Introduction
p. 5-11
Texte intégral
1Personne n’a oublié l’assassinat de Cabu et des journalistes de Charlie Hebdo, ni l’hommage national qui leur a été réservé. Si la cérémonie a eu le bon goût d’éviter Saint-Louis des Invalides, elle avait tout de même quelque chose de tragiquement cocasse, quand on connaît l’anarchisme fondamental de ces dessinateurs. Cabu, l’un des plus intraitables antimilitaristes de sa génération, célébré par le chef des armées ? L’adjudant Kronenbourg au garde-à-vous devant son cercueil ? Pas de doute, les temps changent… Quel contraste avec les obsessions de l’après‑68, quand la société française se divisait autour du rapport à l’uniforme, dans l’élan des mouvements de jeunesse, dans la peur de Pinochet, dans l’ambiance de caserne qui imprégnait chaque génération.
2Rien de tel aujourd’hui. Comme l’avouent les militants les plus rétifs à l’uniforme1, la dénonciation de la répression se focalise désormais sur la police et non sur l’armée. On ne s’émeut plus vraiment de voir dans l’espace public les armes et les uniformes des soldats de l’opération Sentinelle. Les OPEX suscitent peu de débats, en dépit d’enquêtes accablantes sur les « dérives » d’une armée mal préparée aux réalités de la guerre2. Quant aux interventions médiatiques et à la popularité de certains généraux, elles restent – pour le moment du moins – des épiphénomènes3. Et la perspective d’un service national universel n’a guère réveillé les spectres d’un antimilitarisme qui semble relever d’un passé révolu, d’une subversion neutralisée, d’un engagement anachronique.
3Faisons donc le pari qu’il s’agit d’un bon moment pour en entreprendre l’histoire, loin des urgences de l’engagement et des certitudes du militantisme, à l’affût des résonances et des tensions de la longue durée, au plus près des doutes et des questions qui émergent de l’historiographie récente et de la relecture des travaux anciens. Car il faut le dire d’emblée : l’antimilitarisme n’est pas un sujet inconnu ou tabou dont il faudrait dévoiler la contre-histoire. À la manière de la « lettre volée » d’Edgar Poe, il s’agit d’un thème central qui nous semble si familier qu’on a peut-être fini par le négliger ou l’oublier.
4C’est du côté de l’historiographie du mouvement social que se sont développées les études les plus approfondies4. Dans une perspective qui peut sembler théorique et datée, elles s’interrogent notamment sur le statut de l’antimilitarisme dans la doctrine marxiste5. Ces enquêtes ont été enrichies et dépassées par de nouvelles approches, attentives aux hésitations des socialistes6 et des anarchistes7, mais surtout aux tergiversations des communistes, dont l’attitude oscille entre rejet et instrumentalisation de l’armée8. Au-delà des principes idéologiques, l’antimilitarisme doit en effet être situé dans ses espaces9 et dans ses contextes sociaux et politiques10, confronté à l’intensité de la répression11, incarné dans la diversité de ses acteurs. Cette volonté de porter la mémoire des anonymes, parfois victimes de leur lutte, était au cœur des grandes fresques militantes qui mêlent « objecteurs, insoumis et réfractaires » sous une plume enthousiaste sinon épique, mais peut-être peu soucieuse des spécificités de chaque combat12. Elle se prolonge, discrètement et collectivement, à travers la prosopographie sans cesse enrichie du Maitron, qui permet de mieux connaître les trajectoires variables et complexes des antimilitaristes. Elle bénéficie, pour la période la plus récente, de la collecte et de la publication de témoignages qui reflètent le dynamisme des mémoires militantes13.
5À mesure qu’ils s’écartaient d’une histoire de la guerre strictement délimitée pour mieux appréhender l’emprise du fait militaire dans la société, les spécialistes de l’armée ont également été amenés à questionner les formes et les évolutions de l’antimilitarisme. Dès le début des années 1950, Raoul Girardet bâtit une typologie pionnière14, reprise dans toutes les synthèses ultérieures15. À l’en croire, c’est dans le second tiers du xixe siècle qu’émergeraient trois courants d’idées hostiles au « militarisme » : l’un, religieux, articulé autour de la Société de la morale chrétienne, reste plutôt marginal ; les deux autres, libéraux et socialistes, critiquent l’institution militaire qu’ils décrivent, les uns comme un coût excessif et une menace pour la prospérité économique, les autres comme un système d’abrutissement des individualités. Mais ce n’est qu’à la fin du xixe siècle que ces trois tendances se renforcent, composant un « antimilitarisme agressif ». Une « forme littéraire et bourgeoise » d’abord, liée à la généralisation de la conscription : c’est ici le monde de la caserne qui susciterait un réflexe de rejet, en partie lié à une distinction de classe. Une « idéologie humanitaire » qui s’attaque à la guerre de manière globale : les grandes figures de la Ligue des droits de l’homme prolongeraient ici, d’une certaine manière, l’héritage de la pensée chrétienne pacifiste. Un « antimilitarisme révolutionnaire », enfin, qui s’installe au cœur de la CGT naissante et qui est étroitement lié à la dénonciation de l’État bourgeois, dont l’armée serait l’ultima ratio répressive. Écrivant en pleine guerre d’Algérie, Raoul Girardet, partisan de l’Algérie française, laisse cependant de côté les transformations d’un antimilitarisme qu’il semble reléguer dans le passé. De manière générale, l’histoire du fait militaire dans la société civile s’est beaucoup moins intéressée au xxe siècle, qui reste une zone d’ombre. Parmi les rares tentatives de l’éclairer, citons toutefois un chapitre déjà ancien d’André Martel, qui relève « de nouvelles formes d’antimilitarisme se superposant à ses expressions traditionnelles16 ». Du côté de la tradition, l’adjudant Flick est devenu le sergent Kronenbourg, comme si Cabu succédait à Grandjouan, comme si la haine de la caserne traversait le temps à l’identique. Ce qui change, en revanche, c’est l’effacement d’un « antimilitarisme prolétarien » qui « s’estompe en même temps que disparaît la classe ouvrière », ainsi que l’émergence d’une critique écologique qui cible d’un même mouvement l’appareil militaro-industriel, le nucléaire, le Larzac : « L’armée, ça pue, ça pollue et ça rend con. »
6Si les travaux spécifiquement consacrés à l’antimilitarisme restent anciens et peu nombreux, il faut souligner le dynamisme récent de chantiers connexes, à commencer par l’histoire renouvelée des pacifismes à l’heure du centenaire des traités de la Première Guerre mondiale et de l’éclosion des peace studies17. Cette volonté de mieux comprendre les combats offensifs des acteurs de la paix remet l’accent sur des mouvements ou des individus dont l’activisme militant pouvait drainer les foules et sensibiliser à la critique des armes18. Enrichie par de récentes synthèses de grande ampleur, l’histoire des guerres s’intéresse plus ou moins attentivement aux combats des réfractaires et des insoumis, à tous ces « refus de la guerre » pour reprendre l’expression générique d’André Loez19, qui croisent de près la question de l’antimilitarisme sans s’y réduire, à ces mobilisations qui dépassent le temps du conflit et se prolongent dans la postérité, comme le rappelle la mémoire vive des « fusillés pour l’exemple » de la Première Guerre mondiale20.
7Autour d’une historiographie de l’armée qui diversifie ses centres d’intérêt s’ouvre aussi la question des relations d’autorité, de leur nature, de leur légitimité et des contestations qu’elles suscitent21. Cette réflexion entre en relation avec le chantier émergent de l’histoire des institutions disciplinaires22, qui permet de rouvrir les dossiers encore trop méconnus de la justice militaire23 et de comprendre comment la vie de caserne a pu cristalliser les discours antimilitaristes24. Ces terrains d’enquête supposent nécessairement la prise en compte de la dimension coloniale ; ils s’articulent également avec une lecture genrée susceptible de révéler non seulement la place spécifique et trop souvent négligée des femmes dans la critique de l’armée25, mais aussi l’enchevêtrement des logiques militaristes et virilistes, la construction de la masculinité moderne ayant partie liée avec les modèles d’éducation militaire26.
8L’antimilitarisme peut enfin être abordé comme un point d’ancrage intriguant à la croisée de l’histoire de l’État et des contestations révolutionnaires, deux domaines historiographiques qu’il est nécessaire de faire dialoguer étroitement tant ils s’entremêlent27. Le grand récit de la monopolisation de la violence légale mérite, en effet, d’être mis en discussion, tant subsistent ou émergent de vives résistances fondées sur le désir de certains citoyens de garantir eux-mêmes leur droit à la sûreté, voire de bâtir un ordre alternatif28. C’est dans cette optique que se développe l’antimilitarisme le plus structuré et le plus combatif.
9La richesse de l’acquis et le dynamisme des recherches en cours incitent à la modestie : si l’antimilitarisme en France n’est pas une terra incognita, les traversées et les explorations n’ont cependant pas encore donné lieu à une mise en valeur systématique, ni même à une cartographie. C’est donc à ce travail de défrichage d’un front pionnier que voudrait s’atteler cet ouvrage collectif.
10Se pose en premier lieu la question de la définition. Faut-il adopter une démarche nominaliste, au plus près des sources et des acteurs sociaux, auquel cas l’antimilitarisme existerait et se reconnaîtrait en tant qu’il s’énonce spécifiquement et explicitement ? Si cette démarche a les vertus de la rigueur, elle conduirait à une impasse, réduisant à bien peu de choses l’histoire d’un phénomène social qui se développe indépendamment de toute expression formelle : l’antimilitarisme se pratique plus qu’il ne se théorise et se revendique, ou même se nomme, y compris dans les milieux militants les plus déterminés.
11Si l’on admet que l’antimilitarisme excède ce qui se désigne comme tel, alors le risque est grand de le voir partout et de le confondre avec des combats voisins (le pacifisme) ou avec des postures individuelles de désobéissance. Admettons qu’un soldat qui se plaint de la cuisine du réfectoire n’est pas un antimilitariste ; mais s’ils sont plusieurs à protester, à exprimer haut et fort leur dégoût de la vie de caserne ? S’ils s’organisent pour revendiquer une réforme des règlements ? Voulant aménager l’armée et non la détruire ou la retourner, ils ne seront pas « antimilitaristes » au sens le plus strict du terme, mais leur action pourrait être dénoncée (et réprimée) comme telle. Cet antimilitarisme de basse intensité relève d’un ensemble diffus de pratiques sociales et de sensibilités qui ont beaucoup à voir avec des questions d’âge, de genre et de positionnements sociaux.
12Il avait été frappant de constater, lors du colloque qui avait précédé la rédaction de ce livre, combien les historiens faisaient preuve d’inventivité pour désigner ce type de pratiques : les uns évoquant un « antimilitarisme par indifférence », les autres un « a-militarisme », quand il ne s’agit pas d’un « antimilitarisme latent » ou même d’un « proto-antimilitarisme ». La difficulté à trouver le bon mot rappelle les débats féconds sur la nature des colères rurales et des mouvements sociaux dans la France des xviiie et xixe siècles, toute cette « infra-politique29 » que l’on a longtemps préféré ignorer au prétexte d’une insuffisante structuration idéologique.
13Retenons donc une définition opératoire qui aura le mérite de viser large : l’antimilitarisme tel que l’entend ce livre est une hostilité systématique envers l’institution militaire, qui ne se réduit pas à ses formes les plus radicales et les plus marginales, mais qui infuse dans toute la société, tant par les discours militants que par les émotions ordinaires (l’expérience de la caserne, le mépris des « galonnés », le rejet des forces de maintien de l’ordre, etc.). Si l’antimilitarisme est une idéologie, dont il faut comprendre les ressorts, il est aussi un ensemble de pratiques et de sensibilités.
14Loin d’être réductible à des gestes furtifs ou à des subversions minoritaires, l’antimilitarisme se dévoile comme central, car il est un espace de jonctions, de porosités, de confusions – et in fine d’affrontements – entre les sphères civiles et militaires, sociales et étatiques ; sous le signe du politique. Tel est le premier axe d’étude : l’antimilitarisme est un terrain privilégié pour sonder ce resserrement des liens entre l’État et la société qui marque puissamment de son empreinte l’époque contemporaine. L’antimilitarisme interroge, confronte, mais aussi construit en retour, cette emprise croissante des républiques successives sur les citoyens. Il porte le fer au cœur des dispositifs régaliens en construction, là où s’affirme, à travers les obligations militaires, l’autorité la plus forte à laquelle doit se soumettre le citoyen ordinaire – à l’exception donc des milieux carcéraux et des situations coloniales. De cette lutte émergent alors d’autres formes possibles de citoyenneté, plus vives, peut-être plus libertaires, assurément moins contraintes et bousculant le grand récit téléologique d’une république « toujours-déjà consensuelle ».
15Cette confusion des sphères et ce resserrement des liens sont le signe fort d’une modernité qui se déploie au cours du second xixe siècle et triomphe au siècle suivant. Procédant de temporalités enchevêtrées, mais distinctes sinon antagonistes, l’antimilitarisme relève d’un choc de modernités. Telle est la seconde interrogation majeure de ce livre. Aux modernités étatiques et militaires concourant à l’effacement de la distinction entre civils et soldats, notamment en temps de guerre30, se confrontent d’autres modernités : celles des avant-gardes révolutionnaires ; celles des évolutions sociales, culturelles et sensibles. Ainsi, à l’aune de l’antimilitarisme, l’armée – et partant l’État – auraient-ils moins une « guerre de retard » qu’une « société de retard » ?
16De ces porosités entre civils et militaires et de ces temporalités opposées découle une très large gamme de discours et de pratiques d’intensité très variable, empreints d’inventivité et de détermination, de distorsions, de paroxysmes et mêmes d’oxymores. Tel est le dernier axe : peut-on établir un continuum entre ce qui apparaît comme la marque des révolutionnaires les plus durs mais peut aussi cheminer en mode mineur, sinon comique, dans de larges pans de la société ?
17Ce livre s’ordonne autour d’un plan qui épouse les découpes canoniques d’une histoire événementielle, scandée par les guerres et les crises politiques. S’agissant d’un sujet qui répugne aux règles et aux dogmes, cet apparent classicisme historiographique pourra étonner, mais il témoigne de la centralité paradoxale d’un antimilitarisme qui n’est ni l’œuvre de pionniers, ni un combat d’arrière-garde, mais qui a partie liée avec les transformations politiques et sociales du pays. Pour en prendre pleinement la mesure, les notices thématiques mobilisent amplement la boîte à outils de l’historien. Une attention particulière est accordée aux acteurs : militaires de carrière ; révolutionnaires (parfois ce sont les mêmes) ; soldats fidèles, égarés ou rebelles ; appelés et anciens combattants ; pacifistes, objecteurs, chansonniers, dessinateurs. Ces groupes sociaux souvent informels ou ces personnalités hautes en couleurs se confrontent aux défenseurs de l’ordre. D’autres notices étudient donc les institutions et dispositifs étatiques, du conseil de révision à la communication militaire en passant, entre autres, par la caserne et le carnet B. Dans ces situations, ceux qui s’y opposent révèlent une marge d’autonomie perceptible par des pratiques et des gestes ; par une importante créativité culturelle, de la chanson à la bande dessinée ; à travers une histoire sensible des corps également, tant l’emprise militaire s’y éprouve et s’y conteste.
18L’espace-temps de l’antimilitarisme ne se limite évidemment pas au cadre strict des lieux bornés de l’institution militaire. Il ouvre sur de vastes horizons, de la cathédrale de Bâle aux colonies, en passant par le Larzac. L’antimilitarisme, lui aussi, invite impérieusement à « voir du pays ». En conséquence cet ouvrage s’achève par une ouverture européenne et mondiale.
Notes de bas de page
1« La lame est suffisamment profonde et coupante, il n’est pas nécessaire de la peindre en kaki », écrit ainsi Tristan Léoni à propos de la répression qui pèse sur le mouvement social dans Manu militari ? Radiographie critique de l’armée, Grenoble, Le Monde à l’envers, 2018, p. 99.
2Justine Brabant, Leïla Minano, Mauvaise troupe. La dérive des jeunes recrues de l’armée française, Paris, Les Arènes, 2019.
3Ces lignes sont écrites peu après la parution d’une « tribune des généraux » publiée le 21 avril 2021, pour le 50e anniversaire du putsch de 1961, dans une revue d’extrême droite aux nombreux relais télévisuels. Si l’affaire concerne manifestement un peu plus qu’un quarteron de généraux factieux, elle ressemble à une construction politico-médiatique davantage qu’à un mouvement de fond.
4Jean Rabaut, L’antimilitarisme en France. Faits et documents (1810-1975), Paris, Hachette, 1975.
5Alain Brossat, Jean-Yves Potel, Antimilitarisme et révolution. Anthologie de l’antimilitarisme révolutionnaire, Paris, UGE, 1975 ; Collectif, Crosse en l’air, le mouvement ouvrier et l’armée, 1900-1914, Paris, Maspero, 1970.
6Elisa Marcobelli, La France de 1914 était-elle antimilitariste ?, Fondation Jean-Jaurès, 2013 ; Gilles Heuré, Gustave Hervé. Itinéraire d’un provocateur : de l’antipatriotisme au pétainisme, Paris, La Découverte, 1997.
7Outre le travail fondateur de Jean Maitron (Le mouvement anarchiste en France, Paris, Maspéro, 1975), citons Guillaume Davranche, Trop jeunes pour mourir. Ouvriers et révolutionnaires face à la guerre, 1909-1914, Montreuil, Libertalia, 2014 ; Jacques Blanc, L’idée antimilitariste dans les milieux anarchistes et syndicalistes en France de 1919 à 1924, thèse de doctorat sous la direction de Jacques Droz, université Paris 1, 1971.
8Georges Vidal, La grande illusion ? Le parti communiste français et la défense nationale à l’époque du Front Populaire, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2006.
9Michel Cordillot (dir.), « Plutôt l’insurrection que la guerre ». L’antimilitarisme dans l’Yonne avant 1914, Auxerre, Société des sciences historiques de l’Yonne, 2005.
10Paul B Miller, From Revolutionaries to Citizens: Antimilitarism in France, 1870–1914, Durham, Duke University Press, 2002.
11Jean-Jacques Becker, Le carnet B, les pouvoirs publics et l’antimilitarisme avant la guerre de 1914, Paris, Klincksieck, 1973 ; Dominique Kalifa, Biribi. Les bagnes coloniaux de l’armée française, Paris, Perrin, 2009.
12Michel Auvray, Objecteurs, insoumis, déserteurs. Histoire des réfractaires en France, Paris, Stock, 1983.
13Maurice Balmet et al., Résister à la militarisation. Le Groupe d’action et de résistance à la militarisation, Lyon 1967-1984, Lyon, Atelier de création libertaire, 2019. Patrick Schindler, Contingent rebelle, récit d’un réfractaire au service militaire dans les années 70, Paris, L’Échappée, 2018.
14Raoul Girardet, La société militaire de 1815 à nos jours, Paris, Plon, 1953, rééd. Pocket, 2001, p. 160‑176.
15William Serman, Jean-Paul Bertaud, Nouvelle histoire militaire de la France, 1789-1919, Paris, Fayard, 1998, p. 605‑608. Voir aussi les contributions d’Annie Crépin, dans Hervé Drévillon (dir.), Histoire militaire de la France, t. 1, Paris, Perrin, 2018, p. 742‑744, et de Xavier Boniface dans Olivier Wieviorka (dir.), Histoire militaire de la France, t. 2, Paris, Perrin, 2018, p. 150‑151.
16Voir la contribution d’André Martel dans André Corvisier, Histoire militaire de la France, t. 4, Paris, Puf, 1997, p. 593‑595.
17En témoignent les colloques organisés à Créteil « Les défenseurs de la paix, 1899-1917 », janvier 2014), Rouen « Pacifisme et socialisme. De la IIe Internationale à la Guerre Froide », mars 2019) et Caen « Faire la paix », novembre 2019).
18Carl Bouchard, Cher Monsieur le Président. Quand les Français écrivaient à Wilson, Seyssel, Champ Vallon, 2015.
19Galit Haddad, 1914-1919, ceux qui protestaient, Paris, Les Belles Lettres, 2012 ; Tramor Quemeneur, Une guerre sans « non » ? Insoumissions, refus d’obéissance et désertions de soldats français pendant la guerre d’Algérie (1954-1962), thèse de doctorat sous la direction de Benjamin Stora, université Paris 8, 2007 ; André Loez, 14‑18, les refus de la guerre. Une histoire des mutins, Paris, Gallimard, 2010.
20Nicolas Offenstadt, Les fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective, Paris, Odile Jacob, 1999.
21Emmanuel Saint-Fuscien, À vos ordres ? La relation d’autorité dans l’armée française de la Grande Guerre, Paris, EHESS, 2011 ; Marius Loris, Crises et reconfigurations de la relation d’autorité pendant la guerre d’Algérie, thèse de doctorat sous la direction de Raphaëlle Branche université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2018.
22À noter l’existence, depuis 2017, d’un Groupe de recherche sur les institutions disciplinaires (GRID) qui réunit de nombreux spécialistes de ces questions :
23Plusieurs travaux ont été publiés à la suite d’un séminaire de recherche, « Les justices militaires en Europe », organisé en 2005 par le CESDIP ; Jean-Marc Berlière et al. (dir.), Justice militaire et guerres mondiales, Europe, 1914-1950, Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain, 2013.
24Odile Roynette, « Bons pour le service ». L’expérience de la caserne en France à la fin du xixe siècle, Paris, Belin, 2000 ; Mathieu Marly, Distinguer et soumettre. Une histoire sociale de l’armée française (1872-1914), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2019.
25Cynthia Cockburn, Des femmes contre le militarisme et la guerre, Paris, La Dispute, 2015 ; Andrée Michel, Féminisme et antimilitarisme, Donnemarie-Dontilly, Éditions iXe, 2012.
26Anne-Marie Sohn, « Sois un homme ! » La construction de la masculinité au xixe siècle, Paris, Seuil, 2009.
27Cette volonté d’entrecroiser histoire de la répression et de la contestation s’était déjà ébauchée dans une journée d’étude que nous avons organisée, à « L’ordre des armes », prolongée par une exposition virtuelle (https://www.pantheonsorbonne.fr/fileadmin/CRHXIX/1Ordre_des_armes/ACCUEIL-Armes-1.html)
28En cela, l’histoire de l’antimilitarisme peut également être rapprochée d’une histoire des détestations de la police (pour laquelle, si les slogans abondent, il n’existe pas de « mot » conceptualisant ou même fédérateur), qui reste largement à explorer et qui fera l’objet de prochaines recherches au sein du Centre d’histoire du xixe siècle.
29Roger Dupuy, La politique du peuple. Racines, permanences et ambiguïtés du populisme, Paris, Albin Michel, 2002.
30Bruno Cabanes (dir.), Une histoire de la guerre du xixe siècle à nos jours, Paris, Seuil, 2018.
Auteurs
Éric Fournier est maître de conférences habilité en histoire contemporaine, au centre d’histoire du xixe siècle, université Paris I Panthéon-Sorbonne. Il a notamment travaillé sur la Commune et sa mémoire dans Paris en ruines (2008) ou La Commune n’est pas morte (2013) ; sur les mouvements révolutionnaires et la violence politique, dans La cité du sang. Les bouchers de La Villette contre Dreyfus (2008) et La critique des armes. Une histoire d’objets révolutionnaires sous la IIIe République (2019).
Arnaud-Dominique Houte est professeur d’histoire contemporaine à Sorbonne-Université, membre du Centre d’histoire du xixe siècle. Il a notamment publié Propriété défendue. La société française à l’épreuve du vol (xixe‑xxe) (Gallimard, 2021) et Les peurs de la Belle Époque. Crimes, attentats, catastrophes et autres périls (Tallandier, 2022).
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
« La modernité dure longtemps »
Penser les discordances des temps avec Christophe Charle
François Jarrige et Julien Vincent (dir.)
2020
Faire société
La philanthropie à Genève et ses réseaux transnationaux autour de 1900
Thomas David et Alix Heiniger
2019
Les Russes en France en 1814
Des faits, des imaginaires et des mémoires
Marie-Pierre Rey (dir.)
2019
Dictionnaire historique de la comparaison
Nicolas Delalande, Béatrice Joyeux-Prunel, Pierre Singaravélou et al. (dir.)
2020
Sororité et colonialisme
Françaises et Africaines au temps de la guerre froide (1944-1962)
Pascale Barthélémy
2022
Des histoires, des images
Mélanges offerts à Myriam Tsikounas
Sébastien Le Pajolec et Bertrand Tillier (dir.)
2021
À bas l’armée !
L’antimilitarisme en France du XIXe siècle à nos jours
Éric Fournier et Arnaud-Dominique Houte (dir.)
2023