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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral I. L’histoire, l’archéologie, la géographie et les autres II. Flou ou richesse d’un concept ? Les mille et une manières actuelles d’analyser l’espace à partir des textes III. L’espace des archéologues IV. D’autres voies de collaboration Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Analyses de l’espace

    Monique Bourin

    p. 493-510

    Texte intégral Bibliographie Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Tandis que le temps est le fil directeur de l’historien, l’espace est le domaine de la géographie. La logique voudrait que la formation des historiens français, très spécifiquement et obligatoirement liée à la géographie, les ait entraînés à une attention, plus marquée que dans d’autres pays, à l’étude de l’organisation de l’espace dans le passé. De fait le rapport des historiens français à l’étude de l’espace est fort, mais, surtout dans les années récentes, il est complexe, peut-être même ambigu.

    I. L’histoire, l’archéologie, la géographie et les autres

    2La tradition de la géographie historique, illustrée par Marc Bloch, a été poursuivie par Charles Higounet et bien d’autres, à une époque où il me semble que les types d’études qu’ils ont menés étaient plutôt en Allemagne le fait de géographes. C’est de la géographie historique que se réclamait encore un historien comme Pierre Toubert lorsqu’il écrivait sa thèse. A la différence des géographes, ces historiens ont évidemment toujours eu une attention stricte à la chronologie, mais à un pas chronologique relativement lent, celui de l’évolution des structures. Ils n’excluent évidemment pas des temps d’accélérations, d’évolution rapides, de ruptures, mais toujours dans un cadre chronologique assez vaste. Même si le sous-titre précise que l’étude est conduite du IXe siècle à la fin du XIIe siècle, il est révélateur que le titre principal de la thèse de Pierre Toubert situe l’ouvrage tout simplement au Moyen Age.

    3Bien évidemment la tradition de la géographie historique est loin de résumer toutes les tendances de la « médiévistique » française dans les années 70. Ainsi la thèse de Pierre Bonnassie, qui marqua la même génération et participa du même redéploiement des médiévistes français vers les pays méditerranéens, a une toute autre orientation. Certes la morphologie des pays catalans est très présente dans les processus historiques mis en avant par Pierre Bonnassie, mais elle n’est pas le cœur de sa démarche d’analyse sociale et politique. Si les formes de la mise en valeur des terroirs sont présentes, ce n’est pas leur agencement dans l’espace qui l’intéresse essentiellement ; lorsque l’espace préoccupe l’auteur, c’est en tant que centre de pouvoir et enjeu des luttes sociales.

    4On aurait pu penser que l’atténuation de la conscience des conflits sociaux comme moteurs de l’histoire, disons le post-marxisme, allait imposer la première tradition comme dans une position de domination thématique et méthodologique. En fait d’autres courants historiographiques ont pris le relais. Pour l’un, qui est une forme de retour à l’événement et analyse le temps à une échelle très fine, l’espace est un cadre, pas un objet, encore moins un acteur. Mais surtout assez généralement, s’est fait jour une sorte de révolte, plus ou moins avouée, de nombreux historiens contre cette obligation de la géographie. Un article paru dans Le Monde au cours de l’hiver dernier la résumait avec un brin de provocation : dialoguant avec Gérard Noiriel, Roger Chartier y déclarait qu’il fallait définitivement rompre cette alliance traditionnelle de l’histoire et de la géographie et que les historiens français commençaient enfin à cet égard à être sur la bonne voie1. La rupture avec la géographie n’est pas pour autant la mort de l’espace comme objet d’étude des médiévistes français ; bien au contraire, il n’y a jamais été aussi présent. L’un des mots les plus à la mode est celui de spatialisation. Mais il y est plus anthropologique que géographique. Plus qu’un espace économique, de production ou de déplacement, l’espace est étudié aujourd’hui comme élément d’une culture ; comme la construction d’une société, dans une perspective plus nominaliste que réaliste. Le terme de spatialisation décrit bien d’ailleurs la manière actuelle de penser l’espace. Ce n’est pas seulement une manière jargonnante et rapide de dire « organisation de l’espace » ; le mot comporte l’idée d’une dynamique, d’une mise en espace, qui est l’étude d’un va-et-vient entre construction intellectuelle et pratique. Ainsi en va-t-il des recherches actuelles sur la spatialisation du sacré, qui tentent d’intégrer dans une même démarche les écrits de cosmogonie théologique et l’observation de l’environnement concret des églises et leurs évolutions respectives2.

    5Cette vision évolutive de l’espace, cette manière de le voir comme la résultante de contraintes données et de mise en forme, d’organisation consciente ou inconsciente, subie ou volontaire, rejoint donc les préoccupations d’une autre discipline historique dont le développement en France est spectaculaire, l’archéologie. L’étude de l’espace est très fortement marquée par les archéologues ; et elle l’a été avant même que ne se manifestent les récentes tendances perceptibles chez les historiens des textes. Au fur et à mesure qu’elle se développe, cette discipline, beaucoup plus jeune que l’histoire, s’en distingue, pour n’être plus une simple auxiliaire qui viendrait combler les lacunes de la documentation écrite, mais prend son autonomie et se constitue comme une autre discipline historique. Or il me semble qu’en France – peut-être plus qu’en Allemagne, mais vous confirmerez ou infirmerez cette impression – histoire et archéologie sont assez proches à l’université et dans la recherche, même si l’archéologie est trop souvent, dans la formation des étudiants, associée à l’histoire de l’art, elle-même distincte de l’histoire. La tradition de la géographie historique, telle qu’elle se pratique à partir des textes, se confronte désormais aux observations archéologiques.

    6C’est une évidence que l’archéologie est beaucoup plus localisée que l’histoire, enracinée dans le terrain, concrétisée dans le sol. Même si l’historien des textes arpente les pays qu’il étudie – à supposer que se prolongent ces études monographiques régionales qui ont jadis inspiré les thèses des médiévistes français – et tente de reconstituer les paysages, son travail consiste plutôt à labourer les cartulaires qu’à ouvrir le sol. Certains historiens ont eu précocement le sens de l’espace, à la manière archéologique, tel Gabriel Fournier ; il n’est pas surprenant qu’il ait été un précurseur dont les approches et les méthodes, sur le moment, sont restées marginales.

    7Il est des formes d’études de l’espace qui, du moins pour le moment, ne parviennent guère à l’historien des textes que par le truchement de l’archéologie. Elles contribuent à rendre la collaboration indispensable. Non seulement les méthodes, mais aussi la nature des données rendent nécessaire la mise en regard des études archéologiques et textuelles. « Il existe une relation entre espace et société et l’espace rend compte de cette relation quand la société n’en dit rien » (H. Galinié). L’apport de ce non-dit et la prise en compte de ses raisons sont cruciaux pour l’historien, dans le domaine de l’analyse spatiale, comme dans les autres.

    8Collaboration, complémentarité ou confrontation ? Ses méthodes et ses techniques imposent à l’archéologue une échelle spatiale partiellement différente de celle à laquelle travaille l’historien. La densité des sources archéologiques, notamment des données de fouilles, est celle d’une micro-histoire à laquelle les historiens des textes ont rarement accès. La différence d’échelle spatiale complique la comparaison des données textuelles et archéologiques. Les données des fouilles sont ponctuelles, celles des documents écrits lacunaires. La différence n’est d’ailleurs pas seulement celle de l’échelle spatiale, mais plus largement des échelles spatio-temporelles. Mais si l’historien des textes et l’archéologue travaillent à des échelles différentes, il me semble qu’ils ont l’un et l’autre la même unité : leurs études se moulent sur les structures du peuplement. L’unité d’observation, qui leur est bien souvent commune, est le village et son finage, même si l’un se contente de fouiller quelques structures d’un village et si l’autre intègre ces finages dans un cadre régional. Ne doit-on pas distinguer la différence d’échelle et l’identité d’unité d’étude. Que la complémentarité l’emporte aux yeux des uns ou la confrontation aux yeux des autres, je suis sûre que je vous aurais privés d’une part essentielle de l’exposé, si je ne m’étais associée pour le faire à mon amie Elisabeth Zadora-Rio.

    9Pour une bonne part la suite de cet exposé sera donc bâtie sur les différences d’appréhension de l’espace par les deux disciplines. Plus qu’un dialogue, c’est en fait de polyphonie qu’il faudrait parler, un peu pompeusement, car entre les fouilles et les cartulaires (ou les polyptyques ou même les sources judiciaires de la fin du Moyen Age), il y a des documents d’échelle et d’abstraction intermédiaires, tels que les diverses photographies aériennes et les documents planimétriques de tous ordres. Ils ont leur propres problèmes méthodologiques, en particulier parce que leur rapport au temps est différent puisqu’ils ne fournissent qu’exceptionnellement une datation absolue au médiéviste, mais seulement des données d’âge relatif et des traces à interpréter. Mais ils constituent un secteur en plein développement, qu’il convient d’intégrer comme l’une des méthodes incontournables d’étude de l’organisation de l’espace.

    II. Flou ou richesse d’un concept ? Les mille et une manières actuelles d’analyser l’espace à partir des textes

    10Mais avant de concentrer notre attention sur les approches conjointes, textuelles, archéologiques et morphologiques, de l’espace, ce que justifie non seulement l’inscription de cet exposé dans la demi-journée consacrée aux formes actuelles d’étude de la civilisation matérielle, mais aussi le volume des travaux récents, il importe de faire leur place aux approches variées qui font intervenir l’espace comme catégorie principale de l’étude historique mais demeurent essentiellement fondées sur une documentation textuelle. Pour ce faire il est difficile d’éviter le catalogue, si ce n’est en tentant une typologie et en s’arrêtant sur quelques ouvrages qui l’éclairent. Tous ne seront pas cités, bien entendu, l’entreprise nous retiendrait trop longtemps. On se contentera d’évoquer les plus emblématiques des recherches actuelles, en omettant beaucoup d’excellentes études. Que les auteurs nous le pardonnent !

    11A dire vrai, l’espace se prête à une gamme très variée d’approches. Tout objet d’étude d’une science humaine peut être pris par son aspect spatial. Tout est espace, de l’espace domestique à l’espace du royaume, du monastère à la mer Méditerranée. Toute activité humaine est organisation ou du moins gestion de l’espace. Et tout document, pas seulement ceux qui ont été évoqués jusqu’à présent, mais aussi les documents iconographiques et d’autres, peuvent servir de base à une étude des représentation spatiales. Lorsque la revue Médiévales intitule son numéro du printemps 1990 Espaces du Moyen Age, le coordinateur du numéro, Patrick Gautier Dalché, n’y invite guère que des collaborateurs spécialistes de cartographie. Mais l’étude de l’espace est également abordée et abordable par celle des concepts et des méthodes de l’histoire des sciences médiévales. Ainsi la thèse de Christiane Deluz est-elle, à travers le commentaire du livre de Jean de Mandeville, une analyse des concepts de la géographie médiévale, suivant une démarche peu fréquente chez les historiens, ce qui l’a entraînée à travailler avec des géographes intéressés à l’histoire de leur discipline autant qu’avec des historiens. Or ses collègues historiens lui ont offert un volume de Mélanges, paru en 1997 comme un numéro de l’éphémère revue des Cahiers de Recherches Médiévales, sous le titre Espace vécu, mesuré, imaginé : le genre de l’ouvrage, des Mélanges, se prête au papillonnement, ce qui ne lui enlève nullement son intérêt car il est précisément le moyen d’inventorier les diverses approches possibles d’une étude de l’espace. Mais il est aussi le signe de la relative nouveauté d’une telle étude : le terme espace est assez flou pour que sa bannière recouvre des études de nature très différente.

    Espaces politiques

    12L’une des voies actuelles de cette étude est celle des espaces de pouvoir, ce qui est la manière présente de dire espace politique. La thèse que Fabienne Cardot a écrite sous le titre L’espace et le pouvoir, avec un sous-titre Etude sur l’Austrasie mérovingienne est assez caractéristique de cette actualisation qui s’intéresse au va-et-vient entre pratique du pouvoir et perception du territoire : c’est la perception qui est première, sous la forme concrète du voyage et abstraite des méthodes de localisation. Vient ensuite une description plus classique du royaume et de ses fluctuations, le volume s’achevant sur une géographie sacrée, liant les représentations d’ici-bas et de l’au-delà. Fabienne Cardot a développé, me semble-t-il, les voies que Bernard Guenée avaient tracées dans plusieurs des articles réunis dans le volume Politique et Histoire au Moyen Age, paru en 1981, que résume le titre de l’un d’entre eux : Espace et Etat en France au Moyen Age.

    13Le livre qu’Odile Redon a consacré à la Toscane siennoise, L’Espace d’une cité. Sienne et le pays siennois, participe, malgré les apparentes similitudes, malgré la même attention à ce qu’Odile Redon intitule « les signes religieux de l’insertion dans l’espace » à d’autres approches spatiales. Affaire de temps, de personnalité, mais aussi et surtout d’échelle qui permet d’appuyer l’étude sur les variétés des milieux toscans, sur une prise en compte concrète des terroirs. Mais elle est bien aussi une analyse des pouvoirs, de l’urbanisation d’un territoire, comme une démarche à la fois contrainte et volontaire : « elle (Sienne) n’avait pas choisi le terrain de son expansion ». Le rapport entre la cité et son territoire est observé par le truchement de l’outillage culturel ; non pas comme une conquête nécessaire et facile, mais comme une domination fondée pour une part sur de la méfiance : « une urbanité sur la défensive ». C’est une représentation culturelle de l’espace, mais une culture où l’affectif est fondamental.

    Espaces sociaux

    14Ces quelques exemples sont loin de faire le bilan complet des formes récentes d’analyses spatiales. « Espaces sociaux » figure dans le titre des Mélanges offerts à Robert Delort. C’est cette sociologie de l’espace que l’histoire et l’archéologie tentent aujourd’hui l’une et l’autre de faire, pour restituer le fonctionnement de l’espace urbain, comme elles tentent de comprendre l’évolution que les communautés rurales font de la gestion de « leur » espace au fur et à mesure de leurs transformations.

    15Le traitement informatique des données a joué son rôle dans le développement des analyses spatiales3. Pour la fin du Moyen Age, les études des cadastres ont apporté de précieuses informations, notamment de topographie sociale des villes, et permis de restituer une absence globale de ségrégation sociale de l’habitat, même si les faubourgs et l’intérieur des pâtés de maisons sont le domaine du petit peuple.

    16Mais, au moins autant que ces données techniques, le bilan des études spatiales enregistre une évolution du questionnement des sources.

    17En matière urbaine d’abord. Dès 1981, un volume de la société des médiévistes, intitulé Le Paysage urbain au Moyen Age soulignait l’intérêt des médiévistes français pour la restitution des espaces et des volumes dans la ville. On comparera utilement le style de ces articles au travail paru en 1990 qu’Etienne Hubert a consacré à Rome, sous le titre Espace urbain et habitat à Rome du Xe à la fin du XIIIe siècle, car il illustre les développements de ce type d’analyse. Les sous-titres de la première partie intitulée « L’espace urbain » traduisent les manières actuelles de décrire l’espace et de le comprendre. Dans un premier ensemble de chapitres consacrés à l’organisation de l’espace romain : délimiter l’espace, une ville sans centre, centre et périphérie. Viennent ensuite des chapitres voués à la circulation : les points d’accès, c’est-à-dire les portes, les réseaux de la voirie où sont distingués les espaces de circulation, les espaces de rassemblement et les espaces de distribution. Vient ensuite seulement l’analyse de l’urbanisation ; du tissu urbain et de la densité du bâti. La description de la ville est d’abord celle d’une géométrie fonctionnelle, de points, de lignes, de figures diverses, décrites dans leur complémentarité, leur hiérarchie ou leur juxtaposition, sans que soit oubliés les mécanismes économiques et les intérêts qui ont constitué cette géométrie.

    18La polarisation de l’espace (ou son absence), l’étude des limites des territoires, puis la subdivision de l’espace inclus en sous-espaces dont les formes sont soigneusement observées, enfin la morphologie parcellaire, tous ces phénomènes, perçus comme une morphogenèse, sont également présents dans les études rurales.

    19Chronologiquement, ce fut d’abord la découverte de l’incastellamento, sur le modèle latial, celui d’une volontarisme seigneurial, réunissant les hommes en un lieu fortifié et perché pour mieux les contrôler. Le féodalisme prenait l’espace en mains et le restructurait. A cet égard l’incastellamento appartient bien au courant qui analyse l’espace comme un enjeu de pouvoirs. Si le modèle a subi bien des avatars, qui l’ont transformé au point qu’on le reconnaît à peine dans les études récentes, même dans la proche Toscane, l’incidence de l’incastellamento sur les conceptions des historiens a été considérable. Point n’est besoin de dépeuplement extrême et de grandes catastrophes pour que le réseau de l’habitat et les cadres de la mise en valeur se modifient de manière radicale. Mais les cartes peuvent être redistribuées, l’habitat déplacé (ici perché), de nouvelles formes créées (ici la concentration), sans que s’effacent certaines traces des structures anciennes dans la mémoire : la survivance de la toponymie romaine est un leurre de stabilité comme l’invention de nouveaux toponymes n’est pas le signe absolu de la création de nouveaux sites d’habitat.

    20L’espace de l’incastellamento est un espace polarisé autour du château. Contre cette polarisation presque purement laïque est venu le concept de village ecclésial, dont le centre de polarisation est l’église. Le village ecclésial constituant un modèle chronologiquement antérieur. Puis l’idée d’un échange de modèles et du passage d’un pôle à l’autre, parfois en un même lieu : les images simples s’en sont trouvées brouillées.

    21La polarisation de l’espace a des incidences sur l’organisation des terroirs. La naissance du castrum s’accompagne de la création d’une zone d’horticulture qui ne fonctionne que par des équipements collectifs, inaccessibles à l’initiative individuelle. Elle voit aussi la mise en place de terroirs hiérarchisés, de ceux qui portent les cultures les plus intensives aux mises en valeur les plus extensives, situées au plus loin de l’habitat. A l’habitat concentré correspond un finage polarisé4.

    22Désormais, les finages ont un centre ; la desserte des terroirs se fait donc en un réseau étoilé qui se met en place à partir des pôles villageois, tandis que se dessine dans cette toile d’araignée régulière des liaisons majeures qui relient entre eux les divers centres d’habitat. On pressent les conséquences sur la conception générale du chevelu des voies et des chemins : les routes ne reliant plus des cités entre elles, ponctuées par les lieux d’étape, on les voit capturées par les castra ou capturant l’habitat dans une relation complexe. Mais les études de détail manquent encore.

    23Hiérarchie des terroirs, hiérarchies des dessertes viaires, c’est une remise en ordre rigoureuse qui transparaît ; peut-être même une mise en ordre.

    24Et dans ce grand bouleversement, quelles permanences, quelles nouveautés, notamment en matière de dessin parcellaire ? Un peu vite se fait jour l’idée, aujourd’hui contestée que les parcellaires fondés sur une géométrie quadrangulaire régulière sont d’origine antique, tandis que les parcellaires en étoile seraient le signe de la création médiévale. Bien évidemment, il y a là une géométrie trop simple, la distinction principale étant probablement entre aménagement et création. Les études de morphologie parcellaire sont aujourd’hui autrement subtiles5.

    25Après cette période où la lumière venait de la Méditerranée, un concept est forgé, à valeur quasi universelle : le fameux encellulement de Robert Fossier. Le mot ne plaît pas, il est peu euphonique en français, mais l’idée en est forte. L’encellulement gomme de l’incastellamento les formes proprement méridionales et constate que dans la plupart des régions d’Europe, dans un laps de temps assez court, grosso modo le XIe siècle, une transformation majeure se produit, un affermissement des cadres qui organisent la société à micro-échelle : la seigneurie et la paroisse notamment, la communauté villageoise dans un mouvement contradictoire d’accompagnement et de résistance à ces affermissements autoritaires. Cadres abstraits, mais aussi concrètement délimités. L’individu est défini par l’espace dans lequel il vit et sur lequel il a des droits d’usage, la seigneurie se fait réelle plus que personnelle, la paroisse s’inscrit dans des limites territoriales. Aux vastes territoires des siècles précédents se substitue une définition des appartenances à micro-échelle. Et du XIe au XIIIe siècle, on ne cesse de mieux définir et de mieux délimiter les territoires, en même temps que les droits des collectivités qui les exploitent ou en sont exclues.

    26Cet encellulement est un enracinement : à un habitat semi-itinérant, de courte durée, succède une fixation du peuplement sous une forme majoritairement villageoise. Et cet enracinement ne se fait que parce que les morts, jadis égaillés dans les champs, voire rassemblés dans de vastes cimetières en rangées, ont encerclé l’église et que les vivants se sont agglutinés autour des morts, dans une relation qui se fonde sur la durée et la mémoire. Les sagreras catalanes et les cimetières habités de l’Ouest français sont des modèles extrêmes de ce rassemblement des vivants et des morts6.

    27Il serait faux de croire que le concept d’encellulement est la simple généralisation de l’incastellamento. Il est au moins autant issu d’une réflexion sur les informations fournies par l’archéologie, synthétisées dans un livre écrit en 1980 par Robert Fossier et Jean Chapelot, La maison et le village au Moyen Age. Malgré l’accroissement gigantesque des informations archéologiques depuis cette date, il n’est toujours pas remplacé. La matière, organisée autour de l’habitat domestique et son organisation collective révèle bien le primat du ponctuel sur le spatial qui a caractérisé les premiers temps de la réflexion archéologique sur les données médiévales. Dans ce temps, l’archéologie médiévale française était presque exclusivement fouilles. Même s’il est évident que les formes de mise en valeur façonnent l’habitat, l’intérêt des archéologues, et du même coup celui des historiens, était focalisé par le bâti ; openfield et bocage passent à l’arrière-plan.

    III. L’espace des archéologues

    28Pendant que les historiens des textes développaient des analyses de l’espace dans un rapport parfois d’autonomie, parfois de dépendance à l’égard des données archéologiques, l’archéologie construisait de même une analyse de l’espace fondée sur des modèles empruntés tantôt aux historiens, tantôt aux anthropologues, tantôt encore aux géographes.

    29Si « c’est une évidence que l’archéologie est beaucoup plus localisée que l’histoire, enracinée dans le terrain, concrétisée dans le sol », il serait erroné d’en déduire cependant que l’espace a constitué d’emblée pour l’archéologue un objet d’étude privilégié : il n’a été, pendant longtemps, et reste encore souvent, qu’un simple support, au même titre que le parchemin ou le papier pour l’historien des textes, et non un sujet de réflexion.

    30En France, où le développement de l’archéologie médiévale s’est fait avec quelques décennies de retard par rapport à la Siedlungsarchäologie allemande, la prise en compte de l’espace par les archéologues n’est guère antérieure aux années 80. Deux échelles sont à distinguer :

    • l’échelle du site fouillé, l’exemple est venu des préhistoriens, et plus précisément d’André Leroi-Gourhan qui a tenté de construire une « ethnologie préhistorique » en tentant d’identifier à partir de la répartition des objets et des déchets, des zones d’activités différenciées7. Les archéologues médiévistes se sont inspirés assez tôt de cet exemple, comme le montre l’étude des dépotoirs du village de Rougiers, en Provence8, ou celle des maisons du village de Brucato, en Sicile9.
    • La prise en compte par les archéologues de l’espace à une échelle plus petite, qui dépasse les limites de la fouille, s’est d’abord moulée dans le cadre de la géographie historique traditionnelle : la cartographie des données archéologiques venait compléter les cartes de répartition des lieux mentionnés dans les sources écrites et les cartes de toponymes pour aboutir à des cartes dites de l’occupation du sol. Avant la fin des années 70, en France, les prospections systématiques n’existaient pas, et les fouilles étaient très rares. Cela signifie que tout ce qu’on savait de la répartition des sites provenait des découvertes fortuites publiées dans les revues des sociétés savantes : il pouvait s’agir de quelques monnaies ou morceaux de céramique trouvés dans un champ par un promeneur ou de murs ou de sarcophages découverts au hasard des travaux et signalés par l’instituteur, le curé ou le médecin de campagne. On n’avait pas trop les moyens de s’interroger sur la nature et la fonction des sites : ils étaient représentés par des points dont la densité était censée traduire le caractère plus ou moins intensif de l’occupation par opposition aux vides représentant les zones inhabitées.

    31Un changement est intervenu dans les années 70-80, sous l’effet de plusieurs facteurs. Le développement de l’archéologie, et tout particulièrement la multiplication des prospections systématiques et des grands décapages liés à l’archéologie préventive, ont mis en évidence une densité et une ancienneté de l’occupation du sol qu’on était très loin de soupçonner10. La conséquence, un peu paradoxale, a été de rendre inutilisables les cartes de répartition de découvertes archéologiques puisqu’on sait désormais que les zones vides de sites archéologiques ont toutes les chances d’être des zones mal connues et non des zones inoccupées. Cela ne signifie pas, bien entendu, qu’il y a une continuité réelle de l’occupation du sol, mais qu’on a changé d’échelle d’analyse : les déplacements de l’habitat, les phases de colonisation ou au contraire d’abandon et de reforestation, ne peuvent plus être identifiées qu’à l’échelle de petits territoires, avec des méthodes d’investigation lourdes (fouilles ou prospections systématiques). C’est un véritable changement de paradigme : il ne s’agit plus de retracer à une échelle régionale les flux et les reflux d’un front pionnier qui progresse au détriment de la couverture boisée ou au contraire recule devant elle, mais de reconstituer les transformations des modes d’occupation du sol. Autrement dit : il ne s’agit pas d’identifier, à l’échelle régionale, des zones conquises aux XIe et XIIe siècles par opposition à des zones occupées au haut Moyen Age ou à l’époque romaine, puisque sauf preuve du contraire, on doit considérer que tout le territoire est occupé depuis la protohistoire ; la question porte désormais non sur les zones, mais sur les modes d’occupation, non sur la présence de l’habitat mais sur l’évolution de sa structure.

    32Le développement spectaculaire de l’archéologie de terrain et l’accumulation des connaissances qui en a résulté a donc rendu beaucoup plus complexe et délicate l’intégration des données à l’échelle régionale, puisque seules les zones directement soumises à la fouille ou à la prospection pouvaient être prises en compte. La spatialisation des informations archéologiques est devenue d’autant plus difficile que l’essor de l’archéologie de terrain été accompagné par une mise en cause radicale de la toponymie en tant que source de l’histoire de l’occupation du sol. En France, contrairement peut-être à ce qui se passe en Allemagne ou en Angleterre, et contrairement, en tout cas, à beaucoup d’historiens français, les archéologues, dans leur majorité, s’abstiennent d’utiliser la toponymie pour retracer l’histoire du peuplement ; un toponyme, c’est évident, peut être beaucoup plus récent que l’habitat qu’il désigne lorsque le lieu a changé de nom, mais il peut aussi être beaucoup plus ancien : les toponymes, en effet, permettent de dresser des cartes de diffusion linguistique plutôt que des cartes de la chronologie de l’occupation du sol : il est impossible de dire combien de temps un mot latin ou germanique s’est maintenu dans la langue parlée et a pu engendrer de nouveaux toponymes. D’autre part, il est fréquent qu’un habitat nouvellement créé prenne le nom du territoire sur lequel il a été fondé, qui peut appartenir à une strate toponymique largement plus ancienne. Enfin, alors que les nouveaux courants de la critique historique ont bien montré que toute documentation écrite est affaire de mémoire, d’une mémoire fonctionnelle qui trie, commémore ou oublie, ces principes n’ont guère été appliqués à la toponymie. Elle continue à être utilisée comme un instrument de lecture directe des défrichements ou de la couverture végétale, alors qu’elle pourrait être beaucoup plus justement un moyen d’observer les modes de création d’identité des terroirs ainsi que le fonctionnement de la mémoire collective et de ses références.

    33Les tentatives pour appréhender, à travers la répartition des sites, l’organisation de l’espace et la dynamique de l’évolution, ont suivi deux voies, l’une théorique, l’autre plus empirique.

    34La première, qui n’a touché les médiévistes que de façon marginale, a emprunté aux géographes les modèles et les méthodes d’analyse spatiale issus des travaux de von Thÿnen, Christaller et Lösch, et plus récemment, Chisholm et Haggett11. L’application de ces méthodes, élaborées pour analyser la répartition de l’habitat contemporain à des corpus archéologiques, inévitablement lacunaires, a suscité des critiques souvent justifiées, mais elle a permis d’affiner la réflexion sur les cartes de répartition des sites, les critères de hiérarchisation de l’habitat, la définition des territoires d’approvisionnement. Qu’on le déplore ou qu’on s’en félicite, force est de constater que les médiévistes ont été bien moins tentés par la modélisation que les protohistoriens ou les antiquisants. A l’exception d’une tentative sans lendemain de Charles Higounet12, aucun historien ne s’était servi de ce type d’instrument jusqu’à l’habilitation, en 1997, de Jean-Luc Fray, traitant des villes lorraines, et les archéologues français ont été presque aussi rétifs. Il est révélateur que l’ouvrage paru cette année sous le titre Des oppida aux métropoles, qui traite de l’évolution des systèmes de peuplement dans la basse et moyenne vallée du Rhône et tente d’élaborer un modèle de l’évolution des relations des sociétés avec leur environnement dans une très longue durée, du début de notre ère jusqu’à l’époque actuelle, soit le produit de la collaboration entre archéologues antiquistes et géographes, sans l’intervention de médiévistes, historiens ou archéologues.

    35Un second axe, plus empirique, désigné le plus souvent par le terme d’archéologie du paysage, a rencontré plus de faveur chez les médiévistes. Issue du rapprochement des géographes et des archéologues, non en France, mais en Angleterre, l’archéologie du paysage s’est attachée à reconstituer l’évolution concrète des réseaux d’habitat et des finages associés dans la très longue durée. Elle a introduit dans le champ de l’archéologie une masse documentaire considérable, cadastres et photographies aériennes, que les historiens médiévistes n’avaient guère exploités, à de rares exceptions près, tel Gabriel Fournier, qui a fait dans ce domaine œuvre de précurseur. L’étude des parcellaires a suscité un regain d’intérêt pour l’histoire agraire : ainsi que l’a souligné Pierre Toubert dans sa préface à la réédition des Caractères originaux de l’histoire rurale française (Paris 1988), l’héritage de Marc Bloch, dans ce domaine, a été recueilli par les géographes bien plus que par les historiens ; en France, comme en Angleterre et en Allemagne, l’acquis des travaux de géographie agraire a été réintroduit dans l’univers de la médiévistique par l’intermédiaire des archéologues, qui y ont appliqué leurs méthodes d’analyse chronologique.

    36L’étude des parcellaires, principalement à partir des plans cadastraux du XIXe siècle, et des photographies aériennes, a suscité également, depuis une dizaine d’années, un renouvellement des recherches sur la morphogenèse des agglomérations. Dans un premier stade, celles-ci se sont limitées à des études de topographie historique consistant à localiser les pôles (églises, châteaux) mentionnés dans les sources écrites et à sélectionner des formes identifiables (enceintes fortifiées, enclos ecclésiaux, voirie...) : c’est dans cette perspective que s’inscrivent une grande partie des travaux réalisés dans le cadre du Groupement de recherches du CNRS « Sociétés et cadres de vie au Moyen Age : approches historiques et archéologiques »13 ou le colloque de 1993 sur la morphogenèse du village médiéval14. Actuellement, l’ambition de l’analyse morphologique, telle qu’elle est pratiquée par Bernard Gauthiez et Gérard Chouquer, est tout autre : il ne s’agit plus d’extraire de leur contexte les formes identifiables, pré-interprétées, mais d’analyser l’ensemble du parcellaire dans toute son épaisseur chronologique pour tenter de reconstituer l’interaction des différents systèmes et comprendre les raisons de la pérennisation ou de l’effacement de certaines formes – en bref, faire de l’analyse morphologique une source historique à part entière.

    IV. D’autres voies de collaboration

    37Même s’il existe un pan d’études spatiales qui continue à être développé à partir des seuls documents textuels, les approches et les problématiques entre historiens, archéologues et morphologues se font de plus en plus proches. Ainsi les études de morphologie parcellaire n’abandonnent pas complètement la piste métrologique qu’elles empruntèrent précocement. Ils y rejoignent à cette même micro-échelle des études des processus de mesure qui appartiennent eux aussi à la mise en ordre de l’espace par des communautés sociales ou des autorités politiques.

    38Certes, malgré l’existence d’une revue intitulée Histoire et Mesure, au lancement de laquelle des médiévistes ont tenu une part importante, c’est un courant historiographique qui paraît assez peu développé en France. Mais les études gagnent, non pas tant comme on pourrait le penser par des développements de la géographie historique, mais à partir de l’étude des gromatici par des antiquistes15. Les spécialistes de la morphologie parcellaire sont pour plusieurs d’entre eux, comme Gérard Chouquer, venus aux parcellaires médiévaux à partir des études de cadastration antique. Si aucun français ne s’est spécialisé dans l’étude du corpus des copies médiévales de ces textes théoriques antiques, les premiers traités d’arpentage médiévaux ont attiré l’attention, notamment celui de l’arpenteur arlésien Bertrand Boysset, pour des raisons parfois linguistiques mais aussi historiques16. Le hiatus est considérable, des copies carolingiennes des traités antiques à ceux du XVe siècle et on ne sait pas grand chose de la période intermédiaire. Comme toujours les médiévistes butent sur le contact entre savoir théorique et pratique, difficile dans les faits et parce qu’il nécessite de mettre en œuvre en parallèle des documents de nature très différente.

    39Du seul point de vue pratique, l’étude de la manière de mesurer et de désigner les parcelles dans l’espace agraire a été jadis étudiée par Pierre Toubert, notamment le passage de la mesure des côtés par des unités de surface à celle d’unité de superficie, d’ensemencement ou de travail. Pour le moment, les résultats en sont obscurs, mais apparaissent d’une complexité plus grande que ne le pensait Pierre Toubert : si en Latium le passage d’un type de mesure à un autre se faisait en même temps que la sédentarisation du notaire, les deux transformations ne sont pas concomitantes ailleurs. L’étude métrologique permet de suivre les processus de morcellement de l’espace politique à la fin de la période carolingienne, comme il permet d’observer les recompositions de l’espace politique ou économique à la fin du Moyen Age au fur et à mesure que s’imposent aux centres de peuplement les mesures royales ou celles des grandes villes. Mais plus largement ces orientations de recherches spatiales sont aux confins de l’histoire textuelle et archéologique et de l’ethnologie.

    40Il est enfin une autre voie prometteuse où la collaboration entre historiens et archéologues implique l’ouverture à d’autres disciplines appartenant au secteur des sciences de la nature : l’analyse de « l’interface homme-milieu », comme on dit aujourd’hui17. A dire vrai, elle se fait actuellement à une échelle de temps qui laisse peu de place à l’historien ; les climatologues s’intéressent surtout aux évolutions sur la très longue durée, le temps géologique, ou au phénomène très actuel d’éventuel réchauffement de la planète. C’est regrettable car les études hydrographiques montrent que l’évolution des cours d’eau se fait à l’échelle historique, de même que les phénomènes de colluvionnement qui ont si fortement transformé depuis la période médiévale les versants et les fonds des vallées. Les historiens ont surtout étudié les catastrophes naturelles, comme dans le volume des Colloques de Flaran qui leur est consacré18. Globalement, l’espace au sens de milieu anthropique n’a guère retenu l’intérêt des historiens français, à la notable exception de Robert Delort19. C’est là encore un thème d’analyse spatiale qui réunit les archéologues et les géographes, mais bien peu les historiens qui commencent seulement à s’y intéresser. Ils reviennent en effet au monde rural par l’inculte, soit parce qu’il apparaît comme lieu d’affrontement entre des intérêts divergents au sein de la société médiévale soit parce que l’environnement est à la mode et que la prise de conscience actuelle de la finitude des ressources terrestres conduit à s’interroger sur la gestion qui en est faite au Moyen Age. Paradoxalement, par le biais sinon de l’archéologie, du moins de l’écologie, une sorte de retour à la géographie s’impose à certains historiens.

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    B. Rosenwein, Negotiating Space. Power, Restraint and Privileges of Immunity in Early Medieval Europe, Cornell University Press, Ithaca, 1999.

    P. Toubert, Les structures du Latium médiéval, Rome, 1973.

    Notes de bas de page

    1 Le Monde du vendredi 13 mars 1998.

    2 D. Iogna-Prat, Ordonner et exclure. Cluny et la société chrétienne face à l’hérésie, au judaïsme et à l’islam (1000-1150), Paris, 1998 ; B. Rosenwein, Negotiating Space. Power, Restraint and Privileges of Immunity in Early Medieval Europe, Cornell University Press, Ithaca, 1999.

    3 J.L. Biget, J.C. Hervé, Y. Thébert dir., Les cadastres anciens des villes et leur traitement par l’informatique, Actes de la Table-Ronde (Collection de l’Ecole Française de Rome, 120), Rome, 1989.

    4 M. Bourin-Derruau, Villages médiévaux en Bas-Languedoc : genèse d’une sociabilité (Xe-XIVe s.), Paris, 1987 ; M. Bourin et A. Durand, « Eglise paroissiale, cimetière et castrum en bas Languedoc (Xe-XIIe s.) », dans L’environnement des églises et la topographie religieuse des campagnes médiévales, Actes du IIIe congrès international d’archéologie médiévale (Aix-en-Provence 1989), M. Fixot et E. Zadora-Rio dir., Paris, 1994, p. 98-106 ; A. Durand, Les paysages médiévaux du Languedoc (Xe-XIIe siècles), Presses Universitaires du Mirati, 1998.

    5 G. Chouquer, Les formes du paysage, 3 vol., Paris, 1996-1998.

    6 P. Bonnassie. « Les sagreres catalanes : la concentration de l’habitat dans le ‘cercle de paix des églises », dans L’environnement des églises et la topographie religieuse des campagnes médiévales..., op. cit. (note 4), p. 68-79.

    7 A. Leroi-Gourhan, Fouilles de Pincevent. Essai d’analyse ethnographique d’un habitat magdalénien, Paris, 1972.

    8 G. Démians d’Archimbaud, Les fouilles de Rougiers, Paris, 1980.

    9 J.M. Pesez dir., Brucato, Histoire et archéologie d’un habitat médiéval en Sicile, 2 vol. (Collection de l’Ecole Française de Rome, 78), Rome, 1984.

    10 A. Ferdière et E. Zadora-Rio, dir., La Prospection archéologique. Paysage et peuplement, Actes de la table ronde des 14-15 mai 1982, Paris (Documents d’Archéologie Française, 3), Paris, 1986.

    11 M. Chisholm, Rural Settlement and land use. An essay in location, New York, 1962 ; P. Haggett, L’Analyse spatiale en géographie humaine, Paris, 1973 ; I. Hodder et C. Orton, Spatial analysis in archaeology, Cambridge University Press, 1977.

    12 Ch. Higounet, « “Centralité”, petites villes et bastides dans l’Aquitaine médiévale », dans Les petites villes du Moyen Age à nos jours, Paris, 1987, p. 41-48.

    13 M. Fixot et E. Zadora-Rio dir., L’église, le terroir, Monographie du CRA no 1, Paris 1989 ; M. Fixot et E. Zadora-Rio dir., L’environnement des églises et la topographie religieuse des campagnes médiévales, Actes du IIIe congrès international d’archéologie médiévale (Aix-en-Provence 1989) (Documents d’Archéologie française, 46), Paris 1994 ; J.C. Picard dir., Les chanoines dans la ville. Recherches sur la topographie des quartiers canoniaux en France, Paris, 1994.

    14 G. Fabre, M. Bourin, J. Caille et A. Debord dir., Morphogenèse du village médiéval (IXe-XIIe siècles), Actes de la table ronde de Montpellier, 22-23 février 1993, Montpellier, 1996.

    15 G. Chouquer et F. Favory, Les arpenteurs gallo-romains. Théorie et pratique Paris 1992.

    16 A. Guerreau, « Remarques sur l’arpentage selon Bertrand Boysset (Arles, vers 1400-1400-1410)», dans Campagnes médiévales : l’homme et son espace. Etudes offertes à Robert Fossier, E. Mornet dir., Paris, 1995, p. 87-102 ; P. Portet, Bertrand Boysset, la vie et les œuvres techniques d’un arpenteur médiéval (1355-1416). Edition et commentaire du texte provençal de la Siensa de destrar et de la Siensa d’atermenar, Paris, manuscrit.com, 2002.

    17 M. Colardelle dir., L’homme et la nature au Moyen Age. Paléoenvironnement des sociétés occidentales, Actes du Ve Congrès international d’Archéologie médiévale (Grenoble 6-9 octobre 1993), Paris, 1996 ; J. Burnouf, J.P. Bravard, G. Chouquer dir.,.La dynamique des paysages protohistoriques, antiques, médiévaux et modernes, Actes des XVIIe Rencontres Internationales d’Archéologie et d’Histoire (Antibes, 1996), Sophia Antipolis, 1997.

    18 Les Catastrophes naturelles dans l’Europe médiévale et moderne, XVe Journées internationales de l’Abbaye de Flaran (10, 12, 12 septembre 1993), Presses Universitaires du Mirail, 1996.

    19 R. Delort, La vie au Moyen Age (coll. Points Histoire), Paris 1982, ch. 1, « L’homme et le milieu », p. 1-60.

    Auteur

    Monique Bourin

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    Jean-Philippe Genet et E. Igor Mineo (dir.)

    2014

    Église et État, Église ou État ?

    Église et État, Église ou État ?

    Les clercs et la genèse de l’État moderne

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    2014

    La légitimité implicite

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    2015

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    Transferts culturels et droits dans le monde grec et hellénistique

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    2011

    La cité des réseaux

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    Athènes et ses associations, VIe-Ier siècle av. J.-C.

    Paulin Ismard

    2010

    Des sociétés en mouvement. Migrations et mobilité au Moyen Âge

    Des sociétés en mouvement. Migrations et mobilité au Moyen Âge

    XLe Congrès de la SHMESP (Nice, 4-7 juin 2009)

    Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public (dir.)

    2010

    Une histoire provinciale

    Une histoire provinciale

    La Gaule narbonnaise de la fin du IIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle ap. J.-C.

    Michel Christol

    2010

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    Les affaires d’un marchand de draps carcassonnais (1340-1341)

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    Préface

    Monique Bourin

    La mesure au Moyen Âge et les mesures des médiévistes : remarques en forme de conclusion

    Monique Bourin et Élisabeth Zadora-Rio

    Introduction

    Monique Bourin, Diane Chamboduc de Saint Pulgent et Marie Dejoux

    Avant-propos

    Monique Bourin

    Remerciements

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    Monique Bourin, Diane Chamboduc de Saint Pulgent et Marie Dejoux

    Avant-propos

    Monique Bourin

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    1 Le Monde du vendredi 13 mars 1998.

    2 D. Iogna-Prat, Ordonner et exclure. Cluny et la société chrétienne face à l’hérésie, au judaïsme et à l’islam (1000-1150), Paris, 1998 ; B. Rosenwein, Negotiating Space. Power, Restraint and Privileges of Immunity in Early Medieval Europe, Cornell University Press, Ithaca, 1999.

    3 J.L. Biget, J.C. Hervé, Y. Thébert dir., Les cadastres anciens des villes et leur traitement par l’informatique, Actes de la Table-Ronde (Collection de l’Ecole Française de Rome, 120), Rome, 1989.

    4 M. Bourin-Derruau, Villages médiévaux en Bas-Languedoc : genèse d’une sociabilité (Xe-XIVe s.), Paris, 1987 ; M. Bourin et A. Durand, « Eglise paroissiale, cimetière et castrum en bas Languedoc (Xe-XIIe s.) », dans L’environnement des églises et la topographie religieuse des campagnes médiévales, Actes du IIIe congrès international d’archéologie médiévale (Aix-en-Provence 1989), M. Fixot et E. Zadora-Rio dir., Paris, 1994, p. 98-106 ; A. Durand, Les paysages médiévaux du Languedoc (Xe-XIIe siècles), Presses Universitaires du Mirati, 1998.

    5 G. Chouquer, Les formes du paysage, 3 vol., Paris, 1996-1998.

    6 P. Bonnassie. « Les sagreres catalanes : la concentration de l’habitat dans le ‘cercle de paix des églises », dans L’environnement des églises et la topographie religieuse des campagnes médiévales..., op. cit. (note 4), p. 68-79.

    7 A. Leroi-Gourhan, Fouilles de Pincevent. Essai d’analyse ethnographique d’un habitat magdalénien, Paris, 1972.

    8 G. Démians d’Archimbaud, Les fouilles de Rougiers, Paris, 1980.

    9 J.M. Pesez dir., Brucato, Histoire et archéologie d’un habitat médiéval en Sicile, 2 vol. (Collection de l’Ecole Française de Rome, 78), Rome, 1984.

    10 A. Ferdière et E. Zadora-Rio, dir., La Prospection archéologique. Paysage et peuplement, Actes de la table ronde des 14-15 mai 1982, Paris (Documents d’Archéologie Française, 3), Paris, 1986.

    11 M. Chisholm, Rural Settlement and land use. An essay in location, New York, 1962 ; P. Haggett, L’Analyse spatiale en géographie humaine, Paris, 1973 ; I. Hodder et C. Orton, Spatial analysis in archaeology, Cambridge University Press, 1977.

    12 Ch. Higounet, « “Centralité”, petites villes et bastides dans l’Aquitaine médiévale », dans Les petites villes du Moyen Age à nos jours, Paris, 1987, p. 41-48.

    13 M. Fixot et E. Zadora-Rio dir., L’église, le terroir, Monographie du CRA no 1, Paris 1989 ; M. Fixot et E. Zadora-Rio dir., L’environnement des églises et la topographie religieuse des campagnes médiévales, Actes du IIIe congrès international d’archéologie médiévale (Aix-en-Provence 1989) (Documents d’Archéologie française, 46), Paris 1994 ; J.C. Picard dir., Les chanoines dans la ville. Recherches sur la topographie des quartiers canoniaux en France, Paris, 1994.

    14 G. Fabre, M. Bourin, J. Caille et A. Debord dir., Morphogenèse du village médiéval (IXe-XIIe siècles), Actes de la table ronde de Montpellier, 22-23 février 1993, Montpellier, 1996.

    15 G. Chouquer et F. Favory, Les arpenteurs gallo-romains. Théorie et pratique Paris 1992.

    16 A. Guerreau, « Remarques sur l’arpentage selon Bertrand Boysset (Arles, vers 1400-1400-1410)», dans Campagnes médiévales : l’homme et son espace. Etudes offertes à Robert Fossier, E. Mornet dir., Paris, 1995, p. 87-102 ; P. Portet, Bertrand Boysset, la vie et les œuvres techniques d’un arpenteur médiéval (1355-1416). Edition et commentaire du texte provençal de la Siensa de destrar et de la Siensa d’atermenar, Paris, manuscrit.com, 2002.

    17 M. Colardelle dir., L’homme et la nature au Moyen Age. Paléoenvironnement des sociétés occidentales, Actes du Ve Congrès international d’Archéologie médiévale (Grenoble 6-9 octobre 1993), Paris, 1996 ; J. Burnouf, J.P. Bravard, G. Chouquer dir.,.La dynamique des paysages protohistoriques, antiques, médiévaux et modernes, Actes des XVIIe Rencontres Internationales d’Archéologie et d’Histoire (Antibes, 1996), Sophia Antipolis, 1997.

    18 Les Catastrophes naturelles dans l’Europe médiévale et moderne, XVe Journées internationales de l’Abbaye de Flaran (10, 12, 12 septembre 1993), Presses Universitaires du Mirail, 1996.

    19 R. Delort, La vie au Moyen Age (coll. Points Histoire), Paris 1982, ch. 1, « L’homme et le milieu », p. 1-60.

    Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne

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    Ce livre est cité par

    • Dehoux, Esther. (2014) Saints guerriers. DOI: 10.4000/books.pur.51498

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    Format

    Bourin, M. (2003). Analyses de l’espace. In O. G. Oexle & J.-C. Schmitt (éds.), Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.20830
    Bourin, Monique. « Analyses de l’espace ». In Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne, édité par Otto Gerhard Oexle et Jean-Claude Schmitt. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2003. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.20830.
    Bourin, Monique. « Analyses de l’espace ». Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne, édité par Otto Gerhard Oexle et Jean-Claude Schmitt, Éditions de la Sorbonne, 2003, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.20830.

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    Oexle, O. G., & Schmitt, J.-C. (éds.). (2003). Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.20623
    Oexle, Otto Gerhard, et Jean-Claude Schmitt, éd. Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2003. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.20623.
    Oexle, Otto Gerhard, et Jean-Claude Schmitt, éditeurs. Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne. Éditions de la Sorbonne, 2003, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.20623.
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