Saint-Denis et la royauté
| , ,Première partie. Le règne de Charles VI
Entre théologie, humanisme et politique. Les sermons universitaires de la fête de saint Louis sous le règne de Charles VI (1380-1422)
Texte intégral
- 1 AN, M 180, no 3, document édité par H. Denifle et E. Chatelain, Chartularium Universitatis Parisien (...)
- 2 Les trois sermons de Jean Gerson pour la fête de saint Louis : Dedit illi gloriam regni, Dominus re (...)
1A partir de 1369, le 25 août de chaque année, jour de la fête de saint Louis, tous les maîtres et écoliers parisiens se réunissent dans la grande chapelle du collège de Navarre pour entendre l’office et le sermon en l’honneur du saint roi. C’est l’Université de Paris qui a décidé, sur la demande du roi Charles V, de centraliser ainsi le culte universitaire de saint Louis au collège royal1. Dans un calendrier liturgique chargé, les fêtes qui rassemblent la totalité des maîtres et étudiants parisiens ne sont pas si nombreuses et donnent l’occasion aux plus brillants orateurs de la faculté de théologie de s’exprimer devant toute la corporation. De ces sermons de la fête de saint Louis prononcés au collège de Navarre entre 1380 et 1422, on n’a conservé que six textes qu’on se propose ici d’étudier : trois sermons de Jean Gerson et trois sermons de Jean Courtecuisse2.
- 3 On dispose d’un petit nombre de textes de sermons prononcés devant l’Université de Paris sous le rè (...)
2Ces sermons latins représentent pratiquement les seules traces de prédication proprement universitaire, à Paris, sous le règne de Charles VI3. L’origine de ces textes, leur composition, les conditions dans lesquelles ils ont été prononcés puis transcrits feront l’objet de la première partie de ce travail. Le principal sujet de ces sermons est naturellement saint Louis : l’image plus politique que spirituelle qu’ils en donnent sera étudiée dans une deuxième partie. Enfin, on s’intéressera aux nombreuses digressions que les prédicateurs consacrent à l’actualité religieuse, politique et littéraire du règne de Charles VI.
- 4 La plupart des fêtes sont énumérées dans un calendrier à l’usage de la Nation Picarde de l’Universi (...)
3Chacun sait que de nombreux jours de l’année universitaire au Moyen Age sont des jours fériés, occupés comme les dimanches par les offices religieux, les sermons, ou encore, parfois, par les processions. Cependant, il existe une infinie variété de fêtes dans l’Université de Paris : fêtes communes à l’ensemble de la corporation, fêtes particulières à certaines facultés ou à certaines nations, jours de fêtes marqués par des offices mais sans interruption des cours... Il y a des jours de fête avec cours, d’autres sans cours, avec sermon ou sans sermon4. Quelle est la place du culte de saint Louis dans ce calendrier complexe et dans la hiérarchie des célébrations à la fin du XIVe siècle ?
- 5 Sequuntur alie regule generales consuete servari in Universitate Parisiensi. Et primo notandum, quo (...)
- 6 D’après le calendrier cité n. 4, tous les cours s’interrompent ces jours-là, jours de fêtes mobiles (...)
- 7 D’après ce calendrier de la Nation picarde, op. cit. (n. 4) qui associe à chaque fête un nombre pré (...)
- 8 B. Guenee, « Le vœu de Charles VI. Essai sur la dévotion des rois de France aux XIIIe et XIVe siècl (...)
4Des textes de statuts parisiens du XIVe siècle rappellent l’interdiction des cours et l’obligation d’un sermon les jours des cinq fêtes de la Vierge, des fêtes des douze apôtres, des quatre évangélistes, des quatre docteurs de l’Église5. Aucun cours n’a lieu non plus le premier janvier, à l’Epiphanie, le mercredi des Cendres, à l’Ascension, la Trinité et la Pentecôte, le jour du Saint-Sacrement, le jour de l’Exaltation de la sainte Croix, les jours de saint Paul, saint Pierre, saint Thomas d’Aquin, saint Jean, sainte Marie-Madeleine, saint Dominique, saint Bernard, saint Louis, saint Michel, saint François, saint Denis, la Toussaint, saint Martin, sainte Catherine, saint Nicolas6. A Pâques et à Noël, les cours s’interrompent pour plusieurs jours. Voici la liste des seules fêtes communes aux quatre facultés et aux quatre nations qui s’accompagnent d’une interruption des leçons : une cinquantaine de fêtes communes, au sein desquelles une certaine hiérarchie s’est dessinée au XIVe siècle. Les unes ne durent qu’une journée. Pour d’autres, les bacheliers cessent de faire leurs cours la veille dans l’après-midi, ce sont les principales fêtes universitaires : bien sûr, les fêtes de la Vierge et du Christ, mais aussi la Toussaint, sainte Catherine et saint Nicolas. Ainsi, la fête de saint Louis est une fête commune de l’Université de Paris, mais qui n’est pas plus célébrée que les autres sous le règne de Charles VI, et elle n’est pas de celles qui perturbent la vie des écoles pendant trois jours7. De même que Charles VI lui-même n’a pas de dévotion particulière pour le saint roi8.
- 9 On peut constater que les sermons latins de Jean Gerson devant l’Université ont été composés pour l (...)
- 10 D’après O. weijers, Terminologie des universités au XIIIe siècle, Rome, 1987, p. 372 sq, cette prat (...)
- 11 Par exemple dans des statuts de la faculté de théologie de 1335, édités par H. Denifle et E. Chatel (...)
- 12 Ibid, p. 226.
- 13 A cette époque, les frères mendiants représentent la majorité des prédicateurs devant l’université (...)
5On ne s’attardera pas ici sur le déroulement de ces jours fériés – qui coïncident généralement avec des étapes de l’année universitaire ou des assemblées de la corporation, pour l’élection d’un recteur par exemple. Mais on s’intéressera seulement à ce que les textes désignent par sermons généraux des dimanches et des jours de fêtes de l’Université (sermones generales). En certains dimanches (Quasimodo, Septuagésime) et les jours de fêtes communes, la corporation universitaire parisienne se réunit pour les offices, le repas et le sermon9, ou plutôt les sermons : le sermon du matin prêché par un maître, le sermon de l’après-midi ou du soir, la collatio, prononcé par un bachelier, qui d’après les statuts doit reprendre le thème du sermon du matin10. Le plus souvent au XIVe siècle, ces sermons généraux des dimanches et jours de fêtes devant l’Université sont prêchés par des maîtres ou bacheliers dominicains, franciscains, augustins dans les couvents mendiants qui offrent, sur la rive gauche, des espaces assez vastes pour accueillir des centaines, voire des milliers, de maîtres et étudiants des quatre facultés. Les statuts universitaires n’envisagent que rarement d’autres lieux, on y évoque « le sermon qui a lieu dans une maison des mendiants ou ailleurs »11. En 1318, le collège de Navarre qui vient d’être fondé a été officiellement reconnu par la corporation comme nouveau lieu de réunion de l’Université « pour les sermons généraux des dimanches et des fêtes »12. Mais, dans la deuxième moitié du XIVe siècle, la prédication universitaire parisienne reste un monopole mendiant13, ce qui n’est probablement pas du goût des maîtres séculiers qui voient ainsi leur échapper la prédication devant l’Université et le prestige qui est attaché à cette activité.
- 14 AN, M 180, no 3 : [...] quatenus annuales sermonem et collationem Universitatis predicte fieri cons (...)
- 15 En 1380, c’est Jean de Dommartin, un bachelier qui n’a jamais atteint la licence ; peut-être Jean C (...)
6C’est sans doute pourquoi le grand maître du collège de Navarre, avec le soutien des maîtres séculiers, s’efforce, au début du règne de Charles V, de faire attribuer à la communauté du collège la charge des deux sermons prononcés devant l’Université, le jour de la fête de saint Louis. Ils obtiennent satisfaction en 1369 et le collège de Navarre, peuplé de maîtres séculiers, devient le centre du culte universitaire du saint roi qui est particulièrement honoré par les ordres mendiants. Désormais, pour la fête de saint Louis, chaque année, tous les étudiants et maîtres parisiens-séculiers comme réguliers – doivent venir écouter l’office, le sermon du matin et la collatio le soir dans la vaste chapelle du collège de Navarre qui est d’ailleurs dédiée à saint Louis14. C’est un docteur en théologie séculier qui prêche le matin, le soir, c’est le plus avancé des bacheliers formés15.
- 16 Les statuts du collège de Navarre prévoyaient que si le texte de la collatio était satisfaisant, il (...)
- 17 Parmi les nombreux sermons latins de Jean Gerson, un petit nombre ont été prononcés devant l’Univer (...)
7De tous ces sermons et collationes prononcés au collège de Navarre pour la fête de saint Louis en quarante-deux ans, six seulement ont été conservés : trois de Jean Gerson, trois de Jean Courtecuisse, tous deux maîtres en théologie et anciens boursiers du collège de Navarre. De façon générale, on dispose d’un tout petit nombre de textes des sermons devant l’Université pour les autres fêtes. La corporation universitaire parisienne s’est donné des règles strictes pour la rédaction des sermons, notamment des collationes de bacheliers qui ne peuvent être mises par écrit et rédigées officiellement que sur l’autorisation de la faculté de théologie, à la condition qu’elles soient de bonne qualité16 La plupart des collationes et même des sermons, composés à la hâte, ne méritaient probablement pas de bénéficier, par la redactio, de la pérennité de l’écrit, et le petit nombre de sermons universitaires rédigés ne nous est même pas parvenu dans sa totalité17. L’enseignement – dont la prédication est un aspect – est avant tout oral.
- 18 Selon Monseigneur Glorieux, dans son introduction à l'Œuvre oratoire de Jean Gerson. Après avoir fa (...)
- 19 Jean Gerson reprend la division qui faisait l’objet de sa troisième partie l’année précédente à sav (...)
- 20 Dans ce sermon, Jean Gerson montre que le roi saint Louis paré de toutes les vertus a été un parfai (...)
- 21 Jean Courtecuisse passe en revue les qualités du roi saint Louis qui a bien gouverné, n’avait pas l (...)
- 22 Jardinier du royaume, saint Louis a gouverné avec les vertus exigées par Aristote : la clémence, la (...)
- 23 Dans ce sermon, le thème est emprunté au Livre des Rois. Il ne diffère pas beaucoup des deux précéd (...)
- 24 G. Di Stefano décrit ce manuscrit, Jean Courtecuisse, op. cit. (n. 2), introduction.
8Trois de ces six sermons pour la fête de saint Louis sont datés, ce sont ceux de Gerson. Le premier – une collatio – a été prêché le 26 août 139118 : Dedit illi gloriam regni, ce thème est tiré du Livre des Chroniques. Le deuxième, Dominus regnavit, date de 1392 : c’est aussi une collatio19. Le troisième sermon de Gerson, Considerate lilia agri, a été prêché au collège de Navarre le 25 août 1401 : c’est un sermon du matin. Gerson est alors chancelier de l’Université et docteur en théologie. Son thème est extrait de l’évangile de saint Matthieu : « Observez les lis des champs comme ils poussent »20. Le sermon Multi prophete et reges, de Jean Courtecuisse, est une collatio, sermon du soir peut-être composé lorsque son auteur n’était que bachelier, avant 138921. Le cinquième et le sixième sermon sont probablement postérieurs à 1401 : l’un d’eux reprend le thème suivi par Gerson en 1401 : Considerate lilia agri22. Le troisième sermon de Jean Courtecuisse tu Domine a été longtemps attribué à Gerson23. Cependant, il n’y a pas de doute, ces trois derniers sermons ont été écrits par Jean Courtecuisse. Car ils sont conservés dans un unique manuscrit, le latin 3546 de la Bibliothèque Nationale, manuscrit autographe, dans lequel le théologien a réuni vingt-et-un sermons français et latins, soigneusement récrits et corrigés24. Ces trois sermons de la fête de saint Louis ont bien été prononcés par Jean Courtecuisse devant l’Université à des dates inconnues, au collège de Navarre, mais peut-être pas exactement sous la forme conservée dans le manuscrit : les notations relatives au contexte, aux auditeurs ont été effacées, des citations ont dû être ajoutées.
- 25 D’après les conclusions convaincantes de M. Lieberman à propos du sermon Considerate lilia agri, op (...)
- 26 En ce qui concerne le sermon Considerate lilia agri, dont la version issue de la reportatio, conser (...)
9On dispose en revanche pour les sermons latins de Gerson de nombreux manuscrits qui remontent probablement à deux traditions principales25. Les uns semblent avoir été copiés à partir de reportationes, de notes prises au cours du sermon et contiennent un texte proche de celui qui a été prêché. Il y manque les passages que le prédicateur n’a pas eu le temps de prononcer, des thèmes annoncés sont abrégés. D’autres manuscrits contiennent la version longue des sermons latins que Gerson a lui-même rédigée, ce sont notamment les manuscrits copiés par son frère Jean le Célestin parfois accusé d’avoir transformé les textes. Ce sont les textes issus de la première tradition, de la reportatio qu’on a ici privilégiés26.
- 27 H. Denifle et E. Chatelain, op. cit. (n. 1), t. 2, p. 226.
10L’auditoire y est très présent : il est apparemment nombreux, composé d’écoliers, de maîtres ès arts dits juvenes, et d’hommes plus âgés. Le prédicateur remarque plusieurs fois que les écoliers se dirigent vers la porte, qu’ils bavardent et il modifie son discours. Il est aussi possible que des auditeurs non universitaires aient été présents. Car dès le début du XIVe siècle, des statuts universitaires faisaient allusion aux fidèles qui venaient écouter les sermons généraux de l’Université27. Et en 1401, le sermon de Gerson fait l’objet d’une publicité sous forme de tracts (schedulae) affichés dans Paris la veille de la fête de saint Louis. Le prédicateur s’en indigne dans son sermon, par fausse modestie peut-être, mais surtout pour dénoncer un geste selon lui contraire à la tradition universitaire. Si quelques étudiants du collège ont cru bon d’attirer un public de laïcs, n’est-ce pas aussi pour compenser l’absence de plus en plus fréquente des étudiants aux trop nombreuses prédications universitaires ?
11D’autant plus que ces deux orateurs ont un discours accessible aux clercs peu cultivés. Leurs sermons sont très lyriques, très structurés, et, laissant de côté les problèmes théologiques, sont largement consacrés à la morale et à la politique, comme on va le voir à présent.
- 28 J. Krynen, L'Empire du Roi, Paris, 1993, p. 187 sq.
12Le premier sujet de ces sermons est naturellement saint Louis, non pas tant le saint – et il n’est jamais question de ses miracles – mais le roi doté de toutes les vertus. Saint Louis est par de multiples citations comparé aux souverains de l’Ancien Testament, de l’Antiquité romaine et du Moyen Age parce qu’il a su comme eux se gouverner lui-même, gouverner son peuple et le mener au salut, parce qu’il réunit à lui seul les vertus qu’on trouve chez les uns ou chez les autres. Nos deux auteurs ont puisé les exemples de rois bibliques ou antiques dans les instruments de travail bien connus des prédicateurs : concordances bibliques et distinctiones mais aussi, sans doute, dans les miroirs du prince du XIVe siècle, comme le De informatione principum ou le Speculum morale regum de Robert Gervais (achevé en 1386), ouvrages qui mettent en parallèle les grandes figures païennes et les rois de France28. Les thèmes abordés par les deux prédicateurs à propos de saint Louis peuvent être divisés en deux groupes : les uns, à caractère anecdotique, n’apparaissent que ponctuellement dans un ou deux sermons : c’est la chasteté de saint Louis, ses lois contre le blasphème, ou encore son apparence physique qui reflétait ses vertus. D’autres thèmes sont au contraire largement développés – la prudence, la justice, la foi – et ils permettent aux deux prédicateurs de parler, à travers saint Louis, du royaume de Charles VI.
- 29 Sur l’image de saint Louis aux XIVe et XVe siècles, C. Beaune, Naissance de la nation France, Paris (...)
- 30 Sermon Dominus regnavit : Dicam tamen aliqua quae mihi ex legenda sua ad manum oblata sunt per quae (...)
- 31 J. Krynen, op. cit. (n. 28), p. 208 sq.
13Parmi les thèmes ponctuels, la chasteté de saint Louis. C’est un thème bien connu de la vie du saint, repris par ses biographes et par les offices de sa fête qui énumèrent les gestes qui l’ont conduit à la sainteté : l’ascèse, la pratique des jeûnes, l’abstinence alimentaire, la modération dans la vie quotidienne, la maîtrise de soi, l’humilité29. Gerson dans ses premiers sermons montre, à l’aide de citations de Sénèque, mais aussi d’Horace, de Cicéron et des Proverbes, que saint Louis a su soumettre ses sens. Il fait le récit du lépreux de Royaumont rapporté par Guillaume de Saint-Pathus, rappelle que le saint roi lavait les pieds des pauvres, et il compare sa chasteté à celle de Scipion l’Africain. Gerson mentionne aussi le respect des trois nuits de Tobie : le roi est resté chaste pendant les trois premières nuits de son mariage30. Il a su se gouverner lui-même : c’est aussi une idée fondamentale des miroirs des princes depuis le XIIIe siècle : le roi doit pour régir les autres se discipliner lui-même, être vertueux31. L’une de ces vertus est la chasteté mais n’est cependant pas la principale aux yeux de nos prédicateurs, au milieu du règne de Charles VI.
- 32 R. Folz, op cit. (n. 29), p. 36.
- 33 Jean Gerson, dans Considerate lilia agri : Quid amplius dicam de clausura liliorum suorum per justa (...)
- 34 Jean Gerson, dans Dominus regnavit : Cicero frequenter suis in orationibus et Seneca, II, De ira, J (...)
- 35 Jean Gerson, voir note précédente.
14Saint Louis a donné de bonnes lois à ses sujets : les lois contre le blasphème et le duel, et les offices de la fête de saint Louis le répètent inlassablement pour démontrer qu’il fut un défenseur de la foi, qu’il a mérité la canonisation32. Pour Gerson et Courtecuisse, les bonnes lois prouvent avant tout que saint Louis a su gouverner son prochain conformément aux prescriptions des miroirs des princes33. Le bon gouvernement suppose aussi la clémence à l’égard des sujets et des ennemis, celle de saint Louis est rappelée au passage, une fois par Gerson, une fois par Courtecuisse34. De même, l’un des premiers sermons précise que saint Louis n’a pas été un tyran selon la définition qu’en donne Aristote, notamment parce qu’il a protégé l’Université : le bon roi est celui qui ne méprise ni les savants ni les études35.
- 36 J. Krynen, op. cit. (n. 28), p. 217 sq.
- 37 Jean Gerson, dans Dedit illi gloriam : Prima Stella in corona regis nostri fuit fugor laetus et ser (...)
15Ainsi, l’image christique de saint Louis qui prédomine dans les offices de sa fête et dans ses biographies passe ici au second plan : son humilité, sa chasteté, sa haine pour le blasphème sont rapidement évoqués. De même, des thèmes plus politiques comme la tyrannie ou la clémence intéressent peu nos deux prédicateurs du règne de Charles VI. En revanche, quelques qualités de saint Louis reviennent dans tous les sermons : il ne s’agit pas des principales vertus du saint mais des principales vertus du roi : la prudence, la justice, la foi. A peine abordé dans les sermons de 1391 et 1392, le thème de la prudence de saint Louis envahit peu à peu les textes du début du XVe siècle. Cette vertu cardinale est, à la fin du Moyen Age, la capacité à mettre le savoir, la science en pratique, à discerner la bonne façon d’agir36. En 1401, selon Gerson, la prudence de saint Louis et de tout roi est la première des vertus, celle qui conduit toutes les autres – ce qu’il répète presque mot pour mot dans son sermon français Vivat Rex de 1405. La prudence telle qu’elle apparaît dans le Ve livre de la Politique d’Aristote, c’est selon Gerson le temps de la méditation, de la réflexion (consideratio) : « Malheur au pays dont le roi est un gamin », lit-on dans l’Ecclésiaste. Saint Louis comme Scipion au Capitole savait s’isoler pour méditer, pour élaborer une stratégie (Gerson cite les noms de Tite-Live, Végèce, Frontin, Salluste). Saint Louis, roi très prudent était tel Janus avec des yeux devant et derrière la tête. Jean Courtecuisse rappelle que saint Louis a enseigné la prudence à son fils dans le petit livre qu’il a écrit lui-même37. Dans un royaume dont le roi est fou, on ne saurait s’étonner de l’importance que nos prédicateurs accordent à la prudence, à l’intelligence politique du souverain.
- 38 Jean Courtecuisse, dans Considerate lilia agri : Beatissimus rex et agricola Ludovicus vepres et lo (...)
- 39 C. Gauvard, « Ordonnance de réforme et pouvoir législatif en France au XIVe siècle (1303-1413) », R (...)
- 40 Jean Courtecuisse, dans Multi prophete : Beatus Ludovicus [...] regnum suum in tanta tranquillitate (...)
16L’autre vertu de saint Louis qui est mise en avant est son souci de justice, vertu cardinale, plus présente dans les sermons de Jean Courtecuisse. Celui-ci évoque l’âge d’or du règne de saint Louis qui rendait justice directement à ses sujets, les recevait pour entendre leurs plaintes, qui a donné raison aux faibles contre les puissants (probablement a-t-on ici une allusion à l’affaire bien connue du sire de Coucy)38. Ce discours de Jean Courtecuisse sur la justice de saint Louis dans les années 1400-1410 ressemble aux prises de position réformatrices de Philippe de Mézières et d’autres théoriciens du règne de Charles VI qui aspirent à une réforme judiciaire et regrettent de voir la justice passer du roi aux mains de professionnels peu scrupuleux39. Saint Louis est aussi le roi qui selon Jean Courtecuisse a su maintenir son royaume dans la paix, la tranquillité, l’unité40.
- 41 Jean Gerson, dans Dominus regnavit : [...] ad exemplum patris sui Ludovici qui de Albigesio et comi (...)
- 42 L. Mourin, op. cit. (n. 2), p. 404.
17Enfin, saint Louis est le roi défenseur de la foi catholique. Cette idée est présente dans les six sermons, sous des formes diverses. Tantôt on rappelle les pratiques dévotionnelles de saint Louis, les églises et monastères qu’il a édifiés, mais c’est le plus souvent la dimension guerrière qui revient41. C’est le roi qui a courageusement combattu les hérétiques et les infidèles, comme Clovis, comme Charlemagne, comme son père Louis VIII – ces figures-là apparaissent aussi dans le sermons français de Gerson devant la Cour42. Selon les deux prédicateurs, saint Louis a été un meilleur chrétien que certains prélats et il s’est efforcé de mener son peuple au salut.
- 43 Jean Gerson, dans le sermon Dominus regnavit, passe ainsi de saint Louis à ses contemporains : Hunc (...)
18Le plus souvent le prédicateur enchaîne alors son discours sur la cupidité du clergé qui ne défend pas la foi. C’est un topos des sermons français et latins du règne de Charles VI, saint Louis avait des richesses matérielles mais se comportait comme un pauvre, comme un humble. Il différait en cela des clercs qui se prétendent pauvres mais vivent dans le luxe. Il est 1e dives sine macula qui rejoint l’image des offices et des biographies mendiantes43.
19Par ce dernier thème, les vices du clergé, on aborde déjà les digressions des sermons, des passages entiers qui semblent sans rapport avec le saint roi.
20C’est parfois sans transition que le prédicateur délaisse le fil de son discours sur les vertus de saint Louis pour aborder des thèmes contemporains qui lui sont chers et qui vont des simples allusions à de véritables exposés enclavés dans le texte du sermon.
- 44 B. Guenee, Entre l'Eglise et l'Etat. Quatre vies de prélats français à la fin du Moyen Age, Paris, (...)
21Les prélats qui aiment trop les biens matériels sont rendus responsables du Schisme. Dès les années 1385, les thèmes de la fin du Monde, de l’Église ébranlée par le Schisme, du temps du péché et des sept péchés capitaux sont fréquemment évoqués par les prédicateurs, par exemple par Pierre d’Ailly44. Comme leur maître, Jean Gerson et Jean Courtecuisse ne se lassent pas de décrire le goût immodéré des clercs pour le luxe et les richesses. Les prélats ne se soucient pas de mettre fin au Schisme.
- 45 G. Ouy, « La plus ancienne œuvre retrouvée de Jean Gerson : le brouillon inachevé d’un traité contr (...)
- 46 B. Guenee, op. cit. (n. 44), p. 189 sq.
- 47 Dans le sermon Dominus regnavit, il fait ainsi une allusion hostile, assez explicite, aux frères Me (...)
- 48 Jean Courtecuisse, dans Multi prophete : [...] istum mundum prodicionibus, peculationibus, fiurtis, (...)
- 49 E. Ornato, « La redécouverte des discours de Cicéron en Italie et en France à la fin du XIVe et au (...)
- 50 Jean Gerson, dans Dominus regnavit : Et utinam ingentibus et maximis regum nostrorum virtutibus par (...)
22Dans ses premiers sermons, en 1391 et 1392, Jean Gerson exprime son hostilité à l’égard des Mendiants alors que l’affaire de Juan de Monzon et le débat sur l’immaculée Conception sont récents. En mai 1387, lors d’une leçon pour l’obtention de la licence, à Paris, le dominicain Juan de Monzon a affirmé qu’il ne fallait pas croire à l’immaculée Conception de la Vierge. Immédiatement, Gerson l’a critiqué45 et, dès l’été 1387, Juan de Monzon est condamné par la faculté de théologie. En 1388, une délégation menée par Pierre d’Ailly va à Avignon convaincre Clément VII de condamner les propositions du dominicain46 ; les maîtres dominicains quittent l’Université de Paris en 1389, pour ne revenir qu’en 1403. Le 26 août 1392, au collège de Navarre, Gerson dénonce leur prétendue pauvreté, leur goût pour les palais, leur habileté à disputer sur la pauvreté et la perfection, tout en étant incapables d’être pauvres ou parfaits47. Après 1400, Jean Courtecuisse brosse, quant à lui, le tableau du royaume de Charles VI où les voleurs et les criminels agissent en toute impunité48. Le thème est fréquent chez ces deux prédicateurs dans leurs sermons latins comme dans leurs sermons français. Ce qui n’est pas le cas des sujets plus littéraires qui sont aussi abordés ici ou des questions qui intéressent de près les universitaires. Ainsi, Gerson comme Courtecuisse exaltent l’humanisme et l’étude de la littérature antique. Par leur forme, d’abord, les sermons sont de véritables manifestes humanistes, surtout les premiers sermons de Gerson – car ceux de Jean Courtecuisse, truffés de citations érudites, ont probablement été retouchés par leur auteur. En 1391 et surtout 1392, au milieu des multiples citations de Sénèque, Claudien, Horace, Ovide, Cicéron, Perse, Macrobe, Virgile, Valère, Orose, il faut relever un exemple emprunté au De viris illustribus de Pétrarque, et surtout un renvoi aux discours de Cicéron dont le premier manuscrit ne parvient en France, dans les mains de Jean de Montreuil, que deux ou trois ans plus tard49. Gerson a-t-il vu les discours dès 1392 ou mentionne-t-il cette œuvre parce qu’il en recherche assidûment le manuscrit à ce moment-là ? C’est aussi en 1392 que le jeune Gerson lance un appel pour que, selon l’exemple des Grecs et des Italiens, on écrive en France l’histoire des hommes illustres et que les lettrés français accèdent à l’éloquence50. Où donc pourrait-il formuler ce vœu sinon devant les maîtres ès arts parisiens ? Mais son appel est resté sans réponse.
- 51 « Le précepteur doit souvent prendre le parti de la décence et du bien contre ceux qui osent nommer (...)
- 52 Jean Gerson, dans Considerate lilia : Multa de consequenti neglectu utilium ac praeclarorum studior (...)
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23Après 1400, l’éducation morale et les méthodes d’enseignement à l’Université sont devenues l’un des thèmes favoris de Gerson. En 1401, il rappelle que saint Louis est jardinier des trois lis, mais les lis comme les hommes ont besoin de rosée : de religion, de nourriture, de protection, et de discipline (c’est à dire d’éthique, d’économique et de politique). Un long exposé sur l’éducation d’après Quintilien occupe la deuxième partie de son sermon. Évoquant les nécessaires bonnes mœurs du maître, il critique vivement ceux qui nomment les parties honteuses du corps et ne rougissent d’aucun mot51. Il s’agit là d’une allusion au Roman de la Rose et de la première intervention – assez discrète – dans le long débat littéraire qui oppose Gerson et Christine de Pizan à Jean de Montreuil et d’autres humanistes. Sans nommer l’œuvre, l’orateur exercé qu’est le Chancelier en 1401 ne peut parler à la légère : il sait qu’il va être compris malgré le caractère implicite de ses propos. Parce qu’il n’est pas si fréquent de parler devant l’Université réunie, Gerson, en 1401, encourage son auditoire à se consacrer à des études utiles et brillantes et à délaisser ce qu’il appelle les arts et sciences lucratives, c’est-à-dire le droit52. La haine des théologiens à l’égard des juristes date de plusieurs décennies, elle est déjà sensible dans l’œuvre de Nicolas Oresme et dans celle de Pierre d’Ailly, deux anciens maîtres du collège de Navarre53.
- 54 C. Beaune, op. cit. (n. 29), p. 159 sq.
24En guise de conclusion, on peut dire que ces six sermons de la fête de saint Louis nous permettent d’apprécier le culte de saint Louis dans l’Université sous le règne de Charles VI. Une fois par an, les maîtres et étudiants parisiens se réunissent pour prier et honorer le saint roi pendant son office. C’est une fête commune parmi d’autres tout au long du règne de Charles VI. Les universitaires parisiens n’ont pas de dévotion spéciale à l’égard de saint Louis, dont le culte est encore assez peu répandu54.
- 55 Sur les rapports entre l’exégèse universitaire et les sermons, voir L.-J. Bataillon « De la lectio (...)
- 56 J. Verger, « L’exégèse de l’Université » Le Moyen Age et la Bible, Paris, 1984, p. 199-232 ; P. Buc(...)
25On peut être frappé par la façon dont Jean Gerson comme Jean Courtecuisse négligent l’image du saint façonnée par ses hagiographes et biographes mendiants, image qui est pourtant présentée dans le texte des offices en usage. Saint Louis n’est pas une référence spirituelle aux yeux de ces théologiens séculiers du règne de Charles VI. Ils ne retiennent que l’image politique du saint roi. C’est un modèle de gouvernant qu’ils présentent aux clercs de l’Université et qui s’oppose en tout point à Charles VI qui n’est pourtant jamais nommé ou même évoqué implicitement. Pas de critiques ad hominem et ces théologiens placent le pouvoir royal au-dessus de tout. Tous deux ont lu les miroirs du prince, dont les auteurs de Gilles de Rome à Robert Gervais ont été influencés par Aristote, et ils parlent de saint Louis en termes plus politiques que religieux. Ils font peu de remarques théologiques sauf Gerson qui, en 1391, cite saint Anselme et les Commentaires sur les Sentences de Pierre Lombard. Ils sont toutefois marqués par la formation qu’ils ont reçue à la faculté de théologie où, depuis les Postilles de Nicolas de Lyre, on s’applique à commenter la Bible littéralement55. C’est-à-dire que les rois de l’Ancien Testament ne sont plus considérés comme des figures symboliques des prélats ou du Christ – selon le sens mystique –, mais comme des souverains dont les problèmes politiques sont commentés. Au XIVe siècle, pour les exégètes de l’Université, le passé de la Bible est riche en enseignements politiques, d’où les multiples citations bibliques des deux auteurs56.
- 57 Z. Kaluza, Les querelles doctrinales à Paris : Nominalistes et Réalistes aux confins du XIVe et du (...)
26Cependant on peut s’étonner du caractère faiblement doctrinal de ces sermons prononcés devant l’Université par des théologiens, qui prêchent pourtant dans le cadre de l’enseignement : depuis le XIIe siècle, la mission du maître est triple : lire, disputer et prêcher. Sous le règne de Charles VI, la faculté de théologie est agitée par des polémiques entre les nominalistes et les scotistes qui n’apparaissent pas ici57. Lors de ces sermons universitaires de la fête de saint Louis, les prédicateurs peuvent aborder des thèmes politiques par le biais de l’histoire du saint roi. Au milieu des querelles et des conflits de pouvoir dans la corporation universitaire, la prédication des fêtes et des dimanches offre à un maître l’occasion d’exprimer son opinion et de rallier à lui les étudiants. Celui qui a l’aval de la majorité de l’Université a plus de poids aux yeux du roi, des princes, de l’Église.
- 58 Jean Gerson et Jean Courtecuisse appartenaient au petit groupe des plus brillants orateurs parisien (...)
27Enfin, il faut remarquer que ces sermons devant l’Université diffèrent des sermons devant la cour par leur grand nombre de citations, par l’allusion aux débats pédagogiques et littéraires, par leur érudition nécessaire pour gagner l’admiration des docteurs, même s’il s’agit ici des textes des sermons les plus savants qui aient été prononcés devant les maîtres et étudiants parisiens sous le règne de Charles VI58, de ceux qu’on a voulu mettre par écrit et diffuser. Ils ne sont pas représentatifs de tous les sermons de la fête de saint Louis ni même de la prédication universitaire. La prédication latine de Gerson et de Courtecuisse n’a guère été étudiée – à la différence de leurs sermons français. Dans l’ensemble, la prédication universitaire parisienne des XIVe et XVe siècles est assez mal connue alors que celle du XIIIe siècle a été plus étudiée. Les multiples textes de sermons sont manuscrits et les éditions critiques manquent. Après ces quelques remarques ponctuelles et provisoires, tout le travail reste donc à faire.
Notes
1 AN, M 180, no 3, document édité par H. Denifle et E. Chatelain, Chartularium Universitatis Parisiensis, 4 vol., Paris, 1889-1899, t. 3, p. 189-190. A propos de cette réforme, je me permets de citer mon travail sur Le collège de Navarre de sa fondation (1305) au début du XVe siècle (1418) : histoire de l’institution, de sa vie intellectuelle et de son recrutement, Paris, 1997, chapitre X.
2 Les trois sermons de Jean Gerson pour la fête de saint Louis : Dedit illi gloriam regni, Dominus regnavit, Considerate lilia agri, ont été édités avec les autres sermons de cet auteur par L. Ellies du Pin, Johannes Gersonii, Opera Omnia, Anvers, 1706, t. 3, p. 1449-1447, 1457-1467, 1427-1439, ainsi que par P. Glorieux, Jean Gerson, Œuvres complètes, 8 vol., Paris-Tournai-Rome-New York, 1960-1971, t. 5 : L’œuvre oratoire, p. 179-190, p. 229-243, p. 151-168. Ces éditions étant commodes mais incomplètes, il est nécessaire de consulter les manuscrits qui présentent des variantes : pour le premier sermon, BNF, lat. 14582, f. 209v-212v, pour le deuxième BNF, lat. 14907, f. 33 et BA 523, f. 48-53v, pour le troisième, BNF, lat. 14902, f. 63-74, BA 523, f. 106-114, BNF, lat. 15899, f. 46 v-56. Les anciens manuscrits de Saint-Victor, BNF, lat. 14902, 14907, 14582 sont décrits par G. Ouy et D. Calvot, L’œuvre de Gerson à Saint-Victor de Paris, Paris, 1990. Les trois sermons latins de Jean Courtecuisse pour la fête de saint Louis : Domine mi rex, Considerate lilia agri, et Multi prophete sont réunis dans un unique manuscrit, probablement autographe, BNF, lat. 3546, qui contient aussi les manuscrits français de cet auteur et qui est présenté par G. Di Stefano dans son édition des sermons français de Jean Courtecuisse, L’œuvre oratoire française, Turin, 1969. Le premier de ces trois sermons, Domine tu rex, a été édité sous le nom de Gerson par L. Ellies du Pin, op. cit., t. 3, p. 1440-1449. Les sermons français de Jean Gerson et de Jean Courtecuisse ont été largement étudiés, principalement par L. Mourin, Jean Gerson, prédicateur français, Bruges, 1952 et G. Di Stefano, cité ci-dessus. En revanche, la bibliographie relative à leurs sermons latins est assez maigre. Pour Jean Gerson, outre les travaux de P. Glorieux notamment « L’enseignement universitaire de Gerson », Recherches de théologie ancienne et médiévale, 23 (1956), p. 88-113, et d’A. Combes, « Etudes gersoniennes VIII. Sur la date des sermons universitaires de Gerson pour la fête du Jeudi Saint », Archives d’histoire doctrinaire et littéraire du Moyen Age, 15 (1946), p. 331-482, il faut se reporter aux travaux de M. Lieberman sur Jean Gerson, Chronologie gersonienne, principalement Romania, 70 (1948), p. 51-67, 73 (1952), p. 480-496, 74 (1953), p. 289-337, 78 (1957), p. 1-36, 146-181.
3 On dispose d’un petit nombre de textes de sermons prononcés devant l’Université de Paris sous le règne de Charles VI : outre les sermons de Jean Courtecuisse qui sont inédits et ceux de Jean Gerson, on peut citer quelques sermons latins de Pierre d’Ailly, qui n’ont pas tous été recensés ni édités, ainsi que les sermons, mieux connus, de Jacques Legrand, étudiés par E. Beltran, « Jacques Legrand prédicateur », Analecta Augustiniana, 30 (1967), p. 148-209 et « Jacques Legrand, sa vie, son œuvre », Augustiniana, 24 (1974), p. 132-160, 387-414.
4 La plupart des fêtes sont énumérées dans un calendrier à l’usage de la Nation Picarde de l’Université de Paris, publié par H. Denifle et E. Chatelain, op. cit. (n. 1), t. 3, p. 709-716..
5 Sequuntur alie regule generales consuete servari in Universitate Parisiensi. Et primo notandum, quod in quinque festis Virginis Marie, duodecim apostolorum, quatuor evangelistarum et quatuor doctorum, non legitur in aliqua facultate, et semper debet fieri sermo., texte édité par H. Denifle et E. Chatelain, op. cit. (n. 1), t. 2, p. 696. Les cinq fêtes de la Vierge sont : la fête de la Conception le 8 décembre, de sa naissance le 8 septembre, de la Purification le 2 février, de l’Annonciation le 25 mars, de l’Assomption le 15 août. Et en effet, d’après le calendrier cité n. 4, l’Université célèbre les fêtes des douze apôtres : Matthieu (24 février), Philippe et Jacques (1er mai), Barnabé (11 juin), Pierre et Paul (29 juin), Jacques (25 juillet), Barthélemy (24 août), Simon et Jude (28 octobre), Thomas (20 décembre), Jean (27 décembre), les fêtes des quatre évangélistes, Marc (25 avril), Matthieu (21 septembre), Jean (27 décembre), Luc (18 octobre), et les fêtes des quatre docteurs : Augustin (28 février), Grégoire (12 mars), Ambroise (4 avril), Jérôme (30 septembre).
6 D’après le calendrier cité n. 4, tous les cours s’interrompent ces jours-là, jours de fêtes mobiles ou fixes : de la sainte Croix (14 septembre), de saint Paul (11 janvier), saint Pierre (22 février), saint Thomas d’Aquin (7 mars), sainte Marie-Madeleine (22 juillet), saint Dominique (5 août), saint Bernard (20 août), saint Michel (29 septembre), saint François (4 octobre), saint Denis (9 octobre), saint Martin (11 novembre), sainte Catherine (25 novembre), saint Nicolas (6 décembre).
7 D’après ce calendrier de la Nation picarde, op. cit. (n. 4) qui associe à chaque fête un nombre précis de jours fériés. On peut supposer que l’ensemble de l’Université célèbre toutes ces fêtes comme la Nation picarde, à quelques nuances près selon les collèges, les facultés ou les nations. Il en est ainsi au collège royal de Navarre où l’on accorde seulement un peu plus d’importance à la fête de saint Louis. En effet, dès le début du XIVe siècle, les statuts de fondation du collège présentent la liste des principales fêtes (diebus festivis) qui doivent être célébrées par les boursiers dans une chapelle dédiée à saint Louis : ce sont – outre les dimanches où l’on célèbre la messe – les quatre fêtes annuelles (Noël, Pâques, la Pentecôte, la Toussaint), les fêtes de la Vierge, de saint Jean, de saint Nicolas (protecteur des étudiants), de saint Louis, enfin de sainte Catherine, d’après N. Gorochov, op. cit. (n. 1), chapitre II. Sous le règne de Charles VI, les fêtes communes de l’Université de Paris sont bien mentionnées par Richard de Basoches, bachelier en théologie parisien, dans les marges du cahier où il reporte, en les datant, les leçons qu’il entend dans les écoles de théologie, ainsi que des événements de la vie quotidienne : fêtes, processions, intempéries etc. Il prend le soin de signaler les jours de fêtes marqués par l’interruption des leçons, tout au long de l’année universitaire 1392-1393, de septembre à juin, ce qui permet de reconstituer un calendrier des jours fériés conforme à celui de la Nation picarde, d’après P. Glorieux, « L’année universitaire 1392-1393 à la Sorbonne à travers les notes d’un étudiant », Revue des sciences religieuses, 19 (1939), p. 419-482.
8 B. Guenee, « Le vœu de Charles VI. Essai sur la dévotion des rois de France aux XIIIe et XIVe siècles », JS, janvier-juin 1996, p. 67-135.
9 On peut constater que les sermons latins de Jean Gerson devant l’Université ont été composés pour les principales fêtes célébrées par la corporation : pour la veille de la fête de saint Nicolas (P. Glorieux, Jean Gerson, op. cit. (n. 2), p. 511-520), pour la fête de saint Bernard (ibid., p. 325), pour la fête de saint Michel (ibid., p. 292, 309), pour le jour de Pâques (ibid., p. 494), pour le jeudi saint (ibid., p. 12, 459, 405), pour la Toussaint (ibid., p. 265), pour le dimanche de Septuagésime (ibid., p. 362) etc.
10 D’après O. weijers, Terminologie des universités au XIIIe siècle, Rome, 1987, p. 372 sq, cette pratique de la collatio, ou prédication du soir, attestée à Paris dès 1240, s’inspire d’une coutume monastique et a été probablement introduite dans l’université par les écoles des mendiants : c’est un exercice qui existe dans les couvents mendiants et les écoles de réguliers, qui est attesté dans les statuts du collège du Trésorier de 1264, mais aussi présent dans les statuts du collège de Navarre de 1315, où on peut lire : In vigiliis festorum sollempnium immediate post vesperas tenebitur quilibet theologus in suo ordine aliquam collationem de festo facere in ecclesia vel in capitulo ad quem tenebuntur omnes scolares et socii interesse. Ea tamen quae eis vel aliis videantur honesta et utilia statuenda, poterunt ea statuere, quae tamen donec a gubernatoribus approbata fuerint, non habebunt alicuius roboris firmitatem. Cette pratique de la collatio entraîne les étudiants à la prédication et leur permet de rédiger de premiers écrits. Les exécuteurs testamentaires prévoient en effet que, si la collatio s’y prête, elle pourra être fixée, transcrite, avec l’approbation des gouverneurs du collège. Outre l’étude d’O. Weijers, ibid., on peut consulter d’autres articles sur la collatio dans l’université, notamment : J. Hamesse, « Collatio et reportatio : deux vocables spécifiques de la vie intellectuelle au Moyen Age », Terminologie et vie intellectuelle au Moyen Age, Colloque Leyde-La Haye 20-21 septembre 1985, t. 1, O. Weijers éd., Turnhout, 1988, p. 78-87.
11 Par exemple dans des statuts de la faculté de théologie de 1335, édités par H. Denifle et E. Chatelain, op. cit (n. 1), t. 2, p. 692.
12 Ibid, p. 226.
13 A cette époque, les frères mendiants représentent la majorité des prédicateurs devant l’université ou le peuple, d’après H. Martin, Le métier de prédicateur à la fin du Moyen Age (1350-1520), Paris, 1988.
14 AN, M 180, no 3 : [...] quatenus annuales sermonem et collationem Universitatis predicte fieri consuetos ad clerum die festo sancti Ludovici regis dudum Francorum nos (l’Université), ad quos spectat tam de consuetudine quant de jure de hujusmodi sermonibus et collationibus ordinare, suo regali collegio scolarium de Navarra sub littera Universitatis concedere perpetuo dignaremur.
15 En 1380, c’est Jean de Dommartin, un bachelier qui n’a jamais atteint la licence ; peut-être Jean Courtecuisse en 1387 et 1388 ; en 1391 et 1392 le sermon revient à Jean Gerson, licencié au cours de l’année 1392. En 1391, Gerson a remplacé l’abbé de Saint-Germain-des-Prés qui devait faire le sermon, mais qui est tombé malade quelques jours avant (Dedit illi gloriam d’après N. Gorochov, op. cit. (n. 1), chap. XVIII.
16 Les statuts du collège de Navarre prévoyaient que si le texte de la collatio était satisfaisant, il pourrait être fixé par écrit ; voir supra la citation de la note 9.
17 Parmi les nombreux sermons latins de Jean Gerson, un petit nombre ont été prononcés devant l’Université.
18 Selon Monseigneur Glorieux, dans son introduction à l'Œuvre oratoire de Jean Gerson. Après avoir fait, en préambule, de nombreuses remarques relatives à son incompétence mais aussi au caractère improvisé de cette prédication qu’on lui a confiée quelques jours avant, Gerson, jeune bachelier en théologie, présente un sermon divisé en trois parties (in generalem, in specialem, in particularem). Dans la première, très générale, il rappelle que la gloire attribuée à saint Louis ne lui est pas propre mais relève d’une imitation de Dieu. La deuxième partie, comporte, d’après Aristote, une définition de la royauté, distincte de la tyrannie et auxquelles les lois et la paix sont nécessaires. La troisième partie est une énumération des douze étoiles de la couronne de saint Louis : ce sont les quatre vertus cardinales ; prudence, tempérance, courage et justice, appliquées à l’égard de soi-même, de son prochain et de Dieu. Gerson montre combien saint Louis a fait preuve de ces vertus chères à Aristote.
19 Jean Gerson reprend la division qui faisait l’objet de sa troisième partie l’année précédente à savoir l’attitude à l’égard de soi-même, de son prochain et de Dieu, qui structure cette fois le sermon tout entier. Il démontre, au moyen de multiples citations et exemples empruntés à l’Ancien et au Nouveau Testament, aux historiens romains, à Aristote, aux pères de l’Église, que saint Louis a su se gouverner lui-même, gouverner son prochain et servir la foi.
20 Dans ce sermon, Jean Gerson montre que le roi saint Louis paré de toutes les vertus a été un parfait jardinier des lis, c’est-à-dire de son royaume auquel il a apporté la rosée (la foi), la nourriture terrestre et la protection des lois. Les hommes comme les lis ont besoin de soins, dit-il, pour parvenir à maturité et le Chancelier fait un long exposé sur l’éducation qui occupe la deuxième partie de son sermon.
21 Jean Courtecuisse passe en revue les qualités du roi saint Louis qui a bien gouverné, n’avait pas la cupidité des prélats et la violence des laïcs, et qui a conféré la paix, l’unité et la tranquillité à son royaume.
22 Jardinier du royaume, saint Louis a gouverné avec les vertus exigées par Aristote : la clémence, la prudence, la justice.
23 Dans ce sermon, le thème est emprunté au Livre des Rois. Il ne diffère pas beaucoup des deux précédents, présentant l’inventaire des bonnes actions de saint Louis comparé aux rois de l’Ancien Testament et aux empereurs romains.
24 G. Di Stefano décrit ce manuscrit, Jean Courtecuisse, op. cit. (n. 2), introduction.
25 D’après les conclusions convaincantes de M. Lieberman à propos du sermon Considerate lilia agri, op. cit. (n. 2), Romania, 78, p. 17 sq. Plusieurs auteurs se sont intéressés aux rapports entre sermon oral et sermon écrit : J. Hamesse, op. cit. (n. 10) ; J.-G. Bougerol, « De la reportatio à la redactio. Saint Bonaventure, Qu. disp. De perfectione evangelica, q. 2, a. 2 dans les états successifs du texte », Les genres littéraires dans les sources théologiques et philosophiques médiévales. Définition, critique, exploitation. Actes du colloque international de Louvain-la-Neuve 1981, Louvain, 1982, p. 51-66 ; surtout, N. Beriou, La prédication effective à Paris au XIIIe siècle, thèse dactylographiée, Univ. Paris IV, 1996. On peut douter que certains sermons aient été réellement prononcés, par exemple le sermon de Jean Gerson Veniat Fax, selon G. Ouy et D. Calvot, op. cit. (n. 2), p. 146.
26 En ce qui concerne le sermon Considerate lilia agri, dont la version issue de la reportatio, conservée dans le manuscrit BA 523, a été transcrite par P. Glorieux, alors que la version longue a été choisie par E. Du Pin.
27 H. Denifle et E. Chatelain, op. cit. (n. 1), t. 2, p. 226.
28 J. Krynen, L'Empire du Roi, Paris, 1993, p. 187 sq.
29 Sur l’image de saint Louis aux XIVe et XVe siècles, C. Beaune, Naissance de la nation France, Paris, 1985, p. 126-164. Il n’existe qu’un article sur les offices de la fête de saint Louis : R. Folz, « La sainteté de saint Louis d’après les textes liturgiques de sa fête », Revue d'histoire de l’Eglise de France, 57 (1971), p. 31-45.
30 Sermon Dominus regnavit : Dicam tamen aliqua quae mihi ex legenda sua ad manum oblata sunt per quae liquidum et perspicuum erit rationem voluntatemque in eo plenissimum super sensualitatem habuisse dominium, ita ut nihil horrendum, nihil penosum, nihil difficile voluntati imperanti sensualitas refuraret Scipionis Africani continentissimam castitatem extollit Valerius et Franciscus Petrarcha in De viris illustribus. Hic devicta Carthagine hispanam virginem speciosissimam, Celtiberorum principi desponsatam, licet captiva esset intactam restituit. Haec vero castitatis virtus nostro in rege supereminenter effulsit usque adeo ut si non habenda proies fuisset quae ex more successura esset in regnum, absque uxore et cum virginitate, ut creditur, permansisset. Tobiae exempla sectatus tribus primis conjugii noctibus orationi vacavit [...]. Sur ces anecdotes relatives à la vie de saint Louis et leur utilisation par l’historiographie mendiante, voir J. Le Goff, Saint Louis, Paris, 1996.
31 J. Krynen, op. cit. (n. 28), p. 208 sq.
32 R. Folz, op cit. (n. 29), p. 36.
33 Jean Gerson, dans Considerate lilia agri : Quid amplius dicam de clausura liliorum suorum per justam legem protectionem ? Ipse enim legibus jam bene conditis circumcinxit populum suum, providens ne frangerentur ab eis ; quasdam insuper addidit, ut de prohibitione duellorum etpunitione blasphemantium, etforsanplures adjunxisset [...].
34 Jean Gerson, dans Dominus regnavit : Cicero frequenter suis in orationibus et Seneca, II, De ira, Julii Caesaris humanitatem atque clementiam erga devotos hostes concelebrant. Ast regi nostri virtus haec non defuit, nam suis in bellis edicto publico vetuit ne Saracenorum mulieres et parvuli perimerentur, et quotquot alii absque morte subjugari possent servarentur ad vitam. Plus loin : Hos tyrannorum mores rex noster nequaquam exercuit, certum habens quoniam regna cum scelere sunt omnibus exiliis graviora, ut Seneca in Tragediis ait [...] nam et fontem ilium scientiae praeclarissimum, Parisiensis Universitatem, fovit semper augustissime et privilegiis usque nunc manentibus dotavit.
35 Jean Gerson, voir note précédente.
36 J. Krynen, op. cit. (n. 28), p. 217 sq.
37 Jean Gerson, dans Dedit illi gloriam : Prima Stella in corona regis nostri fuit fugor laetus et serenus prudentiae purgatoriae [...] ; dans Considerate lilia agri : Paruit, constituit se quoque se velut hominem meditabundum et vehementer considerativum [...].
38 Jean Courtecuisse, dans Considerate lilia agri : Beatissimus rex et agricola Ludovicus vepres et lolia agri sui regni francorum effodit radicitus et hoc per justiciam[...].
39 C. Gauvard, « Ordonnance de réforme et pouvoir législatif en France au XIVe siècle (1303-1413) », Renaissance du pouvoir législatif et genèse de l'Etat, A. Gouron et A. Rigaudiere dir., Montpellier, 1988, p. 89-98 et « Les humanistes et la justice sous le règne de Charles VI », Pratiques de la culture écrite en France au XVe siècle, Louvain, 1995, p. 217-244.
40 Jean Courtecuisse, dans Multi prophete : Beatus Ludovicus [...] regnum suum in tanta tranquillitate, unitate, et libertate rexit [...].
41 Jean Gerson, dans Dominus regnavit : [...] ad exemplum patris sui Ludovici qui de Albigesio et comitatu Tolosano haereticos expulit [...] ; Jean Courtecuisse, dans Considerate lilia agri :...ipse elaboravit in fidei amplificatione, in incredulorum persecutione, in gentilium conversione, in hereticorum confutatione, in Christi nominis eiusque gloriosissime genietricis exaltatione, in ecclesiarum dedicatione [...].
42 L. Mourin, op. cit. (n. 2), p. 404.
43 Jean Gerson, dans le sermon Dominus regnavit, passe ainsi de saint Louis à ses contemporains : Hunc ergo inter divitiarum acervos manentem pauperiorem perfectionemque dixerim quam multos nostri temporis [...].
44 B. Guenee, Entre l'Eglise et l'Etat. Quatre vies de prélats français à la fin du Moyen Age, Paris, 1987, p. 152 sq.
45 G. Ouy, « La plus ancienne œuvre retrouvée de Jean Gerson : le brouillon inachevé d’un traité contre Juan de Monzon (1389-1390) », Romania, 83 (1962), p. 433-492.
46 B. Guenee, op. cit. (n. 44), p. 189 sq.
47 Dans le sermon Dominus regnavit, il fait ainsi une allusion hostile, assez explicite, aux frères Mendiants : Hunc ergo interdivitiarum acervos manentem pauperiorem perfectionemque dixerim quant multos nostri temporis qui summam perfectionem in summa paupertate reponentes, de perfectione statuum magis disputare quam perfecti esse malunt ; qui verbis amant, colunt, extolluntque paupertatem arctissimam, sed factis super aliorum morem divitiis inhiant, honores ambiunt [...].
48 Jean Courtecuisse, dans Multi prophete : [...] istum mundum prodicionibus, peculationibus, fiurtis, rapinis, scismatibus litibus [...].
49 E. Ornato, « La redécouverte des discours de Cicéron en Italie et en France à la fin du XIVe et au début du XVe siècle », Acta Conventus Neolatini Bononiensis, Bologne, 1985, p. 565-576.
50 Jean Gerson, dans Dominus regnavit : Et utinam ingentibus et maximis regum nostrorum virtutibus pares in eloquentia scriptores accessissent. Gallia sane quamquam Dei nutu abunde aucta famataque immortalior effulsisset ; viros insuper haberemus quos Graecis ac Italis aut preponere liceret aut opponere. Haberemus etiam unde mordax lividaque aemulorum gallici nominis insultatio posset repelli. Deinde nequaquam vindicanda semper nobis forent ab externis insignia virtutum exempla ; nostra quippe in promptu essent quibus abundaremus ; neque enim tot praefulgida virorum illustrissimorum nomina exstinxisset oblivio nec memorandum tot gestorum memoriam vetustas consumpsisset litteris non adjutam, cum ita in Gallicis fuit factorum quam verborum cura major. Passage cité par E. Ornato, Jean Muret et ses amis Nicolas de Clamanges et Jean de Montreuil, Genève, 1969, p. 150.
51 « Le précepteur doit souvent prendre le parti de la décence et du bien contre ceux qui osent nommer, par une impudeur patente, les parties honteuses du corps et les plus abominables péchés, mais par une audace plus indécente encore se défendent en disant que le personnage de Raison les invite, sans considérer qu’ils tombent ainsi dans l’erreur des Béghards et des Turlupins, qui croyaient qu’il ne fallait avoir honte d’aucune chose donnée par la nature ». Cet extrait du sermon de 1401 a été traduit par E. Hicks, Christine de Pizan, Jean Gerson, Jean de Montreuil, Gontier et Pierre Col. Le débat sur le Roman de la Rose, Paris, 1977, p. XLVIII.
52 Jean Gerson, dans Considerate lilia : Multa de consequenti neglectu utilium ac praeclarorum studiorumpro lucrosis artibus et scientiis [...].
53 J. Krynen, « Les légistes « idiots politiques ». Sur l’hostilité des théologiens à l’égard des juristes en France, au temps de Charles V », Théologie et droit dans la science politique de l'Etat moderne, Rome, 1991, p. 171-198 et op. cit. (n. 28), p. 110 sq.
54 C. Beaune, op. cit. (n. 29), p. 159 sq.
55 Sur les rapports entre l’exégèse universitaire et les sermons, voir L.-J. Bataillon « De la lectio à la praedicatio : commentaires bibliques et sermons au XIIIe siècle », Revue des sciences philosophiques et théologiques, 70 (1986), p. 559-575.
56 J. Verger, « L’exégèse de l’Université » Le Moyen Age et la Bible, Paris, 1984, p. 199-232 ; P. Buc, « Pouvoir royal et commentaires de la Bible (1150-1350) », AESC, 43 (mai-juin 1989, no 3), p. 691-713.
57 Z. Kaluza, Les querelles doctrinales à Paris : Nominalistes et Réalistes aux confins du XIVe et du XVe siècle, Bergame, 1988.
58 Jean Gerson et Jean Courtecuisse appartenaient au petit groupe des plus brillants orateurs parisiens, selon Michel Pintoin comme selon Jean de Montreuil, B. Guenee, « Le Religieux et les docteurs. Comment le Religieux de Saint-Denis voyait les professeurs de l’Université de Paris », CRAIBL, 1992, p. 675-686 et Jean de Montreuil, Opera, t. 1 : Epistolario, E. Ornato éd., Turin, 1966, p. 195.
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