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Le temps des moulines

 | 
Catherine Verna

Seconde partie. Une industrie dans la guerre

Chapitre IV. Les faures du comté de Foix

Texte intégral

  • 1 R. FOSSIER, La terre et les hommes en Picardie jusqu’à la fin du XIIIe siècle, Paris-Louvain, 1969.

1C’est sous l’appellation de faure que sont désignés, individuellement ou en groupe, les hommes qui travaillent dans la forge, qu’ils opèrent en ville ou bien dans les villages. Ils se distinguent généralement du spécialiste de la réduction ferrerius, ferrarius, fargator même si certains individus pratiquent les deux activités. Le faure, plus rarement le faber, est celui qui travaille dans la forge de transformation, celui que Robert Fossier a désigné en Picardie comme le « mécanicien du village »1. Le terme de faure est bien le plus courant, au point qu’il a envahi le champ des noms propres, signe de la place qu’attribuait cette société rurale à l’homme de la forge. Signataires des actes de la pratique, chefs de famille recensés et taillables, combien sont nombreux les Faure dont on sait qu’ils ne sont pas forgerons. Ainsi, à la moisson onomastique correspondent peu de témoignages sur l’homme de la forge. Seule exception : les faures de la ville de Foix.

1. Le faure des campagnes : une rare silhouette

  • 2 Nous disposons également de quelques données antérieures. Ainsi, au début du XIVe siècle, à partir (...)
  • 3 Arch. dép. Ariège, E 96, pièce no 27.
  • 4 Arch. dép. Ariège, E 7, p. 237, « 14 juillet 1404, bail à fief consenti par le trésorier du comté d (...)

2Partons du rôle des feux de 1390. Il ne mentionne que très irrégulièrement et rarement les professions et ne délivre à notre curiosité que six individus. Trois d’entre eux sont connus par leur nom : Raimond Mauri de Vicdessos, Guilhem Asen de Prades et P. Castel de Mijanes. Les autres sont des anonymes désignés par leur seule profession, forgerons des abbayes de Boulbonne et de Lézat et forgeron de Mérens, recensé à Ax. La simple logique étayée de l’apport d’autres archives nous permet d’affirmer que le nombre des forgerons dépassait, à cette date, ce groupe dérisoire2. S’il est concevable que les rédacteurs du censier aient tout particulièrement soigné le dénombrement des travailleurs abbatiaux, on peut se demander pourquoi ils ont choisi d’isoler les forgerons de ces quatre localités. Les impératifs d’un dénombrement qui se voulait précis expliquent qu’ils aient reporté un feu vacant, celui du forgeron de Mérens si peu important ou si récemment installé dans la petite société urbaine d’Ax que son nom n’a pu être mémorisé. Cependant, pour Vicdessos, on peut être étonné qu’en 1390 ne soit recensé qu’un forgeron, alors que les privilèges de 1294 mentionnaient plusieurs ateliers (fabricae) dans la vallée et que le comte légiférait même sur leur activité3. Enfin, rien dans notre documentation ne permet de désigner les villages de Prades ou de Mijanes comme des lieux où le travail du fer aurait été plus actif qu’ailleurs dans le comté. Le forgeron de Prades, Guilhem Asen, est d’ailleurs un bien modeste artisan, décédé quelques années plus tard sans héritier direct4. A contrario, il est surprenant que Saint-Ybars ne compte aucun de ces hommes si utiles au quotidien d’une bourgade dont les forges ont été la source de revenus abbatiaux et comtaux au XIIIe siècle. Il faut donc bien se rendre à l’évidence : dans le rôle des feux de 1390, la mention de la profession n’obéit à aucune logique et nous ne pourrons jamais avoir une idée du nombre et de la localisation des forgerons dans l’ensemble du comté.

  • 5 Le terme utilisé est celui d’aventura. Nous avons choisi de le traduire par droit, sens très généra (...)
  • 6 Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques, E 433, fol. 23, 24v° et 30. Montaut : département de l’Ariège, arr (...)
  • 7 Arch. dép. Ariège, registre de la réformation, non coté ; Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 12049, fol. (...)
  • 8 Arch. dép. Ariège, E 292, fol. 5lv°. Saint-Félix-du-Rieutord : département de l’Ariège, arrondissem (...)
  • 9 Aujourd hui La Tour-du-Crieu : département de l’Ariège, arrondissement et canton de Pamiers ; J. de (...)
  • 10 Arch. dép. Ariège, E 93.
  • 11 Arch. dép. Tarn et Garonne, C 269. Rieux-de-Pelleport : département de l’Ariège, arrondissement de (...)
  • 12 C. VERNA, « Forgerons de village : quelques témoignages béarnais des XIVe et XVe siècles », op. cit (...)
  • 13 La Bastide-de-Sérou : département de l’Ariège, arrondissement de Foix, chef-lieu de canton.

3En effet, la consultation d’autres archives n’a abouti qu’à collectionner les mentions et à déduire d’une forge la présence du forgeron, silhouette peu convaincante. Ainsi, dans une liste de droits versés au comte de Foix pour l’année 14245, apparaissent Jean Bides de Tarascon, Raimond Sauzel de Vicdessos, Bernard de Pugarisso du lieu de Montaut, faures6. En 1434, Castelnau-Durban compte un forgeron ; en 1437 puis en 1447, le Mas-d’Azil en compte deux7. On sait, aussi, qu’en 1439, dans le village de Saint-Félix-du-Rieutord, officient Guilhem de Abbatuto et son fils8. Au milieu du XVe siècle, il y a une forge aux Allemans, près de Pamiers9. À la même période, à Tarascon, des forgerons sont employés pour divers travaux urbains10. Dernier cas parmi ces témoignages épars : en 1474, la forge banale de Rieux-de Pelleport rapporte au seigneur une redevance de deux setiers de blé11. Rien à voir avec ce que nous avons pu mettre en évidence à partir du cas béarnais où le forgeron de village, s’il est rare, est pourtant présent, où le forgeron de gros bourg est, lui, en pleine lumière. Il faut, bien évidemment, mettre cette différence en rapport avec l’activité agricole de la vicomté, sa richesse comparée au comté de Foix, la présence de terroirs viticoles12. Dans les campagnes fuxéennes, seule La Bastide-de-Sérou fait exception13.

La Bastide-de-Sérou : un bourg artisanal

4Dans ce bourg, et pour les années 1435-1448, un registre de notaire a été conservé, celui de Vidal Sans, qui fut aussi l’agent d’une des réformations comtales. D’une dizaine d’actes se dégage l’image du forgeron d’un de ces gros villages qui constituent la forme courante de l’habitat en basse Ariège.

  • 14 Bertrand Mirose, Vital Calvet, Germain Socase, Germain Bran, Arnaud Servin, R. Galhard, B. de Lotra (...)
  • 15 Le nom de cette famille s’orthographie indifféremment Mirose ou Miroze.
  • 16 Pierre Mirose est connu à Foix sous le nom de Pierre Miroze. Il s’agit, semble-t-il, d’un artisan m (...)
  • 17 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 113v°.
  • 18 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 73.
  • 19 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 26, fol. 48.

5Leur nombre est étonnant : durant treize ans, on ne compte pas moins de onze forgerons14. Cependant, trois familles s’imposent : celles des Mirose15, des Calvet et des Galhard. La première témoigne d’une confortable assise sociale. Ainsi, Bertrand Mirose, pendant les années dont rend compte le registre notarial, ne traite pas moins de huit affaires, ventes ou achats de maisons ou de vignes, pour des sommes qui sont loin d’être négligeables. Si Vital Calvet est issu d’une famille où les cultivateurs sont nombreux, ces forgerons s’inscrivent plus étroitement dans le milieu des artisans et des commerçants. Bertrand Mirose a pour frère Pierre Mirose, lui-même forgeron de Foix, domicilié dans le quartier d’Engros16. En 1440 et 1445, c’est ensemble qu’ils concluront la vente d’une maison. Le fils de Pierre, Vital Mirose, est lui aussi forgeron à Foix en 144617. Voilà donc une famille bien implantée dans le métier au milieu du XVe siècle. Chez les Calvet et les Galhard, on est aussi bien forgeron que marchand, peut-être marchand de fer. R. Galhard, mercator, est le fils d’un forgeron de La Bastide-de-Sérou. On peut à juste titre rapprocher les Galhard de La Bastide de ceux de Foix. Faure Galhard y est effectivement marchand en 1446 et s’intéresse peut-être au travail du fer. En effet, il a acheté à Bordenac la terre et le molinar qui ont appartenu à Guilhem Arriga et à Miquel Flassa et qu’il faut identifier comme le lieu d’implantation de la mouline d’Andronne18. Cette famille est bien placée dans la notabilité fuxéenne puisqu’elle compte en 1394 un consul, bientôt trésorier général du comté en 1403 et 1406 : Guilhem Galhard. En 1460, l’estime de Faure Galhard, alors représentant de la famille, s’élève à 242 livres19.

  • 20 A Paris, Eve Netchine note que les ferrons « s’ils forgent les mêmes ouvrages que les fèvres [...] (...)

6Les Calvet sont d’un niveau social plus modeste. Cependant, leur cas illustre également la liaison entre le travail du fer et son commerce : si en 1438 Vital Calvet est qualifié de forgeron, il est en 1447 désigné comme marchand. On peut supposer que, s’il pratique toujours le travail de la forge, il vend aussi ses produits, incarnant ainsi parfaitement le métier de féron tel qu’on le connaît par ailleurs à Paris et en Normandie20, ou de ferratier tel qu’il est désigné à Toulouse. Or, cette double activité est pratiquée par la famille Calvet dès le XIVe siècle à Foix, nous y reviendrons.

  • 21 A titre de comparaison, signalons qu’en 1405, sur la frontière du comté, à Montesquieu-Volvestre, d (...)

7La Bastide-de-Sérou offre ainsi le cas exemplaire d’un bourg artisanal ayant tissé de nombreux liens avec les forgerons et les marchands de la capitale fuxéenne. Il faut rappeler l’extraordinaire concentration d’artisans du fer dont il atteste dès le XIIIe siècle. En 1254, sur soixante-dix-sept boni homines signataires d’un accord conclu entre le comte et les abbayes du Mas-d’Azil et Combelongue, quinze sont des forgerons. Ainsi, La Bastide-de-Sérou s’impose comme un bourg très spécialisé21.

  • 22 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 12049, fol. 77v°. En 1464, des forgerons sont toujours en activité da (...)
  • 23 Arch. dép. Ariège, registres de la réformation, non cotés.
  • 24 Il participe à la déclaration générale que font les représentants de la communauté auprès des agent (...)

8De cette spécialisation, il est impossible de fournir une explication satisfaisante. Elle n’est pas généralisable à l’ensemble du Séronais. Certes, quand en 1437 le ferratier de Toulouse, Guilhem Aranes, cherche à s’approvisionner, il entre en relation avec deux forgerons du Mas-d’Azil qui lui fournissent de petits clous22. Cependant, rien de tel pour Castelnau-Durban. Deux registres de la réformation conduite dans ce village ont été conservés23. Le début de l’enquête date d’avril 1434 : même s’il jouit d’une confortable assise économique et sociale, un seul forgeron est recensé dans cette localité si proche de La Bastide, Arnaud de Portelle24. Rappelons que cette région, où le fer était déjà travaillé durant l’Antiquité, a pu profiter d’une culture technique qui se serait prolongée au cours du Moyen Âge.

2. Les faures de Foix : la force du privilège

9L’autre pôle du travail du fer qui se dégage de la documentation est précisément cette ville de Poix si présente dans les actes de La Bastide. Certes, des forgerons sont implantés à Poix bien avant le XVe siècle. Cependant, ce n’est qu’à l’extrême fin du Moyen Âge que leur activité peut être illustrée par une véritable série documentaire.

  • 25 Cependant, deux registres de taille dépendaient anciennement des Archives départementales. Ils figu (...)
  • 26 C’est le cas, par exemple, des minutes d’un procès dont l’enjeu était la réfection du pont de Foix. (...)

10Il convient, une nouvelle fois, de distinguer les spécificités des sources fuxéennes afin de mieux justifier les résultats de leur analyse. Préalablement, rappelons que le fonds anciennement conservé aux Archives municipales de Poix, et reversé au département voici quelques années, n’a pu encore être classé dans son intégralité25. C’est donc à partir de l’ouvrage de Gabriel de Llobet, consacré à la ville de Poix, que nous avons procédé à une recension des documents. Évidemment, en l’absence d’un inventaire, tout texte qui aurait échappé à la vigilance de Gabriel de Llobet nous fait défaut. De plus, il convient d’observer que les anciennes cotes utilisées dans cet ouvrage, et dont certaines n’étaient déjà plus en usage au moment de son édition, ne correspondent pas non plus à la nouvelle cotation en cours, toujours inachevée. Ainsi, certains documents pourtant utilisés par Gabriel de Llobet n’ont pu être identifiés26.

  • 27 Tous ces registres sont mentionnés et étudiés par Gabriel de Llobet. Deux d’entre eux, datés de 144 (...)
  • 28 La ville de Foix, au Moyen Âge, comprend quatre quartiers : Le Rival, La Faurie, La Bistour et Engr (...)
  • 29 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 73.
  • 30 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 51.
  • 31 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 51. Édité par A. de DUFAU de MALUQUER, « Documents sur le comté de (...)
  • 32 1449, Arch. dép. Ariège, E 83 ; 1454, Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 52, no 1 ; 1456, Arch. dép. (...)
  • 33 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 52, no 2.

11Le fonds fuxéen réunit une belle série de documents fiscaux : registres de taille, censier comtal et livre d’estimes, pour la plupart rédigés au milieu du XVe siècle. Les six registres de taille s’échelonnent de 1387 à 147827. Ils livrent une liste des contribuables et indiquent, pour chaque feu, la somme à verser aux collecteurs. Mais ils ne concernent pas systématiquement tous les quartiers de la ville28. Pour 1387, sont uniquement conservées les tailles du consulat de Rival29. Le registre suivant regroupe les rôles des contribuables du quartier de La Faurie pour les années 1401, 1402 et 140330. Seul le cahier du quartier d’Engros conserve la trace de la levée d’une nouvelle taille en 1442-144331. Enfin, en 1449, 1454 et 1456, c’est l’ensemble des feux qui est taxé et ainsi la majorité de la population fuxéenne qui se livre enfin32. Avec celui du quartier de La Faurie, établi en 149833, se clôt cette liste assez exceptionnelle.

  • 34 Arch. dép. Ariège, E 3.
  • 35 G. de LLOBET, op. cit.. p. 119.

12Le document que l’on a coutume d’appeler le Censier de Foix, établi à partir de 1446 dans le cadre de la réformation du comté, énumère les propriétés éminentes du comte de Foix et les redevances correspondant à chacune d’elles dans la ville de Foix et ses environs immédiats34. Il a été rédigé avec soin par Arnaud Squerrier ou Esquerrier, alors trésorier du comté, et procure au chercheur divers renseignements appréciables au-delà de ceux pour lesquels il a été établi : des précisions sur d’autres propriétés que celles du comte, de nombreuses mentions de métiers35. Cette source s’enrichit d’une confrontation avec le Livre d’estimes.

  • 36 Registre en langue romane de 84 folios de papier. Nous pouvons reprendre la description qu’en fait (...)
  • 37 Ph. WOLFF, Les estimes..., op. cit.
  • 38 En 1320, les immeubles étaient imposés sur les deux tiers de leur valeur alors que les meubles l’ét (...)
  • 39 G. de LLOBET, « Nouvelle contribution à la description du plus ancien livre d’estimes conservé à Fo (...)

13Celui-ci, sans doute l’une des plus belles pièces médiévales du fonds fuxéen, servait de base à l’établissement des tailles36. On sait tout ce qu’a pu déduire Philippe Wolff de l’étude des estimes toulousaines des XIVe et XVe siècles37. Cependant, à Foix, le registre, si prestigieux et complet soit-il, demeure une pièce unique pour laquelle n’a pas été conservé le règlement fixant ses conditions d’élaboration38. Les indications fournies n’en sont pas moins fondamentales. Elles donnent pour chaque propriétaire, dont la profession est souvent précisée, la liste de ses biens fonciers avec leur cote d’estime, à laquelle s’ajoute la valeur des biens meubles désignés par le vocable cabal. La datation de ce document a été longuement discutée. Nous pouvons suivre aujourd’hui les conclusions de Gabriel de Llobet. La date de 1478 portée sur la reliure est fausse. Le document aurait été élaboré entre 1456 et 1460 et utilisé jusqu’en 147039. Il permet ainsi de suivre la mobilité et la valeur relative de la propriété fuxéenne entre ces deux dates. À ce corpus municipal, il reste bien évidemment à ajouter les pages du rôle des feux de 1390, relatives à la ville.

  • 40 P. BENOIT, « La métallurgie urbaine en France au Moyen Âge. état de la question », dans P. BENOIT e (...)
  • 41 Précisons, dès à présent, que sur le travail de la forge, s’impose le désormais classique ouvrage d (...)

14Tous ces documents, dont la rédaction est fort heureusement ramassée dans le temps, nous permettent d’isoler les forgerons de l’ensemble de la population fuxéenne à un moment de pleine activité, juste avant le retournement de conjoncture qui intervient à la fin des années 1450. Il devient possible de mieux connaître leurs biens, de saisir la localisation de leur atelier, de reconstituer leur famille en ayant toujours le souci de les comparer aux autres habitants de Foix. Déjà, des sources de même nature ont permis de mener ce type d’enquête à Paris comme dans les villes méridionales de Toulouse, Périgueux, Saint-Flour ou la plus modeste cité de Rodez40. Cette énumération des acquis ne doit pourtant pas laisser dans l’ombre ce que les sources n’ont que très imparfaitement révélé : le travail du métal. Seuls cinq actes comtaux, conservés dans le cartulaire de Foix et dans un volume du fonds Doat, nous fournissent quelques indices sur la pratique, pourtant essentielle pour qui veut comprendre le métier de forgeron41.

La pratique du faure

  • 42 Quelle que soit l’activité pratiquée, il ne semble pas exister de métier organisé à Foix, G. de LLO (...)
  • 43 C’est le cas par exemple à Toulouse, Ph. WOLFF, Commerces..., op. cit., p. 289, note 163 et dans d’ (...)
  • 44 BNF, collection Doat, vol. 96, fol. 185-188v°.
  • 45 BNF, collection Doat, vol. 96, fol. 185-188v°. Encore au XIXe siècle, on utilise l’expression « par (...)
  • 46 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. AA 1-3, no 37.
  • 47 Arch. dép. Ariège, cartulaire de Foix, I E suppl. AA I, fol. 127.
  • 48 Le monopole dont profitent les forgerons de Foix est à rapprocher de celui des sochiers de Metz. La (...)
  • 49 Malgré les tentatives de certains concurrents, la socherie est encore très lucrative aux XIIIe et X (...)
  • 50 BNF, collection Doat, vol. 96, fol. I85-I88v°.

15Le terme même de métier doit être utilisé avec précaution. En effet, à Foix, il n’y a pas de métier de forgeron, c’est-à-dire d’organisation institutionnelle, ancêtre des corporations modernes. Non seulement nous n’avons conservé aucun règlement, mais aucune allusion n’y étant faite, on peut présumer qu’il n’y en a jamais eu42. D’ailleurs, dans d’autres villes, d’importance bien supérieure à Foix, les forgerons n’ont pas souhaité ou n’ont pas obtenu une organisation de ce type43. Si l’activité n’est pas régie par un texte, si jamais aucun règlement ne fut édité, les hommes existent. Ces hommes forment le groupe des faures de Foix. Forgerons urbains, forgerons de la capitale du comté, ils exercent une activité spécifique. C’est du moins ce qui transparaît dans un acte de 1425, ordonnance du comte de Foix, qui stipule que les forgerons de la capitale se consacrent pour l’essentiel à des opérations de finition44 : eux seuls fabriquent l’objet à partir de l’ébauche (parar) et marquent des armes de Foix les socs et autres outils dégrossis préalablement dans les moulines du haut Sabarthès qui leur livrent des scapolos de relhas (1425), des escapolos et relhes (1448)45. Ces opérations sont à nouveau énumérées dans les mêmes termes par une ordonnance de 145046. Dans le premier de ces actes, Jean Ier se plaît à préciser, sans doute pour mieux en souligner l’importance, l’ancienneté de ce privilège qui daterait, selon lui, de plus d’un siècle. On peut légitimement en douter. En effet, le comte fait sans doute référence à l’acte de 1349 par lequel son aïeul donnait licence aux forgerons de Foix d’utiliser le minerai de Vicdessos pour la fabrication d’outils agricoles et les autorisait, en outre, à apposer sur cette production la marque comtale47. Mais Jean Ier omet de préciser que ce qui était permis au milieu du XIVe siècle se transforme en privilège exclusif en 1425. 11 s’agit, à cette date, de se réserver le monopole de la fabrication d’outils à partir des ébauches confectionnées dans les moulines du comté48. Cette évolution est intervenue à la demande des consuls de Foix, émus de la concurrence exercée par d’autres lieux. En tout état de cause, à partir du XVe siècle, Foix s’assure un important marché. Aux forgerons de Foix s’offraient en abondance l’ouvrage et les revenus correspondants49. Cependant, il est évident que ce privilège n’a pas été strictement respecté. Il rencontrait, dès l’origine, des contrevenants, ceux-là même dont l’activité justifiait aux yeux du comte et des consuls l’octroi du monopole et qui n’en poursuivirent pas moins leur activité. Il faut désigner, une nouvelle fois, les Villemur. Comment expliquer autrement qu’entre les deux ordonnances de 1425 et 1450, Gaston IV ait éprouvé le besoin d’envoyer en 1448, au juge du comté, une lettre pour la bonne exécution des décisions paternelles, lettre diffusée l’année suivante par le sénéchal auprès des châtelains et bayles du comté ; qu’en 1450, il cite enfin nommément les concurrents, c’est-à-dire les Villemur50 ?

16Ce privilège, Jean Ier et Gaston IV l’octroient avec d’autant plus de bonne grâce qu’il est un moyen détourné mais efficace de surveiller l’exportation des produits sidérurgiques sur lesquels sont levées les taxes comtales. En fait, au même titre que les fermiers qui sont par ailleurs cités dans l’acte de 1425, les forgerons sont responsables de la marque. Les trois barres apposées sur l’objet en fer sont en effet représentatives de la taxe perçue et conditionnent l’exportation. Les artisans du fer se muent de la sorte en agents seigneuriaux. On comprend mieux que les comtes, trop soucieux des revenus qu’ils levaient sur le commerce du fer, aient eu l’idée d’associer l’enrichissement des forgerons de Foix à leur propre intérêt.

  • 51 Arch. dép. Ariège, 1 E AA 1, fol. 127r° et v° : déderimus licentiam et auctoritatem dictis habitato (...)
  • 52 Arch. dép. Ariège, E 93.
  • 53 Cependant à Paris comme à Sens, des ouvrages du même type sont commandés par la ville à des serruri (...)

17Ce que nous connaissons de la pratique des forgerons de Foix ne diffère en rien de celle exercée dans d’autres villes du royaume à la même période. En effet si, à partir du XVe siècle, toutes les ébauches de socs et autres objets produits dans le haut Sabarthès sont – au moins en – théorie exclusivement finies à Foix, il n’est pas interdit aux faures de la ville de se livrer à d’autres opérations. Si tel n’était pas le cas, cette réduction de leur pratique serait récente, puisqu’en 1349 l’ordonnance comtale fait référence à la fabrication d’outils et non à leur unique finition51. Sans doute, en 1425, cette dernière est-elle exclusivement énumérée car elle comprend l’apposition de la marque comtale et justifie à elle seule l’intérêt du pouvoir. D’ailleurs, nous savons par d’autres textes que l’ouvrage des forgerons de Foix est, comme de coutume, beaucoup plus diversifié. Ainsi, la liste des dépenses de la ville de Foix, qui suit le registre de taille du quartier d’Engros, nous fournit la preuve que des gages ont été versés en 1443 à Miquel d’Albiès et à Chimar, domiciliés à La Faurie, en règlement de travaux accomplis l’année précédente. Rien n’est dit de la teneur du contrat passé entre les deux forgerons et les responsables du consulat. Cependant, on peut légitimement supposer qu’il ne s’agissait pas de polir des socs. Ces travaux urbains, nous en connaissons la spécificité dans la ville de Tarascon. Effectivement, un compte urbain a été exceptionnellement conservé pour cette localité au XVe siècle. La fabrication d’une serrure nécessaire à la fermeture des fontaines, celle d’un anneau de fer, de clous à lattes : voilà ce qui est commandé par les responsables urbains à trois forgerons52. Ces ouvrages sont communément exigés dans les villes médiévales53.

  • 54 On sait que certaines cités médiévales comme Saint-Denis ou des mottes féodales comme celle de Moul (...)
  • 55 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 113v° et 114v° et E 9, p. 36.

18Il est par ailleurs possible que des forgerons pratiquent aussi la réduction du fer. Cette opération est mentionnée dans l’ordonnance de 1349 qui énumère les différentes facettes du métier : les faures reçoivent le minerai, petra ferrea, et confectionnent des merlaria et des scapolones dont ils font des outils54. Aucune autre source, cependant, ne confirme ce que ce texte est seul à nous apprendre. Cependant, Jacques Guasc qualifié deferrayre et qui détient des biens à Foix, biens qui apparaissent en confronts de ceux de Pierre Mirose, lui désigné comme faure, ne serait-il pas un de ces forgeurs55 ? Il semble, néanmoins, que l’on se soit acheminé, au cours du XVe siècle, vers une répartition plus stricte du travail du fer entre la ville et la campagne, entre Foix et la vallée de Vicdessos, Foix et ses environs immédiats. Cette nouvelle répartition est à mettre en relation avec le développement de zones de réduction proches de la capitale comme avec l’organisation du commerce du fer, où la ville de Foix s’affirme comme une étape de finition et la tête de pont du marché toulousain.

  • 56 Précisons que les artisans qui travaillent d’autres métaux que le fer sont absents des sources fuxé (...)
  • 57 « Lo sarralher », c’est-à-dire le serrurier de Foix, est mentionné dans le censier de 1390, A. de D (...)
  • 58 R. FAWTIER, Comptes royaux..., op. cit., t. II, p. 616-625. Guilhem de Saint-Ybars fournit 93 arbal (...)
  • 59 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 51, fol. 25v°. À Bordeaux au XIVe siècle, tous les objets métalliq (...)

19Dans la ville de Foix, les taures ont monopolisé non seulement la marque et ses revenus mais la majeure partie de l’activité liée à la transformation du fer. Les actes émanant du pouvoir s’adressent exclusivement aux forgerons. Si le rôle des feux comme les documents fiscaux prouvent bien qu’est établie une distinction entre ceux-ci et les autres métiers urbains qui travaillent le fer, les témoignages qui leur sont consacrés sont rarissimes56. Le serrurier, le cloutier et le maréchal ne profitent que de trois occurrences57. Semble également avoir disparu de la ville la fabrication des armes attestée au XIIIe siècle58. Il ne paraîtrait pas surprenant que dans une cité où les artisans du métal travaillent en relation directe avec le Vicdessos, l’acier produit dans cette vallée ait pu être utilisé pour la fabrication d’armes de trait. Pourtant, cette activité n’occupe aucune place dans les sources. On ignore où sont fabriquées les arbalètes d’acier qui remontent la vallée de l’Ariège et qui transitent par Ax. En fait, dans la petite ville de Foix, le faure a la haute main sur tout ce qui touche à la transformation du métal. Cette omniprésence n’a rien pour nous surprendre et nous la retrouvons dans des villes bien plus riches et peuplées59. Mais, dans le cas de Foix, la domination des faures va de pair avec une activité traditionnelle qui ne brille d’aucun savoir-faire particulier, un savoir-faire qui aurait été à la mesure de la matière première disponible.

Le nombre des faures

20Le dénombrement de ces hommes est délicat. Les sources urbaines ne précisent que trop rarement et irrégulièrement la profession de ceux qui acquittent la taille ou de ceux dont les biens sont recensés et estimés. Dans un même registre, la mention de l’activité professionnelle n’est en rien systématique. Elle apparaît pour un individu, fait défaut pour un autre, sans qu’aucune logique ne puisse être dégagée. C’est donc en croisant les actes, en comparant une à une les différentes sources que certains des habitants de Foix peuvent être assurément reconnus comme des forgerons. Il faut pour cela manipuler des centaines de noms.

  • 60 Sur ces textes fondamentaux pour la connaissance de l’histoire sociale de Foix se reporter à É. PEL (...)
  • 61 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 50. Seul Raimond Spa est présent dans les deux documents. En 1403, (...)

21Une fois quelques individus dégagés de la masse des fuxéens, il est cependant impossible de parvenir à un décompte de l’ensemble de la profession. Pour étayer cette constatation, nous disposons d’un exemple du XIVe siècle. À l’issue de luttes urbaines entre maiores et minores, un accord est conclu60. En 1332, vingt-deux forgerons et au moins un cloutier ont approuvé la validité du document. En 1355, seul l’un d’entre eux se maintient comme signataire de la confirmation de l’acte61. Bien évidemment, à cette date, la profession ne s’est pas à ce point réduite. Simplement, indépendamment du corps de métier considéré, moins d’hommes ont été appelés à signer. Au XVe siècle, le dénombrement s’avère tout aussi délicat. Les livres de taille auraient pu nous aider à compter les forgerons. Or, comme il a été précisé, non seulement la mention des professions est irrégulière, mais les registres n’intéressent pas forcément tous les quartiers de la ville à la même date. Ceux de 1449, 1454 et 1456 qui concernent Foix dans son intégralité sont les moins soucieux d’une mention de la profession. Pour y repérer les forgerons, il faut comparer leurs données avec celles des autres registres ou du Livre d’estimes dont la rédaction n’est pas plus exhaustive. Ainsi, ne parvenons-nous à circonscrire qu’une infime partie des artisans. Néanmoins, il est possible de livrer quelques chiffres.

  • 62 A titre indicatif, précisons que la ville de Foix comprend, en 1390-1391, 744 feux imposés, en 1424 (...)
  • 63 Parfois davantage. C’est le cas pour Miquel d’Albiès, pour Pierre Faure et les Arnaud que l’on suit (...)

22Trente et un forgerons sont recensés au XVe siècle62. Quinze se dégagent plus précisément des sources, au point que nous pouvons les suivre sur plus de dix ans63 et pour certains, neuf au total, reconstituer quelques éléments de leur vie.

Les faures dans l’espace urbain

  • 64 Peut-être, est-ce dans ce quartier de La Faurie que se situent le prat dels Jaurès et le prat de la (...)
  • 65 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 52, fol. 23v° ; Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 66 ; Arch, dép. Arièg (...)
  • 66 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 51, fol. 10v° et 12.
  • 67 Arch. dép. Ariège, E 83, fol. 27 ; Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 52, fol. 8.

23Ces hommes ne sont pas concentrés dans un périmètre urbain strictement défini. S’ils sont plus nombreux dans le quartier de La Faurie, que l’ordonnance de 1425 désigne comme celui des forgerons, ils n’y sont pas exclusivement installés64. Trois ont leur ostal au quartier de Rival : Jean Arnaud, Jean Chimar et Jean Salvat65. En 1442, deux dépendent du consulat d’Engros : Arnaud de Salsenac et P. Crauste66. Ni l’un ni l’autre n’y resteront très longtemps, ce dernier rejoint le quartier de Rival en 1449, Arnaud de Salsenac celui de La Faurie en 145467. Certes, l’initiale spécialisation technique d’un quartier, en l’occurrence celui de La Faurie, a pu jouer comme un vecteur efficace de concentration. Mais la domiciliation dépend tout autant de la fortune de l’artisan. C’est le cas pour Jean Salvat et P. Crauste, les plus riches des forgerons de Foix au milieu du XVe siècle, dont les demeures s’élèvent dans le quartier huppé du Rival. Montgailhard semble également abriter un certain nombre de ces hommes, opérant par ailleurs dans la ville : Chimar y est domicilié, ainsi qu’Arnaud Busca.

Les faures, leur famille et leurs relations

  • 68 Il s’agit des Faure ou Fabri et des Calvet.
  • 69 Germain de Peyra, Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 112 ; Arnaud Peyre, Arch. dép. Ariège, 2 B 31, fol.  (...)
  • 70 Raimond Faure, Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 59v° ; Pierre Faure, Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 5 (...)
  • 71 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 50.
  • 72 1332, Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 50 ; 1449 et 1454, Arch. dép. E 83, fol. 11 et 1 E suppl. CC (...)
  • 73 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 26, fol. 34.
  • 74 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 88.
  • 75 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 113v°.
  • 76 A. de DUFAU de MALUQUER, op. cit., p. 39.
  • 77 1446, Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 61v° ; milieu du XVe siècle. Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 26 (...)
  • 78 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 75.
  • 79 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl, CC 52, fol. 23v°.
  • 80 Jean Arnaut a la plus basse estime des forgerons vers 1460, voir infra.
  • 81 P. BENOIT, « La métallurgie urbaine en France au Moyen Âge, état de la question », dans Hommes et t (...)
  • 82 G. de LLOBET, Foix..., op. cit., p. 104 et 107.
  • 83 C’est ce que suggère A. HIGOUNET-NADAL, op. cit., p. 62-63 et 66.

24Les sources ne permettent que très imparfaitement de mesurer l’ancrage du métier dans une même famille sur plusieurs générations. Un fait est certain : seulement deux familles connues en 1332 comptent encore des forgerons au milieu du XVe siècle68. Par ailleurs, si l’on peut toujours rapprocher les artisans qui ont le même nom, on est rarement assuré de leur filiation directe. Quel rapport entretiennent Germain de Peyra, faure en 1446, et Arnaud Peyre ou Arnaud Petri amodiataire de la mouline de Sortadel, en 148869 ? Raimond Faure, faure en 1446 est-il le fils de Pierre Faure lui aussi forgeron au début du XVe siècle70 ? Quel rapport ces hommes ont-ils avec Guilhem Fabri, forgeron en 133271 ? Jean Calvet, forgeron et ferratier de Foix en 1332, est-il l’aïeul de Jean Calvet, forgeron à La Faurie en 1449 et encore en 145472 ? Quelles sont les professions de Ramonet d’Albiès, héritier de Miquel, de Johanot Barthe, héritier de Peyrat73, de Raimond de Rius, fils de Jean74 ? Cependant, si les cas incertains se multiplient, il nous a cependant été possible de reconstituer deux familles sur au moins deux générations. Le fils de Pierre Mirose, Vital Mirose, est lui aussi forgeron75. Guilhem Arnaut est un des forgerons de Foix en 139076. En 1446, Jean Arnaut est lui aussi qualifié de faure et ses biens sont enregistrés dans le Livre d’estimes77. Il travaille alors avec son frère aîné, Guilhem, qui porte le même prénom que son père78. Une dernière mention, datée de 1454, désigne comme faure un Jean Arnaud79. Sans doute s’agit-il du même individu. Notons que les biens de ces deux familles sont très modestes80. Serait-ce un des facteurs explicatifs de l’ancrage du métier dans un milieu qui n’aurait pas réussi son ascension sociale ? Quels qu’en soient les motifs, ces exemples de filiation assurée sont rares. Mais ce qui est exceptionnel à Foix se rencontre couramment dans d’autres villes du royaume81. Sans doute, le fort taux de renouvellement de la population est-il responsable de cette usure familiale. Gabriel de Llobet a démontré, à partir des séries fiscales de 1390 à 1470, que 21 % des patronymes de 1456 et 62 % de ceux de 1390 avaient disparu à la fin du XVe siècle82. Néanmoins, cette érosion n’est pas forcément un indice démographique. Elle peut simplement exprimer le faible enracinement du nom des familles qui ne participent pas de la notabilité83. C’est sans doute le cas pour les forgerons.

  • 84 Arnaud Gozi, forgeron, Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 51, fol. 30v° et 31v° ; Guilhem Gozi, syndi (...)
  • 85 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 88.
  • 86 Sans doute originaire de Prayols et de Loubenx.
  • 87 A. de DUFAU de MALUQUER, op. cit., p. 226.

25Si nous avons peu d’exemples de la transmission du métier de père en fils, il n’en demeure pas moins que le forgeron est le plus souvent inscrit dans une famille de la cité : son nom est porté par d’autres individus. Nous ne connaîtrons jamais le degré de parenté qui lie A. Gozi, ce forgeron trop pauvre pour payer sa taille en 1403 et qui livre son marteau en dédommagement, à d’autres membres de la famille Gozi, syndic de la ville de Foix, collecteur de la taille à la fin du XIVe siècle ou encore consul au milieu du XVe84. Si un Jean de Rius est faure en 1446, cette famille est largement représentée tout au long du XVe siècle par des individus dont nous connaissons rarement la profession85. Le cas est identique pour les familles des Astier86, des Calertz, particulièrement étoffées, et dont tous les membres sont loin d’être forgerons. Au contraire, il semble bien que ce soit au forgeron Jean que nous devions l’installation de la famille Chimar à Montgailhard, puis à Foix : au milieu du XVIe siècle, un Raimond-Jean Chimar est encore domicilié à La Faurie87.

  • 88 Sur les migrations opérées par les travailleurs du métal au Moyen Age, se reporter à C. BILLOT, « M (...)
  • 89 Pierre le Vasconis, Arch. dép. Ariège, CC 50 ; Pierre de la Fita alias lo Biarnès ou dit Bearnes, A (...)
  • 90 L’énumération de tous les membres de la famille de la Fita serait laborieuse. Néanmoins, remarquons (...)
  • 91 G. de LLOBET, Foix..., op. cit., p. 103-106. Aux deux moments où une comptabilité des migrants a ét (...)

26Le forgeron fuxéen est rarement originaire d’un autre espace que du comté de Foix sinon de la périphérie de la ville88. Pierre dont le nom demeure inconnu car il a été oblitéré d’une tache d’encre, mais que l’on surnomme le Vasconis, ou bien Pierre de la Fita dit lo Biarnès constituent les seuls exemples d’une origine extérieure au comté89. Pierre de la Fita est par ailleurs entouré de nombreux parents90. Aucun n’est qualifié de Béarnais. Pierre aurait-il simplement effectué un séjour ou sa formation dans la vicomté ? Sur l’ensemble de notre documentation, seul le bourg de Tarascon livre semblable preuve de migrations opérées par les forgerons ou leurs ancêtres. Les noms de deux des trois artisans qui ont travaillé pour cette localité laissent supposer leur origine lointaine : Pierre de Lonbardie et Olivier Catala. La migration s’opère donc prioritairement à l’intérieur des Pyrénées sans que puisse être dégagée la primauté d’un bassin d’origine. Quelles qu’elles soient, ces origines sont exceptionnelles comparées à la traditionnelle zone d’attraction de Foix qui, très réduite, porte majoritairement sur les villages situés à moins de 12 km à la ronde91.

  • 92 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 85 ; Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 26, fol. 78.
  • 93 1331 et 1355, Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 50.
  • 94 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 26, fol. 10 et 35.

27Certaines familles sont immergées dans un réseau professionnel marqué par d’autres métiers du fer. P. Crauste est désigné comme forgeron dans le censier de 1446-1447 et dans le registre d’estime92. Or, les Crauste sont les seuls mineurs connus du bassin de Sem. Jean Calvet est forgeron puis ferratier en 1332 et 135593. On peut rapprocher son cas des nombreux Calvet faures et mercators de La Bastide-de-Sérou au XVe siècle. Dans la large famille des de la Fita, si Pierre est fame, Guimard dont nous ne connaissons pas la profession, possède un ostal à la petite Faurie et Bertrand est transporteur94. Que transporte-t-il ? Nous savons par ailleurs que d’autres familles regroupent forgeron, commerçant et transporteur. C’est le cas des Galhard de Foix et de La Bastide.

  • 95 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 51, fol. 10.
  • 96 Arch. dép. Ariège, livre des Informations, 1 E suppl. FF 5, fol. 39.
  • 97 À Toulouse, Philippe Wolff note que les registres de taille ne permettent d’atteindre que les artis (...)

28Cependant, il ne faut pas oublier, même dans la petite cité de Foix, une population aux contours plus flous. Des individus sont mentionnés puis disparaissent. Il s’agit des plus pauvres parmi les forgerons, comme ce G. Bardet qui ne peut acquitter le montant de sa taille en 1401 et quitte ensuite définitivement le quartier de La Faurie, si ce n’est la ville95. Ce sont peut-être aussi les plus turbulents : Menyolet de Ferran, valet de forge, n’hésite pas à donner des coups de marteau à Galhardet. La déposition de son maître, Guilhem Stéphane, est reportée dans le livre des informations de la ville de Foix en 140296. Le même jour comparaît J. Graule, forgeron, que nous ne rencontrons jamais par ailleurs. Sans doute, ces hommes plus difficiles à cerner constituent-ils, à l’exemple de Menyolet, la main-d’œuvre mouvante des ateliers des forgerons fuxéens que nous ne pouvons connaître qu’indirectement97.

La fortune des faures

29Pour neuf d’entre eux, il est possible de reconstituer le patrimoine, sinon la fortune ; on dispose pour cela du registre de la réformation de 14461447 conduite dans la ville de Foix et certains villages de son consulat et du Livre d’estimes.

  • 98 Ph. WOLFF, Les estimes..., op. cit., p. 82.
  • 99 En 1320, le règlement de l’estime imposait les immeubles sur les deux tiers de leur valeur et les m (...)
  • 100 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl., CC, fol. 28.
  • 101 Précisons qu’une exida ou eyxida est un espace non construit, Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 88. Le c (...)
  • 102 Gabriel de Llobet s’interroge sur cette imperfection du document et déclare ignorer si les estimes (...)
  • 103 Des vignes pour l’essentiel à la Flassa et à la Graussa, Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 26, fol.  (...)

30Telle qu’elle apparaît dans l’estime, la valeur des biens mobiliers et immobiliers de ces forgerons oscille vers 1460 entre 282 et 35 livres pour une moyenne de 120 livres. Semblable irrégularité à l’intérieur d’un même métier n’a rien de surprenant98. Cependant, avant de commenter plus précisément ces chiffres, quelques remarques méthodologiques s’imposent. Il faut avouer que nous ne connaissons rien des conditions d’élaboration de l’estime. Gabriel de Llobet souligne qu’elle ne livre qu’une partie de la valeur du patrimoine, partie qu’il est impossible de mesurer pour le XVe siècle fuxéen puisque les conditions d’élaboration des cotes demeurent inconnues99. De plus, l’estime n’est un bon moyen d’évaluation des patrimoines que dans le cas où l’ensemble des biens mobiliers est effectivement concentré dans la seule ville de Foix. Dans le cas contraire, l’interprétation de cette source unique peut aboutir à de grossières erreurs. Ainsi l’estime d’Arnaud Calertz attribue à ce forgeron un ostal, c’est-à-dire la demeure où il vit, et une vigne au Seguelar100. Or, le registre de la réformation ajoute à cette liste limitée d’autres propriétés : un autre ostal, un jardin et une exida à Foix101, un champ et deux vignes à Montgailhard, deux autres champs à Cos, une pièce de terre. Certes, entre la réformation de 1446-1447 et l’établissement de l’estime vers 1460, Arnaud peut avoir fait de mauvaises affaires. Cependant, il est clair que la partie de son patrimoine extérieure à la ville est tout simplement ignorée de l’estime. Pour Arnaud, la distorsion est d’autant plus grossière que ses biens sont nombreux en périphérie102. Dans certains cas, ainsi pour Miquel d’Albiès, des biens localisés en périphérie de la ville sont néanmoins inscrits dans le registre d’estimes103.

  • 104 À ne pas confondre avec un autre Jean Salvat, brassier, qui est comptabilisé pour un demi-feu en 13 (...)
  • 105 G. de LLOBET, op. cit., p. 127.
  • 106 Jean Salvat verse des redevances au comte non seulement pour Vostal del ospital del cap del pont ma (...)
  • 107 G. de LLOBET, op. cit., p. 126.

31Le plus riche de ces hommes est Jean Salvat désigné comme faure et bayle del ospital del cap del Pont104. Son estime atteint 282 livres vers 1460. Le second parmi les forgerons n’affiche que 163 livres de biens. C’est dire la supériorité de Jean Salvat dont le capital est cependant très inférieur à la plus élevée des estimations fuxéennes, chiffrée à 1 678 livres105. Cependant, sur ces 282 livres, 180 correspondent à la valeur de son domicile. Or, cet ostal qualifié de gran dans le registre de la réformation correspond à l’un des hôpitaux de la ville dont il est le bayle. Pour cet immeuble, il verse au comte douze deniers toulousains d’oblies106. Ainsi, est-il délicat de saisir l’origine de la fortune de Jean Salvat et de l’attribuer exclusivement au travail du fer. Plus proche de celles d’autres forgerons apparaît l’estime de P. Crauste évaluée à 163 livres. On peut lui associer les cas des forgerons Miquel d’Albiès, Arnaud de Salsenac, Peyrat Barthe et R. Faure dont les fortunes sont estimées respectivement à 112, 103, 100 et 99 livres. Tous ces hommes ont un capital supérieur ou très proche de la moyenne fuxéenne107.

  • 108 A Périgueux, la catégorie des pauvres pouvait être assujettie à la taille : ils avaient à payer sui (...)
  • 109 Comme de 1401 à 1403 pour G. Bardet, B. del Prat et Gozi, Arch. dép. Ariège, 1 E suppl, CC 51, fol. (...)

32Le groupe des pauvres est représenté par Jean de Rius et Guilhem Arnaut. Il ne s’agit pourtant pas d’individus totalement démunis puisqu’ils disposent de biens estimés à 52 et 35 livres. Évidemment, le registre d’estimes ignore les plus pauvres des fuxéens, ceux qui n’ont même pas 10 livres de biens108. Or, nous savons par les relevés de taille que certains forgerons sont incapables de payer leur impôt. Au début du XVe siècle, ceux-ci versent aux collecteurs ce qu’ils ont dans leur atelier, produits et outils de travail, quintal et verges de fer, marteaux109.

  • 110 Ph. WOLFF. Les estimes..., op. cit., p. 80.
  • 111 G. de LLOBET, op. cit., p. 128.
  • 112 Encore une fois, il s’agit d’une estimation générale mais il existe, comme à Toulouse, comme à Sain (...)

33Pour être un bon indicateur du niveau de vie des forgerons, cette hiérarchie des fortunes doit être comparée à celle de l’ensemble de la population. La majorité de ces hommes participe d’une « classe moyenne » telle qu’elle a pu être dégagée par Gabriel de Llobet, à Foix et par Philippe Wolff, à Toulouse110. En effet, la valeur moyenne des 397 estimes supérieures à 10 livres répertoriées dans le registre s’élève à 117,5 livres. Seulement trois de nos forgerons ont ainsi une estime supérieure à la moyenne. Cependant tous ont un ostal et aucun n’atteint le seuil de l’indigence évalué à 10 livres111. Gabriel de Llobet avait déjà noté à quel point ces travailleurs du fer figuraient parmi les plus aisés des artisans. Seuls les foulons ont une estime supérieure au plus riche des forgerons. Cependant, leur capital demeure nettement inférieur à celui des tailleurs et des bouchers112.

  • 113 Il apparaît dans la liste reconstituée par Gabriel de Llobet sous le nom de P. Fabri, G. de LLOBET,(...)
  • 114 Ph. WOLFF, Les estimes..., op. cit., p. 82-84.
  • 115 Ibid., p. 111-113.
  • 116 A. RIGAUDIÈRE, op. cit., p. 887-895.
  • 117 B. SUAU, « Notes sur... », op. cit., p. 54.

34Si assurément, les artisans du fer ne sont pas tous assimilables à la bourgeoisie urbaine, l’un d’entre eux, Pierre Faure, a pourtant réussi à se hisser, de 1414 à 1415, à la dignité consulaire113. Il est vrai que cette rapide consécration paraît exceptionnelle. À l’inverse, les forgerons de Foix ne sont pas davantage comparables à ces modestes artisans qu’une étude de Bernadette Suau a pu mettre en évidence à Rodez où 75 % d’entre eux ne possèdent qu’un ostal, un ouvroir ou un jardin. Cette médiocrité des fortunes se retrouve à Toulouse. En 1335, les cotes d’estime des trois forgerons distingués par Philippe Wolff s’échelonnent de 78 à 112,5 livres. La moyenne de ces fortunes atteint péniblement 93 livres. Elle est bien inférieure à celle des tanneurs (289 livres) ou celle des tisserands (166 livres), à peine supérieure à celle des tondeurs de draps114 Ce constat se trouve confirmé par l’analyse du registre de taille de 1398115. Le capital le plus étoffé ne dépasse pas 68 livres. De même, dans la ville de Saint-Flour de 1400 à 1451, les artisans du métal, forgerons, serruriers ou couteliers se retrouvent au bas de la hiérarchie des fortunes, même si les premiers constituent l’aristocratie de ce groupe de démunis116. La comparaison entre des régions si proches tendrait à confirmer la relative et exceptionnelle prospérité du métier à Foix, au milieu du XVe siècle117. En effet, les remarques qui précèdent portent sur la seule valeur comparée des fortunes mobilières et immobilières, or elles doivent prendre en compte l’environnement économique. La médiocre situation économique des forgerons toulousains est d’autant plus accusée en 1335 qu’à cette date la croissance persiste encore. Sans doute, une cinquantaine d’années sépare l’estime toulousaine de 1398 de celle de Foix, il n’en demeure pas moins que le contexte économique n’est pas fondamentalement différent, même si la crise générale est plus marquée à Toulouse qu’à Foix, où Gabriel de Llobet la qualifie d’engourdissement. Au milieu du XVe siècle, la majorité des forgerons de Foix paraît bien plus aisée que leurs confrères de certaines villes, petites et grandes, du Languedoc. Il faut y voir le résultat du monopole qui leur a été accordé en 1425.

  • 118 Sur Yostal, c’est-à-dire « le lieu où l’on fait feu et où l’on mange pain », on peut consulter J. P (...)
  • 119 Selon Gabriel de Llobet, les plus beaux dépassent la valeur de 100 livres, G. de LLOBET, op. cit., (...)
  • 120 A Rodez, 70 % des maisons sont estimées entre 6 et 48 livres, B. SUAU, « La cité de Rodez au milieu (...)
  • 121 Sur l’ensemble des propriétaires, seuls trente-six détiennent plus de deux « hôtels », G. de LLOBET (...)
  • 122 Contrairement aux estimes toulousaines, celles de Foix ne distinguent pas l’atelier, operatorium qu (...)
  • 123 Semblable organisation se retrouve dans le modeste bourg de Castelnau-Durban où le forgeron Arnaud (...)
  • 124 Il est dans ce cas dénommé Jean Chamarr, faure. Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 66.
  • 125 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 87v°, 93v°.
  • 126 Philippe Wolff énumère ce qu’il estime faire partie des biens meubles ou cabal à Toulouse : numérai (...)

35Le registre d’estime nous permet de connaître la nature des biens détenus par les forgerons et leur valeur respective. La différence de fortune entre les deux plus riches de ces hommes et les autres tient pour l’essentiel à la valeur des bâtiments qui composent leur capital. L’ostal de Jean Salvat, nous l’avons déjà précisé, est estimé à 180 livres auxquelles s’ajoutent 30 livres d’une bâtisse plus modeste118. L’ostal de P. Craute est évalué à 140 livres. Dans ce dernier cas, il représente la quasi-intégralité d’un patrimoine qui s’élève à 175 livres au total. Ces deux exemples doivent être soulignés. La maison d’habitation des plus riches parmi les Fuxéens est souvent d’une valeur approchante119, comme celle de Michel du Bernis qui vaut 150 livres. Dans tous les autres cas, elle est inférieure ou égale à quarante livres120. Parfois, le forgeron possède plusieurs bâtiments, ce qui est rare à Foix comme dans d’autres villes du royaume121. Ainsi Peyrat Barthe en détient trois, mais de médiocre valeur : l’un de 12 livres à Villeneuve, et deux autres de 25 livres au quartier de Rival et à celui de la petite Faurie. Dans ce cas, on peut proposer, à partir de leur localisation, une fonction à ces bâtiments122. Sans doute est-ce à la petite Faurie que Peyrat Barthe a installé son atelier123. Jean Chimar124, pour lequel nous avons conservé un descriptif des biens dans le registre de la réformation, possède une maison dans le quartier de Rival et une autre à Montgailhard, située sur la berge d’un ruisseau où il pourrait aussi détenir une mouline. Si son ouvroir est sans doute localisé en périphérie, près de son domicile, on sait qu’il travaille aussi en ville. Cette activité urbaine a-t-elle un lien avec l’ostal de Rival ? Possède-t-il un atelier de finition dans ce quartier ? Toutes ces suppositions sont invérifiables. Cet éclatement du patrimoine entre Foix et Montgailhard est pareillement attesté pour quelques forgerons, parmi les mieux connus. C’est le cas d’Arnaud de Salsenac, de Miquel d’Albiès, de Jean de Rius et d’Arnaud Busca. Mais chaque fois que nous avons pu vérifier la nature des biens situés en banlieue, il s’agissait de vignes et non d’ateliers125. Par ailleurs, dans les cas fort rares où l’on parvient à distinguer l’ouvroir du reste des biens immobiliers, on ignore l’outillage qu’il abrite et l’on est incapable de chiffrer sa valeur, qui n’est englobée ni dans celle des immeubles ni dans celle du cabal (biens mobiliers)126.

36Ce cabal n’est d’ailleurs mentionné que pour trois forgerons. Il s’agit bien évidemment des trois plus riches, Jean Salvat, Miquel d’Albiès, Peyrat Barthe qui détiennent respectivement 20, 25 et 35 livres de biens mobiliers. Si nous ne saurons jamais précisément ce qui se cache derrière cette appellation, il n’en demeure pas moins que ces cabals sont très modestes en comparaison des fortunes mobilières amassées par certains marchands fuxéens. Le forgeron ne détient pas de stocks et le capital qu’il conserve pour de possibles investissements est rare et de faible valeur. C’est un homme parfois à l’aise, ce n’est jamais un homme riche.

  • 127 Gabriel de Llobet affirme que la vigne constituait la principale et la plus originale des cultures (...)
  • 128 Dans les campagnes de la région lyonnaise, Marie-Thérése Lorcin a démontré que toutes les classes s (...)
  • 129 À Toulouse, Philippe Wolff remarque également ces « artisans-paysans », Ph. WOLFF, Les estimes..., (...)
  • 130 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 26, fol. 34.
  • 131 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 87v°.
  • 132 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 88.

37Outre l’ostal, les patrimoines fonciers se composent de vignes, champs et jardins, parfois d’une borde, et cela ne distingue en rien les forgerons des autres habitants de Foix. Les plus chers de ces biens sont assurément les vignes. Rien de surprenant à trouver dans les patrimoines les plus étoffés la plus grande partie de celles détenues par les forgerons. Miquel d’Albiès possède six clos d’une valeur globale de 41 livres, c’est-à-dire autant que la seule et unique demeure qu’il possède. P. Crauste en détient trois de 24 livres. Certes, posséder des vignes, c’est assurer la consommation en vin de la famille sinon de l’atelier, mais c’est aussi réaliser un placement quand on sait que la vente du vin étranger à la ville de Foix est interdite avant que la production locale, dont on peut supposer la médiocre qualité, soit totalement écoulée127. Ce type d’investissement se retrouve dans certains bourgs du comté, comme à La Bastide-de-Sérou où il est largement pratiqué par les forgerons128. Au contraire, le modeste Jean de Rius détient un patrimoine foncier qui lui permet de subvenir en partie aux besoins alimentaires de sa famille. Il se compose en effet d’un petit jardin, d’une maigre vigne et d’une exida, c’est-à-dire d’une parcelle non bâtie. Beaucoup de ces artisans, quel que soit leur niveau de fortune, ont alors une double activité et restent considérablement attachés au travail de la terre129. Parfois, ils échangent quelques biens. Ainsi, Pierre Crauste a vendu un jardin à l’héritier de Miquel d’Albiès, Ramonet130. Le faure Arnaud de Salsenac achète une vigne à Jean de Rius131. Ce dernier vend un ostal à Arnaud Calertz132. On voit ainsi se tisser, en filigrane, un réseau de relations qui reste néanmoins largement ouvert à des individus extérieurs à la profession.

  • 133 Rappelons que la première estime est sans doute antérieure au 26 avril 1460. Cette rédaction initia (...)
  • 134 Gabriel de Llobet note que les successions sont nombreuses, sur 414 individus estimés vers 1460, 14 (...)
  • 135 Les noms des successeurs et héritiers sont indiqués dans la marge.
  • 136 Même si Gabriel de Llobet ne détermine aucun mouvement de courte ampleur dans une longue phase de c (...)

38Pour les quelques forgerons dont nous arrivons imparfaitement à dénombrer la fortune, il semblait possible de saisir l’évolution du patrimoine sur une courte période de dix ans, entre 1460 et 1470133. Il convient de préciser que ces dix années correspondent justement à un vide documentaire dans le domaine de la réduction. Il était, ainsi, d’autant plus intéressant de cerner indirectement l’évolution des activités de transformation. Cependant, encore une fois, la source se dérobe. Deux parmi les forgerons répertoriés dans l’estime vers 1460 poursuivent leur activité en 1470. Il s’agit de Raimond Faure et de Jean Salvat134. Tous les autres se voient désigner des successeurs et redistribuer une partie de leurs biens135. Seraient-ils donc décédés ? Impossible de dater les modifications des patrimoines qui apparaissent dans l’estime : est-ce avant ou après les probables décès ? Ainsi, rien n’assure que les mutations du capital foncier ou mobilier puissent être mises en rapport direct avec l’activité sidérurgique qu’ils pratiquaient, mais qui n’est pas forcément celle de leurs héritiers. Il nous faut donc abandonner ces cas et nous concentrer sur les deux forgerons restants. Or, si pour le modeste Raimond Faure, la modification est minime, la fortune de Jean Salvat décroît incontestablement. Il a vendu pour 65 livres de biens. Il a surtout perdu ses 20 livres de fortune mobilière, d’où une réduction de 85 livres de son capital, ce qui le ramène à 197 livres, somme toujours enviable et encore largement au-dessus de la moyenne urbaine, mais néanmoins en baisse. Même s’il paraît difficile d’évaluer la situation d’un métier à partir de celle d’un homme, rien d’étonnant à ce que la situation des forgerons de Foix chancelle. La crise atteint la ville, elle va bientôt s’y engouffrer136. Le retournement de conjoncture avait touché le domaine de la réduction dès les années 1450. Or, Foix est irrémédiablement liée aux moulines du comté.

  • 137 C. VERNA, « Forgerons de village... », op. cit. Il est vrai que l’ensemble des sources urbaines de (...)

39Mais jusque-là, les forgerons urbains ont bien profité de leur privilège. La petite ville de Foix a abrité entre ses murailles une activité de forge qui s’apparente à celle communément pratiquée dans les campagnes. C’est grâce au privilège accordé par le comte que le métier de faure a maintenu la majorité de ses membres dans une médiocre aisance car le service proposé ne diffère en rien de celui fourni par un faure de village : fabriquer et achever la finition d’outils agricoles, pour l’essentiel des socs. En fait, le privilège semble avoir banalisé l’activité sidérurgique de la cité qui n’a pas répondu par ses réalisations à la qualité de la matière première que le haut comté pouvait lui fournir. La cité ne paraît pas avoir abrité de production d’armes, ni d’outils à la réalisation délicate, comme les faux ou les lames de scie que nous voyons produites dans les campagnes pyrénéennes137. Certes, les faures de Foix participent à l’industrie du comté, ils en sont un des rouages puisque leur activité est en relation avec l’exportation des produits ariégeois dont ils assurent en partie la marque. Mais leur force momentanée tient à l’importance du marché auquel ils répondent, en l’occurrence la capitale toulousaine, centre de redistribution en un temps de désertion des producteurs régionaux et de reconstruction des campagnes environnantes. Or, au milieu du XVe siècle, ce temps s’achève.

Notes

1 R. FOSSIER, La terre et les hommes en Picardie jusqu’à la fin du XIIIe siècle, Paris-Louvain, 1969.

2 Nous disposons également de quelques données antérieures. Ainsi, au début du XIVe siècle, à partir des registres de l’Inquisition qui plongent davantage dans le quotidien des villages et des bourgs, des forgerons sont repérables. Sont cités au détour de différents interrogatoires : Pierre Roger, faber d’Ax, R. Sutra faber, J. DUVERNOY, Le registre d’inquisition de Jacques Fournier..., op. cit., t. I, p. 289, t. II, p. 124 ; A. PALES GOBILLIARD, L’inquisiteur Geoffroy d’Ablis et les cathares..., op. cit., p. 108. Le bourg de Tarascon abrite aussi un faber à la fin du XIVe siècle, Arch. dép. Ariège, E 357, fol. 8v°-9v°.

3 Arch. dép. Ariège, E 96, pièce no 27.

4 Arch. dép. Ariège, E 7, p. 237, « 14 juillet 1404, bail à fief consenti par le trésorier du comté de Foix à Bernard et Guilhem Malet, père et fils, dit Marti, du lieu de Prades, des biens délaissés par Guilhem Arsen et avenus audit comte par le décès d’Arsen, sans postérité » ; Arch. dép. Ariège, E 9, cahier 6 ; A. de DUFAU de MALUQUER, op. cit., p. 95, note 5.

5 Le terme utilisé est celui d’aventura. Nous avons choisi de le traduire par droit, sens très général que lui confère l’ouvrage de F. GODEFROY, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes, Paris, 1881-1902, 10 vol.

6 Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques, E 433, fol. 23, 24v° et 30. Montaut : département de l’Ariège, arrondissement de Pamiers, canton de Saverdun.

7 Arch. dép. Ariège, registre de la réformation, non coté ; Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 12049, fol. 77v° ; Arch. dép. Ariège, E 265, fol. 233v°.

8 Arch. dép. Ariège, E 292, fol. 5lv°. Saint-Félix-du-Rieutord : département de l’Ariège, arrondissement de Pamiers, canton de Varilhes.

9 Aujourd hui La Tour-du-Crieu : département de l’Ariège, arrondissement et canton de Pamiers ; J. de LAHONDÈS, Annales de Pamiers, op. cit., p. 255.

10 Arch. dép. Ariège, E 93.

11 Arch. dép. Tarn et Garonne, C 269. Rieux-de-Pelleport : département de l’Ariège, arrondissement de Pamiers, canton de Varilhes.

12 C. VERNA, « Forgerons de village : quelques témoignages béarnais des XIVe et XVe siècles », op. cit., p. 219-238. Forges de village et forgerons sont bien présents dans la documentation catalane du XIe au XIIIe siècle, V. FARIAS I ZURITA, « La ferreria i el mas al nord-est catala medieval » dans El mas medieval a Catalunya..., op. cit., p. 29-44.

13 La Bastide-de-Sérou : département de l’Ariège, arrondissement de Foix, chef-lieu de canton.

14 Bertrand Mirose, Vital Calvet, Germain Socase, Germain Bran, Arnaud Servin, R. Galhard, B. de Lotrat, B. Andre, Bertrand de Serres, B. Raynaud, Raimond de Ville. Ce dernier apparaît également en 1436 dans le dossier de la réformation consacré à Castelnau-Durban où il détient une parcelle de terre en emphytéose, Arch. dép. Ariège, registre non coté, fol. 27.

15 Le nom de cette famille s’orthographie indifféremment Mirose ou Miroze.

16 Pierre Mirose est connu à Foix sous le nom de Pierre Miroze. Il s’agit, semble-t-il, d’un artisan modeste. Mais nous n’avons pas conservé son estime.

17 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 113v°.

18 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 73.

19 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 26, fol. 48.

20 A Paris, Eve Netchine note que les ferrons « s’ils forgent les mêmes ouvrages que les fèvres [...] semblent s’être tournés vers les activités commerciales davantage que ces derniers », É. NETCHINE, « Les artisans du métal à Paris, XIIIe-XVe siècle », dans Hommes et travail du métal..., op. cit., p. 36-37. Pour la Normandie, Mathieu Arnoux a montré que le féron réduisait le fer et pouvait aussi le vendre, M. ARNOUX, Mineurs, férons..., op. cit., p. 119. À Toulouse, le ferratier se livre à la transformation du fer et vend sa production, Ph. WOLFF, op. cit., p. 493 et 496-497.

21 A titre de comparaison, signalons qu’en 1405, sur la frontière du comté, à Montesquieu-Volvestre, dépendance du domaine royal, pour 154 foyers (soit de 700 à 800 habitants), on dénombre cinq forgerons et trois serruriers. Ainsi, ce gros bourg offrait les services d’un forgeron pour cent cinquante habitants. Mais si à Montesquieu-Volvestre les artisans sont nombreux, ce qui permet à Philippe Wolff de qualifier ce bourg d’« artisanal », les corps de métiers représentés sont très diversifiés : métiers du cuir, du textile, du bois, des métaux, Ph. WOLFF, « Montesquieu-Volvestre en 1405, notes de démographie et d’histoire sociale », dans Actes du 18e Congrès de la Fédération des Sociétés académiques et savantes de Languedoc-Pyrénées-Gascogne, Saint-Gaudens et le Comminges, Tarbes, 1963, p. 159-164. On peut émettre l’hypothèse que le fer consommé par la compagnie de Martin de Daumazan cantonnée à Lézat en 1381 est en grande partie fourni par le proche bourg de La Bastide-de-Sérou. Voir la reproduction de ce texte dans Cl. PAILHÈS, Au temps de Gaston Fébus, chroniques d’Ariège, Foix, 1991, p. 27.

22 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 12049, fol. 77v°. En 1464, des forgerons sont toujours en activité dans cette bourgade, Arch. dép. Ariège, E 290, fol. 2v°-3v°.

23 Arch. dép. Ariège, registres de la réformation, non cotés.

24 Il participe à la déclaration générale que font les représentants de la communauté auprès des agents comtaux. Il dit disposer de deux maisons, dont l’une abrite sa forge, d’une pièce de terre, d’un pré, Arch. dép. Ariège, registre de la réformation, non coté.

25 Cependant, deux registres de taille dépendaient anciennement des Archives départementales. Ils figurent dans l’inventaire de la série E, dressé en 1913.

26 C’est le cas, par exemple, des minutes d’un procès dont l’enjeu était la réfection du pont de Foix. Gabriel de Llobet précise que ce pont était alors concurrencé par celui de Montgailhard qui avait été construit pour alimenter en charbon de bois une forge du comte, G. de LLOBET, op. cit., p. 114. Nous aurions évidement souhaité examiner personnellement ces documents. Il s’agit des liasses DD 289, DD 290 et DD 291, cotations anciennes.

27 Tous ces registres sont mentionnés et étudiés par Gabriel de Llobet. Deux d’entre eux, datés de 1449 et 1456 et classés dans la série E des Archives départementales, semblent avoir été ignorés d’Armand de Dufau de Maluquer, A. de DUFAU de MALUQUER, « Documents sur le comté de Foix. Livres de taille de la ville de Foix au XVe siècle », op. cit., p. 267-269. Pour toute étude à mener à partir des registres de taille, il convient de faire référence à l’ouvrage de A. HIGOUNET-NADAL, Les comptes de la taille et les sources de l’histoire démographique de Périgueux au XIVe siècle, Paris, 1965.

28 La ville de Foix, au Moyen Âge, comprend quatre quartiers : Le Rival, La Faurie, La Bistour et Engros. Sur la topographie urbaine, il est utile de consulter G. de LLOBET, Atlas historique des villes de France : Foix, Paris, 1982.

29 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 73.

30 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 51.

31 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 51. Édité par A. de DUFAU de MALUQUER, « Documents sur le comté de Foix... », op. cit., p. 267-277 et 297.

32 1449, Arch. dép. Ariège, E 83 ; 1454, Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 52, no 1 ; 1456, Arch. dép. Ariège, E 83. Le premier de ces cahiers est très endommagé.

33 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 52, no 2.

34 Arch. dép. Ariège, E 3.

35 G. de LLOBET, op. cit.. p. 119.

36 Registre en langue romane de 84 folios de papier. Nous pouvons reprendre la description qu’en fait J. POUX, « Contribution à l’étude du régime de l’impôt foncier à Foix, au Moyen Age. La date de la rédaction du plus ancien "libre de la estima" conservé aux archives municipales », Bulletin de la Société ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, 1901-1902, p. 365-369. Il précise p. 365 : « il est écrit d’une belle minuscule gothique avec grandes initiales de un à trois centimètres, relevées d’un mince filet rouge et précédées d’une sorte de crochet rubriqué ». De nombreuses études ont déjà été consacrées aux registres d’estimes conservés pour certaines cités méridionales. Parmi les documents les plus anciens s’imposent ceux de Toulouse (1335) et de Rodez (1355), Ph. WOLFF, Les estimes toulousaines des XIVe et XVe siècles, Toulouse, 1956 ; B. SUAU, « La cité de Rodez au milieu du XVe siècle d’après le livre d’estime de 1449 », Bulletin de l’École des Chartes, 1973, p. 151. Les estimes d’Auch et de Lectoure sont respectivement datées de 1456 et 1491, F. BÉRIAC, C. BRETON et M. BEHROUZI, « Approches de la société de deux villes gasconnes au XIVe siècle : Auch et Lectoure », dans Les sociétés urbaines en France méridionale et en péninsule Ibérique au Moyen Age, Actes du Colloque de Pau, 1988, Paris, 1991, p. 25. Pour une synthèse sur les compoix, cadastres, estimes et allivrements du Languedoc se reporter à l’introduction de J.-L. BIGET, « Petite histoire des compoix », dans J. LE POTTIER, dir., Compoix et cadastres du Tarn (XlV-XIXe). Étude et catalogue accompagnés d’un tableau des anciennes mesures agraires, Castres, 1992, p. 14-18.

37 Ph. WOLFF, Les estimes..., op. cit.

38 En 1320, les immeubles étaient imposés sur les deux tiers de leur valeur alors que les meubles l’étaient sur les quatre-cinquièmes. Semblable inégalité préside à l’élaboration des estimes toulousaines, G. de LLOBET, Foix..., op. cit., p. 120.

39 G. de LLOBET, « Nouvelle contribution à la description du plus ancien livre d’estimes conservé à Foix », Bulletin de la Société ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, 1970, p. 21. Gabriel de Llobet discute les conclusions de Joseph Poux et d’Armand de Dufau de Maluquer. Voir à ce sujet J. POUX, « Contribution... », op. cit., p. 365-369.

40 P. BENOIT, « La métallurgie urbaine en France au Moyen Âge. état de la question », dans P. BENOIT et D. CAILLEAUX éd.. Hommes et travail du métal dans les villes médiévales, Paris, 1988, p. 241-253. É. NETCHINE, « Les artisans... », op. cit., p. 29-60 ; Ph. WOLFF, Les estimes..., op. cit. ; A. HIGOUNET-NADAL, La ville..., op. cit. ; A. RIGAUDIÈRE, Saint-Flour, ville d’Auvergne au bas Moyen Âge, étude administrative et financière, Paris, 1982 ; B. SUAU, « Notes sur le commerce du fer et de l’acier à Rodez au milieu du XVe siècle », Revue du Rouergue, 1976, p. 53-54.

41 Précisons, dès à présent, que sur le travail de la forge, s’impose le désormais classique ouvrage de R. PLE1NER, Alteuropciisch.es Schmiedehandwerks Stand der metallkundlichen Forschung, Prague, 1962.

42 Quelle que soit l’activité pratiquée, il ne semble pas exister de métier organisé à Foix, G. de LLOBET, Foix..., op. cit., p. 144.

43 C’est le cas par exemple à Toulouse, Ph. WOLFF, Commerces..., op. cit., p. 289, note 163 et dans d’autres villes du royaume, P. BENOIT, « Conclusion », dans Hommes et travail du métal..., op. cit., p. 243.

44 BNF, collection Doat, vol. 96, fol. 185-188v°.

45 BNF, collection Doat, vol. 96, fol. 185-188v°. Encore au XIXe siècle, on utilise l’expression « parer les fers », c’est-à-dire constituer un objet fini à partir d’une ébauche.

46 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. AA 1-3, no 37.

47 Arch. dép. Ariège, cartulaire de Foix, I E suppl. AA I, fol. 127.

48 Le monopole dont profitent les forgerons de Foix est à rapprocher de celui des sochiers de Metz. La socherie est, en effet, le plus important des Francs Métiers de cette cité et consiste dans le monopole et la vente des socs de charrue dans la ville et l’étendue de l’évêché, J. SCHNEIDER, La ville de Metz aux XIIIe et XIVe siècles, Nancy, 1950, p. 227.

49 Malgré les tentatives de certains concurrents, la socherie est encore très lucrative aux XIIIe et XIVe siècles, à Metz. Elle demeure aux mains du patriciat urbain, J. SCHNEIDER, La ville..., op. cit., p. 228.

50 BNF, collection Doat, vol. 96, fol. I85-I88v°.

51 Arch. dép. Ariège, 1 E AA 1, fol. 127r° et v° : déderimus licentiam et auctoritatem dictis habitatoribus ville Fuxi habendi et recipiendi de petra ferrea de nostre vallis de Sos et de dicta valle abstrahendi pro faciendo merlaria et scapolones pro vomeribus et aliis ferramentis fabricandis et signadis in villa Fuxi.

52 Arch. dép. Ariège, E 93.

53 Cependant à Paris comme à Sens, des ouvrages du même type sont commandés par la ville à des serruriers et non à des forgerons, Ch. BERNARD, « La serrurerie parisienne à la fin du Moyen Âge d’après les comptes des aides de la ville de Paris », dans Hommes et travail du métal, op. cit., p. 11-17, ; D. CAILLEAUX, « Les serruriers de Sens à la fin du Moyen Âge », dans Hommes et travail du métal, op. cit., p. 94-95. Néanmoins, à Rouen, ce sont des forgerons-serruriers qui accomplissent parfois ces travaux urbains, N. MONTEILLARD, « Artisans et artisanat du métal à Rouen à la fin du Moyen Âge », dans Hommes et travail du métal, op. cit., p. 114. Ces exemples prouvent, une nouvelle fois, que le degré de spécialisation des métiers urbains du fer varie d’une ville à l’autre.

54 On sait que certaines cités médiévales comme Saint-Denis ou des mottes féodales comme celle de Moulins-sur-Céphons ont pu abriter une activité de réduction directe, P. BENOIT et I. GUILLOT, « Scories de réduction et scories de forge : approche analytique et archéologique », dans Archaeometallurgy of Iron, International Symposium of the Comité pour ta Sidérurgie ancienne de l’Union internationale des Sciences préhistoriques et protohistoriques, Liblice, 5-9 octobre 1987, Prague, 1989, p. 53-64.

55 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 113v° et 114v° et E 9, p. 36.

56 Précisons que les artisans qui travaillent d’autres métaux que le fer sont absents des sources fuxéenncs. Nous ne conservons que l’unique mention d’un argentier, Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 51, fol. 8 et 12.

57 « Lo sarralher », c’est-à-dire le serrurier de Foix, est mentionné dans le censier de 1390, A. de DUFAU de MALUQUER, Le pays de Foix..., op. cit., p. 59. Bernard Claverii est clavellus de Foix en 1331, Arch. dép. Ariège, I E suppl. CC 50. Dans le registre d’estime de 1460. fol. 25v°, apparaît Bertrand den Portan, manesqual.

58 R. FAWTIER, Comptes royaux..., op. cit., t. II, p. 616-625. Guilhem de Saint-Ybars fournit 93 arbalètes, Bernard du même nom 61 arbalètes et Guilhem Aneri, 121 ; Guilhem de Marcillc, 60 bassinets et Guilhem de Foix, 6. Selon Philippe Wolff, les fournisseurs ariégeois seraient des marchands, à l’exception de Guilhem de Marcille. On peut en douter et d’ailleurs, dans le compte de Maître Arnaud Mestre, rien ne distingue ces hommes d’autres fournisseurs que Philippe Wolff qualifie par ailleurs d’artisans du fer, Ph. WOLFF, « Achats d’armes pour Philippe le Bel dans la région toulousaine », Annales du Midi. 1949, p. 84-91.

59 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 51, fol. 25v°. À Bordeaux au XIVe siècle, tous les objets métalliques, de la quincaillerie aux armes, étaient forgés par les faures sans distinction de spécialité, C. HIGOUNET dir.. Histoire de Bordeaux, t. III, Bordeaux, 1965, p. 237. À propos de l’identification des épées de Bordeaux, se reporter à J.-B. GUIRAUD, « Les épées de Bordeaux. Archéologie comparée des industries du fer de la Biscaye française, du pays de Guyenne et du duché de Savoie », dans Documents pour servir à l’histoire de l’armement au Moyen Âge et à la Renaissance, Lyon, 1895. À Bayonne, les faures forgent également des armes, É. GOYHENECHE, op. cit., p. 18-22.

60 Sur ces textes fondamentaux pour la connaissance de l’histoire sociale de Foix se reporter à É. PELISSIER, « La lutte des classes à Foix au XIVe siècle », Bulletin de la Société ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, 1914, p. 96-103 ; Ph. WOLFF, « Les luttes sociales dans les villes du Midi français du XIIe au XVe siècle », Annales E.S.C., 1947, p. 443-454.

61 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 50. Seul Raimond Spa est présent dans les deux documents. En 1403, dans le quartier de La Faurie, un Bertrand Spa apparaît lors du versement de la taille, Arch. dép. Ariège, I E suppl. CC 51, fol. 31.

62 A titre indicatif, précisons que la ville de Foix comprend, en 1390-1391, 744 feux imposés, en 1424, 470 et environ 415 vers 1432-1439, G. de LLOBET, op. cit., p. 100.

63 Parfois davantage. C’est le cas pour Miquel d’Albiès, pour Pierre Faure et les Arnaud que l’on suit pendant cinquante ans.

64 Peut-être, est-ce dans ce quartier de La Faurie que se situent le prat dels Jaurès et le prat de la forga qui apparaissent dans le registre de la réformation, Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 35.

65 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 52, fol. 23v° ; Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 66 ; Arch, dép. Ariège, 1 E suppl. CC 52, fol. 22 et E 83, fol. 21.

66 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 51, fol. 10v° et 12.

67 Arch. dép. Ariège, E 83, fol. 27 ; Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 52, fol. 8.

68 Il s’agit des Faure ou Fabri et des Calvet.

69 Germain de Peyra, Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 112 ; Arnaud Peyre, Arch. dép. Ariège, 2 B 31, fol. 408v° ; Arnaud Petri, Arch. dép. Haute-Garonne, B, Maîtrise de Pamiers, D 5.

70 Raimond Faure, Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 59v° ; Pierre Faure, Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 51, fol. 2v°, 12v°, 22.

71 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 50.

72 1332, Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 50 ; 1449 et 1454, Arch. dép. E 83, fol. 11 et 1 E suppl. CC 52, fol. 8.

73 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 26, fol. 34.

74 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 88.

75 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 113v°.

76 A. de DUFAU de MALUQUER, op. cit., p. 39.

77 1446, Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 61v° ; milieu du XVe siècle. Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 26, fol. 81.

78 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 75.

79 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl, CC 52, fol. 23v°.

80 Jean Arnaut a la plus basse estime des forgerons vers 1460, voir infra.

81 P. BENOIT, « La métallurgie urbaine en France au Moyen Âge, état de la question », dans Hommes et travail du métal..., op. cit.. p. 242.

82 G. de LLOBET, Foix..., op. cit., p. 104 et 107.

83 C’est ce que suggère A. HIGOUNET-NADAL, op. cit., p. 62-63 et 66.

84 Arnaud Gozi, forgeron, Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 51, fol. 30v° et 31v° ; Guilhem Gozi, syndic de la ville de Foix en 1381, A. de DUFAU de MALUQUER, Le pays de Foix...,op. cit., p. 231 ; collecteur de taille à Foix en 1384 et 1389, comptes du consulat de Rival, non coté. Jacques Gozi dont les biens sont estimés à 238 livres au milieu du XVe siècle. Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 26, fol. 82 et G. de LLOBET, Foix..., op. cit., p. 228.

85 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 88.

86 Sans doute originaire de Prayols et de Loubenx.

87 A. de DUFAU de MALUQUER, op. cit., p. 226.

88 Sur les migrations opérées par les travailleurs du métal au Moyen Age, se reporter à C. BILLOT, « Migrations de la métallurgie et migrations en France », dans Hommes et travail du métal..., op. cit., p. 227-239 ; Ph. BRAUNSTEIN, « Savoir et savoir-faire : les transferts techniques », dans L’innovation technique au Moyen Age, Actes du VIe Congrès international d’Archéologie médiévale, P. BECK dir., Paris, 1998, p. 303-309.

89 Pierre le Vasconis, Arch. dép. Ariège, CC 50 ; Pierre de la Fita alias lo Biarnès ou dit Bearnes, Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 88 et 92.

90 L’énumération de tous les membres de la famille de la Fita serait laborieuse. Néanmoins, remarquons que dans le seul registre d’estimes, les biens de Bertrand, Guimard et Johannet de la Fita sont recensés. Le premier est qualifié de transporteur, traginer, et Guimard a un ostal à la petite Faurie, Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 26, fol. 10, 35, 49v°.

91 G. de LLOBET, Foix..., op. cit., p. 103-106. Aux deux moments où une comptabilité des migrants a été possible, soit en 1390 et vers 1450, l’auteur ne relève au total que 23 noms de famille pouvant rappeler des origines lointaines. Nos forgerons représentent donc 13 % de cette population déracinée. Alors que Gabriel de Llobet note que les immigrants originaires des régions de Tarascon et de La Barguillière sont nombreux à Foix, aucun d’entre eux ne pratique un métier du fer.

92 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 85 ; Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 26, fol. 78.

93 1331 et 1355, Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 50.

94 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 26, fol. 10 et 35.

95 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 51, fol. 10.

96 Arch. dép. Ariège, livre des Informations, 1 E suppl. FF 5, fol. 39.

97 À Toulouse, Philippe Wolff note que les registres de taille ne permettent d’atteindre que les artisans établis à leur compte. Les valets et apprentis, vivant chez leurs employeurs, sont confondus avec les familles de ceux-ci, Ph. WOLFF, Les estimes..., op. cit., p. 114.

98 Ph. WOLFF, Les estimes..., op. cit., p. 82.

99 En 1320, le règlement de l’estime imposait les immeubles sur les deux tiers de leur valeur et les meubles sur les quatre-cinquièmes, G. de LLOBET, op. cit., p. 120, note 3. A Toulouse les biens meubles sont également plus lourdement taxés que les immeubles, Ph. WOLFF, Les estimes..., op. cit., p. 37. et 39.

100 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl., CC, fol. 28.

101 Précisons qu’une exida ou eyxida est un espace non construit, Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 88. Le cas d’Arnaud Calertz n’a pas été traité, ni comptabilisé avec le reste des estimes d’autant que le paragraphe le concernant a été entièrement biffé dans le registre.

102 Gabriel de Llobet s’interroge sur cette imperfection du document et déclare ignorer si les estimes « relèvent tous les biens tenus hors la paroisse comme elles le font sûrement à l’intérieur », G. de LLOBET, op. cit., p. 119.

103 Des vignes pour l’essentiel à la Flassa et à la Graussa, Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 26, fol. 34.

104 À ne pas confondre avec un autre Jean Salvat, brassier, qui est comptabilisé pour un demi-feu en 1390, A. de DUFAU de MALUQUER, op. cit., p. 52.

105 G. de LLOBET, op. cit., p. 127.

106 Jean Salvat verse des redevances au comte non seulement pour Vostal del ospital del cap del pont mais aussi pour des vignes, au total 15 deniers toulousains en 1446, Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 57 v°.

107 G. de LLOBET, op. cit., p. 126.

108 A Périgueux, la catégorie des pauvres pouvait être assujettie à la taille : ils avaient à payer suivant leur possibilité, A. HIGOUNET-NADAL, Les comptes..., op. cit., p. 49. Cela n’est pas le cas à Foix, ni à Toulouse.

109 Comme de 1401 à 1403 pour G. Bardet, B. del Prat et Gozi, Arch. dép. Ariège, 1 E suppl, CC 51, fol. 10, 11 v° et 31 v°.

110 Ph. WOLFF. Les estimes..., op. cit., p. 80.

111 G. de LLOBET, op. cit., p. 128.

112 Encore une fois, il s’agit d’une estimation générale mais il existe, comme à Toulouse, comme à Saint-Flour, des bouchers, des tailleurs et des notaires plus pauvres que certains artisans du métal, G. de LLOBET, op. cit., p. 132. À Saint-Flour, les tailleurs sont aussi parmi les plus riches des artisans, au côte des cordonniers, A. RIGAUDIERE, Saint-Flour, ville d’Auvergne au bas Moyen Âge, Paris, 1982, t. II, p. 892.

113 Il apparaît dans la liste reconstituée par Gabriel de Llobet sous le nom de P. Fabri, G. de LLOBET, op. cit., p. 227.

114 Ph. WOLFF, Les estimes..., op. cit., p. 82-84.

115 Ibid., p. 111-113.

116 A. RIGAUDIÈRE, op. cit., p. 887-895.

117 B. SUAU, « Notes sur... », op. cit., p. 54.

118 Sur Yostal, c’est-à-dire « le lieu où l’on fait feu et où l’on mange pain », on peut consulter J. POUMARÈDE, « Famille et tenure dans les Pyrénées du Moyen Âge au XIXe siècle », Annales de démographie historique, 1979, p. 349.

119 Selon Gabriel de Llobet, les plus beaux dépassent la valeur de 100 livres, G. de LLOBET, op. cit., p. 135.

120 A Rodez, 70 % des maisons sont estimées entre 6 et 48 livres, B. SUAU, « La cité de Rodez au milieu du XVe siècle d’après le livre d’estime de 1449 », op. cit., p. 167.

121 Sur l’ensemble des propriétaires, seuls trente-six détiennent plus de deux « hôtels », G. de LLOBET, op. cit., p. 128, note 22.

122 Contrairement aux estimes toulousaines, celles de Foix ne distinguent pas l’atelier, operatorium qui, sans doute, est confondu avec l’ostal, Ph. WOLFF, Les estimes..., op. cit., p. 55. C’est le cas à Rodez où la majorité des maisons ont un rez-de-chaussée constitué par un ouvroir estimé avec la maison, B. SUAU, « La cité... », op. cit., p. 171.

123 Semblable organisation se retrouve dans le modeste bourg de Castelnau-Durban où le forgeron Arnaud de Portelle possède deux maisons dont l’une abrite la forge, Arch. dép. Ariège, registre de la réformation, non coté, fol. 22v°. Ce n’est que tout à fait par hasard que l’atelier apparaît dans les sources fuxéennes. Ainsi, grâce au livre des Informations, on sait que Guilhem Stéphane ou Steve a sa forge rue du Cap-de-Ville, Arch. dép. Ariège 1 E suppl FF 5, fol. 39-40.

124 Il est dans ce cas dénommé Jean Chamarr, faure. Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 66.

125 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 87v°, 93v°.

126 Philippe Wolff énumère ce qu’il estime faire partie des biens meubles ou cabal à Toulouse : numéraire, bijoux, vaisselle précieuse considérée comme un placement, créances, sommes placées dans les sociétés, stocks de marchandises destinées à la vente (drap, laine, pastel, blés sauf provisions familiales), animaux possédés en gasaille. En sont donc exclus les instruments de travail considérés comme un bien propre, à usage familial, Ph. WOLFF, Les estimes..., op. cit., p. 72.

127 Gabriel de Llobet affirme que la vigne constituait la principale et la plus originale des cultures urbaines. Le vignoble s’étendait à l’époque sur le Pech aux sols calcaires, sur les terrasses de l’Ariège et dans le territoire de Montgailhard. Sans doute, l’ensemble de la production devait être de qualité exécrable, on distinguait néanmoins le vin pur de la piquette ou vino aquatico, G. de LLOBET, op. cit., p. 80-81.

128 Dans les campagnes de la région lyonnaise, Marie-Thérése Lorcin a démontré que toutes les classes sociales urbaines participaient à la colonisation de la zone viticole, en périphérie de Lyon. Comme à Foix, le vignoble n’était pas détenu prioritairement par les plus riches de la cité, M.-Th. LORCIN, Les campagnes de la région lyonnaise aux XIVe et XVe siècles, Lyon. 1974, p. 375-377.

129 À Toulouse, Philippe Wolff remarque également ces « artisans-paysans », Ph. WOLFF, Les estimes..., op. cit., p. 77.

130 Arch. dép. Ariège, 1 E suppl. CC 26, fol. 34.

131 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 87v°.

132 Arch. dép. Ariège, E 3, fol. 88.

133 Rappelons que la première estime est sans doute antérieure au 26 avril 1460. Cette rédaction initiale se reconnaît à l’écriture soignée du rédacteur. La seconde, postérieure au 11 septembre 1470, est caractérisée par une graphie plus relâchée, où les ajouts voisinent avec les soustractions de biens.

134 Gabriel de Llobet note que les successions sont nombreuses, sur 414 individus estimés vers 1460, 142 ont été remplacés ou bien ont disparu, G. de LLOBET, op. cit., p. 125.

135 Les noms des successeurs et héritiers sont indiqués dans la marge.

136 Même si Gabriel de Llobet ne détermine aucun mouvement de courte ampleur dans une longue phase de crise qu’il fait débuter vers 1360 et s’achever vers 1500 – cf. supra « L’émergence d’une économie de guerre » – les exemples qu’il donne de fermeture sévère de l’économie interviennent en plus grand nombre dans la seconde moitié du XVe siècle. La ville se replie alors frileusement sur elle-même. Gabriel de Llobet conclut, en outre, pour cette période, à la stagnation de l’artisanat du fer : il n’a trouvé aucune mention de ce métier dans le registre des délibérations, G. de LLOBET, op. cit., p. 140-162.

137 C. VERNA, « Forgerons de village... », op. cit. Il est vrai que l’ensemble des sources urbaines de Foix n’est pas encore à la disposition du lecteur. Néanmoins, Gabriel de Llobet, qui a pu avoir accès aux documents avant leur reclassement en cours, ne fait aucune allusion à une activité de forge plus sophistiquée. N’oublions pas, cependant, la mention sur le marché de Rodez du ferrum moysonis de Foix qui pourrait laisser supposer que la production fuxéenne d’objets finis soit, en fait, plus diversifiée que ce que les sources laissent, pour l’instant, apparaître.

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