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Les serviteurs de l'État au Moyen Âge

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Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public

Les lieutenants du roi d’Angleterre

En France à la fin du Moyen Âge

Kenneth Fowler

Texte intégral

  • 1 Voir F. Thiriet, La Romanie vénitienne au Moyen Âge : Le développement et l’exploitation du domain (...)
  • 2 F. Thiriet, op. cit. n. 1, p. 2.

1Il nous manque encore une histoire comparée des vice-royautés au Moyen Âge. Celle de la république de Venise dans la Romanie vénitienne, et celle de la couronne d’Aragon dans la péninsule ibérique et dans ses possessions méditerranéennes, furent peut-être les plus élaborées1. Selon Thiriet, la Romanie vénitienne fut le « seul véritable empire colonial qu’ait connu le Moyen Âge »2, mais il ne suffit pas de regarder le Levant et le monde méditerranéen pour trouver des offices et des institutions protocoloniales. À la fin du Moyen Âge, les rois de France et d’Angleterre ont beaucoup utilisé les services des lieutenants-généraux, nantis de pouvoirs proches de la vice-royauté, pour le gouvernement des provinces lointaines. L’institution de l’office semble dater du XIIIe siècle, émanant du roi de France pour le gouvernement des nouveaux territoires acquis dans le sud-est de la France, et du roi d’Angleterre pour le gouvernement de ses possessions dans le sud-ouest, c’est à dire en Aquitaine. Aux XIVe et XVe siècles, l’utilisation des lieutenants s’est répétée en grande partie à cause de la guerre de Cent ans. Mais les opérations militaires presque continuelles de ce conflit ont quelques fois masqué les pouvoirs étendus de ces lieutenants, qui n’étaient pas seulement commandants en chef des armées en l’absence du roi. Dès l’origine, toutes sortes d’activités leur étaient confiées, fonctions administratives, diplomatiques ou judiciaires, en plus de leur rôle militaire. Après l’avènement d’Edouard III en tant que « roi de France » en 1340, et pendant l’occupation des territoires en France pendant les XIVe-XVe siècles, les rois anglais ont acquis de nouvelles possessions et ont gouverné de nouveaux sujets.

2Il est difficile de généraliser les pouvoirs de ces lieutenants nommés en France et dans les différentes régions du royaume. D’habitude, les commissions donnaient aux titulaires de l’office de très larges pouvoirs militaires, leur donnant la faculté de recruter des troupes à la solde du roi, rassembler et commander ses armées, établir des garnisons dans les villes, les châteaux et les forteresses, nommer ou révoquer les capitaines qui étaient à leur tête, assurer l’équipement nécessaire à leur défense. Ils jouissaient également d’un pouvoir juridique étendu leur permettant de nommer ou de révoquer à leur gré les fonctionnaires locaux. Ils pouvaient faire entrer dans l’allégeance du roi individus et communautés, recevoir leur hommage, confirmer leurs libertés et franchises, leur en octroyer de nouvelles, leur accorder des rémissions, et les récompenser par des terres et des pensions. Inversement, ils pouvaient confisquer les terres de ceux qui se soustrayaient à l’allégeance du roi, et disposer de ces terres comme bon leur semblait. Ils pouvaient accorder des sauf-conduits, imposer des amendes ou des rançons, conclure des alliances et des accords avec de hauts personnages, ou des trêves locales avec l’ennemi. Ils étaient assistés, dans les devoirs de leur charge, par un conseil dont les membres se recrutaient parmi leurs propres officiers, ou ceux du roi qui les accompagnaient, ou par les fonctionnaires locaux. En bref, ils pouvaient faire, comme disent fréquemment les commissions, « toutes choses que le roi pouvait faire si il était là lui-même ». Souvent, ils portaient le titre de « capitaine général », ou de « gouverneur » en plus de celui de « lieutenant » ; mais ils faut noter que les pouvoirs militaires des lieutenants étaient identiques, avec ou sans ces titres supplémentaires. Pour cette communication j’utilise essentiellement le terme de « lieutenant », même lorsque les commissions donnent aussi le titre « capitaine général », et j’ai réservé le titre de « capitaine » à ceux qui n’étaient pas lieutenants-généraux.

  • 3 Voir C. Bémont, Simon de Montfort, Paris, 1884, p. 264-265, et F.M. Powicke, « The Thirteenth Cent (...)
  • 4 Voir J. Le Patourel, « The Plantagenet Dominions », History, 50 (1965), p. 289.
  • 5 Voir J. P. Trabut-Cussac, L’administration anglaise en Gascogne sous Henri III et Édouard Ier, de  (...)
  • 6 Rôles Gascons, 1242-1290, C. Bémont éd., 3 vol., Paris, 1885-1906 (Collection de documents inédits (...)
  • 7 Public Record Office, Londres [= PRO], Chancery Miscellanea, C 47/24/3, no 41 et C 47/28/1, no 44.
  • 8 Rymer, Foedera, Record Commission éd., II, 2, p. 1047, 1105, 1183 ; III, 1, p. 9, 37, 189, 239-40, (...)
  • 9 PRO, E 30/284 ; Rymer, Foedera, op. cit. n. 8, IV, p. 44, 63 ; T. Carte, Catalogue des Rolles Gasc (...)
  • 10 Voir la liste des nominations dans M.G.A. Vale (English Gascony, 1399-1453, Oxford, 1970, Appendic (...)
  • 11 En l’été de 1345, le départ pour la Gascogne de la force expéditionnaire sous le commandement d’He (...)
  • 12 En ce qui concerne les appels, voir P. Chaplais, « Les appels Gascons au roi d’Angleterre sous le (...)

3La première et la plus évidente explication de l’origine de cette institution et de son développement est le fait que le roi ne pouvait être partout à la fois ; c’est en Aquitaine, avec la nomination en 1248 de Simon de Montfort comme gardien (custos) du duché pour sept ans, qu’il faut trouver l’origine de l’office3, même si cette nomination n’est pas très explicite. Au XIIe siècle, Henri II Plantagenêt a fait presque l’impossible en voyageant continuellement dans ses possessions familiales, qui ont formé cet assemblage politique, dont l’intitulé anglais « The Plantagenet Dominions » (une conception politique anglaise, difficile à traduire en français) est préférable aux termes traditionnels, « l’empire angevin »4. À cette époque les territoires continentaux formaient la partie la plus importante des possessions du roi ; mais, au cours du XIIIe siècle, ils se limitèrent à une partie de l’ancien duché d’Aquitaine, aux îles anglo-normandes et, après 1279, au comté de Ponthieu, si bien qu’on les considéra comme territoires de la couronne d’Angleterre en France. En dotant, en 1254, son fils aîné des possessions qui restaient de son héritage, Henri III essaya de les rattacher définitivement à la couronne d’Angleterre et rendit ainsi impossible leur aliénation dans les mains d’un fils cadet de la famille royale. Dès le début du XIVe siècle, les clercs de la chancellerie anglaise parlaient du duché comme d’une partie « des possessions du roi au-delà de la mer » (domins transmarina). En 1311, le Parlement anglais distingua nettement la personne du roi et l’office de la couronne, à laquelle les possessions continentales étaient sensées appartenir. Tout cela en dépit du traité de Paris de 1259, par lequel le duché d’Aquitaine fut désormais défini comme relevant de l’hommage lige et de la reconnaissance de la souveraineté du roi de France, en donnant à ce dernier concept le sens qu’il avait pris vers le milieu du XIIIe siècle. Pour éviter toutes les questions soulevées par la souveraineté du roi de France, pendant le règne d’Edouard Ier, l’administration du duché fut réformée et subordonnée aux institutions anglaises5. En temps normal, le premier officier, le sénéchal d’Aquitaine, était responsable devant le conseil du roi à Westminster pour les affaires civiles et militaires ; dans le domaine financier, le connétable de Bordeaux était redevable de l’Échiquier. Tous les deux étaient nommés en Angleterre, par le roi, sur la recommandation de son conseil. Puis, l’office de lieutenant évolua. Il y eut neuf nominations à l’office de lieutenant en Aquitaine sous Édouard Ier6 et deux sous Édouard II7. Après le commencement de la guerre de Cent ans, il y eut onze nominations sous Édouard III8, cinq sous Richard II9, et six au XVe siècle10. Ainsi, la nomination des lieutenants généraux devint l’une des caractéristiques normales de l’administration anglaise dans les territoires du roi d’Angleterre au sud-ouest de la France. À l’origine, le lieutenant était un officier chargé de s’occuper des insuffisances de l’administration. Ces insuffisances devinrent des difficultés de communication et des défauts de contrôle central. En temps normal, Bordeaux était à une distance d’une semaine à dix jours, par mer, de Westminster ; par mauvais temps, la traversée pouvait parfois durer des mois11. Mais, avant tout, ce sont les difficultés posées par la souveraineté du roi de France, qui ont nécessité la nomination d’un officier de haut rang nanti de larges pouvoirs : la détérioration de la situation militaire, les appels en justice des cours du duché jusqu’à Paris, et les conséquences du jugements du Parlement français12.

  • 13 Rymer, Foedera, op. cit. n. 8, II, 1, p. 48-9 (nomination de Pierre de Gaveston).

4La situation est à peu près semblable dans les territoires occupés ailleurs en France, au cours de cette longue guerre, mais avec quelques différences importantes. Avant d’aborder ces territoires, je m’attarderai un instant dans les îles Britanniques, en Irlande, où le premier lieutenant anglais est nommé en 1308, face à une situation militaire déplorable et après un massacre des gens du roi l’année précédente13. Dès cette nomination, et ce fut le cas pour tous les successeurs, le lieutenant fut placé au-dessus du Justiciar, comme premier officier du roi, avec des pouvoirs beaucoup plus étendus sur l’armée et l’administration. En Écosse, comme au pays de Galles, on sait qu’Édouard Ier prit lui même la guerre à sa charge, mais après 1305, quand un gouvernement hiérarchisé fut établi en Écosse, le roi donna souvent à des lieutenants la direction de ses intérêts ainsi que le commandement des ses armées. Après 1315, les nominations de lieutenants furent fréquentes. En Aquitaine et Irlande, en l’absence du roi, les structures politiques et administratives traditionnelles étaient désuètes. En Écosse, il fallut de même créer des institutions pour pallier les difficultés militaires et politiques. On établit donc des lieutenants, nouvelle façon d’administrer les territoires éloignés de Westminster.

  • 14 Voir les commissions dans Rymer, Foedera, op. cit. n. 8, II, 2, p. 1001, 1204 ; III, 1, p. 37, 174 (...)

5Pendant la guerre de Cent ans, le gouvernement anglais a beaucoup profité de ces expériences vécues en Aquitaine, en Irlande et en Écosse. L’adoption par Édouard III du titre de « roi de France » lui a fournit amplement les raisons de nommer des lieutenants dans la France entière, et ceci se réalisa dès le début de la guerre. Entre 1337 et 1374, il y eut onze nominations de ce genre14. Mais les situations furent diverses. Les nominations concernant tout le royaume cachaient en fait le dessein de la poursuite des opérations à partir d’une base provinciale, souvent désignée dans les commissions ; ainsi, les lieutenants nommés pour l’Aquitaine avaient, dans le plupart des cas, tout pouvoir pour agir dans le Languedoc.

  • 15 Ibid., IIΙ, 1, p. 83, 174 ; 2, p. 866, 871.
  • 16 J. Le Patourel, « L’administration ducale dans la Bretagne Montfortiste (1345-1362) », RHDF, 4e s. (...)
  • 17 Pour ces nominations, voir M.C.E. Jones, « Edward III’s Captains in Brittany », dans England in th (...)
  • 18 Rymer, Foedera, op. cit. n. 8, III, 2, p. 101, 190, 431, et M.C.E. Jones, « Raoul de Caours », Bul (...)
  • 19 J. Le Patourel, « Édouard IIΙ “roi de France et duc de Normandie”, 1356-1360 », RHDF, 4e s., 31 (1 (...)
  • 20 K. Fowler, ibid.
  • 21 Voir Rymer, Foedera, op. cit. n. 8, IX, p. 592, 739 ; X, p. 29, 674, 786-7, et passim, pour quelqu (...)
  • 22 La commission de Warwick en 1437 était comme locumtenentem generalem et gubernatorem totius regni (...)

6Les territoires acquis par les Anglais au XIVe siècle étaient de deux natures : ceux dans lesquels quelques seigneurs ou une partie de la population reconnurent au roi quelque légitimité à les gouverner ; et ceux qui furent conquis par les armes, sans l’assentiment du peuple. D’habitude, le gouvernement des premiers était mis dans les mains d’un lieutenant, et cet office se superposa à l’administration traditionnelle. Pour les seconds, le gouvernement fut confié à des capitaines militaires et bien que l’administration civile y fût respectée quelque peu, le gouvernement y fut placé sur un pied de guerre permanent. Ainsi, des lieutenants furent nommés en Flandre après la reconnaissance d’Édouard III comme roi de France par Jacques van Artevelde et les villes de Gand, Ypres et Bruges15. De même en Bretagne, où le parti Montfort sollicita l’appui d’Édouard III et où, avant sa mort, Jean de Montfort nomma le roi comme gardien de son jeune fils et héritier16. Entre 1341 et 1362 il y eut treize nominations de lieutenants, qui se succédèrent de façon régulière17. Le Poitou était une terra adjentionis, une alia terra, quelquefois incluse dans les commissions dressées pour la Bretagne ou l’Aquitaine. Mais le Poitou fit l’objet de deux nominations particulières, après les défections répétées du capitaine fuyant que fut Raoul de Caours18. En Normandie les adhésions furent un peu plus solides, et ce fut avec le concours des Navarrais et de Godefroy d’Harcourt que le titre de « roi de France et duc de Normandie » fut reconnu à Édouard ; aussi des lieutenants y furent-ils nommés successivement entre 1357 et 1361, moment où le traité de Brétigny-Calais a, là comme ailleurs, mis fin à la période des prétentions d’Édouard au nord de la France19. Dans la vicomté de Saint-Sauveur, où Godefroy avait légué son patrimoine au roi, il y eut deux lieutenants entre 1370 et la conquête française en 137520. Au cours du XVe siècle, on continua de nommer des lieutenants en Aquitaine, en Normandie et dans d’autres régions de France21 ; mais la position et les pouvoirs des lieutenants des circonscriptions du Nord évoluèrent en raison de la nouvelle situation politique créée par le traité de Troyes et la mort, en 1422, d’Henri V et Charles VI. Pendant la régence du duc de Bedford (1422-1435), les lieutenants (dont le plus fameux furent les comtes de Salisbury et de Warwick) furent nommés dans des circonscriptions plus petites et investis de pouvoirs moins étendus ; ce fut en sa qualité de régent du royaume de France que Bedford procéda à ces nominations. Les successeurs de Bedford au gouvernement de la France, le duc de York (1436-37 et 1440-47), le comte de Warwick (1437-39) et le duc de Somerset (1447-50), ont pris le titre de gouverneur, bien qu’ils portassent également le titre de lieutenants généraux22.

  • 23 Pour Calais, voir, surtout J. Le Patourel, « L’occupation anglaise de Calais au XIVe siècle », Rev (...)
  • 24 Sur ces forteresses, et le changement de stratégie, voir K. Fowler, « Les finances... », op. cit. (...)
  • 25 Voir les nominations de Jean, duc de Bedford, en 1434, de Humphrey, duc de Gloucester en 1435, d’E (...)
  • 26 K. Fowler, « Les finances... », op. cit. n. 19, p. 67-70, 73-74.

7La situation était différente dans les territoires conquis, notamment à Berwick-upon-Tweed et à Calais, où les villes, dans une certaine mesure, furent colonisées par l’Angleterre après leur conquête de 1347. Ici le gouvernement fut placé sous la responsabilité de capitaines, investis de pouvoirs moins étendus et de juridiction plus limitée que ce qui était confié aux lieutenants23. Après l’adoption d’une stratégie défensive dans les années soixante-dix du XIVe siècle, il en fut ainsi pour nombre de forteresses qui étaient sous le contrôle anglais et qui s’échelonnaient sur le littoral Atlantique, notamment à Cherbourg (1378-94), Château-Cornet et Mont-Orgueil dans les îles anglo-normandes, et à Brest (1378-97)24. Mais pendant ces années, la situation évolua, et on constate des changements importants dans la juridiction des capitaines. À Calais, la compétence de l’administration anglaise s’étendait sur des territoires dépassant largement la ville et le château fort au sens étroit, et embrassait, selon les textes des années soixante du XIVe siècle, « le comté de Guines avec les seigneuries de Calais et de Marck », soit un territoire d’une superficie équivalent à celle du comté médiéval de Middlesex. En plus de la garnison établie dans la ville, il en existait une aube, sous un commandement particulier, au château, et d’autres encore dans les forteresses des environs de Calais qui, l’une après l’autre, tombèrent aux mains des Anglais, au nombre de douze ou treize environ vers 1371 (voir carte 1). Au début, certaines d’entre elles semblent avoir formé des unités indépendantes, mais très vite Calais et les territoires qui l’entouraient formèrent un tout, placé sous un commandement unique et avec une organisation administrative spécifique à l’ensemble du territoire. La concentration militaire à Calais, et l’établissement de l’Étape en 1363 en ce lieu, ont donné à la ville et ses alentours une importance politique, militaire, navale et économique, qui s’est encore accrue avec l’essor du pouvoir bourguignon. Dans cette situation, il était inévitable de voir le capitaine soumis à plusieurs reprises à la juridiction d’un lieutenant de haut rang, et ses propres pouvoirs diminués. À la fin du XIVe siècle, les capitaines étaient presque tous membres de la haute aristocratie, portant toujours le titre de « lieutenant de Calais et ses marches » tout en gardant celui de « capitaine de la ville et du château »25. De même à Saint-Sauveur (ou nous avons déjà noté la nomination des lieutenants) et à Cherbourg ; la domination anglaise, à partir de là, s’étendit progressivement à presque tout le nord-ouest de la péninsule du Cotentin. De même encore à Brest, où la juridiction du capitaine semble d’abord limitée à la ville et à la châtellenie, puis par la suite étendue au Finistère occidental et aux îles côtières, où les capitaines, dont le rang social s’élève, comme à Calais, faisaient aussi office de lieutenant26.

8Donc, l’étendue des territoires mis sous la juridiction des lieutenants et des capitaines varia considérablement d’une période à une autre selon la stratégie adoptée par le conseil du roi en Angleterre et les lieutenants envoyés sur les lieux, selon les capacités des hommes d’armes et de leurs commandants en chef, selon la situation matérielle et financière, et selon les fortunes de la guerre. C’est dans les années soixante du XIVe siècle, lorsque le duché d’Aquitaine fut érigé en principauté pour le Prince noir, que l’étendue de ses territoires, au sud-ouest, atteignit son maximum, mais elle fut à plusieurs reprises réduite, jusqu’à ne plus être qu’une étroite bande littorale sans aucun arrière-pays, s’étirant de l’estuaire de la Gironde aux Pyrénées, et reposant avant tout sur les villes fortifiées de Bordeaux et Bayonne. En Bretagne, après 1343 et pendant la majeure partie de l’occupation, les territoires mis sous l’autorité des lieutenants furent essentiellement ceux de l’ouest et du sud du duché, soit le Léon et la Cornouaille avec leurs ports de Conquet et Brest, et le littoral de la côte méridionale jusqu’à l’embouchure de la Vilaine avec les ports de Quimperlé, Hennebont et Vannes (voir carte 2). Presque toute la haute Bretagne soutenait le candidat français, Charles de Blois ; mais des garnisons anglaises basées à Bécherel, Ploërmel, Fougères et Châteaublanc formèrent une sorte de zone frontière que les français renforcèrent à Rennes et à Nantes. Au XVe siècle, où l’occupation du nord de la France fut à son paroxysme, la frontière entre les territoires dominés par les Anglo-bourguignons, d’une part, et les partisans du dauphin, de l’autre, dessinait une ligne qui, partant du nord de Craon, courait entre le Maine et l’Anjou-Touraine, traversait le comté de Vendôme jusqu’à Orléans, et de là descendait la Loire jusqu’à Roanne. Cependant, durant presque toute cette période, des régions fidèles au dauphin formèrent des enclaves à l’intérieur même des territoires anglo-bourguignons, et vice versa. Après la rupture, à Arras, de l’alliance anglo-bourguignonne, les frontières furent ramenées à l’Île-de-France, à l’est de la Normandie, et une fois de plus à l’Artois, autour de Calais. La frontière méridionale ne resta inchangée que dans le Maine.

  • 27 K. Fowler, The King’s Lieutenant..., op. cit. n. 11.

9J’ai déjà un peu parlé de la société des lieutenants. La majorité d’entre eux étaient des hommes de sang royal ou de haute naissance. Quatre des fils d’Édouard III remplirent cet office ; trois d’entre eux – le Prince noir, Edmond Langley et Thomas de Woodstock –, une fois, et Jean de Gand au moins huit fois. Deux membres de la haute noblesse se distinguèrent : William de Bohun, comte de Northampton, qui fut à deux reprises lieutenant en Bretagne, et mon héros, Henri, duc de Lancastre, mieux connu en Aquitaine avant son élévation au rang ducal, comme comte de Derby, et qui remplit l’office six fois27.

  • 28 Ibid., p. 186.

10Il y avait bien des raisons pour nommer des membres de la haute noblesse à l’office de lieutenant, en dehors de leur expérience militaire et des pouvoirs conférés par l’office lui-même ; on comprend pourquoi Lancastre, nommé lieutenant, agit par commissions successives, presque partout en France, ainsi qu’en Écosse. Il bénéficiait de la faveur royale, et se trouva, après le mort de son père, peut-être l’homme le plus riche de l’Angleterre, avec des terres et de larges droits distribués sur la presque totalité du royaume. Bien que rémunéré pour lui-même et ses gens pour leur service en France, c’était plutôt son propre patrimoine foncier qui rendait possible sa grande « retenue » et qui lui a fourni les tenants nobles le servant dans les guerres, des hommes qui pouvaient confondre les intérêts du roi et ceux de leur seigneur ; ce sont les membres de sa « retenue » personnelle qui l’ont servi comme lieutenants, maréchaux, capitaines ou châtelains, officiers de son Hôtel qui faisaient fonctions de payeurs de ses troupes, trésoriers, receveurs et secrétaires28. Des nobles qui avaient de tels pouvoirs en Angleterre pouvaient aussi les exercer en France dans le service du roi ; Édouard III, comme après lui Henri V, savait bien que, pour garder la paix en Angleterre, mieux valait employer ces grands à l’étranger. Ce qui est vrai pour le duc Henri, l’est aussi pour le reste de l’aristocratie. Les ressources de Jean de Gand, du comte Warwick et du duc d’York étaient beaucoup plus grandes encore que celles du premier duc de Lancastre, et les règnes agités de Richard II et Henri VI ont montré les problèmes qui se présentaient quand les ressources de l’aristocratie étaient employées d’une autre façon.

  • 29 Pour les lieutenants en Bretagne, voir M.C.E. Jones, « Edward III’s Captains in Brittany », op. ci (...)
  • 30 Rymer, Foedera, op. cit. n. 8, ΙII, 2, p. 982.

11Appartenir à la haute noblesse n’était cependant pas toujours une condition obligatoire pour remplir l’office de lieutenant. Ceci est particulièrement vrai des lieutenants qui servirent en Bretagne au cours du XIVe siècle et qui, pour la plupart, furent des descendants des anciennes familles chevaleresque, ou furent eux-mêmes membres de la petite noblesse, de la gentry anglaise, tels les capitaines Sir John Hardreshull, Sir Thomas Dagworth, Sir John Avenel et Sir Robert Herle. Un autre lieutenant en Bretagne, Sir Walter Bentley, a commencé sa carrière comme sergent royal, assez obscur, dans l’armée royale aux Pays-Bas, qui vint ensuite en Bretagne en 1342. Bentley était un remarquable homme de guerre, comme le prouva sa victoire sur les Français à la bataille de Mauron en 1352. Mais sa nomination comme lieutenant en Bretagne (et les parties du Poitou contiguës), deux ans auparavant, était plutôt due à son mariage avec Jeanne de Belleville, veuve et riche héritière d’Olivier III, seigneur de Clisson, dont les terres étaient situées sur les frontières de la Bretagne et du Poitou29. Mais la nomination la plus exceptionnelle fut celle qui réunit Robert Knowles, Alan Buxhill, Thomas Grandison et Thomas Burchier à la colieutenance en France en 137030, expérience qui ne fut jamais renouvelée. Après l’expédition désastreuse de Knowles cette année-là, la charge ne fut plus jamais attribuée hors des rangs de la haute noblesse. Pendant tout le XVe siècle les lieutenants furent sans exception des membres de l’aristocratie.

12L’importance accordée à la haute naissance ressort également des autres nominations effectuées à la fin du XIVe siècle, et au cours du XVe siècle. Jusque vers 1380 les capitaines des forteresses de la frontière Atlantique furent presque sans exception recrutés parmi les chevaliers qui avaient fait leurs preuves à la guerre. Par la suite, comme nous l’avons noté, spécialement à Calais, ce fut dans la haute noblesse qu’on les choisit et ils exercèrent leur commandement par l’entremise de lieutenants qu’ils nommaient eux-mêmes. En Aquitaine, en revanche, bien que, à partir de la fin du XIVe siècle, les lieutenants, comme ailleurs, aient été recrutés dans l’aristocratie, l’office de sénéchal continua à être rempli par des hommes appartenant à la petite noblesse et, lorsque le duché fut érigé en principauté, les sous-sénéchaux furent de cette même origine. Mais la guerre de Cent ans amena un changement fondamental dans le personnel administratif du duché. Pendant tout le XIIIe siècle, l’office de sénéchal avait été tenu par des Gascons ralliés aux Anglais ; après 1337, il fut, à une exception près, confié à des Anglais. Pendant cette période, les maires de Bordeaux furent même désignés depuis Westminster ; ils furent presque tous anglais. Tout comme les sénéchaux, ils étaient avant tout des soldats.

  • 31 En attendant la publication de sa biographie par K. Fowler dans The New Dictionary of National Bio (...)
  • 32 Voir l’étude de X. Védère sur Robert Swynburne et son fils, Thomas (Revue historique de Bordeaux e (...)

13Serviteurs du roi ou serviteurs de l’État ? Dans la nomination des Anglais aux hauts postes en Aquitaine et ailleurs en France on peut suivre la naissance d’un corps de spécialistes des « affaires étrangères ». En ce qui concerne les légistes et les clercs de la diplomatie, dans la chancellerie de Westminster, il existait des départements spécialisés dans la politique étrangère du conseil du roi. Nombreux furent ceux qui se firent capitaines et lieutenants de métier. À côté des lieutenants professionnels comme Lancastre et Jean de Gand, on vit des soldats de carrière comme Sir Hugh Calveley, chevalier du Cheshire, qui avait fait son apprentissage militaire en Bretagne et avait servi ailleurs en France et en Espagne, étant successivement, entre 1375 et 1393, capitaine de Calais, de Brest et de Cherbourg, et gardien des îles anglo-normandes31 ; ou encore la famille Swynburne, originaire du comté de l’Essex, qui donna deux maires à Bordeaux, dont l’un fut également capitaine de Guines et Ham dans les marches de Calais, et un autre membre de la même famille, capitaine de Mark32.

  • 33 Voir J. Le Patourel, « L’occupation anglaise... », op. cit. n. 23, p. 235 ; « Edward IIΙ and the K (...)

14S’il y avait un « service étranger » à la fin du Moyen Âge, y eut-il aussi une politique coloniale anglaise ? On peut objecter qu’on aurait tort de considérer les territoires anglais en France durant cette période comme des parties d’un empire colonial anglais, parce que le roi avait pris le titre de roi de France, ou par droit de succession ou par traité, et juridiquement, la population lui était assujettie. On a observé que dans les différentes régions de la France occupées par les Anglais, on gardait les anciennes lois et coutumes, et on conservait l’administration locale avec les offices et institutions civiles et juridiques33. Mais cette dernière observation n’est pas incompatible avec l’existence d’une politique coloniale ou au moins protocoloniale ; garder les institutions d’origine à côté des nouveaux offices pour gouverner un pays à l’étranger relève peut-être d’une politique coloniale mûrement réfléchie. Et il y a plus : le développement des notions de nationalité, de naissance dans la nation ou d’étranger, et l’évolution des langues nationales peuvent susciter de nouvelles observations. Pour les Anglais, l’expérience de l’administration dans les territoires occupés en France, en Irlande, et dans une certaine mesure en Écosse, a formé un étape importante dans le glissement du monde féodal au monde colonial, et du service du prince au service de l’État. L’essentiel réside dans le passage de l’administration des domaines personnels du roi à l’administration d’un plus vaste système administratif dépendant du gouvernement de Westminster, centre métropolitain. Dans cette évolution les lieutenants-gouverneurs et capitaines-généraux ont joué un rôle important comme vice-rois d’une politique impériale. La Guyenne, qui n’était d’abord que l’héritage familial des rois Plantagenêts, est devenue à la fin du Moyen Age un dominion anglais. Il n’est pas exact de parler de la Guyenne comme de « la première colonie d’Angleterre ». Ce furent Calais, Berwick-upon-Tweed et l’Irlande, en grande partie à cause des mesures de repeuplement (une espèce de nettoyage ethnique des Anglais du Moyen Âge) qui furent les premières colonies. Comme Anglais, de naissance maternelle irlandaise, et depuis longtemps résidant en Écosse, je sais que c’est seulement de nos jours que cette longue histoire est entrée dans sa phase finale. Une seule exception demeure : les fies anglo-normandes, comme entité politique née de l’histoire de nos deux pays, la France et l’Angleterre, qui sont heureusement maintenant devenus une partie de notre Union européenne.

Carte 1. La frontière de Calais au XIVe siècle

Notes

1 Voir F. Thiriet, La Romanie vénitienne au Moyen Âge : Le développement et l’exploitation du domaine colonial vénitien (XIIe-XVe siècles), Paris, 1959 (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, 193), spécialement part. 2, ch. 1 ; et J. Lalinde Abadia, « Virreyes y lugartenientes medievales en la Corona de Aragon », Cuadernos de Historia de España, 31 (1960), p. 97-172.

2 F. Thiriet, op. cit. n. 1, p. 2.

3 Voir C. Bémont, Simon de Montfort, Paris, 1884, p. 264-265, et F.M. Powicke, « The Thirteenth Century », dans The Oxford History of England, Oxford, 1953, p. 108.

4 Voir J. Le Patourel, « The Plantagenet Dominions », History, 50 (1965), p. 289.

5 Voir J. P. Trabut-Cussac, L’administration anglaise en Gascogne sous Henri III et Édouard Ier, de 1254 à 1307,, Paris-Genève, 1972 (Mémoires et documents publiés par la Société de l’École des Chartes, 20), spécialement la deuxième partie, p. 141-337 ; F.M. Powicke, op. cit. n. 3, ch. 7.

6 Rôles Gascons, 1242-1290, C. Bémont éd., 3 vol., Paris, 1885-1906 (Collection de documents inédits), no 187, 1718, 2205, 2932, 3944-3945, 4556, 4576 ; Calendar of Patent Rolls, 1292-1301, Londres, 1895 (HMSO), p. 386.

7 Public Record Office, Londres [= PRO], Chancery Miscellanea, C 47/24/3, no 41 et C 47/28/1, no 44.

8 Rymer, Foedera, Record Commission éd., II, 2, p. 1047, 1105, 1183 ; III, 1, p. 9, 37, 189, 239-40, 307 ; 2, p. 941, 982 ; Calendar of Patent Rolls, 1338-40, Londres, 1898 (HMSO), p. 381.

9 PRO, E 30/284 ; Rymer, Foedera, op. cit. n. 8, IV, p. 44, 63 ; T. Carte, Catalogue des Rolles Gascons, Normans et François, Londres et Paris, 1743, 1, p. 175, nos 12, 13 ; p. 179, no 8 ; p. 181, no 9.

10 Voir la liste des nominations dans M.G.A. Vale (English Gascony, 1399-1453, Oxford, 1970, Appendice II, 2), à laquelle il faut peut-être ajouter le nom de John Neville (voir E.C. Lodge, Gascony Under English Rule, Londres, 1926, p. 112).

11 En l’été de 1345, le départ pour la Gascogne de la force expéditionnaire sous le commandement d’Henri de Lancastre fut retardé par les vents contraires et des orages maritimes pour presque six semaines. Le voyage de Falmouth à Bordeaux a duré encore dix-sept jours (K. Fowler, The King’s Lieutenant ; Henry of Grosmont, First Duke of Lancaster, 1310-1361, Londres, 1969, p. 51-52). Le retour en Angleterre de Bordeaux du secrétaire du roi, l’évêque Thomas Beckington, en janvier-février 1443, a duré un mois, alors que son voyage de Plymouth en juillet 1442 a duré seulement cinq jours jusqu’à l’embouchure de la Gironde, et sept jours jusqu’à Bordeaux (Official Correspondence of Thomas Bekynton, Secretary of King Henry VI and Bishop of Bath and Wells, G. Williams éd., Rerum Britannicarum Medii Aevi Scriptores, Londres, 1872, 2, p. 184-186, 235-240).

12 En ce qui concerne les appels, voir P. Chaplais, « Les appels Gascons au roi d’Angleterre sous le règne d’Édouard Ier (1272-1307) », dans Économies et sociétés au Moyen Âge. Mélanges offerts à Édouard Perroy, Paris, Publications de la Sorbonne, 1973 (Études, 5), p. 382-399, et « The Chancery of Guyenne, 1289-1453 », dans Studies Presented to Sir Hilary Jenkinson, J. Conway Davies dir., Oxford, 1957, spécialement p. 63-4.

13 Rymer, Foedera, op. cit. n. 8, II, 1, p. 48-9 (nomination de Pierre de Gaveston).

14 Voir les commissions dans Rymer, Foedera, op. cit. n. 8, II, 2, p. 1001, 1204 ; III, 1, p. 37, 174, 307, 509-510, 555 ; 2, p. 871, 894, 982, 1018.

15 Ibid., IIΙ, 1, p. 83, 174 ; 2, p. 866, 871.

16 J. Le Patourel, « L’administration ducale dans la Bretagne Montfortiste (1345-1362) », RHDF, 4e s., 32 (1954), p. 144-147, et « Edward ΙII and the Kingdom of France », History, 43 (1958), p. 187.

17 Pour ces nominations, voir M.C.E. Jones, « Edward III’s Captains in Brittany », dans England in the Fourteenth Century. Proceedings of the 1985 Harlaxton Symposium, W. M. Ormrod dir., Woodbridge, 1986, p. 99-118, et le table des lieutenants.

18 Rymer, Foedera, op. cit. n. 8, III, 2, p. 101, 190, 431, et M.C.E. Jones, « Raoul de Caours », Bulletin de la société d’études et recherches historiques du Pays de Retz, 7 (1987), p. 5-10.

19 J. Le Patourel, « Édouard IIΙ “roi de France et duc de Normandie”, 1356-1360 », RHDF, 4e s., 31 (1953), p. 317-18 ; « Edward III and the Kingdom of France », op. cit. n. 16, p. 183 ; et pour les nominations, voir K. Fowler, « Les finances et la discipline dans les armées anglaise en France au XIVe siècle », Les Cahiers Vernonnais, 4 (1964), p. 72.

20 K. Fowler, ibid.

21 Voir Rymer, Foedera, op. cit. n. 8, IX, p. 592, 739 ; X, p. 29, 674, 786-7, et passim, pour quelques de ces nominations en Normandie et France.

22 La commission de Warwick en 1437 était comme locumtenentem generalem et gubernatorem totius regni nostri Francie, ducatus et patriae Normanniae, ac aliorum terrarum et dominiorum nostrorum transmarinorum (Rymer, Foedera, éd. originale, X, p. 674). Le même pour York dans son nomination en 1440 comme « lieutenant general et gouverneur, de par nous, de tout nostre dit roialme de France, duchié et paiis de Normandie, et de nos autres terres et seigneuries estans de la la mer » (ibid., X, p. 786-787).

23 Pour Calais, voir, surtout J. Le Patourel, « L’occupation anglaise de Calais au XIVe siècle », Revue du Nord, 33 (1951), p. 228-241.

24 Sur ces forteresses, et le changement de stratégie, voir K. Fowler, « Les finances... », op. cit. n. 19, p. 57, 67-70.

25 Voir les nominations de Jean, duc de Bedford, en 1434, de Humphrey, duc de Gloucester en 1435, d’Edmund, duc de Somerset, en 1451, et de Richard, duc d’York, en 1454, qui ont tous pris le titre de lieutenant ainsi que de capitaine (Calendar of the French Rolls : Henry VI, dans le 48th Report of the Deputy Keeper of the Public Record Office [Parliamentary Papers, Reports, Commissioners, &c., XLIV, Appendix], p. 306, 307, 389, 401). Seuls deux individus ont pris des titres autres que lieutenant au XIVe siècle. Pendant les années de paix (1360-1369), Henry Scrope fut nommé gouverneur des lieux sous le contrôle des Anglais autour de Calais, ainsi que capitaine de la ville. Avec le recommencement de la guerre, Humphrey, comte de Hereford, fut nommé capitaine et lieutenant pour une période brève en 1369 (Rymer, Foedera, op. cit. n. 8, ΙII, 2, p. 866).

26 K. Fowler, « Les finances... », op. cit. n. 19, p. 67-70, 73-74.

27 K. Fowler, The King’s Lieutenant..., op. cit. n. 11.

28 Ibid., p. 186.

29 Pour les lieutenants en Bretagne, voir M.C.E. Jones, « Edward III’s Captains in Brittany », op. cit. n. 17 ; « Sir John de Hardreshull, king’s lieutenant in Brittany, 1343-345 », Nottingham Medieval Studies, 31 (1987), p. 76-97, et « Guillaume, sire de Latimer, et la Bretagne : un nouveau témoignage (1365) », dans Charpiana. Mélanges offerts par ses amis à Jacques Charpy, A. Boulaire et al. dir., Bannalec, Fédération des sociétés savantes de Bretagne, 1991, p. 257-265.

30 Rymer, Foedera, op. cit. n. 8, ΙII, 2, p. 982.

31 En attendant la publication de sa biographie par K. Fowler dans The New Dictionary of National Biography, voir Id., « Deux entrepreneurs militaires au XIVe siècle : Bertrand du Guesclin et Sir Hugh Calveley », dans Le Combattant au Moyen Âge, 2e éd., Paris, Publications de la Sorbonne, 1995 (Histoire ancienne et médiévale, 36), p. 243-256.

32 Voir l’étude de X. Védère sur Robert Swynburne et son fils, Thomas (Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde, 1943, p. 5), et Id., « Le tombeau des Swynburne, maires de Bordeaux » (ibid., n.s., 1, p. 113-116). Thomas était capitaine de Guines en 1391 – 1394 et de Hammes en 1397. William Swynburne était capitaine de Mark en 1415.

33 Voir J. Le Patourel, « L’occupation anglaise... », op. cit. n. 23, p. 235 ; « Edward IIΙ and the Kingdom of France », op. cit. n. 19. p. 180-187 ; « L’administration ducale... », op. cit. n. 16, p. 145, et « Édouard IIΙ “roi de France...” », op. cit. n. 19.

Table des illustrations

Légende Carte 1. La frontière de Calais au XIVe siècle
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Légende Carte 2.
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