La famille et la société
p. 259
Texte intégral
1La dernière étape de notre recherche nous mène à replacer l'individu dans son environnement social et à ne plus considérer la famille comme un groupe fermé sur lui-même et autonome mais comme une cellule se positionnant et évoluant en fonction du corps social. Le premier problème posé est anthroponymique : quel système d'identification est utilisé par les Gabalitains du XV°siècle et comment est-il agencé ? Nous essaierons également de voir en quoi les signes de reconnaissance relèvent alors d'une pure routine sociale s'exprimant par une transmission classique des noms, ou d’une politique lignagère spécifique.
2Les hommes s'insèrent dans un vaste ensemble de sociabilité organisée exprimée tout au long de la vie mais renforcée au moment de la mort, à l'occasion de la rédaction des testaments. Ces actes mettent en évidence les oeuvres caritatives pures, qu'il s'agisse des confréries et des charités d'entraide, des hôpitaux fondés dans sept localités d'au-deçà et d'au-delà du pays, des cérémonies religieuses, de l'institution de parentés fictives ou de l'entretien de chapelles particulières perpétrant le souvenir des fondateurs tout en assurant la notabilité de leurs descendants. Le contexte dans lequel s'opèrent la préparation aux études, la formation professionnelle et le choix des métiers ne reste pas sans nous amener à poser à nouveau la question de la tradition, tout comme la volonté d'épouser la carrière ecclésiastique. Derrière tous ces problèmes se profile une interrogation : la fin du Moyen Age est-elle révélatrice d'un repli des Gabalitains ou favorise-t-elle leur esprit d'innovation ? Nous avons vu que les mouvements migratoires en provenance des autres diocèses de France, ou dans leur direction, étaient courants, et nous avons observé l'existence de tendances hypogamiques et hypergamiques. Tout cela ne serait-il pas la preuve d'une rupture avec des moeurs respectueuses de la tradition et cette dernière fut-elle remise en question ou non ? L'exercice du pouvoir, ou plutôt des pouvoirs, la nécessité pour une société ébranlée par un siècle de guerre et par les mutations économiques sont susceptibles d'avoir attribué un rôle particulier à la famille en développant l'impact des clientèles et des groupes de pression à l'intérieur desquels l'individu est puissant si son groupe d'influence parvient à être suffisamment notable pour lui assurer une part des bénéfices.
3En fait, nous nous demandons si l'institution familiale était prête à supporter le choc de la modernité des moeurs de la fin du Moyen Age résultant des nombreuses transformations qui accompagnèrent la fin de la guerre et de la politique de Louis XI et comment elle se présenta pour affronter l'aube du XVI°siècle.
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