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La famille en Gévaudan au XVe siècle (1380-1483)

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Philippe Maurice

Préface

Bernard Chevalier

Texto completo

1Le seul moyen de pénétrer dans les "oustaus" du Gévaudan du XVe siècle, d'en approcher les familles, de les interroger sur leur manière de vivre et de combiner alliances matrimoniales et stratégies patrimoniales, c'est d'entrer dans l'étude de ces nombreux notaires auxquels les habitants avaient si fréquemment recours ; c'est d'ouvrir des centaines de registres conservés par les archives de la Lozère et de lire des dizaines de milliers de folios écrits dans un latin technique et rébarbatif.

2Philippe Maurice a fait ce travail pour une thèse de doctorat dans des conditions qui forcent l'admiration, puisqu'il l'a conduit en détention, uniquement sur microfilms, sans avoir accès aux bibliothèques, sans contacts avec d'autres chercheurs que les deux professeurs qui le suivaient Avec un millier de contrats de mariage et de testaments il a ouvert les portes closes depuis des siècles et reconstitué la généalogie de plus de cinq cents familles. Pour ainsi dire, il est devenu le contemporain de ces humbles Gabalitains restés dans l'ombre, car l'histoire trop souvent ne s'attache qu'aux puissants, à condition même qu'ils ne vivent pas bien loin de Paris. Philippe Maurice pour les rejoindre s'est fait historien, juriste, sociologue, ethnologue, folkloriste à l'occasion mais surtout observateur patient de leur vie concrète. Il montre une famille solide, bien accrochée à un patrimoine dont l'unité et la continuité sont défendues avec passion et astuce en dépit d'un droit écrit trop rigide. Il montre une cellule sociale de toute la moins figée dans une société bien plus ouverte qu'on ne le croit, rien déplaise aux théoriciens de tout bord. Tous ces gens qui sont devenus ses amis et dont il ne dissimule ni l'âpreté ni l'égoïsme de clan, si dur parfois, sont au total de braves gens, travailleurs honnêtes et bons chrétiens qui mènent une vie très rude, mais non sans espoir. Où est alors l'écrasement des petits sous le poids des calamités du siècle si complaisamment décrites d'ordinaire ? Probablement beaucoup plus dans les diatribes des moralistes et des chroniqueurs que dans la mémoire secrète des minutiers lozériens.

3J'ai accompagné Philippe Maurice dans son grand travail, j'ai vivement apprécié que l'histoire ait été un précieux adjuvant dans sa vie recluse, je rien suis que plus à l'aise pour redire ici la très grande qualité de son livre. Il fera date.

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