898/154), Laondès (3E.2275/76).

    23 Angelard (3E.171 l/50v°), Amelhac (3E.171 l/38v°).

    24 Salamone (G.1403/10v°), Atger (G. 1398/51), Boyer (3E.2893/81).

    25 Jaffred (3E.2884/258v°), Simon (G.1428/24v°, 1430/20v°).

    26 Monbel (3E. 1087/238), Denise (3E. 1089/8), Mirmont (G. 1373/42).

    27 Jourdan (3E.1089/44v°), Sirvens (3E.2275/100v°), Dolsan (3E.2887/129).

    28 Tamescha (3E.171 l/102v°), Régis (3E. 1557/27), Ayres (3E.2274/5).

    29 Thome (3E.5045/45), Fournier (3E. 1709/8v°).

    30 Recoules (G. 1423/30), les pèlerins (3E.2275/103v°, 104, 105), Malel (G. 1426/161 v°).

    31 Rovière (3E.1711/30), Marron (3E.1711/90), Traversier (3E.1089/12).

    32 Michel (G.1405/150), Cordesses (3E.625/114v°).

    33 Chaldoreilhe (G. 1397/114v°), Sachon (G. 1399/136v°), Bertrand (G.1403/127v°),

    34 Scot (3E.2888/92v°), Pascal (3E.718/256v°), Peytavin (3E.2884/267v°).

    35 Boyer (3E.2893/81), Redon (3E. 1708/66).

    36 G. 1384/21. Nous n'avons jamais rencontré la moindre mention d'un cercueil, ce qui semble indiquer que les défunts étaient ensevelis sans autre protection que leurs vêtements.

    37 Lafont (G. 1372/46), Chambarut (3E.2275/79v°), Pascal (3E.718/256v°).

    38 Simon (G.1430/20v°), Coderc (3E.1711/66, 93, 125).

    39 Pour le Lyonnais, Marie-Thérèse Lorcin a également constaté une grande différence entre la ville de Lyon et la campagne (Vivre et mourir en Lyonnais, p. 144).

    40 Clapier (3E.2894/197). Ces "prêtres extérieurs" sont ceux qui n'appartiennent pas au clergé cathédral mais sont résidents ou natifs de Mende. Ils sont très souvent surnommés los rotiers (3E. 1586/48).

    41 Guillaume (G.1376/7v°), Sirvens (3E.2273/101), Royda (G. 1374/13v°), Cordolh (3E.2883/23).

    42 Sept prêtres à Laval (3E.2274/86), vingt-cinq à Barjac (3E.2274/95v°, 97).

    43 En 1473, Jehan Rocherousse, laboureur de Chanac, convie tous les prêtres et curés de Chanac, Cultures, Esclanadès, Salelles et Villard (G. 1418/292).

    44 3E.2274/5. La convocation d’un clergé nombreux est également observée en Lyonnais (Vivre et mourir, p. 144-145) et en Rouergue (Landes-Mallet, A.M., La famille en Rouergue au Moyen Age. Etude de la pratique notariale, Rouen, 1985, p. 187).

    45 Marguerite, femme de Garin Viro, alias Alumbarda, accorde deux deniers en 1405 (3E.2274/16), Pierre Brunei, deux gros (G.1389/105v°).

    46 Valdin (3E. 1709/29), Géraldon (3E.171l/23v°).

    47 Raymond (3E.2275/138), Enjalvin (G. 1396/134v°, 157), Peyre (G. 1376/1).

    48 G. 1377/32. Costecalde (L.), "Mentalité gévaudanaise au Moyen Age...", p. 316.

    49 Devant autel Sainte-Croix (3E.171 l/121v°), Melhac (G. 1395/49).

    50 Clapier (3E. 1586/48) Robin (G. 1388/53). La torche, ou cierge, est désignée par deux termes différents réunis dans le testament de Guillaume Lebraton (intorticia grosso cere appellata farassas, 3E. 5045/66).

    51 Exequias (sic) cum officio mortuorum, ac missam ante altaris Sancte-Crucis, prout est morts, cum exaudis (3E.2276/4v°).

    52 Office mortuaire nommé agenda (3E.171 l/23v°), Orationes los exaudis nuncupates (3E. 1711/19).

    53 Chalmont (3E.2893/45v°), Alègre (G. 1403/61), Géraldon (3E. 171 l/23v°).

    54 Lebraton (G. 1395/49), Alari (G. 1378/21 v°), Atrasic (3E. 1586/4).

    55 Géraldon (G. 1430/20v°), Sarrasin (3E.2898/154).

    56 Dumas (3E. 1711/3v°), Palom (G. 1397/50v°), de Las Charrals (3E.2275/74v°) Atger (3E. 1086/147v°).

    57 Testament du 22 février 1472 (G. 1427/117). Balsièges est distant de Mende d'environ sept kilomètres.

    58 Julien (3E.2273/141), Garnier (3E. 1563/162), Régis (3E.1557/27).

    59 Adatgier (3E.2781/99), Codonh (3E.2892/140).

    60 Voir par exemple le testament de Bernard Ambert, daté du 19 août 1440 (3E.2781/8).

    61 Cécile, veuve de Jehan Boysson, convoque neuf prêtres, ses amis, et tous ses voisins du manse de Crozat, ainsi que ceux qui veilleront son corps, en 1447 (3E.2779/9v°).

    62 Martin en 1444 (3E.2781/26) et Chapsier en 1451 (3E.3137/73v°).

    63 Piza en 1436 (3E.2014/76), Chambon en 1437 (3E.2011/15), Bastide en 1467 (3E.2038/85v°).

    64 Fagie en 1469 (3E.2041/2), Pelhicier en 1474 (3E.2044/47v°).

    65 3E.1711/31.

    66 Comme Guillauma, femme Brun, native d'Anterrieux en Auvergne, en 1427 (3E.2275/50v°), et Jacques Julien, curé de Saint-Gervais, originaire de la Fage-Saint-Julien, en 1483 (3E. 1089/2v°).

    67 G. 1388/53.

    68 Bertrand (G.1403/127v°), Redon (3E 1708/66)

    69 Déodat Hugonet en 1383 (G. 1370/24), Pierre Marco en 1427 (3E.2275/65v), Amoros (3E.2667/108v°).

    70 Redon (3E. 1708/66), Amelhac (3E.1711/38v°), Boyer (G.1402/7v°).

    71 Lorcin (M.T.), "Le temps chez les humbles : passé, présent et futur dans les testaments foréziens (1300-1450)", Revue Historique, n° 566, avril-juin 1988, p 331.

    72 1,50 % (3E.2274/97), Sirvens (3E.2274/33v°), 2,30 % (3E.2274/41).

    73 Colomb (3E.2665/137), Avinhon (G. 1389/36), Sirvens (3E.2275/100v°).

    74 Afin de comparer avec les dépenses des funérailles, nous signalons que l'intéressé avait convoqué tous les membres du clergé de la cathédrale pour son enterrement, en leur remettant un gros chacun. Or, le sous long, dont le denier long est la douzième partie, vaut un demi-gros (3E. 1954/62).

    75 Sept prêtres (3E.5045/11), trois prêtres (G. 1378/38). Velayt (3E. 1954/40v°), Devèze (3E. 1954/26).

    76 Farsat en 1427 (3E.171 1/5v°, Pontier (3E.2273/142v°), Gisquet en 1408 (3E.2274/48).

    77 Dumond (3E. 1574/169), Bernard (3E.1574/197v°).

    78 "Le temps chez les humbles...", p. 331.

    79 L'expression liber machaberorum apparaît, en 1478, lors de la concession d'un obit à l'exécuteur testamentaire de Jehan Marron, conseiller du roi au parlement de Toulouse et chanoine de Mende (G. 1431/109).

    80 Un en 1398 (G. 1384/77), deux en 1393 (3E.1954/60v°), Hugonet (G. 1370/24).

    81 Mostuéjols (G. 1373/49, 50v°). Ce type d'obits est généralement créé par des bourgeois, des ecclésiastiques et des nobles, en raison du coût relativement élevé, mais il n’a rien d'exceptionnel.

    82 Guillaume Bedos (G.1387/12v°), Pierre Bongiralt, alias Crobet (G.1384/10v°).

    83 Chabot (G. 1377/32), Marquez (3E.2274/28).

    84 Trinité (3E.2275/83v°), Saint-Michel (3E. 1708/56), Saint-Simon et Saint-Juda (3E. 1708/54v°),

    85 1430 (3E.2275/105), 1436 (3E. 1711/110).

    86 Testament du 27 avril 1457 (3E.2889/192v°).

    87 Ce tant rude Gévaudan, p. 902.

    88 Testament du 13 octobre 1471 (G.1427/51v°).

    89 Tuffier en 1475 (3E.2898/166v°), Germain en 1433 (3E.171 l/83v°).

    90 Boda en 1421 (3E.1708/53), Batailhe en 1457 (G.1405/44), Ferrier 3E.2665/192.

    91 Martin (3E.1711/87), Codonh (3E.2779/24v°, 2782/40, 2892/140).

    92 Le chorier de la cathédrale Etienne Bonhomme l'exprime en testant en 1426 (3E. 1711/44).

    93 3E.1571/3, 4, 77v°, 3E.1573/3v°, 81v°, 3E. 1575/Feuillet en annexe, 3E.1576/187.

    94 Martin en 1433 (3E. 1711/87), Nazond en 1421 (G. 1372/98), Sirvens (G. 1384/36).

    95 Voir les testaments de Pierre Aldegier en 1396 (G. 1384/82v°), Jehan Albi en 1428 (3E.171 l/33v°).

    96 G. 1377/32, 3E.2274/50v°.

    97 Le 11 décembre 1420, testament de Durand Cayrel, prêtre bénéficier de Mende (3E. 1708/59v°).

    98 3E.1711/64.

    99 Raymond Engles en 1395 (3E. 1954/9v°), Jehan Raymond en 1424 (3E.2275/5v°).

    100 Cinq sous (3E.2275/76), soixante sous 3E.2896/201 v°.

    101 Chambon et Mercoire (3E. 1711/120, 2892/134), Saint-Chély-d'Apcher (G. 1387/68), Marvejols (G. 1384/36), Monastier (G. 1382/26v°).

    102 Testaments de Pierre Ebrard en 1411 (2274/91), Jehan Julien en 1407 (id/32), Marguerite, veuve de Privat Martin, en 1410 (3E.2774/74v°), dom Jehan Marquez et Guillaume Passabost, en 1427 (3E.2274/27v°, 28), Marguerite, épouse Raymond en 1427 (3E.2275/32).

    103 Mercier (3E.1711/13v°), Valdin (3E. 1709/29), Arzalier (3E.2925/84v°).

    104 Ebrard (3E.2274/91), Anthoine (G. 1419/83v°), Raymond (3E.2275/55).

    105 Garin (3E.2275/154), Monbel (3E. 1087/238), Malassanha (3E.611/109).

    106 3E. 1708/79.

    107 En effet, en 1437, le mendois Jehan Gal prescrit deux obits et deux absolutions chez les frères mineurs pour dix moutons or, et un de chaque chez les carmes, pour cinq moutons or (3E.171 l/123v°).

    108 Amelhac (3E. 1711/38v°), Grumel (3E. 1711/10), Géraldon (3E. 171 1/23v°).

    109 Boayro (G. 1401/79), Simon en 1475 (G.1428/24v°).

    110 Paysans (3E.2274/91,2275/138), veuve Galtier (3E.5045/43).

    111 Delmas (3E.1708/68v°), Brolhet 1482 (3E.1087/212), Chastel (G.1428/27v°).

    112 Pessada (3E.2274/95v°), Sirvens (G. 1384/36), Bernard (G.1396/25v°).

    113 Testament de dom Pierre Albaret, prêtre du Malzieu, le 2 octobre 1466 (3E.2894/40).

    114 Vanel (3E. 171 l/88v°), Simon (3E.2897/64), Bernard (G.1396/25v°).

    115 Hugonet (G. 1370/24), Amat (3E.1708/77v°), Bedos (G.1387/12v°), Mirmont (3E.2274/50v°).

    116 Arzalier (3E.2275/86v).

    117 Il lègue un cartal de froment, quantité qui semble le plus souvent attribuée (G. 1402/7v°).

    118 G.1396/25v°.

    119 Anniversarium sive noal (G.1378/29), noal sive chantar (G. 1372/88), unam refectionem sive mangar (G.1372/98), anniversarium sive mangar (3E.1711/40v°), canlaria seu novalia (G. 1402/78v°), cantare anniversarium sive noval (G.1405/169), novale seu prandum (G. 1398/100), chantare sive prandum in quo chantare etprando (3E.2665/79), noalhas (3E.718/53v°).

    120 G. 1373/42, 1376/5.

    121 En 1445, le forgeron mendois Bartholomé Pagès en veut trente, pendant trente aimées consécutives, un an chez les frères mineurs de Mende, un an chez les carmes (G. 1409/139v°).

    122 Robin (G. 1388/53), Cobe (3E. 1711/105v°).

    123 En outre, elle prévoit un repas dans chaque couvent de Marvejols, pour vingt sous chacun, en présence de ses amis et des chapelains de Saint-Sauveur-de-Peyre (Testament du 27 avril 1405 ; 3E.2274/5).

    124 Raymond (3E.2275/55), Ebrard (3E.2665/248), Chalvet (3E.1711/61), Ramadier (3E.2667/59), Ebrard (3E. 1089/98v°), Tuffier (3E.2898/166v°).

    125 Gisquet (G. 1405/172v°), Denis (3E.718/180). En 1404 (3E.2274/2), en 1408 (3E.2274/50v°).

    126 Testament du 31 mai 1421 (G. 1387/68).

    127 Moeurs et coutumes des mélanésiens. Trois essais sur la vie sociale des indigènes Trobriandais, Paris, 1933, p. 82.

    128 Le respect de l'intimité de l'oustau a été mis à jour par Elisabeth Claverie (L'impossible mariage-Violence et parenté en Gévaudan, du XVIIe au XVIIIe siècle, Paris 1982).

    129 ''Capoulié'', synonyme de "meinadié'', désigne le chef de la maison en occitan.

    130 Des charités bien ordonnées. Les confréries normandes de la fin du XIIIe siècle au début du XVIe siècle, Paris, 1988.

    131 Ce tant rude Gévaudan, tome I, p. 911.

    132 Confratria (Crozas : 3E. 1711/31), caritas (Companch : 3E.2274/97v°).

    133 G. 1388/5v°, G. 1394/9.

    134 "Aumône" (3E.1708/68v°), "quête" (G.1396/134v°, 157), "pauvres du Christ" (3E.2274/33).

    135 "La spiritualité des laïcs : les confréries en Touraine à la fin du Moyen Age", Histoire religieuse de la Touraine, CLD, 1975, p. 126-127.

    136 Des charités bien ordonnées.... p. 60-61. Voir en annexe "Les confréries de Mende".

    137 Boyer (3E. 2893/81), Salesse (3E. 1711/14), Martin (G. 1388/66).

    138 3E.2274/97v°, 2275/61, G. 1376/12.

    139 La conversion en mesure mendoise correspond à mille quatre cent trente-cinq litres

    140 Soit une distribution journalière de vingt litres de céréales. G.1376/1, 5.

    141 Hugonet (G. 1370/24), Cordolh (3E.1711/86). Colin (G. 1417/130), Corsac (3E.2891/170).

    142 Voir Saure, femme de Jehan Arlier, en 1390, et Pierre Amat (G.1384/82, 3E.171 l/45v°).

    143 Esperta, femme de Jehan Charrier, de Chirac, en 1394 (3E. 1557/121 v°).

    144 Testament du chanoine François Bompar en 1436 (3E.1711/113v°).

    145 Archives départementales de l'Aveyron, H. 433, 434, 435.

    146 G.1399/27v°.

    147 G. 1373/42.

    148 Un tisserand (G.1416/127v°), un chanoine (3E.2893/81), un prêtre (3E.1087/346v°).

    149 Consulter l'annexe sur "les confréries de Mende".

    150 Robin (G. 1413/76v°), confrérie des bouchers (G. 1384/4v°).

    151 3E.2667/108v°, 2665/183.

    152 3E. 1711/62v°.

    153 G. 1401/18v°

    154 Martin (3E.2892/160v°), Amat (3E. 1708/77v°).

    155 3E.171 l/45v°.

    156 G. 1413/84 v°, 126.

    157 Olivier (G.1403/67v°), Salvanh (3E.2883/108).

    158 Nous n'avons pas identifié cet hôpital, apparemment important, sis à l'extérieur du Gévaudan.

    159 L'hôpital de Chanac reçut un legs d'Anthoine Rocherousse en 1472 (G. 1418/147), celui de Barre, des Delcros en 1444 (3E.2017/118v°), et celui du Malzieu de Bernard Atrasic, en 1450 (3E.3137/98).

    160 3E.2892/134, G.1370/24, 3E.1711/30.

    161 Nous n'avons pas pu identifier ce lieu cité par le chanoine Guillaume Valdin (3E. 1709/29).

    162 G. 1418/86.

    163 3E.2781/76.

    164 3E.2782/79, 3137/68v°.

    165 1427 (3E.1711/28v°), 1436 (G.1388/47v°), 1482 (3E.1087/226v°, 238), 1433 (3E.2275/156v°), 1432 (3E. 1711/64).

    166 G.1378/21v°.

    167 Hugonet (G. 1370/24) Salvanhac (G. 1384/21).

    168 G. 1403/61.

    169 G. 1397/114v°. Cela correspond à toutes les églises sises sur les rives du Lot sur une distance d'un peu moins de cinquante kilomètres.

    170 G. 1403/67v°. Ces testaments présentent l'intérêt archéologique de décrire l'éclairage des églises.

    171 Cobe (3E. 171 l/105v°), Robin (G. 1388/53), Boda (G. 1402/16), Simon (G.1428/24v°).

    172 D'ailleurs, dans son testament du 18 décembre 1423, Astruge, femme Garandel, utilise cette synonymie lors de son legs de sept mitadencs de seigle aux operibus rive questis (sic) de Gabrias (3E. 1708/67v°).

    173 Le terme "ouvrier" ("operarius") ne reçoit pas l'acception actuelle ; il désigne alors celui qui, dans une paroisse, ou toute autre collectivité, est chargé de veiller à l'exécution des oeuvres communautaires.

    174 1465 (3E.2893/105v°), 1482 (3E.2925/84v°), 1483 (3E.1089/8), 1481 (3E.611/147), 1476 (3E. 718/224), 1440 (3E.1563/69v°), 1459 (G. 1405/169), 1421 (3E.1708/54v°).

    175 Las Charrals (3E.2275/74v°), Hugonet (3E.2275/36), Martin (3E.1711/117v°).

    176 3E.2274/69.

    177 3E. 1087/32, 1954/62, 2883/114v°, G.1396/59, 1401/72, 1418/156.

    178 G.1403/67v°.

    179 Laval (3E.2274/82) Saint-Gervais (3E. 1087/275, 276v°).

    180 1438 (3E. 1711/126), 1452 (Ce tant rude Gévaudan, p.918), 1452 (G. 1396/34v°).

    181 Galieyras (G. 1407/33), Julien (G. 1396/59), Fenils (G. 1396/11).

    182 Par codicille du 25 avril 1460, Delphine réduisait cette somme à deux moutons or (3E.2891/11).

    183 "Mentalité gévaudanaise …", p. 437.

    184 G. 1387/39.

    185 3E.1708/68v°, G. 1387/88, 91, 1388/1.

    186 Ce tant rude Gévaudan, p. 1462.

    187 Salvanhac (0.1384/21), Gasc (G.1384/68).

    188 3E. 1711/125, G.1401/99, 116, 127v°, 1402/16.

    189 Dans le chapitre V, nous avions constaté que l'Eglise était choisie par 25 % des prêtres, 2,65 % des femmes et 2,15 % des hommes qui n'appelaient qu'un héritier universel par voie de testament. La différence avec les chiffres que nous venons de livrer résulte de la prise en compte de l'ensemble des testaments et codicilles instituant un ou plusieurs hoirs. En outre, ces calculs excluent les prêtres institués héritiers universels lorsqu'ils font partie de la famille ou des familiers du testateur.

    190 3E.2274/97.

    191 3E. 1711/86, 93, 2892/148v°.

    192 Aucun prêtre ne lègue l'universalité de ses biens à un couvent.

    193 3E.1089/44v°.

    194 Doms Durand Cayrel, en 1420 (3E.1708/59v°), Jehan Marquez, en 1427 (3E.2275/36v°), Jehan Sirvens, en 1426 (3E.2275/23), Catherine, femme Robin, en 1422 (3E.1708/57v°).

    195 Prêtres de Marvejols (3E.1708/54v°), hebdomadiers (3E.2897/64).

    196 Rampolh (3E.2887/42), Coralh (3E. 1954/57v°).

    197 Massadaur (3E.1089/74v°, 1087/275), Basalgette (3E.1089/75v°), Julien (G.1406/171v°).

    198 Devèze (3E. 1954/26), Colin (G. 1417/130). Inventaire pour Grumel (G. 1397/114v°, 117).

    199 Dumas (3E. 1711/35v°, 38), Mirmont (G. 1373/42).

    200 Fondation (G.1390/26). Cité comme tisserand en 1432 (3E. 1477/2/1), syndic le 20 décembre 1436 (G. 1388/55), il rédigea un codicille à son testament le 21 août 1447 (G. 1403/24).

    201 Raymond de Clauzel, de Fraissinet-de-Lozère, lègue six gros, en 1464, au curé, et Isabelle, femme de Pierre Bragose, de Vébron, en 1473, cinq sous au prieur (3E.2038/23v°, 2044/37v°).

    202 Le 20 juin 1431, Jehan Torres, de Badaroux, demande à être inhumé dans le cimetière des frères mineurs de Mende, et adresse un legs au curé de Badaroux, dont il demeure le paroissien, "pour tous ses droits qu’il pourrait demander en ses biens, pour sa sépulture et sa neuvaine" (3E.2275/118).

    203 Mais Vital Angelard ne mentionne pas l’official en 1429 (3E. 1711/50v°), alors que Guillaume Vital précise, en 1427, que le legs à l’official inclut les frais de publication de son testament (3E.2275/62).

    204 Vidimus dressé au XVe siècle, par dom Raymond Bonot, docteur en décret, official de Mende, d’un acte du 7 juillet 1368, portant statut sur le prix de la cape processionnelle des chanoines (G. 1389/3).

    205 Comme Bertrand d’Orbessano et Guillaume du Tournel (G.1374/2v°, 1377/76v°).

    206 G. 1396/22.

    207 Comme Guillaume Valdin et Etienne Boyer (3E. 1709/29, 1711/123, 2893/81)

    208 3E.2892/134.

    209 3E. 1711/92. Cette pratique est souvent révélée par les testaments.

    210 3E. 1711/87.

    211 Comme Pierre Grumel, Gérald Géraldon et Etienne Bonhomme (3E. 1711/10, 11v°, 23v° 44)

    212 Hugonet (G. 1370/24), Valdin (G. 1939).

    213 Batailhe est le patronyme de son mari. Consulter l'annexe sur les "Fondations de chapelles".

    214 Géraldon (3E.171 l/23v°), chapelle des Richard (3E.2273/88).

    215 Pour les références et détails concernant ces chapelles et chapellenies, voir l'annexe.

    216 3E.2665/192v°, 197.

    217 En donnant ces chiffres nous ne cherchons pas à raisonner dans l'absolu, mais seulement à imaginer comment pouvait s'ébaucher le projet de fonder une chapelle ou une chapellenie, et surtout comment en garantir sa viabilité perpétuelle. L'homme du XVe siècle devait commencer à évaluer, à l'avance, de quelle mise de fonds il devait disposer pour accomplir son oeuvre, avec une dépense idéale, et d'autres limites se situant en deçà ou au-delà.

    218 Cette chapelle est souvent citée dans le minutier mendois ; vouée aux saints Jehan-Baptiste et Nicolas, et à sainte Elisabeth (3E.2893/171v°), elle fut fondée par Raymond, le 8 septembre 1454 (H.215).

    219 Gazzaniga (J.L.), L'Eglise du Midi à la fin du règne de Charles VII (1444-1461), d'après la jurisprudence du Parlement de Toulouse, Paris, 1976, p. 78.

    220 L'Eglise du Midi..., p. 143-144.

    221 Et, par conséquent, peut-être inexistant. Le choix ainsi fait résulterait de l'absence de prêtre dans la parentèle du fondateur au moment crucial (Voir Pons Valdin et Anthoine Cobe).

    222 En outre, les principes ecclésiastiques commandaient un délai minimum afin d'assurer le remplacement des bénéficiers décédés (L'Eglise du Midi..., p. 116). Isabelle Ferrier exige la collation dans les huit jours, Jehan Brunei dans les vingt jours, et Jehan de Corsac dans le mois.

    223 3E.2901/160v°, 165v°.

    224 Cavalier (3E.2273/76v°), Robin (G. 1409/13v°).

    225 3E. 1586/12, 13, 18, 19, 23v°, 40, 2885/255v°, G.1388/81v°, 106.

    226 "Mentalité Gévaudanaise …", p. 464.

    227 Voir, par exemple, le testament de Delphine, veuve de Vital Chastel, forgeron de Mende, qui exequtores (sic) vero suos [...] gadiatores et fidecommissarios fecit et ordinauit (G. 1428/27v°).

    228 3E.2273/65.

    229 G. 1378/29.

    230 3E.1711/81v°, G. 1384/68.

    231 Déodat Hugonet propose quinze francs en 1383 (G. 1370/24).

    232 G. 1373/42, 3E. 1087/238, G. 1376/1.

    233 En 1472, le tisserand Jacques Atrasic désigne le grand-oncle et le père de son épouse, ainsi que le notaire Guillaume Clapier (G. 1427/123v°). La même année, le tailleur Anthoine Bessa fait appel à son beau-frère et à son gendre (3E.2897/201 v°).

    234 Testament du 5 août 1419 (G. 1372/88).

    235 Testament, du 22 février 1472, de Pierre Basalgette (G. 1427/117).

    236 Voir femmes Fabri (3E.2274/24v°) et Fournier (3E. 1709/8v°).

    237 Montanhier (3E.2273/65, 101, 2274/5, 24v°, 28, 36, 50v°, 2276/15v°), Boyer (G.1402/7v°, 3E.2886/48, 2887/24v°, G.1396/11, 44, 1398/151, 1416/140, 3E.2892/134, 2884/258v°, 2896/197v°), les théologiens (3E. 1711/111, 2667/121, G.1394/90v°, 1403/69, 70v°, 72).

    238 G 1384/21, 1377/32,, 3E.1709/8v°, G.1388/1, 3E.1711/110, 3E.2275/81v°, 1711/1, 101v°, 3E.1709/8v°, 1711/56, 101v°, G.1388/1, 3E.1709/8v°, G.1406/171v°.

    239 G. 1387/88v°, 1396/171v°, 3E.2887/107v°, 3E.2893/226, 2894/12v°, 2896/210v°, 3E.2890/84, 87 3E.2896/58, 69v°.

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    1 Julien (G. 1378/22), Sanho (3E. 1954/27v°), Denis (3E.2274/93v°), Apcher (E.276).

    2 3E.2027/112. Pourtant Benoît de La Mare, bailli de Barre, fut un personnage jouissant d'une certaine aisance, dont les descendants devinrent nobles (Voir son tableau généalogique en annexe)

    3 Daude (3E.2886/27v°), Pareur(G.1401/153v°).

    4 Saint-Romain (3E. 1557/116, 625/114v°), Saint-Jehan-Baptiste (3E. 1559/135, 1574/118).

    5 Ces trois églises sont citées par Jehan Regordel, le 30 mars 1449 (3E. 1565/4v°).

    6 1381-1428 (G.1369/17v°, 3E.1711/60), 1391-1483 (3E.1954/51v°, 2925/115).

    7 1385-1433 (3E.1954/30, G.1388/5v°), 1407-1474 (3E.2274/36, 2898/74).

    8 Contrairement à ce qu'affirma Léon Costecalde, les testaments prouvent que les cimetières Saint-Privat et Saint-Pierre coexistèrent dès la fin du XIVe siècle, et que le premier ne cessa d’être nommé vers 1428.

    9 3E. 1708/77v°.

    10 En 1469, collation de la chapelle Sainte-Anne fondée dans la chapelle Saint-Pierre (3E.1086/5v°).

    11 Cimetière Saint-Michel (G. 1420/180v°), chapelle Saint-Michel (3E.1711/55, 2900/83).

    12 Sirvens (G.1384/36), Pelet (3E. 1954/14), Géraldon (3E.171 l/34v°).

    13 Il y a toutefois une différence entre prêtres et laïcs, puisque 15,10 % des premiers n'ont pas d'exigences spécifiques, alors que c'est le cas de 17,25 % des femmes et de 22,65 % des hommes.

    14 Enjalvin (G.1396/134v°, 157), Chalvet (3E. 1711/61).

    15 Testament de Jehan Tinherie, bénéficier de Mende, le 21 novembre 1444 (G. 1401/116).

    16 Rocherousse (G.1418/292), Taurand (3E.1087/261v°), Malassanha (3E.2884/200).

    17 Abolenc (3E.2895/88), Roch (3E. 1087/35v°).

    18 Roch (3E.2890/16), Abolenc (3E.2891/119), Durand (3E. 1086/137).

    19 3E.2277/46, 48.

    20 Redon (G.1382/26v°), Cayrel (3E.1708/59V°), Bodet (3E. 1087/250), Catrebars (id/253).

    21 Bonhomme (3E.1711/1 1v°), Dumas (3E. 171 l/35v°), Redon (3E. 1708/66), Bernard (G. 1401/63).

    22 Constans (G.1418/161v°), Sarrasin (3E.2898/154), Laondès (3E.2275/76).

    23 Angelard (3E.171 l/50v°), Amelhac (3E.171 l/38v°).

    24 Salamone (G.1403/10v°), Atger (G. 1398/51), Boyer (3E.2893/81).

    25 Jaffred (3E.2884/258v°), Simon (G.1428/24v°, 1430/20v°).

    26 Monbel (3E. 1087/238), Denise (3E. 1089/8), Mirmont (G. 1373/42).

    27 Jourdan (3E.1089/44v°), Sirvens (3E.2275/100v°), Dolsan (3E.2887/129).

    28 Tamescha (3E.171 l/102v°), Régis (3E. 1557/27), Ayres (3E.2274/5).

    29 Thome (3E.5045/45), Fournier (3E. 1709/8v°).

    30 Recoules (G. 1423/30), les pèlerins (3E.2275/103v°, 104, 105), Malel (G. 1426/161 v°).

    31 Rovière (3E.1711/30), Marron (3E.1711/90), Traversier (3E.1089/12).

    32 Michel (G.1405/150), Cordesses (3E.625/114v°).

    33 Chaldoreilhe (G. 1397/114v°), Sachon (G. 1399/136v°), Bertrand (G.1403/127v°),

    34 Scot (3E.2888/92v°), Pascal (3E.718/256v°), Peytavin (3E.2884/267v°).

    35 Boyer (3E.2893/81), Redon (3E. 1708/66).

    36 G. 1384/21. Nous n'avons jamais rencontré la moindre mention d'un cercueil, ce qui semble indiquer que les défunts étaient ensevelis sans autre protection que leurs vêtements.

    37 Lafont (G. 1372/46), Chambarut (3E.2275/79v°), Pascal (3E.718/256v°).

    38 Simon (G.1430/20v°), Coderc (3E.1711/66, 93, 125).

    39 Pour le Lyonnais, Marie-Thérèse Lorcin a également constaté une grande différence entre la ville de Lyon et la campagne (Vivre et mourir en Lyonnais, p. 144).

    40 Clapier (3E.2894/197). Ces "prêtres extérieurs" sont ceux qui n'appartiennent pas au clergé cathédral mais sont résidents ou natifs de Mende. Ils sont très souvent surnommés los rotiers (3E. 1586/48).

    41 Guillaume (G.1376/7v°), Sirvens (3E.2273/101), Royda (G. 1374/13v°), Cordolh (3E.2883/23).

    42 Sept prêtres à Laval (3E.2274/86), vingt-cinq à Barjac (3E.2274/95v°, 97).

    43 En 1473, Jehan Rocherousse, laboureur de Chanac, convie tous les prêtres et curés de Chanac, Cultures, Esclanadès, Salelles et Villard (G. 1418/292).

    44 3E.2274/5. La convocation d’un clergé nombreux est également observée en Lyonnais (Vivre et mourir, p. 144-145) et en Rouergue (Landes-Mallet, A.M., La famille en Rouergue au Moyen Age. Etude de la pratique notariale, Rouen, 1985, p. 187).

    45 Marguerite, femme de Garin Viro, alias Alumbarda, accorde deux deniers en 1405 (3E.2274/16), Pierre Brunei, deux gros (G.1389/105v°).

    46 Valdin (3E. 1709/29), Géraldon (3E.171l/23v°).

    47 Raymond (3E.2275/138), Enjalvin (G. 1396/134v°, 157), Peyre (G. 1376/1).

    48 G. 1377/32. Costecalde (L.), "Mentalité gévaudanaise au Moyen Age...", p. 316.

    49 Devant autel Sainte-Croix (3E.171 l/121v°), Melhac (G. 1395/49).

    50 Clapier (3E. 1586/48) Robin (G. 1388/53). La torche, ou cierge, est désignée par deux termes différents réunis dans le testament de Guillaume Lebraton (intorticia grosso cere appellata farassas, 3E. 5045/66).

    51 Exequias (sic) cum officio mortuorum, ac missam ante altaris Sancte-Crucis, prout est morts, cum exaudis (3E.2276/4v°).

    52 Office mortuaire nommé agenda (3E.171 l/23v°), Orationes los exaudis nuncupates (3E. 1711/19).

    53 Chalmont (3E.2893/45v°), Alègre (G. 1403/61), Géraldon (3E. 171 l/23v°).

    54 Lebraton (G. 1395/49), Alari (G. 1378/21 v°), Atrasic (3E. 1586/4).

    55 Géraldon (G. 1430/20v°), Sarrasin (3E.2898/154).

    56 Dumas (3E. 1711/3v°), Palom (G. 1397/50v°), de Las Charrals (3E.2275/74v°) Atger (3E. 1086/147v°).

    57 Testament du 22 février 1472 (G. 1427/117). Balsièges est distant de Mende d'environ sept kilomètres.

    58 Julien (3E.2273/141), Garnier (3E. 1563/162), Régis (3E.1557/27).

    59 Adatgier (3E.2781/99), Codonh (3E.2892/140).

    60 Voir par exemple le testament de Bernard Ambert, daté du 19 août 1440 (3E.2781/8).

    61 Cécile, veuve de Jehan Boysson, convoque neuf prêtres, ses amis, et tous ses voisins du manse de Crozat, ainsi que ceux qui veilleront son corps, en 1447 (3E.2779/9v°).

    62 Martin en 1444 (3E.2781/26) et Chapsier en 1451 (3E.3137/73v°).

    63 Piza en 1436 (3E.2014/76), Chambon en 1437 (3E.2011/15), Bastide en 1467 (3E.2038/85v°).

    64 Fagie en 1469 (3E.2041/2), Pelhicier en 1474 (3E.2044/47v°).

    65 3E.1711/31.

    66 Comme Guillauma, femme Brun, native d'Anterrieux en Auvergne, en 1427 (3E.2275/50v°), et Jacques Julien, curé de Saint-Gervais, originaire de la Fage-Saint-Julien, en 1483 (3E. 1089/2v°).

    67 G. 1388/53.

    68 Bertrand (G.1403/127v°), Redon (3E 1708/66)

    69 Déodat Hugonet en 1383 (G. 1370/24), Pierre Marco en 1427 (3E.2275/65v), Amoros (3E.2667/108v°).

    70 Redon (3E. 1708/66), Amelhac (3E.1711/38v°), Boyer (G.1402/7v°).

    71 Lorcin (M.T.), "Le temps chez les humbles : passé, présent et futur dans les testaments foréziens (1300-1450)", Revue Historique, n° 566, avril-juin 1988, p 331.

    72 1,50 % (3E.2274/97), Sirvens (3E.2274/33v°), 2,30 % (3E.2274/41).

    73 Colomb (3E.2665/137), Avinhon (G. 1389/36), Sirvens (3E.2275/100v°).

    74 Afin de comparer avec les dépenses des funérailles, nous signalons que l'intéressé avait convoqué tous les membres du clergé de la cathédrale pour son enterrement, en leur remettant un gros chacun. Or, le sous long, dont le denier long est la douzième partie, vaut un demi-gros (3E. 1954/62).

    75 Sept prêtres (3E.5045/11), trois prêtres (G. 1378/38). Velayt (3E. 1954/40v°), Devèze (3E. 1954/26).

    76 Farsat en 1427 (3E.171 1/5v°, Pontier (3E.2273/142v°), Gisquet en 1408 (3E.2274/48).

    77 Dumond (3E. 1574/169), Bernard (3E.1574/197v°).

    78 "Le temps chez les humbles...", p. 331.

    79 L'expression liber machaberorum apparaît, en 1478, lors de la concession d'un obit à l'exécuteur testamentaire de Jehan Marron, conseiller du roi au parlement de Toulouse et chanoine de Mende (G. 1431/109).

    80 Un en 1398 (G. 1384/77), deux en 1393 (3E.1954/60v°), Hugonet (G. 1370/24).

    81 Mostuéjols (G. 1373/49, 50v°). Ce type d'obits est généralement créé par des bourgeois, des ecclésiastiques et des nobles, en raison du coût relativement élevé, mais il n’a rien d'exceptionnel.

    82 Guillaume Bedos (G.1387/12v°), Pierre Bongiralt, alias Crobet (G.1384/10v°).

    83 Chabot (G. 1377/32), Marquez (3E.2274/28).

    84 Trinité (3E.2275/83v°), Saint-Michel (3E. 1708/56), Saint-Simon et Saint-Juda (3E. 1708/54v°),

    85 1430 (3E.2275/105), 1436 (3E. 1711/110).

    86 Testament du 27 avril 1457 (3E.2889/192v°).

    87 Ce tant rude Gévaudan, p. 902.

    88 Testament du 13 octobre 1471 (G.1427/51v°).

    89 Tuffier en 1475 (3E.2898/166v°), Germain en 1433 (3E.171 l/83v°).

    90 Boda en 1421 (3E.1708/53), Batailhe en 1457 (G.1405/44), Ferrier 3E.2665/192.

    91 Martin (3E.1711/87), Codonh (3E.2779/24v°, 2782/40, 2892/140).

    92 Le chorier de la cathédrale Etienne Bonhomme l'exprime en testant en 1426 (3E. 1711/44).

    93 3E.1571/3, 4, 77v°, 3E.1573/3v°, 81v°, 3E. 1575/Feuillet en annexe, 3E.1576/187.

    94 Martin en 1433 (3E. 1711/87), Nazond en 1421 (G. 1372/98), Sirvens (G. 1384/36).

    95 Voir les testaments de Pierre Aldegier en 1396 (G. 1384/82v°), Jehan Albi en 1428 (3E.171 l/33v°).

    96 G. 1377/32, 3E.2274/50v°.

    97 Le 11 décembre 1420, testament de Durand Cayrel, prêtre bénéficier de Mende (3E. 1708/59v°).

    98 3E.1711/64.

    99 Raymond Engles en 1395 (3E. 1954/9v°), Jehan Raymond en 1424 (3E.2275/5v°).

    100 Cinq sous (3E.2275/76), soixante sous 3E.2896/201 v°.

    101 Chambon et Mercoire (3E. 1711/120, 2892/134), Saint-Chély-d'Apcher (G. 1387/68), Marvejols (G. 1384/36), Monastier (G. 1382/26v°).

    102 Testaments de Pierre Ebrard en 1411 (2274/91), Jehan Julien en 1407 (id/32), Marguerite, veuve de Privat Martin, en 1410 (3E.2774/74v°), dom Jehan Marquez et Guillaume Passabost, en 1427 (3E.2274/27v°, 28), Marguerite, épouse Raymond en 1427 (3E.2275/32).

    103 Mercier (3E.1711/13v°), Valdin (3E. 1709/29), Arzalier (3E.2925/84v°).

    104 Ebrard (3E.2274/91), Anthoine (G. 1419/83v°), Raymond (3E.2275/55).

    105 Garin (3E.2275/154), Monbel (3E. 1087/238), Malassanha (3E.611/109).

    106 3E. 1708/79.

    107 En effet, en 1437, le mendois Jehan Gal prescrit deux obits et deux absolutions chez les frères mineurs pour dix moutons or, et un de chaque chez les carmes, pour cinq moutons or (3E.171 l/123v°).

    108 Amelhac (3E. 1711/38v°), Grumel (3E. 1711/10), Géraldon (3E. 171 1/23v°).

    109 Boayro (G. 1401/79), Simon en 1475 (G.1428/24v°).

    110 Paysans (3E.2274/91,2275/138), veuve Galtier (3E.5045/43).

    111 Delmas (3E.1708/68v°), Brolhet 1482 (3E.1087/212), Chastel (G.1428/27v°).

    112 Pessada (3E.2274/95v°), Sirvens (G. 1384/36), Bernard (G.1396/25v°).

    113 Testament de dom Pierre Albaret, prêtre du Malzieu, le 2 octobre 1466 (3E.2894/40).

    114 Vanel (3E. 171 l/88v°), Simon (3E.2897/64), Bernard (G.1396/25v°).

    115 Hugonet (G. 1370/24), Amat (3E.1708/77v°), Bedos (G.1387/12v°), Mirmont (3E.2274/50v°).

    116 Arzalier (3E.2275/86v).

    117 Il lègue un cartal de froment, quantité qui semble le plus souvent attribuée (G. 1402/7v°).

    118 G.1396/25v°.

    119 Anniversarium sive noal (G.1378/29), noal sive chantar (G. 1372/88), unam refectionem sive mangar (G.1372/98), anniversarium sive mangar (3E.1711/40v°), canlaria seu novalia (G. 1402/78v°), cantare anniversarium sive noval (G.1405/169), novale seu prandum (G. 1398/100), chantare sive prandum in quo chantare etprando (3E.2665/79), noalhas (3E.718/53v°).

    120 G. 1373/42, 1376/5.

    121 En 1445, le forgeron mendois Bartholomé Pagès en veut trente, pendant trente aimées consécutives, un an chez les frères mineurs de Mende, un an chez les carmes (G. 1409/139v°).

    122 Robin (G. 1388/53), Cobe (3E. 1711/105v°).

    123 En outre, elle prévoit un repas dans chaque couvent de Marvejols, pour vingt sous chacun, en présence de ses amis et des chapelains de Saint-Sauveur-de-Peyre (Testament du 27 avril 1405 ; 3E.2274/5).

    124 Raymond (3E.2275/55), Ebrard (3E.2665/248), Chalvet (3E.1711/61), Ramadier (3E.2667/59), Ebrard (3E. 1089/98v°), Tuffier (3E.2898/166v°).

    125 Gisquet (G. 1405/172v°), Denis (3E.718/180). En 1404 (3E.2274/2), en 1408 (3E.2274/50v°).

    126 Testament du 31 mai 1421 (G. 1387/68).

    127 Moeurs et coutumes des mélanésiens. Trois essais sur la vie sociale des indigènes Trobriandais, Paris, 1933, p. 82.

    128 Le respect de l'intimité de l'oustau a été mis à jour par Elisabeth Claverie (L'impossible mariage-Violence et parenté en Gévaudan, du XVIIe au XVIIIe siècle, Paris 1982).

    129 ''Capoulié'', synonyme de "meinadié'', désigne le chef de la maison en occitan.

    130 Des charités bien ordonnées. Les confréries normandes de la fin du XIIIe siècle au début du XVIe siècle, Paris, 1988.

    131 Ce tant rude Gévaudan, tome I, p. 911.

    132 Confratria (Crozas : 3E. 1711/31), caritas (Companch : 3E.2274/97v°).

    133 G. 1388/5v°, G. 1394/9.

    134 "Aumône" (3E.1708/68v°), "quête" (G.1396/134v°, 157), "pauvres du Christ" (3E.2274/33).

    135 "La spiritualité des laïcs : les confréries en Touraine à la fin du Moyen Age", Histoire religieuse de la Touraine, CLD, 1975, p. 126-127.

    136 Des charités bien ordonnées.... p. 60-61. Voir en annexe "Les confréries de Mende".

    137 Boyer (3E. 2893/81), Salesse (3E. 1711/14), Martin (G. 1388/66).

    138 3E.2274/97v°, 2275/61, G. 1376/12.

    139 La conversion en mesure mendoise correspond à mille quatre cent trente-cinq litres

    140 Soit une distribution journalière de vingt litres de céréales. G.1376/1, 5.

    141 Hugonet (G. 1370/24), Cordolh (3E.1711/86). Colin (G. 1417/130), Corsac (3E.2891/170).

    142 Voir Saure, femme de Jehan Arlier, en 1390, et Pierre Amat (G.1384/82, 3E.171 l/45v°).

    143 Esperta, femme de Jehan Charrier, de Chirac, en 1394 (3E. 1557/121 v°).

    144 Testament du chanoine François Bompar en 1436 (3E.1711/113v°).

    145 Archives départementales de l'Aveyron, H. 433, 434, 435.

    146 G.1399/27v°.

    147 G. 1373/42.

    148 Un tisserand (G.1416/127v°), un chanoine (3E.2893/81), un prêtre (3E.1087/346v°).

    149 Consulter l'annexe sur "les confréries de Mende".

    150 Robin (G. 1413/76v°), confrérie des bouchers (G. 1384/4v°).

    151 3E.2667/108v°, 2665/183.

    152 3E. 1711/62v°.

    153 G. 1401/18v°

    154 Martin (3E.2892/160v°), Amat (3E. 1708/77v°).

    155 3E.171 l/45v°.

    156 G. 1413/84 v°, 126.

    157 Olivier (G.1403/67v°), Salvanh (3E.2883/108).

    158 Nous n'avons pas identifié cet hôpital, apparemment important, sis à l'extérieur du Gévaudan.

    159 L'hôpital de Chanac reçut un legs d'Anthoine Rocherousse en 1472 (G. 1418/147), celui de Barre, des Delcros en 1444 (3E.2017/118v°), et celui du Malzieu de Bernard Atrasic, en 1450 (3E.3137/98).

    160 3E.2892/134, G.1370/24, 3E.1711/30.

    161 Nous n'avons pas pu identifier ce lieu cité par le chanoine Guillaume Valdin (3E. 1709/29).

    162 G. 1418/86.

    163 3E.2781/76.

    164 3E.2782/79, 3137/68v°.

    165 1427 (3E.1711/28v°), 1436 (G.1388/47v°), 1482 (3E.1087/226v°, 238), 1433 (3E.2275/156v°), 1432 (3E. 1711/64).

    166 G.1378/21v°.

    167 Hugonet (G. 1370/24) Salvanhac (G. 1384/21).

    168 G. 1403/61.

    169 G. 1397/114v°. Cela correspond à toutes les églises sises sur les rives du Lot sur une distance d'un peu moins de cinquante kilomètres.

    170 G. 1403/67v°. Ces testaments présentent l'intérêt archéologique de décrire l'éclairage des églises.

    171 Cobe (3E. 171 l/105v°), Robin (G. 1388/53), Boda (G. 1402/16), Simon (G.1428/24v°).

    172 D'ailleurs, dans son testament du 18 décembre 1423, Astruge, femme Garandel, utilise cette synonymie lors de son legs de sept mitadencs de seigle aux operibus rive questis (sic) de Gabrias (3E. 1708/67v°).

    173 Le terme "ouvrier" ("operarius") ne reçoit pas l'acception actuelle ; il désigne alors celui qui, dans une paroisse, ou toute autre collectivité, est chargé de veiller à l'exécution des oeuvres communautaires.

    174 1465 (3E.2893/105v°), 1482 (3E.2925/84v°), 1483 (3E.1089/8), 1481 (3E.611/147), 1476 (3E. 718/224), 1440 (3E.1563/69v°), 1459 (G. 1405/169), 1421 (3E.1708/54v°).

    175 Las Charrals (3E.2275/74v°), Hugonet (3E.2275/36), Martin (3E.1711/117v°).

    176 3E.2274/69.

    177 3E. 1087/32, 1954/62, 2883/114v°, G.1396/59, 1401/72, 1418/156.

    178 G.1403/67v°.

    179 Laval (3E.2274/82) Saint-Gervais (3E. 1087/275, 276v°).

    180 1438 (3E. 1711/126), 1452 (Ce tant rude Gévaudan, p.918), 1452 (G. 1396/34v°).

    181 Galieyras (G. 1407/33), Julien (G. 1396/59), Fenils (G. 1396/11).

    182 Par codicille du 25 avril 1460, Delphine réduisait cette somme à deux moutons or (3E.2891/11).

    183 "Mentalité gévaudanaise …", p. 437.

    184 G. 1387/39.

    185 3E.1708/68v°, G. 1387/88, 91, 1388/1.

    186 Ce tant rude Gévaudan, p. 1462.

    187 Salvanhac (0.1384/21), Gasc (G.1384/68).

    188 3E. 1711/125, G.1401/99, 116, 127v°, 1402/16.

    189 Dans le chapitre V, nous avions constaté que l'Eglise était choisie par 25 % des prêtres, 2,65 % des femmes et 2,15 % des hommes qui n'appelaient qu'un héritier universel par voie de testament. La différence avec les chiffres que nous venons de livrer résulte de la prise en compte de l'ensemble des testaments et codicilles instituant un ou plusieurs hoirs. En outre, ces calculs excluent les prêtres institués héritiers universels lorsqu'ils font partie de la famille ou des familiers du testateur.

    190 3E.2274/97.

    191 3E. 1711/86, 93, 2892/148v°.

    192 Aucun prêtre ne lègue l'universalité de ses biens à un couvent.

    193 3E.1089/44v°.

    194 Doms Durand Cayrel, en 1420 (3E.1708/59v°), Jehan Marquez, en 1427 (3E.2275/36v°), Jehan Sirvens, en 1426 (3E.2275/23), Catherine, femme Robin, en 1422 (3E.1708/57v°).

    195 Prêtres de Marvejols (3E.1708/54v°), hebdomadiers (3E.2897/64).

    196 Rampolh (3E.2887/42), Coralh (3E. 1954/57v°).

    197 Massadaur (3E.1089/74v°, 1087/275), Basalgette (3E.1089/75v°), Julien (G.1406/171v°).

    198 Devèze (3E. 1954/26), Colin (G. 1417/130). Inventaire pour Grumel (G. 1397/114v°, 117).

    199 Dumas (3E. 1711/35v°, 38), Mirmont (G. 1373/42).

    200 Fondation (G.1390/26). Cité comme tisserand en 1432 (3E. 1477/2/1), syndic le 20 décembre 1436 (G. 1388/55), il rédigea un codicille à son testament le 21 août 1447 (G. 1403/24).

    201 Raymond de Clauzel, de Fraissinet-de-Lozère, lègue six gros, en 1464, au curé, et Isabelle, femme de Pierre Bragose, de Vébron, en 1473, cinq sous au prieur (3E.2038/23v°, 2044/37v°).

    202 Le 20 juin 1431, Jehan Torres, de Badaroux, demande à être inhumé dans le cimetière des frères mineurs de Mende, et adresse un legs au curé de Badaroux, dont il demeure le paroissien, "pour tous ses droits qu’il pourrait demander en ses biens, pour sa sépulture et sa neuvaine" (3E.2275/118).

    203 Mais Vital Angelard ne mentionne pas l’official en 1429 (3E. 1711/50v°), alors que Guillaume Vital précise, en 1427, que le legs à l’official inclut les frais de publication de son testament (3E.2275/62).

    204 Vidimus dressé au XVe siècle, par dom Raymond Bonot, docteur en décret, official de Mende, d’un acte du 7 juillet 1368, portant statut sur le prix de la cape processionnelle des chanoines (G. 1389/3).

    205 Comme Bertrand d’Orbessano et Guillaume du Tournel (G.1374/2v°, 1377/76v°).

    206 G. 1396/22.

    207 Comme Guillaume Valdin et Etienne Boyer (3E. 1709/29, 1711/123, 2893/81)

    208 3E.2892/134.

    209 3E. 1711/92. Cette pratique est souvent révélée par les testaments.

    210 3E. 1711/87.

    211 Comme Pierre Grumel, Gérald Géraldon et Etienne Bonhomme (3E. 1711/10, 11v°, 23v° 44)

    212 Hugonet (G. 1370/24), Valdin (G. 1939).

    213 Batailhe est le patronyme de son mari. Consulter l'annexe sur les "Fondations de chapelles".

    214 Géraldon (3E.171 l/23v°), chapelle des Richard (3E.2273/88).

    215 Pour les références et détails concernant ces chapelles et chapellenies, voir l'annexe.

    216 3E.2665/192v°, 197.

    217 En donnant ces chiffres nous ne cherchons pas à raisonner dans l'absolu, mais seulement à imaginer comment pouvait s'ébaucher le projet de fonder une chapelle ou une chapellenie, et surtout comment en garantir sa viabilité perpétuelle. L'homme du XVe siècle devait commencer à évaluer, à l'avance, de quelle mise de fonds il devait disposer pour accomplir son oeuvre, avec une dépense idéale, et d'autres limites se situant en deçà ou au-delà.

    218 Cette chapelle est souvent citée dans le minutier mendois ; vouée aux saints Jehan-Baptiste et Nicolas, et à sainte Elisabeth (3E.2893/171v°), elle fut fondée par Raymond, le 8 septembre 1454 (H.215).

    219 Gazzaniga (J.L.), L'Eglise du Midi à la fin du règne de Charles VII (1444-1461), d'après la jurisprudence du Parlement de Toulouse, Paris, 1976, p. 78.

    220 L'Eglise du Midi..., p. 143-144.

    221 Et, par conséquent, peut-être inexistant. Le choix ainsi fait résulterait de l'absence de prêtre dans la parentèle du fondateur au moment crucial (Voir Pons Valdin et Anthoine Cobe).

    222 En outre, les principes ecclésiastiques commandaient un délai minimum afin d'assurer le remplacement des bénéficiers décédés (L'Eglise du Midi..., p. 116). Isabelle Ferrier exige la collation dans les huit jours, Jehan Brunei dans les vingt jours, et Jehan de Corsac dans le mois.

    223 3E.2901/160v°, 165v°.

    224 Cavalier (3E.2273/76v°), Robin (G. 1409/13v°).

    225 3E. 1586/12, 13, 18, 19, 23v°, 40, 2885/255v°, G.1388/81v°, 106.

    226 "Mentalité Gévaudanaise …", p. 464.

    227 Voir, par exemple, le testament de Delphine, veuve de Vital Chastel, forgeron de Mende, qui exequtores (sic) vero suos [...] gadiatores et fidecommissarios fecit et ordinauit (G. 1428/27v°).

    228 3E.2273/65.

    229 G. 1378/29.

    230 3E.1711/81v°, G. 1384/68.

    231 Déodat Hugonet propose quinze francs en 1383 (G. 1370/24).

    232 G. 1373/42, 3E. 1087/238, G. 1376/1.

    233 En 1472, le tisserand Jacques Atrasic désigne le grand-oncle et le père de son épouse, ainsi que le notaire Guillaume Clapier (G. 1427/123v°). La même année, le tailleur Anthoine Bessa fait appel à son beau-frère et à son gendre (3E.2897/201 v°).

    234 Testament du 5 août 1419 (G. 1372/88).

    235 Testament, du 22 février 1472, de Pierre Basalgette (G. 1427/117).

    236 Voir femmes Fabri (3E.2274/24v°) et Fournier (3E. 1709/8v°).

    237 Montanhier (3E.2273/65, 101, 2274/5, 24v°, 28, 36, 50v°, 2276/15v°), Boyer (G.1402/7v°, 3E.2886/48, 2887/24v°, G.1396/11, 44, 1398/151, 1416/140, 3E.2892/134, 2884/258v°, 2896/197v°), les théologiens (3E. 1711/111, 2667/121, G.1394/90v°, 1403/69, 70v°, 72).

    238 G 1384/21, 1377/32,, 3E.1709/8v°, G.1388/1, 3E.1711/110, 3E.2275/81v°, 1711/1, 101v°, 3E.1709/8v°, 1711/56, 101v°, G.1388/1, 3E.1709/8v°, G.1406/171v°.

    239 G. 1387/88v°, 1396/171v°, 3E.2887/107v°, 3E.2893/226, 2894/12v°, 2896/210v°, 3E.2890/84, 87 3E.2896/58, 69v°.

    La famille en Gévaudan au XVe siècle (1380-1483)

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    Maurice, Philippe. « Chapitre - Χ - La sociabilité ». In La famille en Gévaudan au XVe siècle (1380-1483). Paris: Éditions de la Sorbonne, 1998. doi:10.4000/books.psorbonne.23019.
    Maurice, Philippe. « Chapitre - Χ - La sociabilité ». La famille en Gévaudan au XVe siècle (1380-1483), Éditions de la Sorbonne, 1998, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.23019.

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    Maurice, Philippe. La famille en Gévaudan au XVe siècle (1380-1483). Éditions de la Sorbonne, 1998, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.22935.
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