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Nation et nations au Moyen Âge

 | 
Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public

Des nations hors territoire

Les nations universitaires du Moyen Âge : l’université sous conditions?

University nations in the Middle Ages: A university free from external conditions?

Martin Kintzinger

Résumé

L’histoire des universités médiévales s’est toujours accompagnée de conflits entre différents groupes sociaux et entre intérêts particuliers. Le début des hostilités vint des maîtres des écoles et de leurs élèves, qui quittèrent leurs institutions traditionnelles et s’organisèrent en une nouvelle communauté indépendante. Ainsi, l’université médiévale était libre de toute considération extérieure (ainsi que l’évoque Jacques Derrida). Dans les années qui suivirent, l’auto-organisation devint ce qu’elle est encore de nos jours : une régularisation administrative. Les étudiants furent catégorisés en fonction de leurs régions d’origine et organisés en « nations », ce qui aboutit à ce que les étrangers à ces nations soient intégrés dans des classifications arbitraires. En outre, les conflits politiques ont tendu à amplifier les distances entre « nations » au sein des universités. À l’époque contemporaine, les « nations » sont logiquement absentes dans les universités, mais le risque d’être influencé de l’extérieur est toujours vivace. Les universités doivent insister sur leur droit à l’indépendance, en qualité de personnes morales.

Texte intégral

1L’Université a-t-elle un futur dans notre société ? Il est toujours difficile de répondre en historien à de telles questions d’avenir. À celle-ci en particulier, les discours actuels répliquent en ordre dispersé : l’Université aura un avenir dans la société du xxie siècle si elle se modernise, si elle devient plus pratique, si elle s’internationalise. Bref, il s’agit d’une « université sous conditions ».

  • 1 Cf. M. Kintzinger, Universität, Europäische Erinnerungsorte, 2. Das Haus Europa, éd. P. de Boer, H (...)
  • 2 L. Vogel, L’Université, une chance pour la France, Paris, 2010.
  • 3 Ibid., p. 50.
  • 4 A. Demurger, Temps de crises, temps d’espoirs. xive-xve siècle, Paris, 1990 (Nouvelle histoire de (...)

2Face aux crises qui ont agité les universités françaises, notamment en 20061, Louis Vogel, professeur de droit privé et président de l’université Paris II (Panthéon-Assas) de 2006 à 2012, suggéra dans son livre L’université, une chance pour la France (2010)2 de « reconstruire une vraie université […] où l’on ait plaisir à apprendre et qui soit capable d’offrir des perspectives variées mais réelles à ses étudiants3 ». Il y critique notamment la sélection inefficace des étudiants et la centralisation trompeuse des structures administratives, et prône à l’inverse une « autonomie réelle », seule condition à ses yeux pour voir les universités devenir « une chance pour la France ». Rapportée à l’Université du Moyen Âge tardif, une telle argumentation évoque une ambivalence bien connue, celle d’un « temps de crise » et d’un « temps d’espoir », pour employer les mots d’Alain Demurger4.

3Au cours de cette réflexion, l’histoire de l’Université tardo-médiévale sera évoquée en prenant en compte l’auto-organisation des scolares en général, et la signification des nationes en particulier. Les nationes universitaires seront considérées dès lors comme l’expression et l’instrument d’un processus propre à un temps de crise et, ce faisant, comme un défi spécifique pour l’internationalité des universités.

  • 5 Ce fut, dès 1953, l’interprétation donnée par Fr. W. Oediger, Über die Bildung der Geistlichen im (...)

4Dès les xive et xve siècles, les universités furent le théâtre de controverses variées. Elles émanaient d’une part de l’action des pouvoirs extérieurs, tant princiers que locaux, tenant à limiter leur autonomie, mais elles étaient dues d’autre part aux conflits internes des universités entre tradition et nouveauté. Des tensions vives opposaient étudiants en droit et en médecine d’un côté aux autres, ceux de la Faculté des arts tout particulièrement. C’est alors que prit forme un discours sur les scientiae lucrativae, sur les prétendues sciences lucratives du droit et de la médecine, promesses de prestige et de revenus à leurs diplômés5. Mais au commencement des universités, une telle évolution n’était pas prévisible. À ses origines, entre la fin du xie et le début du xiie siècle, l’universitas magistrorum et studentium était conçue comme un lieu « sans frontières », figure de l’internationalité de la culture savante. Parallèlement, les membres de l’Université formaient une corporation juridique et une association souveraine, libre, « sans condition » dans l’organisation de ses enseignants et de ses étudiants.

  • 6 J. Derrida, L’Université sans condition, Paris, 2001, et son « prière d’insérer » au début du livr (...)
  • 7 Ibid., p. 68-72.
  • 8 Ibid., p. 63.
  • 9 Cf. pour l’étude d’un cas représentatif M. Kintzinger, « Frankfurt an der Oder. Eine moderne Unive (...)
  • 10 Les travaux de Rainer C. Schwinges seront cités infra lorsqu’on y fera référence.

5Le statut des universités s’est mesuré à l’aune de ce paramètre jusqu’à l’âge moderne. C’est probablement le philosophe Jacques Derrida qui a trouvé dans son ouvrage L’Université sans condition, en 2001, les mots adéquats pour qualifier une évolution ultérieure éloignant les universités de leur liberté originelle6. Il synthétisa cette conception d’une existence durable de l’Université en parlant de « mondialisation, délocalisation, souveraineté, droits de l’homme ». Il est révélateur que Derrida ait alors mobilisé le référent universitaire médiéval pour justifier une approche contemporaine. Ce n’est pas non plus par hasard qu’il décrit « ces nouvelles Humanités » (soit les sciences sociales et humaines, comprenant l’histoire culturelle) en invoquant les Septem Artes Liberales de l’université médiévale7, auxquelles il assigne le devoir d’irriguer les « départements de droit, de théologie ou de sciences religieuses », qualifiés d’héritiers des facultés supérieures des universités médiévales8. Ce faisant, Derrida abolit la division disciplinaire de l’Université en facultés au profit d’une définition globale du savoir humain, et redéfinit ainsi la compréhension du savoir propre à l’Université médiévale, et particulièrement tardo-médiévale. Plus les universités se voyaient exposées à la volonté des autorités territoriales, plus elles s’attachaient à un savoir non « particularisé », universel et vaste9 : la « mondialisation » était alors devenue pour elles un véritable programme et un correctif face à une réalité sociale et institutionnelle qui penchait vers le particularisme et mettait en avant des facteurs que l’on retrouve dans l’Université moderne d’aujourd’hui, ceux relevant prétendument de l’environnement (Umweltfaktoren pour reprendre le mot de Rainer Christoph Schwinges), déterminant le rapport entre l’offre et la demande de traditions disciplinaires, la médiation du savoir accessible, la promotion et le soutien des étudiants, y compris en termes de perspectives d’emploi et de carrière pour les diplômés10.

  • 11 M. Kintzinger, « Scholars in Search of Knowledge », Encyclopedia of Global Human Migration, éd. I.(...)
  • 12 Cité par Cardini, Fumagalli Beonio-Brocchieri, Universitäten…, op. cit. n. 5, p. 23.
  • 13 R. C. Schwinges, « Der Student in der Universität », Geschichte der Universität in Europa, 1. Mitt (...)
  • 14 Id., « Pauperes an deutschen Universitäten des 15. Jahrhunderts », Zeitschrift für Historische Fors (...)
  • 15 Id., « Studentische Kleingruppen », Politik, Gesellschaft, Geschichtsschreibung. Giessener Festgab (...)
  • 16 R. Ch. Schwinges, « Sozialgeschichtliche Aspekte spätmittelalterlicher Studentenbursen in Deutschl (...)
  • 17 Ibid., p. 296.

6Le particularisme transparaissait encore dans un autre phénomène primordial pour l’histoire sociale et politique de l’Université, celui de la migration. De nombreux étudiants allaient en effet s’inscrire dans les universités étrangères, mais demeuraient très attachés à leurs origines régionales. Du choix d’un lieu d’études donné, ils faisaient dépendre non pas leur avenir personnel mais bien plutôt la perspective d’une amélioration de leur situation dans leurs régions d’origine11. En 1991, Franco Cardini cite le témoignage suivant : « Il y a beaucoup d’étudiants dans cette ville [Paris] et ils étudient tous à chaque moment possible, jour et nuit, sans cesse, […] [mais] ils disent en effet “Dès que j’aurai acquis assez de savoir et que je tiendrai mon diplôme de docteur dans les mains, je rentrerai chez moi et serai récompensé d’honneur et d’argent”12. » Un grand nombre d’étudiants n’obtenait pas de titre académique, tandis que certains n’avaient même jamais vraiment envisagé d’y parvenir. Rainer C. Schwinges distingue ainsi cinq types d’étudiants différents selon des critères relevant de l’histoire sociale. Il caractérise les étudiants (scolares) à l’instant évoqués comme des simplices13. Contrairement à ceux qui aspiraient aux grades académiques de la Faculté des arts, ces simplices n’avaient pas de véritable ambition en termes de diplôme et restaient dans leurs collèges. Ils y vivaient et étudiaient avec d’autres jeunes de leur région d’origine. Beaucoup d’entre eux étaient réputés pauperes, raison pour laquelle on leur avait fait grâce des frais d’immatriculation. Les pauperes préféraient par conséquent une université proche de leur lieu d’origine et rentraient chez eux peu de temps après14. Les registres d’immatriculation prouvent même que les simplices aimaient se rendre en petits groupes dans leur lieu d’études, y restaient ensemble et rentraient également ensemble le plus souvent15. Pour un grand nombre d’étudiants d’ailleurs, et pas seulement pour les simplices, il était primordial de se maintenir à l’intérieur de réseaux sociaux stables, de s’agréger à un maître et à sa familia sur place16. Ce dernier était responsable de la communauté sociale de « ses » étudiants, tout en restant leur enseignant. C’était seulement à travers ces réseaux-là que les systèmes de patronage devenaient finalement accessibles aux étudiants, leur permettant de s’orienter sur le « marché de l’emploi des jeunes académiques » et d’y trouver leur place17. Les pauperes et simplices ne s’occupaient pas réellement du savoir tel qu’il était enseigné à l’université, ni du niveau académique ou de la réputation des enseignants, ni du caractère international d’une université, autant de facteurs si décisifs pour les autres. Néanmoins, leurs études n’étaient pas inutiles. Souvent ils acquéraient quelques connaissances solides en latin, mais qui leur suffisaient pour entrevoir de meilleures perspectives dans leur région d’origine par rapport à leur situation de départ. Une carrière telle que pouvaient l’envisager les étudiants des scientiae lucrativae n’était guère concevable pour les simplices. Le séjour à l’université leur servait seulement à accroître leurs chances de pouvoir satisfaire leurs ambitions essentielles, notamment celles d’une amélioration de leurs conditions de vie et d’une perspective de mobilité sociale.

  • 18 Cardini, Beonio-Brocchieri, Universitäten, op. cit. n. 5, p. 38 et 40.
  • 19 Schwinges, « Sozialgeschichtliche Aspekte… », loc. cit. n. 16, p. 343.

7Cet enjeu avait des conséquences fondamentales pour l’ordre interne aux universités. Dans un contexte de densification institutionnelle croissante, l’unité de la corporation, l’universitas magistrorum et studentium, demandait plus d’organisation en termes fonctionnels. En premier lieu, on classait les disciplines académiques et leurs membres en facultés. À Paris et dans les universités qui fonctionnaient sur ce modèle, on distinguait quatre facultés : celles de théologie, de droit, de médecine et des arts. En second lieu, on répartissait les étudiants d’après leur appartenance aux différents collèges du lieu d’études18. En troisième lieu, les étudiants étaient divisés en groupements de provenance régionale. Rainer C. Schwinges a pu ainsi résumer cette structuration : « L’aspect particulariste de l’université comme carrefour d’itinéraires personnels et de rapports tant intérieurs qu’extérieurs devint manifeste […], notamment dans les groupes élémentaires dont elle se composait. Tout compte fait, l’université au Moyen Âge tardif formait seulement un cadre de référence pour ses composants élémentaires19 ».

  • 20 Cf. J. Verger, L’essor des universités au xiiie siècle, Paris, 1998.
  • 21 Id., « Natio, 2 », Lexikon des Mittelalters, Munich, 1992, vol. 6, col. 1038-1040, ici col. 1038.
  • 22 C. Fabris, Étudier et vivre à Paris au Moyen Âge ( xive-xve siècles), Paris, 2005 (Mémoires et doc (...)
  • 23 C. Fabris, Étudier et vivre à Paris…, op. cit. n. 22, p. 289-302.

8La création des universités de Paris et de Bologne était due à la curiosité d’un savoir nouveau et à la volonté des scolares de s’organiser de manière indépendante. Les créations plus tardives d’universités prirent davantage la forme de fondations. Les seigneurs laïques ou ecclésiastiques, qui étaient souvent à l’origine de ces créations, agissaient à titre personnel, notamment quand il en allait de la formation d’un personnel qualifié pour les finances et les affaires juridiques. L’ordre des facultés suivait le canon des matières universitaires20, mais intégrait aussi les différentes disciplines nécessaires à la qualification de maîtres savants dans l’Église, dans les cours princières et dans les villes. Quant aux collèges, qui avaient été créés à l’origine pour soutenir et entretenir les étudiants nécessiteux21, ils devinrent de plus en plus des centres sociaux et des lieux d’études pour les simplices. Mais des étudiants de toutes les facultés cherchaient à y avoir accès, même ceux des facultés supérieures qui possédaient déjà le titre de maîtres à la Faculté des arts ou y enseignaient. Les collèges se caractérisaient de plus en plus par un exclusivisme social, et offraient ainsi un lieu stratégique pour la formation des étudiants pressentis pour devenir de futurs conseillers lettrés ou des fonctionnaires ordinaires. Tant Cécile Fabris, dans son ouvrage sur le collège de Laon à Paris aux xive et xve siècles, que Thierry Kouamé, dans son étude sur le collège de Dormans-Beauvais, ont évoqué des « stratégies politiques et parcours individuels22 ». Les deux ouvrages montrent notamment à quel point les rapports personnels (« les liens ») et les réseaux (« le réseau des relations ») étaient importants dans les calculs stratégiques des collèges et des étudiants23.

  • 24 Ibid., p. 480 ; Kouamé, Le collège de Dormans-Beauvais…, op. cit. n. 22, p. 705 et suiv. ; Schwing (...)
  • 25 Chr. Charles, J. Verger, Histoire des universités, xiie-xxie siècle, Paris, 2012 [1re partie par J (...)

9Les collèges devenaient ainsi un support primordial de la mobilité sociale des érudits et de la diffusion du savoir scolaire, universitaire et savant dans la société. Leur création était due à la volonté personnelle des fondateurs, qui voulaient apparaître comme des mécènes, et à la demande importante des étudiants. Au cours des xive et xve siècles, on compte 30 créations de collèges rien que pour Paris. Vers 1300, ils n’étaient encore que 19 alors que, deux cents ans plus tard, ils dépasseront le chiffre de 5024. Dès le xiie siècle, et un demi-siècle avant la création des collèges, à Bologne et Paris, on avait commencé à répartir la masse croissante d’étudiants – venus de loin et séjournant à l’université et en ville – selon leurs origines régionales, et à les regrouper dans des structures sociales. La période qui va de la fin du xiie siècle au milieu du xiiie siècle est très importante pour l’histoire du savoir érudit et des institutions qui prennent en charge sa médiation. C’est à la même époque, comme Elsa Marmursztejn a pu le montrer, que les maîtres de théologie de l’université de Paris devinrent une corporation dynamique25.

  • 26 Verger, « Natio », loc. cit. n. 21, col. 1039.

10Au xiie siècle toujours, on adopta la dénomination de natio/nationes pour les nouvelles structures d’organisation des étudiants dans les universités de Paris et Bologne. Comme les facultés et les collèges, les nationes servaient d’unité fonctionnelle et administrative au sein de l’université. La répartition des étudiants dans les nationes s’effectuait aussi au sein de l’université. Pourtant, il existait une différence fondamentale : contrairement à l’appartenance aux facultés ou aux universités, le rattachement à une natio ne dépendait pas des études d’une discipline académique, du statut social de l’étudiant ou de la nature du diplôme visé ou obtenu, mais seulement de la région d’origine. C’est déjà l’indice que les nationes universitaires n’avaient rien à voir avec les notions modernes ultérieures de nation politique ou de nationalité. Tout d’abord, depuis le milieu du xiie siècle, il s’agissait encore de protéger la corporation des scolares en tant qu’étrangers vis-à-vis des pouvoirs locaux, sur leur lieu d’études. Il n’était pas encore question des nationes lorsqu’en 1158 (à la suite d’une requête antérieure de trois ans) fut promulguée par l’empereur Frédéric Ier la fameuse authentique Habita, qui contenait un engagement de protection pour les scolares de l’université de Bologne. Toutefois, l’empereur ne garantissait sa protection et la juridiction des maîtres ou des évêques locaux qu’aux scolares venus à Bologne en tant que migrants étrangers et pour acquérir la science. À Bologne, la répartition en nationes précéda probablement l’établissement de l’université, tandis qu’à Paris elle ne s’effectua pas avant 1222, soit seulement après la reconnaissance officielle de l’universitas26.

11Comme l’Université dans son ensemble, les nationes avaient un statut souverain. Elles élisaient parmi ses membres tant leur recteur que le maître et le procureur, au suffrage majoritaire. Elles réglaient en toute indépendance l’accueil des étudiants ainsi que l’enseignement. On décidait même de façon autonome des cérémonies religieuses destinées aux membres.

  • 27 Cf. A. Steindl, « Die Akademischen Nationen an der Universität Wien », Aspekte der Bildungsund Uni (...)
  • 28 Cf. C. Hirschi, Wettkampf der Nationen. Konstruktionen einer deutschen Ehrgemeinschaft an der Wend (...)

12Encore une fois, Paris servit d’exemple à toutes les universités de l’Europe centrale. Peu d’universités firent l’économie d’une division en nationes27. En France, seules Toulouse et Avignon, et dans le Saint-Empire Heidelberg, Rostock et Cologne ne connurent pas de nationes. En revanche, dès le xve siècle, les « bourses » se formèrent à la Faculté des arts à Cologne. À Paris, les nationes étaient aussi limitées à la Faculté des arts. Contrairement au comportement des simplices et pauperes, lors de la création de la structure des nationes, la question de savoir comment les étudiants jugeaient leur appartenance à leur région d’origine ou celle de leurs compatriotes jouait un rôle mineur. De la sorte, l’instauration des nationes ne correspondait justement pas à la tendance au particularisme, comme c’était parfois le cas avec les collèges, mais elle semblait bien plutôt exprimer le caractère international de l’université28.

  • 29 Ibid.

13Toutefois, le but n’était pas d’organiser les nationes exactement en fonction des régions d’origine ou selon les appartenances territoriales des étudiants. On regroupait plutôt les étudiants étrangers de façon à les répartir en unités de taille comparable29. Un tel procédé n’empêchait pas une procédure assez brutale dans la mise en œuvre de ce classement : on n’ignorait pas seulement les diverses appartenances politiques et culturelles, mais on privilégiait aussi sa propre région, séparée nettement du reste. On pouvait cependant rencontrer des classements très généraux. Ainsi, en 1265 à Bologne, on distingua les nationes de France, de Provence, de Picardie, de Bourgogne, du Poitou-Gascogne et de Touraine-Maine. En revanche, on regroupa de façon homogène les Allemands et les Anglais ou les Polonais et les Hongrois, bien que la natio allemande (natio Teutonicorum) ait largement dépassé les autres en taille et en influence.

  • 30 Steindl, « Die Akademischen Nationen… », loc. cit. n. 27, p. 21 ; Hirschi, Wettkampf der Nationen… (...)
  • 31 M. Tanaka, La nation anglo-allemande de l’Université de Paris à la fin du Moyen Âge, Paris, 1990, (...)
  • 32 Ibid., p. 101. Cf. Hirschi, Wettkampf der Nationen…, op. cit. n. 28, p. 127 : « Als Markstein der (...)

14À Paris, on procéda autrement en ne prévoyant que quatre nationes. Ce chiffre avait une signification plus symbolique que réelle, raison pour laquelle il fut adopté en de nombreux autres endroits : les quatre nationes symbolisaient les points cardinaux dont étaient originaires de nombreux étudiants30. Mais elles étaient aussi marquées par une perspective française : la nation française, la nation normande, la nation picarde et la nation anglaise (établie au xiiie siècle et devenue allemande au début du xve siècle). La « nation anglo-allemande » fait sûrement partie des formes les plus larges des nationes universitaires au Moyen Âge tardif. Jusqu’à aujourd’hui, une source exceptionnelle, le livre des procurateurs (Liber procuratorum), examiné pour la première fois en détail par Mineo Tanaka en 1990, prouve l’existence de ce modèle31. Les étudiants à l’université de Paris, qui par leur natio étaient classés comme Français, comprenaient aussi ceux qui étaient originaire de l’Europe du Sud ou des pays méditerranéens ; la natio anglaise, et plus tard allemande, comptait aussi tous les étudiants de l’Europe de l’Est et du Nord. En revanche, à Orléans on distinguait deux nationes parmi les étudiants : ceux du Nord de la France et ceux du Languedoc. Comme la question de la langue était décisive, on trouvait, outre ces deux parties, des groupes issus de régions frontalières telles que le Poitou, le Limousin ou l’Auvergne32.

  • 33 H. de Ridder-Symoens, « Mobilität », Geschichte der Universität…, op. cit. n. 13, p. 255-275.
  • 34 Hirschi, Wettkampf der Nationen…, op. cit. n. 28, p. 125 : « Die Universität ist auf der diskursge (...)

15Au sein des nationes, les membres se divisaient en provinces33. Ainsi, au cours des xive et xve siècles, les nationes, d’abord apolitiques, se transformèrent en véritables centres de controverses autour de l’appartenance aux unités politiques. Les sources de l’histoire de l’Université ne permettent pas de conclure définitivement quant à l’existence d’une conscience politique contemporaine ou bien à la naissance d’une identité nationale en Europe centrale à la fin du xve siècle34.

  • 35 Ridder-Symoens, « Mobilität… », loc. cit. n. 33, p. 257 : « Die Zusammensetzung der studentischen (...)

16On constate plutôt que les origines régionales communes jouaient un rôle majeur dans la perception des scolares, surtout au xiiie siècle. Cependant, dans le contexte des grands conflits des xive et xve siècles, l’ordre des nationes fournit le cadre du déploiement des préjugés, de la propagande politique et de la polémique. Ainsi, le Moyen Âge tardif constitua une période de politisation des nationes universitaires. Ce processus contribua lui aussi au renforcement des particularismes dans une université conçue originellement comme universelle et internationale, ainsi qu’à la perte définitive de l’internationalisation et de la régionalisation35.

  • 36 Un article sur la fondation de l’université de Prague en 1348, par Hémecht, est sous presse.
  • 37 Steindl, « Die Akademischen Nationen… », loc. cit. n. 27, p. 29-33.

17Plus encore qu’aux collèges, l’attachement des étudiants à leur région d’origine se manifesta donc au sein des nationes. Ces dernières connaissaient des querelles nombreuses et acharnées entre leurs membres, dues aux préjugés et aux aversions respectifs. L’une des disputes les plus célèbres de ce point de vue se produisit lors de la fondation de l’université de Leipzig, en 1409, quand les scolares allemands quittèrent l’université de Prague en raison de la domination de la nation bohémienne36. Avec la politisation des nationes, leur évolution s’acheva pour laisser peu à peu place au régionalisme, même si leur vivacité perdurait encore37.

  • 38 Ibid., p. 97-99.
  • 39 Ibid., p. 107.

18Pour ce qui est de l’accueil des étudiants venus de toute l’Europe, l’université de Paris restait toutefois la première. Une comparaison avec les universités d’Oxford et de Cambridge – toutes deux, comme Paris, anciennes et renommées – montre que leur espace de rayonnement reste nettement plus restreint38. Il est surprenant que ce soit à Paris que la signification et l’influence des nationes aient été plus importantes qu’ailleurs. C’est là seulement que les maîtres ès arts des nationes élisaient le recteur de l’université39.

  • 40 Ibid., p. 108.

19L’évolution des nationes qui, au début, précéda l’origine de l’Université à la fin du xiie siècle, comme à Bologne, ou bien l’accompagna, comme à Paris, renvoie à un processus continu de spécialisation et de diversification. C’est ce processus qui a rendu possible les nombreuses écoles (c’est-à-dire les communautés de maîtres avec leurs élèves) dont la reconnaissance juridique en qualité d’universitas magistrorum et studentium fut bien à l’origine de l’Université. Ce même processus engendra de nombreux discours méthodologiques et suscita diverses querelles à propos des structures d’enseignement, notamment en ce qui concernait les critères concourant à la répartition des maîtres et des étudiants. C’est pour cette raison que l’histoire des nationes ne constitue pas un élément isolé dans l’histoire de l’Université, mais forme un trait caractéristique d’une université marquée par son ouverture permanente à des réformes dynamiques40.

  • 41 Cf. H.-J. Schmidt, « Was ist eine Nation ? Debatten auf den Konzilien des 15. Jahrhunderts », Nati (...)
  • 42 Ibid., p. 129 et suiv. : « [im Humanismus] war natio Fremd-und Selbstzeichnung und avancierte zum (...)

20Cette ouverture se révéla en effet être un point faible. Ce fut tout particulièrement le cas lorsque les nations durent faire face à des événements extérieurs qui modifièrent leur ordre interne. Ce fut d’ailleurs au même moment – dans la première moitié du xve siècle – que les conciles œcuméniques de Constance, Pavie et Bâle répartirent leurs participants en nations. Ces nations conciliaires semblaient être seulement un instrument de prise de décision et de prise en compte d’opinions mais, en ces temps particulièrement riches en conflits, elles servirent aussi de canaux d’expression aux querelles entre les partis politiques41. Finalement, à la fin du xve siècle, alors que la signification fonctionnelle des nationes universitaires avait déjà nettement régressé, l’humanisme interpréta le terme de natio d’une toute nouvelle façon. C’est à ce moment-là que sa signification dépassa la sphère de l’université42.

  • 43 Cf. Tanaka, La nation anglo-allemande…, op. cit. n. 31, p. 53.
  • 44 Ibid., p. 99.

21L’instrumentalisation politique des nationes eut désormais des conséquences qui se manifestèrent de façon très claire. Un exemple parlant renvoie à l’épisode du schisme pontifical, après que le roi d’Angleterre et les rois du Saint Empire romain se furent ralliés à un autre candidat que celui qui était soutenu par le roi de France. À cette date, les étudiants anglais et allemands avaient quitté l’université de Paris43, tandis que ceux de Bourgogne étaient partis étudier dans des institutions fondées par leur duc. Cette décision, elle aussi, épousa les tensions politiques entre les ducs, ce qui montre clairement à quel point les étudiants étaient soumis aux contraintes politiques lorsqu’ils se décidaient pour un lieu d’études étranger. Ainsi, l’internationalité de l’université de Paris souffrit des conflits seigneuriaux et ecclésiastiques qui rendaient la situation générale nettement plus complexe44.

22Aujourd’hui, les traces des nationes universitaires médiévales sont rares. Il en demeure pourtant ici ou là des souvenirs. Dans les pays scandinaves du xviie siècle, des nations estudiantines, organisées en fonction des origines régionales, virent le jour en tant que communautés apolitiques. Leur premier but fut l’organisation du temps libre. Elles choisirent leur nom à partir de ceux des anciennes nations de l’université prémoderne. Contrairement à ces dernières, les nations du modèle scandinave ont survécu jusqu’à présent.

  • 45 P.-M. Deschamps, L. Steinmann, « L’université se réveille », Les Échos, 279 (1er mai 2011), p. 36- (...)

23Pour le reste, à l’heure actuelle, les concepts de régionalisation et de particularisme aident peu l’Université d’aujourd’hui. À cet égard, même l’appel à une « stratégie territoriale » dans la politique de l’enseignement supérieur, proclamé en 2010 par les ministres français de l’époque, semble d’une utilité limitée45. Il n’en demeure pas moins que l’« université sans condition » qui, pour Jacques Derrida, doit nécessairement reprendre l’idée originelle de l’université médiévale, reste d’actualité et évoque une double conception : celle d’une corporation d’enseignants et d’élèves et celle d’une université comme lieu international.

Notes

1 Cf. M. Kintzinger, Universität, Europäische Erinnerungsorte, 2. Das Haus Europa, éd. P. de Boer, H. Duchhardt, G. Kreis, W. Schmale, Munich, 2012, p. 307-318, en part. p. 308.

2 L. Vogel, L’Université, une chance pour la France, Paris, 2010.

3 Ibid., p. 50.

4 A. Demurger, Temps de crises, temps d’espoirs. xive-xve siècle, Paris, 1990 (Nouvelle histoire de la France médiévale, 5).

5 Ce fut, dès 1953, l’interprétation donnée par Fr. W. Oediger, Über die Bildung der Geistlichen im späten Mittelalter, Leyde/Cologne, 1953, p. 29 et suiv., p. 64. Cf. aussi Fr. Cardini, M. Fumagalli Beonio-Brocchieri, Universitäten im Mittelalter. Die europäischen Stätten des Wissens (1991), trad. all. Munich, 2000, p. 23.

6 J. Derrida, L’Université sans condition, Paris, 2001, et son « prière d’insérer » au début du livre.

7 Ibid., p. 68-72.

8 Ibid., p. 63.

9 Cf. pour l’étude d’un cas représentatif M. Kintzinger, « Frankfurt an der Oder. Eine moderne Universität ? », Attempto – oder wie stiftet man ein Universität. Die Universitätsgründungen der sogenannten zweiten Gründungswelle im Vergleich, éd. S. Lorenz et alii, Stuttgart, 1999 (Contubernium, 50), p. 209-236 ; Id., « Scientia mundus illuminatur. Gelehrtes Wissen zwischen Erkenntnis und Kontrolle », Universität im öffentlichen Raum, éd. R. C. Schwinges, Bâle, 2008 (Veröffentlichungen der Gesellschaft für Universitäts-und Wissenschaftsgeschichte, 10), p. 229-258.

10 Les travaux de Rainer C. Schwinges seront cités infra lorsqu’on y fera référence.

11 M. Kintzinger, « Scholars in Search of Knowledge », Encyclopedia of Global Human Migration, éd. I. Ness [en ligne]. Une traduction allemande est sous presse, sous la direction de Michael Borgolte, à paraître à Berlin en 2014.

12 Cité par Cardini, Fumagalli Beonio-Brocchieri, Universitäten…, op. cit. n. 5, p. 23.

13 R. C. Schwinges, « Der Student in der Universität », Geschichte der Universität in Europa, 1. Mittelalter, éd. W. Rüegg, Munich, 1993, p. 181-223, en part. p. 182-185.

14 Id., « Pauperes an deutschen Universitäten des 15. Jahrhunderts », Zeitschrift für Historische Forschung, 3 (1981), p. 285-309, réimpr. dans Id., Studenten und Gelehrte. Students and Scholars. Studien zur Sozial-und Kulturgeschichte deutscher Universitäten im Mittelalter. A Social and Cultural History of German Medieval Universities, Leyde/Boston, 2008 (Education and Society in the Middle Ages and Renaissance, 32), p. 237-263, en part. p. 255.

15 Id., « Studentische Kleingruppen », Politik, Gesellschaft, Geschichtsschreibung. Giessener Festgabe für František Graus zum 60. Geburtstag, Cologne/Vienne, 1982 (Beihefte zum Archiv für Kulturgeschichte, 18), p. 319-361, réimpr. dans Id., Studenten…, op. cit. n. 14, p. 265-299, en part. p. 274-286.

16 R. Ch. Schwinges, « Sozialgeschichtliche Aspekte spätmittelalterlicher Studentenbursen in Deutschland », Schulen und Studium im sozialen Wandel des hohen und späten Mittelalters, éd. J. Fried, Sigmaringen, 1986 (Vorträge und Forschungen, 30), p. 527-564, réimpr. dans Id., Studenten…, op. cit. n. 14, p. 341-387, en part. p. 386-387.

17 Ibid., p. 296.

18 Cardini, Beonio-Brocchieri, Universitäten, op. cit. n. 5, p. 38 et 40.

19 Schwinges, « Sozialgeschichtliche Aspekte… », loc. cit. n. 16, p. 343.

20 Cf. J. Verger, L’essor des universités au xiiie siècle, Paris, 1998.

21 Id., « Natio, 2 », Lexikon des Mittelalters, Munich, 1992, vol. 6, col. 1038-1040, ici col. 1038.

22 C. Fabris, Étudier et vivre à Paris au Moyen Âge ( xive-xve siècles), Paris, 2005 (Mémoires et documents de l’École des chartes, 81) ; Th. Kouamé, Le collège de Dormans-Beauvais à la fin du Moyen Âge. Stratégies politiques et parcours individuels à l’Université de Paris (1370-1458), Leyde/Boston, 2005 (Education and society in the Middle Ages and Renaissance, 22).

23 C. Fabris, Étudier et vivre à Paris…, op. cit. n. 22, p. 289-302.

24 Ibid., p. 480 ; Kouamé, Le collège de Dormans-Beauvais…, op. cit. n. 22, p. 705 et suiv. ; Schwinges, « Sozialgeschichtliche Aspekte… », loc. cit. n. 16, p. 346 et suiv. ; Id., « University Colleges in Late Medieval Europa », Centers of Invention, éd. W. Blockmans, W. Fischer, Danbury, 1993 (The Roots of Western Civilization, 2), p. 33-44, réimpr. dans Schwinges, Studenten…, op. cit. n. 14, p. 389-399, en part. p. 390 et suiv.

25 Chr. Charles, J. Verger, Histoire des universités, xiie-xxie siècle, Paris, 2012 [1re partie par J. Verger, « Les universités du Moyen Âge et de l’Ancien Régime », p. 7-77], p. 17 ; E. Marmursztejn, L’autorité des Maîtres. Scolastique, normes et société au xiiie siècle, Paris, 2007.

26 Verger, « Natio », loc. cit. n. 21, col. 1039.

27 Cf. A. Steindl, « Die Akademischen Nationen an der Universität Wien », Aspekte der Bildungsund Universitätsgeschichte. 16. bis 18. Jahrhundert, éd. K. Mühlberger, Th. Maisl, Vienne, 1993 (Schriftenreihe des Universitätsarchivs Universität Wien, 7), p. 15-39, en part. p. 19 et suiv.

28 Cf. C. Hirschi, Wettkampf der Nationen. Konstruktionen einer deutschen Ehrgemeinschaft an der Wende vom Mittelalter zur Neuzeit, Göttingen, 2005, p. 126, avec un résumé des interprétations anciennes et actuelles sur la relation entre des caractères internationaux ou régionaux des nations universitaires.

29 Ibid.

30 Steindl, « Die Akademischen Nationen… », loc. cit. n. 27, p. 21 ; Hirschi, Wettkampf der Nationen…, op. cit. n. 28, p. 126 et suiv.

31 M. Tanaka, La nation anglo-allemande de l’Université de Paris à la fin du Moyen Âge, Paris, 1990, p. 18 (sur l’origine de la nation et le changement de l’appellation) et p. 225 et suiv. (sur le terme provincia alemannia dans le Livre des procureurs).

32 Ibid., p. 101. Cf. Hirschi, Wettkampf der Nationen…, op. cit. n. 28, p. 127 : « Als Markstein der Nationenbildung gelten die universitären nationes auch, weil seit dem 15. Jahrhundert sprachliche Kriterien die geographischen Zuordnungen beeinflussten ».

33 H. de Ridder-Symoens, « Mobilität », Geschichte der Universität…, op. cit. n. 13, p. 255-275.

34 Hirschi, Wettkampf der Nationen…, op. cit. n. 28, p. 125 : « Die Universität ist auf der diskursgeschichtlichen Strecke von der natio zur Nation verschiedentlich als entscheidende Wegmarke gesehen worden. Von diesen Interpretationen wird im Folgenden abgerückt. Die hier vertretene Position lautet, dass an einzelnen Universitäten zwar eine Umwertung des natio-Begriffes erfolgte, diese aber nur in typologischer Hinsicht relevant war. Auf die humanistische Nationskonstruktion übten diese Vorgänge keine nachaltige Wirkung aus », et p. 133 : « [Es] spricht vieles dagegen, die Nationenbildung als universitäres Produkt zu verstehen. »

35 Ridder-Symoens, « Mobilität… », loc. cit. n. 33, p. 257 : « Die Zusammensetzung der studentischen Nationen hatte viele Konflikte und nationalistische Kundgebungen in einer an sich internationalen, ja universalen Institution zur Folge. Obwohl man kaum nachweisen kann, wieweit die universitären Nationen zur Bildung einer gemeinsamen Identität und eines Nationalgefühls beitrugen, steht doch fest, daß sich in den Landsmannschaften ein Korpsgeist entwickelte und daß diese Bewußtseinsbildung sich politisch auswirkte. Am Ende des Mittelalters trat das Gefühl, der gleichen Sprachgemeinschaft oder demselben Volks anzugehören, zurück hinter dem Bewußtsein, Mitglied einer politischen Einheit zu sein. »

36 Un article sur la fondation de l’université de Prague en 1348, par Hémecht, est sous presse.

37 Steindl, « Die Akademischen Nationen… », loc. cit. n. 27, p. 29-33.

38 Ibid., p. 97-99.

39 Ibid., p. 107.

40 Ibid., p. 108.

41 Cf. H.-J. Schmidt, « Was ist eine Nation ? Debatten auf den Konzilien des 15. Jahrhunderts », Nation und Nationalismus in Europa. Kulturelle Konstruktionen von Identitäten. Festschrift für Urs Altermatt, éd. C. Bosshart-Pfluger, J. Jung, F. Metzger, Stuttgart/Vienne, 2002, p. 139-154 ; Hirschi, Wettkampf der Nationen…, op. cit. n. 28, p. 135-143.

42 Ibid., p. 129 et suiv. : « [im Humanismus] war natio Fremd-und Selbstzeichnung und avancierte zum kollektiven Ehrbegriff » (p. 130).

43 Cf. Tanaka, La nation anglo-allemande…, op. cit. n. 31, p. 53.

44 Ibid., p. 99.

45 P.-M. Deschamps, L. Steinmann, « L’université se réveille », Les Échos, 279 (1er mai 2011), p. 36-47, en part. p. 42.

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