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Théorie critique et modernité négro-africaine

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Jean-Godefroy Bidima

Première partie : Les enjeux de la catégorie de possibilité dans la théorie critique

Liminaire

Texte intégral

1La question à laquelle veut répondre cette première partie est relative au statut de la notion de possible dans la Théorie Critique. Comment la Théorie Critique s'articule-t-elle vis-à-vis du possible au sein de la praxis historique ? Cette interrogation de la Théorie Critique a un intérêt épistémo-politique et propédeutique. L'intérêt épistémo-politique concerne les rapports entre la Théorie Critique et la praxis. La question permettra de voir en partie dans quelle mesure la Théorie Critique peut être dite philosophie de la praxis, ou si elle n'est qu'une critique sociale très utopistique (au sens ou l'entend E. Bloch quand il oppose l'utopistique à l'utopie concrète) ? Quant à l'importance propédeutique de cette interrogation du possible dans la Théorie Critique, elle permettra d'analyser l'éradication du possible dans certaines modernités non-européennes à la lumière des articulations de cette catégorie.

2Cette première partie se divisera en trois étapes. Le premier moment : de l'impossible possibilité analysera comment chez Adorno l'alliance entre le négativisme et la possibilité s'avère impossible, et surtout dans quel sens l'articulation que fait Horkheimer entre la catégorie du "Futur" et celle du "tout-autre", aboutit, elle aussi, à la négation du possible. Le second mouvement : à la possibilité de l'impossible s'inscrit comme une antithèse de la négation du possible. Ce mouvement se propose d'examiner comment la catégorie de possibilité se conjugue en termes d'imagination (Marcuse) et en termes de communication (Habermas). Quelle est la pertinence théorique/pratique du possible entendu comme imagination/communication face à la désespérance totale ? Au fond, la Théorie Critique peut-elle être dite pensée du possible ? Pourquoi des penseurs qui avaient le même idéal arrivent à élaborer deux conceptions du possible diamétralement opposées ? La réponse à cette série de questions constituera le troisième chapitre de cette première partie.

© Éditions de la Sorbonne, 1993

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