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Géographie historique du monde méditerranéen

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Hélène Ahrweiler

Première partie. Contributions sur le monde méditerranéen

Quelques nouvelles donneés sur lʼadministration byzantane au Bas Danube (fin du xe-xie s.)

Ivan Jordanov et Vasilka Tǎpkova-Zaimova

Texte intégral

1Les molybdobulles, découverts ces dernières années dans les villes de Preslav, Silistra, etc., sont d’une importance de premier ordre pour l’étude du régime administratif que Byzance établit dans la région du Bas Danube, une première fois après 971 et puis, de nouveau, après l’an 1000.

2S’en retournant à Constantinople après « avoir rendu la Mésie aux Romées », Jean Tzimiscès établissait un premier gouvernement.

  • 1 I. Jordanov, Novi danni za Preslav v kraja na X v., Rc. Preslav, III, Varna, 1983, p. 106-107, n. (...)
  • 2 Molybdobulles non publiés au nombre de 7. Étant donné que la lecture de Ioannoupolis est incertain (...)
  • 3 Ibidem, p. 159.

3Ce nouveau régime est attesté tout d’abord par quelques plombs trouvés à Preslav, l’ancienne capitale bulgare. Il semble que le nom de Ioannoupolis, attesté par les chroniques, n’a pas été donné immédiatement à Preslav, parce que 7 molybdobulles datés de la fin du xe s. y ont été trouvés avec le nom de Jean, patrice et stratège de Preslav1. Une fois revenu à Constantinople où il dépouille le tzar bulgare de ses insignes, Jean Tzimiscès procède aux nouvelles mesures administratives et établit la stratégie de Ioannoupolis (— Ἰωαννούπολις, l’ancienne Preslav) où il nomme stratège Katakalô, également protospathaire et stratège de Ioannoupolis2. Un autre stratège de cette même période serait Pierre, protospathaire, représenté par 2 plombs3.

  • 4 I. Jordanov, Koj bǎlgarski grad e bil narečen Teodoropol, Vekove, 1983. p. 38-63.

4A son tour la Petite Preslav (Preslavitza - Περσϰλάϐιτζα) aura été surnommée Théodoroupolis (Θεοδωρούπολις), en l’honneur de Théodore Stratélate, le protecteur du basileus au cours de sa campagne. Ce nouveau commandement aura été placé à la tête d’un catépanat : le premier catépano de Théodoroupolis est Sisinnios, protospathaire, représenté par 4 molybdobulles4.

  • 5 Idem, Pečati na Leon Sarakinopul ot Preslav, Archeologia, 1982, 1, p. 14.

5Dorostolon devient le centre d’une stratégie dont le gouverneur est le personnage très connu par les molybdobulles, Léon Saracénopoulos. Celui-ci est représenté en sa qualité de stratège de Dorostolon par 2 plombs5.

  • 6 Idem, Molivdovuli na Damian Dobromir duk na Trakia i Mesopotamia, Bulletin du Musée National de Va (...)

6Une nouvelle formation administrative est constituée par le duché de Thrace et Mésopotamie, ayant pour chef (duc) l’antipate Damien Dobromir. Ce duché devait être un grand centre administratif dont dépendaient peut-être le catépanat de Théodoroupolis et les stratégies de Philippopolis, Berrhoé et Ioannoupolis-Dorostolon6. Une remarque s’impose ici : c’est la présence d’un duc d’origine vraisemblablement bulgare. Le fait est rare, étant donné que les armées et leurs commandants étaient ordinairement envoyés dans des régions assez éloignées de leur lieu d’origine.

  • 7 N. Oikonomidès, Les listes de préséance byzantines des ixe et xe siècles, Paris, 1979, p. 354, 363 (...)

7De plus, ce nom de Mésopotamie donne quelques éclaircissements ultérieurs à un problème assez discuté après la parution du Taktikon Oikonomidès : il s’agit de l’emplacement de cette «  Mésopotamie »7. Le plomb de Dobromir confirme l’existence dans les Balkans d’un commandement du nom de Mésopotamie.

  • 8 V. ci-dessus n. 6 (et la littérature antérieure).

8Il semble que dans une seconde phase, après la conquête, nous avons encore un autre changement administratif; c’est la fusion déjà mentionnée de deux stratégies — Ioannoupolis et Dorostolon. Léon Saracénopoulos continue de résider à Dorostolon, mais en tant que stratège « de Ioannoupolis et Dorostolon »; 19 de ses plombs ont été trouvés à Preslav (— Ἰωαννούπολις, Ioannoupolis) où il envoie sa correspondance8.

  • 9 V. les divers cas chez N. Oikonomidès, Les listes..., p. 362.

9Une autre remarque que l’on pourrait faire, c’est que le gouvernement administratif que nous venons de décrire paraît fort plausible, mais il est possible aussi qu’il y ait eu en même temps des gouverneurs-stratèges de villes et de régions. Ainsi, Léon Saracénopoulos pourrait agir parfois comme stratège seulement de la ville de Dorostolon et parfois comme représentant du commandement Iaonnoupolis-Dorostolon. De même, nous attirons l’attention sur un détail — la ville de Dorostolon apparaît tantôt sous ce nom, tantôt sous le nom de Dristra9, ce qui veut dire qu’il y a une certaine archaïsation dans ces nouvelles appellations.

  • 10 I. Jordanov, Novi danni ..., p. 107-110.

10En tant que stratège de Thrace et Ioannoupolis, Léon Saracénopoulos a été remplacé à ce poste par Théophane, protospathaire, représenté par 3 molybdobulles et puis par Nicéphore Xiphias, ayant le même titre et représenté par 1 plomb10.

  • 11 Idem, Etablissement administratif byzantin à Preslav aux xe-xie s., XVI. Internationaler Ryzantini (...)

11Nous abordons déjà l’époque de Basile II. Que représente Preslav à cette époque-là, toujours d’après les témoignages des molybdobulles ? On y a trouvé des sceaux d’un personnage très connu de l’entourage de Basile II. C’est Léon Mélissénos, représenté en tant que domestique des Scholies de l’Occident. Ceci confirme le fait que Preslav est restée byzantine jusqu’en 98611.

  • 12 Ibidem, p. 39.

12En effet, les événements se précipitent. Suit la campagne du patrice Théodorakanos et du protospathaire Nicéphore Xiphias au nord de l’Hémus. Les forces impériales occupent la Grande et la Petite Preslav, ainsi que Pliska. Nous avons déjà mentionné les molybdobulles de Xiphias qui a été auparavant stratège de Thrace et Ioannoupolis; comme tel, il se voit remettre le commandement d’une partie des forces armées. Sur les sceaux qui se trouvent à Preslav, Théodorakanos est indiqué comme duc d’Adrianople12.

  • 13 I Jordanov, La stratégie Preslav..., p. 159.

13Devenue une nouvelle fois byzantine, la ville de Preslav ne porte plus le nom de Ioannoupolis qui lui a été donné par Jean Tzimiscès. Elle a repris son ancien nom — Περέσλαϐα — sur les sceaux de son stratège Constantin Karanténos, identique peut-être avec le beau-frère de Romain III, et Μεγάλη Περσθλάϐα sur le sceau d’Andronic Doukas, de la grande famille des Doukas13.

  • 14 I. Jordanov, Molivdovuli na stratezi na Preslavitza ot XI vek., Numizmatica, 1, 1984, p. 5-12.
  • 15 La concentration de cette correspondance importante est attestée par les fouilles de Preslav où l’o (...)

14De même, la Petite Preslav est mentionnée comme Περσθλάϐίτζα sur les sceaux de ses stratèges Aétios, Mélias, Omalis, Malésios, Léon Pégonite14. Ce dernier est sans aucun doute apparenté au stratège de Dyrrachium Nicétas Pégonite, le vainqueur du dernier tzar bulgare Jean Vladislav. Le fait que ces deux derniers stratèges sont parmi les correspondants de la stratégie de Preslav est significatif — il indique qu’il y avait une bonne coordination entre les divers commandements de tous les territoires bulgares en voie d’annexion15.

15L’autre centre de grande activité politique et militaire que nous avons mentionné, c’est-à-dire Dorostolon-Dristra, a continué de jouer un rôle important dans l’administration byzantine pendant le xie s.

  • 16 I. Jordanov, Silistra, I, p. 109, n. 16.

16Les trouvailles de molybdobulles élargissent quelque peu notre horizon à ce sujet. Nous avons un nouveau plomb de « Théodore primicier » qui rappelle le sceau, connu antérieurement de « Théodore, primicier et stratège de Dristra », daté de la fin du xe-début du xie s.16.

  • 17 V. Tăpkova-Zaimova, Dolni Dunav, p. 55-56 (et la littérature s’y rapportant).
  • 18 I. Jordanov, Neizdadeni vizantijski pečati ot Silistra (II), Bulletin du Musée National de Varna, (...)

17Nous sommes en possession aussi d’un nouveau plomb de David, « protospathaire et stratège de Thrace et de Dristra ». On connaît la discussion sur la période pendant laquelle une unité administrative de ce genre aurait pu être réalisée. P. Diaconu et I. Božilov sont d’avis que ceci a eu lieu immédiatement après l’an 1000. Laurent estime que cette fusion des territoires de Thrace et de la Bulgarie du Nord s’est imposée après une des invasions de Pétchénègues. Barnea opte pour l’invasion pétchénègue de l’année 1036. Stănescu revient un peu en arrière, jusqu’aux années autour de la mort de Basile II. V. Tăpkova-Zaimova remarque que, lors de la conquête de la Bulgarie du Nord, Théodorakanos occupant le poste de stratège de Philippopolis et étant remplacé en 1003 par Xiphias, une fusion entre la Thrace et la Bulgarie du Nord n’a pas été pratiquement possible pendant cette même période17. Le nouveau plomb, publié par I. Jordanov, ne donne pas de nouvelle solution au problème. Mais Jordanov remarque que le titre de David est assez modeste pour un commandant au cours de cette époque18. Or, ceci est un argument en faveur d’une datation au moins antérieure à celle où Tzotzikios l’Ibérien occupait le poste de stratège de Dristra, d’après Scylitzès (on sait qu’il informa Basile II sur les négociations avec les Pétchénègues en 1017).

  • 19 V. Tăpkova-Zaimova, Dolni Dunav, p. 59-61.

18Les années vingt du xie s. nous mettent en présence de la formation du thème de Paristrion ou Paradounavon. Sans nous arrêter sur les discussions qui ont surgi depuis Zlatarski et Bãnescu à ce sujet, nous nous contenterons de répéter que l’un de ses gouverneurs des années 40, Katakalon Kékauménos, qui nous est connu par les sources écrites, n’est pas mentionné sur les molybdobulles trouvés jusquʼà présent19. Par contre, Démétrius Katakalon et son gouvernement à Dristra sont attestés par plusieurs plombs. Détail intéressant : Démétrius y est appelé « catépano du Paradounavon » (τοῦ Παραδουνάϐου). Nous y reviendrons ci-dessous.

  • 20 I. Jordanov, Silistra, I, p. 104.
  • 21 A. Avraméa, Inventaires en vue d’un recueil des inscriptions historiques de Byzance IV. Inscriptio (...)

19I. Jordanov remarque aussi que celui-ci est seulement antipate et patrice, un titre inférieur à ceux des autres catépano de la fin du xie s. (on admettait généralement qu’il était duc du Paristrion à l’époque d’Alexis Comnène, vers les années 1080). C’est pourquoi, il faudrait reculer un peu les années de son gouvernement vers le milieu du siècle, après Michel, « le fils d’Anastase », connu uniquement par les sources écrites et identifié par certains chercheurs avec l’acolouthe Michel qui joue un rôle important dans la guerre petchénègue des années 5020. Une autre information qui nous a été fournie récemment par A. Avraméa semble confirmer cette datation. En effet, Démétrius Katakalon figure sur un autre plomb déjà comme protoproèdre et peut-être un peu auparavant, il est mentionné sur une inscription sur une église de Thessalie comme poèdre et fondateur de cette église. Ce seraient donc les étapes suivantes de sa carrière21.

  • 22 La discussion a surgi en rapport avec la notule du moine Théodule et, le testament de Boilas. Zlat (...)

20Son successeur est vraisemblablement Basile Apocape, un personnage très connu et dont le nom et les titres ont soulevé une vive discussion22.

  • 23 Nous nous heurtons à quelques détails de la vie d’Apocape. Il gouverne Édesse, étant un des famili (...)
  • 24 I. Jordanov, Molybdobulles nouvellement découverts de Basile Apokapès, Études Balkaniques, 1, 1986 (...)
  • 25 Publication préparée par I. Jordanov.

21Le curriculum vitae d’Apocape est à peu près le suivant. Il est d’origine arménienne et un des familiers de David le Couropalate. Il est gouverneur d’Édesse entre 1036 et 1038. En 1054/5 il est commandant de Mantzikert avec le titre de patrice. Il participe, semble-t-il, à la guerre petchénègue en tant que duc du Paristrion23. Sur le plomb Apocape est indiqué comme « vestes et duc » et comme commandant en chef des armées impériales (τῶν Ῥωμαίων)24. En tant que tel, il agit avec Nicéphore Botaniate. Dans les années 70 il est de nouveau à Vaspourakan et Édesse, ce qui est encore confirmé par 2 plombs25.

  • 26 V. Tăpkova-Zaimova, Dolni Dunav, p. 61, n. 76.
  • 27 Plombs, encore non publiés, de Preslav.
  • 28 G. Zacos, Byzantine Lead seals, vol. II, n. 602.

22Dans le cadre de nos connaissances actuelles sur l’administration byzantine du Bas Danube dans la deuxième moitié du xie s., nous pouvons énumérer encore les personnages suivants : Siméon, veste et catépano du Paradounavon, connu par 3 plombs et qui a occupé peut-être ce poste lors des années 60-70 (la datation de ces plombs est à même de corriger l’opinion de Bănescu qui le plaçait dans les années 20)26. Ce même Siméon est connu par deux nouveaux plombs, où il figure ultérieurement comme vestarque et catépano d’Andrinople et de Mesembrie27. Il serait suivi, au poste de catépano du Paradounavon, par Michel qui porte le titre de vestarque28.

  • 29 Fontes Graeci Historiae Bulgaricae, VI, 183-184; VII, 202.

23Ceci nous conduit au gouvernement du célèbre Nestor, vraisemblablement Bulgare « de l’Illyricum » qui est indiqué dans les sources écrites avec plusieurs titres lors de sa carrière mouvementée. En effet, Attaliate l’appelle tantôt « catépano de Dristra », tantôt « satrape », tantôt « acrite »29 et Zonaras — « vestarque et duc τῶν Παριστρίων ».

  • 30 G. Zacos, op. cit., n. 530, 956.

24Voici les noms de quelques autres représentants du gouvernement byzantin au cours du xie s. Ce sont Basile « ἐϰ προσώπου » du Paradounavon et Jean, « turmarque du Paradounavon »30.

  • 31 Chez W. Seibt, Die Byzantinischen Bleisiegel in Österreich, Band I, Wien, 1978, le cursus honorum (...)
  • 32 B. Skoulatos, Les personnages byzantins de lʼAlexiade (analyse prosopographique et synthèse), Louv (...)

25Le dernier gouverneur du Paradounavon que nous connaissions à l’époque d’Alexis Comnène, est Léon Nikéritès qui reçoit ce gouvernement après le rétablissement de l’« ordre » byzantin et les événements qui ont suivi la révolte de Nestor. Les sceaux de Nikéritès ne nous donnent pas d’information supplémentaire sur son poste et ses dignités31. Albert d’Aix l’appelle « dux Bulgarorum », ce qui fait supposer qu’il occupait ce poste encore en 1096, lors du passage des croisés de Pierre l’Hermite32. Mais ne pourrait-on pas se demander aussi si cette indication ne signifierait pas qu’il a été nommé chef du thème de Bulgarie ? Ou bien Albert, écrivant en latin, serait-il peu familier avec les dignités byzantines ?

  • 33 H. G. Ahrweiler, Recherches sur l’administration de l’empire byzantin aux ixe-xie s., B.C.H. 84, 1 (...)
  • 34 V. Tăpkova-Zaimova, Dolni Dunav..., p. 63-65.
  • 35 Fontes, VIII, p. 97, 52.
  • 36 Cependant Zonaras parle, comme nous l’avons indiqué ci-dessus, seulement de « Paristrion », mais Z (...)

26La dignité des gouverneurs du Bas Danube à l’époque byzantine, c’est-à-dire au xe s., est quelquefois « catépano », quelquefois « duc ». Ceci semble confirmer l’opinion émise que ces deux termes sont équivalents33. Le nom du thème est toujours indiqué comme « Paradounavon » sur ces mêmes plombs, comme nous l’avons indiqué jusqu’à présent. Or, c’est là un problème qui est discuté depuis longtemps. « Παρίστριον » et « Παρίστρια » τῶν ϰατὰ (παρὰ, περὶ) τὸν Ἴστρον πόλεις, etc., sont-elles des appellations équivalentes34 ? Il semble maintenant que le terme administratif serait plutôt « Paradounavon », traduction du bulgare «  Podunavie ». Les textes de Anna Comnène semblent confirmer cette supposition. En effet, lorsqu’elle parle de la nomination de Nikéritès, l’illustre princesse écrit « duc de Paradounavon »35, tandis que rapportant les événements en général, elle emploie l’appellation commune de « Paristrion »36.

27Et voici encore quelques conclusions qui s’imposent.

  • 37 Sur la frontière byzantine v. en général : Actes du XIVe Congrès International des éludes byzantin (...)

28La sigillographie fournit une information précieuse, complétant nos connaissances puisées chez les auteurs byzantins. En premier lieu, nous avons une plus stricte connaissance des noms et titres des dignitaires byzantins qui ont gouverné les régions du Bas Danube et certaines possibilités de fixer des dates plus précises. En deuxième lieu, nous nous rendons compte que nous avons pas mal de choses à compléter dans les Tactica sur le problème des régions frontalières byzantines, en général, et sur ce qui est commun ou différent entre la frontière orientale et la frontière occidentale37.

  • 38 Ceci est confirmé surtout par les trouvailles des plombs de quelques commerciaires à Dristra et à (...)

29On a remarqué que la frontière arménienne a joui dʼune tranquillité relative, du fait que le régime byzantin bénéficiait d’un certain support de la part des Arméniens chalcédonites. C’est pourquoi le régime y a été plus lâche. Par contre, sur la frontière danubienne, il y a une atmosphère toujours hostile à Byzance, non seulement à cause de la présence de la population bulgare, mais aussi à cause des invasions réitérées des populations nomades, venant du Nord. Ceci imposait naturellement un régime à la fois plus souple et plus serré. Les nombreux changements qui sont à constater et qui sont surtout reflétés dans la sigillographie, en sont un témoignage. En même temps, il semble que le Danube n’a cessé de favoriser les relations commerciales et que le trafic a continué d’y exister, mettant en contact permanent les habitants indigènes, les militaires byzantins établis à domicile et les envahisseurs38. Tout ceci confirme une fois de plus combien les périodes de guerre et de paix se succédaient, conférant à l’époque une physionomie digne d’être étudiée à longue échéance.

Notes

1 I. Jordanov, Novi danni za Preslav v kraja na X v., Rc. Preslav, III, Varna, 1983, p. 106-107, n. 1.

2 Molybdobulles non publiés au nombre de 7. Étant donné que la lecture de Ioannoupolis est incertaine, I. Jordanov estime qu’on pourrait formuler aussi une autre proposition, à savoir que Katakalo aurait été Stratège de Ilioupolis, nom donné éventuellement à l’autre capitale bulgare Pliska. V. I. Jordanov, La Strategie Preslav aux xe-xie s. selon les données de la sphragistique, The 17th International Byzantine Congress. Abstracts of short papers, Washington, 1986, p. 159.

3 Ibidem, p. 159.

4 I. Jordanov, Koj bǎlgarski grad e bil narečen Teodoropol, Vekove, 1983. p. 38-63.

5 Idem, Pečati na Leon Sarakinopul ot Preslav, Archeologia, 1982, 1, p. 14.

6 Idem, Molivdovuli na Damian Dobromir duk na Trakia i Mesopotamia, Bulletin du Musée National de Varna, 20 (35), 1984, p. 99-104.

7 N. Oikonomidès, Les listes de préséance byzantines des ixe et xe siècles, Paris, 1979, p. 354, 363, 409; V. Tăpkova-Zaimova, Dolni Dunav — granična zona na vizantijskia zapad, Sofia, 1976, p. 7sq. ; I. Božilov, Anonimăƚ na Haze. Bălgaria i Bizantia na Dolnia Dunav ν kraja na X vek, Sofia, 1979, p. 186-196.

8 V. ci-dessus n. 6 (et la littérature antérieure).

9 V. les divers cas chez N. Oikonomidès, Les listes..., p. 362.

10 I. Jordanov, Novi danni ..., p. 107-110.

11 Idem, Etablissement administratif byzantin à Preslav aux xe-xie s., XVI. Internationaler Ryzantinistenkongreß, Akten II/2, JÖB, 32/2, p. 38.

12 Ibidem, p. 39.

13 I Jordanov, La stratégie Preslav..., p. 159.

14 I. Jordanov, Molivdovuli na stratezi na Preslavitza ot XI vek., Numizmatica, 1, 1984, p. 5-12.

15 La concentration de cette correspondance importante est attestée par les fouilles de Preslav où l’on a découvert un édifice public. Cet établissement a non seulement reçu des lettres officielles ou privées avec les cachets correspondants qui nous servent aujourd’hui de documents, mais on y fabriquait aussi des molybdobulles, comme l’indiquent certaines matrices, ainsi que des déchets formés par des spécimens mal réussis et délaissés, etc.

16 I. Jordanov, Silistra, I, p. 109, n. 16.

17 V. Tăpkova-Zaimova, Dolni Dunav, p. 55-56 (et la littérature s’y rapportant).

18 I. Jordanov, Neizdadeni vizantijski pečati ot Silistra (II), Bulletin du Musée National de Varna, XXI (36), 1985, p. 101-102.

19 V. Tăpkova-Zaimova, Dolni Dunav, p. 59-61.

20 I. Jordanov, Silistra, I, p. 104.

21 A. Avraméa, Inventaires en vue d’un recueil des inscriptions historiques de Byzance IV. Inscriptions de Thessalie, Travaux et Mémoires, X, 1987, p. 370-371 n° 14.

22 La discussion a surgi en rapport avec la notule du moine Théodule et, le testament de Boilas. Zlatarski suppose que Basile, mentionné par Théodule, et Basile Apocape sont deux personnages différents et que Παρχδοῦναϐις de la notule est un surnom de Basile Alousianos, gouverneur d’Édesse en 1068. Or, cette identification n’est pas possible, étant donné que dans le testament de Boilas le père de Basile porte le nom de Michel et non d’Alousianos. A son tour, Bǎnescu s’efforce de démontrer que Παραδοῦναϐις n’est pas un surnom, mais un titre du magistre Basile qu’il identifie avec Basile Apocape. Vryonis identifie également Michel avec Apocape — familier de David le Couropalate, et son fils Basile — le magistre, avec Basile — le gouverneur du Paristrion. Lemerle partage le même point de vue. A son tour Bartikian remarque que le duc Michel ne pourrait être père de Basile, le chef du thème de Paristrion, étant donné que Michel n’est plus ce de monde en 1059, tandis que le père de l’archonte Basile gouvernait Édesse en 1065. Jusbašjan revient à l’ancienne lecture de la notule, considérant que le magistre Basile, fils du duc Michel (d’après le testament) et le magistre Basile, duc du Paradounavon, sont une seule et même personne. Voir V. A. Arutjunova-Fidanjan, Armjane halkidonity na vostočnyh granicah vizantijskoj imperii (XI v.). Erevan, 1980, p. 132-134.

23 Nous nous heurtons à quelques détails de la vie d’Apocape. Il gouverne Édesse, étant un des familiers de David le Couropalate qui meurt en 1001, ce qui signifie qu’au début du siècle il devait avoir au moins 15 ou 16 ans. Il participe à la défense de Mantzikert, à l’âge de 70 ans. Libéré de captivité chez les Ouzes, il revient à Édesse après une interruption de 30 ans et il y reçoit de nouveau le gouvernement. Encore : son père devait être vivant à cette époque, car c’est auprès de lui qu’il s’en va. Arutjunova op. cit., indique avec raison qu’il s’agit peut-être de deux personnages — père et fils, ou bien de deux cousins germains.

24 I. Jordanov, Molybdobulles nouvellement découverts de Basile Apokapès, Études Balkaniques, 1, 1986, p. 123-128; I. Barnea, Byzantinische Bleisiegel aus Rumänien, Byzantina, 13, 1985, p. 308-303, qui donne aussi une information supplémentaire sur certains personnages mentionnés dans notre article.

25 Publication préparée par I. Jordanov.

26 V. Tăpkova-Zaimova, Dolni Dunav, p. 61, n. 76.

27 Plombs, encore non publiés, de Preslav.

28 G. Zacos, Byzantine Lead seals, vol. II, n. 602.

29 Fontes Graeci Historiae Bulgaricae, VI, 183-184; VII, 202.

30 G. Zacos, op. cit., n. 530, 956.

31 Chez W. Seibt, Die Byzantinischen Bleisiegel in Österreich, Band I, Wien, 1978, le cursus honorum de ce personnage (d’après les données de la sigillographie).

32 B. Skoulatos, Les personnages byzantins de lʼAlexiade (analyse prosopographique et synthèse), Louvain, 1980, p. 179-180.

33 H. G. Ahrweiler, Recherches sur l’administration de l’empire byzantin aux ixe-xie s., B.C.H. 84, 1960, p. 65; N. Oikonomidès, Les listes..., p. 344 ; cf. M. Γρηγοριού Ἰωαννιδού, Παραϰμή ϰαί πττώση τοῦ θεματιϰοῦ πθεσμοῦ, Θεσσαλονίϰη 1985, p. 123 sq.

34 V. Tăpkova-Zaimova, Dolni Dunav..., p. 63-65.

35 Fontes, VIII, p. 97, 52.

36 Cependant Zonaras parle, comme nous l’avons indiqué ci-dessus, seulement de « Paristrion », mais Zonaras n’est pas contemporain des événements.

37 Sur la frontière byzantine v. en général : Actes du XIVe Congrès International des éludes byzantines, I, Bucarest, 1974, p. 209sq. (Second thème : Frontières et régions frontières du viie au xiie siècles).

38 Ceci est confirmé surtout par les trouvailles des plombs de quelques commerciaires à Dristra et à Preslavetz (v. W. Seibt, op. cit., p. 306, qui publie le sceau de Jean Spondylos, commerciaire de Dristra et N. Oikonomidès. Presthlavitza, the Little Preslav, Südostforschungen, Bd. XLII, 1983, qui publie les sceaux de trois commerciaires de Presthlavitza — Serge, Jean et Eustrate), ainsi que par la production de monnaies, organisée systématiquement sur le Bas Danube (v. I. Jordanov, Banni formi na monetno proizvodstvo, X-XII v., v bălgarskite zemi, Numizmatika, 2, 1980, p. 4-15).

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