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    Plan détaillé Texte intégral Du monastère à la cathédrale Au conseil du roi Le service d’Alexandre III L’office de l’évêque-comte Notes de bas de page Auteur

    Les serviteurs de l'État au Moyen Âge

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Henri de France et Louis VII

    L’évêque cistercien et son frère le roi

    Patrick Demouy

    p. 47-61

    Texte intégral Du monastère à la cathédrale Au conseil du roi Le service d’Alexandre III L’office de l’évêque-comte Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    « Je vous promets et octroie qu’à chacun de vous et aux églises qui vous sont confiées je garderai le privilège canonique, la loi et la justice qui leur sont dues et que, dans la mesure de mon pouvoir, avec l’aide de Dieu, j’en assurerai la défense comme un roi est tenu par le droit de le faire en son royaume pour chaque évêque et pour l’Église à lui confiée...
    Je promets au nom du Christ ces trois choses au peuple chrétien qui m’est soumis : premièrement que tout le peuple chrétien gardera à l’Église de Dieu la vraie paix par notre jugement, deuxièmement que je défendrai toutes les rapines et injustices à tous les degrés, troisièmement que je mettrai en avant, dans tous mes jugements, l’équité et la miséricorde... »1.

    1C’est un jeune garçon de onze ans qui prononçait sur l’Évangile ces paroles devant le pape Innocent II et les évêques réunis en concile dans la cathédrale de Reims le dimanche 25 octobre 1131, avant de recevoir l’onction royale. Le roi Louis VI, qui avait perdu accidentellement son fils aîné Philippe douze jours auparavant, assurait ainsi la transmission de la couronne en associant au trône le second, Louis. À leurs côtés, se trouvait le petit Henri, troisième fils du roi et d’Adélaïde de Maurienne, alors âgé de neuf ou dix ans2. Promis à l’Église dès le berceau, cet élève de l’école cathédrale de Paris était déjà abbé de Saint-Mellon de Pontoise et de Notre-Dame de Poissy. Trente ans plus tard, il devait devenir archevêque de Reims, la première métropole du royaume, et donc veiller au respect, par son frère, de la promesse du sacre. Mais avant de le retrouver prélat, il faut rappeler brièvement sa carrière ecclésiastique, qui ne manque pas de constrastes et nous éclaire sur sa personnalité.

    Du monastère à la cathédrale

    2Au départ, rien que de très habituel pour un prince de sang royal gratifié de bénéfices dans les abbayes capétiennes et les chapitres des évêchés de la couronne : outre les deux dignités citées plus haut, en 1133 il était abbé de Saint-Denis de la Châtre puis, après avoir reçu la tonsure en 1134, abbé de Notre-Dame d’Étampes, de Saint-Spire de Corbeil et de Notre-Dame de Mantes ; trésorier de Saint-Martin de Tours, il devint aussi archidiacre d’Orléans et chanoine de plusieurs cathédrales. De quoi tenir son rang de fils et frère de roi. Une particularité ne doit pas nous échapper : si l’on relève dans les trois dynasties qui ont régné sur la France de nombreux exemples de fils naturels du souverain devenus clercs – plus par relégation que par vocation – Henri est le premier fils légitime dans ce cas et le seul à avoir accédé à l’épiscopat. Et si, à l’origine, il ne fit que se soumettre à la volonté paternelle avec toute la tiédeur d’un clerc mondain, il connut en 1146 la grâce fulgurante de la conversion. Étant passé par Clairvaux, pour les affaires du siècle, il y rencontra saint Bernard, suivit les offices des moines et, congédiant sa suite, décida d’y rester sous l’habit cistercien. Lui qui était arrivé, aux dires d’un témoin, « étincelant d’écarlate, rutilant d’or et de soieries, précédé et suivi de chevaux éblouissants de pierreries » devint un autre homme dans la stricte observance de la règle3. « Merveille que fit le Seigneur ! ». Le pape Eugène III, lui-même ancien cistercien, disait à Louis VII son admiration de voir son frère, rejeton d’une souche royale de génération en génération, se soumettre à la corvée de vaisselle : « il s’est fait moine et lave les écuelles ! »4. La sincérité de cet engagement ne fait pas de doute, mais un prince pouvait-il à ce point mourir au monde ? À la mort d’Hugues de Saint-Symphorien, le 26 juin 1149, le chapitre de Beauvais le choisit comme évêque. Faut-il y voir la main du roi ou, plus vraisemblablement, le désir des chanoines de se donner pour pasteur un prélat pieux... et bien en cour, aucun document ne permet de trancher. Ce qui est sûr c’est qu’Henri n’était pas candidat et qu’il fit tout son possible pour rester à Clairvaux, comptant sur saint Bernard pour échapper à son destin. Celui-ci, manifestement partagé entre son respect pour la vocation monastique du prince et le bien qu’un homme tel que lui pouvait apporter à l’Église, s’en remit à l’abbé de Cluny Pierre le Vénérable qui conseilla de se soumettre à la volonté de Dieu5. Devenu évêque malgré lui, Henri de France rencontra, comme nous le verrons, des difficultés dans le gouvernement temporel de son diocèse ; il chercha plusieurs fois à abandonner sa charge pour regagner le monastère ; saint Bernard, l’abbé Suger, les papes Eugène III puis Adrien IV l’en dissuadèrent6. Il fallut sept ans pour qu’il trouvât sur ce point l’apaisement. Son engagement auprès d’Alexandre III à partir de 1160 contribua sans nul doute à le conforter grâce au rôle qu’il prit au sein de l’épiscopat du royaume. À quarante ans il était mûr pour accéder à la métropole rémoise ; nulle réticence cette fois quand il fut élu le 14 janvier 1162 ; il assuma sa charge jusqu’à sa mort, le 13 novembre 1175. À Reims, comme jadis à Beauvais, son administration ne fut pas sans heurts mais il tint fermement la crosse... et même le glaive.

    Au conseil du roi

    3Dans l’un et l’autre diocèse, à la charge pastorale s’ajoutait l’exercice du pouvoir comtal. À ce titre Henri était l’un des grands vassaux de son frère, auquel il devait aide et conseil, il participait à la curia regis. Celle-ci, sous Louis VII, n’avait encore ni fonctionnement régulier, ni personnel ni siège fixes et avait un caractère essentiellement féodal7. Le vocabulaire employé par l’archevêque dans sa correspondance avec le roi est très révélateur : « Parce que vous êtes notre seigneur, notre frère et notre ami très cher et que nous devons dans toute la mesure du possible veiller à votre honneur et à votre avantage... je vous demande, je vous supplie, je vous conseille etc. »8. Suit un plaidoyer pour le chancelier Hugues de Champfleury, évêque de Soissons, alors en disgrâce, bien qu’il ait toujours été « fidèle » ; « il est votre homme ». Tous ces termes à la connotation précise nous rappellent que le règne de Louis VII a valorisé les relations entre les grands feudataires et le suzerain en empruntant à la geste carolingienne les douze pairs de France. L’archevêque de Reims était le premier d’entre eux9.

    4Les sources ne sont pas très prolixes sur les relations personnelles entre Louis et Henri ; l’adresse des lettres associe au « révérend seigneur » le « frère très aimable », assortit le salut d’une « véritable affection » mais ce sont des formules convenues. Il y eut une brouille entre les deux hommes en 1150-1151 quand Henri braqua contre lui les Beauvaisiens ; mais ils se réconcilièrent vite, en particulier grâce à la reine-mère Adélaïde, et rien ne semble avoir ensuite troublé leur entente, malgré les initiatives parfois imprudentes du prélat. Les deux frères étaient proches par l’âge, par leur éducation parisienne, par leur attachement à l’Église. Une lettre de 1164 lève un coin du voile ; Henri raconte à Louis comment, malade, il n’a pu monter à cheval pour se rendre à Paris ; il y est allé en litière mais est arrivé si épuisé qu’il a fallu le soutenir pour marcher puis il est tombé dans une forte fièvre dont il s’est remis ; « c’est pourquoi nous signifions à votre royale majesté de ne pas avoir de crainte pour nous, de ne pas croire les mauvaises nouvelles en sachant, sans doute aucun, que nous ne souffrons de rien de grave en dehors d’une faiblesse corporelle ; nous ne voulions pas vous envoyer de nouvelles avant d’être libéré de l’infirmité qui nous retenait ». Ce témoignage de sollicitude dépasse la convention diplomatique10.

    5Toujours est-il que les contemporains étaient persuadés que les requêtes de l’archevêque seraient « bien vues »11 par le roi et lui demandaient d’intervenir en leur faveur ; c’est le cas du comte Guichard de Roucy, de l’abbé de Saint-Denis de Reims pour son parent, le chevalier Evrard de Brueren qui devait être jugé par la curia, du roi Amaury de Jérusalem, du patriarche, du maître de l’Hôpital, du prieur du Saint-Sépulcre12 et surtout du pape Alexandre III qui a multiplié les sollicitations et a fait de lui un intermédiaire privilégié « en fonction de sa dignité et en raison de sa parenté »13. Un correspondant d’Henri, l’abbé de l’Aumône Philippe, le remerciait de ne pas oublier ses modestes amis au milieu des occupations du royaume et des siennes propres, les arcanes des conseils ecclésiastiques, l’agitation du palais, le maquis de la cour et les secrets, étrangers au commun des mortels, de ceux qui ont l’habitude de diriger14. À n’en pas douter, c’était un homme d’influence. Comment en usa-t-il ?

    6Pour bien comprendre le personnage il ne faut pas oublier sa qualité d’évêque cistercien converti par saint Bernard. De son maître spirituel il avait hérité une ardeur intransigeante et un soin jaloux des libertés de l’Église, c’est-à-dire de l’ensemble des coutumes et règles régissant la vie intérieure du clergé et lui permettant de s’administrer par lui-même ; concrètement il s’agissait de la liberté de l’élection des pasteurs, de l’immunité des clercs et de la défense de leur patrimoine15. Malgré les fruits de la réforme grégorienne, tous les problèmes étaient loin d’être réglés toujours et partout dans ce troisième quart du XIIe siècle qui nous occupe ici. La chance d’Henri, contemporain de Thomas Becket, est d’avoir eu pour roi un homme réellement pieux et soucieux, sans doute aussi par réalisme politique, d’une bonne entente avec son clergé et avec le pape. Mais quel pape, quand il y en avait deux ?

    Le service d’Alexandre III

    7Le schisme de 1159-1160 est bien connu. Il résultait une fois de plus de la volonté de l’empereur germanique, en l’occurrence Frédéric Ier Barberousse, de s’assurer un pape docile contre les tenants de l’indépendance du pouvoir spirituel. Alors que la majorité des cardinaux avait élu, le 7 septembre 1159, leur confrère Roland Bandinelli, éminent canoniste, chancelier de l’Église romaine, tenant de la ligne « grégorienne », qui prit le nom d’Alexandre III, le chef du « parti allemand », Octavien de Monticelli, déclencha une bagarre, s’empara du manteau papal, se présenta ainsi paré aux chanoines de Saint-Pierre puis au peuple de Rome et se fit acclamer sous le nom de Victor IV. Le 5 février 1160, à Pavie, Barberousse réunit en concile une cinquantaine d’évêques allemands et italiens qui proclamèrent la légitimité du seul Victor IV. Alexandre III répliqua en excommuniant l’antipape et l’empereur dont il délia les sujets de leur serment de fidélité. La rupture était consommée.

    8Pour sauvegarder sa position, le premier souci d’Alexandre III était de rallier à sa cause, malgré les pressions de l’Empire, les rois de France et d’Angleterre. Le paradoxe de la situation est que l’un et l’autre penchaient pour ce pape incontestablement légitime mais attendaient de voir ce que ferait le voisin ; dans un contexte de tension entre les deux royaumes Louis VII ne voulait pas prendre le risque de se retrouver isolé face à une coalition anglo-allemande, et réciproquement... Quant aux évêques, majoritairement « alexandrins », presque tous attendaient le choix de leurs princes. Il est indiscutable que le rôle d’Henri, alors évêque de Beauvais, fut primordial ; l’abondante correspondance d’Alexandre III l’atteste et le pape lui attribua « plus qu’à tout autre mortel » le mérite de sa reconnaissance en France16. Cela ne fut pas simple. Dès le 8 novembre 1159 Alexandre III, qui le connaissait – sans doute pour l’avoir rencontré à Rome – lui demanda son appui ; le 12 décembre il lui annonça l’envoi de deux légats, en comptant sur lui pour les introduire auprès de son frère, puis le 3 février 1160 le pressa d’agir personnellement auprès du roi, qui tardait à se prononcer17. Pour cela il fallait conclure la paix avec l’Angleterre ; ce fut chose faite à la Pentecôte, en particulier grâce aux prélats. En juillet les évêques d’Henri II se réunirent en synode à Neufmarché, au pays de Bray, tandis que les Français tenaient concile tout près de là, à Beauvais ; ce choix est significatif18. Ainsi fut acquise l’adhésion des deux États à l’obédience d’Alexandre III. Tout n’était pas joué pour autant car la curie commit une maladresse en accordant à Henri II, pour prix de son ralliement, la dispense permettant de célébrer le mariage de son fils Henri le Jeune avec la fille de Louis VII, Marguerite, qui lui était promise ; la fiancée n’avait pas cinq ans mais une belle dot, le Vexin, dès lors exigible. Le roi de France en fut ulcéré et cette affaire ralluma les braises encore chaudes de la guerre. Sur ces entrefaites les succès remportés en Italie par les troupes impériales contraignirent le pape à fuir Rome puis Gênes, où il s’était réfugié ; Alexandre III n’avait d’autre recours que la France et, en avril 1162, il aborda sur le rivage de Montpellier. Aussitôt Frédéric adressa au chancelier Hugues de Champfleury une lettre lourde de menaces :

    « nous t’enjoignons très affectueusement de ne pas recevoir... ce schismatique, qui est pour nous et pour notre empire un adversaire implacable, et aussi de conseiller au roi des Francs de ne l’accueillir ni lui ni aucun de ses faux cardinaux. Il pourrait en effet s’ensuivre entre notre empire et son royaume une haine telle que nous serions dans l’impossibilité de la contenir et de l’apaiser »19.

    9Dans ce contexte de tension le souverain pontife eut encore recours à Henri de France, qui venait d’être élu archevêque de Reims. En même temps qu’il lui envoyait le pallium, il lui demanda de prendre la tête d’une petite délégation de prélats français qui iraient trouver Louis VII20 ; le roi était manifestement devenu allergique aux cardinaux romains depuis la combinazione du mariage anticipé. À la cour, des voix se faisaient entendre pour ménager l’Empire et reconsidérer le choix d’obédience ; le chef de ce parti victorin n’était autre que le comte de Champagne Henri Ier21, dont la sœur, Adèle, était devenue reine de France et qui était fiancé à la princesse Marie, fille de Louis VII et d’Aliénor d’Aquitaine. Quand l’archevêque rencontra son frère, le comte avait déjà pris la route d’Italie avec des pouvoirs très étendus pour négocier avec l’empereur ; il revint avec un projet auquel le roi prêta une oreille complaisante : un concile franco-allemand où chaque souverain amènerait « son » pape pour une confrontation suivie d’une détermination ; à l’issue de la réunion tous se mettraient d’accord pour reconnaître le pape légitime et refaire ainsi l’unité de l’Église. C’était un piège. Les impériaux et le comte de Champagne savaient bien que, par principe, Alexandre III refuserait de se soumettre au jugement d’un concile ; son absence le disqualifierait. Le pape, qui était effectivement dans cette disposition, envoya le 1er août une lettre pressante à l’archevêque de Reims pour qu’il empêchât la rencontre22. Il n’y parvint pas. La dernière carte d’Henri de France consista à révéler à son frère l’ampleur du traquenard :

    « Nous sommes très étonné et encore plus inquiet d’apprendre que le comte Henri a prêté pour vous serment et donné à l’empereur les plus fermes garanties que vous alliez, à ce qu’on dit, avec l’Église de Gaule, reconnaître Octavien comme pape »23.

    10Ces garanties étaient de la part du comte un transfert d’hommage en faveur de Frédéric. Et l’archevêque, sans livrer le nom de son informateur24, communiqua au roi le texte de la lettre adressée par l’empereur à ses évêques, princes et barons : il les convoquait le 29 août sur les bords de la Saône, au diocèse de Besançon, afin de participer à l’assemblée

    « au cours de laquelle le roi des Francs, notre cher parent, avec tous les archevêques, évêques et princes de son royaume, avec toute l’Église de Gaule, comme cela a été promis par serment et fermes garanties, reconnaîtra notre révérend père le pape comme pontife apostolique et universel de la sainte Église de Dieu et lui témoignera la révérence qui lui est due ».

    11Henri concluait en mettant en garde « l’innocence » de son frère contre le naufrage fomenté par les « fils des ténèbres »25. Il n’est pas question ici de relater comment Louis VII, qui se rendit tout de même à Saint-Jean de Losne, réussit à échapper au complot. Retenons simplement que l’incident, outre qu’il resserra les liens entre le roi de France et Alexandre III, conforta la position de l’archevêque de Reims au conseil : bien informé et clairvoyant, il avait fait ses preuves.

    12Qu’il fût dès lors bien écouté, nous en avons un témoignage par une lettre que le pape lui adressa le 21 mars 1165. Au conseil du roi, où l’archevêque siégeait avec le cardinal-légat Henri de Pise,

    13« nous savons et tenons pour certain que chaque fois qu’il est question d’affaires ecclésiastiques, elles sont bien réglées grâce à votre présence et avancent au mieux... nous te prions, frère archevêque, de ne le quitter pour aucune raison et de ne pas tarder à nous faire savoir tout ce qui s’y traite concernant l’Église, dans la mesure où ton honneur le permet »26.

    14Inquiet d’une rencontre entre Louis VII et Frédéric Ier, six ans plus tard, entre Toul et Vaucouleurs, et persuadé que le roi ne lui cachait rien, Alexandre III lui demanda de se renseigner pour le bien de l’Église sur cet entretien et de l’en informer « par une personne discrète et fidèle... car tout n’est pas bon à être consigné par écrit »27. Plusieurs autres missives papales le chargèrent d’intervenir auprès de son frère pour l’inciter à faire la paix avec l’Angleterre ou pour empêcher par tous les moyens les projets de mariage entre une fille de Louis VII, Agnès, et un fils de l’empereur (1172) puis entre le futur Philippe Auguste et une fille de Frédéric (1173), « tenant quasiment pour certain, écrit Alexandre III, que cela ne pourrait s’accomplir sans ton conseil et celui de notre vénérable frère Guillaume (de Champagne), archevêque de Sens, légat du siège apostolique »28. Ainsi fut fait ; Agnès épousa, comme le suggérait le pape, le futur empereur byzantin Alexis Comnène et Philippe convola plus tard avec Isabelle de Hainaut ; Barberousse essuyait un échec diplomatique. À cette époque le souverain pontife se préoccupait de la succession au trône de France, son principal soutien ; bien qu’ayant dépassé la cinquantaine – âge critique marquant, en ce temps-là, le début de la vieillesse – Louis VII n’avait toujours pas associé son fils au trône29. Alexandre III demanda à Henri d’entreprendre le roi afin que sur son insistance et le conseil des grands il fît sacrer le jeune Philippe, en lui assurant, par serment, la fidélité du royaume30. Louis différa jusqu’à ce que la paralysie, à l’automne 1179, l’empêchât de gouverner ; sans doute était-il suffisamment confiant dans la solidité de la dynastie et la force du principe héréditaire. Ce fut d’ailleurs, comme chacun sait, le dernier sacre célébré en France du vivant d’un père.

    15Les sources conservées mettent donc l’accent sur l’indéfectible dévouement d’Henri de France au pape au point qu’Achille Luchaire a dit de lui qu’il était « son premier fonctionnaire »31 et qu’un contemporain pourrait le qualifier « d’agent du Saint-Siège ». L’expression serait péjorative s’il s’était agi d’un agent double, or il n’a jamais fait mystère de son engagement et n’a rien entrepris qui fût contraire aux intérêts du roi. Qu’un évêque ou a fortiori un archevêque, tenant de lui le pallium en signe de communion et d’obédience, soit fidèle au souverain pontife est dans l’ordre des choses. C’est le contraire qui serait surprenant. De surcroît Henri avait été à bonne école avec saint Bernard qui, trente ans plus tôt, lors du schisme d’Anaclet, s’était dépensé sans compter pour la cause d’innocent II, auquel il avait rallié le roi et l’épiscopat de France ; le concile de Reims d’octobre 1131 – où fut couronné Louis VII – avait été son triomphe. En soutenant Alexandre III, Henri succédait à son maître spirituel dans la défense du pontife le plus digne, de surcroît canoniquement élu ; il défendait au premier chef la liberté de l’Église. Cela n’avait rien d’incompatible avec les intérêts de la France. Outre qu’il aidait le roi à accomplir les premiers termes de la promesse du sacre, il servait une vision politique réaliste : contrecarrer l’hégémonie de l’Empire et regrouper le clergé, à l’échelle du royaume, autour d’un prince pieux, protecteur de l’Église. De cette protection il eut besoin au niveau des églises particulières dont il reçut la charge.

    L’office de l’évêque-comte

    16Henri de France a exercé les droits comtaux successivement à Beauvais et à Reims ; dans les deux villes et leurs plats pays, il y eut des plaies, des bosses, des pleurs et des grincements de dents. Nous ne donnerons ici qu’un bref résumé de ces péripéties, étudiées par ailleurs, qui ont valu au prélat la réputation de « prince dur et autoritaire, [...] emporté et exigeant »32. Le jugement doit être nuancé.

    17Cette exigence était celle du converti, du moine-évêque pieux et rigoureux qui dès son arrivée à Beauvais en 1150, dans la plus pure tradition grégorienne, entreprit de maîtriser le temporel épiscopal amoindri par la faiblesse de ses prédécesseurs. Spécialement visés étaient les fiefs-rentes qui grevaient le trésor de l’Église33. Attaquer de front les chevaliers qui en bénéficiaient c’était risquer une révolte, Louis VII et Suger tentèrent de dissuader Henri, qui passa outre. Dans le conflit qui s’ensuivit inévitablement le roi accorda d’abord sa protection aux laïcs, ce qui provoqua la brouille entre les deux frères, le désespoir du cadet qui songea à démissionner, la montée de l’affaire en cour de Rome et finalement l’intervention du pape Eugène III qui soutint l’évêque et enjoignit au roi de sévir contre les rebelles. La réconciliation entre Henri et Louis se traduisit, en 1151, par la venue de celui-ci à Beauvais afin de trancher un nouveau différend que celui-là avait eu, cette fois, avec les bourgeois ; le roi fit lire la charte communale et reconnaître que la justice appartenait à l’évêque. Sûr de son bon droit, il commençait donc très fort ! On s’explique mieux l’attitude initialement réservée du roi si l’on considère la position stratégique du Beauvaisis à la frontière de la Normandie ; une sédition pouvait faire le jeu du Plantagenêt. Le bouillant évêque n’en avait cure. Il comprit plus tard, quand en 1159 il organisa, avec son frère Robert de Dreux, la défense de la région contre Henri II pendant que Louis VII partait secourir Toulouse.

    18Devenu archevêque de Reims, il ne transigea pas davantage. En arrivant dans la cité, il héritait d’un contentieux34. L’exemple de Laon y avait excité dès 1128-1129 une agitation communale ; dans les premiers mois de l’année 1139 le jeune roi Louis VII, qui administrait le diocèse pendant la vacance du siège en vertu de son droit de régale, accorda aux Rémois la charte communale qu’ils réclamaient, moyennant finance. Le chapitre en appela à Rome parce que le roi avait aliéné les biens d’une Église vacante, amoindri un temporel qu’il devait transmettre intact ; il manda à la rescousse saint Bernard qui mit son éloquence au service de cette juste cause :

    « Elle est dans la tristesse la maîtresse des églises et les larmes coulent sur ses joues, elle a perdu ses belles couleurs, son antique beauté se fane, sa parure si précieuse est foulée aux pieds, sa noblesse est méprisée et sa liberté est mise en servitude... »35.

    19Le nouvel archevêque élu, Samson de Mauvoisin, obtint de Louis VII la suppression de la commune ; il fallut l’intervention de troupes royales grossies de quelques détachements envoyés par le comte de Champagne pour rétablir l’ordre à Reims au printemps 1140. L’épiscopat de Samson se déroula sans grave incident ; l’explosion se produisit en 1167, cinq ans après l’arrivée d’Henri, à la faveur d’un de ses voyages à Rome. Il revint en hâte, rappelé par l’abbé de Saint-Remi Pierre de Celle, pour trouver des insurgés établis dans les maisons les plus fortes et les tours des églises ; les bourgeois toutefois ne demandaient qu’à négocier et offraient même 2 000 livres pour récupérer la jouissance de leurs anciennes coutumes. Comme l’a démontré Pierre Desportes36, il s’agissait de la compétence des échevins que l’archevêque, créateur de l’officialité rémoise, avait limitée en développant les interventions des juges ecclésiastiques. Il refusa de céder, appela son frère qui vint le soutenir sans vigueur excessive, fit une démonstration militaire en démolissant une cinquantaine de maisons appartenant à des meneurs, puis s’en retourna. Les bourgeois, qui s’étaient égaillé dans la campagne, revinrent en ville et abattirent à leur tour les maisons des partisans de l’archevêque. Celui-ci, ulcéré et trouvant sans doute le roi trop peu combatif, appela cette fois le comte de Flandre, qui vint avec un millier d’hommes. Mais les habitants avaient à nouveau pris la poudre d’escampette en emportant toutes les vivres, si bien que l’armée d’occupation, qui devait avoir un solide appétit, ne tint pas quarante-huit heures. Lassé de jouer au chat avec ces insaisissables souris, Henri accepta enfin de composer et de consentir le rétablissement des anciens usages moyennant 450 livres de dommages et intérêts, ce qui était loin de compenser les dégâts, quatre fois plus élevés aux dires de Jean de Salisbury, témoin des évènements, qui critiqua sévèrement le prélat37.

    20Ce qui est en cause dans ces conflits c’est encore la notion de liberté de l’Église, expression qui revient souvent sous la plume de saint Bernard comme du pape Alexandre III, comprise ici comme l’ensemble des biens et des privilèges d’une Église particulière.

    « Amoindrir ses revenus, c’est forcer les clercs qui devaient en jouir à se plier aux exigences de celui qui les spolie et à accepter une persécution illégitime, donc tyrannique. Ainsi on élargit considérablement la notion de liberté et on en vient à invoquer celle-ci chaque fois que des ecclésiastiques sont lésés »38.

    21Dans sa Summa le canoniste Roland Bandinelli avait approfondi ses fondements juridiques, poursuivant une réflexion développée depuis le milieu du XIe siècle dans le cadre de la réforme et aboutissant à assimiler « libertés et droits ». S’y ajoute au XIIe siècle une dimension théologique car si la liberté de l’Église repose sur ses droits, leur respect permet que tout se déroule selon l’ordre voulu par Dieu. Il a institué l’Église pour qu’elle « réalise la perfection de la justice ici-bas, dont la paix n’est qu’un corollaire, car elle est le résultat de la lutte contre le mal »39. Replacée dans ce contexte l’action d’Henri de France échappe au jugement à l’emporte-pièce de « brutalité seigneuriale ». Qu’il ait agi durement et maladroitement ne fait aucun doute, qu’il ait par là embarrassé son frère en enflammant des villes « sensibles » tant sur le plan stratégique qu’économique, c’est évident, mais il ne faut pas mesurer ses actes à l’aune de la politique séculière. C’était une exigence canonique que la défense des droits de son Église et une vision théologique que la justice aux mains des clercs, que la prépondérance du pouvoir sacerdotal auquel appartenaient les deux glaives. Il a clairement exprimé cette idée à l’occasion du dernier épisode qui retiendra notre attention.

    22Ayant fait la paix avec les Rémois l’archevêque fonda en 1171 une foire destinée à recueillir une partie des activités commerciales attirées par les fameuses foires de la Champagne comtale. Pour cela il fallait assurer la sécurité des routes et Henri mena une opération de police contre le chevalier-brigand Guermond de Châtillon qui, depuis son château de Champagny, détroussait les voyageurs allant de Reims à Châlons40. L’expédition dispersa la bande dont le chef alla se réfugier chez le comte de Champagne. Hommelige de l’archevêque, ce dernier se rendait coupable de félonie en accueillant son ennemi ; pire il envoya des mercenaires brabançons ravager les terres de l’Église de Reims, pour intimider le prélat qu’il voyait d’un mauvais œil mener une politique temporelle ambitieuse. C’était mal le connaître : Henri fulmina une excommunication qu’il demanda à ses suffragants de faire lire chaque dimanche dans toutes les églises de la province. Le pape toutefois conseilla à son vieil ami un arrangement à l’amiable en demandant l’arbitrage du roi, afin d’éviter de plus grands maux. Ce qui fut fait, en famille ; le roi rétablit la concorde entre son frère l’archevêque et son beau-frère-gendre le comte. Plus qu’aux péripéties de cette petite guerre, nous nous intéresserons au préambule de la charte notifiant l’achat par l’Église de Reims, en 1171, du domaine de Champagny dont elle prit le contrôle direct après la destruction du repaire des bandits.

    « Nous sommes tenu, par l’exercice de notre office pastoral, à assurer la tranquillité et la paix à nos ressortissants, surtout parce qu’il nous faut utiliser l’un et l’autre glaive, conformément au lieu et au temps, contre ceux qui haïssent la paix et combattent la justice ; nous sommes attentif à cette considération prépondérante : s’il est opportun d’user du glaive matériel, il doit être accompagné du spirituel afin que celui qui échappe à l’un ne puisse se glorifier d’échapper à l’autre ; assurément le monde est installé dans le mal à tel point que ses mauvais fils doivent sentir l’un et l’autre glaive menacer leur nuque à moins que par crainte ils ne se gardent des coutumes excessives »41.

    23L’image des deux glaives est bien connue ; elle est tirée de l’Évangile selon saint Luc relatant les prémisses de l’arrestation du Christ au Mont des Oliviers : « Seigneur, dirent-ils, il y ajustement ici deux glaives. Il leur répondit : c’est assez ! »42. Saint Bernard, dans le De consideratione, en donne un commentaire célèbre à l’usage d’Eugène III :

    « Celui qui te dénie... la possession de cette épée ne me paraît pas accorder toute l’attention qu’il faut à la parole du Seigneur. Il dit expressément : “Remets ton épée au fourreau”. Elle est donc bien à toi cette épée et, même s’il ne faut pas que tu la tires toi-même, peut-être as-tu le droit d’autoriser quelque autre à la tirer. S’il en était autrement, le Seigneur, quand ses apôtres lui dirent : “nous avons ici deux glaives”, ne leur aurait pas répondu : “c’est assez” mais “c’est trop”. L’Église tient donc en son pouvoir les deux glaives : le spirituel, cela va sans dire, et le matériel, mais celui-ci doit être tiré pour l’Église, celui-là par l’Église, le premier par la main du prêtre, le second par celle du chevalier mais assurément sur l’ordre du prêtre et le commandement du prince ».

    24L’abbé de Clairvaux utilise la même expression dans une lettre au pape : « L’un et l’autre glaives sont à Pierre, tirés du fourreau chaque fois que c’est nécessaire, l’un sur son ordre, l’autre de sa main »43. Les deux glaives, sous sa plume, représentent les deux formes du pouvoir coactif, excommunication ou contrainte corporelle et non pas les deux pouvoirs, temporel ou spirituel44, que saint Bernard a toujours été soucieux de distinguer. C’est ainsi qu’il faut comprendre Henri de France quand, dans sa charte, il envisageait les formes de contrainte nécessaires pour établir la justice et la paix. Il éclairait a posteriori l’appel lancé au roi et au comte de Flandre, dont le glaive avait été sollicité en 1167 pour restituer à l’archevêque ses droits contestés. Le pape lui en fit reproche. Certes Louis VII était un prince « catholique, très chrétien, respectueux de la liberté de l’Église » mais ses successeurs pouvaient l’être moins et prétexter de ce fâcheux précédent pour avoir la main plus lourde, dans le diocèse de Reims ou ailleurs, ce dont Henri porterait la responsabilité pour l’éternité45. En d’autres termes on pourrait dire qu’il s’est fourré dans un guêpier dont son frère a dû venir le délivrer, mettant en péril la distinction des pouvoirs. Comment faire autrement quand l’évêque était aussi le comte ? Il y a là une bien grande difficulté pour ne pas dire une contradiction interne, mais la théorie des deux glaives rappelle justement que la force temporelle était employée ad nutum, sur l’ordre de l’Église.

    25Même si Henri de France n’a pas laissé d’écrits canoniques, il ne faut pas lui dénier une réflexion politique et ecclésiastique, largement influencée par saint Bernard. Louis VII aussi qui, dans le préambule d’un de ses diplômes, rappelait que « l’honneur du roi, attentif à rendre justice, est tenu de procurer à tous paix et tranquillité »46. Nous retrouvons là la deuxième partie de la promesse du sacre et la première phrase de la charte d’Henri. Assurer la paix et la justice à l’Église de Dieu, telle est l’exigence qui s’impose à ceux qui ont pour fonction (office ou honneur) de diriger la société, que cette Église soit comprise comme le peuple chrétien ou comme l’ensemble des institutions ecclésiastiques.

    26Les débats au conseil royal nous échappent, mais nous pouvons faire une constatation. En incitant le roi à s’engager pour la liberté de l’Église dans toutes ses acceptions, la justice et la paix, et à tirer au besoin le glaive à leur requête, les prélats ont renforcé la puissance protectrice d’un roi pieux et irréprochable. Marcel Pacaut a bien montré l’attraction réelle exercée par Louis VII sur les régions où ne s’étaient pas constituées de grandes principautés et les progrès incontestables de la mouvance capétienne pendant ce long règne, progrès enregistrés non par la puissance militaire ou économique mais par l’exercice respecté d’une fonction sacrée. Dans cette perspective Henri de France, conseiller du prince, a été un serviteur de l’État ou plus exactement de la royauté qui fit l’État.

    Notes de bas de page

    1 Promitto vobis et perdono, quia unicuique de vobis et ecclesiis vobis commissis canonicum privilegium et debitant legem atque justitiam servabo et defensionem quantum potuero, adjuvante Domino, exibebo sicut rex in suo regno unicuique episcopo et ecclesiae sibi commissae per rectum exibere debet... Hec tria populo christiano et mihi subdito in Christi promitto nomine : In primis, ut ecclesie Dei omnis populus christianus veram pacem, nostro arbitrio, in omni tempore servel. Aliud, ut omnes rapacitates et omnes iniquitates omnibus gradibus interdicam. Tercium, ut in omnibus judiciis equitatem et misericordiam precipiam... (Ordo de Ratold [vers 980], R. Jackson éd., Ordines Coronationis Franciae, I, Philadelphie, 1995, p. 178-179). On retrouve la formule dans le récit du sacre de Philippe Ier en 1059 (ibid.., p. 227) et dans les ordines postérieurs.

    2 Sur la vie d’Henri : P. Demouy, O. Guyotjeannin, « Henri de France », dans Lexikon des Mittelalters, IV, Munich-Zurich, 1989, col. 2134-35 et P. Demouy, « Henri de France », dans Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastique, ΧΧΠΙ, Paris, 1990, col. 1129-32 ; A.-W. Lewis, Le sang royal, La famille capétienne et l’État, France, Xe-XIVe siècle, Paris, 1986, p. 89 et suiv., p. 310 n. 65, p. 311 n. 71 pour toutes les références sur la parentèle d’Henri et les bénéfices qu’il tint avant sa conversion. Sa naissance en 1121, un an après celle de Louis VII, est vraisemblable : tonsuré en 1134, il devait avoir l’âge canonique de 13 ans.

    3 Récit de Nicolas de Montiéramey, Recueil des historiens des Gaules et de la France [= RHGF], XVI, p. 172.

    4 Mira opera Dei : frater tuus carnalis Henricus, ex regali prosapia a progeniem in progeniem ortus, scutellas lavat, factus monachus in monasterio Claraevallensi (RHGF, ΧII, p. 91).

    5 PL 189, col. 398-99.

    6 Gallia Christiana, IX, col. 726-727 ; RHGF, XV, p. 463-464 ; E. Martène et V. Durand, Veterum scriptorum et monumentorum historicorum, dogmaticorum, moralium amplissima collectio, II, Paris, 1724, p. 650.

    7 Sur ce règne voir M. Pacaut, Louis VII et son royaume, Paris, 1964 et Y. Sassier, Louis VII, Paris, 1991.

    8 Quia vero vos et dominum et fratrem et amicum habemus carissimum, honorique et commodo vestro pro posse nostro providere debemus... rogo, supplico, consulo etc. (RHGF, XVI, p. 154 et PL, 196, col. 1574).

    9 P. Desportes, « Les pairs de France et la couronne », RH, 572 (1989), p. 305-340.

    10 Ideoque significamus regiae majestati vestrae, ut quem de nobis habuistis a vobis effugato timore, nulli sinistre super hoc nuntianti credatis, procul dubio scientes, quod nil mali praeter corporis debilitatem patimur. Nullum vobis nuntium voluimus dirigere, quousque liberati fuimus ab ea qua detinebamur infirmitate (RHGF, XVI, p. 105 et PL, 196, col. 1570).

    11 Credunt enim homines preces nostras in conspectu vestro esse acceptabiles..., lettre d’Henri au roi, vers 1170, RHGF, XVI, p. 191.

    12 RHGF, XVI, p. 152, 191, 188 et 198-200 : le roi de Jérusalem, relayé par les prélats, lui demande d’œuvrer pour la paix entre Henri II d’Angleterre et ses fils, soutenus par le roi de France, car ces dissensions empêchent une nouvelle croisade ; quant au prieur du Saint-Sépulcre, il voudrait pouvoir disposer d’une maison en France pour servir de refuge.

    13 ex officio dignitatis et ratione sanguinis (RHGF, XV, p. 925). Un recueil épistolaire exceptionnel, établi sans doute dans les archives de Reims à la fin du XIIe siècle, est conservé à la Bibliothèque municipale d’Arras ; il contient en particulier plus de 400 lettres d’Alexandre III à Henri de France. Publié pour la première fois par E. Martène et V. Durand (Veterum scriptorum..., op. cit. n. 6, col. 622-1011), il a été repris pour l’essentiel par le Recueil des historiens des Gaules et de la France (RHGF, XV, 1808), lui-même reproduit par l’abbé J.-P. Migne dans sa « Patrologie latine » (PL, 200, Paris, 1855). Ce manuscrit d’Arras a fait l’objet de nombreuses et savantes études de notre collègue d’Aix-la-Chapelle Ludwig Falkenstein, qui en a fait une synthèse récemment : « Alexandre IIΙ et Henri de France, Conformités et conflits », dans L’Église de France et la Papauté (Xe-XIIIe siècles), Bonn, 1993, p. 103-176. On trouvera dans cet article les références aux autres recherches de l’auteur que nous ne détaillons pas ici.

    14 inter ecclesiasticae dispositionis arcana consilia, inter aulicos motus et subtilium condensa curiarum, inter familiaris providentiae non vulgaria secreta, pauperis sui memoriam non abjicit... (RHGF, XVI, p. 196).

    15 M. Pacaut, Alexandre III. Étude sur la conception du pouvoir pontifical dans sa pensée et dans son œuvre, Paris, 1956, p. 129 pour cette définition des libertés de l’Église et plus généralement pour toute la question du schisme et de ses péripéties évoquées ici.

    16 ... nostram vero receptionem quae in consilio in Francia celebrato solemniter facta est, magis quam tibi nulli mortalium imputamus (7 avril 1161, RHGF, XV, p. 768).

    17 RHGF, XV, p. 747, 748, 750.

    18 M.-G. Cheney, « The recognition of Pope Alexander ΠΙ : some neglected evidence », The English Historical Review, 84 (1969), p. 474-497.

    19 Cité par Y. Sassier, op.cit. n. 7, p.309 ; RHGF, XVI, p. 202.

    20 RHGF, XV, p. 777.

    21 Henri Ier le Libéral, fils de Thibaud Π et de Mathilde de Carinthie, ne manquait pas de parents dans l’Empire ; il fut « pendant plusieurs années le promoteur, parmi les grands vassaux royaux d’un programme d’entente étroite avec l’Allemagne » (M. Pacaut, Louis VII..., op. cit. n. 7, p. 24).

    22 RHGF, XV, p. 783

    23 Vehementer admiramur et vehementius perturbamur in his quae significata sunt nobis : comitum scilicet Henricum sacramenta firmissimasque securitates ex parte vestra, sicut dicitur, imperatori dedisse, quod ilium Octavianum generaliter cum ecclesia gallicana in apostolicum debeatis recipere (RHGF, XVI, p. 30 ; PL 196, col. 1568).

    24 Selon toute vraisemblance l’archevêque Eberhard de Salzbourg avec lequel il eut un échange de correspondance à ce moment (PL, 196, col. 1569-70).

    25 In quo rex Francorum, dilectus consanguineus noster, cum universis archiepiscopis suis, episcopis, et cum omnibus regni sui principibus et tota gallicana ecclesia, reverendum patrem nostrum dominum papam, sicut per sacramenta et firmissimas securitates praeordinatum est, in apostolicum et universalem sanctae Dei Ecclesiae pontificem recipiet et debitam reverentiam exhibebit... Sit igitur in hoc tantae necessitatis articulo circumspecta vestra discretio, ne per filios tenebrarum innocentia vestra tam animae quam corporis miserabile patiatur naufragium (loc. cit. n. 23).

    26 Scimus enim et certa veritate tenemus quod quoties de his quae ad ecclesiam spectant tractatur, praesentia vestra dirigitur et in melius promovetur... rogamus fraternitatem tuam, frater archiepiscope, ut tu nulla ratione discedas et quidquid ibi tractatum fuerit, quod ad factum ecclesiae pertineat, nobis per eumdem cardinalem, quantum licet honestati tuae, significare minime differas... (21 mars 1165, dans le contexte de l’affaire Becket, RHGF, XV, p. 829).

    27 ...indubitata veritate tenemus quod praefatus rex nihil tibi occultare debeat quod sit alicui commitendum, fraternitatem tuam rogamus, monemus atque mandamus... apud eumdem regem diligens studium et operam adhibeas efficacem et quidquid exinde inveneris, per fidelem et discretam personam quantocius poteris sollicitudini nostrae studeas intimare, quoniam non sunt omnia literis committenda (RHGF, XV, p. 938).

    28 RHGF, XV, p. 858 (la seule guerre qui vaille est la croisade, la Terre sainte étant menacée), 901 (omnibus modis studeas dissuadere et rem penitus impendire), 938 (quasi pro certo tenentes quod id sine consilio tuo et venerabilis fratris nostri W. Senonensis archiepiscopi, apostolicae sedis legati, non poterit consummari). À ce propos il faut remarquer que, contrairement à son prédécesseur à Reims, Samson, à son confrère puis successeur au même siège, Guillaume aux Blanches Mains, Henri ne fut pas nommé légat. Sans doute n’avait-il pas toutes les qualités diplomatiques requises. Alexandre ΙII, qui l’appréciait, mais eut aussi avec lui des différends pour ses interventions arbitraires en tant que métropolitain, se méfiait sans doute de son intransigeance (Sur ce point voir L. Falkenstein, « Alexandre III et Henri de France », op. cit. n.13).

    29 À part Robert II qui atteignit la soixantaine, aucun des prédécesseurs capétiens de Louis VII n’a dépassé 56 ans, qui fut l’âge de la mort de son père et de son grand-père.

    30 ... per apostolica scripa monemus, consulimus atque mandamus, quatenus eumdem regem moneas diligentius et horteris et cum omni instantia inducas et sibi et filio suo providens, eum, habito tuo et aliarum magnarum personarum regni saniori consilio, cum auxilio coelestis gratiae faciat coronari et injungi in regem et universum regnum juramento sibi fidelitatis astringi (RHGF, XV, p. 925).

    31 A. Luchaire, Histoire de France, III, 1, Louis VII, Philippe Auguste, Louis VIII, Paris, 1911, p. 44.

    32 G. Boussinesq et G. Laurent, Histoire de Reims depuis les origines jusqu’à nos jours, t. 1, Reims, 1933, p. 262-264, reprenant la tradition érudite locale.

    33 Lettre du pape Eugène III à Henri : Grave autem nobis est quod Belvacensis ecclesia propter impotentiam praedecessorum tuorum quibusdam fuerit gravata redditibus et annua beneficia de camera episcopi coacta persolvere... Tibi autem per presentia scripta mandamus quatinus praedicta beneficia, quae praedecessores tui imbecillitate sua annuatim solvere cogebantur, nequaquam de cetero largiaris... (RHGF, XV, p. 463) ; voir sur ces épisodes surtout O. Guyotjeannin, Episcopus et comes. Affirmation et déclin de la seigneurie épiscopale au nord du royaume de France, Beauvais-Noyon, Xe-début XIIIe siècle, Paris-Genève, 1987, p. 127 et suiv. et aussi A.-W. Lewis, op. cit. n. 2, p. 94 et suiv.

    34 Sur « le régime interne de la ville », voir P. Desportes, Reims et les Rémois aux XIIIe et XIVe siècles, Paris, 1979, p. 73 et suiv.

    35 sedet in tristitia domina ecclesiarum et lacrymae ejus in maxillis ejus ; mutatus est color optimus, defloruit antiqua venustas, pretiosissimus ille ornatus datus est in conculcationem, nobilitas in contemptum et in servitutem libertas... (G. Marlot, Histoire de la ville, cité et université de Reims, III, Reims, 1846, p. 742) ; le dossier épistolaire sur les troubles rémois est dans RHGF, XV, p. 526-29.

    36 Reims et les Rémois..., op. cit. n. 34, p. 83-85.

    37 Lettre à Jean, évêque de Poitiers, RHGF, XVI, p. 182.

    38 M. Pacaut, Alexandre III..., op. cit. n. 15, p. 130.

    39 Ibid., p. 134.

    40 Sur l’affaire de Champagny : J.-P. Ravaux, « L’église Saint-Basle de Sept-Saulx », Mémoires de la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne, 100 (1985), p. 31.

    41 Cum ex administratione pastoralis officii teneamur subditorum nostrorum quieti providere et paci ; praesertim quia utrumque gladium nos exercere oportet, pro loco et tempore, in eos qui pacem oderunt et justicie adversantur, propensiori considerationi nobis attendendum est ut materialis gladius cum oportunum fuerit ita spiritualem comitetur, ne qui unum effugerit, alterum se effugisse glorietur ; sane mundus in maligne positus est adeo ut filii nequam licet alterum vel utrumque gladium presentiant suis cervicibus imminere, vix tamen a consuetudinibus excessibus continere vereantur (Cartulaire G du Chapitre de Reims, AD Marne, 2G 1656, fol. 23 ; G. Marlot, op.cit. n. 35, p. 766).

    42 Luc XXII, 38.

    43 Saint Bernard, De la considération, trad. P. Dalloz, Paris, 1986, p. 100 (livre IV, 7).

    44 B. Jacqueline, Episcopat et papauté chez saint Bernard de Clairvaux, Lille-Paris, 1975, p. 197.

    45 Si enim supradictus rex, qui ita catholicus et christianissimus est et ecclesiasticae libertatis amator, in bona ipsius ecclesiae manum extendit, haeredes ejus qui non ita erunt forte amatores ecclesiasticae libertatis, in eamdem et alias ecclesias regni facti hujus exemplo committere poterunt graviora ; quod si forte (quod absit) contingerat tibi in salutis perpetuae detrimentum, non immerito, proveniret... (RHGF, XV, p. 855).

    46 Y. Sassier, op. cit. n. 7, p. 258 et suiv. sur la « paix » de dix ans décrétée à Soissons en 1155, confirmée par le concile de Reims de 1167, qui prévoit le recours à l’autorité royale : « le roi par son office en vertu duquel il doit défendre les églises a le pouvoir de contraindre les méchants à s’amender » (Canons publiés par E. Martène et V. Durand, Veterum scriptorum..., op. cit. n. 6, VII, p. 74, reproduits dans Th. Gousset, Les Actes de la province ecclésiastique de Reims, II, Reims, 1843, p. 289).

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    • Patrick Demouy
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    1 Promitto vobis et perdono, quia unicuique de vobis et ecclesiis vobis commissis canonicum privilegium et debitant legem atque justitiam servabo et defensionem quantum potuero, adjuvante Domino, exibebo sicut rex in suo regno unicuique episcopo et ecclesiae sibi commissae per rectum exibere debet... Hec tria populo christiano et mihi subdito in Christi promitto nomine : In primis, ut ecclesie Dei omnis populus christianus veram pacem, nostro arbitrio, in omni tempore servel. Aliud, ut omnes rapacitates et omnes iniquitates omnibus gradibus interdicam. Tercium, ut in omnibus judiciis equitatem et misericordiam precipiam... (Ordo de Ratold [vers 980], R. Jackson éd., Ordines Coronationis Franciae, I, Philadelphie, 1995, p. 178-179). On retrouve la formule dans le récit du sacre de Philippe Ier en 1059 (ibid.., p. 227) et dans les ordines postérieurs.

    2 Sur la vie d’Henri : P. Demouy, O. Guyotjeannin, « Henri de France », dans Lexikon des Mittelalters, IV, Munich-Zurich, 1989, col. 2134-35 et P. Demouy, « Henri de France », dans Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastique, ΧΧΠΙ, Paris, 1990, col. 1129-32 ; A.-W. Lewis, Le sang royal, La famille capétienne et l’État, France, Xe-XIVe siècle, Paris, 1986, p. 89 et suiv., p. 310 n. 65, p. 311 n. 71 pour toutes les références sur la parentèle d’Henri et les bénéfices qu’il tint avant sa conversion. Sa naissance en 1121, un an après celle de Louis VII, est vraisemblable : tonsuré en 1134, il devait avoir l’âge canonique de 13 ans.

    3 Récit de Nicolas de Montiéramey, Recueil des historiens des Gaules et de la France [= RHGF], XVI, p. 172.

    4 Mira opera Dei : frater tuus carnalis Henricus, ex regali prosapia a progeniem in progeniem ortus, scutellas lavat, factus monachus in monasterio Claraevallensi (RHGF, ΧII, p. 91).

    5 PL 189, col. 398-99.

    6 Gallia Christiana, IX, col. 726-727 ; RHGF, XV, p. 463-464 ; E. Martène et V. Durand, Veterum scriptorum et monumentorum historicorum, dogmaticorum, moralium amplissima collectio, II, Paris, 1724, p. 650.

    7 Sur ce règne voir M. Pacaut, Louis VII et son royaume, Paris, 1964 et Y. Sassier, Louis VII, Paris, 1991.

    8 Quia vero vos et dominum et fratrem et amicum habemus carissimum, honorique et commodo vestro pro posse nostro providere debemus... rogo, supplico, consulo etc. (RHGF, XVI, p. 154 et PL, 196, col. 1574).

    9 P. Desportes, « Les pairs de France et la couronne », RH, 572 (1989), p. 305-340.

    10 Ideoque significamus regiae majestati vestrae, ut quem de nobis habuistis a vobis effugato timore, nulli sinistre super hoc nuntianti credatis, procul dubio scientes, quod nil mali praeter corporis debilitatem patimur. Nullum vobis nuntium voluimus dirigere, quousque liberati fuimus ab ea qua detinebamur infirmitate (RHGF, XVI, p. 105 et PL, 196, col. 1570).

    11 Credunt enim homines preces nostras in conspectu vestro esse acceptabiles..., lettre d’Henri au roi, vers 1170, RHGF, XVI, p. 191.

    12 RHGF, XVI, p. 152, 191, 188 et 198-200 : le roi de Jérusalem, relayé par les prélats, lui demande d’œuvrer pour la paix entre Henri II d’Angleterre et ses fils, soutenus par le roi de France, car ces dissensions empêchent une nouvelle croisade ; quant au prieur du Saint-Sépulcre, il voudrait pouvoir disposer d’une maison en France pour servir de refuge.

    13 ex officio dignitatis et ratione sanguinis (RHGF, XV, p. 925). Un recueil épistolaire exceptionnel, établi sans doute dans les archives de Reims à la fin du XIIe siècle, est conservé à la Bibliothèque municipale d’Arras ; il contient en particulier plus de 400 lettres d’Alexandre III à Henri de France. Publié pour la première fois par E. Martène et V. Durand (Veterum scriptorum..., op. cit. n. 6, col. 622-1011), il a été repris pour l’essentiel par le Recueil des historiens des Gaules et de la France (RHGF, XV, 1808), lui-même reproduit par l’abbé J.-P. Migne dans sa « Patrologie latine » (PL, 200, Paris, 1855). Ce manuscrit d’Arras a fait l’objet de nombreuses et savantes études de notre collègue d’Aix-la-Chapelle Ludwig Falkenstein, qui en a fait une synthèse récemment : « Alexandre IIΙ et Henri de France, Conformités et conflits », dans L’Église de France et la Papauté (Xe-XIIIe siècles), Bonn, 1993, p. 103-176. On trouvera dans cet article les références aux autres recherches de l’auteur que nous ne détaillons pas ici.

    14 inter ecclesiasticae dispositionis arcana consilia, inter aulicos motus et subtilium condensa curiarum, inter familiaris providentiae non vulgaria secreta, pauperis sui memoriam non abjicit... (RHGF, XVI, p. 196).

    15 M. Pacaut, Alexandre III. Étude sur la conception du pouvoir pontifical dans sa pensée et dans son œuvre, Paris, 1956, p. 129 pour cette définition des libertés de l’Église et plus généralement pour toute la question du schisme et de ses péripéties évoquées ici.

    16 ... nostram vero receptionem quae in consilio in Francia celebrato solemniter facta est, magis quam tibi nulli mortalium imputamus (7 avril 1161, RHGF, XV, p. 768).

    17 RHGF, XV, p. 747, 748, 750.

    18 M.-G. Cheney, « The recognition of Pope Alexander ΠΙ : some neglected evidence », The English Historical Review, 84 (1969), p. 474-497.

    19 Cité par Y. Sassier, op.cit. n. 7, p.309 ; RHGF, XVI, p. 202.

    20 RHGF, XV, p. 777.

    21 Henri Ier le Libéral, fils de Thibaud Π et de Mathilde de Carinthie, ne manquait pas de parents dans l’Empire ; il fut « pendant plusieurs années le promoteur, parmi les grands vassaux royaux d’un programme d’entente étroite avec l’Allemagne » (M. Pacaut, Louis VII..., op. cit. n. 7, p. 24).

    22 RHGF, XV, p. 783

    23 Vehementer admiramur et vehementius perturbamur in his quae significata sunt nobis : comitum scilicet Henricum sacramenta firmissimasque securitates ex parte vestra, sicut dicitur, imperatori dedisse, quod ilium Octavianum generaliter cum ecclesia gallicana in apostolicum debeatis recipere (RHGF, XVI, p. 30 ; PL 196, col. 1568).

    24 Selon toute vraisemblance l’archevêque Eberhard de Salzbourg avec lequel il eut un échange de correspondance à ce moment (PL, 196, col. 1569-70).

    25 In quo rex Francorum, dilectus consanguineus noster, cum universis archiepiscopis suis, episcopis, et cum omnibus regni sui principibus et tota gallicana ecclesia, reverendum patrem nostrum dominum papam, sicut per sacramenta et firmissimas securitates praeordinatum est, in apostolicum et universalem sanctae Dei Ecclesiae pontificem recipiet et debitam reverentiam exhibebit... Sit igitur in hoc tantae necessitatis articulo circumspecta vestra discretio, ne per filios tenebrarum innocentia vestra tam animae quam corporis miserabile patiatur naufragium (loc. cit. n. 23).

    26 Scimus enim et certa veritate tenemus quod quoties de his quae ad ecclesiam spectant tractatur, praesentia vestra dirigitur et in melius promovetur... rogamus fraternitatem tuam, frater archiepiscope, ut tu nulla ratione discedas et quidquid ibi tractatum fuerit, quod ad factum ecclesiae pertineat, nobis per eumdem cardinalem, quantum licet honestati tuae, significare minime differas... (21 mars 1165, dans le contexte de l’affaire Becket, RHGF, XV, p. 829).

    27 ...indubitata veritate tenemus quod praefatus rex nihil tibi occultare debeat quod sit alicui commitendum, fraternitatem tuam rogamus, monemus atque mandamus... apud eumdem regem diligens studium et operam adhibeas efficacem et quidquid exinde inveneris, per fidelem et discretam personam quantocius poteris sollicitudini nostrae studeas intimare, quoniam non sunt omnia literis committenda (RHGF, XV, p. 938).

    28 RHGF, XV, p. 858 (la seule guerre qui vaille est la croisade, la Terre sainte étant menacée), 901 (omnibus modis studeas dissuadere et rem penitus impendire), 938 (quasi pro certo tenentes quod id sine consilio tuo et venerabilis fratris nostri W. Senonensis archiepiscopi, apostolicae sedis legati, non poterit consummari). À ce propos il faut remarquer que, contrairement à son prédécesseur à Reims, Samson, à son confrère puis successeur au même siège, Guillaume aux Blanches Mains, Henri ne fut pas nommé légat. Sans doute n’avait-il pas toutes les qualités diplomatiques requises. Alexandre ΙII, qui l’appréciait, mais eut aussi avec lui des différends pour ses interventions arbitraires en tant que métropolitain, se méfiait sans doute de son intransigeance (Sur ce point voir L. Falkenstein, « Alexandre III et Henri de France », op. cit. n.13).

    29 À part Robert II qui atteignit la soixantaine, aucun des prédécesseurs capétiens de Louis VII n’a dépassé 56 ans, qui fut l’âge de la mort de son père et de son grand-père.

    30 ... per apostolica scripa monemus, consulimus atque mandamus, quatenus eumdem regem moneas diligentius et horteris et cum omni instantia inducas et sibi et filio suo providens, eum, habito tuo et aliarum magnarum personarum regni saniori consilio, cum auxilio coelestis gratiae faciat coronari et injungi in regem et universum regnum juramento sibi fidelitatis astringi (RHGF, XV, p. 925).

    31 A. Luchaire, Histoire de France, III, 1, Louis VII, Philippe Auguste, Louis VIII, Paris, 1911, p. 44.

    32 G. Boussinesq et G. Laurent, Histoire de Reims depuis les origines jusqu’à nos jours, t. 1, Reims, 1933, p. 262-264, reprenant la tradition érudite locale.

    33 Lettre du pape Eugène III à Henri : Grave autem nobis est quod Belvacensis ecclesia propter impotentiam praedecessorum tuorum quibusdam fuerit gravata redditibus et annua beneficia de camera episcopi coacta persolvere... Tibi autem per presentia scripta mandamus quatinus praedicta beneficia, quae praedecessores tui imbecillitate sua annuatim solvere cogebantur, nequaquam de cetero largiaris... (RHGF, XV, p. 463) ; voir sur ces épisodes surtout O. Guyotjeannin, Episcopus et comes. Affirmation et déclin de la seigneurie épiscopale au nord du royaume de France, Beauvais-Noyon, Xe-début XIIIe siècle, Paris-Genève, 1987, p. 127 et suiv. et aussi A.-W. Lewis, op. cit. n. 2, p. 94 et suiv.

    34 Sur « le régime interne de la ville », voir P. Desportes, Reims et les Rémois aux XIIIe et XIVe siècles, Paris, 1979, p. 73 et suiv.

    35 sedet in tristitia domina ecclesiarum et lacrymae ejus in maxillis ejus ; mutatus est color optimus, defloruit antiqua venustas, pretiosissimus ille ornatus datus est in conculcationem, nobilitas in contemptum et in servitutem libertas... (G. Marlot, Histoire de la ville, cité et université de Reims, III, Reims, 1846, p. 742) ; le dossier épistolaire sur les troubles rémois est dans RHGF, XV, p. 526-29.

    36 Reims et les Rémois..., op. cit. n. 34, p. 83-85.

    37 Lettre à Jean, évêque de Poitiers, RHGF, XVI, p. 182.

    38 M. Pacaut, Alexandre III..., op. cit. n. 15, p. 130.

    39 Ibid., p. 134.

    40 Sur l’affaire de Champagny : J.-P. Ravaux, « L’église Saint-Basle de Sept-Saulx », Mémoires de la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne, 100 (1985), p. 31.

    41 Cum ex administratione pastoralis officii teneamur subditorum nostrorum quieti providere et paci ; praesertim quia utrumque gladium nos exercere oportet, pro loco et tempore, in eos qui pacem oderunt et justicie adversantur, propensiori considerationi nobis attendendum est ut materialis gladius cum oportunum fuerit ita spiritualem comitetur, ne qui unum effugerit, alterum se effugisse glorietur ; sane mundus in maligne positus est adeo ut filii nequam licet alterum vel utrumque gladium presentiant suis cervicibus imminere, vix tamen a consuetudinibus excessibus continere vereantur (Cartulaire G du Chapitre de Reims, AD Marne, 2G 1656, fol. 23 ; G. Marlot, op.cit. n. 35, p. 766).

    42 Luc XXII, 38.

    43 Saint Bernard, De la considération, trad. P. Dalloz, Paris, 1986, p. 100 (livre IV, 7).

    44 B. Jacqueline, Episcopat et papauté chez saint Bernard de Clairvaux, Lille-Paris, 1975, p. 197.

    45 Si enim supradictus rex, qui ita catholicus et christianissimus est et ecclesiasticae libertatis amator, in bona ipsius ecclesiae manum extendit, haeredes ejus qui non ita erunt forte amatores ecclesiasticae libertatis, in eamdem et alias ecclesias regni facti hujus exemplo committere poterunt graviora ; quod si forte (quod absit) contingerat tibi in salutis perpetuae detrimentum, non immerito, proveniret... (RHGF, XV, p. 855).

    46 Y. Sassier, op. cit. n. 7, p. 258 et suiv. sur la « paix » de dix ans décrétée à Soissons en 1155, confirmée par le concile de Reims de 1167, qui prévoit le recours à l’autorité royale : « le roi par son office en vertu duquel il doit défendre les églises a le pouvoir de contraindre les méchants à s’amender » (Canons publiés par E. Martène et V. Durand, Veterum scriptorum..., op. cit. n. 6, VII, p. 74, reproduits dans Th. Gousset, Les Actes de la province ecclésiastique de Reims, II, Reims, 1843, p. 289).

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    Les serviteurs de l'État au Moyen Âge

    Ce livre est cité par

    • Mattéoni, Olivier. (2012) Le Noeud Gordien Un prince face à Louis XI. DOI: 10.3917/puf.matte.2012.01.0337

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    Demouy, P. (1999). Henri de France et Louis VII. In Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public (éd.), Les serviteurs de l’État au Moyen Âge (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.22428
    Demouy, Patrick. « Henri de France et Louis VII ». In Les serviteurs de l’État au Moyen Âge, édité par Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public. Paris: Éditions de la Sorbonne, 1999. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.22428.
    Demouy, Patrick. « Henri de France et Louis VII ». Les serviteurs de l’État au Moyen Âge, édité par Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public, Éditions de la Sorbonne, 1999, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.22428.

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    Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public (éd.). (1999). Les serviteurs de l’État au Moyen Âge (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.22392
    Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public, éd. Les serviteurs de l’État au Moyen Âge. Paris: Éditions de la Sorbonne, 1999. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.22392.
    Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public, éditeur. Les serviteurs de l’État au Moyen Âge. Éditions de la Sorbonne, 1999, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.22392.
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