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    Plan détaillé Texte intégral La double élection de 1130 et ses spécificités Déroulement de la succession pontificale Amont et aval : le décret In electione papae de 1059 et le canon Licet de vitanda de 1179 Unanimitas ou sanior et maior pars ? Conclusion Notes de bas de page Auteur

    Succéder au Moyen Âge

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    Succéder au temps de la réforme de l’Église. Définition des procédures canoniques de l’élection pontificale entre le XIe et le XIIe siècle

    Succession in a Time of Church Reform: Definition of Canonical Procedures in the Election of Popes between the 12th and 13th Centuries

    Umberto Longo

    p. 297-307

    Résumés

    Dans l’histoire des élections pontificales, la période qui court du milieu du xie siècle à la fin du xiie siècle a été cruciale pour l’expérimentation des procédures électives. La double élection d’Anaclet II et d’Innocent II, qui provoque le schisme au début des années 1130, apparaît comme un événement particulièrement notable dans la définition des modalités de la succession pontificale, sans être toutefois décisif, le xiie siècle restant marqué par d’autres schismes et élections concurrentes au siège pontifical. Ce schisme illustre la difficile coexistence des procédures électives issues de la tradition monastique et de celles de l’élection pontificale, ainsi que les particularités romaines dans le mode d’élection. L’épisode constitue aussi une étape importante dans l’histoire de l’élaboration ecclésiologique des procédures électorales.

    In the history of the election of popes, the period between the middle of the 11th Century and the end of the 12th is crucial. This was when electoral procedures were tried out. The election of two popes, Anaclet II and Innocent II that led to the schism at the beginning of the 1130s appears as a particularly noteworthy, though not completely decisive. event contributing to the definition of how papal succession took place, as there were other schisms and parallel elections to the pontifical throne. This schism illustrates the difficult coexistence of elective procedures originating in the monasteries and those of papal election to which must be added the uniquely Roman features of the election. This episode also constitutes an important stage in the eclesiological development of electoral procedures.

    Texte intégral La double élection de 1130 et ses spécificités Déroulement de la succession pontificale Amont et aval : le décret In electione papae de 1059 et le canon Licet de vitanda de 1179 Unanimitas ou sanior et maior pars ? Conclusion Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1L’histoire des élections pontificales n’est pas linéaire ; elle a connu des moments d’accélération et de déchirement. La période qui court du milieu du xie siècle à la fin du xiie siècle a été cruciale pour l’expérimentation des procédures électives : le schisme entre Anaclet II et Innocent II au début des années 1130 apparaît comme un événement particulièrement notable dans la définition des modalités de la succession pontificale, sans être toutefois décisif ; le xiie siècle reste marqué par d’autres schismes et élections concurrentes au siège pontifical.

    La double élection de 1130 et ses spécificités

    2La double élection qui provoque le schisme de 1130 est déterminante sur un point : elle illustre la difficile coexistence des procédures électives issues de la tradition monastique et de celles de l’élection pontificale, ainsi que les particularités romaines dans le mode d’élection. Comme l’a observé Pier Fausto Palumbo, le grand absent de l’affaire est l’empereur, qui, à l’heure du concordat de Worms (1122), n’est pas intervenu dans la dispute entre les deux prétendants1. Cette double élection se distingue des autres en ce qu’elle apparaît comme une affaire interne à l’Église, plus précisément au collège des cardinaux, et une affaire essentiellement romaine : il n’y a pas de conflit avec un candidat impérial, comme dans le conflit entre Cadalus/Honorius II (1061-1071/72) et de Guibert/Clément III (1080-1100) ou d’Octavien/Victor IV (m. 1164), lors du schisme de 1159.

    3L’épisode constitue aussi une étape importante dans l’histoire de l’élaboration ecclésiologique des procédures électorales. En effet, les juges ont été mis en difficulté pour statuer sur chacune des deux élections. Werner Maleczek, dans son étude sur la composition du collège des cardinaux, a souligné qu’au moment de l’élection, il n’y a pas de partis avec des idéologies distinctes, mais plutôt, comme l’a écrit Mary Stroll, « uniquement une coalescence en groupes basés sur les circonstances immédiates2 ». Nous nous trouvons donc face à un moment essentiel dans la trajectoire de la réforme de l’Église entre le xie et le xiie siècle, qui met en évidence le fait qu’il s’agit d’un processus heurté, pluriel et sur le long terme, comme l’ont montré Ovidio Capitani, Cinzio Violante, Gerd Tellenbach et Glauco Maria Cantarella3.

    4De manière un peu schématique, la double élection de 1130 constitue le point culminant d’une parabole qui commence en 1059 et s’achève en 1179. En 1059, le décret In electione papae tente d’introduire, dans le mécanisme complexe de la succession pontificale, le contrôle de l’élection par la hiérarchie ecclésiastique réformatrice4. Ce principe est diversement accepté, et plus ou moins ignoré à partir de l’élection de Hildebrand/Grégoire VII en 1073. La double élection de 1130 et la période tourmentée qui suit pour le siège romain sont la conséquence de la sophistication de ce mécanisme de contrôle. La parabole s’achève le 5 mars 1179, lorsque le concile du Latran promu par Alexandre III établit la règle désormais pérenne des deux tiers des voix du collège des cardinaux nécessaire pour assurer la légalité de l’élection pontificale5. L’ancienne coutume de l’unanimitas, très insidieuse dans son aspiration à la perfection et à la pureté, devait être accompagnée d’un critère de majorité plus réaliste, qui atténuait la rivalité entre les trois ordres du collège des cardinaux, les diacres, les prêtres et les évêques6.

    5Lors de la double élection de février 1130, deux problèmes majeurs se posent : le choix entre la sanior, la melior ou la maior pars comme critère électoral, et le rôle laissé à Rome, c’est-à-dire au peuple, au clergé et aux factions aristocratiques de la Ville. Ces deux aspects sont bien plus importants dans le schisme que les divergences idéologiques sur la réforme ecclésiastique, pourtant largement exposées par la réflexion historiographique à partir de la thèse d’Hans-Walter Klewitz, reprise, avec de nouveaux arguments, par Franz-Josef Schmale7.

    6Dans la perspective méthodologique que j’entends proposer, la notion d’« antipape », sur laquelle j’ai déjà eu l’occasion de réfléchir, me semble intéressante8. Pour Anaclet II comme pour son prédécesseur, Guibert/Clément III, la catégorie d’antipape est un jugement posthume, porté par le parti victorieux. Elle résout ainsi, en les escamotant, les aspects inconfortables du conflit. En effet, la conception de la transmission du charisme pétrinien comme une trajectoire rectiligne ne peut admettre la multiplicité des pistes, des jonctions et des intersections. Il est indispensable, pour une reconstruction historique complète, de considérer les antipapes comme des acteurs pleinement engagés et influents dans le contexte historique dans lequel ils ont agi. Nulle intention révisionniste ou, au contraire, apologétique ici. Il s’agit plutôt de constater qu’un jugement a posteriori ne doit pas jeter un voile d’ombre sur des personnages, des événements, des intentions politiques, des documents ou des réalisations qui doivent être pris en compte dans l’atelier de l’historien et sont absolument utiles à la reconstruction du passé.

    7L’historiographie a beaucoup débattu à propos de la double élection de 1130 et du schisme, sans doute en raison de la particularité du cas. Dès l’époque moderne, l’historiographie insiste sur les traits distinctifs de la double élection et sur sa difficile classification dans la casuistique des schismes et des antipapes. En 1754, dans son Istoria degli Antipapi, Ludovico Agnello Anastasio, archevêque de Sorrente, traite, avec une piquante érudition, des schismes depuis les origines de l’Église9. Il en impute toujours la cause à un facteur extérieur, qu’il s’agisse des empereurs, des hérésies, du paganisme ou d’une autre menace. Dans le cas du schisme de 1130, il ne parvient pas à attribuer au cardinal Pietro Pierleoni/Anaclet II d’autre faute que celle d’être de sang juif, suivant en cela les traités polémiques10. Il fournit ainsi un témoignage involontaire à la fois de la singularité de la double élection et de son embarras pour identifier, dans l’élection du cardinal Pietro Pierleoni, des facteurs illégitimes ou externes à la Curie romaine. Ce qu’Anastasio avait perçu plus ou moins consciemment a été saisi avec lucidité par Pier Fausto Palumbo. Comparant le schisme de 1130 à celui de 1159, l’historien observe avec acuité qu’il s’agit d’« un schisme anormal, en ce qu’il a surgi spontanément du sein même de la Curie, sans sollicitation extérieure, et se répand partout où il trouve un terrain favorable aux conflits, qu’ils soient locaux ou idéologiques, s’épuisant à mesure qu’ils s’éteignent ou s’effacent ». Pier Fausto Palumbo conclut en observant que « ni dans le passé ni dans le futur, le schisme de 1130 ne pouvait offrir aucune analogie de motifs »11.

    Déroulement de la succession pontificale

    8Nous possédons une documentation satisfaisante pour reconstituer le déroulement des événements. Il existe en effet des versions des faits pour chacune des deux factions, en particulier la lettre du clergé romain à Diego de Compostelle pour le front anaclétien et la lettre d’Hubert de Lucques à Norbert de Magdebourg pour le front innocentien, que Luigi Pellegrini a analysées en détail12. Les omissions de chacun des deux partis se complètent et se suppléent.

    9Dès avant la mort d’Honorius II au monastère Saint-Grégoire sur le Celio, un groupe de cardinaux, dont le chancelier Aymeric, commence à discuter du futur pape, le 12 février 1130. Cette procédure n’est pas canonique, puisque, selon la tradition, on ne peut officiellement parler de l’élection du nouveau pape qu’après l’inhumation de son prédécesseur. Le groupe de cardinaux décide de désigner une commission préliminaire de huit cardinaux représentant les trois ordres du collège des cardinaux, chargée d’identifier les candidats possibles.

    10Comme le droit canonique établit qu’il doit y avoir unanimité sur le nom du candidat, la commission de huit cardinaux décide que si aucun nom ne reçoit l’assentiment de tous, le quorum sera augmenté, en élargissant le cercle des électeurs. Les cardinaux essayent d’abord de résoudre le problème en interne, de manière confidentielle, mais la ville de Rome est en proie à l’agitation, le clergé est perturbé et les événements se précipitent : un petit nombre de cardinaux restés à Saint-Grégoire et dirigés par Aymeric procèdent à l’élection de Grégoire/Innocent II, tandis que, peu après, un groupe plus nombreux de cardinaux, qui constitue la majorité numérique du collège, se réunit à Saint-Marc et élit Pietro Pierleoni/Anaclet II13. D’où un imbroglio juridique pour savoir lequel des deux votes est conforme au droit canonique. En arrière-plan de l’affaire, il y a bien sûr le conflit politique entre les Frangipane et les Pierleoni qui, opposés à Honorius II depuis six ans, ne peuvent permettre l’élection d’un pape qui leur serait hostile14.

    11Les deux partis s’efforcent de prouver la conformité des procédures électorales suivies. Tous deux invoquent le principe de la sanior et maior pars, avec des interprétations divergentes : pour les partisans d’Anaclet, il s’agit de la majorité numérique, tandis que, pour les innocentiens, la sanior pars désigne la supériorité morale du candidat et des électeurs, plus qualifiés en termes de hiérarchie, car ils comptent plus d’évêques cardinaux parmi eux. C’est un point crucial que le schisme fait apparaître au grand jour. Les sources témoignent de la volonté de s’en tenir aux procédures et de s’assurer de la légalité de l’élection, en se concentrant sur ceux à qui appartient l’élection – les cardinaux – et en évitant de recourir à la manière forte. On peut y voir le résultat de la réforme de l’Église menée depuis soixante-dix ans. Si le schisme met en évidence une fracture et un manque d’unité, il témoigne aussi du fait que certains principes sont désormais bien établis et ne sont plus remis en question : la succession pontificale est la prérogative d’un corps collégial et suit des procédures établies. Cet acte a une valeur fondamentale pour la vie de l’Église : est reconnue la nécessité d’une réglementation garantissant la dignité de l’ecclesiae primitivae forma, non seulement dans la perspective d’une restauration de sa dignité originelle, mais aussi dans une perspective universelle assumée par le collège des cardinaux. La décision de former un comité préélectoral composé de huit sages vise à conférer un caractère régulier à l’élection et à éviter toute intervention d’une force extérieure15.

    12Dans cette perspective, l’affaire du schisme peut être considérée comme une étape dans le long processus de réforme des institutions ecclésiastiques. Bien qu’ayant eu des conséquences négatives, elle a constitué un véritable laboratoire dans la définition des mécanismes institutionnels de l’Église de Rome, par l’introduction, la mise en œuvre ou, mieux encore, l’expérimentation de procédures de clarification16. L’élection pontificale est un cas paradigmatique de la « réforme en cours » et de l’échange osmotique entre la production ecclésiologique, la définition des procédures et leur application au gré des événements, qui provoque des réponses et des actions qui ne sont pas préétablies, mais qui cisèlent leur propre cohérence de manière expérimentale, en adoptant des résolutions et en adaptant les réponses et les actions par rapport aux besoins pressants et qui échappent aux tentatives de les enfermer dans des schémas interprétatifs préétablis et déterministes17.

    Amont et aval : le décret In electione papae de 1059 et le canon Licet de vitanda de 1179

    13Quels que soient les efforts des deux partis, aucun n’a d’arguments concluants pour invalider l’élection du parti adverse. Du reste, on observe des éléments irréguliers dans les deux procédures électorales. Les sources contemporaines et ultérieures ainsi que le débat historiographique se focalise sur une question : laquelle des deux élections de février 1130 est la plus conforme au décret In electione papæ de Nicolas II, publié en 1059 ? Il convient de replacer la double élection de 1130 dans le cadre de l’histoire des élections pontificales, en lien avec le processus de réforme du siège pontifical.

    14La possibilité pour des candidats non issus du clergé romain d’accéder au trône pontifical a certainement favorisé la perspective universelle du Siège romain et, a permis, à partir de l’année fatidique 1046, d’accélérer la réforme de la dignité pontificale, en particulier sous le pontificat bref mais décisif de Léon IX, ancien évêque de Toul et promoteur résolu de la centralité romaine et pontificale. Les réformateurs de l’entourage de Léon IX se rendent vite compte de la nécessité d’établir des procédures qui libèrent l’élection pontificale de toute interférence séculière, locale ou étrangère, car ce moment est crucial pour l’issue de la réforme. Le décret In electione papae de 1059 témoigne de cette préoccupation et de cet objectif18.

    15Nous ne reviendrons pas ici sur le « maquis » historiographique dense et complexe concernant l’importance du décret In electione papae, ni sur la Disceptatio synodalis écrite par Pierre Damien à l’appui du décret qui, pour citer le meilleur exégète de ces textes et de cette question, Ovidio Capitani, constitue « le témoignage le plus valable de la prise de conscience du groupe réformateur romain et de la portée réelle du décret de 105919 ». Dans l’élaboration et l’expérimentation des procédures électives pontificales, ce document constitue un tournant, en particulier en ce qui concerne le droit exclusif des cardinaux d’élire le pape et d’écarter – au moins en théorie – les laïcs et leurs tentatives d’ingérence armata manu20.

    16Paradoxalement, si le décret de 1059 consacre le statut et les fonctions des cardinaux, il n’empêche pas le conflit au sein du collège cardinalice entre, d’un côté, le groupe des cardinaux prêtres et diacres et, de l’autre, celui des cardinaux évêques. Ce n’est qu’après le schisme de 1130 que l’on assiste au progressif nivellement des trois ordres, confirmé par le concile du Latran de 1179, lorsque l’élection pontificale est confiée au collège des cardinaux sans distinction de rang21. En outre, le décret de 1059 ne met pas fin à une série de doubles élections et de schismes. Entre 1061 et 1177, on en dénombre au moins sept. Le premier canon du concile de Latran de 1179, Licet de vitanda, conclut la parabole dont le schisme de 1130 constituait le point culminant. Afin d’éviter les doubles élections, un nouveau mécanisme d’élection, très inhabituel dans la sphère pontificale, est mis en place : « en cas d’absence d’unanimité des cardinaux dans le choix du pontife, l’élection du nouveau pape ne sera valide que si le pape est élu par au moins deux tiers des cardinaux présents22 ». Le nouveau principe de la majorité des deux tiers remplace le principe plus ancien et moins clair de la maior et sanior pars, autour duquel se sont affrontés les candidats à la double élection de 1130. Probablement inspiré par les réflexions des juristes contemporains et peut-être par les procédures en usage dans le monde urbain, le critère de la majorité des deux tiers est conçu pour atteindre l’unanimitas, objectif idéal de toute élection, auquel aspire également le concept de sanior pars, qui a montré toute sa fragilité en 1130.

    Unanimitas ou sanior et maior pars ?

    17Étudiant le concept d’unanimitas, attesté dans l’Église depuis le iiie siècle au moins, Paolo Grossi en a récusé l’origine romaine ou barbare, pour montrer l’originalité du concept canonique lié, selon lui, à la doctrine théologique : l’unanimité canonique exprime la notion théologique et mystique de l’unitas ecclesiae23. Le concept reste central dans les conciles et dans les élections pontificales. Léo Moulin observe que « du vie au xiie siècle, tous les papes ont été élus à l’unanimité24 ».

    18La première élection pontificale à la majorité est précisément notre double élection de 1130. Si l’unanimitas reste l’objectif à atteindre dans l’élaboration et la représentation des procédures électives, le principe de la sanior et maior pars, dont se réclament les partisans des deux élections de 1130, gagne du terrain. Sans être réservé au monde monastique, ce principe est néanmoins profondément ancré dans les élections abbatiales – on pense à la règle de Benoît (chap. 64) ou à celle du Maître. Il ne faut pas négliger non plus l’influence monastique sur la réforme romaine et sur la papauté entre le milieu du xie siècle et le siècle suivant. De nombreux pontifes sont issus du monachisme et ont fourni du personnel et des conseils à ce qui devient progressivement la Curie25.

    19Le principe de la sanior et maior pars auquel les deux prétendants de 1130 font appel avec force ne peut résister à la pression inexorable des événements, qui peuvent être considérés comme l’acmé d’une phase de raffinement dans l’élaboration de mécanismes d’élection efficaces dans le processus de réforme ecclésiastique. Un moment de mise à l’épreuve, d’expérimentation jusqu’à la rupture logique des instruments que la tradition d’ascendance monastique avait mis à disposition pour les procédures d’élection : la sanior pars, l’unanimitas, le comité, les membres du collège cardinalice.

    20En s’éloignant de l’opposition stérile mise en exergue par de nombreuses reconstructions historiographiques savantes, soucieuses de trouver une solution à la vexata quaestio de la régularité canonique, et en insérant l’événement dans la trajectoire du développement de la réforme, nous pouvons voir comment les ambiguïtés inhérentes aux procédures d’élection pontificale en 1130 se décomposent. Les partis pro-Innocent et pro-Anaclet invoquent, de manière plus ou moins légitime, les principes de la maior et sanior pars26 ; tous deux tentent de respecter les critères de légitimité, mais, pour les deux élections, des irrégularités peuvent être trouvées. Le choix du pape est déterminé par d’autres facteurs : ce n’est pas sur le plan canonique que se joue le dénouement de l’affaire, mais sur celui de la rhétorique et des stratégies de communication, comme l’a montré Myriam Soria-Audebert, et sur le plan politique27. Ce n’est pas l’ombre de la tradition, mais celle, imposante et hiératique, de Bernard de Clairvaux qui a fait pencher la balance en faveur d’Innocent. À Étampes (1130) puis à Salerne (1137), où l’éminent et respecté défenseur des anaclétiens, Pierre de Pise, n’est pas convaincu par la canonicité et la légitimité des raisons invoquées par Innocent, mais capitule au nom d’un principe mystique supérieur, l’appel à l’unicité de l’Arche et au besoin supérieur d’unité et de restauration.

    Conclusion

    21Au cours des dernières années, grâce aux contributions de Werner Maleczek, Mary Stroll, Glauco Maria Cantarella, Gillian R. Knight, Myriam Soria-Audebert, Stefania Anzoise et Giorgio Milanesi (dont l’analyse des sources iconographiques apporte des perspectives nouvelles), l’interprétation du schisme de 1130 a été libérée de certains éléments de rigidité, d’opposition et d’alignements idéologiques, liés à l’interprétation de la réforme entre les positions « nouvelles » et « anciennes » au sein du groupe des cardinaux28. L’édition prochaine de sources, encore inédites, comme celles relatives à Anaclet, permettra certainement de nouveaux progrès29. Mais avant cela, la double élection de février 1130 peut être évaluée comme un moment de vérification dans la définition des mécanismes et des procédures canoniques de l’élection pontificale. Ce moment n’est nullement à l’écart de conditionnements et de circonstances politiques30, mais qui est interne à un collège des cardinaux de plus en plus conscient de son rôle et orienté et divisé par ce type de circonstances et de contingences plus que par l’opposition entre nouvelles ou anciennes conceptions réformistes.

    Notes de bas de page

    1Pier Fausto Palumbo, Lo scisma del MCXXX: i precedenti, la vicenda romana, e le ripercussioni europee della lotta tra Anacleto e Innocenzo II, col regesto degli atti di Anacleto II, Rome, R. deputazione alla Biblioteca Vallicelliana, 1942, p. 232‑233.

    2Werner Maleczek, « Das Kardinalskollegium unter Innocenz II. und Anaklet II. », Archivum historiæ pontificiæ, 19, 1981, p. 27‑78 : « only a coalescence into groups based upon immediate circumstances » ; Mary Stroll, The Jewish Pope. Ideology and Politics in the Papal Schism of 1130, Leyde/New York/København/Cologne, Brill, 1987, p. 9 ; Jochen Johrendt, « Das Innozenzianische Schisma aus kurialer Perspektive », dans Harald Müller, Brigitte Hotz (dir.), Gegenpäpste. Ein unerwünschtes mittelalterliches Phänomen, Vienne/Cologne/Weimar, Böhlau, 2012, p. 127‑164.

    3En plus du classique Gerd Tellenbach, Libertas, Kirche und Weltordnung im Zeitalter des Investiturstreites, Stuttgart, Kohlhammer, 1936 ; Id., Die westliche Kirche vom 10. bis zum frühen 12. Jahrhundert, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1988 ; Ovidio Capitani, Esiste un’età gregoriana? Considerazioni sulle tendenze di una storiografia medievistica, Rivista di Storia e Letteratura Religiosa, 1, 1965, p. 454‑481 ; Id., Immunità vescovili ed ecclesiologia in età «pregregoriana» e «gregoriana». L’avvio alla «restaurazione», Spolète, Centro Italiano di Studi sull’Alto Medioevo, 1966 ; Cinzio Violante, « La riforma ecclesiastica del secolo XI come progressiva sintesi di contrastanti idee e strutture », Critica Storica, 26, 1989, p. 156‑166 ; Ovidio Capitani, Medievistica e medievisti nel secondo novecento, Spolète, Centro Italiano di Studi sull’Alto Medioevo, 2003, p. 53‑108 ; Glauco Maria Cantarella, « Il papato e la riforma ecclesiastica del secolo XI », dans Riforma o restaurazione? La cristianità nel passaggio dal primo al secondo millennio: persistenze e novità, Negarine di S. Pietro in Cariano (VR), Gabrielli, 2006, p. 29‑50. Pour une présentation générale voir Umberto Longo, « La riforma della Chiesa tra Pier Damiani e Bernardo di Chiaravalle. Un concetto da declinare al plurale », dans Marialuisa Bottazzi, Paolo Buffo, Caterina Ciccopiedi, Luciana Furbetta, Thomas Granier (dir.), La società monastica nei secoli VI-XII. Sentieri di ricerca. Atelier jeunes chercheurs sur le monachisme médiéval, Trieste/Rome, Centro Europeo di Ricerche Medievali/École française de Rome, 2016, p. 113‑132.

    4Sur la définition de l’élection par les décrétistes, voir Robert L. Benson, The Bishop-Elect: A Study in Medieval Ecclesiastical Office, Princeton, Princeton University Press, 1968 ; toujours à propos de la normalisation de l’élection par les décrétistes, voir Hubert Müller, Der Anteil der Laien an der Bischofswahl: ein Beitrag zur Geschichte der Kanonistik von Gratian bis Gregor IX, Amsterdam, Grüner, 1977.

    5Agostino Paravicini Bagliani, Morte e elezione del papa. Norme, riti e conflitti. Il Medioevo, Rome, Viella, 2013, p. 26. Sur la réception du principe de la majorité des deux tiers dans la canonistique du xiiie siècle, voir Harry Dondorp, « Die Zweidrittelmehrheit als Konstitutivum der Papstwahl in der Lehre der Kanonisten des dreizehnten Jahrhunderts », Archiv für katholisches Kirchenrecht, 161, 1992, p. 396‑425.

    6Paolo Grossi, « Unanimitas, alle origini del concetto di persona giuridica nel diritto canonico », Annali di storia del diritto, 2, 1958, p. 229‑331 ; Yves Congar, « Quod omnes tangit ab omnibus tractari vel approbari debet », Revue historique de droit français et étranger, 35, 1958, p. 210‑259 ; Jean Gaudemet, « Unanimité et majorité. Observations sur quelques études récentes », dans Études historiques à la mémoire de Noël Didier, Paris, Montchrestien, 1960, p. 149‑162 ; Id., Les élections dans l’Église latine des origines au xvie siècle, Paris, Fernand Lanore, 1979 ; Bernhard Schimmelpfennig, « Das Prinzip des sanior pars bei Bischofswahlen im Mittelalter », Concilium: internationale Zeitschrift für Theologie, 16, 1980, p. 473‑477 ; Josep M. Colomer, Iain McLean, « Electing Popes: Approval Balloting and Qualified-Majority Rule », Journal for Interdisciplinary History, 29/1, 1998, p. 1‑22, en particulier p. 6‑8 ; Gianmarco De Angelis, « Omnes simul aut quot plures habere potero. Rappresentazioni delle collettività e decisioni a maggioranza nei comuni italiani del XII secolo », Reti Medievali-Rivista, 12/2, 2011, p. 151‑194, en particulier p. 151‑152 et n. 2.

    7Hans-Walter Klewitz, « Das Ende des Reformpapsttums », Deutsches Archiv für Geschichte des Mittelalters, 3, 1939, p. 371‑412 ; Tellenbach, Libertas. Kirche und Weltordnung, op. cit. ; Franz-Josef Schmale, Studien zum Schisma des Jahres 1130, Cologne, Böhlau, 1961 ; Pier Fausto Palumbo, « Nuovi studi (1942-1962) sullo scisma di Anacleto II », Bullettino dell’Istituto storico italiano per il medioevo, 75, 1963, p. 71‑104. Pour une présentation et une mise en contexte des étapes du débat historiographique, voir Giorgio Milanesi, Bonifica delle immagini e propaganda in Aquitania durante lo scisma del 1130-1138, Trente, Scripta, 2013, p. 30‑86 ; Stefania Anzoise, « Lo scisma del 1130: aspetti e prospettive di un lungo dibattito storiografico », Archivum Historiae Pontificiae, 49, 2011, p. 7‑49.

    8Pour une réflexion historiographique et méthodologique sur la notion d’antipape aux xie et xiie siècles et sur les implications de cette notion dans les successions pontificales, voir Umberto Longo, Lila Yawn (dir.), Framing Clement III. (anti)pope, Reti medievali – Rivista 13/1, 2012 ; Umberto Longo, « A Saint of Damned Memory », dans ibid., p. 137‑151 ; Id., « Anacleto II (1130‑1138). Formazione ed elezione », dans Andreas Sohn (dir.), Benediktiner als Päpste, Ratisbonne, Schnell & Steiner, 2018, p. 161‑172 ; Id., « La Corona d’Aragona e gli “antipapi” », dans Guido D’Agostino, Salvatore Fodale, Massimo Miglio, Anna Maria Oliva, Davide Passerini, Francesco Sanatore (dir.), La Corona d’Aragona e l’Italia, I. La Corona d’Aragona e la Curia negli anni dello Scisma, Rome, Istituto storico italiano per il medio evo, 2020, p. 19‑33.

    9Ludovico Agnello Anastasio, Istoria degli Antipapi, 2 t., Naples, Stamperia Muziana, 1754.

    10Ibid., 2 t., p. 25‑27 : « Ma cheche di ciò sia, è certo, che gli succedé nell’istesso giorno della sua morte Gregorio Cardinal di S. Angelo di Nazion Romano, Personaggio di consumata virtù, e d’alto merito, per attestato di S. Bernardo ; e fu in tal guisa sollecitamente surrogato, per consiglio anche di Onorio moribondo, ad evitare i maneggi, e prepotenze di Pietro di Leone Cardinale di S. Maria in Trastevere, potentissimo in Roma, perciocche [sic] i di lui sforzi, ed impegni voleva il S. Collegio schifare, giacche [sic] di corrottissimi costumi, e Figliuolo di Pietro Figlio di Leone Giudeo: battezzato da Leone Papa IX., che li diede il suo nome; onde S. Bernardo stesso li gittava sul volto Judaica Soboles, e Arnolfo ne disse: Il di cui Avo avendo accumulato coll’usura grandissima somma di oro, coll’acqua del Battesimo dannò la presa Circoncisione. »

    11Pier Fausto Palumbo, « Le doppie elezioni del 1130 e del 1159 e il giudizio di Alessandro III e della sua età sullo scisma precedente », dans Atti del Convegno di Studi su Alessandro III nel VIII Centenario della morte, Viterbe, Centro di studi sulla civiltà comunale, 1985, p. 181‑241, ici p. 227‑228. Sur la résonance du schisme dans l’histoire de l’Église, voir Gabriella Rossetti, « La pastorale del IV Lateranense », dans La pastorale della Chiesa in Occidente all’età ottoniana al concilio Lateranense IV, Milan, Vita e pensiero, 2004, p. 197‑222, ici p. 202.

    12Luigi Pellegrini, « La duplice elezione del 1130. I precedenti immediati e i protagonisti », dans Contributi dell’Istituto di storia medioevale, t. 1, Raccolta di studi in onore di Giovanni Soranzo, Milan, Vita e Pensiero, 1968, p. 265‑302.

    13Sur Innocent II, voir John Doran, Damian J. Smith (dir.), Pope Innocent II (1130-1143). The World vs the City, Londres, Routledge, 2016 (et, en particulier, la contribution de John Doran sur le schisme de 1130, « Two Popes. The City vs the World », p. 5‑26).

    14Palumbo, Lo scisma del 1130, op. cit., p. 173‑229.

    15Pellegrini, « La duplice elezione », art. cité, p. 277

    16Longo, « La Corona d’Aragona e gli “antipapi” », art. cité, p. 25‑29.

    17Id., « Leo IX., Roma und das italische Mönchtum. Einige Überlegungen zu den leonischen Reformverfahren », dans Francesco Massetti (dir.), Un vescovo imperiale sulla cattedra di Pietro. Il pontificato di Leone IX (1049-1054) tra Regnum e sacerdotium, Milan, Vita e Pensiero, 2021, p. 197‑208.

    18Joachim Wollasch, « Die Wahl des Papstes Nikolaus II. », dans Josef Fleckenstein, Karl Schmid (dir.), Adel und Kirche. Gerd Tellenbach zum 65. Geburtstag dargebracht von Freunden und Schülern, Fribourg/Bâle/Vienne, Herder, 1968, p. 205‑220.

    19Ovidio Capitani, « Problematica della Disceptatio Synodalis », dans Id., Tradizione e interpretazione. Dialettiche ecclesiologiche del secolo XI, Rome, Jouvence, 1990, p. 79.

    20Sur le décret de 1059, Jasper Detlev, Das Papstwahldekret von 1059: Überlieferung und Textgestalt, Sigmaringen, Thorbecke, 1986. Pour quelques problèmes historiographiques liés à ce décret, voir N. D’Acunto, La lotta per le investiture. Una rivoluzione medievale (998-1122), Rome, Carocci, p. 79‑85.

    21Tommaso di Carpegna Falconieri, Il clero di Roma nel medioevo. Istituzioni e politica cittadina (secoli VIII-XIII), Rome, Viella, 2002, p. 107 et n. 13.

    22Corpus iuris canonici, éd. par Emil Friedberg, 2 vol., Leipzig 1879-1881, l. I, tit. VI, De electione, chap. VI, col. 51 : Statuimus igitur ut si forte, inimico homine superseminante zizaniam, inter cardinales de substituendo pontifice non potuerit concordia plena esse, et duabus partibus concordantibus tertia pars noluerit concordare aut sibi alium praesumpserit ordinare, ille Romanus pontifex habeatur, qui a duabus partibus fuerit electus et receptus. Voir Paravicini, Morte e elezione del papa, op. cit., p. 26.

    23Gaudemet, « Unanimité et majorité », art. cité, p. 153. Sur le sujet, voir la bibliographie, n. 6.

    24Léo Moulin, « Sanior et maior pars », Revue historique de droit français et étranger, 36, 1958, p. 491‑529 ; Id., « Les origines religieuses des techniques électorales et délibératives modernes », Politix, 11/43, 1998, p. 117‑162 ; Gaudemet, Unanimité et majorité, op. cit., p. 155.

    25Wollasch, « Die Wahl des Papstes Nikolaus II. », art. cité ou, plus récemment Colomer, McLean, « Electing Popes », art. cité ; Umberto Longo, « I cistercensi, il papato e la riforma a Roma alla metà del secolo XII. L’abbazia dei Santi Vincenzo e Anastasio », Reti medievali. Rivista, 19/1, 2018, p. 329‑350.

    26Milanesi, Bonifica delle immagini, op. cit., p. 48 et n. 58.

    27Myriam Soria-Audebert, « La propagande pontificale et sa réception au temps des schismes (xie-xiie siècle). Innocent II, Anaclet II : la mémoire d’une guerre de libelles, lectures et débats », dans Rossana Castano, Fortunata Latella, Tania Sorrenti (dir.), Comunicazione e propaganda nei secoli XII e XIII, Rome, Viella, 2007, p. 595‑612.

    28Maleczek, « Das Kardinalskollegium », art. cité ; Stroll, The Jewish Pope, op. cit. ; Glauco Maria Cantarella, « L’algoritmo di Anacleto II. La creazione del Regno di Sicilia », Przeglad Historyczny, 109/3, 2018, p. 355‑368 ; Gillian R. Knight, « Politics and Pastoral Care: Papal Schism in Some Letters of Peter the Venerable », Revue bénédictine, 109/3‑4, 1999, p. 359‑390, ici p. 360‑365, 381‑390 ; Soria-Audebert, « La propagande pontificale », art. cité ; Anzoise, « Lo scisma del 1130 », art. cité, p. 19‑23 ; Milanesi, Bonifica delle immagini, op. cit.

    29Anzoise, « Lo scisma del 1130 », art. cité, p. 49.

    30Sur la diffusion de l’obéissance innocentienne, résultat d’un réseau dense de relations diplomatiques, voir Maleczek, « Das Kardinalskollegium », art. cité, p. 35‑48 ; Timothy Reuter, « Zur Anerkennung Papst Innocenz’ II. Eine neue Quelle », Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters, 39, 1983, p. 395‑416 ; Tommaso di Carpegna Falconieri, « Innocenzo II », Enciclopedia dei papi, Rome, Istituto della Enciclopedia Italiana, 2000, t. 2, p. 261‑268, avec la mise à jour bibliographique dans Dizionario biografico degli Italiani, 62, Rome, Istituto della Enciclopedia Italiana, 2004, p. 410‑416 ; Id., « Anacleto II, gli antipapi e la Chiesa medievale. La storia come esito di possibilità aperte », Archivio della società romana di storia patria, 141, 2018, p. 5‑23 ; Johrendt, « Das Innozenzianische Schisma », p. 144 et 150 ; Claudia Zey, « Die Augen des Papstes: zu Eigenschaften und Vollmachten päpstlicher Legaten », dans Jochen Johrendt, Heribert Müller (dir.), Römisches Zentrum und kirchliche Peripherie. Das universale Papsttum als Bezugspunkt der Kirchen von den Reformpäpsten bis zu Innozenz III., Berlin, De Gruyter, 2008, p. 77‑108, ici p. 97‑98 ; Anzoise, « Lo scisma del 1130 », art. cité ; Milanesi, Bonifica delle immagini, op. cit., p. 71‑83.

    Auteur

    Umberto Longo

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    1Pier Fausto Palumbo, Lo scisma del MCXXX: i precedenti, la vicenda romana, e le ripercussioni europee della lotta tra Anacleto e Innocenzo II, col regesto degli atti di Anacleto II, Rome, R. deputazione alla Biblioteca Vallicelliana, 1942, p. 232‑233.

    2Werner Maleczek, « Das Kardinalskollegium unter Innocenz II. und Anaklet II. », Archivum historiæ pontificiæ, 19, 1981, p. 27‑78 : « only a coalescence into groups based upon immediate circumstances » ; Mary Stroll, The Jewish Pope. Ideology and Politics in the Papal Schism of 1130, Leyde/New York/København/Cologne, Brill, 1987, p. 9 ; Jochen Johrendt, « Das Innozenzianische Schisma aus kurialer Perspektive », dans Harald Müller, Brigitte Hotz (dir.), Gegenpäpste. Ein unerwünschtes mittelalterliches Phänomen, Vienne/Cologne/Weimar, Böhlau, 2012, p. 127‑164.

    3En plus du classique Gerd Tellenbach, Libertas, Kirche und Weltordnung im Zeitalter des Investiturstreites, Stuttgart, Kohlhammer, 1936 ; Id., Die westliche Kirche vom 10. bis zum frühen 12. Jahrhundert, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1988 ; Ovidio Capitani, Esiste un’età gregoriana? Considerazioni sulle tendenze di una storiografia medievistica, Rivista di Storia e Letteratura Religiosa, 1, 1965, p. 454‑481 ; Id., Immunità vescovili ed ecclesiologia in età «pregregoriana» e «gregoriana». L’avvio alla «restaurazione», Spolète, Centro Italiano di Studi sull’Alto Medioevo, 1966 ; Cinzio Violante, « La riforma ecclesiastica del secolo XI come progressiva sintesi di contrastanti idee e strutture », Critica Storica, 26, 1989, p. 156‑166 ; Ovidio Capitani, Medievistica e medievisti nel secondo novecento, Spolète, Centro Italiano di Studi sull’Alto Medioevo, 2003, p. 53‑108 ; Glauco Maria Cantarella, « Il papato e la riforma ecclesiastica del secolo XI », dans Riforma o restaurazione? La cristianità nel passaggio dal primo al secondo millennio: persistenze e novità, Negarine di S. Pietro in Cariano (VR), Gabrielli, 2006, p. 29‑50. Pour une présentation générale voir Umberto Longo, « La riforma della Chiesa tra Pier Damiani e Bernardo di Chiaravalle. Un concetto da declinare al plurale », dans Marialuisa Bottazzi, Paolo Buffo, Caterina Ciccopiedi, Luciana Furbetta, Thomas Granier (dir.), La società monastica nei secoli VI-XII. Sentieri di ricerca. Atelier jeunes chercheurs sur le monachisme médiéval, Trieste/Rome, Centro Europeo di Ricerche Medievali/École française de Rome, 2016, p. 113‑132.

    4Sur la définition de l’élection par les décrétistes, voir Robert L. Benson, The Bishop-Elect: A Study in Medieval Ecclesiastical Office, Princeton, Princeton University Press, 1968 ; toujours à propos de la normalisation de l’élection par les décrétistes, voir Hubert Müller, Der Anteil der Laien an der Bischofswahl: ein Beitrag zur Geschichte der Kanonistik von Gratian bis Gregor IX, Amsterdam, Grüner, 1977.

    5Agostino Paravicini Bagliani, Morte e elezione del papa. Norme, riti e conflitti. Il Medioevo, Rome, Viella, 2013, p. 26. Sur la réception du principe de la majorité des deux tiers dans la canonistique du xiiie siècle, voir Harry Dondorp, « Die Zweidrittelmehrheit als Konstitutivum der Papstwahl in der Lehre der Kanonisten des dreizehnten Jahrhunderts », Archiv für katholisches Kirchenrecht, 161, 1992, p. 396‑425.

    6Paolo Grossi, « Unanimitas, alle origini del concetto di persona giuridica nel diritto canonico », Annali di storia del diritto, 2, 1958, p. 229‑331 ; Yves Congar, « Quod omnes tangit ab omnibus tractari vel approbari debet », Revue historique de droit français et étranger, 35, 1958, p. 210‑259 ; Jean Gaudemet, « Unanimité et majorité. Observations sur quelques études récentes », dans Études historiques à la mémoire de Noël Didier, Paris, Montchrestien, 1960, p. 149‑162 ; Id., Les élections dans l’Église latine des origines au xvie siècle, Paris, Fernand Lanore, 1979 ; Bernhard Schimmelpfennig, « Das Prinzip des sanior pars bei Bischofswahlen im Mittelalter », Concilium: internationale Zeitschrift für Theologie, 16, 1980, p. 473‑477 ; Josep M. Colomer, Iain McLean, « Electing Popes: Approval Balloting and Qualified-Majority Rule », Journal for Interdisciplinary History, 29/1, 1998, p. 1‑22, en particulier p. 6‑8 ; Gianmarco De Angelis, « Omnes simul aut quot plures habere potero. Rappresentazioni delle collettività e decisioni a maggioranza nei comuni italiani del XII secolo », Reti Medievali-Rivista, 12/2, 2011, p. 151‑194, en particulier p. 151‑152 et n. 2.

    7Hans-Walter Klewitz, « Das Ende des Reformpapsttums », Deutsches Archiv für Geschichte des Mittelalters, 3, 1939, p. 371‑412 ; Tellenbach, Libertas. Kirche und Weltordnung, op. cit. ; Franz-Josef Schmale, Studien zum Schisma des Jahres 1130, Cologne, Böhlau, 1961 ; Pier Fausto Palumbo, « Nuovi studi (1942-1962) sullo scisma di Anacleto II », Bullettino dell’Istituto storico italiano per il medioevo, 75, 1963, p. 71‑104. Pour une présentation et une mise en contexte des étapes du débat historiographique, voir Giorgio Milanesi, Bonifica delle immagini e propaganda in Aquitania durante lo scisma del 1130-1138, Trente, Scripta, 2013, p. 30‑86 ; Stefania Anzoise, « Lo scisma del 1130: aspetti e prospettive di un lungo dibattito storiografico », Archivum Historiae Pontificiae, 49, 2011, p. 7‑49.

    8Pour une réflexion historiographique et méthodologique sur la notion d’antipape aux xie et xiie siècles et sur les implications de cette notion dans les successions pontificales, voir Umberto Longo, Lila Yawn (dir.), Framing Clement III. (anti)pope, Reti medievali – Rivista 13/1, 2012 ; Umberto Longo, « A Saint of Damned Memory », dans ibid., p. 137‑151 ; Id., « Anacleto II (1130‑1138). Formazione ed elezione », dans Andreas Sohn (dir.), Benediktiner als Päpste, Ratisbonne, Schnell & Steiner, 2018, p. 161‑172 ; Id., « La Corona d’Aragona e gli “antipapi” », dans Guido D’Agostino, Salvatore Fodale, Massimo Miglio, Anna Maria Oliva, Davide Passerini, Francesco Sanatore (dir.), La Corona d’Aragona e l’Italia, I. La Corona d’Aragona e la Curia negli anni dello Scisma, Rome, Istituto storico italiano per il medio evo, 2020, p. 19‑33.

    9Ludovico Agnello Anastasio, Istoria degli Antipapi, 2 t., Naples, Stamperia Muziana, 1754.

    10Ibid., 2 t., p. 25‑27 : « Ma cheche di ciò sia, è certo, che gli succedé nell’istesso giorno della sua morte Gregorio Cardinal di S. Angelo di Nazion Romano, Personaggio di consumata virtù, e d’alto merito, per attestato di S. Bernardo ; e fu in tal guisa sollecitamente surrogato, per consiglio anche di Onorio moribondo, ad evitare i maneggi, e prepotenze di Pietro di Leone Cardinale di S. Maria in Trastevere, potentissimo in Roma, perciocche [sic] i di lui sforzi, ed impegni voleva il S. Collegio schifare, giacche [sic] di corrottissimi costumi, e Figliuolo di Pietro Figlio di Leone Giudeo: battezzato da Leone Papa IX., che li diede il suo nome; onde S. Bernardo stesso li gittava sul volto Judaica Soboles, e Arnolfo ne disse: Il di cui Avo avendo accumulato coll’usura grandissima somma di oro, coll’acqua del Battesimo dannò la presa Circoncisione. »

    11Pier Fausto Palumbo, « Le doppie elezioni del 1130 e del 1159 e il giudizio di Alessandro III e della sua età sullo scisma precedente », dans Atti del Convegno di Studi su Alessandro III nel VIII Centenario della morte, Viterbe, Centro di studi sulla civiltà comunale, 1985, p. 181‑241, ici p. 227‑228. Sur la résonance du schisme dans l’histoire de l’Église, voir Gabriella Rossetti, « La pastorale del IV Lateranense », dans La pastorale della Chiesa in Occidente all’età ottoniana al concilio Lateranense IV, Milan, Vita e pensiero, 2004, p. 197‑222, ici p. 202.

    12Luigi Pellegrini, « La duplice elezione del 1130. I precedenti immediati e i protagonisti », dans Contributi dell’Istituto di storia medioevale, t. 1, Raccolta di studi in onore di Giovanni Soranzo, Milan, Vita e Pensiero, 1968, p. 265‑302.

    13Sur Innocent II, voir John Doran, Damian J. Smith (dir.), Pope Innocent II (1130-1143). The World vs the City, Londres, Routledge, 2016 (et, en particulier, la contribution de John Doran sur le schisme de 1130, « Two Popes. The City vs the World », p. 5‑26).

    14Palumbo, Lo scisma del 1130, op. cit., p. 173‑229.

    15Pellegrini, « La duplice elezione », art. cité, p. 277

    16Longo, « La Corona d’Aragona e gli “antipapi” », art. cité, p. 25‑29.

    17Id., « Leo IX., Roma und das italische Mönchtum. Einige Überlegungen zu den leonischen Reformverfahren », dans Francesco Massetti (dir.), Un vescovo imperiale sulla cattedra di Pietro. Il pontificato di Leone IX (1049-1054) tra Regnum e sacerdotium, Milan, Vita e Pensiero, 2021, p. 197‑208.

    18Joachim Wollasch, « Die Wahl des Papstes Nikolaus II. », dans Josef Fleckenstein, Karl Schmid (dir.), Adel und Kirche. Gerd Tellenbach zum 65. Geburtstag dargebracht von Freunden und Schülern, Fribourg/Bâle/Vienne, Herder, 1968, p. 205‑220.

    19Ovidio Capitani, « Problematica della Disceptatio Synodalis », dans Id., Tradizione e interpretazione. Dialettiche ecclesiologiche del secolo XI, Rome, Jouvence, 1990, p. 79.

    20Sur le décret de 1059, Jasper Detlev, Das Papstwahldekret von 1059: Überlieferung und Textgestalt, Sigmaringen, Thorbecke, 1986. Pour quelques problèmes historiographiques liés à ce décret, voir N. D’Acunto, La lotta per le investiture. Una rivoluzione medievale (998-1122), Rome, Carocci, p. 79‑85.

    21Tommaso di Carpegna Falconieri, Il clero di Roma nel medioevo. Istituzioni e politica cittadina (secoli VIII-XIII), Rome, Viella, 2002, p. 107 et n. 13.

    22Corpus iuris canonici, éd. par Emil Friedberg, 2 vol., Leipzig 1879-1881, l. I, tit. VI, De electione, chap. VI, col. 51 : Statuimus igitur ut si forte, inimico homine superseminante zizaniam, inter cardinales de substituendo pontifice non potuerit concordia plena esse, et duabus partibus concordantibus tertia pars noluerit concordare aut sibi alium praesumpserit ordinare, ille Romanus pontifex habeatur, qui a duabus partibus fuerit electus et receptus. Voir Paravicini, Morte e elezione del papa, op. cit., p. 26.

    23Gaudemet, « Unanimité et majorité », art. cité, p. 153. Sur le sujet, voir la bibliographie, n. 6.

    24Léo Moulin, « Sanior et maior pars », Revue historique de droit français et étranger, 36, 1958, p. 491‑529 ; Id., « Les origines religieuses des techniques électorales et délibératives modernes », Politix, 11/43, 1998, p. 117‑162 ; Gaudemet, Unanimité et majorité, op. cit., p. 155.

    25Wollasch, « Die Wahl des Papstes Nikolaus II. », art. cité ou, plus récemment Colomer, McLean, « Electing Popes », art. cité ; Umberto Longo, « I cistercensi, il papato e la riforma a Roma alla metà del secolo XII. L’abbazia dei Santi Vincenzo e Anastasio », Reti medievali. Rivista, 19/1, 2018, p. 329‑350.

    26Milanesi, Bonifica delle immagini, op. cit., p. 48 et n. 58.

    27Myriam Soria-Audebert, « La propagande pontificale et sa réception au temps des schismes (xie-xiie siècle). Innocent II, Anaclet II : la mémoire d’une guerre de libelles, lectures et débats », dans Rossana Castano, Fortunata Latella, Tania Sorrenti (dir.), Comunicazione e propaganda nei secoli XII e XIII, Rome, Viella, 2007, p. 595‑612.

    28Maleczek, « Das Kardinalskollegium », art. cité ; Stroll, The Jewish Pope, op. cit. ; Glauco Maria Cantarella, « L’algoritmo di Anacleto II. La creazione del Regno di Sicilia », Przeglad Historyczny, 109/3, 2018, p. 355‑368 ; Gillian R. Knight, « Politics and Pastoral Care: Papal Schism in Some Letters of Peter the Venerable », Revue bénédictine, 109/3‑4, 1999, p. 359‑390, ici p. 360‑365, 381‑390 ; Soria-Audebert, « La propagande pontificale », art. cité ; Anzoise, « Lo scisma del 1130 », art. cité, p. 19‑23 ; Milanesi, Bonifica delle immagini, op. cit.

    29Anzoise, « Lo scisma del 1130 », art. cité, p. 49.

    30Sur la diffusion de l’obéissance innocentienne, résultat d’un réseau dense de relations diplomatiques, voir Maleczek, « Das Kardinalskollegium », art. cité, p. 35‑48 ; Timothy Reuter, « Zur Anerkennung Papst Innocenz’ II. Eine neue Quelle », Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters, 39, 1983, p. 395‑416 ; Tommaso di Carpegna Falconieri, « Innocenzo II », Enciclopedia dei papi, Rome, Istituto della Enciclopedia Italiana, 2000, t. 2, p. 261‑268, avec la mise à jour bibliographique dans Dizionario biografico degli Italiani, 62, Rome, Istituto della Enciclopedia Italiana, 2004, p. 410‑416 ; Id., « Anacleto II, gli antipapi e la Chiesa medievale. La storia come esito di possibilità aperte », Archivio della società romana di storia patria, 141, 2018, p. 5‑23 ; Johrendt, « Das Innozenzianische Schisma », p. 144 et 150 ; Claudia Zey, « Die Augen des Papstes: zu Eigenschaften und Vollmachten päpstlicher Legaten », dans Jochen Johrendt, Heribert Müller (dir.), Römisches Zentrum und kirchliche Peripherie. Das universale Papsttum als Bezugspunkt der Kirchen von den Reformpäpsten bis zu Innozenz III., Berlin, De Gruyter, 2008, p. 77‑108, ici p. 97‑98 ; Anzoise, « Lo scisma del 1130 », art. cité ; Milanesi, Bonifica delle immagini, op. cit., p. 71‑83.

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    Longo, Umberto. « Succéder au temps de la réforme de l’Église. Définition des procédures canoniques de l’élection pontificale entre le XIe et le XIIe siècle ». In Succéder au Moyen Âge, édité par Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2023. https://doi.org/10.4000/13mnk.
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