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Postface. Note sur l’activité interprétative des agents sociaux en situation d’incertitude
p. 321-327
Texte intégral
1LES TEXTES, d’une grande qualité, réunis dans ce collectif montrent comment, dans une situation de dénaturalisation de l’ordre social, les individus sont amenés à fournir une intense activité d’interprétation des situations, des identités, des mots et des objets. À partir d’une lecture de ces contributions et de ma propre expérience d’enquêteur dans différentes guerres civiles1, trois remarques se sont imposées. D’abord, l’incertitude – qui produit l’enquête – me paraît pour l’essentiel liée au fonctionnement paradoxal des institutions. Ensuite, l’enquête de l’individu ordinaire doit être comprise comme un processus où l’enquêteur définit l’objet même de l’enquête en fonction de ses compétences et de sa socialisation. La répétition de l’enquête produit, de plus, une transformation des dispositions à agir de l’enquêteur en raison de l’expérience progressivement accumulée. Enfin, l’incertitude et la méfiance coexistent – et produisent des espaces de confiance et de remise de soi à des institutions pour lesquelles l’incertitude permet de construire un ordre politique.
La notion d’incertitude
2Dans sa définition habituelle, l’incertitude renvoie à la validité incertaine de la projection sur le futur d’une connaissance du passé. Dans une guerre civile, le passé a une valeur prédictive plus faible que dans les situations routinières, alors même que les événements dangereux ont une probabilité plus forte d’occurrence2. Les sources de l’incertitude sont multiples et interrogent notamment la place des institutions.
3D’abord, les changements structurels (migrations, destructions, etc.) tendent à augmenter l’incertitude en multipliant les situations inédites, difficiles par nature à évaluer. L’incertitude est, de plus, liée au comportement plus ou moins prévisible des agents sociaux, ce qui peut renvoyer à une stratégie délibérée. La composition de stratégies rationnelles produit ainsi, du point de vue de l’observateur, une impression (fausse) de chaos. De plus, la remise en cause des normes de comportement habituellement reçues (trahison, dissimulation des identités) introduit l’incertitude au cœur des routines les plus quotidiennes. Par ailleurs, certains moments, souvent les phases initiales d’une guerre civile, donnent à voir un retrait ou une disparition des institutions, qui ne remplissent plus leur rôle de réducteur d’incertitude pour des actions aussi quotidiennes que les déplacements, la sécurité, l’approvisionnement quotidien. Mais la guerre civile est aussi l’affrontement d’ordres sociaux concurrents3, ce qui se traduit par une multiplication d’institutions en compétition, d’où une forme d’incertitude qui tient à des revendications contradictoires de monopole. Par exemple, comment choisir la juridiction auprès de laquelle faire appel pour déposer une plainte ? À qui payer l’impôt ?
4Ensuite, une guerre civile, du point de vue de l’incertitude et du risque, n’est pas un événement homogène du fait de sa durée, parfois plusieurs décennies. La forte incertitude, fréquente dans les phases initiales, peut s’atténuer en raison par exemple de la territorialisation de la carte militaire et des structures partisanes. De ce point de vue, la tendance à l’homogénéisation des territoires politiques constatée dans de nombreux cas (Afghanistan, Syrie, Libye par exemple) joue dans le sens d’une incertitude progressivement réduite au point que le conflit finit par présenter certains traits d’une guerre interétatique : frontières, armées régulières, contrôle institutionnel4.
5Enfin, l’incertitude peut être liée à une situation relativement ponctuelle, même si elle est répétitive, par exemple le passage à un check point, l’identité d’un individu ou la nature d’un objet (c’est le sens retenu par la plupart des auteurs de ce collectif). Mais elle peut porter sur la nature même d’un ordre politique nouveau dont on n’arrive pas à faire sens. Dans ce cas, une expérience ponctuelle – une « épreuve » – n’est pas décisive, car les situations et les expériences sont susceptibles de plusieurs interprétations en fonction du cadre d’interprétation retenu. C’est ainsi qu’Élisabeth Claverie montre la difficulté à interpréter les signes ambigus qui annoncent un massacre en ex-Yougoslavie5. Les Syriens et les Irakiens confrontés à l’État islamique ont initialement peiné à faire sens d’un mouvement particulièrement fermé et hors de la société6. Ces conflits d’interprétation sont souvent tranchés par un événement saillant (un massacre par exemple) qui provoque un basculement collectif dans l’interprétation.
L’enquête de l’individu ordinaire
6Dans ces situations d’incertitude, qu’est-ce qu’une enquête pour un individu ordinaire ? Le terme d’enquête peut être ici trompeur s’il suppose un observateur distancié, car les situations à interpréter sont non choisies, potentiellement traumatiques et, souvent, investies émotionnellement. L’enquête est une modalité essentiellement réactive, « tactique » au sens de Certeau, qui a pour objet un savoir pratique orienté vers l’action ou la protection qui renvoie à une pratique d’évitement et de survie plus qu’à une recherche abstraite de « vérité ». Les acteurs sont obligés d’anticiper les conséquences de leurs actions et de s’informer de façon continue pour gérer les risques liés à l’incertitude7. L’action la plus quotidienne, envoyer ses enfants à l’école, se rendre au marché, se quereller avec un voisin peut avoir de lourdes conséquences. Cependant, les individus ne sont pas exposés de façon uniforme à l’incertitude et aux risques en raison du caractère souvent régional de la guerre civile et des ressources dont ils disposent.
7D’abord, la guerre civile provoque un désajustement brutal et généralisé entre les dispositions à agir et à interpréter générées par l’habitus – dont on ne suppose pas ici une parfaite cohérence – et le monde social à la fois du fait de transformations structurelles et de situations d’interactions inédites. Ce désajustement crée une forme particulière d’incertitude dans l’interprétation des situations interdisant une « régression à l’habitus8 », mais favorisant au contraire une hyperactivité calculatrice, voire des formes de réflexivité. En particulier, l’interprétation est plus souvent collective qu’individuelle, la délibération est centrale dans beaucoup de situations observées, mes observations de terrain sont ici cohérentes avec les contributions de ce volume. Même dans des situations comme un check point, une discussion préalable en amont sur la façon d’interpréter certains signes est probable. Les dynamiques de groupes deviennent donc centrales dans l’échange d’informations, la détermination des risques et l’interprétation des situations. Nous avons notamment montré dans le cas syrien l’importance des groupes de discussion à la fois dans l’engagement dans le processus révolutionnaire et l’importance de la parole collective dans la phase de guerre proprement dite.
8Ensuite, ces situations à haut risque présentent une configuration particulière du rapport entre action et information. L’individu ordinaire n’a pas les ressources pour entreprendre une enquête longue, accumuler progressivement les éléments d’appréciation pour finalement se former une opinion éclairée. L’acquisition de l’information a un coût élevé, ce qui explique qu’une décision prise au hasard est parfois l’attitude la plus raisonnable. En particulier, le coût de sécurité est souvent déterminant : se renseigner peut attirer l’attention, laisser deviner un projet, demander des renseignements sur un trajet laisse supposer que c’est votre prochaine destination. Ces situations obligent donc les individus à des paris successifs et à des prises de risques. On est donc dans un univers bien différent de l’enquête policière avec son approche délibérée et prudente. Des décisions prises avec une information imparfaite ou inexistante ont des conséquences vitales. Henrik Vigh montre bien dans le cas de jeunes Bissau-Guinéens comment ses interlocuteurs se débrouillent en jouant avec les repères limités dont ils disposent et pourquoi ils considèrent fondamentalement leurs décisions comme des paris9.
9Par ailleurs, si l’enquête est une découverte du réel, elle entraîne aussi une (trans)formation de l’enquêteur. Par la répétition, l’enquête permet l’acquisition de compétences et une transformation des dispositions à agir qui tendent à diminuer l’incertitude et, peut-être, le risque. Pris dans une dialectique incertitude/enquête, l’individu intériorise de nouveaux schèmes de pensée qui influeront sur sa définition des situations. Autrement dit, la définition même de ce qui doit faire l’objet d’une enquête est en jeu : la socialisation et la compétence des individus engagés impliquent une définition variable de l’incertitude et du risque. D’abord, la guerre est un processus de socialisation qui amène les individus à acquérir des compétences : techniques du corps, maîtrise des armes, interprétation des stimuli corporels10.
Confiance et emprise de l’institution
10Rien ne serait plus faux que de penser les guerres civiles comme une situation d’exceptionnalité continue exigeant une enquête permanente. En fait, comme le montrent l’observation et les récits, la routine, entrecoupée de rares moments d’urgence, reste la norme, d’autant plus que les institutions fermées prennent ici une importance déterminante. Ainsi, les maquis, la vie en caserne ou dans un camp de réfugiés ont un caractère répétitif, d’où l’ennui qui frappe souvent les combattants (et les observateurs). La vie ordinaire renvoie par ailleurs à des routines obligées, notamment pour assurer les tâches quotidiennes (production, alimentation, déplacements). Dans des conflits parfois longs de plusieurs décennies, des formes de normalité s’installent ou perdurent car, comme le remarquait Roland Marchal, l’économie dans la guerre n’est pas réductible à une économie de la guerre, remarque qu’on peut élargir à la plupart des secteurs d’activité.
11Par ailleurs, plus l’incertitude est forte plus les routines (individuelles et institutionnelles) deviennent rigides, car elles participent réellement – ou dans l’imaginaire des individus – à réduire l’incertitude, par exemple le passage des checkpoints, les déplacements avec l’habituation au risque particulière à ces situations. Certaines routines individuelles jouent un rôle essentiel au sens où elles évitent la prise de décision : ne jamais courir (ou toujours courir) dans une rue ciblée par des snipers à Sarajevo11. Différents séjours avec des mouvements très structurés comme l’UNITA, le PKK ou les taliban m’ont par ailleurs permis d’observer leurs techniques de prise en charge des individus qui ont pour objectif une gestion collective et une réduction de l’incertitude.
12Ensuite, dans un mouvement a priori paradoxal, l’incertitude crée aussi la nécessité de la confiance. Le thème récurrent de la trahison dans les guerres civiles montre a contrario qu’il y a des loyautés attendues et qu’elles sont essentielles, car elles conditionnent la survie. Les situations d’incertitude proches de celles décrites dans ce volume coexistent avec une incroyable confiance dans un réseau ou des paris faits à partir de marqueurs assez subtils, mais sur lesquels on joue sa vie. Dans les guerres civiles contemporaines, il y a souvent concurrence entre les espaces de confiance nés des solidarités primaires (familles notamment) et des engagements partisans. Les mouvements politiques travaillent systématiquement à déconstruire/reconstruire les espaces de confiance sur des bases institutionnelles par la création de signes de confiance « automatiques » (par des marqueurs comme les uniformes ou ce qui en tient lieu). Ainsi, dans des univers idéologiques très différents, les taliban ou le PKK cherchent un dépassement des solidarités familiales ou claniques au nom de l’islam ou du nationalisme. Au sein des familles, les guerres civiles peuvent entraîner des ruptures, des trahisons, y compris au sein de sociétés familialistes comme l’Afghanistan ou la Syrie. Dans certains cas, on a un dépassement des logiques segmentaires, par exemple une fragilisation des liens tribaux. En particulier, l’engagement produit une solidarité entre militants, combattants, voire sympathisants de la cause, qui s’exprime souvent en termes familiaux. Dans un village kurde de Turquie où j’ai enquêté, l’armée avait découvert un tunnel à quelques centaines de mètres des premières habitations et, malgré la force encore réelle des solidarités claniques, il semble bien que personne n’était au courant en dehors du relais local de la guérilla. La guerre produit ainsi un espace de confiance (on fait confiance à un camarade que l’on ne connaît pas, un passeur par exemple). Or, l’engagement est loin d’être marginal dans les guerres civiles, il est souvent un résultat des politiques de polarisation du pouvoir ou de l’insurrection. Dans ce contexte, l’appartenance au même réseau, à la même organisation produit un signalement de la confiance.
13Enfin, l’incertitude est aussi une façon pour l’institution de construire l’ordre politique. En ce sens, la gestion de l’incertitude au niveau micro-social participe de la refondation de l’ordre politique. La distinction est donc radicale entre l’enquête individuelle, dont on a vu qu’elle était d’abord une tactique, et l’enquête institutionnelle, qui s’inscrit dans une logique de domination. La gestion, la routinisation de l’incertitude sont un moyen de construire l’institution, surtout sécuritaire, mais aussi pour tout ce qui concerne l’aide. C’est bien l’institution qui définit l’incertitude et surtout le régime de vérité qui permet de lever l’incertitude. L’incertitude peut produire de l’institution, parce qu’elle produit une forme spécifique de savoir (statistique, juridique, pratique). On sait que certaines institutions utilisent une dose d’arbitraire comme source de pouvoir et que l’incertitude est aussi un moyen de construire la domination sur le corps social. La gestion de l’incertitude est l’occasion de routiniser des pratiques institutionnelles comme les fouilles, les dénonciations, etc. Quand l’enquête est le fait d’une institution, elle produit et exprime des logiques politiques de reconstruction d’ordre politique. En particulier, la (re)définition de l’espace (changements de nom par exemple), les identités sont les moments de reconstruction de la mémoire, de la communauté politique. L’incertitude permet le contrôle, voire la redéfinition du corps social. L’institution sécuritaire dont l’enquête vise à produire un savoir sur les individus à partir de catégories bureaucratiques orientées vers la sécurité, l’adhésion idéologique, la confiance/trahison potentielle, l’ennemi intérieur. Il s’agit d’une chasse à l’espion, au déviant, qui est une modalité du pouvoir, une production du social qui signale moins l’incertitude que l’exercice des catégories, donc une institution qui produit du social. Par exemple, l’enquête vise à produire un corps politique homogène et fiable, sur des critères religieux, politique, raciaux. L’activité d’enquête est d’abord la production de normes, de critères explicites ou implicites. Plus spécifiquement, l’enquête peut avoir pour but de débusquer l’ennemi intérieur. Ces processus ne sont pas spécifiques aux guerres civiles (révolutions, régimes autoritaires ou révolutionnaires, etc.).
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14Parler d’enquête dans les guerres civiles ouvre naturellement à un retour réflexif sur les pratiques de la chercheuse ou du chercheur confronté(e) à ce type de situations. En effet, ce type de terrain suppose de soumettre son environnement à un double processus d’interprétation. D’une part, le ou la sociologue enquête à des fins pratiques, d’une façon qui n’est pas intrinsèquement différente de ses enquêtés et qui fait partie du processus de découverte du terrain. À l’issue d’une interrogation, un pari est ainsi engagé sur le contact qui permettra de passer la frontière, le groupe qui organisera la sortie de la ville, l’interlocuteur qui décrira la situation sécuritaire et orientera ainsi les déplacements. Pour le dire autrement, l’observateur est dans une position de remise de soi non seulement à des institutions, mais aussi à des individus particuliers. Par ailleurs, l’observateur pris dans ces situations tend à s’ajuster au groupe pour juger de l’incertitude et du risque (généralement dans le sens d’une habituation à un niveau de risque plus important) et développe progressivement les compétences qui transforment la définition des situations susceptibles d’une enquête.
15D’autre part, l’enquête sociologique est fondamentalement différente de celle de l’individu ordinaire. Sans vouloir entrer dans le débat sur la place plus ou moins « surplombante » du sociologue et la validité même d’une explication sociologique, les enquêtes dans les guerres civiles me semblent précisément montrer que les « personnes ordinaires » sont fort peu enclines à accepter les explications des sociologues, même à supposer, ce qui n’est pas le cas, qu’il existe une explication des événements qui fasse consensus12. En effet, l’idée même d’une guerre civile est généralement rejetée par les participants au profit de désignations indigènes (terrorisme, révolution, etc.) et la situation est généralement décrite comme sui generis, comme exceptionnelle, alors même que les guerres civiles contemporaines ont de nombreux traits communs. Le social n’est jamais transparent aux agents sociaux, et d’autant moins dans ces situations où les constructions idéologiques, l’anthropologie populaire, les émotions instrumentalisées forment un puissant réseau de filtres idéels. Or, l’enquête sociologique n’a pas pour objet l’adaptation immédiate aux situations d’incertitude, elle participe d’un autre régime de vérité dans une autre communauté. En ce sens, ce travail n’est pas inutile en ce qu’il active des valeurs universalistes dans des situations marquées par la violence.
Notes de bas de page
1Un séjour en Angola, différents séjours en Afghanistan, en Syrie, dans les régions kurdes de Turquie et d’Irak depuis 1987.
2Le risque peut être compris comme la probabilité d’occurrence d’un événement dangereux (mort, blessure, arrestation, torture, etc.).
3Adam Baczko, Gilles Dorronsoro, « Pour une approche sociologique des guerres civiles », Revue française de science politique, 67/2, 2017.
4Cette homogénéisation politique, qui produit de véritables frontières internes, tient aux mécanismes de concurrence entre unités politiques qui produisent une concentration dans les situations initiales caractérisées par une multiplicité des groupes armés (Syrie, Afghanistan).
5Élisabeth Claverie, « Techniques de la menace », Terrain, 43, 2004, p. 15-30.
6Les entretiens avec des habitants de Mossoul réfugiés dans les régions kurdes étaient de ce point de vue révélateurs de la difficulté à comprendre les mécanismes de fonctionnement d’un mouvement particulièrement fermé aux interactions avec la population (entretiens, février 2014).
7Linda Green, Fear as a Way of Life : Mayan Widow in Rural Guatemala, New York, Columbia University Press, 1999.
8Hypothèse développée par Michel Dobry comme conséquence des crises (au sens de mobilisations multisectorielles). On remarquera par ailleurs que les guerres civiles, dont la plupart prennent place dans des sociétés peu sectorisées, ne naissent pas de crises multisectorielles, sans exception semble-t-il. Pour l’hypothèse de la régression à l’habitus, voir Michel Dobry, Sociologie des crises politiques, Paris, Presses de Sciences Po, 2009, p. 257-283.
9Henrik Vigh, Navigating Terrains of War : Youth and Soldiering in Guinea-Bissau, New York, Berghahn Books, 2006.
10Voir Stéphane Audoin-Rouzeau, Combattre. Une anthropologie historique de la guerre moderne (xixe-xxie siècle), Paris, Seuil, 2008.
11Ivana Maček, Sarajevo Under Siege. Anthropology in Wartime, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2009
12Contra Luc Boltanski, « Sociologie critique et sociologie de la critique », Politix, 3/10-11, 1990, p. 124-134.

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