Les hommes de pouvoir à Orléans et le service de l’État (fin XIVe-début XVe siècle)
p. 117-132
Texte intégral
1De 1392 à 1498, les liens étroits qui associaient Orléans à la monarchie furent théoriquement et périodiquement distendus par la constitution de l’apanage d’Orléans que le roi Charles VI constitua en faveur de son frère cadet Louis de Touraine en juillet 1392.
2Or c’est durant cette période que la cité ligérienne joua un rôle déterminant dans l’histoire de la monarchie, qu’elle contint les Anglais au pied des remparts de la fidélité, qu’elle accueillit Jeanne d’Arc dans ses murs et qu’elle lui apporta le concours de ses hommes ainsi que celui de ses moyens matériels et financiers dans un triple but : faire lever le siège – ce qui advint le 8 mai 1429 –, renverser ainsi le cours de la guerre et assurer définitivement Charles VII sur son trône.
3Une telle situation n’était paradoxale qu’en apparence. Elle s’explique fort bien si l’on prend conscience qu’à Orléans le service de l’État n’avait jamais été interrompu. Il était exercé en effet par les deux principales parties prenantes, d’une part les hommes du duc, qui étaient avant tout les hommes du roi et, d’autre part, les Orléanais qui se considéraient en premier lieu comme les sujets du souverain et les serviteurs de sa politique.
4Plusieurs thèmes se dégagent alors dans cette perspective, celui du service de l’État à Orléans à la fin du XIVe siècle et celui des fonctions, du recrutement et de la gestion des hommes de pouvoir au cours de cette même période.
Le service de l’État à Orléans à la fin du XIVe siècle
Les hommes du roi : premiers serviteurs de l’État à Orléans et dans l’apanage
5Trois facteurs déterminants ont contribué à assurer la pérennité du lien entre la cité ligérienne et la monarchie. L’ancienneté de son appartenance au domaine royal tout d’abord, puisqu’elle en fit partie intégrante durant quatre siècles. À l’exception d’une courte période de 31 ans (de 1344 à 1375) consécutive à la création du premier apanage d’Orléans par Philippe VI de Valois en faveur de Philippe, frère puîné de Jean II le Bon et oncle de Charles V, la gestion directe de ce domaine fut assurée de 987 à 1392 par les Capétiens et par les Valois.
6Les conséquences d’une telle continuité furent durables. Pendant près de quatre cents ans, la population orléanaise avait été accoutumée aux institutions royales et donc à la présence des hommes du roi. De ce fait, l’insertion de cette dernière s’était faite naturellement dans le cadre des circonscriptions territoriales capétiennes, que ces dernières aient été aussi anciennes ou presque que la dynastie (châtellenies et prévôtés dont la plus importante était celle d’Orléans) ou qu’elles aient été mises en place plus tardivement, tel le bailliage d’Orléans qui se constitua à la fin du XIIe siècle1. L’acceptation de l’autorité des hommes du roi résultait de cette même durée. Deux officiers le représentaient plus directement : le prévôt et le bailli. Plus proche des habitants de la capitale ligérienne, le premier garantissait au nom du souverain les privilèges de l’Université2 et des bourgeois, ainsi que les statuts des métiers3. Responsable de l’administration bailliagère, surtout au plan judiciaire, le second détenait en outre les charges de capitaine de la Ville et de capitaine de la Tour neuve, partageant ainsi la responsabilité de la défense urbaine avec la municipalité. Ainsi se trouvait renforcé le sentiment qu’éprouvaient les Orléanais d’être avant tout des sujets du roi.
Le service de l’État à Orléans au temps du deuxième apanage
7Lorsqu’il constitua, le 4 juin 1392, cet apanage, Charles VI avait deux objectifs : augmenter les revenus du bénéficiaire, son frère unique Louis de Touraine, et lui permettre de tenir le rang qui était le sien, celui de premier prince du sang.
8Au plan territorial, rien ne changeait, le duché se substituant au bailliage4 et en conservant naturellement les limites.
9Au plan institutionnel, les hommes du roi s’effaçaient officiellement devant ceux du duc5. Au prévôt royal succédait un prévôt ducal6 qualifié de garde de la prévôté7. Au bailli du roi était substitué le gouverneur du duché8. En apparence, tout était changé. En fait, seule la titulature était modifiée puisque les hommes du duc étaient d’abord les hommes du roi.
10Trois facteurs contribuèrent à ce maintien.
111) La tradition d’abord, car il eut été pour le moins politiquement maladroit de heurter de front les populations orléanaises qui se sentaient toujours sujettes du roi mais ne se considéraient pas encore sujettes du duc.
122) La communauté d’intérêts des princes Valois joua un rôle analogue tout au long du XVe siècle. Dans un premier temps, de 1392 à 1407, Charles VI et son frère Louis avaient été unis par des liens politiques étroits, le duc d’Orléans tenant depuis longtemps une place de premier plan au sein du Conseil royal et se montrant par là même plus préoccupé de la gestion du royaume que de celle de son duché. Les deux princes avaient en effet les mêmes soucis : éviter de bouleverser un système de gestion qui maintenait la cohérence entre le domaine royal et l’apanage ; consolider leur solidarité financière puisque les trois quarts des revenus ducaux étaient assurés, certaines années du moins, pour un quart par l’impôt royal et pour la moitié par les dons royaux et par les pensions et autres largesses du souverain9.
13L’assassinat de Louis d’Orléans le 23 novembre 1407 ne mit pas un terme à cette communauté d’intérêts, bien au contraire. Dans un second temps, celui de Charles d’Orléans, celle-ci perdura de 1407 à 1465, le duché demeurant en effet un élément essentiel de la politique des princes Valois : celle du duc puisque l’apanage lui procurait l’essentiel des revenus indispensables au paiement de sa rançon10 ; celle du roi puisque son territoire constituait un glacis couvrant au nord le royaume de Bourges à l’époque de la guerre contre les Anglais.
143) La volonté politique d’assurer la continuité du service de l’État fut le troisième facteur du maintien en place des hommes du roi. Elle s’exprime dès l’origine par la mise en place d’une commission ducale chargée, à partir du 15 juillet 1392, d’assurer la prise de possession de l’apanage au nom du duc absent. Sa composition en porta un premier témoignage puisqu’elle comprenait trois officiers qui étaient ceux du roi avant d’être ceux du duc. Amaury d’Orgemont, qui agissait en tant que chancelier de ce dernier, était d’abord un conseiller et maître de l’Hôtel du roi11. Jean Prunelé était un chambellan du roi12 avant d’être celui du duc. Enfin, Hugues de Guingant, qui intervenait en qualité de secrétaire de Louis d’Orléans13, était en fait un greffier de la Chambre des comptes du roi à Paris.
15Mais ce fut aussi et peut-être plus encore par son action que cette commission ducale fit passer dans les faits cette volonté politique. Elle confirma en effet dans leurs fonctions la plupart des officiers toujours en place, imposant ainsi une solution sans doute conçue au plus haut sommet de l’État : faire des hommes du roi les hommes du duc en maintenant en fonction les premiers en place pour qu’ils assurent, en accord avec les populations administrées, la continuité du service de l’État tout en faisant en sorte que le service du duc soit assuré par ses propres officiers.
Fonctions, recrutement et gestion des hommes de pouvoir
16Hommes du roi le plus souvent, comme nous l’avons déjà constaté, hommes de la Ville parfois recrutés au sein des familles orléanaises les plus importantes, comme nous le constaterons ci-dessous, les hommes du duc ont permis aux princes Valois (roi et duc) de constituer un important groupe d’hommes de pouvoir dont les fonctions spécialisées ont commandé les mécanismes de recrutement aux fins d’assurer, avec le maximum d’efficacité, le gouvernement et l’administration de l’apanage et de sa capitale ligérienne.
Leurs fonctions
17Ces hommes de pouvoir sont les détenteurs de postes clés qui se situent à trois niveaux : celui du gouvernement ducal, celui de l’administration centrale et enfin celui de l’administration locale.
18Au niveau du gouvernement apanagé, trois postes essentiels requièrent la désignation d’hommes de confiance et de haute compétence.
L’office de chancelier14 est le plus important. Responsable politiquement devant le duc ou devant son lieutenant (tel Jean, comte de Dunois15) voire devant le roi, son détenteur présidait en droit le Conseil ducal en l’absence du duc et en fait la Chambre des comptes de l’apanage.
L’office du général sur le fait des finances16 était non moins important. Chargé de vérifier les états prévisionnels des finances et l’ensemble des comptes avant l’intervention de la chambre de ce nom, son titulaire expédiait les actes ducaux à portée financière et détenait par voie de conséquence la haute main sur les finances de l’apanage sous l’autorité du duc, seul ordonnateur des dépenses17.
Troisième haut responsable du gouvernement ducal, le trésorier général18 jouait un rôle non moins essentiel au sein de celui-ci puisqu’il encaissait les revenus du domaine (et notamment les revenants-bons des recettes particulières) et réglait les dépenses du duc et celles des siens (membres de sa famille et serviteurs).
19Au niveau de l’administration centrale, trois officiers jouaient également un rôle essentiel. En premier lieu, le gouverneur, qui exerçait les fonctions de bailli et qui restait le représentant du roi à Orléans19. Ses charges étaient par conséquent nombreuses et variées. D’abord sur le plan militaire, puisqu’il était à la fois capitaine de la Ville20 et capitaine de la Tour neuve21 Ensuite sur le plan municipal puisqu’il était commis par le roi pour vérifier la reddition des comptes22 Enfin et peut-être surtout, il détenait d’importantes responsabilités judiciaires. C’est à lui en effet qu’incombait la présidence des assises du bailliage, déléguant souvent l’exercice de cette fonction à son second, le lieutenant général23. Issus de familles célèbres, les gouverneurs connaissaient par conséquent les rouages de la cité, ses familles et ses hommes, leurs traditions et leurs difficultés, particulièrement en temps de guerre24. Deuxième officier responsable important de l’administration centrale de l’apanage, le lieutenant général du gouverneur jouait un rôle de trait d’union entre les détenteurs pouvoir princier et la « Bonne ville »25. Relégué en fait au troisième rang hiérarchique, le receveur du duché était un officier itinérant de moindre rang, subordonné au gouverneur26. À ce rang, il percevait les revenus du domaine27 et avait mission d’établir les comptes dont il était responsable, assisté éventuellement de clercs de la ville et de lieutenants dans les principales localités du duché28.
20Au niveau de l’administration locale, un office retient plus particulièrement l’attention, celui de prévôt d’Orléans ou plus exactement de garde de la prévôté de la ville29. Officier de justice, police et finances, ce prévôt était placé sous l’autorité directe du gouverneur (ses relations avec ce dernier étant facilitées par la localisation de l’hôtel de la Prévôté qui avait été édifié entre l’église Saint-Hilaire où se tenait l’assemblée des habitants et le Châtelet où siégeait le gouverneur30. Il représentait en fait le pouvoir princier à Orléans ayant qualité pour contrôler et valider les actes des agents subalternes, notaires au Châletet, sergents du duc...31 Agent domanial par excellence, il intervenait dans tous les domaines. C’était lui qui faisait appliquer les décisions du roi et du duc. Chargé de maintenir l’ordre en leur nom, le cas échéant, il pouvait à ce titre prononcer et faire exécuter ses sentences. Pour assurer ses tâches, il était assisté de deux adjoints qui lui étaient subordonnés : un lieutenant32 et un garde du sceau ou garde du sceau et des contrats33. Ses pouvoirs étendus lui permettaient de donner des vidimus des actes de nomination à diverses charges, telles celles de sergent du guet34 ou de concierge au Châtelet...35. Son autorité était d’ailleurs régulièrement rappelée dans les documents officiels.
Le recrutement des hommes de pouvoir et ses critères
21Aucun critère explicite ne dictait le choix des hommes de pouvoir, mais dans les faits et dans la pratique, on s’aperçoit que quelques règles et principes de bon sens le déterminaient plus ou moins consciemment.
22Premier critère : la compétence juridique. La recherche de cette compétence demeurait déterminante, celle-ci ayant été acquise en général à l’université d’Orléans. C’est vrai pour les chanceliers Jean Davy36 (1409-1414) et Guillaume Cousinot37 (1414-1436/1441), qui étaient respectivement docteur et licencié en droit. C’est vrai également pour les lieutenants généraux des gouverneurs qui étaient aussi gradués de l’université. Jean Dutertre38 (1413-1419) et Hervé Lorens39 (1419-1456) étaient licenciés en droit, de même que Louis de Cepoy40, pourtant simple receveur (1392-1396).
23Deuxième critère : l’expérience professionnelle. La recherche d’une telle expérience en matière administrative était tout aussi importante. Attestant une bonne connaissance de la politique royale, de ses cadres juridiques et de ses pratiques quotidiennes, le service au sein des institutions monarchiques constituait un atout de poids pour ceux qui avaient eu le privilège d’en bénéficier et dont la fidélité à la personne du souverain avait ainsi été scellée. À ce titre, l’Hôtel du roi et les différentes cours souveraines constituaient un vivier de qualité.
24Au sein de la première de ces institutions avait été choisi un maître des requêtes, celui qui fut de 1392 à 1395 le premier chancelier du duché, Amaury d’Orgemont41. Parmi les avocats et les conseillers du parlement de Paris avaient été recrutés deux autres chanceliers ducaux. Pierre L’Orfèvre42 (1395-1409) et Guillaume Cousinot43 (1414-1436/1441) ainsi qu’un bailli/gouverneur Audry Marchant44 (1418-1427). C’est de la Chambre des comptes du roi qu’étaient issus les deux membres fondateurs de la Cour des Comptes de l’apanage, Jean Meusnier45 (1392-1406) et Hugues de Guingant46 (1391-1410). Enfin, c’est un membre de la Chambre des aides du roi, le général conseiller aux aides à Paris, Jean Le Flament (1391-1395 ; 1405-1407), qui exerça de 1395 à 1407 les fonctions de général sur le fait des aides du duc47.
25Si les cours souveraines formaient une excellente école d’apprentissage de la vie publique et administrative, les institutions bailliagères n’étaient pas en reste. Deux gouverneurs et un chancelier au moins y avaient fait leurs premières armes : Pierre de Mornay48 qui demeura au poste de gouverneur pendant quatorze ans, de 1404 à 1418, était en effet un ancien sénéchal de Carcassonne. Audry Marchant qui lui succéda de 1418 à 142749 était au moins autant sinon plus expérimenté sur le plan professionnel puisque cet ancien (1389-1413) et futur (1433-1439) membre du Parlement de Paris50 avait été auparavant garde de la Prévôté de Paris de 1413 à 141551, bailli de Chartres en 141552, bailli de Sens et d’Auxerre de 1415 à 141753 et bailli d’Évreux de 1417 à 141854, toutes fonctions qui lui avaient permis de bien connaître les hommes et les institutions du domaine royal.
26Quant à Jean Davy, seigneur de Sainte-Péravy, il ne fut chancelier du duc de 1409 à 1414 qu’après avoir exercé lui aussi de 1406 à 1409 les fonctions de bailli à Rouen55.
27Troisième critère les liens de solidarité. Des liens de solidarité personnelle très étroits unissaient généralement les serviteurs soit à leurs Princes, soit aux sujets de ces derniers. À l’évidence, ces liens ont dû peser plus souvent qu’on ne le croit d’un poids décisif en de nombreuses circonstances. Mais à y regarder de près, leur importance relative semble bien avoir varié selon la nature des postes à pourvoir.
28Les liens avec les princes furent privilégiés dans les postes de décision. Pour les occuper, des membres de l’entourage immédiat de ces derniers, et notamment des hommes de cour furent naturellement désignés. C’est ainsi que les quatre premiers gouverneurs du duché appartenaient à ce milieu en qualité de chambellans du roi et du duc. A titre d’exemple, Audry Marchant56 et Raoul de Gaucourt57 furent respectivement l’un « conseiller du roi », l’autre « conseiller et chambellan du roi », fonctions qui leur assuraient à la fois prestige et renommée au sein de l’apanage, fonctions qui leur donnaient aussi la possibilité d’intervenir le cas échéant en haut lieu pour défendre les intérêts des populations qu’ils administraient, et notamment de celles qui habitaient à Orléans.
29Le duc recrutait aussi son entourage au sein du milieu social auquel il appartenait : la noblesse. Il retenait ainsi dans ses offices des hommes qui en possédaient les signes distinctifs : la chevalerie, à laquelle appartenaient les trois premiers gouverneurs ducaux : Jean Prunelé, Pierre de Mornay, Audry Marchant58 ; la seigneurie foncière qui assurait à ses détenteurs l’aisance matérielle et le réseau relationnel indispensable à ceux qui ambitionnaient l’exercice des plus hautes responsabilités. Il en était ainsi de deux des gouverneurs déjà cités, Jean Prunelé59 et Pierre de Mornay60 qui étaient seigneurs fonciers, le premier à Herbault à l’ouest de Blois61, le second à La Ferté-Nabert62 au sud d’Orléans. Π en était de même du chancelier Jean Davy (alias d’Avy), qui était seigneur de Saint-Peravy-Epreux près de Pithiviers63.
30L’appartenance à la noblesse se révélant être le critère essentiel de recrutement des serviteurs de l’État, le prince n’hésita pas à l’octroyer aux meilleurs d’entre eux : en 1388 au conseiller et auditeur de la Chambre des comptes de l’apanage, Hugues de Guingant64 ; en 1440 au général conseiller sur le fait des finances du duc, Jean Le Fuzelier65, élargissant ainsi aux anoblis le premier ordre dont les membres devaient jusque-là à leur seule naissance et les droits et les responsabilités dont ils étaient investis par le roi et par le duc.
31Les solidarités familiales jouaient enfin un rôle considérable dans le choix des hommes ayant pouvoir de décision dans le duché. Le poids des parentèles était particulièrement fort au sein du milieu parlementaire où se recrutaient les chanceliers de l’apanage. Pierre l’Orfèvre66, chancelier de 1395 à 1409 n’était-il pas le beau-père de Guillaume Cousinot, son deuxième successeur dans l’office ? Ce dernier n’était-il pas, quant à lui, beau-père de Simon Davy, peut-être parent du chancelier Jean Davy67 ? Il apparaît donc que le personnel dirigeant, du moins ceux de ses membres qui accédaient aux plus hautes charges de l’État (royal ou princier) appartenait à un milieu politique et social très étroit. C’était « un tout petit monde » dont les liens avec le prince étaient renforcés par ceux que tissaient entre eux les solidarités familiales dont les ramifications s’étendaient aussi bien dans les principales cités ligériennes que dans la capitale du royaume.
32Le recrutement des titulaires des postes de second rang posait des problèmes de nature différente. Dans leurs choix le duc, ou ses représentants, devaient, dans leur propre intérêt, sélectionner des hommes d’expérience et de talent au contact quotidien des administrés dont il fallait gagner ou conserver la confiance. Par conséquent, ce choix se porta plutôt sur des personnalités locales pour lesquelles il faisait jouer une double solidarité : les solidarités sociales non pas au sein de la noblesse, mais de la bourgeoisie dont la cohésion était également très forte ; les solidarités territoriales, qu’elles aient été ligériennes ou orléanaises.
33Les principes qui guidèrent ces choix variaient naturellement en fonction de la spécificité des postes à pourvoir. Dans le cas des offices purement financiers – Général conseiller sur le fait des finances, Trésorier général, Receveur des finances orléanaises – appel était fait à des officiers locaux, souvent modestes mais ayant, qualité primordiale, une bonne connaissance des hommes et du milieu dans lequel ils vivaient. Parmi les plus célèbres, il faut citer Pierre Renier et Jacques Boucher, tous deux trésoriers généraux des finances. Le premier, mort en charge avant le 3 mars 1422, était bien inséré dans la société orléanaise68. Marié à Blanche Meugine, il eut d’elle un fils, Pierre, « licencié de lois et archidiacre de Dunois en l’église de Chartres »69. Sa fonction lui permit, semble-t-il, d’acquérir « un hostel couvert d’esseaume, rue du Petit Puits, paroisse Saint-Donacien »70, ce qui conforta sa position au cœur même de la cité, non loin du Châtelet et du siège du pouvoir municipal.
34Jacques Boucher, son successeur de 1421 à 1443, joua un rôle et acquit un prestige encore plus important dans la capitale ligérienne71. Il avait commencé sa carrière comme « receveur des aides octroyées à monseigneur le duc d’Orliens, es terres qu’il a ès villes et chastellenies de Chasteaudun, Bonneval et Vendôme »72 en octobre 1412. Il la poursuivit de 1421 à 1443 en qualité de trésorier général, fonction qu’il exerça donc lors du siège par les Anglais en 1428-1429. Avec son parent, le chancelier Guillaume Cousinot73, il fut l’une des figures les plus marquantes de la scène politique et administrative orléanaise durant les deux décennies, au cours desquelles il exerça sa charge. Par les messages qu’il lui fit alors parvenir en Angleterre, il permit au duc Charles d’Orléans de rester informé, au temps de sa captivité, de la situation financière de sa principauté et de sa capitale ligérienne74. Par son action vigoureuse et plus particulièrement par le rôle qu’il joua dans le financement de l’effort de guerre Orléanais, notamment en 1429, il contribua à la défense victorieuse de la ville et du duché75 à l’heure même où il eut l’insigne honneur de recevoir Jeanne d’Arc dans son hôtel de la Porte Renard lors de son bref passage à Orléans76. Son envergure politique et son prestige dépassèrent ses fonctions originelles. En épousant Jeanne Luillier (ou L’Huillier), fille de Jean Chariot Luillier, procureur de la ville77, il s’était allié à l’une des familles marchandes les plus riches de la ville. De tels soutiens facilitèrent l’acquisition à Saint-Laurent-des-Orgerils, en juin 1435 d’une maison au prix de 60 saluts d’or78, bien qui ne représentait d’ailleurs qu’une faible partie de sa fortune immobilière79. Certes, les circonstances avaient joué en faveur de Jacques Boucher, mais elles témoignent que la réussite sociale de certaines familles orléanaises a pour le moins été confortée sinon même assurée par le service de l’État.
35Dans les offices dont les titulaires avaient principalement en charge les problèmes d’ordre judiciaire et policier, le prince ou son représentant, le gouverneur, faisait un appel quasi exclusif à des membres de grandes familles de la bourgeoisie municipale qui avaient ainsi l’honneur et la responsabilité de devenir des hommes du pouvoir. Cela est très net dans le cas du lieutenant général du gouverneur auquel ce dernier confiait la charge de présider les assises du bailliage.
36Quatre titulaires de cette charge accédèrent à la notoriété en l’exerçant : Guillaume Haultbois (1392-1395)80 qui devait détenir ensuite pendant cinq ans la Garde de la Prévôté d’Orléans (1395-1400) ; Pierre de Saint-Mesmin (1404-1412)81, Girart Boillève (1412-1413)82 et Hervé Lorens (1419-1456)83. Tous avaient exercé d’importantes responsabilités dans l’administration urbaine en tant que receveur ou procureur.
37Le recours à la bourgeoisie municipale était encore plus systématique au niveau inférieur de T administration locale mais à un poste clé pour le maintien de l’ordre public, celui de prévôt d’Orléans qui était au contact immédiat et quotidien des « manans et habitants » de la ville.
38Agent domanial par excellence, le prévôt d’Orléans intervenait naturellement, avec l’aide de ses adjoints84, nous l’avons vu, dans tous les secteurs de la vie publique pour faire appliquer les décisions du roi et celles du duc et pour garantir, en leur nom, les droits et privilèges de chacune des composantes du corps social85. Disposant à cet effet de larges pouvoirs de décision et de coercition86, il devait, pour réussir dans sa mission, faire accepter aux Orléanais l’exercice qu’il en faisait. Et pour ce faire, il valait mieux être issu de leurs rangs. Pour pourvoir ce poste pour le bien et le service de l’État, il a donc été fait appel systématiquement aux membres les plus en vue des grandes familles de la bourgeoisie municipale, qui s’y sont d’ailleurs succédé à un rythme rapide87, cette instabilité des hommes soulignait la difficulté de la tâche qui leur était impartie. Elle ne rebuta pas des lignages Orléanais illustres qui placèrent plus ou moins brièvement l’un des leurs dans cette charge, dont le prestige contribuait à accroître leur influence tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des remparts : les Boillève88, les Tarenne89, les Gaillart90, les Ruzé91.
39Dommageable pourtant à la bonne administration du domaine en temps de paix, une telle instabilité ne pouvait convenir en période de crise. Consciemment ou non, l’autorité princière y porta remède au temps de la querelle des Armagnacs et des Bourguignons et de la guerre anglaise, en conférant alors la longévité aux mandats d’Alain Dubey (1408-1428)92 et de Jean Le Prestre (1428-1431 et 1443-1454)93, deux personnalités orléanaises dont le souvenir a été d’autant moins oublié qu’ils connurent les prémices, puis les affres du siège qu’illustra Jeanne d’Arc.
Les serviteurs de l’État à Orléans et les modalités de leur gestion
40Quelles qu'aient été leur appartenance sociale, leurs connaissances juridiques ou leur notoriété personnelle ou familiale, les serviteurs de l’État à Orléans ont assuré la gestion des affaires publiques en bénéficiant de deux modalités qui transparaissent à la lecture des documents conservés et qui se révèlent particulièrement favorables à l’efficacité administrative même si on peut en discuter la portée : sa concentration en un nombre de mains très réduit ; sa stabilité relativement étonnante en un siècle de crise.
41La concentration de la gestion se marque d’abord au niveau des offices. Sept seulement avaient en charge au plus haut niveau la défense à la fois des intérêts du roi et du duc94. Leurs titulaires furent très peu nombreux entre 1392 et 1450 puisque, dans ce laps de temps, le duché compta seulement trois trésoriers généraux (ce fut un minimum)95 et sept lieutenants généraux du gouverneur (ce fut un maximum)96 compte non tenu du cas particulier des prévôts d’Orléans.
42Concentration aussi au niveau des Conseils. Deux d’entre eux élaboraient la politique ducale et contrôlaient la gestion de l’apanage : le Conseil ducal (appelé parfois « Grand Conseil ducal ») et la Chambre des comptes, l’un et l’autre présidés également par le même officier, le chancelier.
43Étonnante surtout pour un temps de crise, la remarquable stabilité de la gestion eut de nombreux avantages. En premier lieu, elle mit les officiers à l’abri des aléas du pouvoir. C’est ainsi que les trois trésoriers du duché moururent en charge après de très longues mandatures, vingt ans pour Jean Poulain97, douze ans pour Pierre Renier98 et vingt-deux ans pour Jacques Boucher99. En second lieu, cette exceptionnelle longévité des principaux serviteurs de l’État à Orléans a dû (ou aurait dû) aider à la constitution de véritables équipes politiques et administratives, facilitant l’exercice du pouvoir d’État dans la ville et dans l’apanage, et ceci surtout à la fin de la période étudiée, les mêmes hommes ayant été habitués à travailler ensemble pendant de nombreuses années, de huit à trente-sept ans selon les cas, la moyenne pouvant être fixée à vingt ans environ.
44La présentation synoptique de la génération d’officiers qui détenaient les postes de responsabilité à Orléans et dans l’apanage dans les années 1415-1450 est d’ailleurs particulièrement riche d’enseignements, car c’est elle qui affronta la tourmente du siège et la difficile épreuve de la reprise urbaine. Le tableau illustrant cet article en porte témoignage.
Charge | Détenteur de la charge | Période | Nombre d’années |
Chancelier | Guillaume Cousinot100 | 1414-1436 | 22 |
Général conseiller des Finances | Nicole Le Dur101 | 1413-1436 | 23 |
Trésorier général | Jacques Boucher102 | 1421-1443 | 22 |
Gouverneur | Raoul de Gaucourt103 | 1427-1461 | 34 |
Lieutenant général du gouverneur | Hervé Lorens104 | 1419-1456 | 37 |
Receveur | Robin Baffart105 | 1419-1450 | 31 |
45Une telle stabilité des hommes et des équipes est peut-être aussi l’un des éléments explicatifs de la capacité de résistance que la Ville et l’apanage opposèrent aux contrecoups de la querelle des Armagnacs et des Bourguignons et à ceux de la guerre anglaise au temps du siège.
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46Au terme de cette rapide étude dont les officiers subalternes ont été volontairement écartés, quelques constats s’imposent. Qu’ils aient été hommes du roi ou hommes de la ville, les hommes du duc ont été avant tout, de 1392 à 1498, les serviteurs de l’État royal.
47Certes, le roi avait pu céder le duché, ou tout au moins une partie de ses revenus, à son frère puîné pour lui permettre de tenir son rang de premier prince du sang, mais il n’avait jamais eu l’intention de lui abandonner la réalité du pouvoir dans une ville, dans un duché que la monarchie avait toujours contrôlé depuis l’avènement des Capétiens en 987.
48L’absence du duc a facilité le maintien de ce contrôle mais elle n’aurait pu être suffisante pour affermir l’autorité royale si le souverain et les conseils n’avaient eu l’habileté d’assurer à Orléans la permanence du service de l’État, et surtout s’ils n’avaient pas eu l’habitude encore plus grande d’intégrer à ce dernier service non seulement les hommes de la ville, pourvus de charges publiques par les princes, mais encore ses magistrats et ses habitants après que leur eut été accordé l’autonomie municipale, le droit de lever des aides, de percevoir l’apétissement de la taille du vin, de participer à l’effort de guerre et à l’illustration de ses succès au cours de fêtes et de processions où la ville tout entière se reconnaissait le serviteur privilégié de l’État royal, un serviteur auquel il faudrait porter une plus grande attention. Mais le cadre ponctuel de cette étude ne le permettait pas.
Notes de bas de page
1 Histoire d’Orléans et de son terroir, 1., Des origines à la fin du xvie siècle, J. Debal dir., Roanne, 1983, p. 276. De création plus récente que la prévôté, le bailliage est né de la désignation par le roi d’un bailli dont la présence à Orléans est attestée pour la première fois par un document de la fin du xiie siècle (vers 1198).
2 Il semble que le bailli ait accaparé progressivement certains fonctions primitivement détenues par le prévôt d’Orléans. Il en serait ainsi des « previlleges du l’université d’Orléans », dont le gouverneur est qualifié en 1404 de « conservateur de par le roi ». AN, R* 4/320, fol. 203v.
3 AD Loiret, A 2196, fol. 1. Prévôt royal d’Orléans, Jean d’Avesnes confirma les statuts des métiers le 25 août 1380.
4 J. Thibault, Orléans à la fin du Moyen Âge vers 1380-vers 1450, Paris, 1997, t. 2, p. 446-451.
5 AN, K 54, 19 ; KK 176, 19, A. Dupré, « Documents inédits sur l’Orléanais », Mémoires de la Société archéologique et historique de l’Orléanais [= MSAHO], 11/22 (1868), p. 398-399 : « Comme notre très cher seigneur, Monsieur le Roi nous ait baillé, cédé et transporté pour notre apanage [...], la duchée d’Orléans, toutes ses appartenances et appendences... ».
6 E. Jarry, « Liste complète des prévôts d’Orléans, de 1392 à 1568 ». Bulletin de la Société archéologique et historique de l’Orléanais [= BSAHO], 14 (1905-1907), p. 472-475.
7 BNF, nouv. acq. fr„ 3653, no 538.
8 AD Loiret, A 1979, fol. 28v. Guillaume Quenault, bailli d’Orléans en 1387, était désigné comme « gouverneur du bailliage » dans les registres des assises.
9 M. Nordberg, Les Ducs et la Royauté. Études sur la rivalité des ducs d’Orléans et de Bourgogne, 1392-1407, Uppsala, 1964, p. 21 et 22. Cette « solidarité » étroite entre les finances royales et les finances ducales apparaît nettement à la lecture du compte de Jean Poulain pour l’année 1404-1405.
10 J. Thibault, « Un prince territorial au XVe siècle : Dunois, Bâtard d’Orléans », BSAHO, n.s., 14/116 (1997), p. 12-16.
11 L. Richard, Les finances du duché d’Orléans et leur administration (1392-1440) [thèse pour le diplôme d’archiviste-paléographe], Paris, 1994, t. 1, p. 112.
12 Ibid..
13 Ibid..
14 Ibid., p. 58-60. R. Boucher de Molandon, « Jacques Boucher, sieur de Guilleville et de Mézières, trésorier général du duc d’Orléans en 1429 », MSAHO, 22 (1889), p. 383 et suiv. Fidèles serviteurs du duc, les chanceliers gérèrent le duché avec détermination, en particulier pendant la captivité de Charles d’Orléans.
15 AD Loiret, CL 549 (1425-1427), IX, fol. 17v et 18 ; AD Loiret, CC 653 (1426-1428), I, fol. 11.
16 L. Richard, op. cit. n. 11, p. 64-65.
17 Ibid., p. 64.
18 Ibid., p. 67 et 725. R. Boucher de Molandon a bien mis en valeur la rôle du trésorier général au sein de l’apanage dans l’importante monographie qu’il a consacré à Jacques Boucher, titulaire de cet office de 1421 à 1443 (cf. supra, n. 14).
19 AD Loiret, 6 J 18, no 1, Les gouverneurs étaient chargés avant tout de faire appliquer les décisions royales.
20 L. Richard, op. cit. n. 11, p. 119. À cet effet il était appelé capitaine ou gouverneur (AD Loiret, CC 540 [1403-1405], fol. 2 ; CC 542 [1409-1411], VI et VIII ; CC 558 [1461-1463], LI, fol. 72). Jean Prunelé (1392-1404), Pierre de Mornay (1404-1418), Audry Marchant (1419-1427), Raoul de Gaucourt (juin 1427-juillet 1461) et Jean Foucault (1461-14...) exercèrent successivement cette charge (AD Loiret, CC 542 [1409-1411], XVII, fol. 16). Il intervenait aussi directement dans la défense de la cité en inspectant ses fortifications par lui-même ou par l’intermédiaire de son délégué.
21 L. Richard, op. cit. n. 11, p. 119.
22 F. Michaud-Fréjaville, « La forteresse d’Orléans, xive-xve siècle », dans Le paysage urbain au Moyen Âge, Lyon, 1981, p. 64 ; AD Loiret, CC 537 (1391-1393), fol. 43v ; CC 540 (1403-1405), I, fol. 7.
23 AD Loiret, 6 J 21, no 97-98 ; 6 J 22, no 221-222. Le gouverneur présidait le plus souvent les Grands Jours ducaux assisté d’un greffier.
24 AD Loiret, CC 654 (1434-1436), III. Raoul de Gaucourt (le gouverneur au temps du siège) participait étroitement à la vie de la cité. Son autorité reconnue semblait bien acceptée comme peuvent l’attester les nombreux dons de vins ou autres produits alimentaires de qualité que les procureurs de la ville lui offraient pour obtenir ses bonnes grâces et pour lui témoigner leur sollicitude.
25 Cf. infra n. 80 à 83 et n. 94.
26 L. Richard, op. cit. n. 11, p. 124-127. Cinq receveurs se succédèrent de 1392 à 1450 : Louis de Cepoy (1392-1395), Guillaume Le Moine (1395-1401), Jean Mahy (1401-1408), Oudin Bernard (1408-1418/1419) et enfin Robin (ou Robert) Baffart (1419-1450).
27 Ibid., p. 128-129.
28 AD Loiret, 3 E 10136. L’un d’eux, Milet Le Chandelier, en fonction entre 1401 et 1418, était un notable de la cité. Fils d’un conseiller en cour lai d’Orléans, il poursuivit l’ascension sociale familiale en devenant notaire au Châtelet et en développant son patrimoine à l’intérieur même de la ville.
29 E. Jarry, « Liste complète des prévôts d’Orléans de 1392 à 1568 », BSAHO, t. XIV, pp. 472-475.
30 L. Jarry, « Le Châtelet d’Orléans au XVe siècle et la librairie de Charles d’Orléans en 1455 », MSAHO, 12 (1873), p. 393.
31 AD Loiret, 6 J 20, no 13 et 13 bis. 1420 ; L. Richard, op. cit n. 11, p. 124 ; AD Loiret, H dépôt 2, 1 B 140, fol. 1. Le registre de l’hôtel-Dieu pour la période 1452-1478 était intitulé : « Papiers [...] arrests et registres faits [...] par moy, Guillaume Garsonnet, clerc notaire jure de chastellet d’Orliens, Jehan le Prestre [...] garde de la prévoste [...] et Pierre Chanureux, garde du seel aux contraulx d’icelle prévoste ».
32 Cf. supra, n. 31.
33 Cf. supra, n. 30.
34 AD Loiret, 6 J 22, no 41. Nomination le 9 août 1399 de Guillemin Paste à l’office de sergenterie du guet. Vidimus de Guillaume Haultbois, garde de la prévôté.
35 AD Loiret, 6 J 21, no 32. Confirmation par le duc en 1393 de la nomination de son valet de chambre, Jean de Putot, dans l’office de concierge du Châtelet.
36 AN, R*4/320, fol. 149v ; L. Richard, op. cit. n. 11, p. 60.
37 L. Richard, op. cit. n. 11, p. 60.
38 AD Loiret, H dépôt 2, 1 B 36-41, 5e pièce. C’est dans un acte du 30 juin 1415 qu’est mentionnée la qualité de Jean Dutertre (3 E 10133, 28 mars 1421 n.st. ; 3 E 10136, 13 janvier 1431 n.st).
39 AD Loiret, 6 J 13 et 13 bis, 1420 ; CC 564 (1434-1436), fol. 19 ; L. Richard, op. cit. n. 11, p. 123 et 124. Hervé Lorens fut l’un des principaux acteurs de la scène politique et administrative orléanaise puisqu’il resta en fonction en qualité de lieutenant du gouverneur du duché d’Orléans de 1419 à 1456.
40 L. Richard, op. cit. n. 11, p. 124.
41 F. Autrand, Naissance d’un grand corps de l’État. Les gens du Parlement de Paris, 1345-1454, Paris, 1981, p. 62-63 et p. 287, n. 38.
42 Ibid., p. 64.
43 Ibid., p. 64 et 98 ; R. Boucher de Molandon, op. cit. n. 14, p. 383-384 ; J. Thibault, « Le personnel de la Chambre des comptes de Blois à la fin du Moyen Âge », dans La France des principautés, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière, 1996, p. 154.
44 F. Autrand, op. cit. n. 41, p. 184 ; G. Dupont-Ferrier, Gallia Regia ou État des officiers royaux des bailliages et des sénéchaussées de 1328 à 1515, notice 16487, t. 4, p. 310 ; L. Richard, op. cit. n. 11, p. 726.
45 J. Thibault, « Le personnel... », op. cit. n. 43, p. 152.
46 Ibid.
47 M. Rey, Les finances royales sous Charles VI. Les causes du déficit (1388-1413), Paris, 1965, p. 388 ; L. Richard, op. cit. n. 11, p. 65.
48 Ibid., p. 121-122.
49 F. Autrand, op. cit. n. 41, p. 195 et n. 276, p. 341 ; AD Loiret A 2105. Selon les quittances des gages versés par le commis à la recette d’Orléans, Robin Baffart, au gouverneur Audry Marchant, notamment le 5 novembre 1421 et le 22 septembre 1424, ce dernier était non seulement conseiller du roi mais aussi chambellan au moins depuis cette dernière date. Selon L. Richard (op. cit. n. 11, p. 726), il détenait cette dernière charge depuis octobre 1414. Cf. AD Loiret, 6 J 20, no13, 1420. Mandement d’Audry Marchant en qualité de chambellan du roi et de gouverneur du duché.
50 F. Autrand, op. cit. n. 41, p. 184.
51 G. Dupont-Ferrier, op. cit. n. 44, notice 16487, t. 4, p. 310.
52 Ibid., notice 6630, t. 2, p. 122.
53 Ibid., notice 21187, t. 5, p. 443.
54 Ibid., notice 12418, t. 3, p. 282.
55 Ibid., notice 18913, t. 5, p. 105.
56 Ibid., notice 6630, t. 2, p. 122. En passant alternativement du service du roi à celui du duc, Audry Marchant est un témoin exemplaire de l’importance considérable que le souverain attachait à l’apanage d’Orléans, qu’il entendait maintenir sous son contrôle.
57 AD Loiret, A 205. Peu après son entrée en charge, le 26 juin 1428, Raoul de Gaucourt fut qualifié de « conseiller et chambellan du roi nostre sire et de monseigneur le duc d’Orléans ».
58 L. Richard, op. cit. n. 11, p. 120-123.
59 Ibid., p. 120-121.
60 Ibid., p. 121-122.
61 Loir-et-Cher, arr. Blois, ch.-l. de cant.
62 La Ferté-Nabert, auj. La Ferté-Saint-Aubin, Loiret, arr. d’Orléans, ch.-l. de cant.
63 F. Autrand, op. cit. n. 41, p. 64. Saint-Peravy-Epreux, Loiret, arr. Pithiviers, cant. et comm. d’Outarville.
64 J. Thibault, « Le personnel... », op. cit. n. 43, p. 152 et 156. L. Richard, op. cit. n. 11, p. 723.
65 AD Loiret, 6 J 9, no34, 1141 (n.st.). Général conseiller sur le fait des finances du duc, Jean Le Fuzelier vérifiait les états comptables du duché.
66 F. Autrand, op. cit. n. 41, p. 64 et 98.
67 Ibid, p. 45.
68 L. Richard, op. cit. n. 11, p. 69 et p. 725. Pierre Renier resta en fonction de 1409 à 1421... (AD Loiret, H dépôt 2, 1 B 43). Pierre Renier eut un fils qui exerça les mêmes fonctions que lui. Ce dernier est mentionné à ce titre dans le testament de sa mère Blanche le 9 novembre 1448.
69 Ibid.
70 Ibid.
71 L. Richard, op. cit. n. 11, p. 69 et 725.
72 R. Boucher de Molandon, op. cit. n. 14, pièces justificatives, « Document A », p. 441.
73 Ibid., p. 384.
74 Ibid., pièces justificatives, « Document M », p. 460. Message du 15 avril 1433.
75 Ibid., pièces justificatives, « Document C », p. 447 ; AD Loiret, CC 550 (1429-1430), II, fol. 16.
76 R. Boucher de Molandon, op. cit. n. 14, p. 390.
77 Ibid., p. 393.
78 AD Loiret, 3 E 10151, fol. 47v.
79 R. Boucher de Molandon, op. cit. n. 14, p. 377-378. En 1449, lors du partage de sa succession et de celle de sa femme, on recensa « quatorze maisons tant à l’intérieur qu’au dehors de la ville, des bois, des prés, des vignes, des rentes foncières... ».
80 AD Loiret, A 1989, « Livre de l’expedicion des causes prises touchans monseigneur le duc d’Orléans au siège de la prévosté d’Orliens, depuis le XVIII juin 1400. [...] telles causes [...], pas maistre Guillaume Haultbois, garde de la prevosté d’Orliens (1400-1405). ».
81 L. Richard, op. cit. n. 11, p. 123.
82 Ibid., p. 123.
83 Ibid., p. 123 et 124. Bourgeois d’Orléans, lié aux plus grandes familles de la ville, dont celle des Dutertre, licencié en lois, Hervé Lorens disposait d’une solide implantation au sein d’un des plus riches lignages de la capitale ligérienne, ce qui contribua à faciliter sa carrière édilitaire.
84 Cf. supra, n. 31 et 32. AD Loiret, CC 654 (1434-1436), fol. 19.
85 AD Loiret, 3 E 10182. Lettre de commission du prévôt du 9 juillet 1440 « comme contre valeur du privilège de l’étude de l’université... ». Le prévôt ducal retrouvait donc les prérogatives et les obligations qui avaient été les siennes au temps du premier apanage, celui du duc Philippe (de Valois). Cf. supra, n. 2 et 3 ; AD Loiret, A 2196, fol. 1.
86 Cf. supra, n. 30 et 34 ; AD Loiret, A 1989 et A 1990 « Huitième papier des assignations [...] et autres appointements et exploits faits par devant nous, Guillaume Haultbois, garde de la prévosté d’Orliens » (1402-1403)
87 E. Jarry, « Liste complète... », op. cit. n. 6, p. 472-475.
88 Ibid., p. 472-475. Maître Girard Boillève fut à deux reprises « commis à la garde de la prévôté », mais son mandat n’excéda pas quelques jours : du 23 au 26 juillet 1408 et du 24 au 30 juin 1441. Détenteur de plusieurs hôtels à Orléans, il était un important propriétaire foncier.
89 Ibid., p. 472-475. Maître Louis Tarenne avait succédé à Maître Girard Boillève à la prévôté d’Orléans du 30 juin 1441 au 24 juin 1443. Son accession à ce poste avait sans doute été favorisée par les liens du sang qui l’unissaient vraisemblablement à Jean Tarenne qui avait été conseiller du duc Louis Ier d’Orléans.
90 Ibid., p. 472-475. Maître Jacques Gaillart fut garde de la prévôté d’Orléans seulement pendant 16 mois, du 21 novembre 1467 au 11 février 1469.
91 Ibid., p. 472-475. Maître Louis Ruzé conserva plus longtemps la garde de la prévôté d’Orléans, du 12 février 1469 au 2 juin 1474.
92 E. Jarry, op. cit. n. 6. p. 472-475.
93 Ibid., p. 472-475.
94 Ces sept offices se répartissaient ainsi : trois pour le gouvernement du duché : celui du chancelier (quatre titulaires de 1392 à 1436) ; celui de général conseiller (cinq titulaires de 1395 à 1436) ; celui de trésorier général (trois titulaires de 1389 à 1443) ; trois pour l’administration centrale : celui de gouverneur (quatre titulaires de 1392 à 1461) ; celui de lieutenant général du gouverneur (sept titulaires de 1392 à 1456) ; celui de receveur du duché (cinq titulaires de 1392 à 1450) ; un seul pour l’administration locale : celui du prévôt d’Orléans, qui avait de fait le pas sur tous les autres prévôts du duché parce qu’il était celui de la capitale ligérienne, mais qui fut fragilisé par une exceptionnelle instabilité (treize titulaires de 1392 à 1454).
95 L. Richard, op. cit. n. 11, p. 68, 69 et 725. Les trois trésoriers généraux furent Jean Poulain (1389-1409), Pierre Renier (1409-1421) et Jacques Boucher (1421-1443).
96 Ibid., p. 123 et 124. Les lieutenants généraux des gouverneurs au temps de l’apanage furent des hommes de loi appartenant à la bourgeoisie orléanaise. Maître Guillaume Haultbois (1392-1395), Jean Chiefdeville (1395-1404), Maître Pierre de Saint-Mesmin (1404-1412), Jean de L’Estelle et Girard Boillève (1412-1413), Jean Dutertre (1413-1419) et surtout Hervé Lorens (1419-1456).
97 AD Loiret, 6 J 23. L. Richard, op. cit. n. 11, p. 68 et 725. Entré dès 1389 au service de Louis, duc de Touraine, qualifié parfois de garde des finances, Jean Poulain ne fut nommé trésorier général que le 9 novembre 1392, mais conserva cette charge pendant dix-sept ans (1392-1409).
98 Ibid., p. 725. Pierre Renier conserva la charge de trésorier général pendant douze ans, de 1409 à 1421. Cf. supra, n. 68.
99 R. Boucher de Molandon, op. cit. n. 14, pièces justificatives, « Document A », p. 441 et 384 ; L. Richard, op. cit. n. 11, p. 725. Jacques Boucher fut trésorier général du duché d’Orléans durant vingt-deux ans, de 1421 à 1443 (cf. supra, n. 72, 73 et 75) après avoir débuté sa carrière comme receveur des aides du duc, témoignant ainsi d’une exceptionnelle longévité et d’une grande fidélité au service du prince.
100 Cf. supra, n. 43.
101 L. Richard, op. cit. n. 11, p. 66.
102 Cf. supra, n. 99.
103 Cf. supra, n. 57.
104 AD Loiret, 6 J20, no13 et 13 bis, 1420 ; L. Richard, op. cit. n. 11, p. 123-124.
105 AD Loiret, 6 J20, no13 et 13 bis, 1420. L. Richard, op. cit. n. 11, p. 126-127 ; J. Thibault, Orléans..., op. cit. n. 4, t. 3, p. 945-950.
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