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    Plan détaillé Texte intégral Le legs du passé Albi, du VIe au VIIIe siècle Les temps obscurs de l’Aquitaine indépendante Le siècle des Carolingiens Notes de bas de page Auteur

    La Mappa mundi d’Albi

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Albi, des Mérovingiens aux Carolingiens

    Jean-Louis Biget

    p. 59-76

    Texte intégral Le legs du passé Albi, du VIe au VIIIe siècle Les temps obscurs de l’Aquitaine indépendante Le siècle des Carolingiens Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Le haut Moyen Âge albigeois demeure dans l’ombre, faute de sources archéologiques ou littéraires abondantes. Ses traits particuliers s’avèrent difficiles à saisir, mais le rassemblement de toutes les données disponibles permet de l’inscrire dans le cadre général dont il participe.

    Le legs du passé

    2Avant qu’Albi surgisse dans les textes apparaît la cité des Albigeois, civitas Albigensium, mentionnée dans la « Notice des provinces et cités de la Gaule » (Notitia provinciarum et civitatum Gallie) à la fin du IVe siècle1. Cette cité tire sa dénomination, non d’une peuplade celtique, mais de son chef-lieu ; elle a pro­bablement été détachée de celle des Rutènes lors des réformes opérées par Dioclétien. Elle correspond à peu près à l’actuel département du Tarn, amputé des régions situées au sud de l’Agout et du Thoré. La première occurrence du nom d’Albi se relève dans l’Histoire des Francs de Grégoire de Tours. Albiga, telle est alors sa forme, qui proscrit toute origine dérivée d’un gentilice gallo-romain et correspond vraisemblablement à un vocable celtique latinisé2. C’est seulement au IXe siècle que s’impose la forme Albia, après la chute du g inter-vocalique, phénomène courant en Occitan3.

    3À ses origines, la cité d’Albi appartient à la province de l’Aquitaine pre­mière, ce qui détermine ultérieurement le rattachement du diocèse à la pro­vince ecclésiastique de Bourges4, après l’établissement des métropolitains. En même temps que tête de cité, Albi devient en effet le siège d’un évêché, car, durant l’Antiquité tardive, le service du culte relève de l’appareil admi­nistratif impérial, et l’Église bénéficie de dotations foncières qui demeurent propriétés du fisc. Un premier évêque, Diogénien, est mentionné c. 4065. La promotion d’Albi au rang de chef-lieu politique et religieux lui confère assu­rément de l’importance. Jusque-là, Albi paraît n’avoir été, entre Toulouse et Rodez, qu’un modeste vicus, dont l’extension correspondait à peu près à celle de la ville close du Moyen Âge et des Temps modernes. Dans ce périmètre, on a retrouvé, au gré des travaux entrepris durant le XXe siècle des restes de constructions, des tessons de céramique et des monnaies de l’époque gallo-romaine, mais aucune trace de temple, de théâtre, de forum, ni même de voirie, ni aucune inscription6.

    4Dans les Gaules méridionales romaines, les paysans libres sont encore nombreux, mais une aristocratie de grands propriétaires fonciers domine la société. Chaque cité se trouve contrôlée par quelques familles, capables d’en­tretenir des clientèles armées et des réseaux d’obligés auxquels elles étendent leur patronage. Le gouvernement central ne disposant pas des moyens utiles à une administration directe et autonome, le pouvoir local leur est nécessai­rement confié. Comme les comtes pourvus du pouvoir militaire et judiciaire, tous les évêques appartiennent à cette aristocratie d’optimates et d’illustres. Les puissants ayant, pour la plupart, fait retraite dans leurs domaines ruraux, les prélats assument, outre leur fonction religieuse, les charges antérieure­ment dévolues aux curies municipales et gouvernent les villes. Le caractère rapide et les violences réduites de la conquête des Gaules méridionales par les Wisigoths, puis par les Francs, s’expliquent par le ralliement de l’aristocratie gallo-romaine aux conquérants, car ceux-ci, en faible nombre, s’ils peuvent ponctuellement frapper fort, ne sauraient tenir le pays sans l’appui de ses chefs traditionnels7. Aussi bien, la permanence du système social et de ses bénéficiaires induit-elle celle des institutions. Seule nouveauté : la guerre tient une place élargie dans les activités et l’idéologie des puissants.

    5Trois quarts de siècle après la conquête franque, à la fin du VIe siècle, la famille des Didier-Salvi est celle qui domine l’Albigeois. On la connaît grâce à Grégoire de Tours et son Histoire des Francs et grâce à la Vie de saint Didier de Cahors et à la correspondance de ce dernier8. Elle compte dans sa parentèle les plus grands lignages des Gaules méridionales, ceux des Syagrii, des Ferreoli, des Rustici9, des Aviti et des Apollinares10.

    6Un Didier, duc de Toulouse, dont l’essentiel des propriétés se localise en Albigeois11, joue un rôle important dans les conflits entre Neustrie, Austrasie et Bourgogne, avant de trouver la mort en 587 sous les murs de Carcassonne dans une campagne contre les Wisigoths, toujours établis en Septimanie12. Salvius, évêque d’Albi de 574 à 584, est son frère ou son cousin. Grégoire de Tours, son contemporain et son parent, fait de Salvius le modèle de la sainteté aristocratique13. La carrière de ce dernier suit le cours habituel de celle des hommes de la classe sénatoriale. Il vaque « aux affaires de ce monde avec les fonctionnaires séculiers », puis « il abandonne le service du siècle pour gagner un monastère », qu’il fonde. Après en avoir été l’abbé, il est promu à l’épis­copat dans les temps difficiles où des conflits ravagent l’Aquitaine. Il assure alors l’administration d’Albi14. Lorsque le patrice Mummole, chef des armées du roi de Bourgogne, s’empare de la ville et menace de réduire ses habi­tants en esclavage, Salvius les sauve en les rachetant15. Le 10 septembre 584, il meurt, frappé par la peste qui sévit à ce moment. Comme la plupart des évêques d’une époque où la richesse, l’éminence sociale et la fonction portent la sainteté – constat qui ne met nullement en doute la foi et les vertus du plus grand nombre –, Salvi devient rapidement l’objet d’un culte et le patron d’Albi et de l’Albigeois16. La sainteté familiale s’affirme concomitamment dans sa nièce, Disciola, religieuse à Poitiers dans le monastère fondé par Radegonde, épouse du roi Clotaire Ier ayant choisi de se consacrer à Dieu ; lorsque meurt Disciola, en 583, son corps « brille d’une blancheur comparable à celle de la neige17 ».

    7C’est peut-être dans ces années, où Venance Fortunat compose le Vexilla Regis, où le monastère poitevin prend le titre de Sainte-Croix, et où des croix triomphales évoquent la puissance divine, que la cathédrale d’Albi acquiert un reliquaire qu’elle conservera jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Cette croix d’or, ancrée en chef et pattée sur trois branches, au pied fiché, était chargée d’un globe de cristal et de gemmes diverses, et présentait des pendeloques. Le chapitre cathédral l’avait adoptée pour meuble de ses armes18.

    8À la fin du VIe siècle, la famille Didier-Salvi continue de tenir le premier rang en Albigeois. Un Salvi est alors comte d’Albi. Son épouse Herchenfreda (une Franque peut-être) lui donne trois fils, Syagrius, Rusticus et Desiderius. Tous reçoivent leur éducation à la cour de Clotaire II, d’abord roi de Neustrie (684), puis seul roi des Francs (613-629). En 618, Syagrius succède à son père comme comte d’Albi, puis il occupe la fonction de patrice de Provence. Rusticus, ancien abbé de la chapelle royale, est fait archidiacre de Rodez, avant d’accéder, en 622 ou 623, au siège épiscopal de Cahors. Ces nomina­tions attestent de l’influence de la famille sur les régions du Rouergue, de l’Albigeois et du Quercy. Didier, le troisième frère, après avoir été trésorier du roi, est promu par Dagobert (629-639) évêque de Cahors après son frère. La Vita Desiderii, composée vers la fin du VIIIe siècle19, expose l’action d’un évêque dans le domaine des responsabilités civiles et religieuses : entretien et réparation des murailles de la ville, approvisionnement de celle-ci en eau, construction d’églises, fondation de monastères20. Elle montre aussi l’étendue de la fortune familiale. Didier lègue à sa cathédrale une vingtaine de villae sises en Quercy et 24 autres localisées en Albigeois21. Il appartient sans conteste au monde des puissants (potentes) qui dominent le Regnum Francorum dans la première moitié du VIIe siècle, comme le prouve le cercle de ses correspondants22. L’évêque d’Albi, Constance (av. 627-apr. 655), est l’un de ceux-ci et, probablement, l’un de ses clients. Il le prie de venir célébrer la Noël à Albi23. Didier accepte, mais il meurt le 15 novembre 655 au cours de son séjour. Il commence de faire des miracles immédiatement après sa mort et il est, logiquement, reconnu saint. À son lignage appartient sans doute son homonyme, également promu à la sainteté, Didier évêque d’Auxerre (605-623), possesseur en Quercy, en Rouergue et en Albigeois, de domaines qu’il donne à son église24.

    Albi, du VIe au VIIIe siècle

    9En aval des rapides où le Tarn quitte le Massif central, la rivière et ses affluents se sont encaissés d’une trentaine de mètres dans une large vallée. Un éperon, de racine étroite et dont la pointe se dirige vers l’ouest, a fixé un oppidum au temps des Celtes25. À l’époque gallo-romaine, le plateau qui s’étend vers l’est a été occupé sur plus d’une vingtaine d’hectares. Pour la période ultérieure, les sources demeurent laconiques. Grégoire de Tours emploie le terme urbs pour désigner Albi, aussi bien dans l’Histoire des Francs (trois fois) que dans La gloire des martyrs (deux fois). Cette qualification procède davantage sans doute de la culture classique de son auteur que de la réalité. Avec plus de vraisemblance et d’exactitude, l’évêque Constance utilise, dans les années 650, le vocable de civitatula, petite ville26. Le descriptif le mieux approprié semble être oppidum, que la Vie de saint Didier, écrite à la fin du VIIIe siècle applique constamment à Albi, en l’opposant à Cahors et Rodez, définies comme urbes.

    10Albi apparaît alors comme une citadelle d’une dizaine d’hectares tout au plus, implantée sur le site de l’oppidum qui l’a précédée, mais le débordant vers l’est pour inclure le groupe cathédral27. Cette citadelle est close de murs. Elle abrite sans doute la résidence comtale. C’est là que saint Didier possède « une maison d’une rare qualité et d’une grandeur extraordinaire28 ». On peut supposer qu’il s’agit d’une demeure construite en pierre. On ignore tout, mal­heureusement, de l’ensemble cathédral voisin, lequel doit comporter la rési­dence épiscopale, celle des clercs, un xenodochium, hôpital pour recevoir les voyageurs et les pauvres inscrits à la matricule, puis une basilique29. Auprès d’elle vit un groupe assez fourni de clercs exerçant des responsabilités litur­giques et administratives, gérant notamment les institutions de charité. Ces diacres ont pour chef l’archidiacre, principal collaborateur de l’évêque et chef du clergé diocésain30. L’époque est celle de la civilisation du bois ; aussi bien, le 26 juillet 666 (ou 667), un incendie détruit-il la ville31.

    11À la citadelle se juxtaposent des quartiers ouverts en ordre lâche (suburbia), avec des noyaux plus compacts, notamment autour de l’église Saint-Affric, attestée peu avant 66032. À 2 km à l’est de la ville se dresse le sanctuaire de saint Amarand et de saint Eugène. Saint Amarand est le martyr que vénère l’Église d’Albi au Ve siècle, « son tombeau longtemps caché dans les épines » ayant été redécouvert33. Saint Eugène, évêque de Carthage, victime des persé­cutions de Thrasamund, roi des Vandales, a été envoyé en exil à Albi, dans le royaume du Wisigoth Alaric II, également acquis à la doctrine d’Arius. Il choi­sit de mourir auprès des restes de saint Amarand. Grégoire de Tours décrit le sanctuaire où ils reposent : c’est une basilique précédée d’une cour à por­tiques (atrium). Saint Eugène, vénéré comme un martyr, en raison des mauvais traitements qu’il a endurés en Afrique, y accomplit des miracles et, pour sa fête, une foire importante s’y déroule34. Le culte de saint Eugène oblitère celui de saint Amarand : il connaît une diffusion notable, car six églises portent le titre de saint Eugène dans le diocèse d’Albi, tandis que le vocable d’Amarand demeure fixé à son sanctuaire albigeois35 et ne s’applique à aucune église paroissiale. Toutefois, c’est la dévotion à saint Salvi qui l’emporte au cours du VIIe siècle. Vingt-cinq églises paroissiales et quatre villages portent dans le diocèse le titre de Salvi. Il est toutefois difficile d’affirmer une continuité topo­graphique et institutionnelle entre la basilique à lui dédiée depuis le Xe siècle et celle édifiée sur sa sépulture après sa mort, bien qu’elle soit vraisemblable.

    12La peste du vie siècle36 entraîne la multiplication des processions rogatoires et la floraison des pénitentiels37. Elle suscite également un mouvement de réforme, destiné à l’apaisement du courroux divin. Dans ce courant s’inscrit l’élaboration à Albi, c. 600, par le prêtre Perpetuus, d’un Liber canonum, à l’ini­tiative de l’évêque Didon38. Ce codex présente une écriture onciale régulière et très lisible39, il est l’œuvre exclusive de Perpetuus, qui a signé chaque cahier de huit folios par la phrase suivante, en notes tironiennes : Ego, Perpetuus, indignus presbyter, scripsi40. Écrit sur parchemin, il annonce le triomphe proche de cette matière sur le papyrus, même pour les diplômes royaux41. Il est le plus ancien manuscrit daté qui soit conservé en Occitanie. Il montre qu’au moment de sa réalisation la culture écrite tend à se concentrer dans le milieu des clercs, qui conservent le latin classique pour son universalité, alors que les langues vernaculaires, le sermo rusticus, tendent à s’en éloigner42.

    13La Collectio albigensis comprend les canons des conciles grecs, des lettres des papes, et une série de canons des conciles gaulois. Elle paraît s’inspirer de la réforme promue par Césaire d’Arles († 542). Elle est antérieure à la collection systématique dite Vetus Gallica, dont la première forme s’élabore à Lyon, égale­ment c. 600. Elle en constitue l’une des sources43. Elle atteste que la fonction religieuse fait d’Albi un centre culturel non négligeable. La ville localise peut-être une école pour les clercs de la cathédrale. Elle abrite, en tout cas, des scribes habiles à reproduire et regrouper des textes essentiels pour la vie de l’Église locale. L’œuvre de Perpetuus traduit l’effort d’organisation juridique et disciplinaire de cette dernière à l’orée du VIIe siècle.

    Les temps obscurs de l’Aquitaine indépendante

    14Dans les Gaules méridionales, les Wisigoths, puis les Francs, n’ont boule­versé ni les structures fondamentales de la propriété ni les rapports sociaux ; ils ont, dans la mesure du possible, conservé les institutions administratives, religieuses et culturelles de l’Antiquité tardive, laquelle se prolonge jusque c. 600.

    15Sous les règnes de Clotaire II et de Dagobert, de 613 à 639, le royaume des Francs est réunifié. L’Albigeois connaît une période de paix relative ; un duc Vénérand fonde à Altaripa (Hauterive), c. 620, le premier monastère des Gaules à être placé sous la règle de saint Benoît44. La période correspond à l’apogée des Didier-Salvi, dont on ignore le devenir après le milieu du VIIe siècle.

    16Deux faits majeurs marquent ce dernier. D’abord, après 640, la monarchie mérovingienne s’appauvrit et s’affaiblit. Elle n’a plus les moyens de s’assurer, par des libéralités généreuses ou des conquêtes victorieuses, la fidélité des aristocraties locales, qui constituent la structure portante du système poli­tique, administratif et ecclésiastique. Rejouent alors les clivages et les riva­lités opposant les élites et se multiplient les fronts intérieurs, avec pillages et réduction des populations en esclavage. Les tendances centrifuges s’expri­ment à plein et se manifestent au grand jour les structures fondamentales des Gaules, mosaïque de chefferies régionales.

    17Ce processus entraîne, pour un siècle, la constitution en Aquitaine d’une principauté indépendante d’extension variable45. Il débute sous l’autorité du patrice de Toulouse, Félix (c. 668-673). Il s’affirme avec le duc Loup, dont la domination s’étend aux cités d’Albi et de Rodez. Ce dernier porte le titre de princeps et prend l’initiative, jusque-là exclusivement royale, de réunir, c. 673/675, en Agenais à Saint-Pierre de Granon, un concile qui rassemble dix-sept évêques et un abbé, Onoaldus, qui représente celui d’Albi, non nommé46.

    18Un second fait structurel caractérise le VIIe siècle ; Il s’agit du basculement du centre de gravité de l’Europe occidentale des régions de la Méditerranée vers celles comprises entre la Loire et la mer du Nord, pays relativement « neufs ». La palynologie révèle dans ces contrées, dès 650, un élargissement des défrichements et des cultures céréalières. L’archéologie y montre des progrès de l’alimentation carnée et un accroissement de la population. Ces transformations tiennent sans doute au développement du colonat, substi­tué à l’esclavage ; il confère à l’exploitant l’initiative économique et permet l’élévation de la productivité paysanne. Les progrès agricoles alimentent des échanges locaux et régionaux qui reposent sur une monnaie d’argent, de pouvoir libératoire très inférieur aux monnaies d’or antérieures ; l’Occident s’installe pour cinq siècles dans le monnayage argent47.

    19L’indépendance de l’Aquitaine et l’essor de l’Europe du Nord-Ouest plongent les Gaules méridionales dans une obscurité documentaire totale. Le basculement des sources écrites suit celui de l’économie générale. Aux historiens de l’aristocratie gallo-romaine succède un auteur, peut-être lié au monastère de Luxeuil, arbitrairement appelé Frédégaire et, jusqu’en 768, des continuateurs austrasiens. Ils écrivent un latin assez éloigné du style classique et, surtout, l’Aquitaine s’avère pour eux tout à fait secondaire. Une énorme césure documentaire survient, qui enferme Albi et l’Albigeois dans une nuit quasi absolue : ni diplômes royaux, ni documents locaux, ni listes épiscopales. Dans ce « Nouveau Monde », l’essentiel de la production litté­raire réside dans les « Vies » des saints. Le prodigieux essor du culte de ceux-ci manifeste les progrès de la christianisation. Ces intercesseurs protègent, ras­surent et guérissent. Leurs reliques incarnent la présence du sacré sur terre ; elles permettent un contact immédiat avec l’au-delà. Les fidèles choisissent de se faire ensevelir auprès d’eux ; la sepultura ad sanctos se généralise.

    20La seule source qui concerne Albi et ses environs dans la seconde moi­tié du VIIe siècle est la Vie de sainte Sigolène, composée entre 643 et 70048. Exceptionnelle, car il n’existe pour cette époque aucune autre vie de sainte méridionale, elle a été élaborée selon les règles du genre. Celles-ci veulent que la grandeur d’un saint se mesure à sa conformité à un modèle préétabli. L’auteur de la Vie de Sigolène a donc exalté la sainte en lui attribuant les mérites de celles et de ceux qui l’ont précédée sur le chemin de la sainteté. Comme toutes les vies de saints de ce temps, celle de Sigolène a été écrite par centonisation, en juxtaposant et additionnant des fragments de « vies » antérieures49. Elle est donc pauvre en données originales et concrètes.

    21Les membres de la famille de Sigolène portent des noms germaniques, mais il est possible qu’elle soit d’origine gallo-romaine, car l’onomastique des élites se germanise totalement durant le VIIe siècle. Son père se nomme Chramsique ; elle épouse Gislulf un noble albigeois. Veuve dix ans plus tard, elle se consacre à Dieu, puis, dans un domaine paternel, au Troclar, près du Tarn, à une dizaine de kilomètres en aval d’Albi, elle fonde un monastère et s’entoure d’un groupe de jeunes filles, Deo devotae, auxquelles elle impose de vivre selon les préceptes des Pères et de respecter une clôture stricte50. Sigolène a trois frères. L’un est Babo, « duc de l’Albigeois ». Ce titre peut être lié au fait que les pays de l’Agout et la Montagne noire, au sud immédiat du pagus51 d’Albi, forment une « marche » face aux Wisigoths et que des escar­mouches s’y produisent épisodiquement dans la seconde moitié du VIIe siècle. Le nom de Babo évoque les maîtres du Rouergue c. 630. Un deuxième frère de Sigolène, Sigivald, entré au service de Dieu, devient évêque ; un troisième, Gisloald, est abbé.

    22Deux cas sont possibles : ou bien la famille de Sigolène succède à celle des Desiderii-Savii dans la domination de l’Albigeois, ou bien elle la continue. L’hypothèse de la continuité semble la plus vraisemblable, si l’on tient compte de l’explosion – déjà signalée – du culte de saint Salvi au VIIe siècle. Quoi qu’il en soit, la parentèle de Sigolène se maintient au premier plan jusqu’à l’ar­rivée des Carolingiens. En effet, ceux-ci intègrent la sainte albigeoise dans leur généalogie. À côté de saint Ferréol évêque d’Uzès, de Mundéric évêque d’Hierle et de Tarsicie, vierge du diocèse de Rodez, elle figure dans une ascen­dance qui rattache les Carolingiens à l’aristocratie sénatoriale gallo-romaine ; l’annexion de la sainteté méridionale confère de la sorte aux princes d’Austrasie des titres sacrés à la possession de leurs conquêtes. Ils installent dans les suburbia de Metz, dont leur ancêtre effectif, Arnoul, fut l’évêque, un cha­pelet de basiliques dédiées aux saints de la vieille marche qui va de Nîmes à l’Albigeois, dont l’une porte le titre de Ségolène52. En Albigeois toutefois, le vocable de Sigolène s’applique seulement à trois églises, sans doute parce que, là comme ailleurs, la sainteté féminine demeure en retrait par rapport à la sainteté masculine.

    Le siècle des Carolingiens

    23Les Carolingiens parviennent au VIIIe siècle à établir leur domination sur l’ensemble de l’Europe occidentale. Ce succès coïncide avec l’essor écono­mique des pays du Nord-Ouest, dont ils sont originaires. Leur réussite tient d’abord à l’immensité de leur patrimoine foncier ; situé dans les régions de la Meuse et de la Moselle, il se grossit des restes du fisc mérovingien, des biens enlevés à leurs adversaires et des terres acquises par conquête. Leur clientèle, très nombreuse, forme une cavalerie lourde, produisant un effet de choc irré­sistible. Leur puissance leur vaut de cumuler les mairies du Palais et d’exercer à leur profit les prérogatives du souverain. Ils s’imposent en outre comme chefs victorieux face aux Neustriens, aux Frisons, aux Saxons, aux Bavarois et aux Avars. Leur prestige affiche également une composante religieuse, car leur lignage comporte plusieurs saints, notamment saint Arnoul († 640/641) et sainte Gertrude de Nivelles († 659). À l’illustration de la sainteté ils joignent le mérite d’avoir fondé de nombreux monastères.

    24À la mort de Pépin de Herstal (Pépin II) en 714, Eudes, « duc et prince des Aquitains », étend son autorité sur un territoire autonome qui s’étend de la Loire aux Pyrénées et de l’Auvergne à l’Atlantique. Survient bien­tôt la menace des musulmans, qui ont écrasé les Wisigoths à la bataille du Guadalete, en juillet 711. Ils s’emparent de Narbonne en 719, mais la vague hispano-berbère se brise contre Toulouse, défendue par Eudes, le 9 juin 721. Néanmoins, les musulmans s’installent en Narbonnaise et prennent Nîmes et Carcassonne en 725 ; ils ne semblent pas menacer alors le versant nord de l’arc cévenol. Cependant, en 732, le gouverneur d’al-Andalus, Abd al-Rah­man, lance une offensive outre Pyrénées, brûle les faubourgs de Bordeaux et écrase les Aquitains. Eudes doit solliciter l’appui de Charles Martel, fils de Pépin II, qui s’est imposé en Austrasie et en Neustrie. La bataille de Poitiers, le 25 octobre 732, marque le coup d’arrêt de l’expansion musulmane. Elle a, probablement, moins d’importance que celle de 721, mais elle est grossie par les thuriféraires du maire du Palais qui le présentent comme le sauveur de la chrétienté. Cette bataille marque, en tout cas, l’entrée en scène des Carolingiens en Aquitaine, où, en 735, Hunaud, le fils d’Eudes succède à son père, avant de se retirer, en 745, dans un monastère de l’île de Ré, et de laisser le principat à Waïfre, son propre fils.

    25Charles Martel disparaît en 741. Son successeur, Pépin le Bref (Pépin III), accède à la royauté en 751, après avoir déposé Childéric III avec l’accord du pape. L’année suivante, il est sacré à Saint-Denis. Ce sacre, étendu à ses fils Charles et Carloman, est renouvelé en 754 par le souverain pontife lui-même. Dès 752, Pépin III entreprend d’enlever aux musulmans la Septimanie, finale­ment reconquise en 759. À partir de 760, il conduit une série méthodique de campagnes dans le Midi. En 767, il reçoit la soumission des pagi d’Albi, Rodez et Mende. Maître de toute l’Aquitaine l’année suivante, il publie un capitulaire spécialement dédié à la région. Comme antérieurement en Septimanie, il pro­clame le principe de la personnalité des lois, qui assure à chacun, Romain ou non, l’application de la loi de son peuple53. Cependant, sa mort donne le signal d’une révolte conduite par Hunaud II. Charlemagne en triomphe et se fait livrer le prince des Aquitains. Il devient seul maître de la région après la mort de son frère, Carloman, en 771. Toutefois, en raison du massacre de l’arrière-garde de son armée en 778, au retour d’une campagne au-delà des Pyrénées, il crée un royaume d’Aquitaine, confié à son fils Louis, couronné par le pape en 781.

    26Tout le problème est de savoir si, à la faveur de la conquête, Charlemagne évince l’ancienne aristocratie pour lui substituer une aristocratie de service d’origine austrasienne, étroitement rattachée à lui par la vassalité54. Il est certain qu’après 778 il installe des Francs à la tête de certains comtés de l’Aquitaine, en particulier Albi et Toulouse, dont les titulaires se nomment alors Haimon et Chorson55. À ce dernier succède, en 790, Guillaume, fils de Thierry, comte d’Autun, et par sa mère, Aude, petit-fils de Charles Martel. Ce cousin de Charlemagne, inlassable guerrier, conduit de nombreuses cam­pagnes contre les Basques et arrête en 793 sur l’Orbieu un rezzou de Sarrasins qui a dévasté les environs de Narbonne. Il entreprend ensuite, au sud des Pyrénées, la conquête d’un glacis qui devient la Marche d’Espagne et s’étend jusqu’à Barcelone en 801. Ses exploits sont ultérieurement célébrés dans la geste de Guillaume d’Orange. Sa descendance donne l’exemple d’une famille austrasienne devenue au IXe siècle chef de file de l’aristocratie méridionale56.

    27La situation conflictuelle nouée autour des Pyrénées entraîne la persé­cution des chrétiens dans la péninsule Ibérique ; beaucoup se réfugient en Septimanie, bientôt appelée Gothie. Dans cette région, que ses habitants ont contribué à libérer de l’emprise musulmane, les comtes goths sont maintenus, notamment, à Maguelonne, le père de Benoît d’Aniane. Au début du IXe siècle, le comte d’Albi est un parent de ce dernier, Wulfarius, également goth57. Il abandonne au réformateur de la vie monastique une terre pour refonder l’ab­baye d’Hauterive sous le nom de Saint-Benoît de Bellecelle. L’agglomération qui se développe au voisinage du monastère prend le nom de Castres58.

    28De manière générale, les structures de l’Europe occidentale ne changent pas avec les Carolingiens. L’aristocratie demeure maîtresse du jeu social et politique. Pour stabiliser leur domination, les nouveaux souverains s’ef­forcent de tirer parti des liens de la vassalité, du sang et du compagnonnage ; ils s’efforcent également de gagner la noblesse locale pour l’associer à leur pouvoir. Un comte ne saurait se maintenir sans l’assentiment des puissants de la région ; au demeurant, il se solidarise le plus souvent avec eux, car des inté­rêts communs les unissent. L’empire n’est qu’un puzzle éphémère dont les composantes, entités d’espace restreint, tendent à retrouver leur autonomie structurelle dès la mort de Charlemagne en 814 et même avant59. C’est pour­quoi, afin de rapprocher le détenteur de l’autorité de ses dépendants, Louis le Pieux, devenu empereur, transmet le royaume d’Aquitaine à son fils Pépin Ier. Ce dernier gouverne en toute indépendance. À sa mort, en 839, un parti de magnats proclame roi son fils Pépin II. Charles le Chauve, investi à Verdun en 843 de la Francie occidentale, entend soumettre ce dernier à son autorité. Après un échec, il renouvelle son offensive et prend Toulouse en 849, avec la complicité du comte Frédelon, traître à Pépin II qui l’avait institué. Lors de cette campagne, Charles le Chauve passe par Albi où il émet un diplôme60. En récompense, Frédelon reçoit les comtés de Pallars, Rodez et Limoges. Il est la souche des Raymond, comtes de Toulouse jusqu’au XIIIe siècle. Pépin II, quant à lui, avant de mourir en 864, mène une vie errante et misérable.

    29À cette époque, la religion constitue le lien fédérateur principal de la société. Aussi bien les Carolingiens cherchent-ils à faire du christianisme et de l’Église les fondements de leur pouvoir.

    30Les intellectuels proches des souverains, tels Alcuin ou Théodulf, exaltent le souverain ; en raison du sacre qui en fait l’oint du Seigneur, ils le pré­sentent comme un nouveau Christ, l’homologue du Sauveur. Titulaire d’une monarchie sacerdotale, le roi est assimilé à David et Josias, à Salomon et Josué, et constitué ministre d’une Alliance nouvelle, conclue par Dieu avec les Francs en sa personne61. Le prince carolingien guide son peuple vers le salut. Rex et sacerdos, il est naturellement chef de l’Église, préside les conciles et légifère par capitulaires pour le domaine ecclésiastique. Pépin III et son frère Carloman, puis Charlemagne et Louis le Pieux, entre 740 et 820, organisent et unifient l’Église du royaume des Francs.

    31Pépin III lance le mouvement à partir de 744 et tient dans la décennie sui­vante une série de conciles réformateurs, avec le conseil de saint Boniface († 754), qui souhaite l’établissement d’archevêques métropolitains. Il s’agit d’abord de réguler la vie des laïcs. Le concile de Soissons stipule en 744 qu’ils doivent éviter parjures, fornication et faux témoignages. Celui de Ver, en 754, leur interdit de fonder des monastères privés. Cette mesure vise à rattacher toutes les abbayes directement au roi, pour en faire des points d’appui de son pouvoir. La floraison des monastères en Occitanie à partir de ce moment illustre cette politique62. En 755, le souverain impose aux laïcs le respect de l’obligation dominicale et l’abstention de tout travail le jour du Seigneur. L’année suivante, pour compenser les revenus enlevés au clergé, privé des terres du fisc qui lui avaient été allouées et sur lesquelles Charles Martel et ses fils ont chassé des vassaux, il établit le principe d’une dîme universelle, que Charlemagne rend obligatoire en 779 par le capitulaire de Herstal.

    32Après la mort de saint Boniface, la réforme du clergé est inspirée par Chrodegang, évêque de Metz à partir de 742. Il donne aux clercs de sa cathé­drale des règles de vie (canones) proches de celles des moines, qui en font des chanoines (canonici). Soumis à l’évêque, ils sont astreints à une vie claustrale comportant communauté de réfectoire et de dortoir, ainsi que la pauvreté per­sonnelle. Ils doivent porter secours aux indigents et célébrer en commun et à heures fixes le service divin de matines à complies. Chrodegang établit à Metz une école de chant liturgique sur le mode romain. Il est possible que cette réforme s’applique aux clercs de la cathédrale d’Albi.

    33Pépin le Bref choisit lui-même les évêques ou ratifie leur désignation. Il préconise l’adoption de la règle de saint Benoît dans tous les monastères. À la fin de son règne, la réorganisation de l’Église franque est en bonne voie ; Charlemagne la poursuit et la complète. La réforme tend non seulement à l’uniformisation de la discipline des moines, des clercs et des laïcs, mais à l’unité du droit canon, de la liturgie, des livres et de la doctrine, de façon à établir leur identité à travers l’ensemble du royaume, afin de servir la cohésion de ce dernier.

    34Le pape Zacharie envoie à Pépin III diverses collections canoniques, notam­ment celle élaborée par Denys le Petit sous le règne de Théodose. Hadrien Ier complète cette collection et en transmet la nouvelle version à Charlemagne en 774. Ce dernier impose la Dionysio-Hadriana à tout l’Empire en 802. Le droit normatif de l’Église se trouve alors unifié. Sur les questions du dogme, l’Église franque adopte, à l’initiative de Charlemagne, une attitude autonome vis-à-vis des Grecs. À Francfort en 794, elle prend une position intermédiaire entre l’iconoclasme et l’iconodulie : les images des personnes sacrées ont leur place dans le décor des églises, mais elles ne doivent en aucun cas être vénérées pour elles-mêmes. Après que les Byzantins ont affirmé, au concile de Nicée en 787, que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils, ce qui place le Christ en position subordonnée et non plus sur un plan d’égalité avec le Père et contre­vient à la doctrine du pouvoir royal, l’évêque d’Orléans, Théodulf, compose un traité sur le sujet, puis le concile d’Aix-la-Chapelle, en 809, déclare que « le Saint-Esprit procède du Père et du Fils [ex Patre Filioque procedit] ».

    35L’adoptianisme intéresse plus spécifiquement le midi de la Gaule. Cette doctrine est énoncée par Élipand, archevêque de Tolède, puis reprise par Félix, évêque d’Urgel, c. 790. Selon ces prélats, le Christ est le fils de Dieu dans sa nature, mais non dans sa chair ; dans sa forme humaine, il est le fils adoptif de Dieu, le Verbe étant le vrai fils de Dieu. Ainsi, l’unité de personne dans le Christ se trouve-t-elle niée, ce qui ruine le dogme de la Rédemption et nuit gravement à l’idéologie royale qui présente le souverain comme l’homologue du Sauveur. L’adoptianisme est condamné dès 792 à Ratisbonne. Théodulf, l’évêque d’Orléans63, et Leidrade, l’archevêque de Lyon, parcourent la vallée du Rhône, la Provence et la Septimanie pour combattre l’hérésie. Benoît d’Aniane et Nebridius, l’archevêque de Narbonne, s’associent à leur action.

    36Dans une société où le geste et la parole possèdent une importance majeure et où, par conséquent, le rite constitue par excellence le langage commun, l’unification de la chrétienté passe par celle de la liturgie. Au milieu du VIIIe siècle règne dans les Gaules une « anarchie liturgique », semblable à l’anarchie canonique. Charlemagne, pour la réduire, impose les usages romains, celui du sacramentaire grégorien et celui de la cantilena romana, une psalmodie de structure monodique, qui supplante le chant gallican. Cette évo­lution s’effectue progressivement, car le remplacement des livres liturgiques prend du temps.

    37La réforme et la normalisation du latin et de l’écriture s’inscrivent égale­ment dans une visée religieuse, bien qu’elles participent aussi d’un objectif de gouvernement. La validité des textes sacrés tient à leur exactitude formelle, les corriger rapproche la cité terrestre de la cité divine. L’obsession de la pureté du texte s’exprime chez Alcuin († 804) ; responsable de l’école du Palais à par­tir de 782, il corrige la Bible pour parvenir à une version exempte de fautes. En parallèle s’impose progressivement, après 770, une écriture normalisée et lisible, la minuscule caroline. Elle fait disparaître l’accumulation des ligatures, l’allongement des hastes et des hampes et la liaison des mots, caractéristiques de l’écriture des temps mérovingiens.

    38De plus, l’Admonitio generalis de 789, capitulaire « programmatique », enjoint que, dans tout le royaume, au sein d’écoles épiscopales ou monastiques, une solide formation soit donnée aux clercs, afin qu’ils soient aptes à instruire le peuple et à célébrer la liturgie.

    39Le codex daté peut-être de la seconde moitié du VIIIe siècle conservé à la médiathèque d’Albi [ms. 29 (115)] paraît un manuel didactique pour l’instruc­tion des clercs. C’est un ouvrage complet où sont abordés les problèmes de la langue et de la grammaire, l’exégèse biblique grâce à des textes d’Eucher de Lyon, de saint Jérôme et de saint Augustin, la description du monde chrétien et de ses périphéries païennes, l’évocation du temps à partir des chroniques d’Isidore de Séville. Ce savoir cumulatif traduit parfaitement l’entreprise de formation des clercs concomitante à l’affirmation du pouvoir carolingien.

    40Ce manuscrit, utilisé à Albi, ne semble pas y avoir été confectionné. Il pour­rait être venu de la péninsule Ibérique, marquée par l’influence wisigothique. Rien d’étonnant en l’occurrence. La mobilité des hommes du temps s’avère constante, au moins pour les élites et pour les libres qui vont à la guerre, et les manuscrits voyagent avec les hommes. En outre, la migration d’une part des chrétiens ibériques vers la Gaule méridionale a pu favoriser la circulation de manuels composés outre-Pyrénées.

    41Quoi qu’il en soit, la présence de ce codex à Albi atteste que la réforme ecclésiastique de la seconde moitié du VIIIe siècle a concerné l’Occitanie. Sa réussite a provoqué la présence au siècle suivant, près de la cathédrale albigeoise, d’un scriptorium très productif en collections canoniques et en livres liturgiques.

    Notes de bas de page

    1Monumenta Germaniae Historica, Auctores antiquissimi, 9/1, Berlin, 1891, p. 552-612.

    2Avant 800, la forme Albiga se rencontre huit fois dans les textes et sa forme adjectivale dérivée, albigensis, quatorze fois. Jean-Louis Biget, « Les origines du nom d’Albi. Propositions nouvelles », dans Philippe Nélidoff, Olivier Devaux (dir.), Pouvoirs et société en Pays Albigeois, Toulouse, Presses de l’université Toulouse 1 Capitole, 1997, p. 19-24.

    3René Poupardin (dir.), Vie de saint Didier évêque de Cahors (630-655), Paris, Picard, 1900. Dans cette Vita, écrite c. 800, albiensis (sept fois) l’emporte sur albigensis. Ensuite l’appellation Albia devient d’usage courant. Un diplôme de Charles le Chauve, en 849, est actum Albia civitate (Histoire générale de Languedoc, Toulouse, Privat, II, Preuves, c. 282). Un plaid du comte Raimond est tenu, en 878, foras Albia civitate (ibid., c. 400).

    4Avec les cités des Bituriges, des Arvernes, des Rutènes, des Lemovices, des Cadurques, des Gabales et des Vellaves.

    5Selon une lettre de Paulin de Nole, évoquée par Grégoire de Tours, Histoire des Francs, éd. par Robert Latouche, Paris, Les Belles Lettres, 1963, t. 1, p. 104.

    6Jean Lautier, « La romanisation », dans Jean-Louis Biget (dir.), Histoire d’Albi, Toulouse, Privat, 1983, p. 23-30 ; voir aussi Carte archéologique de la Gaule 81 : le Tarn, 1995, et Julien Pech, Atlas archéologique d’Albi, Castres, Comité départemental d’archéologie du Tarn, 2013.

    7Sur le processus des conquêtes antérieures au xvie siècle, voir Yvon Thébert, Jean­Louis Biget, « L’Afrique après la disparition de la cité classique : cohérences et ruptures dans l’histoire maghrébine », dans L’Afrique dans l’Occident romain (ier siècle av. J.-C.-ive siècle ap. J.-C.), Actes du colloque (Rome, 3-5 décembre 1987), Rome, École française de Rome, 1990, p. 575-602.

    8Epistulae sancti Desiderii Cadurcensis, éd. par Dag Norberg, Stockholm/Göteborg/Uppsala, Almqvist & Wiksell, 1961.

    9À cette famille se rattache notamment saint Germain d’Auxerre (c. 380-448), évangélisateur de la Grande-Bretagne.

    10Dont Grégoire de Tours. Sur les ascendants et collatéraux possibles des Desiderii-Salvii, voir Martin Heinzelmann, Gallische Prosopographie (260-527), Francia, 10, 1982, p. 531-718.

    11Grégoire de Tours, Histoire des Francs, op. cit., t. 2, p. 179.

    12Ibid., Le duc Didier est l’une des personnalités marquantes de l’Histoire des Francs. Dans l’édition Latouche il apparaît, t. 1, p. 261-262, 303 ; t. 2, p. 30, 48-49, 95, 101, 111, 122, 155, 267, 269-270 ; sa mort est évoquée t. 2, p. 179. Pour le détail des événements qui se déroulent en Aquitaine à cette époque, voir Michel Rouche, L’Aquitaine des Wisigoths aux Arabes (418-781). Naissance d’une nation, éd. par Jean Touzot, Paris, Éditions de l’EHESS, 1979.

    13Grégoire de Tours, Histoire des Francs, op. cit., t. 1, p. 312 ; t. 2, p. 75, 153.

    14Sur le rôle des évêques à l’époque mérovingienne, voir Martin Heinzelmann, Bischofsherr­schaft in Gallien. Zur Kontinuität römischer Führungsschichten vom 4. Bis zum 7. Jahrhundert. Soziale, prosopographische und bildungsgeschichtliche Aspekte, Zurich/Munich, Artemis Verlag, 1976.

    15Grégoire de Tours, Histoire des Francs, op. cit., t. 2, p. 79-80.

    16Jusqu’au début du xiiie siècle, les évêques à leur entrée viennent d’abord prier sur son tom­beau, auprès duquel ils élisent leur sépulture. Louis de Lacger, « La vie et le culte de Salvy », Revue Mabillon, 2/15, 1924, p. 111-139, 145-213, et J.-L. Biget, « Sainte-Cécile et Saint-Salvi. Chapitre de cathédrale et chapitre de collégiale à Albi », Cahiers de Fanjeaux, 24, 1989, Le monde des chanoines (xie-xive siècle), p. 65-104.

    17Grégoire de Tours, Histoire des Francs, op. cit., t. 2, p. 45. Disciola a son tombeau dans la crypte de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers. Elle est représentée sur un vitrail du chœur de cette église. Sa fête se célèbre le 13 mai. Décédée avant Radegonde, elle est la première sainte de l’abbaye Sainte-Marie, devenue Sainte-Croix après 570.

    18La première mention de cette relique de la Croix remonte seulement à 1130, BnF, Collection Doat, vol. 105, fol. 40. Acte publié dans Eugène d’Auriac, Histoire de l’ancienne cathédrale et des évêques d’Alby… jusqu’à la fondation de la nouvelle église Sainte-Cécile, Paris, 1858, p. 183-184. Cette croix a été représentée au début du xvie siècle à la voûte de la chapelle Sainte-Croix de la cathédrale Sainte-Cécile ; elle est reproduite dans Matthieu Desachy, Gennaro Toscano (dir.), Le goût de la Renaissance italienne. Les manuscrits enluminés de Jean Jouffroy, cardinal d’Albi (1412-1473), Milan/ Albi, Silvana Editoriale, 2010, p. 42.

    19Poupardin, Vie de saint Didier…, op. cit.

    20Jean Durliat, « Les attributions civiles des évêques mérovingiens : l’exemple de Didier, évêque de Cahors », Annales du Midi, 91/143, 1979, p. 237-254.

    21Parmi lesquelles Gaillac et Lautrec, qui apparaissent pour la première fois dans un texte. Didier ajoute le legs de quatre parts (porciones) de villae. Voir Ernest Nègre, « Saint Didier et l’Albigeois », Revue du Tarn, 3/4, 1959, p. 233-240 ; id., « Toponymie albigeoise d’après la Vie de saint Didier », Annales du Midi, 72/52, 1960, p. 369-381. Voir aussi Philippe Zalmen, « Aux origines du Lautrécois médiéval : des villae de saint Didier à la viguerie carolingienne et à la vicomté préféodale (viie-xiie siècle) », Gaillac et pays tarnais, Albi, Ateliers professionnels de l’orphelinat Saint-Jean, 1977, p. 355-377.

    22Epistulae sancti Desiderii, op. cit. Le cercle des correspondants de saint Didier comprend des rois (Dagobert Ier-Sigebert III), un maire du Palais (Grimoald), et puis de très nombreux évêques (de Narbonne, Agen, Rouen, Clermont, Bourges, Nevers, Auxerre, Reims, Metz [Arnoul, l’ancêtre des Carolingiens], Verdun, Noyon [saint Éloi]).

    23Epistulae sancti Desiderii, op. cit., t. 2, 15, p. 67 ; trad. par Louis de Lacger, Histoire religieuse de l’Albigeois, Albi, Imprimerie coopérative du Sud-Ouest, 1962, p. 26.

    24Edmond Cabié, « Rapports de saint Didier, évêque de Cahors, et de saint Didier, évêque d’Auxerre, avec l’Albigeois », Annales du Midi, 1894, p. 401-419.

    25Émile Jolibois, « Les antiquités du Castelviel », Revue du Tarn, 1878, p. 315-316 ; id., « Le Castelviel », Revue du Tarn, 1881, p. 99-104 ; J.-L. Biget, Atlas historique des villes de France. Albi, Paris, CNRS Éditions, 1983.

    26Epistulae sancti Desiderii, op. cit., t. 2, 15, p. 67.

    27Cet ensemble devait être implanté au voisinage de la cathédrale romane. Sur celle-ci, voir J.-L. Biget, « Note sur l’ancienne cathédrale d’Albi », Revue du Tarn, 3/115, 1984, p. 441-449 ; voir aussi Céline Xifra-Vanacker, « Les vestiges de l’ancienne Sainte-Cécile », dans Mgr Jean Legrez (dir.), La grâce d’une cathédrale. Albi, joyau du Languedoc, Strasbourg, La Nuée Bleue, 2015.

    28Domum eximiam miraeque magnitudinis comptam, infra muros oppidi constructam (Poupardin, Vie de saint Didier, op. cit., p. 34).

    29Cet ensemble se trouve probablement dépourvu de baptistère, le baptême conféré aux adultes par immersion reculant du fait de la christianisation générale et laissant la place au baptême par infusion des nouveau-nés.

    30Dès 549, au concile d’Orléans, un archidiacre, Viventius, remplace l’évêque Ambrosius, empêché : voir Jean Dufour, Les évêques d’Albi, de Cahors et de Rodez des origines à la fin du xiie siècle, Paris, CTHS, 1989, p. 22.

    31Post incendium civitatis ipsius, hic liber recuperatus fuit Deo auxiliante sub die VIII Kal. Aug. Anno IIII regnante domini nostri Childerici regis (Albi, médiathèque Pierre-Amalric, ms. 2 (147), fol. 177). Childéric II a commencé son règne en 663, mais on ne sait pas si c’est avant ou après le 25 juillet, d’où l’incertitude sur l’année de l’incendie.

    32Basilicae sancti Africani dedit portionem in Alacicio, Fascicio, Pollanio et Costrio (Poupardin, Vie de saint Didier, op. cit., p. 36).

    33À cette époque il existe une Passio de saint Amarand, dont se réclame Grégoire de Tours : Ut historia passionis declarat (De Gloria Martyrum, éd. par H. L. Bordier, t. 1, Paris, Société de l’histoire de France, 1857, p. 162-163).

    34Ad cujus festivitatem [le 13 juillet] cum, tempore quodam, innumeri populi convenirent, negotia multa in atrio protulerunt (ibid., p. 166).

    35Où il se maintient jusqu’à la fin du xviiie siècle. Voir Louis de Lacger, États administratifs des anciens diocèses d’Albi, de Castres et de Lavaur, Paris, Picard, 1921, p. 9.

    36Jacques Le Goff, Jean-Noël Biraben, « La peste dans le haut Moyen Âge », Annales. Économies, sociétés, civilisations, 24/6, 1969, p. 1484-1510 ; Pierre Riché, « Problèmes de démo­graphie historique du haut Moyen Âge », Annales de démographie historique, 1966, p. 37-65.

    37En même temps qu’un contrôle étroit du commerce charnel par l’Église, voir Jean-Louis Flandrin, Un temps pour embrasser. Aux origines de la morale sexuelle occidentale (vie-xie siècle), Paris, Seuil, 1983.

    38La copie de ce codex, faite à Albi c. 880/890 [médiathèque d’Albi, ms. 2 (147)] en repro­duit l’explicit (fol. 177v), disparu dans l’original conservé à Toulouse (B.M., ms. 364) auquel manquent plusieurs feuillets : Explicit liber canonum. Amen. Ego Perpetuus, quamvis indignus presbyter, iussus a domino meo Didone, urbis Albigensium episcopo hunc librum canonum scripsi. Suit la mention de l’incendie de la ville en juillet 665 ou 666, citée plus haut, note 31.

    39L’écriture onciale, écriture de lettres hautes aux contours arrondis, est née de l’exécution calligraphiée de la cursive et des majuscules romaines, voir Bernhard Bischoff, Paléographie de l’Antiquité romaine et du Moyen Âge occidental, trad. par Harmat Atsma et Jean Vezin, Paris, Picard, 1985, p. 108-113. Reproduction de deux pages de la Collection d’Albi dans Geneviève Bührer-Thierry, Charles Mériaux, 481-888. La France avant la France, Paris, Belin, 2010, p. 212-213.

    40Sur ce manuscrit, voir Gabriel Le Bras, « Notes pour servir à l’histoire des collections canoniques. Richesses méconnues de la Bibliothèque d’Albi », Revue historique de droit français et étranger, 8, 1929, p. 767-780 ; François Galabert, « Sur deux manuscrits des bibliothèques de Toulouse et d’Albi (viie et ixe siècles) », Annales du Midi, 45/180, 1933, p. 353-372 ; Paul Ourliac, « Le manuscrit toulousain de la collection d’Albi », Revue de droit canonique, 28, décembre 1978, p. 223-238 ; Marie-Pierre Laffitte, Matthieu Desachy, « Collection canonique vers 600 », dans Matthieu Desachy (dir.), Le scriptorium d’Albi. Les manuscrits de la cathédrale Sainte-Cécile (viie-xiie siècle), cat. expo., Albi, médiathèque Pierre-Amalric (13 septembre-15 décembre 2007), Rodez, Rouergue, 2007, p. 28-31.

    41Le parchemin remplace le papyrus pour les diplômes royaux entre 659 et 679. Le plus ancien authentique en parchemin conservé est de 677, voir Stéphane Lebecq, Nouvelle histoire de la France médiévale. Les origines franques ve-ixe siècle, Paris, Seuil, 1990, p. 148.

    42Michel Banniard, Genèse culturelle de l’Europe ve-viiie siècle, Paris, Seuil, 1989.

    43Hubert Mordek, Kirchenrecht und Reform in Frankreich : Die Collectio « Vetus Gallica », die älteste systematische Kanonensammlung des fränkischen Gallien, Berlin/New York, De Gruyter, 1975.

    44Jean-Louis Biget, « Les premières fondations monastiques de l’Albigeois (vie-ixe siècle) », Revue du Tarn, 3/142, 1992, p. 227-242.

    45Sur ce point, l’ouvrage de référence est celui de Michel Rouche, L’Aquitaine des Wisigoths aux Arabes…, op. cit.

    46Onoaldus abbas, missus Albigae urbis episcopi (de Lacger, Histoire religieuse de l’Albigeois, op. cit., p. 27).

    47Sur ce processus, voir Georges Duby, Guerriers et paysans. viie-xiie siècle : premier essor de l’économie européenne, Paris, Gallimard, 1973. Sur le glissement du centre de gravité de l’Europe, voir Lebecq, Nouvelle histoire…, op. cit.

    48Vita Sigolenae, Acta Sanctorum Bollandistarum, juillet, V, p. 628-637.

    49Elle comporte des emprunts aux vies des saintes et des saints qui suivent : Mélanie, Eugénie, Geneviève, Radegonde, Martin, Germain d’Auxerre, Césaire et Colomban. W. Levison, « Sigolena », Neues Archiv der Gesellschaft für ältere deutsche Geschichtskunde, 35, 1909 ; c. r. par Jacques Rivière, « Études d’hagiographie albigeoise. La première vie de sainte Sigolène », Albia Christiana, 10, 1913, p. 401-425.

    50Robert Cabié, « Sainte Sigolène par-delà ses légendes », Revue du Tarn, 3/128, 1987, p. 619-637 ; Isabelle Réal, « Vie et Vita de sainte Sigolène, abbesse du Troclar au viie siècle », Moyen Âge, 150/3-4, 1995, p. 385-406 ; id., « Les familles aristocratiques de l’Albigeois aux vie et viie siècles », dans Philippe Nélidoff, Olivier Devaux (dir.), Pouvoirs et sociétés en Pays Albigeois, Albi, Presses de l’université des sciences sociales de Toulouse, 1997, p. 77-89 ; Nelly Pousthomis-Dalle, Pierre Cabot, Isabelle Réal, « Sainte Sigolène, sa vie, ses églises au Troclar (Lagrave, Tarn) », Archéologie du Midi médiéval, 15-16, 1997/1998, p. 1-66.

    51Le terme pagus (pays, comté) remplace alors civitas (cité), glissement sémantique expressif des évolutions en cours.

    52Louis Saltet, « L’origine méridionale des fausses généalogies carolingiennes », Mélanges Léonce Couture, Toulouse, Privat, 1902, p. 77-96.

    53Monumenta Germaniae Historica, Capitularia, 1, p. 42-43. Par la suite, la législation carolin­gienne propre à l’Aquitaine ne comporte que deux autres textes : en 789, un Bref des missi (ibid., p. 65-66), et, en 812, le précepte pour les Hispani (ibid., p. 169), complété par deux constitutions de Louis-le-Pieux (ibid., p. 261-264).

    54Sur ce problème, voir Karl-Ferdinand Werner, « Bedeutende Adelsfamilien im Reich Karls des Grossen », dans Helmut Beumann (éd.), Karl der Grosse. Lebenswerk und Nachleben, t. 1, Persönlichkeit und Geschichte, Düsseldorf, Schwann, 1965, p. 83-142.

    55Ordinavit autem per totam Aquitaniam comites, abbates, necnon alios plurimos quos vassos vulgo vocant, ex gente Francorum, Quorum prudentia et fortitudini nulli calliditate nulli vi obviare fuerit tutum, eisque commisit curam regni, prout utile indicavit, finium tutamen, villarumque regiarum ruralem provisionem. Et Biturigae civitati primo Humbertum, paulo post Sturbium praefecit comitem ; porro Pictavis Abbonem, Petragoricis autem Widbodum, sed et Tholosae Chorsonem, Burdegalis Sigwinum, Albigensibus vero Haimonem, porro Lemovicis Hrodgarium (L’Astronome, Vita Hludowici imperatoris, chap. 3, Monumenta Germaniae Historica, Scriptores).

    56Son petit-fils, Bernard Plantevelue, commence de construire la principauté aquitaine, finalement réalisée par son arrière-petit-fils, Guillaume le Pieux († 918). Jan Dhondt, Études sur la naissance des principautés territoriales en France (ixe-xie siècle), Bruges, De Tempel, 1948 [rééd. Cressé, Éditions des régionalismes, 2018].

    57Sur tout cela, voir Philippe Wolff, « L’Aquitaine et ses marges », dans Beumann (dir.), Karl der Grosse…, op. cit., p. 269-306.

    58Louis de Lacger, Histoire de Castres et de son abbaye, de Charlemagne à la guerre des Albigeois, Albi, Bibliothèque de la Revue du Tarn, 1937.

    59François-Louis Ganshof, « La fin du règne de Charlemagne : une décomposition », Zeitschrift für schweizerische Geschichte, 28, 1948, p. 433-452.

    60En faveur d’un de ses vassaux, nommé Étienne : voir Histoire générale de Languedoc, Toulouse, Privat, 1872, t. 2, Preuves, col. 281-282.

    61Robert Folz, Le couronnement impérial de Charlemagne. 25 décembre 800, Paris, Gallimard, 2008 ; Carol Heitz, Recherches sur les rapports entre architecture et liturgie à l’époque carolingienne, Paris, SEVPEN, 1963.

    62Aniane c. 777/782, Arles-sur-Tech 778/820, Lagrasse 779, Caunes-Minervois 780, Psalmodi 783, Montolieu et Conques c. 800, Saint-Genis-des-Fontaines début ixe siècle, Gellone 806. À ces monastères s’ajoutent Castres et Sorèze. Voir Élisabeth Magnou-Nortier, La société laïque et l’Église dans la province ecclésiastique de Narbonne (zone cispyrénéenne) de la fin du viiie à la fin du xie siècle, Toulouse, Association des publications de l’université Toulouse-Le Mirail, 1974.

    63Théodulf, né c. 750 dans la région de Saragosse, est l’un des Hispani réfugiés dans le Regnum Francorum. Il gagne le nord des Pyrénées c. 780. Il devient évêque d’Orléans en 798. Principal rédacteur des Libri Carolini qui définissent la doctrine carolingienne sur les images, il intervient également dans la querelle du Filioque, par un nouveau traité, De Spiritu Sancto.

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    • Jean-Louis Biget

      ENS-Lyon

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    1Monumenta Germaniae Historica, Auctores antiquissimi, 9/1, Berlin, 1891, p. 552-612.

    2Avant 800, la forme Albiga se rencontre huit fois dans les textes et sa forme adjectivale dérivée, albigensis, quatorze fois. Jean-Louis Biget, « Les origines du nom d’Albi. Propositions nouvelles », dans Philippe Nélidoff, Olivier Devaux (dir.), Pouvoirs et société en Pays Albigeois, Toulouse, Presses de l’université Toulouse 1 Capitole, 1997, p. 19-24.

    3René Poupardin (dir.), Vie de saint Didier évêque de Cahors (630-655), Paris, Picard, 1900. Dans cette Vita, écrite c. 800, albiensis (sept fois) l’emporte sur albigensis. Ensuite l’appellation Albia devient d’usage courant. Un diplôme de Charles le Chauve, en 849, est actum Albia civitate (Histoire générale de Languedoc, Toulouse, Privat, II, Preuves, c. 282). Un plaid du comte Raimond est tenu, en 878, foras Albia civitate (ibid., c. 400).

    4Avec les cités des Bituriges, des Arvernes, des Rutènes, des Lemovices, des Cadurques, des Gabales et des Vellaves.

    5Selon une lettre de Paulin de Nole, évoquée par Grégoire de Tours, Histoire des Francs, éd. par Robert Latouche, Paris, Les Belles Lettres, 1963, t. 1, p. 104.

    6Jean Lautier, « La romanisation », dans Jean-Louis Biget (dir.), Histoire d’Albi, Toulouse, Privat, 1983, p. 23-30 ; voir aussi Carte archéologique de la Gaule 81 : le Tarn, 1995, et Julien Pech, Atlas archéologique d’Albi, Castres, Comité départemental d’archéologie du Tarn, 2013.

    7Sur le processus des conquêtes antérieures au xvie siècle, voir Yvon Thébert, Jean­Louis Biget, « L’Afrique après la disparition de la cité classique : cohérences et ruptures dans l’histoire maghrébine », dans L’Afrique dans l’Occident romain (ier siècle av. J.-C.-ive siècle ap. J.-C.), Actes du colloque (Rome, 3-5 décembre 1987), Rome, École française de Rome, 1990, p. 575-602.

    8Epistulae sancti Desiderii Cadurcensis, éd. par Dag Norberg, Stockholm/Göteborg/Uppsala, Almqvist & Wiksell, 1961.

    9À cette famille se rattache notamment saint Germain d’Auxerre (c. 380-448), évangélisateur de la Grande-Bretagne.

    10Dont Grégoire de Tours. Sur les ascendants et collatéraux possibles des Desiderii-Salvii, voir Martin Heinzelmann, Gallische Prosopographie (260-527), Francia, 10, 1982, p. 531-718.

    11Grégoire de Tours, Histoire des Francs, op. cit., t. 2, p. 179.

    12Ibid., Le duc Didier est l’une des personnalités marquantes de l’Histoire des Francs. Dans l’édition Latouche il apparaît, t. 1, p. 261-262, 303 ; t. 2, p. 30, 48-49, 95, 101, 111, 122, 155, 267, 269-270 ; sa mort est évoquée t. 2, p. 179. Pour le détail des événements qui se déroulent en Aquitaine à cette époque, voir Michel Rouche, L’Aquitaine des Wisigoths aux Arabes (418-781). Naissance d’une nation, éd. par Jean Touzot, Paris, Éditions de l’EHESS, 1979.

    13Grégoire de Tours, Histoire des Francs, op. cit., t. 1, p. 312 ; t. 2, p. 75, 153.

    14Sur le rôle des évêques à l’époque mérovingienne, voir Martin Heinzelmann, Bischofsherr­schaft in Gallien. Zur Kontinuität römischer Führungsschichten vom 4. Bis zum 7. Jahrhundert. Soziale, prosopographische und bildungsgeschichtliche Aspekte, Zurich/Munich, Artemis Verlag, 1976.

    15Grégoire de Tours, Histoire des Francs, op. cit., t. 2, p. 79-80.

    16Jusqu’au début du xiiie siècle, les évêques à leur entrée viennent d’abord prier sur son tom­beau, auprès duquel ils élisent leur sépulture. Louis de Lacger, « La vie et le culte de Salvy », Revue Mabillon, 2/15, 1924, p. 111-139, 145-213, et J.-L. Biget, « Sainte-Cécile et Saint-Salvi. Chapitre de cathédrale et chapitre de collégiale à Albi », Cahiers de Fanjeaux, 24, 1989, Le monde des chanoines (xie-xive siècle), p. 65-104.

    17Grégoire de Tours, Histoire des Francs, op. cit., t. 2, p. 45. Disciola a son tombeau dans la crypte de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers. Elle est représentée sur un vitrail du chœur de cette église. Sa fête se célèbre le 13 mai. Décédée avant Radegonde, elle est la première sainte de l’abbaye Sainte-Marie, devenue Sainte-Croix après 570.

    18La première mention de cette relique de la Croix remonte seulement à 1130, BnF, Collection Doat, vol. 105, fol. 40. Acte publié dans Eugène d’Auriac, Histoire de l’ancienne cathédrale et des évêques d’Alby… jusqu’à la fondation de la nouvelle église Sainte-Cécile, Paris, 1858, p. 183-184. Cette croix a été représentée au début du xvie siècle à la voûte de la chapelle Sainte-Croix de la cathédrale Sainte-Cécile ; elle est reproduite dans Matthieu Desachy, Gennaro Toscano (dir.), Le goût de la Renaissance italienne. Les manuscrits enluminés de Jean Jouffroy, cardinal d’Albi (1412-1473), Milan/ Albi, Silvana Editoriale, 2010, p. 42.

    19Poupardin, Vie de saint Didier…, op. cit.

    20Jean Durliat, « Les attributions civiles des évêques mérovingiens : l’exemple de Didier, évêque de Cahors », Annales du Midi, 91/143, 1979, p. 237-254.

    21Parmi lesquelles Gaillac et Lautrec, qui apparaissent pour la première fois dans un texte. Didier ajoute le legs de quatre parts (porciones) de villae. Voir Ernest Nègre, « Saint Didier et l’Albigeois », Revue du Tarn, 3/4, 1959, p. 233-240 ; id., « Toponymie albigeoise d’après la Vie de saint Didier », Annales du Midi, 72/52, 1960, p. 369-381. Voir aussi Philippe Zalmen, « Aux origines du Lautrécois médiéval : des villae de saint Didier à la viguerie carolingienne et à la vicomté préféodale (viie-xiie siècle) », Gaillac et pays tarnais, Albi, Ateliers professionnels de l’orphelinat Saint-Jean, 1977, p. 355-377.

    22Epistulae sancti Desiderii, op. cit. Le cercle des correspondants de saint Didier comprend des rois (Dagobert Ier-Sigebert III), un maire du Palais (Grimoald), et puis de très nombreux évêques (de Narbonne, Agen, Rouen, Clermont, Bourges, Nevers, Auxerre, Reims, Metz [Arnoul, l’ancêtre des Carolingiens], Verdun, Noyon [saint Éloi]).

    23Epistulae sancti Desiderii, op. cit., t. 2, 15, p. 67 ; trad. par Louis de Lacger, Histoire religieuse de l’Albigeois, Albi, Imprimerie coopérative du Sud-Ouest, 1962, p. 26.

    24Edmond Cabié, « Rapports de saint Didier, évêque de Cahors, et de saint Didier, évêque d’Auxerre, avec l’Albigeois », Annales du Midi, 1894, p. 401-419.

    25Émile Jolibois, « Les antiquités du Castelviel », Revue du Tarn, 1878, p. 315-316 ; id., « Le Castelviel », Revue du Tarn, 1881, p. 99-104 ; J.-L. Biget, Atlas historique des villes de France. Albi, Paris, CNRS Éditions, 1983.

    26Epistulae sancti Desiderii, op. cit., t. 2, 15, p. 67.

    27Cet ensemble devait être implanté au voisinage de la cathédrale romane. Sur celle-ci, voir J.-L. Biget, « Note sur l’ancienne cathédrale d’Albi », Revue du Tarn, 3/115, 1984, p. 441-449 ; voir aussi Céline Xifra-Vanacker, « Les vestiges de l’ancienne Sainte-Cécile », dans Mgr Jean Legrez (dir.), La grâce d’une cathédrale. Albi, joyau du Languedoc, Strasbourg, La Nuée Bleue, 2015.

    28Domum eximiam miraeque magnitudinis comptam, infra muros oppidi constructam (Poupardin, Vie de saint Didier, op. cit., p. 34).

    29Cet ensemble se trouve probablement dépourvu de baptistère, le baptême conféré aux adultes par immersion reculant du fait de la christianisation générale et laissant la place au baptême par infusion des nouveau-nés.

    30Dès 549, au concile d’Orléans, un archidiacre, Viventius, remplace l’évêque Ambrosius, empêché : voir Jean Dufour, Les évêques d’Albi, de Cahors et de Rodez des origines à la fin du xiie siècle, Paris, CTHS, 1989, p. 22.

    31Post incendium civitatis ipsius, hic liber recuperatus fuit Deo auxiliante sub die VIII Kal. Aug. Anno IIII regnante domini nostri Childerici regis (Albi, médiathèque Pierre-Amalric, ms. 2 (147), fol. 177). Childéric II a commencé son règne en 663, mais on ne sait pas si c’est avant ou après le 25 juillet, d’où l’incertitude sur l’année de l’incendie.

    32Basilicae sancti Africani dedit portionem in Alacicio, Fascicio, Pollanio et Costrio (Poupardin, Vie de saint Didier, op. cit., p. 36).

    33À cette époque il existe une Passio de saint Amarand, dont se réclame Grégoire de Tours : Ut historia passionis declarat (De Gloria Martyrum, éd. par H. L. Bordier, t. 1, Paris, Société de l’histoire de France, 1857, p. 162-163).

    34Ad cujus festivitatem [le 13 juillet] cum, tempore quodam, innumeri populi convenirent, negotia multa in atrio protulerunt (ibid., p. 166).

    35Où il se maintient jusqu’à la fin du xviiie siècle. Voir Louis de Lacger, États administratifs des anciens diocèses d’Albi, de Castres et de Lavaur, Paris, Picard, 1921, p. 9.

    36Jacques Le Goff, Jean-Noël Biraben, « La peste dans le haut Moyen Âge », Annales. Économies, sociétés, civilisations, 24/6, 1969, p. 1484-1510 ; Pierre Riché, « Problèmes de démo­graphie historique du haut Moyen Âge », Annales de démographie historique, 1966, p. 37-65.

    37En même temps qu’un contrôle étroit du commerce charnel par l’Église, voir Jean-Louis Flandrin, Un temps pour embrasser. Aux origines de la morale sexuelle occidentale (vie-xie siècle), Paris, Seuil, 1983.

    38La copie de ce codex, faite à Albi c. 880/890 [médiathèque d’Albi, ms. 2 (147)] en repro­duit l’explicit (fol. 177v), disparu dans l’original conservé à Toulouse (B.M., ms. 364) auquel manquent plusieurs feuillets : Explicit liber canonum. Amen. Ego Perpetuus, quamvis indignus presbyter, iussus a domino meo Didone, urbis Albigensium episcopo hunc librum canonum scripsi. Suit la mention de l’incendie de la ville en juillet 665 ou 666, citée plus haut, note 31.

    39L’écriture onciale, écriture de lettres hautes aux contours arrondis, est née de l’exécution calligraphiée de la cursive et des majuscules romaines, voir Bernhard Bischoff, Paléographie de l’Antiquité romaine et du Moyen Âge occidental, trad. par Harmat Atsma et Jean Vezin, Paris, Picard, 1985, p. 108-113. Reproduction de deux pages de la Collection d’Albi dans Geneviève Bührer-Thierry, Charles Mériaux, 481-888. La France avant la France, Paris, Belin, 2010, p. 212-213.

    40Sur ce manuscrit, voir Gabriel Le Bras, « Notes pour servir à l’histoire des collections canoniques. Richesses méconnues de la Bibliothèque d’Albi », Revue historique de droit français et étranger, 8, 1929, p. 767-780 ; François Galabert, « Sur deux manuscrits des bibliothèques de Toulouse et d’Albi (viie et ixe siècles) », Annales du Midi, 45/180, 1933, p. 353-372 ; Paul Ourliac, « Le manuscrit toulousain de la collection d’Albi », Revue de droit canonique, 28, décembre 1978, p. 223-238 ; Marie-Pierre Laffitte, Matthieu Desachy, « Collection canonique vers 600 », dans Matthieu Desachy (dir.), Le scriptorium d’Albi. Les manuscrits de la cathédrale Sainte-Cécile (viie-xiie siècle), cat. expo., Albi, médiathèque Pierre-Amalric (13 septembre-15 décembre 2007), Rodez, Rouergue, 2007, p. 28-31.

    41Le parchemin remplace le papyrus pour les diplômes royaux entre 659 et 679. Le plus ancien authentique en parchemin conservé est de 677, voir Stéphane Lebecq, Nouvelle histoire de la France médiévale. Les origines franques ve-ixe siècle, Paris, Seuil, 1990, p. 148.

    42Michel Banniard, Genèse culturelle de l’Europe ve-viiie siècle, Paris, Seuil, 1989.

    43Hubert Mordek, Kirchenrecht und Reform in Frankreich : Die Collectio « Vetus Gallica », die älteste systematische Kanonensammlung des fränkischen Gallien, Berlin/New York, De Gruyter, 1975.

    44Jean-Louis Biget, « Les premières fondations monastiques de l’Albigeois (vie-ixe siècle) », Revue du Tarn, 3/142, 1992, p. 227-242.

    45Sur ce point, l’ouvrage de référence est celui de Michel Rouche, L’Aquitaine des Wisigoths aux Arabes…, op. cit.

    46Onoaldus abbas, missus Albigae urbis episcopi (de Lacger, Histoire religieuse de l’Albigeois, op. cit., p. 27).

    47Sur ce processus, voir Georges Duby, Guerriers et paysans. viie-xiie siècle : premier essor de l’économie européenne, Paris, Gallimard, 1973. Sur le glissement du centre de gravité de l’Europe, voir Lebecq, Nouvelle histoire…, op. cit.

    48Vita Sigolenae, Acta Sanctorum Bollandistarum, juillet, V, p. 628-637.

    49Elle comporte des emprunts aux vies des saintes et des saints qui suivent : Mélanie, Eugénie, Geneviève, Radegonde, Martin, Germain d’Auxerre, Césaire et Colomban. W. Levison, « Sigolena », Neues Archiv der Gesellschaft für ältere deutsche Geschichtskunde, 35, 1909 ; c. r. par Jacques Rivière, « Études d’hagiographie albigeoise. La première vie de sainte Sigolène », Albia Christiana, 10, 1913, p. 401-425.

    50Robert Cabié, « Sainte Sigolène par-delà ses légendes », Revue du Tarn, 3/128, 1987, p. 619-637 ; Isabelle Réal, « Vie et Vita de sainte Sigolène, abbesse du Troclar au viie siècle », Moyen Âge, 150/3-4, 1995, p. 385-406 ; id., « Les familles aristocratiques de l’Albigeois aux vie et viie siècles », dans Philippe Nélidoff, Olivier Devaux (dir.), Pouvoirs et sociétés en Pays Albigeois, Albi, Presses de l’université des sciences sociales de Toulouse, 1997, p. 77-89 ; Nelly Pousthomis-Dalle, Pierre Cabot, Isabelle Réal, « Sainte Sigolène, sa vie, ses églises au Troclar (Lagrave, Tarn) », Archéologie du Midi médiéval, 15-16, 1997/1998, p. 1-66.

    51Le terme pagus (pays, comté) remplace alors civitas (cité), glissement sémantique expressif des évolutions en cours.

    52Louis Saltet, « L’origine méridionale des fausses généalogies carolingiennes », Mélanges Léonce Couture, Toulouse, Privat, 1902, p. 77-96.

    53Monumenta Germaniae Historica, Capitularia, 1, p. 42-43. Par la suite, la législation carolin­gienne propre à l’Aquitaine ne comporte que deux autres textes : en 789, un Bref des missi (ibid., p. 65-66), et, en 812, le précepte pour les Hispani (ibid., p. 169), complété par deux constitutions de Louis-le-Pieux (ibid., p. 261-264).

    54Sur ce problème, voir Karl-Ferdinand Werner, « Bedeutende Adelsfamilien im Reich Karls des Grossen », dans Helmut Beumann (éd.), Karl der Grosse. Lebenswerk und Nachleben, t. 1, Persönlichkeit und Geschichte, Düsseldorf, Schwann, 1965, p. 83-142.

    55Ordinavit autem per totam Aquitaniam comites, abbates, necnon alios plurimos quos vassos vulgo vocant, ex gente Francorum, Quorum prudentia et fortitudini nulli calliditate nulli vi obviare fuerit tutum, eisque commisit curam regni, prout utile indicavit, finium tutamen, villarumque regiarum ruralem provisionem. Et Biturigae civitati primo Humbertum, paulo post Sturbium praefecit comitem ; porro Pictavis Abbonem, Petragoricis autem Widbodum, sed et Tholosae Chorsonem, Burdegalis Sigwinum, Albigensibus vero Haimonem, porro Lemovicis Hrodgarium (L’Astronome, Vita Hludowici imperatoris, chap. 3, Monumenta Germaniae Historica, Scriptores).

    56Son petit-fils, Bernard Plantevelue, commence de construire la principauté aquitaine, finalement réalisée par son arrière-petit-fils, Guillaume le Pieux († 918). Jan Dhondt, Études sur la naissance des principautés territoriales en France (ixe-xie siècle), Bruges, De Tempel, 1948 [rééd. Cressé, Éditions des régionalismes, 2018].

    57Sur tout cela, voir Philippe Wolff, « L’Aquitaine et ses marges », dans Beumann (dir.), Karl der Grosse…, op. cit., p. 269-306.

    58Louis de Lacger, Histoire de Castres et de son abbaye, de Charlemagne à la guerre des Albigeois, Albi, Bibliothèque de la Revue du Tarn, 1937.

    59François-Louis Ganshof, « La fin du règne de Charlemagne : une décomposition », Zeitschrift für schweizerische Geschichte, 28, 1948, p. 433-452.

    60En faveur d’un de ses vassaux, nommé Étienne : voir Histoire générale de Languedoc, Toulouse, Privat, 1872, t. 2, Preuves, col. 281-282.

    61Robert Folz, Le couronnement impérial de Charlemagne. 25 décembre 800, Paris, Gallimard, 2008 ; Carol Heitz, Recherches sur les rapports entre architecture et liturgie à l’époque carolingienne, Paris, SEVPEN, 1963.

    62Aniane c. 777/782, Arles-sur-Tech 778/820, Lagrasse 779, Caunes-Minervois 780, Psalmodi 783, Montolieu et Conques c. 800, Saint-Genis-des-Fontaines début ixe siècle, Gellone 806. À ces monastères s’ajoutent Castres et Sorèze. Voir Élisabeth Magnou-Nortier, La société laïque et l’Église dans la province ecclésiastique de Narbonne (zone cispyrénéenne) de la fin du viiie à la fin du xie siècle, Toulouse, Association des publications de l’université Toulouse-Le Mirail, 1974.

    63Théodulf, né c. 750 dans la région de Saragosse, est l’un des Hispani réfugiés dans le Regnum Francorum. Il gagne le nord des Pyrénées c. 780. Il devient évêque d’Orléans en 798. Principal rédacteur des Libri Carolini qui définissent la doctrine carolingienne sur les images, il intervient également dans la querelle du Filioque, par un nouveau traité, De Spiritu Sancto.

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    Biget, J.-L. (2022). Albi, des Mérovingiens aux Carolingiens. In E. Vagnon & S. Victor (éds.), La Mappa mundi d’Albi (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/12voy
    Biget, Jean-Louis. « Albi, des Mérovingiens aux Carolingiens ». In La Mappa mundi d’Albi, édité par Emmanuelle Vagnon et Sandrine Victor. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2022. https://doi.org/10.4000/12voy.
    Biget, Jean-Louis. « Albi, des Mérovingiens aux Carolingiens ». La Mappa mundi d’Albi, édité par Emmanuelle Vagnon et Sandrine Victor, Éditions de la Sorbonne, 2022, https://doi.org/10.4000/12voy.

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    Vagnon, E., & Victor, S. (éds.). (2022). La Mappa mundi d’Albi (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/12vvh
    Vagnon, Emmanuelle, et Sandrine Victor, éd. La Mappa mundi d’Albi. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2022. https://doi.org/10.4000/12vvh.
    Vagnon, Emmanuelle, et Sandrine Victor, éditeurs. La Mappa mundi d’Albi. Éditions de la Sorbonne, 2022, https://doi.org/10.4000/12vvh.
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