Famille et démographie

1Comme nous l'avons précédemment expliqué, nos sources ne se prêtent pas vraiment à une étude démographique. Dans notre propos nous avions surtout évoqué leur forme, mais leur nature présente, elle aussi, un handicap puisqu'elles ne sauraient, en matière de naissance, de mariage et de décès, remplacer les registres paroissiaux utilisés par les historiens du XVIIe et du XVIIIe siècles qui peuvent déjà se plaindre de ne disposer que de registres de baptêmes, de mariages et d'inhumations ! Elles sont toutefois parmi les plus efficaces que le Moyen Age ait conservées puisque les contrats de mariage sont généralement suivis d'une cérémonie de mariage. Mais les testaments n'impliquent pas forcément que le testateur soit mort ; de plus ces documents ne nous renseignent pas sur le nombre d'enfants nés d'un couple. En conséquence, nous devons raisonner en n'oubliant jamais que nous manipulons des contrats de mariage et des testaments, non des actes de naissance, de mariage et de décès. Heureusement, d'autres actes contenus dans les registres de notaires pourront toujours nous être utiles.

2Si une étude démographique s'avère difficile, elle n'en est pas moins indispensable. En effet, la situation démographique générale d'une région expliquera les flux migratoires ; la répartition de la population en des zones de forte ou de faible densité entraînera des comportements de groupe différents ; une forte natalité pourra être compensée par un fort célibat, mais une forte natalité accrue par un fort taux de mariage aura pour conséquence d'augmenter encore plus le nombre des naissances. Des familles où le nombre d'enfants est important devront trouver une réponse aux problèmes économiques qui se poseront à elles. Une société qui accepte mal le remariage des veufs se trouve confrontée à un nombre important de familles monoparentales ou de foyers composés d'une personne. Il est évident que les structures, les relations et les comportements familiaux dépendent des facteurs démographiques.

3En conséquence, dans un premier temps, après avoir dressé une "photographie" de la répartition de la population en Gévaudan, en fonction de ses communautés rurales et urbaines ; nous étudierons tout ce qui a trait à la nuptialité et à la mortalité, ce qui conduira logiquement à apprécier la prolificité de la population gabalitaine. En dernier lieu, nous identifierons les flux migratoires, à l'intérieur du diocèse bien sûr, mais à l'extérieur également, qu'il s'agisse d'immigration ou d'émigration.