1À présent fréquemment utilisée en histoire, même si elle est difficile à définir précisément, la notion d’espace peut être mise en relation avec certains des rapports entre les Parisiens et la capitale où ils vivent, selon différentes perspectives. Le caractère nettement dessiné des limites de Paris, sur un plan administratif et politique, au travers des agrandissements successifs - celui de 1860 constituant la dernière et jusqu’à nos jours l’ultime étape - fait que l’ensemble des quartiers et des arrondissements de Paris compose un cadre à certains égards rigide. Il reste qu’en termes de cultures et de représentations, les données sont fort complexes. D’une part les Parisiens ne constituent évidemment pas un ensemble immuable. Leurs origines, leur formation, leur situation sociale peuvent guider ou modifier leurs perceptions et leurs horizons d’attente. Il existe de plus bien des subdivisions sensibles à l’intérieur de l’espace parisien. Pour une période d’un peu plus d’un siècle, avec une vingtaine d’années d’écart par rapport à l’extension des limites de la capitale, il en sera tout d’abord question au travers d’une manière de tableau des configurations parisiennes. Dans un deuxième temps, l’interrogation portera sur les modes d’appropriation culturels des espaces parisiens. Puis une esquisse sera présentée au sujet des transformations ayant affecté les rapports traditionnels ou du moins tenus pour tels entre les Parisiens et leurs espaces. Bien entendu, on ne dispose pas, pour traiter cet ensemble de questions, d’une documentation homogène. Les sources les plus accessibles sont surtout littéraires, lato sensu, et — mais le champ est également immense, et il sera peu question de ces aspects dans cette communication - figurées et visuelles. Les enquêtes précises, menées dans une perspective d’histoire culturelle, ainsi que les représentations cartographiques appropriées, sont d’autant plus rares à propos du sujet traité que ce type d’interrogation est probablement lié à des préoccupations récentes. Il s’agit donc, pour l’essentiel, d’une approche1 qui pourrait permettre de soulever un certain nombre de questions d’interprétation ou d’y faire écho à la suite d’analyses présentées au travers de communications antérieures.

CONFIGURATIONS

2À la fin du xix^e et au début du xx^e siècle, alors que la population parisienne connaît une forte croissance — son apogée démographique est reflété par le recensement de 1911 -, la capitale constitue à bien des égards un monde plein, même si les densités varient beaucoup et si certain quartiers conservent encore un aspect peu métropolitain, voire « villageois ». Les Parisiens d’origine, à première vue, sont ceux qui sont les plus familiers de l’espace de la capitale, alors que les nouveaux venus, provinciaux ou étrangers, le pratiqueraient plus malaisément. De fait, cette distinction prête à discussion, certains « vieux Parisiens » ne sortant guère des limites étroites d’un espace situé autour de leur logement2, alors que des habitants récents ou temporaires sillonnent la capitale, ainsi que des banlieusards, comme l’a souligné Jean Favier, pour des raisons professionnelles ou personnelles. Les cultures, dans l’espace urbain, même si l’on ne songe qu’au seul critère de la mobilité, sont à l’évidence à géométrie variable.

3En outre, plusieurs catégories d’espaces voisinent ou se superposent dans la capitale, s’imposant plus ou moins à l’attention, et structurant à parts inégales une manière d’habitus urbain. Tout d’abord, la ville, considérée globalement, peut être vue au travers de représentations antérieures3, ayant joué sur l’attraction exercée par Paris. Parmi les références littéraires et artistiques, on peut supposer que les images flatteuses ou du moins attirantes ont retenu l’attention - entre autres facteurs — de certains de ceux qui se sont installés dans la capitale. Ainsi présentée ou présente, la capitale est certes un artefact, mais aussi un espace global, celui de la nouveauté, de la « Ville Lumière », de la « vie parisienne », même si celle-ci, dans l’acception la plus courante, est concentrée dans quelques quartiers.

4C’est à une échelle assez limitée qu’en général sont mentionnés les espaces parisiens les plus perceptibles4. Le cadre des arrondissements semble n’exercer qu’une faible emprise culturelle, en dehors des contrastes souvent évoqués entre secteurs « riches » et « pauvres », ou Ouest et Est5. Plus anciens, encore que le découpage politique soit assez récent à la fin du xx^e siècle6, les quatre-vingts quartiers de Paris7 - dont fort peu de Parisiens doivent connaître les noms exacts-ne sont, en tant que tels, que peu porteurs de résonances, à moins que leur appellation ne corresponde à un monument ou à un site particulièrement connu. En dehors de la fréquentation de certains bâtiments publics, ou à l’occasion des élections municipales telles qu’elles étaient pratiquées sous la troisième République8, la banalité des désignations officielles de bien des quartiers ne retient guère l’attention, même s’il est possible que s’opèrent des identifications, parfois élargies, comme à Belleville9. Un quartier peut correspondre à bien des dimensions, et c’est sous ce rapport qu’il est permis de parler d’une sorte de jeu d’échelles culturel.

5Certaines divisions de l’espace parisien offrent un caractère plus spécifique, souvent antérieur à 1860. C’est le cas, pour les catholiques10, des paroisses, dans l’ensemble assez peu étudiées pour la période ici abordée dans une perspective spatiale11. Par ailleurs, les « villages », à l’intérieur des arrondissements, constituent sans doute un cadre proche, y compris culturellement, au travers d’un certain nombre de traditions locales. Mais, d’une part, leurs limites ne sont pas toujours faciles à tracer. D’autre part, on peut se demander si les habitants les plus âgés de la capitale, qui ont connu les temps pré-haussmanniens, ne sont pas les plus sensibles à ces divisions. Ce n’est pas toujours le cas, comme en témoignent certains écrits de l’entre-deux-guerres, dont Pays parisiens de Daniel Halévy12, ainsi que toute une littérature nostalgique postérieure. Il existe aussi des découpages en quelque sorte thématiques — « quartiers » dits historiques, de la presse13, de l’édition, des spectacles — que met en évidence un flot de publications, notamment des guides touristiques14. Enfin, des espaces de taille plus réduite s’inscrivent au cœur ou en marge du quartier, en termes de perceptions et de représentations, autour des lieux de la vie quotidienne, du travail et du loisir proches. Sans doute peut-on penser qu’il s’agit souvent d’espaces « sans qualités »15 dont les contours varient selon les âges et les individus. Ils n’en sont pas moins l’objet, non seulement d’une présence, mais aussi d’utilisations dont il convient d’aborder les modalités.

APPROPRIATIONS

6Sur ces espaces aux cadres déterminés ou à géométrie variable portent des regards très divers. L’expérience immédiate, qui ne laisse souvent guère de traces, l’emporte souvent sur une réflexion difficile à mettre en œuvre, dès lors qu’il s’agit d’approches d’apparence banale ou de sensations fugaces, accordées à des parcours. Néanmoins, on peut esquisser quelques considérations, dans différents domaines, relevant de sentiments d’appartenance ou de possession, plus ou moins durables...

7Tout d’abord, il semble que l’appropriation culturelle peut être liée au sentiment ou à l’affirmation d’une identité parisienne — parfois plaquée sur les Parisiens, de la part de provinciaux, ou revendiquée face à ces derniers16 - à l’échelle de la capitale tout entière. Mais il s’agit davantage d’un mode de désignation, d’autodéfinition, voire d’autosatisfaction — que d’une présence en quelque sorte englobante dans un espace que la plupart des Parisiens n’ont guère le temps de parcourir dans sa totalité, en admettant qu’ils le souhaitent. Les « flâneurs » ne constituent d’ailleurs qu’une catégorie assez floue, dans l’espace parisien17. Nombre d’entre eux, qui ne sont pas parisiens, portent un regard « de l’extérieur », avec des sentiments divers. Ceux d’entre eux qui publient leurs impressions, sous la forme d’articles, de récits, ou - avec un effet de retard — de souvenirs, rendent compte, en un sens, à un public parisien ou non, dont ils enrichissent la culture, de leur perception d’espaces qu’ils ne se sont appropriés que de manière indirecte, parfois subtile, en contournant le cas échéant les limites traditionnelles18.

8Loin de ces considérations sur le dehors et le dedans, du moins en apparence, l’appropriation de l’espace se fait à l’échelle du quartier, au sens le plus usuel, c’est-à-dire peu administratif, et plus particulièrement de l’espace quotidien, celui de la voie urbaine, avec ses cafés et ses boutiques, que prolongent parfois des trajets hebdomadaires, notamment dominicaux. En relation avec les représentations attachées - notamment par l’image et la photographie19 — à ce type de présence dans l’espace parisien, entre courses, travaux et loisirs, peut-on identifier des formes de culture spécifique ? Il est difficile d’établir une typologie précise, car bien des dimensions sont imbriquées, mais on peut répertorier quelques cas de figure.

9Dans certains cas, les modes d’appropriation sont complexes, car ils jouent sur plusieurs registres, accompagnant les Parisiens dans leur existence, en combinant culture quotidienne, évocations d’espaces et trajets dans la ville, comme c’est le cas pour la « chanson de Paris »20. Sur un autre plan, des caractères spatiaux sont parfois associés à des pôles symboliques21, à des phases ou des moments durant lesquels s’expriment certains aspects des cultures politiques : campagnes électorales22, manifestations23, fêtes. A ces dernières correspondent aussi, parfois, des moments privilégiés de la « vie de quartier », pour des catégories diverses de la population parisienne, surtout dans les quartiers populaires24.

10Au sens plus traditionnel de la notion de culture, longtemps très nettement prédominant, certains lieux ou quartiers particulièrement cités ou représentés font l’objet d’appropriations temporaires, voire éphémères, mais elles s’intègrent parfois aussi à un mode de vie considéré comme élitaire. En effet, peuvent intervenir des distinctions sociales, dans le cas de visites de monuments, de musées, de galeries de peinture ou d’expositions — mais il existe aussi des caractères relevant progressivement de la culture de masse, par exemple à l’occasion des Expositions universelles.

11A l’échelle des individus, voire de groupes sociaux, il peut s’agir aussi de vie estudiantine, de création artistique, et de fréquentations d’espaces en rapport, réels ou supposés, avec ces activités. L’appropriation, variable, ne concerne pas seulement des Parisiens. On songe au Quartier latin, bien évidemment, ou à des quartiers « artistiques », comme Montmartre, Montparnasse ou Saint-Germain-des-Prés, cette fois avec des connotations d’avant-garde et l’apport d’artistes installés à Paris. Mais la vie de ces quartiers ne se limite naturellement pas à ces images et à ces caractères : bien des données interviennent. L’« encanaillement » auprès d’une population tenue pour marginale peut masquer certaines réalités25. Sur un autre plan, les artistes et écrivains ne constituent certes pas une catégorie homogène : il en est qui, notamment dans les milieux de la peinture académique ou de la littérature à succès, effectuent une « conquête de l’Ouest » en s’installant dans de « beaux quartiers »26. Certains d’entre eux, pour la période considérée, comme la Nouvelle-Athènes, ont perdu une partie de leur notoriété, mais des guides les évoquent, et ils sont en quelque sorte inscrits dans le patrimoine culturel de la capitale27.

12Pour le thème ici abordé, à l’échelle de l’ensemble des quartiers, il faut également évoquer un maillage culturel, aux caractères plus ou moins homogènes. De ce point de vue, l’œuvre — ou la période — de la troisième République, même s’il existe assurément des lieux antérieurs, a largement contribué à structurer l’espace culturel de la capitale, en matière de bibliothèques locales et plus encore d’établissements scolaires. Si la réflexion sur les espaces scolaires est encore assez limitée pour ce qui concerne la capitale28, la présence des locaux n’est pas seule en cause : formation, apprentissages, images et liens avec la vie de quartier sont bien présents. L’appropriation, dans le domaine scolaire, est complexe29, dès lors qu’elle occupe une part variable dans l’acquisition d’une culture et entre en relation avec une acculturation. Pour la grande majorité des Parisiens, c’est l’enseignement primaire qui a longtemps donné le ton, du moins jusqu’au milieu, et probablement au début du dernier tiers, du xx^e siècle. Les lycées — encore qu’il faille introduire des nuances selon les quartiers et les types d’établissement — structuraient de manière moins homogène les espaces scolaires. Quant à l’enseignement supérieur et aux grandes écoles, par leur aire plus large de recrutement et leurs effectifs, ils ne correspondaient pas au même type de maillage. Quoi qu’il en soit, les normes et les règles inculquées ne sont pas nécessairement prégnantes après — ou même pendant — la période d’obligation scolaire. Des valeurs alternatives ou du moins complémentaires interviennent dans le monde du travail, mais l’espace de l’école et du quartier demeure dans le souvenir, ainsi qu’en termes de générations.

13Bien entendu, à l’échelle de plus d’un siècle, tous ces caractères et ces parcours ont subi des modifications. Si, parmi les jalons concernant les espaces des Parisiens, certains sont relativement stables, il existe aussi bien des facteurs et des modalités de mutations, qui peuvent être liés, dans certains cas, à des phénomènes ou à des considérations portant sur une éventuelle désappropriation ou suscitant de nouveaux rapports à l’espace.

TRANSFORMATIONS

14Selon l’approche ici retenue, la mise en évidence des mutations, si l’on tient au cadre de la capitale, ne va pas de soi, dès lors que bien des paramètres, sous une forme ou sous une autre, paraissent présents abinitio, à une époque qui, sur le temps long, n’est pas si éloignée. Pourtant, autour de la notion considérablement élargie de culture, ainsi qu’en termes sociaux, on peut relever de nombreux motifs.

15Tout d’abord, le renouvellement de la population peut susciter des changements culturels, à des degrés divers. Certes, les migrations sont de manière assez générale constitutives des cultures parisiennes. Mais de nouveaux flux se produisent de la fin du xix^e siècle à nos jours, avec des césures importantes, notamment, comme l’a montré Marie- Claude Blanc-Chaléard, à la fin des années cinquante et au milieu des années soixante-dix30. Ces changements font apparaître des formes évolutives d’insertion, d’intégration ou de coexistence, surtout dans les quartiers populaires, où sont présents différents caractères culturels, voire multiculturels.

16D’autre part, certaines mutations culturelles sont inscrites à la fois dans le paysage urbain et ses représentations. Les transformations du cadre de vie par le dépérissement progressif de la « forme-faubourg »31, même s’il existe encore des références, notamment au titre des nostalgies ; l’édification d’immeubles qui ne sont plus considérés comme « parisiens » mais relevant, notamment dans les années cinquante et suivantes, de tendances ou de styles fréquemment tenus pour sans qualités ; la disparition de nombreux lieux témoignant d’une sociabilité culturelle, comme nombre de cinémas, voire de salles de spectacle ; les changements concernant les cadres de la vie quotidienne, même si certains décors de magasins, de cafés ou de restaurants ont été préservés — et si les très grandes surfaces n’ont pu s’installer dans la capitale. Tout cela modifie « la forme d’une ville », singulièrement dans les quartiers de l’Est parisien, mais aussi dans des secteurs assez variés de la capitale, en dehors des arrondissements centraux. On peut aussi évoquer les manifestations, dans Paris, d’une accélération, voire d’une mécanisation, des rythmes de vie32 et, bien entendu, des transports, notamment automobiles33. C’est ainsi - entre autres raisons - qu’est apparu un Paris moderne, au sens architectural, notamment, qui n’est pas seulement une manière de décor culturel.

17De ce que les Parisiens pensent de ces changements, on ne peut se faire qu’une idée approximative, même si des récits montrent plutôt un attachement à des souvenirs de jeunesse34. A l’échelle des représentations culturelles, on trouve une littérature parisienne proliférante, qui reflète parfois des imaginaires insolites, soigneusement mis en forme, symbolistes ou surréalistes, par exemple, ou encore émanant d’auteurs difficilement classables35. 11 existe aussi de multiples figurations visuelles et cinématographiques, de René Clair ou Julien Duvivier à la Nouvelle Vague - et au-delà36. On se contentera ici, tout en notant la très grande diversité culturelle et artistique de ces évocations de Paris et en attirant l’attention sur les phénomènes de mise en abyme qui en résultent, de mettre l’accent sur deux types de discours, présentés de manière assurément simplifiée.

18L’un, qui met l’accent sur la modernité et la nécessité de traverser aisément les espaces, voire de les remodeler, ne semble pas bénéficier d’un très large écho dans la population - sauf, et ce n’est pas négligeable, en période de reconstruction ou de crise aiguë du logement. Il n’en est pas moins développé, sur des modes différents, par des personnalités influentes, hommes politiques « modernisateurs »37, spécialistes, architectes, urbanistes, hauts fonctionnaires, de l’aménagement ou de l’esthétique urbaine - certains pouvant d’ailleurs se montrer critiques à l’égard de l’évolution intervenue, sans tenir nécessairement le second type de discours.

19Bénéficiant d’importants relais culturels, celui-ci est axé sur le thème de la déploration ou de la nostalgie, parfois assorti de poncifs ou de figures de style répétitives, ou bien teinté d’une discrète ironie. Le thème du « Paris qui s’en va » est d’ailleurs présent avant le début de la période étudiée, et on le trouve fréquemment à la fin du xix^e siècle38. Jamais absent par la suite, il a connu un regain durant les trois dernières décennies, en relation avec l’accélération des transformations du cadre de vie et l’action de personnalités ou d’associations favorables au maintien d’un Paris traditionnel, notamment dans les quartiers populaires39. Les récents succès locaux de candidats écologistes et plus généralement l’affirmation de revendications, puis de projets, ayant trait à l’environnement, ne sont pas sans rapport avec ces préoccupations. L’accent est parfois mis sur la convivialité, à l’échelle de quartiers ou de « villages » plus ou moins mythifiés40.

20Néanmoins, l’individualisme, sous différentes formes, joue un rôle important dans les cultures parisiennes, moins lisibles qu’auparavant — sauf dans le cas de situations multiculturelles - en termes de catégories sociales, ce qui n’exclut pas de nouvelles désignations : c’est le cas pour les « bourgeois-bohèmes », qui n’ont qu’un très lointain rapport avec les représentations du Paris bohème étudiées par Jerrold Seigel41 pour une période antérieure.

21Ainsi, le poids des nostalgies réelles ou alléguées n’entre-t-il que partiellement en contradiction avec les images actuelles, et continue-ton à constater des phénomènes de superpositions, dont rendent indirectement compte les multiples guides qui ne cessent de paraître au sujet de la capitale, voire des figurations multimédia42. Différentes formes d’espaces sont en quelque sorte projetées, que délimitations, lieux célèbres, mémoires et parcours continuent à structurer pour l’essentiel, non sans qu’apparaissent de nouveaux pôles culturels, parfois associés à de grands travaux d’inspiration présidentielle, comme le musée d’Orsay, le Centre Georges Pompidou, l’Opéra Bastille ou la bibliothèque François Mitterrand. Des enjeux, qui ne sont évidemment pas seulement culturels, sont attachés à l’aménagement ou aux usages de ces espaces, qui ne concernent pas seulement les Parisiens, mais les habitants de la banlieue et les visiteurs de la capitale.

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22Plastique, la notion d’espace peut être associée à toutes sortes de localisations et de situations, de même, du reste, que le terme de culture. Au-delà de l’image d’un « Parisien » mythique, elle peut mener de l’intime au monde, en passant par l’immeuble, la rue ou le quartier, comme on le voit dans Espèces d’espaces de Georges Perec43. Certes, un tel regard ne saurait pallier la permanence de réseaux et de systèmes de relations culturelles, dans une capitale à la fois source et objet de multiples images et discours. En tout cas, pour être parfois trompeuse ou tronquée, la définition de l’habitant de Paris comme un homme ou une femme situé(e) spatialement, en termes de résidence ou de déplacements, et de culture, ouvre un certain nombre d’horizons, entre les murs ou hors les murs des représentations. Si l’on peut en rester à Paris, dans sa grande diversité, on peut aussi songer à une réflexion à l’échelle de métropoles ou d’agglomérations, faisant entrer dans l’analyse mouvements culturels, élargissement des aires de référence, rapports entre espaces - articulant ainsi thèmes de proximité et développements réels ou potentiels des trames urbaines.