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Saint-Denis et la royauté

 | 
Françoise Autrand
, 
Claude Gauvard
, 
Jean-Marie Moeglin

Première partie. Le règne de Charles VI

Le règne de Charles VI : un mauvais souvenir ?

Françoise Autrand

Texte intégral

1Que reste-t-il, dans la mémoire collective des Français, de Charles VI et de son temps ? Les fines silhouettes des Très Riches Heures du duc de Berry, sur fond de château de conte de fées, la forêt du Mans et le Bal des Ardents, Azincourt 1415, Isabeau de Bavière et le honteux Traité de Troyes : quelques images et quelques visages, peu de dates et en tout cas aucune qui mérite l’une de ces commémorations dont notre XXe siècle finissant n’est que trop friand. Peu de choses au total, un souvenir qui s’estompe et qui s’effacerait complètement sans le sinistre et mystérieux Bal des Ardents, dont le nom, qui sonne bien, a sauvé de l’oubli le règne de Charles VI, « Charles le fol », comme l’a surnommé le XIXe siècle.

  • 1  Histoire secrète d’Isabelle de Bavière, reine de France, rééd., Paris, 1953.

2La légende noire de Charles VI avait, en effet, tout ce qu’il fallait pour charmer les romantiques et leur inspirer de sombres drames historiques, même si le marquis de Sade, avec une Isabeau de Bavière1 assez terne, les avait précédés dans cette voie. En revanche l’Histoire de France, la grande Histoire de France, celle qui a été construite par l’École des Chartes et la République et semée dans la conscience des Français par l’École de Jules Ferry, celle-là a détourné pudiquement les yeux de ce temps faible du passé national. Rien d’étonnant à cela si l’on considère les valeurs qui étaient alors recherchées dans l’Histoire pour façonner, sciemment, rationnellement et volontairement, la conscience nationale de la France républicaine. Ces valeurs, c’étaient la victoire et les conquêtes territoriales pour panser la France amputée de l’Alsace-Lorraine, c’était la formation de l’unité nationale pour conjurer les ruptures laissées par la Révolution, c’était la construction d’un État fort et neuf. Il est sûr que le règne de Charles VI n’offrait rien de tout cela mais seulement des images navrantes de défaite et d’échec, de faiblesse et de division. Le comble était la folie du roi, un roi à qui, malgré sa maladie honteuse, nos aïeux, dans leur obscurantisme, n’avaient pas refusé leur amour, eux qui ne l’avaient pas appelé autrement que Charles le Bien aimé.

  • 2 Guillaume Besse, Recueil de diverses pièces servant à l'histoire du roy Charles VI, Paris, 1660. J (...)
  • 3 L’Ancien Régime avait laissé les récits de François Timoléon de Choisy, Histoire de Charles VI, ro (...)
  • 4 N. Grevy-Pons et E. Ornato, « Qui est l’auteur de la chronique latine de Charles VI dite du Religi (...)
  • 5 E. PetitSéjours de Charles VI, 1380-1400, Paris, 1893.
  • 6 L. Douet-d’ArcqChoix de pièces inédites relatives au règne de Charles VI, 2 vol., Paris 1863 et (...)
  • 7 Signalés par A. Vallet de Viriville, « Bibliographie des comptes royaux du règne de Charles VI », (...)
  • 8 Voir cependant Extraits de Journaux du Trésor (1345-1419), H. Moranville éd., Paris, 1888. Comptes (...)

3Un mauvais souvenir, donc, qui ne méritait pas de retenir l’attention de la science historique. Voilà pourquoi l’effort érudit de l’Ancien Régime2, vite essoufflé en réalité, n’eut pas de suite et les grandes années de l’Histoire de France passèrent, entre 1875 et 1925, sans que Charles VI se trouve au centre d’une grande entreprise de publication de sources et sans que son règne fasse l’objet d’un grand récit en plusieurs volumes3. Ce n’est pas que la période 1380-1422 constitue un vide historiographique. Loin de là. Il y eut, le plus souvent à l’initiative de la Société de l’Histoire de France, de belles éditions de sources narratives, chroniques ou journaux. Il y eut les travaux de Henri Moranvillé, Léon Mirot, Alexandre Tuetey et autres. Ce qui a manqué, c’est l’édition critique des sources concernant précisément le roi et l’action du gouvernement. Et elle manquera toujours, parce que le métier d’historien a changé. Nous savons que le Religieux de Saint-Denis, cher à Bernard Guenée, s’appelait Michel Pintoin4, mais nous ne verrons jamais l’édition savante de sa Chronique de Charles VI. L’itinéraire de Charles VI s’est définitivement arrêté en 14005. Pour ses lettres, n’existent que les deux volumes de Choix de pièces inédites... publiées par Louis Douët-d’Arcq6 qui a également édité une très modeste partie des nombreux comptes subsistants7. Et c’est tout. Charles VI a manqué le coche de l’érudition8.

4Aucun historien de ce temps n’a eu le cœur de s’atteler au récit événementiel d’un règne désastreux. Charles VI, qui n’a pas eu de Jules Viard comme son arrière-grand-père, n’a pas eu non plus de Delachenal comme son père, puisque les travaux de Léon Mirot qui font le récit détaillé et documenté d’épisodes précis n’ont pas été couronnés par une grande synthèse.

  • 9 A. CovilleLes Cabochiens et l'ordonnance de 1413, Paris, 1888.
  • 10 Dès ses premiers travaux, Alfred Coville montrait son intérêt pour cette approche, voir sa thèse c (...)

5Pourtant, dès les années trente et, plus encore, dans l’après-guerre, certains esprits indépendants décelaient, derrière l’échec conjoncturel, la vitalité du temps de Charles VI. Les pistes qu’ils ont ouvertes sont celles que suivent aujourd’hui les historiens. Le plus ancien de ces précurseurs est Alfred Coville. Sa thèse, parue en 1888, portait, chose exceptionnelle, sur un épisode majeur du règne de Charles VI, le seul qui ait pu éveiller un écho dans l’esprit républicain, héritier de la Révolution, celui des Cabochiens9. Quarante plus tard, carrière achevée et esprit libre, Alfred Coville revenait à ses anciennes amours, les recherches historiques. Mais sa pensée avait mûri et c’est par le biais des idées, de la culture, de la réflexion qu’il envisageait désormais le temps de Charles VI10. Les conclusions de ses travaux sur le premier humanisme ont été vivement controversées. N’est-ce pas la preuve qu’ils ont eu une postérité ?

  • 11 Pour ne citer que ses principales études : Y. Grandeau, « Itinéraires d’Isabeau de Bavière », BPHC (...)

6Très différente fut l’œuvre, bien postérieure, de Yann Grandeau qui, hors de toute ambition universitaire, mais dans le cadre bien vivant des « sociétés savantes », a étudié, à partir de sources inédites, l’entourage familial de Charles VI11. Sans idées préconçues, mais en laissant parler les sources, cet historien non professionnel a montré aux historiens de métier l’importance capitale de la cour du roi.

  • 12 M. ReyLe domaine du roi et les finances extraordinaires sous Charles VI 1388-1413, Paris, 1965 ; (...)

7C’est enfin peut-être à la surprise de ses maîtres que Maurice Rey, étudiant les finances de Charles VI, a découvert en 1965 la vitalité institutionnelle et l’efficacité administrative d’un règne décrié12. Ses travaux ne pouvaient qu’encourager ceux qui, en 1965 précisément, commençaient à regarder le règne de Charles VI d’un œil neuf, du point de vue de la construction de l’État.

81965 : c’est l’année où Bernard Guenée arrive, jeune professeur, à la Sorbonne. Dès cette première année, il ouvre son fameux séminaire dans lequel s’est soudée une fine équipe, où se sont élaborées et ont mûri tant de thèses et de publications et d’où est sorti le groupe de recherche du CNRS qui s’est épanoui dans le vaste programme de la « Genèse de l’État moderne ».

  • 13 Première édition, Paris, 1970.
  • 14 B. Guenee, « Y a-t-il un Etat des XIVe et XVe siècles ? », Annales ESC, 1971, p. 399-406.

9En 1965, Bernard Guenée préparait son grand livre, L’Occident aux XIVe et XVe siècles. Les États, autrement dit « sa Nouvelle Clio »13, comme nous disons familièrement, et le public du séminaire avait les prémices d’une recherche résolument neuve, celle des « structures politiques », dans la chrétienté occidentale, à la fin du Moyen Age. Son approche, dont on ne mesure plus à présent toute l’originalité tant elle a été assimilée par les historiens, inaugurait de prometteuses méthodes comme l’étude des mots et celle des lieux communs, ouvrait des champs de recherche tels que les prophéties, l’astrologie, les insignes du pouvoir, etc. Au milieu de tant de nouveautés, la grande question restait cependant celle qu’avait posée Bernard Guenée dans un article célèbre : Y a-t-il un État des XIVe et XVe siècles14 ? La réponse, bien sûr, était oui. Pour définir un temps fort dans l’histoire de cet État, notre ami ne pensait certes pas alors au règne calamiteux de Charles VI. Il aurait plutôt pensé à Louis XI. Un signe : lorsque, au printemps 1967, Colette Beaune vint lui parler thèse, il lui proposa d’étudier les idées politiques en France au temps de Louis XI.

  • 15  Chronique du religieux de Saint-Denys contenant le règne de Charles VI de 1380 à 1422, L. Bellague (...)
  • 16 B. Guenee, « Tragédie et histoire chez le Religieux de Saint-Denis », BEC, 150 (1992), p. 223-244  (...)

10Cependant, vers la même époque, Bernard Guenée fit une rencontre décisive pour son avenir d’historien : celle d’un texte qui n’était autre que la Chronique du religieux de Saint-Denis, éditée, mal, et traduite, pas si mal que ça, je l’ai toujours dit, par Louis Bellaguet, entre 1839 et 185215 donc avant la révolution scientifique qui allait introduire les méthodes critiques dans l’Histoire de France. L’attrait, la fascination, exercés sur Bernard Guenée par ce grand texte ont tourné son esprit vers l’objet du récit16. De l’historien, il est passé à l’histoire du règne de Charles VI. Un signe de ce cheminement : c’est en 1970 que Claude Gauvard vint le trouver pour choisir un sujet de thèse et qu’il lui suggéra, entre autres thèmes de recherche, une étude des idées politiques en France au temps de Charles VI. Décidément, Charles VI et son règne sortaient de l’ombre.

11Sous l’effet de tant de travaux, accomplis par Bernard Guenée et autour de lui, mais aussi dans d’autres cercles, l’image du règne de Charles VI s’est sensiblement modifiée. Le moment est venu de faire le point, de signaler les principales pistes suivies depuis trente ans ou à suivre encore, sans perdre de vue l’interrogation que Bernard Guenée a laissée dans nos esprits : s’il y eut un État des XIVe et XVe siècles, quels furent ses traits originaux ? Et quelle place le règne de Charles VI tint-il dans la genèse de l’État moderne ?

  • 17 G. Ouy, « Avant-propos », Pratiques de la culture écrite, op. cit. (n. 16), p. IX-XV.
  • 18  Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l’Ile-de-France, années 1967-1968, p. 71-98.
  • 19 E. OrnatoJean Muret et ses amis Nicolas de Clamanges et Jean de Montreuil. Contribution à l’étud (...)
  • 20 Jean de Montreuil, Opera, t. 1, Epistolario, E. Ornato éd., Turin, 1966. Suivi de t. 2, L’œuvre hi (...)

12Tout impose de commencer par le « premier humanisme parisien ». Tout, c’est le privilège d’antériorité et aussi l’importance des résultats. L’acte de naissance officiel de « l’Equipe de recherche sur l’Humanisme français des XIVe et XVe siècles », devenue dix ans plus tard « l’Equipe de recherche sur la culture écrite du Moyen Age tardif » (CEMAT), porte, en effet, la date du 1er janvier 196817. Mais déjà avait paru l’article fondateur de Gilbert Ouy, « Paris, l’un des principaux foyers de l’Humanisme en Europe au début du XVe siècle »18, tandis que le livre d’Ezio Ornato, Jean Muret et ses amis...19, était sous presse et que le premier volume des œuvres de Jean de Montreuil était publié20.

  • 21 G. Ouy, « L’Humanisme et les mutations politiques et sociales en France aux XIVe et XVe siècles », (...)
  • 22 Notamment, N. Grévy-Pons, « Propagande et sentiment national pendant le règne de Charles VI : l’ex (...)

13Il est loin d’être indifférent que le renouveau d’intérêt pour le temps de Charles VI ait commencé par l’histoire intellectuelle. Il n’est pas moins important de remarquer que celle-ci, sans le chercher, a très vite rencontré le politique, comme en témoignaient dès 1973, 1974, 1975, trois articles de Gilbert Ouy21 et comme le montre, dans son ensemble, l’œuvre de Nicole Pons22.

  • 23 Notice Jean de Montreuil, Dictionnaire des Lettres françaises. Le Moyen Age, Paris, 1992.
  • 24  Préludes à la Renaissance. Aspects de la vie intellectuelle en France au XVe siècle, C. Bozzolo et (...)
  • 25 Jean de Montreuil, Opera, t. 2, L'œuvre historique et polémique, op. cit. (n. 20) : citation textu (...)
  • 26 Voir C. BeauneNaissance de la nation France, Paris, 1985, p. 264-291. P. Contamine, « "Le royaum (...)

14Peut-on donner de ce fait un meilleur exemple que les travaux consacrés à Jean de Montreuil ? A l’équipe Ouy-Ornato-Pons... et leurs amis revient, en effet, l’insigne honneur d’avoir véritablement découvert l’un des principaux auteurs contemporains et proches de Charles VI, Jean de Montreuil, « notaire et secrétaire du roi, humaniste et écrivain politique »23. Cet intellectuel de haute volée, ancien élève du collège de Navarre, fut le « seul humaniste conquérant » du règne de Charles VI24. Or il fut aussi, comme la plupart des premiers humanistes français, un partisan résolu du progrès de l’État royal et national avec sa souveraineté, une et indivisible. Ses fonctions de notaire et secrétaire du roi firent de lui l’un des diplomates les plus actifs du règne et surtout Tardent défenseur des droits français face à l’Angleterre. Impossible de séparer dans sa personnalité le désir d’assimiler la culture classique et l’attachement passionné à « l’honneur de la couronne de France ». C’est à son érudition qu’il doit ses arguments les plus forts à l’appui des thèses nationales : la vaillance française, attestée dans l’histoire, depuis Jules César et les Gaulois, par une longue suite de victoires, la domination carolingienne sur les Iles britanniques, prouvée par une citation de la Vita Karoli imperatoris d’Eginhard25, et surtout la découverte (qui semble originale malgré l’antécédent de Richard Lescot) de la lex salica dans un manuscrit de Saint-Denis et son interprétation dans un sens favorable aux Valois26. Si bien que la « loi salique », prise dans le sens de l’exclusion des femmes de la succession à la couronne de France, se trouve être l’un des apports du temps de Charles VI à l’imaginaire national.

  • 27 Même si le style courtois international a été diversement apprécié, le rôle des cours, royale et s (...)
  • 28 F. Autrand, « De l’Enfer au Purgatoire : La Cour à travers quelques textes français du milieu du X (...)

15La deuxième piste est celle de la cour. Il n’y a pas si longtemps que la cour de Charles VI était considérée comme un lieu de débauches, au mieux comme le cadre de néfastes intrigues politiques et, en tout cas, comme le gouffre où se perdait l’argent des impôts27. Il n’était pas inutile de connaître la genèse de cette appréciation négative et de savoir qu’elle devait autant aux moralistes du XIVe siècle qu’aux révolutionnaires bourgeois de 1789. Il fallait aussi remarquer que les théoriciens proches de Charles VI, du moins ceux qui se plaçaient dans le courant porteur du progrès de l’État, ont été les premiers à prendre leurs distances avec la satire de la cour et à porter sur celle-ci un regard plus favorable et surtout neuf28.

  • 29 Par exemple, E. Gonzalez, « Les chambellans des ducs d’Orléans », Bulletin de l’association des am (...)
  • 30 C. Bozzolo et H. LoyauLa Cour amoureuse dite de Charles VI, 3 vol., Paris, 1982-1992.
  • 31 B. GueneeUn meurtre, une société. L’assassinat du duc d’Orléans 23 novembre 1407, Paris, 1992, p (...)
  • 32  Ibid., p. 54-57.
  • 33 X. de La SelleLe service des âmes à la Cour. Confesseurs et aumôniers des rois de France du XIII(...)

16Jamais le rôle politique de la cour n’est apparu aussi clairement qu’au temps de Charles VI, à cause de la maladie du roi et de ses « absences » qui livraient le pouvoir à son entourage, tandis que les rivalités nées de ce fait entre les princes mettaient en évidence le poids politique de leurs hôtels29. Même une institution comme la « cour amoureuse de Charles VI », s’est avérée, patiemment et savamment étudiée par Caria Bozzolo et Hélène Loyau30, comme un club politique plus encore qu’un cercle mondain. Charles VI et ses malheurs ont donc attiré l’attention des historiens sur la cour royale et les cours princières. Mais ce qui l’a retenue, c’est l’étude des structures. Et l’on reconnaît là l’influence de Bernard Guenée. Il l’a écrit lui-même : « la cour est un lieu de pouvoir, un lieu de culture, un lieu de piété, un lieu de plaisir »31. Elle doit « satisfaire les besoins » du prince « dans ses trois vies, spirituelle, naturelle, civile ». Si Bernard Guenée en a lui-même observé les manières (on n’a pas oublié certaines pages savoureuses sur l’art de saluer)32, la cour doit être avant tout étudiée comme une institution, avec ses règlements, son fonctionnement, son personnel. On s’y est mis, en commençant par les confesseurs et aumôniers du roi33, mais il reste à faire...

17Pour les hôtels princiers, s’ajoutent à ces exigences celle de reconstituer leurs réseaux et de voir comment ils pouvaient s’étendre sur l’Hôtel du roi et surtout celle de mettre à jour, en suivant la voie ouverte par Peter Lewis, le mécanisme de leur constitution, offices et pensions, salaires et serments.

  • 34 F. AutrandCharles VI. La folie du roi, Paris, 1986, p. 349-357.
  • 35 4 vol., Paris, 1896-1902.
  • 36 H. Millet et E. PoulleLe Vote de la soustraction d’obédience en 1398, t. 1. Edition des bulletin (...)

18Troisième piste : le Grand Schisme d’Occident. C’est d’abord la tradition gallicane, dont les historiens français sont pétris depuis toujours, qui a éveillé chez eux l’intérêt pour la grave crise qui déchira la Chrétienté au temps de Charles VI. Il faut dire qu’aucun royaume ne s’y est trouvé plus impliqué que la France où, pendant quarante ans, le Schisme a pesé sur la conscience du roi, nourri les tensions entre les princes (Louis d’Orléans a été assassiné dans la nuit de la Saint-Clément)34, entraîné des expériences pour le statut de l’Église de France (soustraction d’obédience) et tenu en haleine la réflexion des universitaires, sans parler des multiples efforts tentés pour mettre fin à la crise, de quoi faire un récit long et compliqué. C’était assez pour éviter au temps de Charles VI la désertion complète des érudits. Il y eut jadis les livres de Noël Valois, La France et le Grand Schisme d’Occident35 que Bernard Guenée cite toujours comme un modèle accompli d’histoire savante à la mode 1900. Et, il y a peu, la publication exceptionnelle d’une source concernant le règne de Charles VI, celle des bulletins de vote de la soustraction d’obédience36.

  • 37 B. GueneeEntre l'Eglise et l'Etat : Quatre vies de prélats français à la fin du Moyen Age (XIIIe(...)
  • 38 P. Desportes et H. MilletFasti Ecclesiae Gallicanae. Le diocèse d’Amiens, t. 1, Turnhout, 1996.
  • 39 N. GorochovLe collège de Navarre, de sa fondation (1305) au début du XVe siècle (1418) : histoir (...)

19Là encore, les méthodes Guenée ont porté leur fruit. Leurs conclusions sont claires : dans le cas du Grand Schisme, l’histoire de l’Église ne peut pas se séparer de l’histoire de l’État. Même là où Noël Valois ne voulait voir que du religieux, il faut bien déceler du politique. Les méthodes Guenée ? C’est l’étude des hommes. C’est l’étude des idées. Pour l’étude des hommes, Bernard Guenée a donné l’exemple en consacrant l’une de ses « quatre vies de prélats français » à Pierre d’Ailly, l’une des stars du concile de Constance37. Mais c’est à la prosopographie du clergé français impliqué dans la crise que l’on s’est attaché à l’initiative d’Hélène Millet38. L’étude des idées, elle, conduit à des interrogations sur l’Université de Paris et sur ses collèges39, sur les sermons et les traités produits pendant la crise et à son sujet, sur tout le débat intellectuel qui est né du Grand Schisme mais qui a touché autant la question du gouvernement de l’État que celle des pouvoirs dans l’Église.

20Comment ne pas penser à Jean Gerson ? Qu’il s’agisse de l’Église ou de l’État, du conciliarisme ou de l’humanisme, de la condamnation du tyrannicide ou de Jeanne d’Arc, de nombreuses études ont éclairé ses idées et son œuvre. Pourtant on attend toujours le gros livre qui présenterait de façon complète la pensée politique de Jean Gerson, depuis sa jeunesse navarriste jusqu’aux dernières années de sa vie où autant le meurtre de Louis d’Orléans que l’arrivée miraculeuse de Jeanne d’Arc le faisaient rêver de « paix parfaite » et de royauté messianique.

  • 40 C. Gauvard, « Le roi de France et l’opinion publique à l’époque de Charles VI », Culture et Idéolo (...)

21Les pistes ainsi définies conduisent toutes les trois au même but : l’État, et nous ramènent à la question de la genèse de l’État moderne. Affirmer que le règne de Charles VI fut un temps fort du progrès de l’État n’est plus un paradoxe40. Tout le prouve, en effet, à partir du moment où l’on ne s’arrête pas au récit d’événements désastreux. C’est précisément ce que Bernard Guenée a appris à ses disciples : déceler sous les aléas de la conjoncture la très lente et silencieuse évolution des structures.

  • 41 P. S. LewisLater Medieval France. The Polity, Londres, 1968. L’expression fut lancée en France c (...)
  • 42 A. Demurger, « Guerre civile et changements du personnel administratif dans le royaume de France d (...)
  • 43 F. Autrand, « Offices et officiers royaux en France sous Charles VI », RH, 242 (1969), p. 285-338  (...)
  • 44  Journal de Nicolas de Baye, greffier du Parlement de Paris, 1400-1417, A. Tuetey éd., t. 2, Paris, (...)

22Observer, par exemple, la société politique, un concept que Peter Lewis a cueilli dans la littérature politique du XIVe et du XVe siècle et que Bernard Guenée a largement diffusé chez les médiévistes français41. A le faire, on voit que la grande nouveauté qui, en France, affecte la société à la fin du Moyen Age et qui donne ses caractères originaux au cas français, est la percée puis la montée d’un groupe social nouveau, avec tout son poids de savoir et de pouvoir, d’influence et de richesse, celui des officiers royaux. (Bernard Guenée dit volontiers les serviteurs de l’État.) Or, par quelque biais que l’on aborde le problème, le droit, l’impôt, l’histoire des familles, le fonctionnement des institutions, la prosopographie42, il s’avère que les années décisives furent celles du règne de Charles VI, avec l’élaboration d’un statut de la fonction publique, les luttes autour de l’impôt, l’élection des officiers, la formation d’un milieu cohérent et solidaire, la naissance autour du Parlement du premier grand corps de l’État43. C’est à cause de ces hommes-là que, pour ce règne qui vit, plus qu’un autre, la pratique et, pire encore, l’éloge de l’assassinat politique, baptisé pour la circonstance tyrannicide car la langue de bois est de tous les temps, l’on ose parler malgré tout d’État de droit. A cause de Nicolas de Baye et de Clément de Fauquembergue, les deux greffiers du Parlement qui notaient dans leurs registres les appels pathétiques lancés aux responsables de la justice quand commence la guerre civile : « Resveillez-vous, juges, levez-vous, procureur et advocas royaulx et toutes cours de justice [...] autrement il redundera sur vous ! »44.

  • 45 Sur les Marmousets, voir J. B. HennemanOlivier de Clisson and Political Society in France under (...)

23A-t-on assez remarqué que, face aux problèmes nouveaux, l’État naissant est allé, dans un large XIVe siècle, droit aux solutions qui seront bien plus tard et pour longtemps l’objectif du progrès voire un rêve inaccessible : des officiers gagés et recrutés par élection et non par faveur, l’impôt payé par tous, les assemblées représentatives ? Il fallut en rabattre. Le rétablissement de l’État, à la fin du XVe siècle s’accompagna de la vénalité des offices, de l’exemption fiscale des privilégiés, de la société d’ordres. Mais entre temps le règne de Charles VI vit les efforts désespérés et peut-être maladroits des Marmousets45 et de leurs successeurs, groupés autour du duc d’Orléans ou, plus discrètement, du duc de Berry, pour imposer l’État moderne à une société politique réticente.

24Trois remarques pour conclure ce court bilan.

25La première est pour attirer l’attention sur l’importance de l’événementiel. Bernard Guenée, répondant à Valéry, a bien dit que « l’écume, les vagues et la mer sont une seule et même chose ». Autant que de limiter ses recherches au déroulement des événements, il serait dangereux d’en détourner les yeux. Par exemple de couper les idées politiques des événements qui les ont vu et peut-être fait naître. Comment comprendre l’immense effort de réflexion sur les pouvoirs, dans l’Église et dans l’État, sans la double élection pontificale de 1378 et sans la folie du roi ? Comment comprendre la réflexion de Gerson sur la paix sans la révolte cabochienne et sans l’assassinat du duc d’Orléans ?

26Deuxièmement : ce n’est pas un hasard si l’exemple qui précède a été pris dans le domaine des idées. Car la nouvelle histoire politique a privilégié dans ses recherches tout ce qui touche aux choses de l’esprit, qu’il s’agisse de la réflexion élaborée et intellectuellement formulée ou plus encore peut-être des mentalités, de l’affectif et de l’imaginaire. Quelques grands livres, des publications de qualité et l’organisation même de ce colloque le prouvent abondamment.

27La dernière remarque sera pour ouvrir une perspective et proposer un nouveau champ de recherche : celui de l’activité normative du roi. Elle a fait l’objet de certains travaux. Mais il reste encore à faire. Pour commencer, il faudrait dresser et publier le catalogue des actes de Charles VI. S’il y a une priorité à signaler, un projet à offrir aux spécialistes du droit et du politique, c’est bien l’étude savante de la législation royale, témoin impartial du lent progrès de la construction de l’État au temps de Charles VI.

Notes

1  Histoire secrète d’Isabelle de Bavière, reine de France, rééd., Paris, 1953.

2 Guillaume Besse, Recueil de diverses pièces servant à l'histoire du roy Charles VI, Paris, 1660. Jean Juvénal des Ursins, Histoire de Charles VI, première édition par Théodore Godefroy, Paris, 1614, seconde édition augmentée par Denys Godefroy, Paris, 1653.

3 L’Ancien Régime avait laissé les récits de François Timoléon de Choisy, Histoire de Charles VI, roi de France, Paris, 1695 et de Marguerite de Lussan, Histoire de la vie et du règne de Charles VI, Paris, 9 vol., 1749-1753. Le vide est en partie comblé par F. LehouxJean de France, duc de Berri. Sa vie. Son action politique (1340-1416), 4 vol., Paris, 1966-1968.

4 N. Grevy-Pons et E. Ornato, « Qui est l’auteur de la chronique latine de Charles VI dite du Religieux de Saint-Denis ? », BEC, 134 (1976), p. 85-102.

5 E. PetitSéjours de Charles VI, 1380-1400, Paris, 1893.

6 L. Douet-d’ArcqChoix de pièces inédites relatives au règne de Charles VI, 2 vol., Paris 1863 et 1864.

7 Signalés par A. Vallet de Viriville, « Bibliographie des comptes royaux du règne de Charles VI », ABSHF, 1857, p. 163-171 ; Id., « Extraits des comptes authentiques du règne de Charles VI », ibid, 1859, p. 201-208, 213-219, 246-255, 405-415, 421-427. L. Douet-d’ArcqComptes de l'Argenterie des rois de France au XIVe siècle, Paris, 1851 ; Id., Comptes de l'Hôtel des rois de France aux XIVe et XVe siècles, Paris, 1865 ; Id., Nouveau recueil des comptes de l’Argenterie des rois de France, Paris, 1884.

8 Voir cependant Extraits de Journaux du Trésor (1345-1419), H. Moranville éd., Paris, 1888. Comptes du Trésor (1296, 1316, 1384, 1477), R. Fawtier éd., Paris, 1930. Le courant n’est heureusement pas tari, comme le montre l’édition des comptes de l’Ecurie : Les comptes de l'Ecurie de Charles VI, vol. 1. Le registre KK 34 des Archives nationales (1381-1387), G.-M. Leproux éd., Paris, 1995 et vol. 2, Le registre 35 des Archives nationales (1399-1404 et 1411-1413), C. Billaud éd., Paris, 1996.

9 A. CovilleLes Cabochiens et l'ordonnance de 1413, Paris, 1888.

10 Dès ses premiers travaux, Alfred Coville montrait son intérêt pour cette approche, voir sa thèse complémentaire De Jacobi Magni vita et operibus, Paris, 1889. Et plus tard : Id.Jean Petit, La question du tyrannicide au commencement du XVe siècle, Paris, 1932 ; Id.Gontier Col et l’humanisme en France au temps de Charles VI, Paris, 1934 ; Id.Recherches sur quelques écrivains du XIVe et du XVe siècle, Paris, 1935 ; Id., La vie intellectuelle dans les domaines d’Anjou-Provence, Paris, 1941.

11 Pour ne citer que ses principales études : Y. Grandeau, « Itinéraires d’Isabeau de Bavière », BPHCTHS, année 1964, t. 2, Paris, 1967, p. 569-670 ; Id., « Les enfants de Charles VI. Essai sur la vie privée des princes et des princesses de la maison de France à la fin du Moyen Age », ibid., année 1967, t. 2, Paris, 1969, p. 809-850 ; Id., « Le dauphin Jean, duc de Touraine, fils de Charles VI (1398 - 1417) », ibid., année 1968, t. 2, Paris, 1971, p. 665-728 ; Id., « La mort et les obsèques de Charles VI », ibid., année 1970, t. 2, Paris, 1974, p. 133-186 ; Id., « De quelques dames qui ont servi la reine Isabeau de Bavière », ibid., année 1975, t. 2, Paris, 1977, p. 129-238.

12 M. ReyLe domaine du roi et les finances extraordinaires sous Charles VI 1388-1413, Paris, 1965 ; Id.Les finances royales sous Charles VI. Les causes du déficit 1388-1413, Paris, 1965.

13 Première édition, Paris, 1970.

14 B. Guenee, « Y a-t-il un Etat des XIVe et XVe siècles ? », Annales ESC, 1971, p. 399-406.

15  Chronique du religieux de Saint-Denys contenant le règne de Charles VI de 1380 à 1422, L. Bellaguet éd. et trad., 6 vol., Paris, 1839-1852. Réimpression avec introduction de B. Guenee, p. I-LXXXV, Paris, 1994, citée par la suite RSD.

16 B. Guenee, « Tragédie et histoire chez le Religieux de Saint-Denis », BEC, 150 (1992), p. 223-244 ; Id., « Le Religieux et les docteurs. Comment le Religieux de Saint-Denis voyait les professeurs de l’Université de Paris », CRAIBL, 1992, p. 675-686 ; Id., « Comment le Religieux de Saint-Denis a-t-il écrit l’histoire ? L’exemple du duel de Jean de Carrouges et Jacques Le Gris (1386) », Pratiques de la culture écrite en France au XVe siècle, M. Ornato et N. Pons éd., Louvain-la-Neuve, 1995, p. 331-343 ; Id., « Fiction et réalité dans l’œuvre du Religieux de Saint-Denis : l’exemple de la Paix de Tournai (1385) », Revue des langues romanes, 97 (1993), p. 3-13 ; Id., « Un royaume et des Pays : la France de Michel Pintoin », Identité régionale et conscience nationale en France et en Allemagne du Moyen Age à l’époque moderne, R. Babel et J.-M. Moeglin éd., Sigmaringen, 1997, p. 403-412.

17 G. Ouy, « Avant-propos », Pratiques de la culture écrite, op. cit. (n. 16), p. IX-XV.

18  Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l’Ile-de-France, années 1967-1968, p. 71-98.

19 E. OrnatoJean Muret et ses amis Nicolas de Clamanges et Jean de Montreuil. Contribution à l’étude des rapports entre les humanistes de Paris et ceux d’Avignon (1394-1420), Genève-Paris, 1969.

20 Jean de Montreuil, Opera, t. 1, Epistolario, E. Ornato éd., Turin, 1966. Suivi de t. 2, L’œuvre historique et polémique, N. Grévy, E. Ornato et G. Ouy éd., Turin, 1975 ; t. 3, Textes divers, appendices et tables, N. Grévy-Pons, E. Ornato et G. Ouy éd., Paris, 1981 ; t. 4, Monsteroliana, E. Ornato, G. Ouy et N. Pons éd., Paris, 1986.

21 G. Ouy, « L’Humanisme et les mutations politiques et sociales en France aux XIVe et XVe siècles », L’Humanisme français au début de la Renaissance, Paris, 1973, p. 27-44 ; Id., « Humanisme et propagande politique en France au début du XVe siècle : Ambrogio Migli et les ambitions impériales de Louis d’Orléans », Atti del Convegno su « Culture et politique en France à l’époque de l’Humanisme et de la Renaissance », Turin, 1974, p. 13-42 ; Id., « Le Collège de Navarre, berceau de l’Humanisme français », Enseignement et vie intellectuelle (du IXe au XVIe siècle), Actes du 95e Congrès national des Sociétés savantes (Reims, 1970), Philologie et histoire jusqu'à 1610, Paris, 1975, p. 275-299.

22 Notamment, N. Grévy-Pons, « Propagande et sentiment national pendant le règne de Charles VI : l’exemple de Jean de Montreuil », Francia, 8 (1980), p. 127-145 ; Id., « L’Honneur de la Couronne de France ». Quatre libelles contre les Anglais (vers 1418 - vers 1429), N. Pons éd., Paris, 1990.

23 Notice Jean de Montreuil, Dictionnaire des Lettres françaises. Le Moyen Age, Paris, 1992.

24  Préludes à la Renaissance. Aspects de la vie intellectuelle en France au XVe siècle, C. Bozzolo et E. Ornato éd., Paris, 1992, p. 42.

25 Jean de Montreuil, Opera, t. 2, L'œuvre historique et polémique, op. cit. (n. 20) : citation textuelle à quelques mots près d’Eginhard dans le Regali ex progenie, p. 71, citation approximative dans A toute chevalerie, p. 97 et dans le Perbrevis epilogus gestorum Karoli magni, p. 350.

26 Voir C. BeauneNaissance de la nation France, Paris, 1985, p. 264-291. P. Contamine, « "Le royaume de France ne peut tomber en fille". Fondement, formulation et implication d’une théorie politique à la fin du Moyen Age », Perspectives médiévales, no 13, 1987 n 67-81.

27 Même si le style courtois international a été diversement apprécié, le rôle des cours, royale et surtout princières, comme foyer de création artistique a toujours été reconnu. A les examiner de près, les liens entre art et pouvoir apparaissent de plus en plus. Là encore l’histoire culturelle rencontre le politique. Voir, par exemple, A. Erlande-Brandenburg, « Raymond du Temple, architecte du XIVe siècle », Documents Archeologia, 1973, no 3, p. 89-95. E. Danbury, « English and French Artistic Propaganda during the Period of the Hundred Years War : Some Evidence from Royal Charters », Power, Culture and Religion in France c.1350-C.1550, Woodbridge, 1989. P. Henwood, « Administration et vie des collections d’orfèvrerie royales sous le règne de Charles VI (1380-1422) », BEC, 138 (1980) p. 179-215.

28 F. Autrand, « De l’Enfer au Purgatoire : La Cour à travers quelques textes français du milieu du XIVe à la fin du XVe siècle », L’Etat et les aristocraties (France, Angleterre, Ecosse), XIIe-XVIIe siècle, P. Contamine éd., Paris, 1989, p. 51-78.

29 Par exemple, E. Gonzalez, « Les chambellans des ducs d’Orléans », Bulletin de l’association des amis du Centre Jeanne d'Arc, 14 (1990), p. 49-51.

30 C. Bozzolo et H. LoyauLa Cour amoureuse dite de Charles VI, 3 vol., Paris, 1982-1992.

31 B. GueneeUn meurtre, une société. L’assassinat du duc d’Orléans 23 novembre 1407, Paris, 1992, p. 132.

32  Ibid., p. 54-57.

33 X. de La SelleLe service des âmes à la Cour. Confesseurs et aumôniers des rois de France du XIIIe au XVe siècle, Paris, 1995.

34 F. AutrandCharles VI. La folie du roi, Paris, 1986, p. 349-357.

35 4 vol., Paris, 1896-1902.

36 H. Millet et E. PoulleLe Vote de la soustraction d’obédience en 1398, t. 1. Edition des bulletins de vote. Fac-similé des bulletins de vote, Paris, 1988.

37 B. GueneeEntre l'Eglise et l'Etat : Quatre vies de prélats français à la fin du Moyen Age (XIIIe-XVe siècle), Paris, 1987.

38 P. Desportes et H. MilletFasti Ecclesiae Gallicanae. Le diocèse d’Amiens, t. 1, Turnhout, 1996.

39 N. GorochovLe collège de Navarre, de sa fondation (1305) au début du XVe siècle (1418) : histoire de l’institution, de sa vie intellectuelle et de son recrutement, Paris, 1997.

40 C. Gauvard, « Le roi de France et l’opinion publique à l’époque de Charles VI », Culture et Idéologie dans la genèse de l'Etat moderne, Rome, 1985, p. 353-366.

41 P. S. LewisLater Medieval France. The Polity, Londres, 1968. L’expression fut lancée en France chez les médiévistes par R. CazellesLa société politique et la crise de la royauté sous Philippe de Valois, Paris, 1958. Voir aussi P. Contamine, « Le concept de société politique dans la France de la fin du Moyen Age : définition, portée et limite », Axes et méthodes de l’histoire politique, S. Berstein et P. Milza dir., Paris, 1998, p. 261-271.

42 A. Demurger, « Guerre civile et changements du personnel administratif dans le royaume de France de 1400 à 1418 : l’exemple des baillis et sénéchaux », Francia, 6 (1978), p. 151-298.

43 F. Autrand, « Offices et officiers royaux en France sous Charles VI », RH, 242 (1969), p. 285-338 ; Id., Naissance d'un grand corps de l’Etat. Les gens du Parlement de Paris 1345-1454, Paris, 1981.

44  Journal de Nicolas de Baye, greffier du Parlement de Paris, 1400-1417, A. Tuetey éd., t. 2, Paris, 1888, p. 263.

45 Sur les Marmousets, voir J. B. HennemanOlivier de Clisson and Political Society in France under Charles V and Charles VI, Philadelphie, 1996.

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