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Identités et cultures dans le monde méditerranéen antique

 | 
Christel Müller
, 
Francis Prost

I. Espaces, échanges, identités

La koiné adriatique et l’Europe centrale au VIIe siècle av. J.-C.

Maria-Cecilia D’Ercole

Texte intégral

1L’un des facteurs déterminants dans la formation des identités culturelles est la réponse aux sollicitations venant de l’extérieur, qu’elle se présente sous la forme de l’intégration, de l’assimilation sélective ou du rejet. Nous allons ici réfléchir à un cas précis d’une telle interaction culturelle, à savoir la transmission de modèles, iconographiques et même sociaux, entre la Méditerranée et l’Europe centro-orientale via l’Adriatique (Fig. 1-2), au VIIe siècle av. J.-C.

  • 1 Sur l’iconographie de ces deux documents, cf. la lecture récemment proposée par Torelli 1997, p. 52 (...)
  • 2 Le catalogue complet des stèles archaïques dauniennes, sculptures anthropomorphes à destination pro (...)
  • 3 Sur la chronologie « haute » des stèles, établie grâce à la typologie des kardiophylakes, des ceint (...)
  • 4 Voici la liste des attestations : 1) stèle, Nava 1980, n. 585,I, p.134, II, pl. CLXVIII ; Nava 1988 (...)

2Le point de départ de notre enquête a été une iconographie qui présente un développement tout à fait intéressant dans plusieurs régions adriatiques au VIIe siècle av. J.-C. Il s’agit des scènes de tissage gravées sur différents objets et supports, en bronze, en bois et en pierre. Deux de ces documents sont très célèbres ; il s’agit du Tintinnabulum de la Tombe des Ors de Bologne (Fig. 4b) et du trône en bois de la tombe 89 de Vérucchio (Fig. 3a), datés du milieu du VIIe siècle av. J.-C.1 Les autres scènes, gravées sur les stèles sculptées de la Daunie2 à partir des dernières décennies du VIIe siècle3 (Fig. 3b), ont été jusqu’ici presque négligées, bien qu’elles représentent l’ensemble le plus nombreux de cette série iconographique4.

  • 5 Cf. par exemple Nava 1980, vol. I, n. 565, p. 130-131, vol. II, pl. CXLVIII ; ibid. vol. I, η. 1114 (...)
  • 6 L’expression de « koiné culturelle » a été souvent appliquée à l’Adriatique archaïque, notamment au (...)

3Dans tous les cas mentionnés, le noyau figuratif essentiel se compose d’une figure féminine assise sur un trône, souvent en position dominante, en train de tisser à un métier vertical ; un nombre variable de personnages féminins s’affaire autour de la tisseuse pour lui apporter la matière destinée au tissage ou pour l’assister dans son travail. Sur quelques-unes des stèles dauniennes, un personnage vraisemblablement masculin avec une lyre, parfois suivi par un cortège de danse, vient enrichir la scène5. Ces documents montrent donc qu’il y a eu une sorte de fortune adriatique de ce sujet narratif ; il s’agirait en somme d’un autre morceau de cette « koiné culturelle » qui a relié les civilisations adriatiques archaïques d’un bout à l’autre – et d’un versant à l’autre – de la mer6.

  • 7 Le tumulus, daté entre Hallstatt C 1 et C 2, comportait les restes de deux incinérations, peut-être (...)
  • 8 Eibner Persy 1980, p. 133-141, pl. 17. Plus généralement, sur les décors figurés des vases de Sopro (...)
  • 9 Pour l’état de la question, cf. Eibner Persy 1980, p. 63-69, qui identifie la tisseuse du vase de S (...)
  • 10 Sur les influences méditerranéennes des représentations figurées de Sopron : Kromer 1986, p. 34 ; O (...)
  • 11 Comme le souligne Eibner Persy 1980, p. 68-75.
  • 12 Pour les parallèles iconographiques en Italie méridionale et en Étrurie, aux VIIIe et VIIe siècles (...)
  • 13 FREY 1976, notamment les p. 580-582 ; Id., in Aigner Foresti 1992, p. 477.
  • 14 Pour une analyse plus approfondie de l’iconographie des stèles dauniennes : M.-C. D’ercole, « Immag (...)
  • 15 Terzan 1996, p. 526 interprète la lyre comme un métier à tisser pour tresser des nattes. Cette inte (...)
  • 16 J. Scheid et J. Svenbro, Le métier de Zeus. Mythe du tissage et du tissu dans le monde gréco-romain(...)

4Mais la diffusion de ce thème semble avoir largement dépassé les confins du Caput Adriae pour atteindre l’Europe centro-orientale. A Sopron, un important site hallstattien de la Hongrie méridionale7, on a découvert l’un des plus intéressants exemples de décor figuré issus de cette civilisation. Le mobilier du tumulus 27, daté du dernier tiers du VIIe siècle av. J.-C. (Hallstatt C1-C2), comportait un vase à col conique dont l’épaule est décorée par une scène complexe8 (Fig. 4a) : une femme debout est en train de tisser à un métier vertical, assistée par une autre femme s’approchant avec une sorte de fuseau ; ce groupe central est entouré par un personnage probablement masculin avec une lyre et par deux femmes apparemment en train de danser. Dès l’époque de sa découverte, le décor du vase a fait l’objet de nombreuses analyses, qui ont souvent insisté sur le caractère sacral, voire magique de la scène9. Si les interprétations divergent parfois, tous les chercheurs s’accordent en revanche à souligner des influences méditerranéennes dans plusieurs aspects de la représentation10 : dans la présence de la lyre11, dans les attitudes des personnages12 et surtout dans la conception d’ensemble de la scène. Ainsi, O.-H. Frey a largement souligné les affinités avec le Tintinnabulum de la Tombe des Ors de Bologne, qu’il considère comme le prototype direct des images de Sopron, même si l’analogie toucherait plus le contenu que la forme de la représentation13. À ces comparaisons adriatiques nous pouvons désormais ajouter la série des stèles dauniennes14, d’autant plus que dans ces derniers exemples, tout comme à Sopron, la scène de tissage est accompagnée par la présence du joueur de lyre15. On pourrait ainsi se demander si cette association ne représente pas en quelque sorte la traduction visuelle d’un thème qui a ses racines en milieu grec, à savoir l’association métaphorique entre l’art du tissage, la danse et le chant du rhapsode16.

  • 17 Pour une vue d’ensemble sur ces questions, cf. Guidi 1983 et notamment les p. 7-17 pour un historiq (...)

5Cette proximité de sujets figuratifs entre l’Adriatique et l’aire hallstattienne orientale soulève évidemment des interrogations sur les voies et sur les moyens par lesquels une transmission éventuelle d’iconographies aurait pu concrètement se produire. Il faut ainsi chercher les preuves d’un réseau d’échanges dirigés de la Méditerranée, plus particulièrement de l’Adriatique, vers les cultures hallstattiennes orientales au VIIe siècle av. J.-C., qui pourrait rendre plausible le passage d’influences culturelles entre des aires aussi éloignées17. Nous allons considérer deux formes possibles de contacts : d’abord les importations, donc la transmission matérielle des objets, ensuite les phénomènes d’imitations et de nouvelles élaborations de thèmes et de motifs.

  • 18 V. G. Tomedi, « Ein Fragment einer abruzzesischen Panzerscheibe aus dem hallstattzeitlichen Depotfu (...)
  • 19 M. Fekete, « Rettungsgrabung früheisenzeitlicher Hügelgräber in Vaskeresztes (Vorbericht) », in Aar (...)
  • 20 Frey 1989, p. 295-296, fig.1,1 ; Kromer 1986, p. 23-25, pl. 22.
  • 21 Kromer 1986, p. 29-30, fig. 26-27 (pour le trépied et pour le mobilier associé) ; Frey 1989, p. 297 (...)
  • 22 Kromer 1986, p. 5, pl. 2, no 3-4 ; Frey 1989, p. 297 ; pour l’origine étrusque de l’oenochoé, cf. G (...)
  • 23 Frey 1989, p. 295 ; Eco 1996, p. 265-266, pl. 146, no 2.
  • 24 Gabrovec 1992, p. 207-208, qui souligne cependant le caractère provisoire de cette attribution, les (...)
  • 25 Gabrovec 1992, p. 210-212, pl. 8-9, tombe 22 du tumulus 48 de Sticna ; l’Α. souligne les analogies (...)
  • 26 Pour les attestations en Slovénie : Kromer 1986, p. 30 ; Frey 1989, p. 295-296, pl. 1,1. Pour la di (...)
  • 27 Frey 1989, p. 295 ; M. Egg, ZU den Fürstengräbern im Osthallstattkreis, dans Die Osthallstattkultur (...)
  • 28 M. Szabo, « Rapports entre le Picénum et l’Europe extra-méditerranéenne à l’Âge du Fer », in Bandi- (...)
  • 29 Szilagyi 1992, p. 223, pl. 1-4. L’A. (p. 220-223) remarque toutefois le caractère isolé de ces déco (...)
  • 30 V. F. W. von Hase, « Etrurien und Mitteleuropa », in Aigner Foresti 1992, vol. I, p. 254-255, vol.  (...)

6Un premier courant d’importations, de caractère fort hétérogène, provient d’une aire comprise entre l’Étrurie et les régions de l’Adriatique centrale. Un fragment de disque-cuirasse décoré au repoussé a été récemment retrouvé dans un dépôt votif de Fliess, dans le Tyrol septentrional ; il s’agit d’un type caractéristique des Abruzzes et bien attesté dans le Picénum, daté de la fin du VIIe-début du VIe siècle av. J.-C.18. Le fragment d’un casque à calotte de la seconde moitié du VIIe siècle, retrouvé dans le tumulus I de Vaskeresztes, en Hongrie, pourrait être une importation picénienne19. Un fragment de bijou en or travaillé en filigrane, retrouvé à Klein Klein, est probablement de fabrication étrusque20 et un trépied en bronze de Novo Mesto (Fig. 5a), daté sur la base du mobilier entre 650 et 600 av. J.-C., montre des analogies étroites avec des exemplaires de Vétulonia21. À Sticna, en Slovénie, on connaît deux objets de probable importation étrusque : une coupe en bronze décorée de la seconde moitié du VIIe siècle et une oenochoé italo-corinthienne de la dernière décennie du VIIe siècle qui montrerait, elle aussi, des affinités avec des objets de Vétulonia22. De l’Étrurie proviendrait une kréagra en bronze retrouvée à Radkersburg, aux confins entre l’Autriche et la Slovénie23. Deux pieds en bronze venant d’un tumulus près de Rifnik, en Hongrie occidentale, seraient de forte suggestion, voire de production étrusque24, tout comme les ornements pour cheval provenant de ce même site25. À Vace et à Magdalenska Gora est attesté un type de bassin en bronze peu profond, avec deux rangées de perles sur le rebord, qui est bien diffusé dans l’Italie adriatique, dans le Picénum (Fabriano), dans le Samnium (Guglionesi) et en Daunie (Ordona, Melfi)26. C’est à un atelier méditerranéen, plus particulièrement étrusque, que M. Egg a proposé d’attribuer le grand bassin en bronze de la tombe princière de Strettweg, arrivé probablement sur le site autrichien à travers la Slovénie27. Quelques importations de l’Italie centrale sont enfin attestées au VIe siècle, voire au-delà. Des sites hongrois ont ainsi livré des petits bronzes qu’on pourrait attribuer à une production centro-italique, notamment picénienne, du VIe siècle av. J.-C.28 Un peu au Nord de Sopron, sur le territoire de Szombathély (Hongrie occidentale), auraient été retrouvés des petits bronzes figurés du Ve siècle, de type ombrien29. Pour finir, il n’est pas à exclure que des sites hallstattiens orientaux aient pu acheminer des objets étrusques vers le Nord, comme pourrait le montrer la découverte d’un canthare de la fin du VIIe-début du VIe siècle av. J.-C. à Koscielec, en Pologne centrale30.

  • 31 Szilagyi 1965, p. 386.
  • 32 Szilagyi 1965, p. 387-390. Quant à l’hydrie laconienne en bronze de la première moitié du VIe siècl (...)
  • 33 M. Egg, in Jérém-Lippert 1996, p. 61
  • 34 Kromer 1986, p. 6-7, pl. 2, 1-2. La tombe 58 du Tumulus II de Magdalenska Gora a livré d'autres piè (...)

7Si l’origine méditerranéenne d’autres importations apparaît certaine, leur parcours est plus difficile à préciser : c’est le cas d’un aryballe protocorinthien provenant du territoire de Szombathely31. D'autres importations méridionales plus récentes sont probablement à mettre en rapport avec l’arrivée progressive des produits grecs en Adriatique au cours du VIe siècle. On peut situer dans ce courant d’autres pièces importées découvertes à Szombathély, à savoir un aryballe corinthien de la première moitié du VIe siècle et une oenochoé en bronze d’un type commun en Grèce et en Italie dans la deuxième moitié du VIe siècle32, ainsi que le fragment attique à figures noires découvert à Postela, près de Maribor, en Slovénie33. Une origine méridionale a été attribuée à deux pièces datant de la fin du VIe siècle, provenant d’un tumulus de Magdalenska Gora, une oenochoé à bord tréflé et une coupe dont le profil est proche des coupes « ioniennes » B 234.

  • 35 Voir sur ces thèmes E. M. De Juliis, La ceramica geometrica della Daunia (1977), p.81 – 86 ; Yntema(...)
  • 36 Comme le suppose E. M. De Juliis, « Centri di produzione ed aree di diffusione commerciale della ce (...)
  • 37 C’est le cas de la tombe 12 de la nécropole de Nésactium, où des vases dauniens du VIIe siècle av. (...)
  • 38 Sur les importations et les imitations de la céramique daunienne en Slovénie, cf. Frey 1966. p. 60- (...)
  • 39 Pour le décor et la chronologie de la céramique peinte des cultures hallstattiennes orientales, Sie (...)

8C’est en revanche une route certainement adriatique qui a amené la céramique peinte à motifs géométriques produite en Daunie jusqu’en Istrie, en Slovénie et sur les côtes dalmates entre les VIIIe et VIe siècles av. J.-C.35. Cette vaisselle devait probablement accompagner d’autres produits d’importance primordiale, tel le blé dont la plaine daunienne était une grande productrice36. Son exportation a dû en tout cas avoir un impact très profond, si l’on pense qu’en Istrie la céramique daunienne apparaît dans des contextes tout particulièrement riches, à côté d’autres biens exotiques venant de Grèce occidentale et d’Étrurie37, et qu’en Slovénie cette céramique a suscité plusieurs imitations38. On pourrait même se demander si ces imitations n’ont pas pu inspirer quelques-uns des motifs décoratifs les plus répandus dans la céramique du groupe hallstattien oriental au courant du VIIe siècle av. J.-C.39 (Fig. 6a-b).

  • 40 1992, p. 232-233
  • 41 Sur cette voie de l’ambre, voir Szilagyi 1965, p. 388 ; Bouzek 1997, p. 122-123 et plus généralemen (...)
  • 42 A. Bammer, A peripteros of the Geometric Period in the Artemision of Ephesus, Anatoliern Studies 40 (...)
  • 43 Dans deux tombes de la nécropole Arnoaldi : L. Minarini, in Principi etruschi, p. 297, η. 400-401.
  • 44 Eles Masi 1986, p. 144-145, pl. 111, n.o 1331-1333 A : il s’agit des « fibule ad arco rivestito cur (...)
  • 45 Sur ces thèmes cf. S. Soproni, « L'importanza della strada dell’ambra nello sviluppo delle città pa (...)
  • 46 B. Schmid-Sikimic, « Edelkoralle in der Adria. Zur Frage der Korallenfischerei und des Korallenhand (...)

9À côté de ces importations hétérogènes et précieuses, qu’on peut bien qualifier de keimelia, d’autres biens très prisés ont dû transiter par les mêmes voies et justifier la création d’un réseau d’échanges à une aussi longue distance. Les métaux des Carpathes ont dû être un bien fort convoité40, vu l’absence de ressources minières sur les côtes occidentales de l’Adriatique. Le commerce de l’ambre baltique, fort apprécié dans toute la Méditerranée depuis l’âge du Bronze, a probablement emprunté au VIIe siècle une voie passant par la Hongrie occidentale et débouchant dans le Caput Adriae. L’existence de cette voie, suggérée par plusieurs chercheurs41, peut être confirmée par des découvertes récentes, qui montrent l’importance des sites adriatiques dans la diffusion de l’ambre en Méditerranée, sous forme de matière brute ou d’objets finis. Les fouilles d’un dépôt votif du VIIIe siècle av. J.-C. à l’Artémision d’Éphèse ont livré, avec quelques centaines de pendentifs en ambre, une fibule à sangsue en ambre et en os, décorée par un motif caractéristique des ateliers de Vérucchio42, mais qu’on retrouve aussi à Bologne43 et à Este44. Quant aux voies intérieures du commerce de l’ambre, il est important de constater que les sites hallstattiens touchés au VIIe siècle par les importations méridionales deviendront des étapes fondamentales de la route romaine de l’ambre reliant Carnuntum sur le Danube à lidia Emona, sur la Sava. Ainsi Savaria (Szombathely) et Scarbantia (Sopron) prirent à l’époque julio-claudienne une importance propre à attirer plusieurs familles de marchands italiques45. Il reste à remarquer que d’autres matières précieuses ont pu emprunter les mêmes chemins de l’ambre, parfois dans la direction opposée. On a récemment émis l’hypothèse que le corail retrouvé à Este et dans des sites hongrois, dans des tombes de la seconde moitié du VIE siècle, pourrait provenir de la côte orientale de l’Adriatique46.

  • 47 Comme l’a bien souligné Guidi 1983, p. 24 ; p. 55-56.
  • 48 Frey 1989, p. 300, pl. 2, n. 3, p. 303-304 ; Gabrovec 1992, p. 209-210.
  • 49 Ce type de trépied, originaire de la région de Vétulonia est également attesté dans la tombe 20 de (...)
  • 50 Pour la table de la t. 85 de Verucchio, du milieu du VIIe siècle av. J.-C., Torelli 1997, p. 53-54, (...)
  • 51 Gabrovec 1992, p. 213-214.
  • 52 Ces casques à large rebord et à calotte composite apparaissent dans la seconde moitié du VIIe siècl (...)
  • 53 Pour la diffusion de ces fibules en milieu européen : GUIDI 1983, p. 39-43 ; cf. aussi Gabrovec 199 (...)
  • 54 Siegfried-Weiss 1979, p. 87-96.
  • 55 Egg 1996, notamment les p. 11 (relations avec l’architecture funéraire étrusque, sur laquelle cf. a (...)

10Si l’on passe maintenant à la considération des formes d’imitation, de reprise sélective et de nouvelle élaboration des modèles, on s’aperçoit que ces phénomènes constituent la marque la plus saillante des relations entre les civilisations méditerranéennes et le monde hallstattien47. Un bon exemple de cette « appropriation inventive » est offert par un trépied en argile de Kranj (Fig. 5b), près de Ljubljana48, dont la forme particulière dérive de prototypes en bronze étrusques49 et paraît même évoquer, selon O.-H. Frey, les petites tables en bois retrouvées dans les tombes de Verucchio du VIIe siècle av. J.-C.50. L’influence méridionale se manifeste parfois dans le domaine technique, comme dans l’apparition à Sticna d’une céramique rouge, probablement inspirée de la production d’Este51. Plus généralement, l’équipement défensif des hommes, tels les casques à calotte composite52, et les ornements des femmes, telles les fibules à navicelle, sont largement influencés par les modes italiques53 (Fig. 7). Comme on l’a vu, plusieurs sujets figuratifs de la céramique hallstattienne orientale du VIIe siècle av. J.-C., tels les joueurs de lyre, les femmes portant des vases ou les Adorantinnen, seraient dérivés de prototypes méditerranéens, notamment étrusques et italiques54. Le mobilier princier de Strettweg de la fin du VIIe siècle av. J.-C., qui a récemment fait l’objet d’une étude très complète et approfondie, est l’un des plus éloquents exemples de cette assimilation originale de suggestions extérieures. Les influences italiques sont ici omniprésentes dans plusieurs domaines, à commencer par l’architecture de la tombe jusqu’au style des figurines du célèbre char et à la typologie des fibules, largement documentée en Adriatique ; même les signes incisés sur le bassin du célèbre char semblent suggérer des parallèles précis avec l’Étrurie padane55.

  • 56 Sur l’importance de la voie adriatique pour le passage vers le Nord de produits de luxe, notamment (...)
  • 57 Pour une analyse d’ensemble des différents itinéraires de ces échanges : GUIDI 1983, p. 59-61.
  • 58 Guidi 1983, p. 64-65 ; KROMER 1986, p. 30-31. L. Capuis, « Il Veneto nel quadro dei rapporti etrusc (...)
  • 59 Voir sur ces thèmes : Arte delle situle dal Po al Danubio (VI-IV secolo a.C.), catalogue de l’expos (...)
  • 60 Comme le souligne M. Egg, in Jérém-Lippert 1996, p. 56-58 ; EGG 1996, p. 273-276.
  • 61 Szilagyi 1992, p. 232-233 : il s’agit, précisément, de la petite région de la Hongrie méridionale c (...)
  • 62 Bouzek 1997, p. 233.
  • 63 Sur le réseau économique de la plaine du Pô à partir de la fin du VIe siècle, cf. le bilan de G. Sa (...)

11En définitive, cet ensemble de documents prouve qu’une circulation d’objets et de suggestions culturelles a bel et bien existé entre les civilisations adriatiques et celles de l’aire hallstattienne orientale au VIIe siècle av. J.-C.56. Certains creusets d’échange se dégagent assez nettement à l’intérieur de ce réseau57. L’influence des produits de Vétulonia a été plusieurs fois évoquée ; des sites comme Bologne et Este ont certainement dû rassembler et filtrer vers le Nord un éventail d’objets, – mais aussi de modes et d’usages culturels – venant des régions adriatiques centrales et de l’Étrurie58 ; ce rôle se poursuit d’ailleurs jusqu’au tournant du VIe siècle, lorsque l’influence d’Este a déterminé la formation de l’art des situles figurées en Europe centro-orientale59. Au Nord des Alpes, une voie essentielle d’échanges devait toucher les vallées du Sulm et du Mur, où se trouvent des sites comme Klein Klein, Rifnik et plus au Sud, Postela. Ce parcours, liant de l’Est à l’Ouest l’ensemble des cultures halstattiennes orientales, permettait de communiquer avec la Pannonie occidentale60. À l’Est de cette aire, on retrouve une concentration significative de tumuli dans un petit territoire situé entre le lac de Balaton et le cours de la Drava ; bien que peu étudiée, cette région semble avoir eu une importance majeure dans le passage de l’ambre et des métaux vers le Sud61. Encore plus à l’Est, l’Istrie et la Slovénie, avec les cours de la Sava et de la Drava, ont constitué un autre chemin de pénétration dans le continent62. Ce système de relations paraît actif jusque dans la seconde moitié du VIe siècle, lorsqu’il subit les répercussions des changements dans les équilibres de l’Adriatique, dus à la création des emporia d’Adria et de Spina et à l’ouverture d’une voie de communication occidentale, interne, exploitant le cours du Pô et de ses affluents63.

  • 64 Comme le soulignait déjà Guidi 1983, p. 57.
  • 65 Siegfried-Weiss 1979, p. 125 et notamment p. 130-133, qui suppose l’existence d’échanges essentiell (...)
  • 66 Le caractère « international » des aristocraties hallstattiennes jusqu’au premier quart du VIe sièc (...)
  • 67 Sur ces thèmes, voir Torelli 1997, p. 52-72 ; A. Rallo, « Il ruolo della donna », in M. Torelli (éd (...)
  • 68 P. Von Eles, Il Museo Civico Archeologico di Verucchio (1995), p. 32 ; p. 41-56. Les quenouilles re (...)
  • 69 A. M. Chieco Bianchi Martini, « I Veneti » in Italia. Omnium terranno allunila (1988), p. 39-40, si (...)
  • 70 Pour les découvertes de Santorso, qui remontent au Ve siècle av. J.-C. : L. Capuis, I Veneti. Socie (...)
  • 71 Cette tombe comportait aussi des restes de sandales en bronze, des plaques en os, de la vaisselle e (...)
  • 72 Comme le supposent Colonna 1984, p. 268, et A. Bottini, Principi guerrieri della Daunia del VII sec (...)

12Les contacts qui se nouent à l’intérieur de ce système ont souvent été de nature à laisser supposer la mobilité des individus plus que des objets, fondés comme ils le sont sur l’apprentissage direct des savoirs techniques, sur l’adhésion à des pratiques sociales étrangères, sur l’échange des dons ; en un mot, sur des relations personnelles64, dont les documents archéologiques ne représentent que les indices ultimes. Même dans le domaine de l’iconographie, les influences méridionales se signifient pas seulement l’échange des images, mais aussi de leurs contenus symboliques65. Si nous revenons maintenant au point de départ de notre analyse, il nous semble qu’un certain nombre de liens entre ces aristocraties lointaines66 ont pu justement se nouer autour de l’art du tissage et de sa valeur sociale. Sans vouloir bien entendu oublier l’importance accordée au tissage dans l’Italie tyrrhénienne67, les témoignages archéologiques venant des régions adriatiques au VIIe siècle av. J.-C. montrent bien le rôle crucial qu’on y attribuait au tissage, véritable symbole du status pour la femme aristocratique, et aux tissus mêmes, essentiels au déroulement des rituels funéraires « héroïques ». L’exemple d’un site comme Vérucchio paraît très éloquent : aux images de filage et de tissage gravées sur le célèbre trône en bois fait pendant la présence d’ustensiles pour le tissage dans les tombes féminines les plus riches ; les vases-cinéraires et les cendres mêmes des défunts étaient enveloppés dans des tissus précieux ; enfin, les fragments de tissus provenant des tombes montrent la maîtrise d’une technique de travail assez élaborée, qui comportait l’utilisation de fils de trois couleurs différentes, entrelacés en forme de losanges et de carrés, ornés parfois de petites perles en pâte de verre68. Ces tissus avec appliques en matière précieuse (pâte de verre, bronze et même or) se retrouvent aussi à Este, où les cinéraires des tombes les plus riches sont souvent revêtus de tissus ; à partir de la moitié du VIIe siècle av. J.-C., ce privilège aristocratique est élargi aussi aux femmes69. Les traces de l’activité du tissage se retrouvent dans d’autres habitats de la région vénète, par exemple à Padoue et à Santorso70. En Adriatique centrale, à Campovalano (Abruzzes), un fuseau de verre a été retrouvé dans le riche mobilier de la tombe 119 de la fin du VIIe siècle av. J.-C., appartenant à une femme de rang très élevé71. Quant à l’Adriatique méridionale, les motifs décoratifs incisés sur les stèles dauniennes des VIIe-VIe siècles reproduisent probablement les tissus richement brodés qui était l’apanage des élites locales72.

  • 73 Voir sur ces thèmes M. Griebel, « Siedlungsobjekte der Hallstattkultur aus Horn, N-Ö », in Jérém-Li (...)
  • 74 Voir sur ces thèmes Terzan 1996, p. 507-510, pour les découvertes d’ustensiles concernant le tissag (...)
  • 75 Terzan 1996, p. 511-512.
  • 76 Terzan 1996, p. 516.
  • 77 J. Banck-burgess, Hochdorf IV. Die Textilfunde aus dem späthallstattzeitlichen Fürstengrab von Eber (...)
  • 78 Pline, N.H. IX 141 ; XVI 31 ; XVII 3.
  • 79 J. Hundt, Gewebefunde aus Hallstatt. Webkunst und Tracht in der Hallstattzeit, in Kriegen und Salzh (...)
  • 80 GUIDI 1983, p. 57 avait déjà émis l’hypothèse d’échanges et de dons réalisés à l’occasion de mariag (...)
  • 81 Voir par exemple la fibule « à navicelle » en bronze avec des incisions en zigzag retrouvée dans la (...)
  • 82 Cf. une fibule à navicelle en bronze du tumulus 2 de Frog avec un décor à petits cercles (G. Tomedi (...)

13Les documents archéologiques venant du monde hallstattien oriental semblent suggérer, quant à eux, que la valeur sociale accordée au tissage est souvent la même que dans l’Italie archaïque. Les nombreuses découvertes d’ustensiles pour le tissage dans les habitats témoignent d’une activité largement pratiquée73. En même temps, la distribution des pesons de métier à tisser dans les tombes les plus riches, en Styrie et dans le groupe de Klein Klein, la concentration des tombes avec des références au tissage à l’intérieur même des nécropoles, prouvent le caractère prestigieux du tissage et le rôle social éminent des femmes qui l’exerçaient74. Mais les analogies avec les territoires situés au Sud des Alpes sont parfois encore plus précises. L’une des habitations fouillées à Rifnik, site touché, comme on l’a dit plus haut, par les importations étrusques, a été comparée à une structure mise au jour à Santorso, en Vénétie. Dans les deux cas, le plan de l’habitation comportait plusieurs pièces dont l’une, divisée par une cloison, abritait dans sa partie la plus protégée le métier à tisser75. Une autre confirmation de probables relations d’un versant à l’autre des Alpes orientales vient des découvertes de la tombe 32 de Klein Klein où, à côté des pesons, se trouvait un outil de forme particulière qui pourrait avoir servi à la coloration des tissus ; les signes gravés sur sa surface rappellent les inscriptions de Venise76. L’existence éventuelle d’échanges à très large échelle dans ce domaine particulier ne saurait trop étonner d’autre part, lorsqu’on pense à la nécessité de se procurer parfois à très longue distance les matières brutes et les pigments nécessaires à la fabrication des étoffes précieuses. Ainsi, les analyses sur les tissus de la tombe princière d’Hochdorf ont montré que leur pigment rouge a été extrait d’un type de coccinelle répandu uniquement en Méditerranée77, le coccus ilicis mentionné par Pline78. Dans la tombe princière VI de Hochmichele, on a retrouvé des restes de soie, qui constituent l’une des plus anciennes traces de l’importation de cette matière précieuse venant de l’espace méditerranéen79. Les liens qui nouent des sociétés aussi éloignées autour d’une pratique féminine par excellence comme le tissage, pourraient éclairer d’une lumière différente la présence considérable de fibules italiques « à navicella », typiquement féminines, dans les mobiliers halstattiens80. D’autant plus que certaines d’entre elles sont très proches de types largement attestés à Este81 et à Vérucchio82, deux sites qui ont pu jouer un rôle non négligeable dans cette chaîne d’emprunts et de créations. En conclusion, même si la plus grande prudence est de mise dans l’évaluation de données encore trop partielles et isolées, ces indices ténus pourraient s’avérer les fragments d’un plus vaste réseau de relations entre l’Europe continentale et méditerranéenne, où l’espace adriatique mérite une considération tout à fait particulière.

Fig. 1 : L’Italie adriatique (d’après Principi etruschi tra Mediterraneo e Europa, Catalogue de l’exposition Bologne 2000-2001 [2000])

Fig. 2 : Les cultures halstattiennes orientales (d’après M. Egg, Das haistattzeitliche Fürstengrab von Strettweg bei Judenburg in der Obersteiermark, RGZM Monographien 37 (1996)

Fig. 3 : a) Trône de Vérucchio, détail (d’après Principi etruschi tra Mediterraneo e Europa, Catalogue de l’exposition Bologne 2000-2001 [2000]) ; b) et c) Stèles dauniennes no inv. 0699-0700 et 0642, détails (dessin d’après M. L. Nava, Stele Danubie, vol. I-II [1980])

Fig. 4 : a) Décor d’un vase de Sopron (d’après A. Eibner-Persy, Haistattzeitliche Grabhügel von Sopron (Ödenburg). Die Funde der Grabungen 1890-92 in der Prähistorischen Abteilung des Naturhistorischen Museums in Wien und im Bürgerländischen Landesmuseum in Eisenstadt [1980]) ; b) Détail du décor du Tintinnabulum de la Tombe des ors de Bologne (d’après M. Torelli, Il rango, il rito e l’immagine. Alle origini della rappresentazione storica romana [1997])

Fig. 5 : a) Trépieds en bronze, 1— de Novo Mesto, 2— de Bologne, 3-4— de Vetulonia (d’après K. Kromer, « Das östliche Mitteleuropa in der frühen Eisenzeit (7.-5. Jh. V. Chr.). Seine Beziehungen zu Steppenvölkern und antiken Hochkulturen », JRGZ [1986-1], p. 3-93) ; b) Trépied en argile de Kranj (d’après S. Gabrovec, « Etruskischer Niederschlag in Slowenien », in L. Aigner Foresti [éd.], Etrusker nördlich von Etrurien. Etruskische Präsenz in Norditalien und nördlich der Alpen sowie ihre Einflüsse auf die einheimischen Kulturen, Actes du Colloque de Vienne 1989 [1992], p. 203-218)

Fig. 6 : a) Motifs décoratifs des céramiques du groupe de Kalenderberg (d’après A. Siegfried-Weiss, Der Ostalpenraum in der Hallstattzeit und seine Beziehungen zum Mittelmeergebiet, Hamburger Beiträge zur Archäologie 6 [1979]) ; b) Motifs décoratifs de la céramique daunienne SDS I (d’après D. Yntema, The Matt-Painted Pottery of Southern Italy. A General Survey of the Matt-Painted Pottery Styles of Southern Italy during the Final Bronze Age and the Iron Age [1990])

Fig. 7 : a) Fibules à navicelle, a, d— de Frög (d’après E. Jerem et A. Lippert [éds], Die Ostahallstattkultur, Akten des Internationalen Symposiums Sopron 1994 [1996]) ; b— de Vérucchio (d’après Principi etruschi tra Mediterraneo e Europa, Catalogue de l’exposition Bologne 2000-2001 [2000]) ; c, e— d’Este (d’après P. von Eles Masi, Le fibule dell’Italia Settentrionale, Prähistorische Bronzefunde XIV, 5 [1986]) ; f— tombe 51 de Dragatus (d’après K. Kromer, « Das östliche Mitteleuropa in der frühen Eisenzeit (7.-5. Jh. V. Chr.). Seine Beziehungen zu Steppenvölkern und antiken Hochkulturen », JRGZ [1986-1], p. 3-93)

Bibliographie

ABRÉVIATIONS BIBLIOGRAPHIQUES :

Aigner Foresti 1992 : L. Aigner Foresti (éd.), Etrusker nördlich von Etrurien. Etruskische Präsenz in Norditalien und nördlich der Alpen sowie ihre Einflüsse auf die einheimischen Kulturen, Actes du Colloque de Vienne 1989 (1992).

Bandi-cserményi 1983 : G. Bandi et V. Cserményi, Nord-Sud Beziehungen. Historische und kulturelle Zusammenhange und Handelsbeziehungen die europäischen Bernsteinstrassen entlang vom I. Jahrtausend v.u.Z. bis zum Ende der römischen Kaiserzeit, Actes du colloque de Bozsok-Szombathely 1982, Savaria 16 (1982).

Bouzek 1997 : J. Bouzek, Greece, Anatolia and Europe : Cultural Interrelations During the Early Iran Age, Studies in Mediterranean Archaeology 123 (1997).

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Eibner-persy 1980 : A. Eibner-persy, Haistattzeitliche Grabhügel von Sopron (Ödenburg). Die Funde der Grabungen 1890-92 in der Prähistorischen Abteilung des Naturhistorischen Museums in Wien und im Bürgerländischen Landesmuseum in Eisenstadt (1980).

Egg 1996 : M. Egg, Das haistattzeitliche Fürstengrab von Strettweg bei Judenburg in der Obersteiermark, RGZM Monographien 37 (1996).

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Siegfried-Weiss 1979 : A. Siegfried-Weiss, Der Ostalpenraum in der Hallstattzeit und seine Beziehungen zum Mittelmeergebiet, Hamburger Beiträge zur Archäologie 6 (1979). Szilagyi 1965 : J. G. Szilagyi, « Trouvailles grecques sur le territoire de la Hongrie », in Le rayonnement des civilisations grecque et romaine sur les cultures périphériques, Actes du VIIIe Congrès International d’archéologie classique, Paris 1963 (1965), p. 386-390.

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Torelli 1997 : M. Torelli, Il rango, il rito e l'immagine. Alle origini della rappresentazione storica romana (1997).

Yntema D. 1990, The Matt-Painted Pottery of Southern Italy. A General Survey of the Matt-Painted Pottery Styles of Southern Italy during the Final Bronze Age and the Iron Age (1990).

Notes

1 Sur l’iconographie de ces deux documents, cf. la lecture récemment proposée par Torelli 1997, p. 52-86 ; pour le Tintinnabulum, cf. C. Morigi Govi, in Principi etruschi, p. 278, avec la précédente bibliographie ; pour le trône de Vérucchio cf. aussi P. Von Eles in Principi etruschi, p. 230, n. 253, qui date le mobilier de la tombe d’entre la fin du VIIIe et le début du VIIe siècle av. J.-C.

2 Le catalogue complet des stèles archaïques dauniennes, sculptures anthropomorphes à destination probablement funéraire, a été publié par Nava 1980 ; pour la mise à jour des études et de la bibliographie, cf. Nava 1988.

3 Sur la chronologie « haute » des stèles, établie grâce à la typologie des kardiophylakes, des ceinturons et des pendentifs féminins : COLONNA 1984, p.271-273. La majorité des stèles avec des scènes de tissage entrent dans les types I et II du classement proposé par M. L. Nava, datés entre la fin du VIIe et le milieu du VIe siècle av. J.-C. (Nava 1980, p. 38 ; p. 43-44).

4 Voici la liste des attestations : 1) stèle, Nava 1980, n. 585,I, p.134, II, pl. CLXVIII ; Nava 1988, p.128, pl.159-160 ; 2) fragment de stèle : Nava 1980, n. 722, vol. I, p. 155 ; vol. II, pl. CCXXXI ; Nava 1988, p. 66, pl. 79 ; 3) fragment de stèle : Nava 1980, n. 565, vol. I, p. 130-131, vol. II, pl. CXLVIII ; Nava 1988, p. 124, pl. 155 ; 4) stèle acéphale : Nava 1980, vol. I, n. 1114, p. 209, vol. II, pl. CCCLXIII ; Nava 1988, p. 184, pl. 198-199 ; 5) fragment de stèle : Nava 1988, p. 129, pl. 161-162 ; 6) fragment de stèle : Nava 1980, vol. I, n. 578, p. 132, vol. II, pl. CLXIII 7) fragment de stèle : NAVA 1980, n. 530, vol. I, p. 126, n. 530, vol. II, pl. CXLIX 8) stèle : Nava 1980, n. 748, vol. I, p. 159, vol. II, pl. CCXLVICCXLVII ; Nava 1988, p. 120-121, pl. 153-154. Tous les exemplaires appartiennent à la série des « stèles avec des ornements », exception faite pour les no 7 (fragment non identifié) et 8 (stèle avec des armes).

5 Cf. par exemple Nava 1980, vol. I, n. 565, p. 130-131, vol. II, pl. CXLVIII ; ibid. vol. I, η. 1114, p. 209, vol. II, pl. CCCLXIII.

6 L’expression de « koiné culturelle » a été souvent appliquée à l’Adriatique archaïque, notamment au cours des colloques qui ont réuni, au début des années 70, les spécialistes des civilisations des deux versants de la mer : Actes du VIIIe Congrès International des Sciences préhistoriques et protohistoriques I. Rapports généraux, Belgrade 1971 (1971) ; Jadranska obala u protohistoriji. Kulturni i etnicki problemi, Actes du Colloque de Dubrovnik 1972 (1976) ; L'Adriatico tra Mediterraneo e penisola balcanica nell'antichità, Atti del Convegno de Lecce-Matera 1973 (1983). Sur les caractères et sur les limites de cette « koiné culturelle », voir notamment l’intervention de R. Peroni, « La koiné adriatica e il suo processo di formazione » dans les Actes du Colloque de Dubrovnik, p. 95 sq., reprise ensuite dans R. Peroni, Studi di cronologia hallstattiana (1973), p. 66-78. Sur la notion de koiné adriatique, voir plus récemment Bouzek 1997, p. 224-225.

7 Le tumulus, daté entre Hallstatt C 1 et C 2, comportait les restes de deux incinérations, peut-être d’une femme avec son enfant (Eibner Persy 1980, p. 133). Les quelque 200 tumuli découverts à Sopron (Frey 1976, p. 578 ; A. Eibner Persy et E. Pack, « Der Burgstall von Ödenburg », in E. Lessing [éd.], Hallstatt. Bilder aus der Frühzeit Europas [1980], p. 105-109) prouvent l’importance de ce véritable « Dynastensitz » hallstattien (Kromer 1986, P. 34).

8 Eibner Persy 1980, p. 133-141, pl. 17. Plus généralement, sur les décors figurés des vases de Sopron : F. Schlette, Die Kunst des Hallstattzeit (1984), p. 91-97.

9 Pour l’état de la question, cf. Eibner Persy 1980, p. 63-69, qui identifie la tisseuse du vase de Sopron avec une divinité féminine (p. 69). Sur l’interprétation cultuelle, peut-être magique de la scène et du tissage en général, cf. Terzan 1996, p. 526 pour qui la protagoniste de l’action personnifierait en même temps la maîtresse de la maison, la prêtresse et la divinité même, qu’on pourrait rapprocher de quelques divinités méditerranéennes telles les Moires, caractérisées elles aussi par le tissage. Une signification cultuelle est attribuée à la scène aussi par Nebelsick 1992, p. 410-411, qui interprète comme des « adorantes » les figures féminines avec les bras levés ; la même explication est proposée par Siegfried-Weiss 1979, p. 90, pour qui la scène de tissage représenterait un épisode de la vie quotidienne (ihid., p. 97) ; même avis chez O.-H. Frey, in Aigner Foresti 1992, p. 478.

10 Sur les influences méditerranéennes des représentations figurées de Sopron : Kromer 1986, p. 34 ; O.-H. Frey, in Aigner Foresti 1992, p. 478 ; Nebelsick 1992, p. 411 et p. 420 à propos de l’influence italique sur la naissance d’un langage narratif dans l’art hallstattien.

11 Comme le souligne Eibner Persy 1980, p. 68-75.

12 Pour les parallèles iconographiques en Italie méridionale et en Étrurie, aux VIIIe et VIIe siècles av. J.-C. : Siegfried Weiss 1979, p. 91.

13 FREY 1976, notamment les p. 580-582 ; Id., in Aigner Foresti 1992, p. 477.

14 Pour une analyse plus approfondie de l’iconographie des stèles dauniennes : M.-C. D’ercole, « Immagini dall’Adriatico arcaico. Su alcuni temi iconografici delle stele Daunie », sous presse in Ostraka 2 (2000).

15 Terzan 1996, p. 526 interprète la lyre comme un métier à tisser pour tresser des nattes. Cette interprétation paraît moins probable, car le personnage qui porte l’objet est vraisemblablement de sexe masculin, comme l’indique sa tunique, plus courte et étroite que celle des autres personnages ; même avis chez Frey 1976, p. 580.

16 J. Scheid et J. Svenbro, Le métier de Zeus. Mythe du tissage et du tissu dans le monde gréco-romain (1994) soulignent le parallèle entre les pas de danse de la geranos et la disposition des fils sur le métier à tisser (p. 110) et la métaphore de la composition poétique comme une forme de tissage (p. 119-127) qui devient explicite dans les vers de Pindare (Némée 4, 44-46).

17 Pour une vue d’ensemble sur ces questions, cf. Guidi 1983 et notamment les p. 7-17 pour un historique très utile sur les recherches dans ce domaine ; voir aussi Frey 1989 ; Gabrovec 1992 ; Egg 1996, p. 264-276.

18 V. G. Tomedi, « Ein Fragment einer abruzzesischen Panzerscheibe aus dem hallstattzeitlichen Depotfund von Fliess, Nordtirol », AKB 24-1 (1994), p. 49-60 ; le fragment est attribué sur la base de son décor au groupe d'Alba Fucens. Sur ces disques-cuirasses, voir R. Papi, Dischi-corazza abruzzesi a decorazione geometrica nei musei italiani (1990), notamment p. 41, no 33-34, pl. 34-35 ; Ead., « I dischi-corazza », in Piceni...Europa, p. 120-122. Plus en général, sur les imitations des cuirasses italiques en Europe centrale et septentrionale, Kromer 1986, p. 26.

19 M. Fekete, « Rettungsgrabung früheisenzeitlicher Hügelgräber in Vaskeresztes (Vorbericht) », in AarchHung 37 (1985), p. 65, pl. 12. Szilagyi 1992, p. 229, remarque toutefois qu’il est difficile d’établir sur la base de fragments aussi réduits s’il s’agit d’une véritable importation picénienne ou bien d’une variante sud-alpine.

20 Frey 1989, p. 295-296, fig.1,1 ; Kromer 1986, p. 23-25, pl. 22.

21 Kromer 1986, p. 29-30, fig. 26-27 (pour le trépied et pour le mobilier associé) ; Frey 1989, p. 297 ; Gabrovec 1992, p. 212. Des exemplaires analogues proviennent d’Este et de Bologne, qui ont probablement été les intermédiaires dans la transmission vers le Nord (Kromer 1986, p. 30).

22 Kromer 1986, p. 5, pl. 2, no 3-4 ; Frey 1989, p. 297 ; pour l’origine étrusque de l’oenochoé, cf. Gabrovec 1992, p. 212.

23 Frey 1989, p. 295 ; Eco 1996, p. 265-266, pl. 146, no 2.

24 Gabrovec 1992, p. 207-208, qui souligne cependant le caractère provisoire de cette attribution, les pièces n’ayant pas encore fait l’objet d’une publication systématique.

25 Gabrovec 1992, p. 210-212, pl. 8-9, tombe 22 du tumulus 48 de Sticna ; l’Α. souligne les analogies étroites de ces objets avec le « Circolo del Tridente » de Vétulonia et l’importance du tumulus de Sticna, pour sa chronologie haute (Sticna 1) et pour l’emplacement de ces objets, appartenant à la sépulture la plus importante du tumulus.

26 Pour les attestations en Slovénie : Kromer 1986, p. 30 ; Frey 1989, p. 295-296, pl. 1,1. Pour la diffusion de ces bassins en milieu adriatique : M.-C. D’Ercole, Importuosa Italiae litora. La Daunie et le Samnium côtiers entre le VIIIe et le Ve siècles av. J.-C. (sous presse dans la Collection du Centre Jean Bérard).

27 Frey 1989, p. 295 ; M. Egg, ZU den Fürstengräbern im Osthallstattkreis, dans Die Osthallstattkultur, in Jérém-Lippert 1996, p. 80 ; Egg 1996, p. 86-91 : la restauration récente du bassin a permis d’établir qu’il était décoré à l’origine de protomés appliquées. Ce type de décor plastique, ainsi que la forme même du lébès et la technique particulière de son soudage, bien attestée en Grèce et en Italie, mais inconnue jusque-là en Europe centrale, assurent sa provenance méridionale. La présence d’une double rangée de perles sur le bord, décor absent en Grèce et en Grande Grèce mais présent en Italie, paraît confirmer l’origine italique, probablement étrusque du bassin.

28 M. Szabo, « Rapports entre le Picénum et l’Europe extra-méditerranéenne à l’Âge du Fer », in Bandi-cserményi 1983, p. 223-241, fig. 12-13 et 22-23, il s’agit de deux statuettes féminines retrouvées dans les années 40 à Nyergesujfalu, que l’A. rapproche d’exemplaires de Novilara datés du VIe siècle av. J.-C. Contra, EGG 1996, p. 49-50, qui préfère les considérer comme des productions locales, tout en admettant leur forte influence méditerranéenne.

29 Szilagyi 1992, p. 223, pl. 1-4. L’A. (p. 220-223) remarque toutefois le caractère isolé de ces découvertes, vu l’absence de témoignages archéologiques précédant l’époque romaine dans le territoire de Szombathély. Trois ceinturons samnites du IVe siècle, conservés au Musée National hongrois et censés provenir de Puszta-Orond, auraient été en fait achetés dans une collection privée (M. Szabo, « Celtic Art and History in the Carpathian Basin », AarchHung 24 [1972], p. 388-390).

30 V. F. W. von Hase, « Etrurien und Mitteleuropa », in Aigner Foresti 1992, vol. I, p. 254-255, vol. II, p. 71, pl. 17. Le kanthare en bucchero fut retrouvé en 1889 et perdu pendant la deuxième guerre. Von Hase considère toutefois comme peu probable son importation par la voie alpine orientale, vu la rareté des objets étrusques dans ce territoire dans la phase Ha C. Contra L. Pauli, in Agner Foresti 1992, p. 488, qui prolonge le réseau de trafics passant par les Alpes orientales vers le Nord, en direction de la Bohème et du cours de l'Elbe.

31 Szilagyi 1965, p. 386.

32 Szilagyi 1965, p. 387-390. Quant à l’hydrie laconienne en bronze de la première moitié du VIe siècle (ibid., p. 387-389, pl. 91, 1-2) retrouvée à Artand, près des confins roumains, on peut penser à une importation par les côtes de la mer Noire ou par la Russie méridionale et même à une importation adriatique arrivée « par un intermédiaire intérieur sur son lieu de trouvaille en Hongrie » (p. 389). Kromer 1986, p. 20-21, se déclare plus résolument en faveur d’une importation par la mer Noire.

33 M. Egg, in Jérém-Lippert 1996, p. 61

34 Kromer 1986, p. 6-7, pl. 2, 1-2. La tombe 58 du Tumulus II de Magdalenska Gora a livré d'autres pièces provenant probablement de l’Italie méridionale, telle une kylix avec des traces de vernis noir, signalée par J. Szombathy en 1894, actuellement perdue.

35 Voir sur ces thèmes E. M. De Juliis, La ceramica geometrica della Daunia (1977), p.81 – 86 ; Yntema 1990, p. 231 et p. 242-245, pl. 210 et 221. La majorité des vases dauniens a été retrouvée dans les îles du golfe du Kvarner, dans la péninsule de Zadar, surtout à Nin et en quantité moindre, dans la Basse Carniole, entre les fleuves Kupa et Sava.

36 Comme le suppose E. M. De Juliis, « Centri di produzione ed aree di diffusione commerciale della ceramica daunia di stile geometrico », ASP 31 (1978), p. 22 ; D. Yntema, « Back-ground to a South-Daunian Krater », BABesch 54 (1979), p. 34, et O.-H. Frey, in Agner Foresti 1992, p. 480, pensent que les cratères dauniens ont même pu accompagner des exportations de vin.

37 C’est le cas de la tombe 12 de la nécropole de Nésactium, où des vases dauniens du VIIe siècle av. J.-C. figuraient à côté de plusieurs objets prestigieux, cumulés au cours de plusieurs générations, du VIIe au Ve siècle av. J.-C., tels les restes d’un sceptre, des flabella étrusques, de la céramique de Grande Grèce et des situles vénètes figurées : K. Mihovilic, « Reichtum durch Handel in der Hallstattzeit Istriens », in B. Hänsel (éd.), Handel Tausch und Verkehr im Bronze-und Früheisenzeitlichen Südosteuropa, Prähistorische Archäologie in Südosteuropa 11, Südosteuropa-Schriften 17 (1995), p. 283-330. pl. 4.

38 Sur les importations et les imitations de la céramique daunienne en Slovénie, cf. Frey 1966. p. 60-64, pl. 12 ; Kromer 1986. p. 10-11, pl. 7-8 (tombes 5, 16, 25 et 51 de Dragatus) ; Yntema 1990, pl. 223. Il n’est pas sans intérêt de remarquer dans la t. 51 de Dragatus (Slovénie), l’association d’un cratère d’imitation daunienne avec une fibule en bronze et en fer à navicella de type italique, datée vers 600 av. J.-C. (Frey 1966, p. 63 ; Kromer 1986, p. 11).

39 Pour le décor et la chronologie de la céramique peinte des cultures hallstattiennes orientales, Siegfried-weiss 1979, p. 100-108 qui souligne les analogies entre des éléments décoratifs de la céramique hallstattienne (tel le méandre concentrique) et les motifs orientalisants de la Grèce de l’Est du VIIIe et du VIIe siècle av. J.-C. Le rapport possible entre les céramiques daunienne et hallstattienne orientale avait déjà été remarqué par C. Adrario, « Trinkerhalsgefässe im badischen Museum Karlsruhe », in Festschrift B. Neustch (1980), p. 37-43, et repris par Yntema 1980, p. 238.

40 1992, p. 232-233

41 Sur cette voie de l’ambre, voir Szilagyi 1965, p. 388 ; Bouzek 1997, p. 122-123 et plus généralement, Bandi-cserményi 1983. L’origine baltique de l’ambre retrouvé à Halstatt a été prouvée par des analyses spectroscopiques (C. W. Beck-E. Sprincz, « The Origin of Amber Found at Hallstatt », in AarchHung 35 [1983], p. 171-178) ; ces mêmes recherches ont pu établir l’identité d’un type de perles qu’on retrouve à Hallstatt ainsi qu’à Este et à Bologne.

42 A. Bammer, A peripteros of the Geometric Period in the Artemision of Ephesus, Anatoliern Studies 40 (1990). p. 137-160, pl. XX, b. Pour la relation avec les ateliers de Vérucchio, A. Naso, I Piceni. Storia e archeologia delle Marche in epoca preromana, Biblioteca di Archeologia (2000), p. 92 ; pour les fibules de Vérucchio, cf. Il dono delle Eliadi. Ambre e oreficerie dei principi etruschi di Verucchio (1994), p. 189, n. 26, et P. Von Eles, in Principi etruschi, p. 296-297, n. 398-399.

43 Dans deux tombes de la nécropole Arnoaldi : L. Minarini, in Principi etruschi, p. 297, η. 400-401.

44 Eles Masi 1986, p. 144-145, pl. 111, n.o 1331-1333 A : il s’agit des « fibule ad arco rivestito curvilineo e staffa lunga, variante C », dont l’arc est revêtu d’un ou plusieurs éléments en os ou en ivoire, avec des incrustations en ambre, datées entre le VIIIe et le VIIe siècle av. J.-C.

45 Sur ces thèmes cf. S. Soproni, « L'importanza della strada dell’ambra nello sviluppo delle città pannoniche », in La Venetia nell’area padano-danubiana. Le vie di comunicazione, Actes du Colloque international de Venise 1988 (1990), p. 349-354.

46 B. Schmid-Sikimic, « Edelkoralle in der Adria. Zur Frage der Korallenfischerei und des Korallenhandels in der Eisenzeit », in J.-P. Morel, C. Rondi-Costanzo et D. Ugolini (éds), Corallo di ieri, corallo di oggi. Actes du Colloque de Rovello 1996 (2000), p. 147-158. Dans les sites hongrois, les perles de corail sont souvent accompagnées de perles de verre en forme d’amphores, qu’on retrouve aussi en Dalmatie (Vica Luka) et en Slovénie (Novo Mesto), région dont on peut une fois de plus souligner le rôle probable d’intermédiaire vers le bassin des Carpathes.

47 Comme l’a bien souligné Guidi 1983, p. 24 ; p. 55-56.

48 Frey 1989, p. 300, pl. 2, n. 3, p. 303-304 ; Gabrovec 1992, p. 209-210.

49 Ce type de trépied, originaire de la région de Vétulonia est également attesté dans la tombe 20 de l’Arsenal Militaire de Bologne, du VIIe siècle av. J.-C. : L. Minarini, in Principi etruschi, p. 352, n. 476.

50 Pour la table de la t. 85 de Verucchio, du milieu du VIIe siècle av. J.-C., Torelli 1997, p. 53-54, pl. 40. Un exemplaire proche, en bronze, daté du premier quart du VIIe siècle av. J.-C., provient de la tombe A de Casale Marittimo (Pise) : A. M. ESPOSITO, in Principi etruschi, p. 201-202, n. 210.

51 Gabrovec 1992, p. 213-214.

52 Ces casques à large rebord et à calotte composite apparaissent dans la seconde moitié du VIIe siècle et imitent un type d'origine étrusque, largement répandu en Italie adriatique centrale (M. Egg, in Jérém-Lippert 1996, p. 67).

53 Pour la diffusion de ces fibules en milieu européen : GUIDI 1983, p. 39-43 ; cf. aussi Gabrovec 1992, p. 213.

54 Siegfried-Weiss 1979, p. 87-96.

55 Egg 1996, notamment les p. 11 (relations avec l’architecture funéraire étrusque, sur laquelle cf. aussi M. Egg, in Jérém-Lippert 1996, p. 65), p. 36-52 (influence de la plastique étrusco-italique) et p. 53-61 (pour les signes inscrits sur le bassin et leurs parallèles en Étrurie padane) ; p. 187-199 (fibule à trois boutons) ; p. 200-201 (fibules à navicella), p. 203 (fibules à trois boutons). Ces dernières fibules, originaires du Picenum, se sont répandues sur le pourtour adriatique, notamment dans le Caput Adriae et par l’intermédiaire de la Slovénie, en Europe centrale. Sur les influences italiques du char de Strettweg, cf. aussi Nebelsick 1992, p. 420-421.

56 Sur l’importance de la voie adriatique pour le passage vers le Nord de produits de luxe, notamment métalliques, cf. le bilan récent de Cl. Rolley, « Production et circulation des vases de bronze de la Grande Grèce à l’Europe halstattienne », in Ocnus (1995), p. 163-178.

57 Pour une analyse d’ensemble des différents itinéraires de ces échanges : GUIDI 1983, p. 59-61.

58 Guidi 1983, p. 64-65 ; KROMER 1986, p. 30-31. L. Capuis, « Il Veneto nel quadro dei rapporti etrusco-italici », in Aigner Foresti 1992, p. 27-44, notamment p. 36, sur le rôle d'Este au premier âge du Fer en tant qu’intermédiaire entre Vétulonia et les régions alpines ; ce réseau se modifie au deuxième âge du Fer, lorsqu’un lien privilégié s’instaure entre l’Étrurie interne (Chiusi) et les sites du delta du Pô, Adria et Spina (ibid., p. 37-44). L’une des preuves de ce réseau d’échanges entre la Vénétie et l’Étrurie pourrait être l’origine probablement vénète des chevaux retrouvés dans les tombes à char de Populonia et de Castro (G. Colonna, « I Greci di Adria », RSA 4 [1974], p. 19, η. 75).

59 Voir sur ces thèmes : Arte delle situle dal Po al Danubio (VI-IV secolo a.C.), catalogue de l’exposition Padoue 1961 (1961) : W. Lucke, O.-H. Frey, Die Situla in Providence (Rhode Island) (1962) ; Frey 1966 ; J. Kastelic, « Conservatismo e nuove correnti nell’arte degli Illiri e dei Veneti », in Atti del Simposio internazionale di protostoria italiana Rome 1969 (1969), p. 17-27 ; O.-H. Frey, « Beziehungen der Situlenkunst zum Kunstschaffen Etruriens », in Aigner Foresti 1992, p. 93-101.

60 Comme le souligne M. Egg, in Jérém-Lippert 1996, p. 56-58 ; EGG 1996, p. 273-276.

61 Szilagyi 1992, p. 232-233 : il s’agit, précisément, de la petite région de la Hongrie méridionale comprise entre Velemszentvid et Csurgo, proche d’autres sites significatifs, tels Radkesburg et Sopron.

62 Bouzek 1997, p. 233.

63 Sur le réseau économique de la plaine du Pô à partir de la fin du VIe siècle, cf. le bilan de G. Sassatelli, « La funzione economica e produttiva » in F. Berti et P. G. Guzzo (éds), Spina. Storia di una città tra Greci ed Etruschi, Catalogue de l’exposition Ferrare 1993-1994 (1993), p. 179-217, avec la précédente bibliographie. Yntema 1990, p. 257, souligne le rapport entre l’arrivée des Grecs dans le Caput Adriae et la fin des exportations à longue distance de la céramique daunienne ; sur ces thèmes, voir aussi Guidi 1983, p. 64-65.

64 Comme le soulignait déjà Guidi 1983, p. 57.

65 Siegfried-Weiss 1979, p. 125 et notamment p. 130-133, qui suppose l’existence d’échanges essentiellement fondés sur des matières périssables (tissus, animaux, peaux, vin, esclaves), ainsi qu'une destination prioritaire des objets importés dans un réseau de circulation (habitats) plutôt que d’accumulation (nécropoles).

66 Le caractère « international » des aristocraties hallstattiennes jusqu’au premier quart du VIe siècle est souligné par O.-H. Frey, in Aigner Foresti 1992, p. 479-480.

67 Sur ces thèmes, voir Torelli 1997, p. 52-72 ; A. Rallo, « Il ruolo della donna », in M. Torelli (éd.). Gli Etruschi, Catalogue de l’exposition Venise 2000-2001 (2000), p. 131-139. Le prestige accordé au tissage en milieu tyrrhénien a des origines très anciennes, comme le montre la présence systématique de véritables ensembles d’outils pour le tissage dans les tombes féminines de la phase II (900-770 av. J.-C.) de la nécropole d’Osteria dell’Osa, dans le Latium (A. Μ. B Ietti Sestieri, The Iron Age community of Osteria dell'Osa [1992], p. 87-88 ;p. 108-109, pl. 5.4).

68 P. Von Eles, Il Museo Civico Archeologico di Verucchio (1995), p. 32 ; p. 41-56. Les quenouilles revêtues d’os et d’ambre, retrouvées dans quelques tombes, représenteraient « una specie di insegna del potere feminile », p. 56.

69 A. M. Chieco Bianchi Martini, « I Veneti » in Italia. Omnium terranno allunila (1988), p. 39-40, signale la présence de 170 boutons en bronze dans la très riche tombe Ricovero 149 d’Este, du VIIe siècle av. J.-C. Sur les modes vestimentaires vénètes, cf. Focolari 1975, p. 168-176 ; aussi p. 193, p. 221, n. 9, sur un fragment d’étole en lin, décoré d’un motif à losanges concentriques, découvert dans une cabane près du lac de Lcdro (Trentin).

70 Pour les découvertes de Santorso, qui remontent au Ve siècle av. J.-C. : L. Capuis, I Veneti. Società e cultura di un popolo dell’ltalia preromana (1993), p. 194 ; S. Lora, A. Ruta Serafini, « Il gruppo Magré » in Die Räter. I Reti (1992), p. 247 sq. Pour les découvertes de Padoue, datées du premier âge du Fer : Fogolari 1975, p. 167-168.

71 Cette tombe comportait aussi des restes de sandales en bronze, des plaques en os, de la vaisselle en bronze et en céramique, qui montrent de façon incontestable son importance (M. Roghi, in Principi etruschi, p. 278, n. 348).

72 Comme le supposent Colonna 1984, p. 268, et A. Bottini, Principi guerrieri della Daunia del VII secalo (1982). p. 92, n. 5. Sur la valeur prestigieuse du tissage en Italie méridionale au VIIe siècle av. J.-C., cf. aussi l'analyse de la tombe 309 de la nécropole oenotre d’Alianello (Basilicate) : A. Bottini, « Kestos himas poikilos », Ostraka 2000-2 (sous presse).

73 Voir sur ces thèmes M. Griebel, « Siedlungsobjekte der Hallstattkultur aus Horn, N-Ö », in Jérém-Lippert 1996, p. 95-114, sur un site de l’Autriche septentrionale, daté d’entre le IXe et le milieu du VIe siècle, tout particulièrement florissant au dernier quart du VIIe siècle (Hallstatt C 2) ; plusieurs quenouilles et poids en argile, montrant souvent des traces d'usage, proviennent de l’habitat et des tombes.

74 Voir sur ces thèmes Terzan 1996, p. 507-510, pour les découvertes d’ustensiles concernant le tissage dans les habitations de Rifnik ; p. 513-516 (pour les attestations dans les nécropoles hallstatiennes orientales). À Klein Klein, les pesons de métier se concentraient presque exclusivement dans un groupe de tombes, chacune comprenant deux ou plusieurs sépultures féminines ; l’A. se demande si ces femmes n’ont pu représenter un corps privilégié à l’intérieur de l’organisation sociale, chargé de tâches particulières d’ordre religieux, comme par exemple tisser des objets de caractère cérémoniel ou rituel.

75 Terzan 1996, p. 511-512.

76 Terzan 1996, p. 516.

77 J. Banck-burgess, Hochdorf IV. Die Textilfunde aus dem späthallstattzeitlichen Fürstengrab von Eberdingen-Hochdorf (Kreis Ludwigsburg) und weitere Grabtextilien aus Hallstatt-und Latènezeitlichen Kulturgruppen, Forschungen und Berichten zur Vor-und Frühgeschichte in Baden-Württemberg (1999), p. 86-87. Sur l’origine méridionale de quelques tissus de la tombe princière d’Hochdorf : Der Keltenfürst von Hochdorf. Methoden und Ergebnisse der Landesarchäologie, catalogue de l’exposition de Stuttgart 1985 (1985), p. 115.

78 Pline, N.H. IX 141 ; XVI 31 ; XVII 3.

79 J. Hundt, Gewebefunde aus Hallstatt. Webkunst und Tracht in der Hallstattzeit, in Kriegen und Salzherren. Hallstattkultur im Ostenalpenraum (1970), p. 53-71.

80 GUIDI 1983, p. 57 avait déjà émis l’hypothèse d’échanges et de dons réalisés à l’occasion de mariages. Il est utile de rappeler que l’importation ou l’imitation de fibules étrangères ne peut pas prouver à elle seule, le déplacement des individus : voir à ce sujet les considérations de G. Shepherd, Fibules and Females : Intermarriage in the Western Greek Colonies and the Evidence front the Cemeteries, in G. R. Tsetskladze (éd.), Ancient Greeks. West and East (1999), p. 267-300, notamment p. 297-298.

81 Voir par exemple la fibule « à navicelle » en bronze avec des incisions en zigzag retrouvée dans la tombe 116 de Bischofshofen, en Autriche (A. Lippert, « Zum Beginn des Hallstattzeit im inneren Ostalpenraum : das Gräberfeld von Bischofshofen », in Jérém-lippert 1996, p. 239-254 ; pour la fibule cf. p. 248, pl. 7, 248). Cette fibule appartient à un type largement attesté à Este aux VIIe et VIe siècles : ELES MASI 1986, « fibule a navicella a bottone profilato », pl. 84-87, η. 1043-1058. Il est intéressant de retrouver une fibule de ce même type associée à une imitiation de cratère daunien dans la t. 51 de Dragatus (Slovénie) (Frey 1966, p. 63, pl. 11).

82 Cf. une fibule à navicelle en bronze du tumulus 2 de Frog avec un décor à petits cercles (G. Tomedi, Frög im kronologischen Netzwerk des Südostalpenraumes, in Jérém-lippert 1996, p. 537-548, notamment p. 540-541, pl. 1, no 21) qui évoque de près des productions typiques de Vérucchio, attestées également à Este et à Bologne au cours du VIIe siècle av. J.-C. sur lesquelles voir supra, n. 42-44.

Table des illustrations

Légende Fig. 1 : L’Italie adriatique (d’après Principi etruschi tra Mediterraneo e Europa, Catalogue de l’exposition Bologne 2000-2001 [2000])
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Légende Fig. 2 : Les cultures halstattiennes orientales (d’après M. Egg, Das haistattzeitliche Fürstengrab von Strettweg bei Judenburg in der Obersteiermark, RGZM Monographien 37 (1996)
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Légende Fig. 3 : a) Trône de Vérucchio, détail (d’après Principi etruschi tra Mediterraneo e Europa, Catalogue de l’exposition Bologne 2000-2001 [2000]) ; b) et c) Stèles dauniennes no inv. 0699-0700 et 0642, détails (dessin d’après M. L. Nava, Stele Danubie, vol. I-II [1980])
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Légende Fig. 4 : a) Décor d’un vase de Sopron (d’après A. Eibner-Persy, Haistattzeitliche Grabhügel von Sopron (Ödenburg). Die Funde der Grabungen 1890-92 in der Prähistorischen Abteilung des Naturhistorischen Museums in Wien und im Bürgerländischen Landesmuseum in Eisenstadt [1980]) ; b) Détail du décor du Tintinnabulum de la Tombe des ors de Bologne (d’après M. Torelli, Il rango, il rito e l’immagine. Alle origini della rappresentazione storica romana [1997])
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Légende Fig. 5 : a) Trépieds en bronze, 1— de Novo Mesto, 2— de Bologne, 3-4— de Vetulonia (d’après K. Kromer, « Das östliche Mitteleuropa in der frühen Eisenzeit (7.-5. Jh. V. Chr.). Seine Beziehungen zu Steppenvölkern und antiken Hochkulturen », JRGZ [1986-1], p. 3-93) ; b) Trépied en argile de Kranj (d’après S. Gabrovec, « Etruskischer Niederschlag in Slowenien », in L. Aigner Foresti [éd.], Etrusker nördlich von Etrurien. Etruskische Präsenz in Norditalien und nördlich der Alpen sowie ihre Einflüsse auf die einheimischen Kulturen, Actes du Colloque de Vienne 1989 [1992], p. 203-218)
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Légende Fig. 6 : a) Motifs décoratifs des céramiques du groupe de Kalenderberg (d’après A. Siegfried-Weiss, Der Ostalpenraum in der Hallstattzeit und seine Beziehungen zum Mittelmeergebiet, Hamburger Beiträge zur Archäologie 6 [1979]) ; b) Motifs décoratifs de la céramique daunienne SDS I (d’après D. Yntema, The Matt-Painted Pottery of Southern Italy. A General Survey of the Matt-Painted Pottery Styles of Southern Italy during the Final Bronze Age and the Iron Age [1990])
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Légende Fig. 7 : a) Fibules à navicelle, a, d— de Frög (d’après E. Jerem et A. Lippert [éds], Die Ostahallstattkultur, Akten des Internationalen Symposiums Sopron 1994 [1996]) ; b— de Vérucchio (d’après Principi etruschi tra Mediterraneo e Europa, Catalogue de l’exposition Bologne 2000-2001 [2000]) ; c, e— d’Este (d’après P. von Eles Masi, Le fibule dell’Italia Settentrionale, Prähistorische Bronzefunde XIV, 5 [1986]) ; f— tombe 51 de Dragatus (d’après K. Kromer, « Das östliche Mitteleuropa in der frühen Eisenzeit (7.-5. Jh. V. Chr.). Seine Beziehungen zu Steppenvölkern und antiken Hochkulturen », JRGZ [1986-1], p. 3-93)
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Université Paris I

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