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Adam, la nature humaine, avant et après

 | 
Irène Rosier-Catach
, 
Gianluca Briguglia

La comédie du droit

Adam et le premier procès de l’histoire humaine

Emanuele Coccia

Testo integrale

Un homme sans qualités

  • 1 Mark Twain, Extraits From Adams Diary. Translated From the Original MS, New York/Londres, Harper (...)
  • 2 Ibid., p. 13.
  • 3 Ibid., p. 3.
  • 4 Ibid., p. 23.
  • 5 Ibid., p. 41.

1En 1893 sort la première version de ce qui reste la réécriture moderne la plus intéressante du mythe adamique. Dans ce Journal d’Adam, Mark Twain imaginait pouvoir recueillir et capturer les impressions et le vécu du premier regard qui s’est posé sur le monde et qui l’a observé d’un point de vue humain et non plus angélique ou divin. Et pourtant, les premiers commentaires de la première forme d’esprit humain sont loin d’être sublimes. « Cette nouvelle créature aux cheveux longs », écrit Adam en se référant à sa compagne Ève, « est plutôt encombrante. Elle me court après constamment, elle me suit partout. Je n’aime pas du tout cela. Et je n’aime pas sa compagnie »1. « Elle parle sans cesse2 », continue-t-il à se plaindre « je préférerais qu’elle ne le fasse pas » et qu’« elle reste avec les autres animaux »3. Selon Adam, Ève « mange trop de fruits », invente des mots inutiles tout en insistant pour qu’ils ressemblent aux choses et souvent « fait un bruit pathétique perdant sans cesse de l’eau de l’organe qui lui permet de voir les choses »4. Mais surtout, elle prétendrait « avoir été produite à partir d’une côte » tirée du corps d’Adam. Chose qui, réplique Adam, « est au moins douteuse sinon pire. Aucune côte ne me manque »5.

  • 6 Mark Twain, Extraits From Adams Diary, op. cit., p. 51.
  • 7 Ibid., p. 53.

2Ce portrait d’Adam comme homme rude et grossier est peut-être moins éloigné de l’archétype biblique que l’on ne pourrait le soupçonner. C’est à propos des raisons et de la nature de la désobéissance du proto-géniteur que la version de Twain s’éloigne le plus de la lettre du livre de la Genèse. Le serpent assure à Ève que « le fruit interdit n’était pas la pomme mais la châtaigne », ajoutant que la « châtaigne est un terme figuratif qui signifiait une blague vieille et moisie [an aged and mouldy joke]6 ». Face à cette précision, Adam, « devenu pâle », avoue avoir fait « beaucoup de blagues pour passer le temps et que certaines étaient de ce type lorsque je les ai faites ». C’est une très mauvaise blague faite « au moment de la catastrophe » « entre soi-même et soi-même », « pas à haute voix », celle que le serpent appellera « la Première Blague », « contemporaine de la création », qui a déclenché la ruine du monde : « j’étais sur le point de mourir de rire lorsque guerre et mort se sont libérées en toute la nature et j’ai dû prendre la fuite pour toute ma vie »7.

  • 8 Northrop Frye, The Great Code. The Bible and Literature, Hartcourt, San Diego, 1983, p. 181

3Malgré les nombreuses licences poétiques de l’auteur, le choix de réécrire sous forme comique l’événement qui, selon la Torah et l’Ancien Testament, ouvre l’histoire humaine, est en réalité extrêmement fidèle à l’esprit littéraire du texte. Dans le récit biblique des origines de l’humanité, en effet, il n’y a aucune trace de tragédie. Mais ce n’est pas le seul passage du texte à montrer cette absence d’esprit tragique : comme l’a écrit Northrop Frye, « la Bible ne montre aucune prédilection pour les thèmes tragiques : au-delà de la Passion, la manière de décrire les victimes montre des tendances plutôt ironiques. [...] La Bible n’accepte pas la conception grecque du héros, le personnage dont la grandeur, la force, le lignage, la facilité de parole sont plus qu’humains et qui malgré cela semble avoir un destin à la portée des hommes8 ». Il serait difficile de trouver un passage plus approprié pour exemplifier la tendance anti tragique de la Bible : ce qui se présente dans ces quelques lignes est la première véritable action du premier homme, à l’aube du monde. Et pourtant, au centre du récit il y a un événement trop banal et trop stupide pour que l’on puisse parler de tragédie. Au commencement de l’humanité il n’y a pas des batailles mémorables, des astuces surhumaines ou des voyages dans des pays merveilleux. Il semblerait, au contraire, que tout dans le monde, au moins pour nous, les hommes, ait commencé par un simple cas d’appropriation indue d’une pomme.

  • 9 Voir Gregory Nagy, The Ancient Greek Hero in 24 Hours, Cambridge (MA), Harvard University Press, 2 (...)

4Cette différence mérite d’être comprise. Dans presque toutes les civilisations occidentales et orientales, les récits des origines débordent de figures héroïques, de prestations exceptionnelles [méga ergon] ou d’événements mémorables. Les protagonistes de ces cycles mythologiques peuvent avoir un cœur noble, ou au contraire être sans pitié, sauvages, impétueux. Ils peuvent ne pas être parfaits. Souvent, dans la recherche de l’excellence [aristeia], ils font des erreurs. Ils peuvent être méchants, monstrueux, même barbares dans leurs grossièreté ou méchanceté. Pris de fureur, ils peuvent tuer, massacrer leurs compagnons. Mais la lumière de l’exceptionnalité ne les abandonne jamais. Ils sont toujours des grands hommes, des divinités imposantes. Achille, Hector, Cadmos, Ulysse, mais aussi Gilgamesh, Enkidu, Utnapishtim et les héros de la mythologie sumérienne ou mésopotamienne. Solitaires, parfois inadaptables (comme Ajax), les héros sont des hommes de valeur qui resplendissent, dans le bien comme dans le mal9.

  • 10 K. Kerényi, C. G. Jung, Einführung in das Wesen der Mythologie. Gottkindmythos. Eleusinische Myste (...)
  • 11 C. Lévi-Strauss, Mythologiques, 4 vol., Paris, Plon, 1964-1971. Sur ces volumes de Lévi-Strauss vo (...)
  • 12 Sur ce thème voir les réflexions classiques de G. Agamben, La communauté qui vient, Paris, Seuil, (...)
  • 13 Robert Musil, L’homme sans qualités, 2 vol., Paris, Seuil, 2011. L’on pourrait d’ailleurs relire l (...)
  • 14 K. Barth, Christus und Adam nach Rom. 5. Ein Beitrag zur Frage nach dem Menschen und der Menschhei (...)

5Cette lumière est totalement absente du personnage d’Adam. Il n’y a rien d’héroïque en lui. Ni la fureur ou la rage des guerriers, ni la vertu des pères, ni non plus la méchanceté orgueilleuse et aveugle du tyran ou du traitre. L’Ancien Testament aussi déborde d’hommes vertueux et de grands traitres. Adam est une exception. Il n’est pas un fratricide comme Caïn, ni un assassin. Et son âme n’héberge pas la psychologie baroque des grands personnages de la littérature mondiale. D’un point de vue émotif, il n’a rien d’exceptionnel : sa mesquinerie n’est pas mémorable. Pris sur le fait, il n’est pas capable de la fierté du criminel. Il a peur, il n’avoue pas sa faute et accuse Dieu et Ève, comme un enfant pourrait le faire face à son père. À bien y voir, il ne s’agit même pas d’un voleur ou d’un transgresseur invétéré. Il est l’un de ces criminels mineurs, sans nom et sans visage, dont la presse est pleine, mieux l’un de ceux qui n’arrivent même pas à mériter une mention dans les journaux régionaux : si ce n’était par le fait d’être le premier et le seul homme sur la terre, le crime serait trop banal. Il n’est pas non plus un trickster, le truqueur divin étudié par Kerenyi et Jung10 et si massivement présent dans la mythologie amérindienne analysée par Lévi-Strauss11. Sa médiocrité et sa normalité sont écrasantes. Qui plus est, c’est très certainement son « être quelconque12 », d’homme sans qualités13, son indétermination et sa banalité, qui ont rendu possible son identification avec chaque individu, avec « chacun de nous14 ». Au commencement et au centre de la scène qui a déterminé le destin du cosmos chrétien, il n’y a ni la vie d’un homme infâme, un démon au sens dostoïevskien du terme, ni un exemple de la banalité du bien. Il y a seulement un homme moyennement médiocre et un crime infra-ordinaire, la violation sans volonté et obstination d’un interdit alimentaire. Une pomme volée, mangée presque par peur. Un délit sans drames intérieurs, commis seulement parce que d’autres – le serpent ou Ève – ont suggéré de le faire.

  • 15 Sur la question du registre comique chez Dante et dans la tradition chrétienne, voir le chef-d’œuv (...)
  • 16 Sur le problème voir A. Alt « Die Ursprünge des israelitischen Rechts », dans Kleine Schriften, vo (...)

6Twain n’est évidemment pas le seul à avoir interprété ou réécrit sous forme comique l’histoire des origines du destin humain. Son pari – qui fut aussi celui de Dante15 – n’est pas une option purement littéraire : aux yeux d’un juriste médiéval, par exemple, ce choix est trivial. L’indifférence souveraine des juristes à l’égard Adam et de ses actions n’a d’ailleurs rien d’étonnant. Même du point de vue du droit, le cas d’Adam est absolument ordinaire et n’a rien de particulièrement intéressant. Juridiquement, il s’agit d’un crimen manifestum, au sens technique du terme, d’un acte qui pour son évidence manifeste ne peut pas produire une actio legis et qui n’aurait besoin d’aucun traitement sous forme de procès pour être jugé. Et pourtant c’est précisément la contradiction entre la banalité de l’acte et l’étrange menuet qui se développe entre Dieu et les deux protoplastes après la désobéissance qui rend cet épisode juridiquement intéressant. Ce menuet, en effet, est aux yeux des juristes un véritable procès : de ce point de vue le premier acte juridiquement pertinent accompli par l’homme est de façon décisive moins important que les conséquences qu’il a produites. Il s’agit en effet non seulement de la première action de droit de l’histoire – du premier procès dans l’histoire humaine – mais aussi de la seule action dont Dieu serait l’un des acteurs. Le choix comique de la Bible (qui, d’ailleurs, est un code juridique16) trouve donc ses raisons dans la nécessité de fonder la procédure. Il y a une relation intime entre procédure et comédie qui doit encore devenir objet d’une enquête. Comme si le droit était toujours du côté du comique. Comme si le droit devait présupposer que l’histoire humaine soit une comédie pour pouvoir la capturer dans ses rouages.

Un procès

  • 17 Sur ce problème voir l’étude exemplaire de G. Briguglia, « Si stetissent primi parentes. Elementi (...)
  • 18 E. Coccia, « Inobedientia. La disobbedienza di Adamo e l’antropologia giudaico-cristiana », Filoso (...)

7La théologie avait transformé l’épisode de la transgression d’Adam en un prétexte pour penser une césure anthropologique, un changement massif de la nature et de la forme de l’humanité, du cosmos, de l’expérience politique17. Paul de Tarse, dans le célèbre passage de l’épitre aux Romains qui peut être considéré comme un midrash de cet épisode, avait développé une réflexion sur le rapport de l’homme à la praxis et à la loi (Rm 5-7)18. Le droit, au contraire, cite et utilise ce passage pour penser le procès. Et l’enjeu n’est pas la nature du procès mais sa nécessité : si un crime tellement banal et évident a été jugé par un véritable procès, si Dieu, qui est le Juge Tout-Puissant et omniscient qui n’a aucun besoin d’une procédure de cognition entame un procès contre Adam avant de le condamner, alors tout crime, dans toute condition, peut et doit être jugé par un juste procès. C’est dans ce sens que la banalité d’Adam et de son acte devient un élément nécessaire du commencement de « notre » histoire. Le crime d’Adam, dans sa banalité, fonde la nécessité du procès et de la procédure judiciaire dans l’histoire humaine.

  • 19 Jean Chrysostome, In Cap. II Genes. Homil. XVII, PG 53, 135.
  • 20 Ibid., chap. 137.
  • 21 Ibid., chap. 138.
  • 22 Ibid., chap. 140.
  • 23 Ibid., chap. 142.

8Or, pourquoi le droit a-t-il fait de l’épisode qui ouvre l’épopée humaine l’occasion pour réfléchir sur le procès et sa nécessité plutôt que sur la nature et la fragilité de la volonté de l’homme et sur le sens de la loi ? À la différence de ce que l’on peut encore lire très souvent, l’idée que l’appropriation et la manducation indue de la pomme par Adam et Ève soient immédiatement suivies par un procès n’est pas une invention ou une projection des juristes médiévaux. Il s’agit, au contraire, d’une donnée scripturale – si l’on suit l’interprétation de certains Pères de l’Église – mais aussi d’une évidence dont témoigne la littérature apocryphe. Les Homélies sur la Genèse attribuées à Jean Chrysostome, par exemple, lisent et interprètent ce passage en utilisant déjà un vocabulaire rigoureusement juridique. La conscience d’Adam, celle qui le pousse à se cacher, est décrite comme adèkastos dekastês, juge incorruptible qui « crie à haute voix, accuse et écrit face aux yeux la grandeur des péchés19 ». Et pour décrire l’attitude miséricordieuse de Dieu, Jean raconte que lorsque les juges sont assis sur les hauts trônes et répètent les sentences aux accusés, ils ne prêtaient pas attention à leur réaction, afin de souligner le caractère abominable de leur crime20. Et si la coutume des juges terrestres prévoit que celui qui annonce la sentence aux accusés soit une personne différente du juge qui l’a écrite, Dieu convoque Adam personnellement. Ceci, écrit Jean, est le signe de l’amour et de la bienveillance, de la miséricorde et de la patience de Dieu (philanthrôpian despotou kai aenxikakias hyperbolên)21. « Il aurait pu mépriser les accusés et ne pas les interroger, en leur infligeant une peine, et pourtant il agit avec patience, il tolère, il interroge, il écoute la réponse et ensuite il interroge à nouveau en poussant l’accusé à se défendre » : il s’agit d’un bon juge qui nous apprend, continue Jean, la manière dont le droit doit être exercé. Dans d’autres passages, Jean loue la méticulosité et la patience de l’interrogation22, et répète que les peines infligées à Adam et Ève, à la différence de celles infligées au serpent, ne sont pas de véritables peines mais des admonitions (nouthesian mallon achousan hê kolasin)23.

  • 24 Rupert de Deutz, De trinitate et operibus eius libri XLII, In Gen. lib. III, cap. XV, PL 167, 301  (...)

9Le vocabulaire juridique et l’image processuelle sont présents aussi chez les auteurs latins médiévaux. Rupert de Deutz, par exemple, parle explicitement d’un mos judiciarium, et interprète la parole de Dieu comme une sentence qui témoigne de l’essence de l’équité judiciaire, en soulignant le fait que la peine infligée à Ève (dont le péché, selon Rupert, à la différence d’Ambroise par exemple, est plus grave que celui de l’homme) est conforme aux principes du droit romain24.

  • 25 Jan Dochhorn, Die Apokalypse des Mose. Text Übersetzung, Kommentar, Tübingen, Mohr Siebeck, 2005.
  • 26 Voir Amos 5,18 ; Es 13, 5 ; Jr 46,10.

10La lecture processuelle du dialogue entre Dieu et Adam n’est pas le signe de la projection d’un modèle juridique sur le texte biblique de la part de la tradition patristique ou théologique. La réécriture apocryphe la plus importante du mythe adamique, l’Apocalypse de Moïse25, interprète la même scène dans le même sens. À l’origine de cette lecture il y a l’expression leruach haiom de Gn 3,8, qui peut être interprétée dans le sens de « jour du jugement »26. Il semblerait donc que la théologie ait vu dès le début dans cet épisode un pendant du Jugement dernier. Ce n’est donc pas au droit qu’elle a dû emprunter cette image, qui constitue l’une des racines structurale de la mythologie chrétienne.

Une loi

  • 27 Kenneth Pennington, The Prince and the Law, 1200-1600 : Sovereignty and Rights in the Western Lega (...)
  • 28 Linda Fowler-Magerl, Ordo iudiciorum vel ordo iudiciarius : Begriff unnd Literaturgattung, Francfo (...)
  • 29 Richard M. Fraher, « “Ut nullus describatur reus prius quant convincatur” : Presumption of Innocen (...)
  • 30 Augustin, Homilia 351, PL 39, 1545-1547 : « Noluit enim hominem ab homine iudicari ex arbitrio sus (...)
  • 31 Hincmar de Reims, De presbyteris criminosis de quibus approbatio non est, cap. XII, PL 125, 1098 : (...)

11Lorsque le droit romain et sa connaissance rentrent dans l’Occident latin après quelques siècles d’absence, les juristes se réapproprient l’image d’un procès originaire. K. Pennington27, Linda Fowler-Magerl28 et Richard Fraher29 ont déjà réfléchi sur la signification de cette réappropriation, mais en ignorant l’origine théologique de l’idée du procès, ont surévalué l’importance de la procédure de l’ordo judiciarius et le rôle que la citation et l’utilisation de cet épisode ont eu dans la genèse de la doctrine de l’ordo. L’idée d’un juste procès, d’ailleurs, est, elle aussi, une construction théologique qui a ses origines dans une homélie augustinienne30 intégrée dans le Decretum, qui trouvera son plaidoyer le plus passionné en Grégoire le Grand et qui reproduit un véritable lieu commun de la littérature théologique médiévale31.

  • 32 En plus des volumes de Kenneth Pennington et de Linda Fowler-Magerl, voir l’étude fondamentale de (...)

12L’histoire de la construction de l’ordo judiciarius est assez longue et complexe. Dans ce contexte je me limiterai à rappeler que le Moyen Âge a non seulement formalisé la procédure judiciaire, mais qu’il a aussi développé au cours de son histoire une forme de procès dans lequel l’accusé assume de plus en plus de droit et d’espace : tout semblerait fait pour développer des procédures qui rendent possible le bloc du procès32.

  • 33 Paucapalea, Summa, éd. par Johan F. von Schulte, Die « Summa » des Paucapalea über dos « Decretum (...)
  • 34 Etienne de Tournai, Summa, Prologus, dans H. Kalb, Studien zur Summa Stephans von Tournai : Ein Be (...)
  • 35 Voir la paraphrase de Guillaume Durand, Speculum iudiciale, Bâle, 1574 ; réimpr. Aalen, Scientia V (...)
  • 36 Dt 19, 15. Voir aussi Mt 18, 16 ; 2 Co 13, 1 ; 1 Tim 5, 19. Cette autre généalogie était souvent c (...)

13Le premier à avoir parlé du procès d’Adam semble avoir été Paucapalea, dans le prologue de son commentaire à Gratien. Le texte rappelle que c’est dans le paradis terrestre que la forma placitandi a été inventée33. Peu après, Etienne de Tournai répète la même idée et sa formulation sera copiée sous forme littérale par beaucoup de juristes successifs34. Mais l’idée développée dans le texte est plus riche : si c’est au paradis que le droit a eu son origine, c’est parce qu’il n’y a pas eu seulement une accusation mais aussi une forme d’exceptio, l’action que l’accusé pouvait entamer contre l’accusateur35. Cette généalogie adamique du procès s’opposait à celle qui établissait l’origine de tout procès dans le principe juridique énoncé par le Deutéronome qui voudrait que « un seul témoin ne suffira pas contre un homme pour constater un crime ou un péché, quel qu’il soit : un fait ne pourra s’établir que sur la déposition de deux ou de trois témoins36 ».

  • 37 Peter of John Olivi on Genesis, trad. et éd. par David Flood, OFM, St. Bonaventure, New York Franc (...)

14Si l’idée de procès n’a pas une origine purement juridique, les idées développées par les juristes circuleront bien au-delà des salles de cours de droit. Un regard rapide au commentaire de la Genèse de Pierre de Jean Olivi confirme cette évidence37.

  • 38 « Nec ullus umquam praesumat accusator simul esse et iudex vel testis quoniam in omni iuditio quat (...)
  • 39 Isidore, Etymologiae, 18, 15, 6 : « In omne autem iudicium sex persone queruntur : iudex accusator (...)
  • 40 Voir le texte d’Olivi cité dans la note 37.

15Les juristes s’interrogent aussi sur la régularité du procès d’un point de vue technique. En effet, dans ce premier procès universel accusator et iudex coïncident, contre la lettre de l’un des principes fondamentaux de la procédure38. Il n’y a, d’ailleurs, aucun témoin39 : c’est pour cela que, à partir d’une suggestion d’Augustin, se développe l’idée que la procédure adoptée a pour but la production d’un aveu40.

  • 41 Causa 2 q. 1 : « An in manifestis iudicarius ordo sit requirendus. »
  • 42 Comme l’a demontré Pennington. Voir Bartole de Saxoferrato, Lectura super codice, Venise, 1476, ad (...)
  • 43 Hostiensis, Summa, Lyon, 1537, Proemium § 5, f. 2v : « Hi [sc. Adam et Eva] naturali lege et commu (...)
  • 44 Tertullien, Advenus Judaeos, II, 1-7 : « [1] Cur etenim Deus universitatis conditor mundi totius g (...)

16Comme je l’ai déjà rappelé, au-delà de la régularité de la procédure, c’est surtout la nécessité d’un ordo judiciarius même dans le cas d’un crimen manifestus que le Decretum et ses commentateurs semblent tirer de l’épisode de la désobéissance adamique41. La présence d’un procès dans le paradis fait de la procédure un fait de droit naturel42 : de ce point de vue il n’y a pas et il ne peut pas y avoir de fracture entre la situation de l’homme avant et après la Chute. Pour que la désobéissance soit possible, il doit y avoir une loi : du point de vue de la loi l’événement décrit par la Genèse ne constitue pas (et ne pourrait pas constituer) une rupture épistémologique forte, il s’agit d’une banalité, mieux, d’un acte d’administration ordinaire. C’est comme si le droit n’arrivait pas à saisir une différence entre les deux conditions de l’homme : dans les mots d’Hostiensis, les hommes continuèrent à vivre après la Chute avec la même loi que celle qui réglait leur vie avant43. La condition de l’homme après la Chute est, d’ailleurs, une conséquence de cette même loi44. Les deux états anthropologiques correspondent exclusivement à la distance qu’il y a entre une loi et son application. La loi a toujours existé et existera toujours et ce n’est pas (surtout pas) un crime qui pourra changer sa forme d’existence. S’il y a une différence anthropologique, elle consistera seulement dans le nombre des crimes et dans la multiplication des interventions législatives provoquées par la Chute : il n’y a pas une fracture qualitative mais une simple différence quantitative.

17La médiocrité d’Adam n’a donc rien d’exceptionnel ni d’un point de vue structurel, ni d’un point de vue juridique. Elle permet de démontrer tout d’abord que la procédure juridique – et donc le droit – a toujours existé et existera toujours, même pour les crimes les plus banals. D’autre part, le droit n’a pas besoin de changer de nature, exactement parce que de ce point de vue l’homme n’a expérimenté (et il ne le fera jamais) aucun changement : les crimes, les disputes, les litiges ont lieu même dans le paradis terrestre et semblent donc appartenir essentiellement à la nature humaine. S’il y a du droit dans le monde – s’il existe dans toute latitude morale, pour toute forme de vie, quel que soit sa perfection – c’est parce que l’humanité dans sa totalité et toute son expérience sont contenues dans la médiocrité d’Adam, dans son aimable « être quelconque ». À l’inverse, le droit, ou pour mieux dire la procédure juridique, est la preuve que l’homme peut exister dans l’action seulement en forme comique.

Conclusion

  • 45 Cyrille d’Alexandrie, Glaphyrorum in Genesim L. I, Peri tou Adam, PG 69, 29. Cyrille continue en e (...)
  • 46 Sur le procès à Christ la littérature est plutôt importante. Voir parmi d’autres D. R. Catchpole, (...)
  • 47 Franz Kafka, Der Prozess, Leipzig, Reclam, 1995, p. 205 : « Das Gericht will nichts von dir, es ni (...)

18Le droit ne peut et ne veut pas voir dans la désobéissance d’Adam une césure forte de l’histoire humaine et de l’anthropologie. D’un point de vue juridique, au contraire, l’épopée de l’homme sur terre semblerait être l’éternelle répétition du même scénario : une histoire prévisible et presque ennuyeuse qui démontre une continuité déconcertante. Au commencent de l’histoire des hommes, en effet, il y a le procès de Dieu contre Adam – et en lui, contre toute l’humanité – mais ce procès se répétera, comme l’on sait, à la fin de l’histoire, lorsque Dieu jugera non pas le premier géniteur mais la totalité de ses descendants. Entre ces deux événements il y a un troisième procès, celui qui fut peut-être le plus important d’un point de vue historique. Cyrille d’Alexandrie avait remarqué que « dans le premier Adam le mystère de Christ est une ébauche qui est représentée non pas dans la même forme mais en forme inverse [en antistrophô schêmati]45 ». Et en effet, si Dieu a jugé l’humanité entière en Adam, l’humanité a jugé Dieu par la voix de Pilate. Au-delà de son effectif déroulement historique46, le procès contre Jésus Christ acquiert une signification surtout dans cet arc procédural qui ouvre et clôt l’histoire. Dans ce code juridique qu’est la Bible et qui a marqué la culture occidentale, l’histoire humaine semble être une oscillation perpétuelle entre anthropodicée et théodicée, entre le procès contre l’homme et le procès contre Dieu. L’histoire commence, culmine et se termine avec un procès. Et chaque fois, même si c’est pour des raisons différentes, il semble y avoir une énorme disproportion entre le crime commis et la réalité procédurale qui le juge. Au fond, c’est le contraire de ce que Kafka avait imaginé. C’est comme si le Tribunal n’arrivait pas à se passer de l’humanité, comme si la comédie humaine avait besoin d’un tribunal pour pouvoir être ouverte, jouée et achevée47.

Note

1 Mark Twain, Extraits From Adams Diary. Translated From the Original MS, New York/Londres, Harper & Brothers, 1904, p. 3.

2 Ibid., p. 13.

3 Ibid., p. 3.

4 Ibid., p. 23.

5 Ibid., p. 41.

6 Mark Twain, Extraits From Adams Diary, op. cit., p. 51.

7 Ibid., p. 53.

8 Northrop Frye, The Great Code. The Bible and Literature, Hartcourt, San Diego, 1983, p. 181

9 Voir Gregory Nagy, The Ancient Greek Hero in 24 Hours, Cambridge (MA), Harvard University Press, 2013.

10 K. Kerényi, C. G. Jung, Einführung in das Wesen der Mythologie. Gottkindmythos. Eleusinische Mysterien, Amsterdam, Pantheon Akademische Verlagsanstalt, 1942.

11 C. Lévi-Strauss, Mythologiques, 4 vol., Paris, Plon, 1964-1971. Sur ces volumes de Lévi-Strauss voir M. Godelier, Lévis-Strauss, Paris, Seuil, 2013, et l’interprétation de E. Viveiros de Castro, Métaphysiques cannibales, Paris, PUF, 2009.

12 Sur ce thème voir les réflexions classiques de G. Agamben, La communauté qui vient, Paris, Seuil, 1990 et celles, inspirées par celui-ci, mais extrêmement sombres de Tiqqun, Théorie du Bloom, Paris, La Fabrique, 2000, qui accumule les efforts pour une anthropologie anti-adamique sans développer une nouvelle théorie de l’héroïsme.

13 Robert Musil, L’homme sans qualités, 2 vol., Paris, Seuil, 2011. L’on pourrait d’ailleurs relire la vaste littérature sur l’homme quelconque au xxe siècle comme la suite des spéculations cabbalistiques autour de l’Adam Kadmon. Sur cette image chez Isaac Luria, voir maintenant Lawrence Fine, Physician of the Soul, Healer of the Cosmos : Isaac Luria and his Kabbalistic Fellowship, Stanford (CA), Stanford University Press, 2003.

14 K. Barth, Christus und Adam nach Rom. 5. Ein Beitrag zur Frage nach dem Menschen und der Menschheit, dans Id., Rudolf Bullmann. Ein Versuch, ihn zu verstehen. Christus und Adam nach Rom. 5. Zwei theologische Studien, Zurich, Zollicon, 1952, p. 67-122.

15 Sur la question du registre comique chez Dante et dans la tradition chrétienne, voir le chef-d’œuvre de E. Auerbach, Le Haut Langage. Langage littéraire et public dans l’Antiquité latine tardive et au Moyen Âge, trad. par Robert Kahn, Paris, Belin, 2004,

16 Sur le problème voir A. Alt « Die Ursprünge des israelitischen Rechts », dans Kleine Schriften, vol. I, 1934 ; réimpr. Munich, Beck, 1959, p. 278-332 ; C. Carmichael, Law and Narrative in the Bible. The Evidence of the Deuteronomic Laws and the Decalogue, Itaca, Cornell University Press, 1985 ; B. Cohen, Jewish and Roman Law : A Comparative Study, New York, The Jewish Theological Seminary of America, 1966 ; B. Levinson. Deuteronomy and the Hermeneutics of Legal Innovation, New York, Oxford University Press, 1995 ; Id., Theory and Method in Biblical and Cuneiform Law : Revision, Interpolation, and Development, Classic Reprints series, Sheffield, Sheffield Phoenix, 2006 ; A. Watson, Jesus and the Law, Athen/Londres, University of Georgia Press, 1995 ; R. Westbrook (dir), « A History of Ancient Near Eastern Law », dans Handbuch der Orientalistik, 71/1-2, Leyde/Boston, Brill, 2003 ; Id., Law from the Tigris to the Tiber : The Writings of Raymond Westbrook, Winona Lake (Ind., Eisenbrauns), 2009 (vol. 1 : The Shared Tradition ; vol. 2 : Cuneiform and Biblical Sources).

17 Sur ce problème voir l’étude exemplaire de G. Briguglia, « Si stetissent primi parentes. Elementi di un modello politico tra filosofia ed esegesi », Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge, 73, 2006, p. 43-62. Voir en outre W. Stürner, Peccatum und Potestas. Der Sündenfall und die Entstehung der herrschelichen Gewalt im mittelalterlichen Staatsdenken, Sigmaringen, J. Thorbecke, 1987 et B. Töpfer, Urzustand und Sündenfall in der mittelalterlichen Gesellschafts- und Staatstheorie, Stuttgart, Hiersemann, 1999.

18 E. Coccia, « Inobedientia. La disobbedienza di Adamo e l’antropologia giudaico-cristiana », Filosofia politica, XXII, 2008, p. 21-36.

19 Jean Chrysostome, In Cap. II Genes. Homil. XVII, PG 53, 135.

20 Ibid., chap. 137.

21 Ibid., chap. 138.

22 Ibid., chap. 140.

23 Ibid., chap. 142.

24 Rupert de Deutz, De trinitate et operibus eius libri XLII, In Gen. lib. III, cap. XV, PL 167, 301 : « Quia suae nuditatis ut supra dictum est, homo tacuit, idcirco Deum loqui et eamdem in homine causant arguere oportuit. Est autem haec regula divinae aequitatis, ut homo si justificari velit, id est si seipsum accuset, justus enim in principio accusator est sui [Prov xviii] tunc mitius ac mansuetius agat cum illo misericordia Dei. Si autem homine tardante priorem deum oporteat loqui et narrare quid homo fecerit, tunc districtius arguat atque corripiat non in mansuetudine atque misericordia sed in furore et in ira sua. Bene ergo non suaviter dixit : tu enim de ligno ex quo praeceperam tibi ne comoederes comedisti : sed acriter invectus est, judiciario more interrogans reumque dissimulantem aspera quaestione pulsans quis enim indicavit tibi quod nudus esses, nisi quod de ligno ex quo praeceperam tibi ne comederes comedisti ? Ac si diceret : haec ipsa scientia qua nudum te esse perspexisti culpa est, quia rapina est. Unde enim taies tibi aperti sunt oculi quos et concupiscentia commoveret, et conscientia reverberarert aque ita ferre non possent ut nudus incederes ? » ; ibid., cap., XVI, 303 : « Itaque repuisa venia, juste tandem super illos datur sententia et primo in ipsum peccati principem a quo totius mali initium emanavit » ; ibid., cap. XVII : « Ab homine, cui cum iratus est, misericordiae recordari habet, dominus deus requisivit, et cum eo de facto ratiocinari dignatus est : cum serpente autem sibi ejusmodi nulla ratio est. Scriptum est enim, quia secundum multitudinem irae suae non quaeret (Psal IX). Scimus autem quia super antiquum serpentem diabolum, ira die multa et interminabilis est. Ille vero serpens per quem ille draco locutus est id est terrenum animal, nullam omnino rationem deo redditurus est. Igitur bene absque requisitione causae vel facti sententiam super serpentem judex deus edicit, quam et in utrumque serpentem clara et aperta enunciatione spargit sic : quia hoc fecisti maledictus es inter omnia animantia et bestias terrae. Inimicitiam ponam inter te et mulierem etc. Non imprecantis animo dixit, maledictus sis, sed enunciatiwa designatione maledictus es inquit. Hoc nempe more domini observandum est, quo dis qui omnia fecit valde bona, nullam corrumpit creaturam maledictione a semetipso effusa. Cum igitur ad serpentem dicit, maledictus es inter omnia animantia et bestias terrae, malum eius meritum judiciaria equitate tali sententia denuntiat. Odibile namque illud genus animantis factum esse denuntit super cuncta animantia et bestias terrae, ex eo quod minister diabolo existit ad perditionem ejus qui ita est factus, ut praeesse debeat cunctis animantibus et bestiis terrae » ; ibid., cap. XXI, 306-307 : « haec tria divinae sententiae verbera nimium notis aerumnis sexum femineum indesinenter cruciant. Novissima tandem super haec peccati ejus poena mors est. Verum hoc illi malum cum viro commune est, quare inquit, mulier, praeter hoc in sexu proprio triplicem poenam habet ? Videlicet quia peccati quantitas in muliere triplo major quam in viro est ; primo quia credendo serpenti plus quam Deo seducta est. Secundo quia pulchritudinem et suavitatem ligni delectabiliter concupivit. Tertio quia non contenta transgressione propria, postquam comedit viro quoque dedit. De quo notandum quia cum requireretur a deo dicente : quare hoc fecisti ? Id est quare viro tuo dedisti, non habens quid saltem vanae | defensionis obtenderet, aliud pro alio respondit, dicens : serpens decepit me, et comedi. Itaque triplici peccato triplex quoque vindicata praeter communem sibi cum viro mortem reddita est. [...] Tertio quia viro suo dedit et eum ad comedendum illexit, importunitate muliebri idcirco sub viri inquit eris et ipse dominabitur tui. [...] De subjectione viri qua mulier ei subjecta est, et dominatione ejusdem, qua mulieri dominatur, jam superius dictum est. Sed adhuc recte quaeri potest : quid illud sit, mulierem viri sub potestate esse, et virum mulieris dominum esse, quoniam utrumque dixit, et sub viri potesate eris, et ipse dominabitur tui ? Ad hoc respondendum valentioris esse dominationis, mulierem sub domino, quam sub potesatte viri esse. Nam et secundum romanas leges, sub viri potestate est mulier antequam in manum viri conveniat, sub potestate inquam viri, verumtamen non tanquam domini, sed tanquam tutoris, ita non sine auctoritate ejus testamentum illi facere non liceat. Quae autem in manu viri convenit, nulto magis quandiu vixerit vir, testamentum illi sine viro facere non licebit, unde et capite diminuta dicitur mulier, quae in manum viri convenit. Adeo apud gentiles quoque, qui in hanc scripturam non legerant, vel hujus veri Dei praecepta non observabant, haec lex naturaliter valuit : quam dominus naturae imposuit, dicens mulieri : et usb viri potestate eris, et ipse dominabitur tui. Quaedam tamen barbare nationes, sicut caetera ita et hunc naturae ordinem confunderunt ut mulier sine capite, id est sine viro suo, super viros ageret potestatem et dominium. Unde et apud Romanum defensorem, mulier causam suam tuetur sic inter alia dicendo : “Nam urbes prima tenebo/Femina niliacas : nullo discrimine sexus/Regimen scit ferre Pharos”, verum hoc non tam jus aut lex quam usurpatio dicenda est. Recte ergo non tam dixit : sub viri potestate eris, nam et puerulus masculus sub viri, id est tutorispotestate est, sed addidit : et ipse dominabitur tui, scilicet ut nunquam mulier libera sit de subjugo viri sed ejus tam aetas quam conditio primum sub potestate viri tutoris et deinde cum in manum viri per legitimas conjugii tabulas venerit, sub dominio viri sit. »

25 Jan Dochhorn, Die Apokalypse des Mose. Text Übersetzung, Kommentar, Tübingen, Mohr Siebeck, 2005.

26 Voir Amos 5,18 ; Es 13, 5 ; Jr 46,10.

27 Kenneth Pennington, The Prince and the Law, 1200-1600 : Sovereignty and Rights in the Western Legal Tradition, Berkeley, University of California Press, 1993.

28 Linda Fowler-Magerl, Ordo iudiciorum vel ordo iudiciarius : Begriff unnd Literaturgattung, Francfort-sur-le-Main, Klostermann, 1984.

29 Richard M. Fraher, « “Ut nullus describatur reus prius quant convincatur” : Presumption of Innocence in Medieval Canon Law ? », dans S. Kuttner, E. Pennington (dir.), Proceedings of the Sixth International Congress of Medieval Canon Law, Rome, Città del Vaticano, (Monumenta Iuris Canonici, Series C, vol. 7), 1985, p. 493-506.

30 Augustin, Homilia 351, PL 39, 1545-1547 : « Noluit enim hominem ab homine iudicari ex arbitrio suspicionis uel etiam extraordinario usurpato iudicio, sed potius ex lege Dei secundum ordinem ecclesiae, siue ultro confessum, siue accusatum atque conuictum. Alioquin illud cur dixit : “Si quis frater nominatur aut fornicator, aut ydolis seruiens etc.” nisi quia eam nominationem uult intelligi, que fit in quemquam, cum sententia ordine iudiciario atque integritate profertur ? Nam si nominatio sufficit, multi innocentes dampnandi sunt, quia sepe falso in quoquam crimina nominantur. » Voir le passage du Decretum : C. 2, q. 1, c. 18, § 2

31 Hincmar de Reims, De presbyteris criminosis de quibus approbatio non est, cap. XII, PL 125, 1098 : « Qualis ergo debeat esse ordo in accusatione et dijudicatione sanctus Augustinus exponens sententiam Apostolis “si quis frater nominatur fornicator etc.” ostendit [De penit. medic. cap. 3] “Noluit inquit apostolus hominem ab homine judicari ex arbitrio suspicionis vel etiam extraordinario usurpato judicio sed potius ex lege die sive secundum ordinem ecclesiae, sive ultro confessum sive accusatum atque convinctum, eam nominationem volens intelligi quae fit in quemquam cum sententiam ordine judiciario et cum integritate profertur. Nam si nominatio sola sufficit multi damnandi sunt innocentes quia sepe falso in quemquam crimen nominatur.” Qualiter autem sententia ordine judiciario et cum integritate proferenda sit, sacri canones ut supra dictum est et sanctus gregorius qui frequenter in epistolis suis causas ministrorum ecclesiasticorum legaliter et regulariter praecipit diffiniri in commonitorio Johanni defensori eunti in hispanias dato demonstrat dicens : “Diligenter quaerendum est primum si judicium ordinabiliter est habitum aut si alii accusatores alii testes fuerunt. Deinde causarum qualitas, si digna exsilio vel depositionis fuit aut si eo presente sub jurejurando contra eum testimonium dictum est si scriptis actum est, vel ipse accusatus licentiam respondendi et defendendi se habuit. Sed et de personis accusantium ac testificantium subitliter querendum est, cujus vitae cujus conditionis cujusque opininios aut ne inopes sint, aut ne forte aliquas contra praedictum episcopum inimicitias habuissent et tutrum testimonium ex auditu dixerunt aut certe se scire specialiter testati sunt si scriptis judicatum est et partibus praesentibus sententia recitata est.” Sic et leges diffiniunt ut nem o per alium quemquam accusare vel quis accusari possit, nisi forte ingratum libertum patronus accuset ; et ut in causa capitali absense nemo danmentur nisi delegata secundum canones cognitione adesse provocatus |neglexerit ut dilationem sententie de absentia non lucretur. »

32 En plus des volumes de Kenneth Pennington et de Linda Fowler-Magerl, voir l’étude fondamentale de Massimo Vallerani, La giustizia pubblica medievale, Bologne, Il Mulino, 2005. Sur l’histoire de l’Inquisition, voir W. Trusen, « Der Inquisitionsprozess, seine historischen Grundlagen und frühen Formen », dans Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte, Kanonistische Abteilung, 74, 1988, p. 168-230.

33 Paucapalea, Summa, éd. par Johan F. von Schulte, Die « Summa » des Paucapalea über dos « Decretum Gratiani », Giessen, E. Roth, 1890 ; réimpr. Aalen, Scientia Verlag, 1965, Prologue p. 1 : « Quoniam in omnibus rebus animadvertuntur, id esse perfectum quod his omnibus ex partibus constat, exordium vero cuiusque rei potentissima est, ideoque mihi videtur, agendarum causarum formam ecclesiastici iuris originem eiusque processum non esse inutile ignorantibus reserare [...] Placitandi forma in paradiso primum videtur inventa, dum propthoplastus de inoboedientiae crimine ibidem a domino interrogatus criminis relatione sive remotione usus culpam in coniugem removisse autumat dicens : mulier quam dedisti, dedit mihi et comedi (Genesi 3.12) deinde in veteri lege nobis tradita, dum Moyses in lege sua ait : “In ore duorum vel trium testium stabit omne verbum”. »

34 Etienne de Tournai, Summa, Prologus, dans H. Kalb, Studien zur Summa Stephans von Tournai : Ein Beitrag zur kanonistischen Wissenshaftsgeschichte des späten 12. Jahrhunderts, Innsbruck, Wagner, 1983 (Forschungen zur Rechts-und Kulturgeschichte, 12), p. 114 : « De iure autem divino dicendum est, et quidem de origine ipsius et progressu. Divini iuris originem quidam a principio mundi cepisse dicunt. Cum enim Adam de inobedientia argueretur a domino, quasi actioni exceptionem obiciens relationem criminis in coniugem, immo in coniugis auctorem convertit dicens : mulier quam dedisti mihi sociam ipsa me decepit et comedi. Sique litigandi vel ut vulgariter dicamus placitandi forma in paradiso videtur exorta. Alii dicunt a veteri lege iudiciorum ordinem initium habuisse : Ait enim Moyses in lege : in ore duorum vel trium testium stet omne verbum. In Novo quoque Testamento Paulus apostolus ait : secularia igitur iudicia si habueritis contemptibiles qui sunt in ecclesia, illos constituite ad iudicandum. Alii compendiosius ordientes divini iuris originem a primitiva sumunt ecclesia. Cum enim cessante martirum persecutione ecclesia respirare cepisset sub constantino imperatore, ceperunt patres secure convenire concilia celebrare et in eis pro diversitate negotiorum ecclesiasticorum diversos canones et ediderunt et scripserunt. Conciliorum autem alia sunt generalia alia provincialia ».

35 Voir la paraphrase de Guillaume Durand, Speculum iudiciale, Bâle, 1574 ; réimpr. Aalen, Scientia Verlag, 1975, Prooemium, I, p. 5 : « Sane placitandi scientia per quam est necessaria. Nam effrenata cupiditas ex humanae conditionis corruptione proveniens pacis aemula, mater litium, et materia iurgiorum, tot nova litigia generat, quot plura sunt negotia, quam vocabula [...] et natura prona est ad dissentiendum [...]. Hinc est quod iudiciorum ordo et placitandi usus in paradiso videtur exordium habuisse. Nam Adam de inoboedientia a Domino redarguitus, quasi actori exceptionem obijciens relationem criminis in coniugem imo in coniugis actorem convertit, dicens : mulier quam mihi sociam dedisti me decepit et comedi. [...] Videtur tamen quod tunc homines iure naturali regebantur secundum quod omnia communia erant [...] placitandi non erat usus. Nam secundum Senecam homines quietissime viverent si haec duo nomina [...] meum et tuum de medio tollerentur. Et alibi dicit. Nostri essemus si nostra non essent. Sed dic, quod et tunc aliquid erat proprium. Unde Adae, ubi supra, dictum est, in sudore vultus tui vesceris pane tuo. [...] a lege quoque veteri ordo iudiciarius comprobari videtur. Ait enim Moyses : in ore duorum vel trium testium. [...] tunc etenim rerum dominia erant distincta. Unde dictum est non concupisces rem proximi tui. In Novo etiam Testamento placitandi comprobatur usus. Unde Apostolus : « saecularia igitur iudicia si habueritis etc” [...] Hinc est quod super liitibus dirimendis tam apostoli quam eorum successores varios canones ediderunt. [...] Igitur speculum iudiciale formabo, in quo quidem iudices, advocati tabelliones, partes, testes, caeteraeque personae speculari valeant, qualiter in iudiciis ordinariis et extraordinariis civilibus et criminalibus ac in singulis iudiciorum capitulis sua rite officia moderentur. » Sur l’exceptio voir Lotte Kéry, « Inquisitio denunciatio exceptio. Möglichkeiten der Verfahrenseinleitung im Dekretalenrecht », Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte, Kanonistische Abteilung, 87, 2001, p. 226-268.

36 Dt 19, 15. Voir aussi Mt 18, 16 ; 2 Co 13, 1 ; 1 Tim 5, 19. Cette autre généalogie était souvent citée en même temps que la généalogie adamique. Voir le texte d’Etienne de Tournai dans la note 34.

37 Peter of John Olivi on Genesis, trad. et éd. par David Flood, OFM, St. Bonaventure, New York Franciscan Institute Publications, 2007, p. 151 : « Et cum audissent (3.8) : in hac parte primo agitur de iudiciaria punitione peccati praemissi. Secundo de misericordi conservatione adae et evae et stirpis humane in eis ibi (3.20) et vocavit amdam. Tertio subditur eiectio eorum de paradiso tamquam de loco nimis eis alto eorumque collocatio in loco sibi congruo ibi (3.22) : ecce Adam. Item in prima primo premittitur peccantium iudiciaria inquisitio seu interrogatio. » p. 153 : « Nota quod etiam sub facto sensibili deus voluit ostendere quomodo sub recto ordine iudiciario ipse iudicat et vult nos iudicare. Et ideo absentem et irrequisitum enque convictum non vult punire. Triplici igitur ex causa sic apparuit et sic fecit. Prima est ut homini nullum alterum hominem per quem iudiciari posset super se habenti monstraretur sensibilius ac per consequens et efficacius culpa propria et die iudicantis iustitia et ex hoc tam ipse quam sui posteri quibus hoc ipse referret plus timerent peccare. Secunda causa est ut monstraretur homini ordo iudiciarius sibi observandus. Tertia es tut daretur homini occasio paenitendi et peccatum suum coram deo sibi apparente humiliter confitendi. Unde haec apparitio quantum est ex se fuit in deum reductoria licet per accidens ex culpa Adae et Evae se indebite excusantium fuerit eorum aggravatoria. Fuit autem necesse quod tunc deus per se aut per angelos suos hoc faceret, quia tunc nullus erat per quem haec fieri possent. Et hinc est quod consimili modo ipse bis allocutus est Cain. [...] Et dixit eis : Ubi es (3.9). Secundum Augustinum, haec vox non est die quasi ignorantis sed quasi increpantis, et per modum interrogatorium extorquere volentis ab Adam responsionem de confusione suae nuditatis ut sic per consequens ex ipsa probative inferat eius causam, scilicet culpam ipsius Adae. Est etiam et vox insultantis. Est etiam dei requirentis et vocantis sive citantis adam ad comparendum coram iudice pro meritis recepturus ».

38 « Nec ullus umquam praesumat accusator simul esse et iudex vel testis quoniam in omni iuditio quatuor personas necesse est semper adesse, id est iudeces electos et accusatores ac defensores atque testes », Fabiani Decreta, Epistola cuius supra ad omnes Orientales Episcopos, nouvelle éd. critique sur http://www.pseudoisidor.mgh.de/html/042.htm#sdfootnote497anc

39 Isidore, Etymologiae, 18, 15, 6 : « In omne autem iudicium sex persone queruntur : iudex accusator reus et tres testes. »

40 Voir le texte d’Olivi cité dans la note 37.

41 Causa 2 q. 1 : « An in manifestis iudicarius ordo sit requirendus. »

42 Comme l’a demontré Pennington. Voir Bartole de Saxoferrato, Lectura super codice, Venise, 1476, ad Cod. 1, 19, 2 : « Quero ergo an sit necesse ut pars citetur ? Respondeo sic, ut infra in hac lege innuitur. Idem quia hoc est de iure naturali, nam primum hominem citavit Deus dicens “Adam, Adam, ubi es ?” Hoc est probatur extra de re iud. Clem. Pastoralis [Clem. 2.11.2] ubi sententia domini imperatoris Henrici qui fecit hanc legem et postea condemnavit Robertum regem Iherusalem et Sicilie cassatur, ob hoc quod citatio non fuit facta legitime et probatur in dicto capitulo “Sepe” » ; Panormitano, Additio a X 2,12, 1 (cité par K. Pennington, The Prince and the Law, op. cit., p. 228, n. 90) : « Nam citatio fit ut veniat ad se defendendum. Debet ergo princeps citare partes hac de causa ut ibi innuitur quibus intervenientibus presumendum est pro sententia principis et non aliter. Unde tenet baldus quod istis non intervenientibus potest allegari et opponi de nullitate etiam contra principis sententiam. Et hoc mihi plus placet, et sic puto limitandum et restringendum Cynum in. rescripta, C. de prec. imper. [Cod. 1. 19(22).7] et Joh. And. hoc facit c.i. de feudo sine culpa non amit., col. X [L.F. 1.20(21).1] ubi dicitur quod non debet quis privare feudum etiam per principem antequam de culta sit convictus. Item citationem et cause cognitionem Deus instituisse videtur et aperte colligitur ii. q.i Deus omnipotens [C.2, q. 1, c.20] ubi dicitur quod Deus noluit punire peccata Sodomorum nisi descenderet et videret etc. nec Adam de suo peccato nisi prius eum vocasset et defensionem suam audivisset ut habetur Gen. iii » ; Hieronimus de Tortis, Consilium [sine loco et dato] Hain *15579 : « Pars ipsa ideo venit citanda ut possit se defendere adeo quod citatio dicitur de iure naturali ut concludunt omnes, Bar. primo in extravaganti Ad reprimendam in glosa in verbo “Et figurant iudicii” ubi dixit quod deus omnipotens citavit primum hominem delinquentem dicens “Adam ubi es”. »

43 Hostiensis, Summa, Lyon, 1537, Proemium § 5, f. 2v : « Hi [sc. Adam et Eva] naturali lege et communi, quia erant eis omnia communia vixerunt. Et potest dici hec lex ius naturale rationale quod coepit ab exordio humanae naturae [...]. Haec lex naturalis rationalis in duobus praeceptis consistebat. Unde versus : quod tibi vis fieri mihi fac ; quod non tibi noli ; sic potes in terris vivere iure poli, ut in principio decretorum. Ex hac lege etiam procedit quod nemo fiat locupletior etsi alterius detrimento [...]. Item ex hac lege naturali rationali est coniunctio animorum matrimonialis [...] ex hac procedunt omnes leges humanae rationabiliter promulgatae et ideo de ipsis reddenda est ratio naturalis [...]. Sed et alia lege naturali communi omnibus animalibus usi sunt iusti [...] et de hac lege duplici, scilicet naturali communi et naturali rationali cui animalia non participant tangitur infra [...] His duabus legibus vixerunt homines etiam post deiectionem a paradiso [...]. Multiplicato tamen genere humano de iure sive lege gentium naturali lege rationali inventa regiones distincte sunt bella orta et servitutes secute et obligationes inducte. »

44 Tertullien, Advenus Judaeos, II, 1-7 : « [1] Cur etenim Deus universitatis conditor mundi totius gubernator hominis plasmator universarum gentium sator legem per Moysen uni populo dedisse credatur et non omnibus gentibus adtribuisse dicatur ? [2] Nisi enim omnibus eam dedisset, nullo pacto ad eam etiam proselytos ex gentibus accessum habere permitteret. Sed ut congruit bonitati dei et aequitati ipsius utpote plasmatoris generis humani, omnibus gentibus eandem legem dedit, quam certis statutis temporibus observari praecepit, quando voluit et per quos voluit et sicut voluit. Namque in principio mundi ipsius Adae et Evae legem dedit, ne de fructu arboris plantatae in medio paradisi ederent ; quod si contra fecissent, morte morerentur. Quae lex eis sufficeret, si esset custodita. [3] In hac enim lege Adae data omnia praecepta condita recognoscimus quae postea pullulaverunt data per Moysen, id est : Diliges dominum deum tuum de toto corde tuo et ex tota anima tua, et : Diliges proximum dbi tamquam te, et : Non occides, non moechaberis, non fraudaberis, falsum testimonium non dices, honora patrem tuum et matrem, et : Alienum non concupisces. [4] Primordialis enim lex est data Adae et Evae in paradiso quasi matrix omnium praeceptorum dei. Denique si dominum deum suum dilexissent, contra praeceptum eius non fecissent ; si proximum diligerent id est semetipsos, persuasioni serpentis non credidissent atque ita in semetipsos homicidium non commisissent, excidendo de immortalitate faciendo contra die praeceptum ; [5] a furto quoque abstinuissent, si de fructu arboris non clam degustassent, nec a conspectu domini dei sui sub arbore delitescere gesdssent, nec falsum adseverand diabolo participes efficerentur credendo ei quod similes die essent futuri, atque ita nec deum offendissent ut patrem qui eos de limo terrae quasi ex utero matris figuraverat ; si alienum non concupissent, de fructu inlicito non degustassent. [6] Igitur in hac generali et primordiali dei lege, quam in arboris fructu observari deus sanxerat, omnia praecepta legis posterions specialiter indita fuisse cognoscimus, quae suis temporibus edita germinaverunt. Eiusdem est enim postea superducere legem qui ante praemiserat praeceptum, quoniam et ipsius est erudire postea qui ante iustos formare instituerat. [7] Quid enim mirum, si is auget disciplinam qui instituit, si is perficit qui coepit ? Denique ante legem Moysei scriptam in tabulis lapideis legem fuisse contendo non scriptam, quae naturaliter intellegebatur et a patribus custodiebatur. Nam unde Noe iustus inventus, si non illi naturalis legis iustitia praecedebat ? Unde Abraham amicus dei deputatus, si non de aequitate et iustitia legis naturalis ? Unde Melchisedech sacerdos dei summi nuncupatus, si non ante Leviticae legis sacerdotium Levitae fuerunt qui sacrificia deo offerebant ? »

45 Cyrille d’Alexandrie, Glaphyrorum in Genesim L. I, Peri tou Adam, PG 69, 29. Cyrille continue en expliquant que si le premier procès a conduit à sa mort (pros thanaton), à la condamnation (pros aran) et à la malédiction, le deuxième a eu un résultat contraire en produisant la vie (heis zôên), la bénédiction (eis eulogian) et la justice (eis dikaiôsin).

46 Sur le procès à Christ la littérature est plutôt importante. Voir parmi d’autres D. R. Catchpole, The Trial of Jesus. A Study in the Gospels and Jewish Historiography from 1770 to the Present Day, Leyde, Brill, 1971 ; P. Winter, On the Trial of Jesus, Berlin/New York, De Gruyter, 1974 ; W. M. Chandler, The Trial of Jesus from a Lawyer’s Standpoint, New York, The Empire Publishing, 1983. Pour le Moyen Âge voir les remarques de A. Boureau, I. Rosier-Catach, « Droit et théologie dans la pensée scolastique : le cas de l’obligation et du serment », Revue de synthèse, 129/6e série, no 4, 2008, p. 1-11.

47 Franz Kafka, Der Prozess, Leipzig, Reclam, 1995, p. 205 : « Das Gericht will nichts von dir, es nimmt dich auf, wenn du kommst und es entlasst dich, wenn du gehst. »

Autore

Maître de conférences à l’EHESS. Parmi ses publications : La trasparenza delle immagini. Averroè e l’averroismo (Milan, 2005, trad. espagnole 2008) ; La vie sensible (Paris, 2010 ; trad. anglaise, espagnole, italienne, portugaise et roumaine) et Le bien dans les choses (Paris, 2013 ; trad. espagnole et italienne ; trad. allemande, anglaise et portugaise en cours). Avec Giorgio Agamben, il a publié une anthologie sur l’angélologie dans le judaïsme, le christianisme et l’islam (Angeli. Ebraismo Cristianesimo Islam, Vicence, Pozza, 2009).

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