Chapitre I. L’émergence d’une économie de guerre
p. 197-207
Texte intégral
1. Quelle crise pour le comté de Foix ?
1Poursuivre l’étude de la production sidérurgique après l’ordonnance de 1356, c’est-à-dire au cours d’une période de crise, tient sans doute de la gageure, compte tenu des sources et des travaux historiques qui sont à notre disposition. Les archives se réduisent en nombre au point que leur interprétation globale est parfois délicate. Les quelques lieux de réduction du Couserans se dérobent et la poursuite d’une activité sidérurgique, c’est-à-dire d’extraction et de réduction du métal, concerne exclusivement le comté de Foix. Or, pour cet espace nous ne disposons d’aucune étude économique et sociale à laquelle nous aurions pu confronter la spécificité de notre secteur de recherche. Notre seul point d’appui solide est la thèse de Gabriel de Llobet, consacrée à la ville de Foix, qui éclaire les aspects conjoncturels de la crise, mais non ses mécanismes structurels1. Confronté à l’indigence des sources, l’auteur n’a pas pu ou n’a pas voulu opérer de césures dans une longue phase de crise qu’il rend linéaire de 1360 à 15002. Pour les mêmes raisons, les causes de la dépression n’ont pas fait l’objet d’une analyse serrée. La baisse démographique est présentée comme un moteur de la crise et pour expliquer la dépopulation, l’auteur se limite à une rapide esquisse de la conjoncture réduite aux principaux événements militaires et à l’énumération des vagues de peste et des épidémies qui ont touché la population fuxéenne3. Quant aux mécanismes qui président à ce que Gabriel de Llobet appelle la « sclérose de l’économie », ils sont absents. L’auteur a choisi d’accumuler les preuves d’une réduction des échanges comme de la production mais n’explique pas le renversement de la conjoncture, ni les conditions du blocage durable de l’économie. Nous avons donc pris le parti, à partir de nos sources, de bâtir une conjoncture de la production sidérurgique. Elle est parfois en contradiction avec les tendances dégagées pour la ville de Foix. À une dépression continue, nous opposons une chronologie plus nerveuse où les crises n’interviennent jamais comme une cassure définitive du secteur sidérurgique4.
2En 1356, le commerce du minerai et du fer est enfin ouvert, mais cette victoire politique du comte de Foix arrive trop tard dans le paysage économique. La récession s’amorce dans le comté comme dans les régions environnantes dont l’activité économique est aujourd’hui mieux connue5. Elle est cependant achevée, dans le secteur de la sidérurgie, avant 1400. Les quelques sources conservées à partir de 1356 et jusqu’en 1390, sept actes notariés des années 1382-1383, et le rôle des feux du comté établi en 13906, confirment, par leur rétrécissement numérique extrême, la réalité de la crise mais livrent aussi un tableau plus contrasté.
3Cette période correspond à la fin du règne de Gaston Fébus, un des comtes de Foix les mieux connus de l’historiographie récente. Cependant, la désormais classique étude de Pierre Tucoo-Chala concerne exclusivement le Béarn. Ainsi, pour brosser l’état du comté de Foix durant cette période ne disposons-nous que de quelques indices sur la conjoncture, par ailleurs insuffisants et superficiels. Grâce aux indications précises fournies par l’Histoire générale du Languedoc, si soucieuse des événements politiques et militaires, il est prouvé que le comte, comme il l’a fait pour sa vicomté, a su protéger le pays de Foix des incursions anglaises et des attaques des Armagnacs7. Le comté, situé à l’écart des grands axes stratégiques, a été relativement épargné. Cependant, s’il s’est fermé aux atteintes venues de l’extérieur, on sait aujourd’hui combien les destructions et les mortalités causées par la guerre ne sont qu’un élément de la crise qui enflamme l’Occident8. En outre, du point de vue économique, un tel repli peut être synonyme de stagnation, voire de crise pour un espace qui, comme le comté, est tributaire des échanges et dont les finances ont été sollicitées par l’avidité fiscale de Gaston Fébus9.
4En 1390, le rôle du comté révèle d’ailleurs un nombre non négligeable de feux allumants déclarés vacat c’est-à-dire vacants10. Minime dans la ville de Foix, leur nombre est parfois impressionnant dans les hautes vallées comme celle d’Ax ou de Vicdessos11. Dans cette dernière, au centre de nos préoccupations, les villages de Vicdessos, d’Auzat, de Siguer, de Sem sont touchés. Ils comprennent respectivement 24, 5, 13 et 1 feux vacants pour respectivement 94, 27, 54 et 12 feux allumants12. Ainsi, la population disparue s’échelonne, dans ces villages, entre 8,3 et 25,5 % de la population totale13. En outre, parmi les feux allumants, on note un nombre non négligeable de demi-feux fiscaux. La famille est alors réduite à une personne ou bien détient de si modestes revenus qu’un dégrèvement fiscal lui a été reconnu14. Ainsi, à Vicdessos sur les 94 feux allumants, 12 correspondent à des demi-feux fiscaux, soit 12,7 %. Cette délicate situation démographique s’impose au cours de la période 1374-1390, de la fin des opérations de recensement à la première révision du censier. À la même date le dépeuplement de la seigneurie de Mirepoix est tel que le nombre des feux s’effondre et que les revenus de la décime doivent être réduits de moitié15.
5Confronté au dépeuplement de ces régions de haute montagne, on se heurte immanquablement au problème toujours débattu de l’impact de la peste sur le haut Sabarthès. Les auteurs ne sont d’accord ni sur les dates ni sur la puissance de la pandémie. Si Armand de Dufau de Maluquer établit, sans s’y attarder longuement, un lien entre les feux vacants et les vagues de peste dont la chronologie reste imprécise16, Gabriel de Llobet est beaucoup plus réservé quant à l’impact de l’épidémie sur la population urbaine17. Le comté de Loix aurait-il été moins touché que d’autres espaces du centre des Pyrénées, comme la Bigorre par exemple, obéissant en cela à un schéma qui le rapprocherait du modèle béarnais, où la peste, sans doute endémique, n’a pourtant jamais causé un effondrement de la population18 ? Les feux vacants des villages de haute montagne correspondraient-ils, plus qu’à une mortalité accusée, à un départ vers des zones qui, davantage touchées, sont en manque de main-d’œuvre19 ? Remarquons d’ailleurs que le bourg de Tarascon, au débouché du haut Sabarthès, ne présente aucun feu vacant20. Convenons qu’il est impossible de comprendre précisément le mécanisme d’une dépopulation réelle et irrégulièrement répartie dans ces hautes montagnes. Il nous échappe. Néanmoins, quelles que soient les hésitations des historiens sur les causes et la puissance du dépeuplement, celui-ci n’en demeure pas moins un signe d’affaiblissement sinon de crise, confirmé d’ailleurs par la réduction des versements fiscaux octroyée à quelques villages et bourgs, localisés en majorité dans le haut pays21. Ces dégrèvements d’impôts, reconnus par les agents d’un comte si célèbre pour sa rapacité, illustrent, mieux que tout autre exemple, l’appauvrissement de certaines parties du comté.
6Dans le bassin sidérurgique de Vicdessos, cette réduction du nombre des hommes comme des revenus pourrait s’interpréter comme la conséquence des malheurs qui s’abattent déjà sur les régions environnantes et ne peuvent que toucher la sidérurgie du haut Sabarthès qui, encore récemment, trouvait des acquéreurs au-delà des frontières du comté. Prenons pour exemple un des axes commerçants, celui qui mène à Toulouse. Grâce à l’étude de Philippe Wolff, on sait combien les échanges y furent perturbés dès 1355. Le comte de Foix, dans sa lutte contre les Armagnacs, brûle les châteaux de Cintegabelle et d’Auterive en 1359. Après le traité de Brétigny, ce sont les grandes compagnies qui déferlent aux portes de Toulouse et l’on pourrait multiplier à l’infini les violences qui ont atteint l’ensemble des échanges et donc forcément le commerce du fer22. De même, l’axe vers la Méditerranée qui traverse la seigneurie des Lévis ne peut qu’être touché par la crise sévissant dans le pays d’Olmes et dont on connaît les conséquences démographiques. En 1371, Gaston de Lévis, au cours du dénombrement de ses biens, déclare deserts et inhabitables Aiguillon, Cabre, Pradettes, La Bastide-de-Cougost, Miraval et Bélesta23. Et d’ailleurs, la faiblesse des sources n’est-elle pas un indice de la crise locale de la sidérurgie24 ? La réalité paraît, cependant, plus nuancée.
7Certes, les sept actes notariés conservés, s’échelonnant de 1382 à 1383, n’intéressent pas directement la production de fer du haut Sabarthès. Cependant, ils donnent quelques indices sur les producteurs qui tiennent les moulines de Saurat et d’Andronne et sur la persistance de transactions portant sur des produits sidérurgiques. Si un premier forgeur signe une reconnaissance de dettes de 41 florins d’or, il doit cette somme conséquente à des ferrarii de Tarascon25 Nous ne connaissons pas l’origine de cette dette et nous n’avons pas la certitude de pouvoir l’interpréter comme le résultat de mauvaises affaires dans un contexte difficile, d’autant que les prêteurs sont aussi des hommes du fer. La même année, le forgeron domicilié à la mouline d’Andronne marie sa fille et s’engage à verser en dot 30 florins d’or26. C’est donc qu’il en a encore les moyens. Enfin, contre l’achat d’un mulet, un homme du Pallars doit verser à un habitant de Puigcerda, treize quintaux et demi de fer dont on ignore le lieu de production mais qui devront être livrés à Puigcerda. L’acte est néanmoins conclu à Tarascon27. Il est évident qu’à partir de ces quelques données glanées dans le seul registre de notaire conservé pour Tarascon, nous ne pouvons pas bâtir une quelconque analyse de la situation des forges. Cependant, en 1382-1383, après vingt-cinq ans de silence, les sources, si maigres soient-elles, ne révèlent pas un effondrement total de la production, mais bien la poursuite d’une activité non mesurable, activité de production relayée d’ailleurs dans les années quatre-vingt par une distribution des produits, puisque du fer - dont la quantité nous échappe - est acheminé vers Toulouse28. Cette interprétation est confirmée par les données du censier.
8Nous aurions pu profiter avec avantage de cette source exceptionnelle. En effet, si les enquêteurs de Gaston Fébus comptent les hommes regroupés par feux pour mieux répartir l’impôt, ils comptent aussi les outils de production, les moulins et les moulines29. Ainsi, disposerait-on, pour la fin du XIVe siècle, d’une véritable photographie de l’état du patrimoine sidérurgique, à comparer avec celui des belles années de croissance davantage éclairées par la documentation. Hélas, ce registre si prometteur est difficilement utilisable : les folios correspondant à la seigneurie de Château-Verdun sont en grande partie illisibles. Le dénombrement d’Albiès est incomplet30, ceux de Château-Verdun, de Verdun comme d’Aston ont souffert des aléas de la conservation qui rendent leur lecture parfois délicate31. Tout juste peut-on déduire de la disposition du texte et du nombre total des feux allumants comptabilisés que les moulines, si elles furent prises en compte, ne pouvaient être dénombrées pour plus d’un feu. Dans le cas où les installations sidérurgiques auraient été toujours en place, elles seraient donc de faible envergure ou bien vacantes. La vallée d’Aston regroupant la plus forte concentration de moulines du comté, l’incertitude de cette source rend impossible toute comparaison rigoureuse entre la situation florissante de la croissance et celle de ces dernières années du siècle, si difficiles à cerner.
9Cependant, hormis la seigneurie de Château-Verdun, le censier nous livre l’état d’autres usines. Celles de Junac, d’Orgeix et de Luzenac ont disparu, mais, à l’inverse, celles d’Arignac, de la vallée de Vicdessos et de Siguer sont attestées, comme celles de Perles et de Rabat, ignorées des sources antérieures, mais dont on a déjà supposé qu’elles furent construites durant la croissance. Celles de Saurai et d’Andronne fonctionnent toujours. Ainsi, exception faite des installations hydrauliques de la seigneurie de Château-Verdun, si l’on juxtapose les moulines effectivement attestées par les sources avant 1350 et celles comptabilisées dans le censier, les forges hydrauliques sont plus nombreuses à la fin du XIVe siècle qu’en ses débuts. Parmi celles qui sont mentionnées, seules trois sont déclarées vacat : celles de Vicdessos, de Rabat et de Perles. Il est par ailleurs impossible d’interpréter l’absence de données sur les moulines de Junac, Orgeix et Luzenac. Sont-elles détruites ? Le censier est-il fautif ? Si le tenancier de la mouline de Vicdessos a disparu, cette vallée sidérurgique majeure n’en continue pas moins à produire dans les moulines d’Auzat et d’Ournac. C’est davantage certains villages de la vallée qui sont en partie désertés, que la production sidérurgique de cette vaste zone qui est frappée.
10En effet, si au cours de la révision du censier en 1390, des réductions d’impôts ont été consenties à certaines localités, d’autres ont dû accepter l’augmentation de leurs feux fiscaux. Dans ce cas, comme pour les dégrèvements, aucun motif n’est avancé par les enquêteurs. De façon autoritaire, aux feux fiscaux calculés à partir du nombre des feux allumants, les officiers ajoutent au moment de la révision de 1390 une portion ou plusieurs feux d’imposition supplémentaires32. Peu de villages et de bourgs sont soumis à cette taxation et tous sont localisés dans la vallée de Vicdessos ou dans celle de son affluent, le Siguer33. Or, certains d’entre eux ont néanmoins perdu de la population. Des feux y sont vacants, parfois en grand nombre34. On peut en conclure que, si une partie de la population est morte ou a quitté ces villages, l’augmentation de la fiscalité illustre la croissance globale des revenus de la communauté villageoise. Si des individus ont pu être touchés par la crise, les villages ont maintenu leur activité productrice, où mines et forges ont leur place.
11Malgré la désorganisation des circuits commerciaux dans un Languedoc livré dès ces années aux fléaux de la guerre et de la peste, malgré un appel possible de la main-d’œuvre vers la basse Ariège, il semble bien que l’activité de transformation et d’extraction du fer se soit maintenue dans le haut comté de Foix, sans doute à un niveau bien inférieur à celui des années de croissance. Cependant, plutôt qu’une production bouleversée, écrasée, on peut déduire des sources une production assoupie, rétrécie, mais encore prête à répondre aux sollicitations de la conjoncture. Or, dès les années quatre-vingt-dix, une nouvelle phase de croissance est engagée.
2. Le fer du comté dans la guerre du royaume
12Nous en voulons pour preuve un acte de 1394 concernant la mouline de Girent, sans doute localisée à Ournac35. À cette date et à la demande des maîtres de mouline, des travaux de terrassement d’envergure, réfection du pont et du chemin, sont entrepris pour améliorer les relations commerciales avec le Castelbon. Encore une fois, le renouveau des initiatives s’accompagne d’un gonflement de la documentation. À partir de cette date, les sources éclairent une reprise soutenue de l’activité sidérurgique et jalonnent la première moitié du XVe siècle. Le renouveau ne se limite donc pas aux quelques années qui s’ouvrent en 1390 pour s’achever vers 1415, en relation avec l’interruption momentanée des combats36. Il embrasse un demi-siècle et se perpétue, alors que le royaume vit les années les plus noires de la guerre de Cent Ans37.
13Cette situation tranche sur le contexte économique global que Gabriel de Llobet décrit pour la ville de Foix. Aucune phase de répit n’est enregistrée dans ce long dépérissement de l’économie dont témoigne la régulière réduction de la population, l’étroitesse des échanges et la médiocrité des productions. Cette atonie et même parfois la désolation se sont abattues sur une partie du comté. Dans une ordonnance de 1424, Jean Ier fait référence aux diverses locs, territoris et causas [qui] son leixatz, desertatz et desamparatz38. Encore en 1445, des lieux du consulat de Foix demeurent déserts et inhabités, derelictes et inhabitables39. En 1448, alors que la majorité des régions françaises se relève, Pradières, où les ronces ont envahi le terroir à cause des mortalitatz et autres persequcions, se voit accorder par le comte une réduction d’albergue40. Mais au même moment, le répertoire et inventaire des archives du comté de Foix rédigé par Michel du Bernis, d’où sont tirées les descriptions du consulat de Foix, offre les preuves formelles de 1’activité sidérurgique en vallée de Saurai et dans le haut Sabarthès. Aucune allusion n’y est faite à la crise de ces espaces41.
14La reprise est donc contrastée d’un secteur économique à l’autre, d’une vallée à l’autre42. Ce déséquilibre est apparu clairement au comte comme à ses hommes de loi tout au long de cette première moitié du XVe siècle. Au cours des deux procès ayant opposé le comte aux capitouls de Toulouse et au seigneur de Mirepoix, l’un et l’autre à propos des droits de leude, la défense de Jean Ier et de Gaston IV propose invariablement la même analyse de la situation économique du comté : il est pauvre, seul le fer est source de revenus. Or, il est bien connu que la guerre de Cent Ans ne fut pas synonyme de ruine pour tout le monde43. Sous le règne de Jean I (1412-1436,) le comté a pu même apparaître pour les habitants des régions environnantes du Languedoc comme un havre de paix44. Mais ce refuge était aussi proche des lieux de combat dont on sait qu’ils sont fortement consommateurs de fer. Graves sont les dévastations commises aux portes de Toulouse. Partisans des comtes de Foix et d’Armagnac s’y disputent le terrain. Les Anglais campent à Clermont-Dessus aux frontières de l’Agenais. À cela s’ajoutent les courses de Rodrigue de Villandrando : en 1438, une partie de sa compagnie s’établit à Cintegabelle. Les routiers dévastent aussi le Bas-Quercy et l’Amenais, marches frontières sans cesse disputées par les Français et les Anglais45. Parmi les zones les plus meurtries du Quercy, Jean Lartigaut isole le quadrilatère Gourdon-Labastide-Murat-Bouziès-Puy-l’Évêque au centre duquel se trouvent la région de Catus et les vallées du Vert et de la Masse46. Or, c’est là que les moulines seront créées mais aussi reconstruites à partir de 1440, confirmant la mise en place d’une zone de production sidérurgique antérieure à la fin du XVe siècle. Livrée aux combats, elle s’est effondrée, délivrant le comté de Foix d’un concurrent réel qui encore au milieu du XIVe siècle alimentait la région toulousaine. Parallèlement, Toulouse que les fers ariégeois approvisionnent de plus en plus largement au cours de la première moitié du XVe siècle, s’impose comme la grande place militaire, « noyau de résistance et base d’opérations »47. Si la production comme la commercialisation doivent s’adapter à de nouvelles conditions, l’économie de guerre n’est pas exempte, tant s’en faut, de profits. Car le comté offre effectivement toutes les caractéristiques d’une économie de guerre. L’État est de plus en plus présent dans l’économie. Les ordonnances pour la réformation du domaine, pour la fixation des prix des vivres et des logements s’ajoutent aux grandes directives comtales sur la production industrielle, qu’il s’agisse des mines (1414), des forges (1424-1448-1450) ou des draps (1415)48. Mais toutes ces ordonnances ne peuvent être placées sur le même plan. Les règlements relatifs à la sidérurgie sont plus nombreux et veulent régir non seulement les conditions de production mais également les prix de certains produits et l’organisation de la commercialisation. S’ils répondent à la nécessité comtale d’augmenter les revenus qu’en attend le prince à un moment où la pression fiscale s’appesantit sur le comté, cette réglementation est aussi l’expression d’une nouvelle ambition du niveau de production49. La sidérurgie est bien placée dans la course aux profits. La demande en armement des combattants augmente et il faut aussi répondre aux besoins des ruraux qui, sans doute moins nombreux et davantage malmenés, n’en continuent pas moins à s’approvisionner en outils, car quand une zone ne produit plus à cause des destructions, une autre est momentanément préservée50. Or, parmi les régions du Languedoc que domine la place commerçante et militaire qu’est devenue Toulouse, seul le comté est en mesure de répondre à cette demande. Ainsi, est-il un des rares espaces sidérurgiques du royaume à poursuivre sa production durant ces années difficiles, profitant même d’une conjoncture favorable propre à soutenir la définitive mise en place d’une industrie sidérurgique51. Cette évolution était en germe au cours de la première moitié du XIVe siècle. Elle est indiscutable à partir de 1390.
Notes de bas de page
1 G. de LLOBET, Foix..., op. cit.
2 La situation démographique de la ville de Foix serait comparable à celle de la Navarre montagneuse et pauvre, où la peste a définitivement cassé le dynamisme démographique, ouvrant une longue période de décroissance presque ininterrompue (courte et légère phase de reprise à la fin du XIVe siècle), un long trend de dépérissement dont Maurice Berthe a analysé la chronologie et le moteur, M. BERTHE, Famines et épidémies dans les campagnes navarraises à la fin du Moyen Âge, Paris, 1984, t. I, p. 343-452.
3 G. de LLOBET, Foix..., op. cit., p. 107-111.
4 Â titre de comparaison, rappelons que les mines et forges de Navarre ferment aux pires moments de peste et de guerre. Cependant, il semble bien qu’elles reprennent leur activité durant les périodes d’accalmie sans que l’on arrive à mesurer, dans le long terme, leur dynamisme à un moment où la société et l’économie sont profondément anémiées, M. BERTHE, op. cit., p. 294, 307, 309, 321,421 et 538.
5 Pour le comté de Foix, nous disposons de l’exemple de la ville de Foix, où la crise apparaît vers 1357, G. de LLOBET, Foix..., op. cit., p. 95. Cette datation est d’ailleurs confirmée par ce que nous savons des rythmes de l’activité sidérurgique : dans ce secteur, la rupture intervient après 1356. Le 9 avril 1425, dans une de ses ordonnances pour la réformation du comte, Jean Ier se réfère d’ailleurs aux soixante années difficiles qui viennent de s’écouler, A. de DUFAU de MALUQUER, « Documents sur le comté de Foix (XIVe et XVe siècles). Ordonnances des comtes de Foix relatives à la réformation », Bulletin de la Société ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, 1897-1898, p. 232. Dans les régions proches, la chronologie est comparable. Bien qu’incertains, c’est à partir de 1360 que les indices de la crise se multiplient pour le Quercy, J. LARTIGAUT, Les campagnes..., op. cit., p. 36-57 ; elle frappe Toulouse au plus tôt vers 1347, au plus tard vers 1357, Ph. WOLFF, Commerces..., op. cit., p. 61 et 628. Le cas de Périgueux illustre un blocage de l’économie bien antérieur à l’épidémie de 1348 par la succession des famines qui s’abattent sur la ville durant la première moitié du XIVe siècle et entraîne une première et abondante saignée de la population, A. HIGOUNET-NADAL, Périgueux aux XIVe et XVe siècles. Étude de démographie historique, Bordeaux, 1978, p. 167-168.
6 A. de DUFAU de MALUQUER, Le pays de Foix..., p. 4-6, a clairement établi que le dénombrement des feux fut engagé dès 1368 et sans doute achevé en 1374. Si le registre initial, résultat de cette première enquête, a disparu dans l’incendie de la préfecture en 1803, la « copie revue et corrigée » en 1390 du dénombrement de 1368-1374 a été conservée.
7 Dom C. DEVIC et Dont J. VAISSETTE, Histoire générale du Languedoc, op. cit., t. IX et t. X. G. de LLOBET, op. cit., p. 107, note cependant la présence de routiers dans le plat pays. La région de Pamiers semble, en effet, davantage touchée par les dévastations opérées par les combattants. Histoire de Pamiers..., op. cit., p. 118 et suiv. Ainsi, en 1360, les consuls de la ville de Foix promettent au lieutenant du maréchal du comté de Foix de prendre les armes pour défendre Saverdun, Pamiers et Mazères. Six ans plus tard, les travaux de fortification de la cité fuxéenne sont engagés, BNF, collection Doat, vol. 96, fol. 146.
8 Depuis l’article d’Édouard Perroy consacré aux crises de la fin du Moyen Age, É. PERROY, « À l’origine d’une économie contractée : les crises du XIVe siècle », Annales E.S.C., 1949, p. 167-182, signalons celui de Ph. CONTAMINE, « La guerre de Cent ans en France : une approche économique ». Bulletin of the Institute of historical Research, 1974, p. 125-149, qui propose une recension et une synthèse des travaux disponibles au moment de sa publication. Depuis, les études consacrées aux bouleversements économiques de la fin du Moyen Âge se sont multipliées. Pour une bibliographie exhaustive, se reporter aux thèses les plus récentes, G. BOIS, Crise du féodalisme, Paris, 1981 ; M. BERTHE, Famines et épidémies..., op. cit. ; M. LE MENÉ, Les campagnes angevines à la fin du Moyen Âge (vers 1350-vers 1530). Étude économique, Nantes, 1982. Consulter également G. BOIS, « Sur les crises économiques médiévales », Acta medaevalia historica et archaelogica, 1995-1996, p. 61-69.
9 G. de LLOBET, op. cit., p. 108, note 29.
10 Le rôle des feux de 1390 propose un décompte précis du nombre des feux allumants auxquels sont associés les feux fiscaux. Cette caractéristique est suffisamment rare à l’époque pour être notée. En effet, à partir de 1362, les relevés de feux du midi de la France, sans correspondre systématiquement à de pures abstractions fiscales, enregistrent davantage les feux fiscaux que les feux réels, M.-A. ARNOULD, Les relevés de feux, fasc. 18, Turnhout, 1976 (Typologie des sources du Moyen Âge occidental), p. 31-32. Voir à ce sujet les études de A. HIGOUNET-NADAL, Les comptes de la taille et les sources de l’histoire démographique de Périgueux au XIVe siècle, Paris, 1965, p. 66-71 et le compte rendu qu’elle a publié de l’étude de Muriel van Elsuwé portant sur la révision des feux en Gascogne à la fin du XIVe siècle, M. LAHARIE-VAN ELSUWÉ, « La révision des feux en Gascogne orientale aux XIVe et XVe siècles », Annales du Midi, 1970, p. 418. Il paraît utile de signaler à cette occasion les travaux consacrés à des relevés de feux dans le sud-ouest du royaume, A. HIGOUNET-NADAL, « Un dénombrement des paroisses et des feux de la sénéchaussée de Périgord en 1365 », Bulletin philologique et historique (jusqu’à 1610) du Comité des Travaux historiques et scientifiques, 1962, Paris, 1965, p. 307-345 ; Fr. MAILLARD et R.-H. BAUTIER, « Un dénombrement des feux, des individus et des fortunes dans deux villages du Fenouillèdes en 1306 », Bulletin philologique et historique (jusqu’en 1610) du Comité des Travaux historiques et scientifiques, 1965, Paris, 1966, p. 309-328 ; M. BOURINDERRUAU, Villages médiévaux en Bas-Languedoc, op. cit., t. II, p. 211-224.
11 À Ax, on décompte plus de 100 feux vacants pour 252 allumants, A. de DUFAU de MALUQUER. op. cil., p. 122-129.
12 Dans la liste des feux allumants, nous n’avons comptabilisé ni les moulines, ni les moulins qui, dans le rôle du comté, leur sont assimilés, et correspondent souvent à plusieurs feux.
13 Remarquons qu’en 1390, le hameau d’Artiès, qui apparaît dans la description des limites du comté de Foix dressée en 1272, n’est pas recensé. Il est impossible de savoir à quand remonte sa disparition.
14 En Béarn, les demi-feux correspondent à des foyers ne renfermant qu’une seule personne, P. TUCOO-CHALA, Gaston Fébus..., op. cit., p. 213 ; G. de LLOBET, Faix..., op. cit., p. 99.
15 F. PASQUIER, Le cartulaire de Mirepoix, op. cit., t. I, p. 72-73.
16 A. de DUFAU de MALUQUER, op. cit., p. 10 ; A. GARRIGOU, Études historiques sur l’ancien pays de Foix et le Couserans, Toulouse, 1846, p. 265.
17 G. de LLOBET, op. cit., p. 110-111.
18 P. TUCOO-CHALA, « La peste de 1348 en Béarn », Revue régionaliste des Pyrénées, 1951, p. 80-85. Jean-Noël Biraben confirme l’analyse de Pierre Tucoo-Chala et l’élargit à d’autres régions du Languedoc, J.-N. BIRABEN, Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, Paris-La Haye, 1975-1976, p. 104-105. Cependant, E. LE ROY LADURIE, Les Paysans..., op. cit., p. 18, affirme qu’à partir de 1363, « la peste des montagnes commence à égaliser » les mortalités.
19 À partir de l’analyse du rôle des feux, ce type de migration a été mis en évidence entre Ax et Foix par G. de LLOBET, op. cit., p. 100, note 11. Il est étudié dans la ville de Périgueux par A. HIGOUNET-NADAL, Périgueux..., op. cit., p. 516-542.
20 A. de DUFAU de MALUQUER, op. cit., p. 142-147.
21 Dix localités du comté ont obtenu, lors de la mise à jour de 1390, une réduction des feux fiscaux. Il s’agit, dans l’ordre du rôle, de Ganac (réduction d’un feu), Verniolle (8), Ournac (4), Goulier (3/4 de feu), Ascou (1), Rabat (4), Miglos (1), Arconac (1) et Montgailhard (4).
22 Ph. WOLFF, Commerces..., op. cit., p. 40-49. Encore en 1405, le bourg de Montesquieu-Volvestre se remet difficilement des récentes années de crise, Ph. WOLFF, « Montesquieu-Volvestre en 1405, notes de démographie et d’histoire sociales », dans Actes du18e Congrès de la Fédération des Sociétés académiques et savantes de Languedoc-Pyrénées-Gascogne, Saint-Gaudens et le Comminges, Tarbes, 1963, p. 159-164.
23 Bib. mun. de Toulouse, ms. 641, fol. 36v°.
24 Tout en faisant remarquer que ce mode d’investigation aboutit à une grossière approximation, puisque la faiblesse de la documentation résulte aussi et surtout de son mode de conservation, J. LARTIGAUT, Les campagnes..., op. cit., p. 55-57, comptabilise les actes dont il dispose sur certaines seigneuries de 1290 à 1440 pour proposer une chronologie possible de la crise.
25 Arch. dép. Ariège, E 357, fol. 6.
26 Arch. dép. Ariège, E 357, fol. 8v°-9v° (trois actes).
27 Arch. dép. Ariège, E 357, fol. 27v°. Outre les cas mentionnés, Tarascon compte également deux autres forgerons, Pierre Catalan et Guilhem Gancier, Arch. dép. Ariège, E 357, fol. 25 30v°-31.
28 Arch. mun. de Toulouse, FF 26, p. 132.
29 En effet, les outils de production sont assimilés aux feux allumants et sont souvent comptabilisés pour plusieurs feux.
30 C’est du moins la conclusion que l’on peut tirer d’une page restée blanche à la suite de l’énumération de feux, alors que le total n’est pas reporté en fin de paragraphe.
31 Aujourd’hui, sans doute à la suite du traitement chimique qui a été opéré sur ce document, la dégradation s’est poursuivie et contrairement à ce qu’avait pu constater Armand de Dufau de Maluquer, les folios consacrés à ces zones sidérurgiques ne sont pas plus abîmés que bien d’autres, Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques, E 414.
32 Le calcul des feux fiscaux découle du nombre des feux allumants. Un feu allumant, regroupant des censitaires du comte équivaut à un feu fiscal. Cependant, tout foyer dépendant d’un autre seigneur n’est compté que pour un demi-feu d’imposition au profit du comte A. de DUFAU de MALUQUER, op. cit., p. 11.
33 Sentenac (plus 1 feu et demi), Gesties (3), Saleix (3/4 de feu). III ier (3), Lercoul (2), Siguer (1,5) et Sent (1), A. de DUFAU de MALUQUER, op. cit., p. 79, 104. 105, 109, 148, 166, et 167.
34 Ainsi, Saleix comprend 3 feux vacants sur 24 feux allumants, Illier, 2 sur 12, Lercoul 1 sur 14, Siguer 13 sur 54 et Sem 1 sur 12. Rappelons que pour Siguer les feux vacants correspondent à un quart des feux allumants.
35 Arch. dép. Ariège, E 95, fol. 17v°-18v°.
36 Ce relatif répit favorisa la reprise momentanée de l’économie languedocienne, Ph. WOLFF, Commerces..., op. cit., p. 629 ; J. COMBES, « Les foires en Languedoc » op cit., p. 254.
37 La Bretagne profite d’une semblable conjoncture, J.-P. LEGUAY et H. MARTIN. Fastes et malheurs de la Bretagne comtale, 1203-1532, Rennes, 1982, p. 230.
38 A. de DUFAU de MALUQUER, « Documents sur le comté de Foix... », op. cit., p. 232.
39 Il s’agit de Villeneuve-de-Bosc, Saint-Jean-de-Verge. Labarre, Saint-Martin-de-Caralp et Montlaur. En outre, dans la vallée de La Barguillière, la mouline d’Andronne et un des moulins à scier du comte sont détruits à cette date, A. de DUFAU de MALUQUER, « Documents sur le comté de Foix (XIVe-XVe siècles). Le consulat de Foix en 1445 », Bulletin de la Société ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, 1897-1898, p. 254, 260 et 265.
40 A. de DUFAU de MALUQUER, « Documents sur le comté de Foix (XIVe -XVe siècles). Ordonnances... », op. cit., p. 244-246.
41 Arch. dép. Pyrénées Atlantiques, E 392, fol. 64v°, loi. 67-69.
42 On retrouve ici une des caractéristiques de la crise de la fin du Moyen Age : sa parcellisation.
43 Ph. WOLFF, Commerces..., op. cit., p. 62 ; J.-P. LEGUAY et H. MARTIN, op. cit.
44 J. FLOURAC, Jean C, comte de Foix, vicomte souverain de Béarn, lieutenant du Roi en Languedoc, étude historique sur le sud-ouest de la France dans le premier tiers du XVe siècle Paris, 1884, p. 175.
45 Parmi les régions du royaume qui ont subi de considérables destructions, Robert Boutruche retient, pour la France du Midi, l’Agenais et le Quercy, R. BOUTRUCHE, « La dévastation des campagnes pendant la guerre de Cent Ans et la reconstruction agricole de la France », Études historiques, Faculté des Lettres de Strasbourg, fasc. 106, 1947, p. 134. Ces régions sont en effet repeuplées à la fin du XVe siècle par un fort courant d’émigration. Ch. HIGOUNET, « Mouvements de population dans le midi de la France du XIe au XVe siècle d’après les noms de personne et de lieu », Annales E.S.C., 1953, p. 22. Cette appréciation est confirmée par J. LARTIGAUT, « Témoignages sur la dépopulation du Quercy au XIVe siècle », Annales du Midi, 1972, p. 5-15 qui, par ailleurs, signale que des hommes du comté repeuplent le Quercy, à partir de 1450, J. LARTIGAUT, Les campagnes..., op. cit., p. 414-415
46 J. LARTIGAUT. « Témoignages... », op. cit., p. 14.
47 Ph. WOLFF, Commerces..., op. cit., p. 62.
48 La réformation du domaine entreprise en 1416 n’est toujours pas achevée en 1459. Ainsi, n’est-il pas étonnant que Gaston IV la qualifie en 1444 de laboriose, longue et somptuose. Les ordonnances qui en précisent les buts et les modalités illustrent la volonté de récupérer les droits et les biens du comte, souvent perdus ou détournés. Jean Ier est formel en 1416, il s’agit, dès l’origine de la réformation, de s’opposer aux gentils, gens de gleysa et autres [que] se han occupat, et de jorn en jorn, occupan nostre domayne et patrimoni et de aquetz se han apropriatz en diverses condicions et maneyres, A. de DUFAU de MALUQUER, « Documents sur le comté... », op. cit., p. 228. L’ordonnance réglementant le prix des vivres et des logements date de 1424, H. COURTEAULT, « Ordonnances et règlements relatifs à l’administration du comté de Foix au XVe siècle », Bulletin de la Société ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, 1897, p. 98-99.
49 Ph. BRAUNSTEIN, « Le travail minier au Moyen Âge d’après les sources réglementaires », dans Le travail au Moyen Âge, une approche interdisciplinaire. Actes du Colloque international de Louvain-la-Neuve, mai 1987, J. HAMESSE et C. MURAILLESAMARAN éd, Louvain-la-Neuve, 1990, p. 330.
50 Cette hausse du volume de la demande dans le secteur de la sidérurgie et plus particulièrement dans celui de l’armement est aujourd’hui mieux connue des historiens, Cl. GAIER, L’industrie et le commerce des armes dans les anciennes principautés belges du XIIIe à la fin du XVe siècle, Paris, 1973, p. 88-104 ; Ph. CONTAMINE, « La guerre de Cent Ans... », op. cit., p. 134-136.
51 La majorité des études consacrées à l’exploitation sidérurgique pendant la guerre de Cent Ans dans le royaume de France, en Normandie, Champagne et Bourgogne, conclut à la nette réduction, sinon à la disparition des unités de production, M. ARNOUX, Mineurs, férons..., op. cit., p. 343-351 ; D. CAILLEAUX, « Les religieux et le travail du fer en forêt d’Othe (XIIe -XVIe siècle) », dans Moines et métallurgie..., op. cit., p. 193-211 ; C. VERNA, Les mines et les forges des Cisterciens, op. cit. Les témoignages sur la sidérurgie de la région de Saint-Dizier, si dynamique au XIIIe siècle, s’interrompent jusqu’au milieu du XVe siècle au moment où le procédé wallon se diffuse dans cette région et permet de relancer la production, M. PHILIPPE, « Un épisode métallurgique de la guerre franco-lorraine au XVe siècle. Le procès de Roches-sur-Marne », Études rurales, 1992, p. 59. La sidérurgie lorraine semble faire exception, A. GIRARDOT, « À propos d’un bail de forge en 1391 : fonte et forges hydrauliques en Lorraine au XIVe siècle », Annales de l’Est, 1976, p. 275-285 ; M. LEROY, La sidérurgie en Lorraine avant le haut fourneau. L’utilisation du minerai de fer oolithique en réduction directe, Paris, 1997, p. 228.
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