Un prince en son Hôtel
|Première partie. Une institution singulière : l’hôtel
Chapitre II. Le cycle de vie de l’Hôtel
Texte intégral
1Plus d’un siècle sépare la constitution de l’Hôtel des ducs d’Orléans de sa disparition avec la montée sur le trône de Louis II. Le travail sur la longue durée permet de mieux mesurer les transformations et les évolutions qu’a connues l’institution durant cette période, d’évaluer ses facultés d’adaptation, de relever les innovations mises en place, mais aussi les nombreuses permanences qui font que l’Hôtel de Louis II n’est peut-être pas si différent dans ses structures de celui de son grand-père. Ce temps propre à la vie de l’institution est indissociable de l’histoire de ses princes, une histoire si mouvementée que le risque était grand de tomber dans le narratif. Aussi, plutôt que dérouler le fil des événements, j’ai préféré distinguer et associer les principaux temps forts de la “vie d’une famille”, tant la vie du prince et celle du groupe sont intimement liées.
Les phases principales
2Institué par Louis Ier, l’Hôtel des ducs d’Orléans est à deux reprises privé de son chef avant de se retrouver aux premières loges de la scène politique.
La constitution de l’Hôtel sous Louis Ier
- 1 F. Trombert, « Une reine de quatre ans... », dans Autour de Marguerite d’Écosse..., p. 126.
- 2 F. Autrand, Charles VI..., p. 37.
- 3 « Une cédule, datée de Paris, le 30 novembre 1380, et scellée des sceaux des ducs d’Anjou, de Berr (...)
- 4 Hôtel offert par Charles VI à Louis Ier pour que « nostre tres chier et tres amé frere le duc de T (...)
- 5 Voir infra chapitre III.
- 6 G. Augustins, « Institution », dans Dictionnaire de l’ethnologie..., P. Bonte et M. Izard dir., p. (...)
- 7 Cf. supra chapitre I.
- 8 E. Jarry, La Vie politique..., p. 98.
- 9 D. Poirion, Le Poète et le prince..., p. 35.
- 10 Tels ces neuf valets de cuisine auxquels le duc fait bailler en juin 45 francs « pour avoir a chas (...)
3Dès l’âge de quatre ans, Marguerite d’Autriche, élevée au château d’Amboise en tant que fiancée de Charles VIII, avait son propre Hôtel composé d’une centaine de serviteurs1. Sa qualité de future reine – qu’elle ne deviendra jamais, Charles VIII la répudiant en 1491 pour épouser Anne de Bretagne – explique cette autonomie domestique niée aux enfants de France. C’est ainsi que Louis Ier, élevé aux côtés de son frère2, est à ses débuts servi par des officiers communs – choisis pour la plupart par leurs oncles3–, et ne possède pas d’Hôtel en propre. La dotation en 1388 d’une demeure indépendante, l’hôtel de Bohême4, suivie en 1392 de celle de finances plus importantes5, est concomitante de la naissance de l’Hôtel des d’Orléans. La « volonté originelle6 » instigatrice de cette fondation appartient donc à Charles VI qui souhaite que son frère, devenu duc d’Orléans, ait désormais un Hôtel distinct du sien7. Toutefois, la date de 1392 ne marque pas pour autant la naissance ex nihilo de la Maison des d’Orléans comme le laissent entendre Eugène Jarry8 ou Daniel Poirion9. Sa formation était déjà en cours avant cette date, ainsi qu’en témoignent les nombreux officiers attachés au service exclusif du duc de Touraine dès 1389. Sur les 78 serviteurs alors en fonction auprès de Louis10, seuls 17 d’entre eux, soit 22 %, servent également un autre prince, son frère le roi. Ce chiffre d’un cinquième, véritable pont entre les deux Maisons, se retrouve de façon quasi constante pour l’ensemble du principat de Louis comme en témoigne le tableau ci-dessous :
Tableau 1. Les serviteurs de Louis Ier (effectifs et cumuls de services)
Année |
Total serviteurs |
Serviteurs cumulant |
% cumul |
Autres princes servis |
1379 |
1 |
0 |
0 % |
|
1380 |
1 |
0 |
0 % |
|
1381 |
1 |
0 |
0 % |
|
1382 |
2 |
0 |
0 % |
|
1383 |
2 |
0 |
0 % |
|
1384 |
5 |
1 |
20 % |
Charles VI (1) |
1385 |
5 |
1 |
20 % |
Charles VI (1) |
1386 |
5 |
1 |
20 % |
Charles VI (1) |
1387 |
5 |
1 |
20 % |
Charles VI (1) |
1388 |
14 |
5 |
36 % |
Charles VI (5) |
1389 |
78 |
17 |
22 % |
Charles VI (17) |
1390 |
94 |
21 |
22 % |
Charles VI (21) |
1391 |
95 |
22 |
23 % |
Charles VI (22) |
1392 |
132 |
29 |
22 % |
Charles VI (26), Guy de Châtillon (2), Philippe le Hardi (1) |
1393 |
161 |
29 |
18 % |
Charles VI (28), Philippe le Hardi (1) |
1394 |
194 |
39 |
20 % |
Charles VI (38), Philippe le Hardi (1) |
1395 |
209 |
46 |
22 % |
Charles VI (44), Jean de Berry (1), Philippe le Hardi (1) |
1396 |
243 |
51 |
21 % |
Charles VI (49), Jean de Berry (1), Philippe le Hardi (1) |
1397 |
208 |
45 |
22 % |
Charles VI (43), Jean de Berry (2) |
1398 |
232 |
46 |
20 % |
Charles VI (43), Jean de Berry (2), Wenceslas de Luxembourg (1) |
1399 |
186 |
42 |
23 % |
Charles VI (40), Jean de Berry (1), Wenceslas de Luxembourg (1) |
1400 |
180 |
38 |
21 % |
Charles VI (35), Jean de Berry (1), Louis de Guyenne (1), Wenceslas de Luxembourg (1) |
1401 |
202 |
41 |
20 % |
Charles VI (38), Jean de Berry (1), Louis de Guyenne (1), Philippe le Hardi (1) |
1402 |
189 |
39 |
21 % |
Charles VI (37), Jean de Berry (1), Louis de Guyenne (1) |
1403 |
331 |
55 |
17 % |
Charles VI (52), Jean de Berry (2), Louis de Guyenne (1) |
1404 |
308 |
53 |
17 % |
Charles VI (51), Jean de Berry (1), Louis de Guyenne (1) |
1405 |
260 |
49 |
19 % |
Charles VI (48), Louis de Guyenne (1) |
1406 |
129 |
41 |
32 % |
Charles VI (40), Louis de Guyenne (1) |
1407 |
153 |
35 |
23 % |
Charles VI (34), Louis de Guyenne (1) |
- 11 Cf. à leur sujet les travaux de J. B. Henneman, « Who were the Marmousets ? » et Olivier de Clisso (...)
- 12 F. Autrand, Charles VI..., p. 194.
- 13 Ibid., p. 195.
- 14 R. Gazelles, La Société politique..., p. 272.
- 15 On compte alors 160 nouveaux officiers en 1403 et 80 en 1404 (parmi eux, certains servaient déjà l (...)
- 16 C. Ribéra-Pervillé, « Les hôtels parisiens... », p. 29-30.
4Seules les années 1388 et 1406 font figure d’exception : un tiers des officiers du duc d’Orléans sont alors également au service de Charles VI. Il est facile d’expliquer un tel chiffre. Le 3 novembre 1388, Charles VI congédie ses oncles et rappelle au pouvoir les Marmousets11. Afin de faciliter la mise en place de leur programme politique, ces anciens conseillers de Charles V ont comme souci premier de peupler l’administration royale d’hommes entièrement dévoués à leur cause. Et si Louis de Bourbon incarne à leurs yeux « un nouveau modèle de prince »12, Louis Ier porte quant à lui « les promesses de l’avenir »13 : ils voient en lui celui qui les aidera à mettre en œuvre leur programme de réformes de l’État. Tout aussi important que pour l'Hôtel royal s’avère donc la constitution de son entourage : il leur faut noyauter la Maison du duc en y plaçant des hommes sûrs, partageant leurs convictions. Pour ce faire, ils font appel à des individus aussi expérimentés que Jean Prunelé*, Guillaume de Braquemont* ou Jean de Trie*, tous membres de familles où « il est de tradition de servir la monarchie de père en fils ou d’oncle en neveu »14. Rapidement, les nouveaux venus savent se gagner la confiance du duc, lequel les gratifie des principaux postes clefs de son duché. Ils s’intègrent au noyau des premiers serviteurs exclusifs de l’ancien comte de Valois – tels Philippe de Florigny* ou Jean de Garencières* –, eux-mêmes de fidèles serviteurs de la royauté maintenus en leur poste. Davantage que 1392, les années 1388-1389 semblent par conséquent marquer un véritable tournant avec la constitution d’un Hôtel, certes encore informel, au service du premier duc d’Orléans-Valois. Une part importante des serviteurs ducaux a d’ailleurs été recrutée à ces dates-neuf font leur première apparition en 1388 et 68 en 1389, chiffre qui ne sera dépassé qu’à l’occasion bien particulière du voyage de Lombardie15 – et deux bâtiments peuvent les accueillir, à savoir l’hôtel de Bohême, offert par le roi, et celui de Chaillot, acquis par le duc dès juin 138916. À la même époque, le système de paiement commence à se mettre en place avec Jean Poulain au poste de trésorier général, et Guy Filleul à celui de maître de la Chambre aux deniers.
- 17 Voir M. Nordberg, Les Ducs et la royauté..., p. 215-224.
5En 1406, l’Hôtel de Louis Ier est à son apogée et le frère du roi contrôle totalement le gouvernement. Un mouvement contraire à celui de 1388 s’instaure alors. Ce ne sont plus les serviteurs royaux qui viennent noyauter la Maison ducale, mais l’inverse. Louis Ier détient un ascendant tel sur son frère qu’il lui est désormais possible de peupler de ses serviteurs l’Hôtel royal – de même que différents autres organismes décisionnels tel que le conseil17 – et ainsi, de mieux contrôler les affaires du royaume. Son meurtre l’année suivante remet tout en cause.
L'Hôtel privé de son chef
- 18 Un tel cas de figure a déjà été étudié par A. Leguai, De la seigneurie à l’État..., dans le chapit (...)
- 19 R. de Maulde-La-Clavière consacre un long développement à cet épisode dans son Histoire de Louis X (...)
6Par deux fois, l’Hôtel des ducs d’Orléans dut faire face à une situation, sinon exceptionnelle18, du moins fâcheuse car elle remettait en cause sa raison d’être : l’absence de prince à sa tête. À la captivité anglaise de Charles (1415-1440) répond la captivité française de Louis II (1488-1491). Si le premier épisode est connu, le second l’est beaucoup moins. Une brève remise en contexte s’impose donc. À sa mort, Louis XI laisse pour héritier un enfant encore mineur. La lutte s’engage alors entre les princes d’un côté, et les Beaujeu de l’autre. Louis II, qui n’a pu obtenir que les questions de la régence et de la composition du conseil soient tranchées en sa faveur par les États généraux de 1484, se lance aux côtés de François II dans la guerre de Bretagne19. Fait prisonnier par les troupes royales lors de la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier le 28 juillet 1488, il demeure captif jusqu’en juin 1491. Tout comme en 1415, la question du devenir de l’Hôtel se pose à nouveau. Mon propos consistera à dégager les similitudes et les différences entre ces deux moments clefs de la vie de l’Hôtel.
- 20 Caen, Mancel, ms. 10 : 124.
- 21 BNF, PO 2162 : 905.
- 22 Pour l’année commençant le 1er octobre 1483 et finissant le 30 septembre 1484 [BNF, PO 2162 : 829- (...)
- 23 R. de Maulde-La-Clavière, Histoire de Louis XII..., II, p. 232.
- 24 Somme reçue par Antoine d’Ast, Guillaume Chefdeville, Guillaume Rouce, Jean Hardy et Pierre Huraul (...)
- 25 Tel est le cas de Chrespien Lucas depuis le dernier trimestre de l’an 1484 [Caen, Mancel, ms. 10 : (...)
- 26 Cf. n. 21.
- 27 Caen, Mancel, ms. 10 : 95.
- 28 Caen, Mancel, ms. 10 : 107.
- 29 Caen, Mancel, ms. 10 : 134.
- 30 Cf. n. 20.
- 31 R. de Maulde-La-Clavière, Histoire de Louis XII..., II, p. 273.
- 32 Cf. n. 21.
- 33 Liste nominative identique à deux exceptions près à celle de 1486.
- 34 Il s’agit de Colinet Wasse, Gilles Des Ormes, Guyot de La Mare, Piètre André et Robert de Framezel (...)
7De prime abord, on pourrait penser que la captivité plus courte de Louis II en rend l’étude plus facile. Or, tel n’est pas le cas. La méconnaissance de la période et la raréfaction des sources pour les d’Orléans nous plonge dans une obscurité quasi totale pour ces trois années. Dès lors, il faut tenter d’interpréter des silences. Ainsi, comment expliquer l’absence de listes de gages entre mars 148720 et octobre 149121, alors qu’elles nous sont parvenues pour les années précédentes22 ? La disparition de la Maison ducale paraît peu probable, de même que peu convaincante l’hypothèse avancée par René de Maulde-La-Clavière selon lequel, malgré l’absence de revenus ou de profits, les gens de la Maison du duc n’auraient pas fait défection23. Certes, une telle fidélité peut se concevoir de la part d’un officier assez fortuné pour attendre le retour du chef de Maison – encore qu’un attachement trop marqué à la cause orléanaise risquait, durant cette période, de lui faire perdre les offices occupés au sein de l’administration royale –, mais comment un valet d’étable qui, en temps normal, perçoit 11 livres 5 sous tournois par trimestre peut-il s’en sortir24 ? Et que dire d’un valet de fourrière appointé 60 sous tournois par quartier d’an25 ? La plupart auront dû monnayer leur service ailleurs, auprès d’un autre prince, car leurs noms ne figurent plus sur la liste de la fin 149126. Une réduction des effectifs au cours de ces trois ans est donc plus que probable, d’autant que l’Hôtel se retrouvait livré à lui-même, Louis II ne disposant d’aucun frère pour diriger sa Maison (quant à son épouse, Jeanne de France, il ne voulait même pas en entendre parler). Seule la comparaison des listes de serviteurs gagés avant et après la période d’emprisonnement peut permettre de mieux mesurer les effets sur l’Hôtel de l’absence de son chef et de s’assurer de la véracité des conjectures avancées. Sur un plan strictement quantitatif, les chiffres sont on ne peut plus parlants : 111 lors du dernier trimestre 148427, 117 les trois derniers mois de l’an 148528, à nouveau 117 lors du troisième trimestre 148629, 116 le premier trimestre de l’année suivante30, le nombre d’officiers ducaux se singularise par sa constance avant la captivité du prince avec un personnel quasi identique d’une liste à l’autre. Qu’en est-il après trois ans d’absence ? Doit-on suivre René de Maulde-La-Clavière lorsqu’il affirme que « dès la fin de 1491, nous retrouvons sa Maison au grand complet »31 ? Pour étonnant que cela soit, tel est effectivement le cas : l’Hôtel de Louis II compte 125 officiers lors du dernier quart d’an 149132, soit 8 % de plus par rapport à 1487 ! Il aura fallu seulement quelques mois au duc pour reconstituer sa Maison, preuve qu’en son absence, celle-ci n’avait pas totalement disparu. Toutefois, ce que Maulde-La-Clavière ne nous dit pas, c’est que cette Maison est fort différente de celle qui entourait le prince avant sa détention. Sur les 125 officiers en exercice à son retour, seuls 61 étaient déjà en poste en 148733, ce qui signifie le renouvellement à plus de 50 % de l’Hôtel. Tous les offices sont représentés parmi les 64 “nouveaux” (on dénombre uniquement cinq individus ayant déjà servi la Maison d’Orléans au préalable34,) des moins bien rémunérés aux mieux gagés. C’est ainsi que le corps des chambellans se trouve renouvelé dans sa grande majorité :
- 36 Seuls Guillaume Chefdeville et Guillaume Rouce figurent sur la liste de 1491 [BNF, PO 2162 : 905]. (...)
- 37 Il s’agit de Charles de Rochechouart, Gilbert Bertrand*, Giresme de Mallebaille et Macé de Villebr (...)
8Si, comme on avait pu le pressentir plus haut, la question financière explique la disparition des plus petits36, il y a de fortes chances pour que l’enjeu politique ait fait fuir les personnalités les plus importantes, préoccupées par leur carrière. Le retour en grâce de Louis II auprès de Charles VIII suscite l’adhésion d’hommes nouveaux, eux aussi soucieux de leur réussite sociale. À leur côté, on trouve les fidèles, ceux qui ont su attendre le retour de leur maître. La plupart (93 %) se voient reconduits dans leur office tandis que quelques élus (7 %) sont promus à un office plus important37. Au total, un Hôtel rapidement opérationnel, et cela grâce à deux facteurs : sa survie en l’absence de chef ; son redémarrage effectif peu de temps après la libération de Louis II (les défections apparues dans les différents départements sont comblées grâce à un recrutement efficace). En comparaison, la longue détention de Charles, de surcroît en terre étrangère, rendit les choses bien plus difficiles.
- 38 Rien avant 1415, et une première liste de gages mensuels neuf ans après le retour de Charles en Fr (...)
- 39 Une grande partie se trouve conservée à la British Library de Londres : il s’agit de l’importante (...)
- 40 Cf. l’état des sources et ce qui a déjà été dit à ce sujet en introduction.
- 41 G. Dupont-Ferrier, « La captivité de Jean d'Orléans... ».
- 42 P. Champion, Vie de Charles d’Orléans..., p. 178.
- 43 « Quant à Philippe de Vertus c’est lui qui, après la prise de Charles d’Orléans, conduisit toutes (...)
- 44 En attestent les nombreux mandements où le comte de Vertus apparaît comme relais du duc. Ainsi, le (...)
- 45 Cf. PO Vertus au Cabinet des titres de la BNF.
- 46 Après pointage, je n’ai retrouvé au service de Philippe qu’un seul écuyer tranchant précédemment a (...)
- 47 Charles de Giresmes*, François de Grignaulx*, François de L’Hôpital*, Jacques de Montenay*, Maness (...)
- 48 BNF, nouv. acq. fr. 3642 : 743.
9Les sources qui permettent l’étude du devenir de l’Hôtel de Charles pendant sa réclusion outre-Manche sont fort différentes de celles exploitées précédemment. Pas de listes comme sous Louis II38, mais des documents individuels39, certes en petit nombre40, mais suffisamment éloquents pour lever une partie du voile qui recouvre le quart de siècle séparant Azincourt de Gravelines. Comme pour le principat de Louis II, un premier constat s’impose : l’absence de parent pour assurer la permanence de l’Hôtel ducal. Côté masculin, les deux frères légitimes de Charles s’avèrent l’un et l’autre dans l’incapacité d’assurer l’intérim : à la suite du traité de Buzançais, le benjamin, Jean d’Angoulême, sert d’otage en Angleterre depuis 141241 ; quant au successeur potentiel de Charles, Philippe, comte de Vertus, il est terrassé par la maladie le 26 novembre 142042. Promu au rang de chef de famille de 1415 à 142043, principal animateur du conseil ducal durant cette période44, il ne remplace pas pour autant Charles à la tête de son Hôtel. Philippe possédait sa propre Maison45 et n’avait que faire des serviteurs de son frère emprisonné46. Seule une poignée d’entre eux vint grossir les rangs de ses officiers. On ne sera pas surpris de constater qu’il s’agit de ceux dont Philippe avait le plus grand besoin à ses côtés pour l’épauler dans la direction des affaires laissées en suspens, à savoir les chambellans de son frère. Néanmoins, la plupart conservèrent leur fidélité au seul duc : sur les 18 chambellans continuant à déclarer être au service de Charles entre octobre 1415 et novembre 1420, ils ne sont que six47, soit le tiers, à faire figurer dans leur titulature l’appartenance aux deux Hôtels. Ainsi, François de Grignaulx* qui, en janvier 1420, s’intitule « chambellan de monseigneur le duc d’Orleans et de monseigneur le conte de Vertus, son frere »48. La raison de ces ralliements – n’intervenant pas avant 1418, une rapide remise en liberté de Charles étant désormais exclue – est double : fidélité à la cause orléanaise pour ce qui est des officiers ; besoin de leurs conseils pour ce qui est de Philippe. L’exemple de François de L’Hôpital* est en cela significatif. Le 18 mars 1418, Charles enjoint depuis Londres à son trésorier général Pierre Rénier de prendre les dispositions suivantes :
- 49 Ainsi en avril 1418 lors des pourparlers engagés à Montereau-Fault-Yonne pour un rapprochement ave (...)
- 50 ADL, 6J8 : 168.
« Comme nous avons fait depuis nostre prise certaines ordonnances et restrictions entre lesquelles avons ordonné que vous ne payez aucunes pensions a personne quelle qu’elle soit, se non a aucuns que par noz instructions avons reservez, et il soit ainsi que nostre tres chier et tres amé frere le conte de Vertus aprés son retour de Lombardie, ou mois de septembre derrenierement passé, ait mandé venir devers lui nostre amé et feal conseiller et chambellan, messire François de L’Ospital, seigneur de Soisy ou Loge, pour nous servir en sa compaignie et le conseillier pour noz affaires et besoignes, tant en ce qui a touché et touche la provision et garde de noz pais d’Orleans et de Blois veu les ennemis qui toute la saison ont esté et sont entour noz diz païs ou nostre dit conseiller a vacqué continuelment a grans frais et despens, comme en autres choses ou nostre dit frere l’a voulu emploier49 sanz ce qu’il ait de nous eu aucuns gaiges ou pension. Savoir vous faisons que nous, les choses dessus dictes considerees, et que le plaisir de nostre dit frere est d’estre servy et accompaigné de nostre dit conseiller mesmement pour noz affaires et besongnes dessus dictes [...], avons voulu et ordonné, voulons et ordonnons par ces presentes que nostre dit conseiller ad ce que mieulx il puisse continuer et demourer en nostre service en la compaignie de nostre dit frere ait et preigne sa pension de cinq cens livres tournois par an que par noz autres lettres lui avons pieça ordonné a avoir et prendre par votre main des deniers de noz finances a commancer du premier jour d’octobre derrenierement passé et d’illecques en avant chascun an [...] tant comme il nous plaira » 50.
- 51 Le 4 novembre 1413, il rendait quittance de 277 livres, 7 sous, 9 deniers tournois dus pour sa pen (...)
- 52 Le trésor était à sec et Charles dut recourir à de nombreux expédients afin de faire face aux diff (...)
10Et de fait, François de L’Hôpital* perçoit de nouveau la pension de 500 livres tournois qu’il touchait avant la capture de Charles51. Cela fait de lui l’un des rares privilégiés à avoir obtenu du duc un passe-droit lui permettant d’échapper à la décision prise par le captif le 29 novembre 1415. Face à une situation financière désespérée52, la première mesure de Charles, une fois arrivé à Londres, avait en effet consisté à suspendre tous les gages et pensions de ses gens :
- 53 BL, Add. Ch. 3472.
« Que riens n’en soit paié pour ceste annee presente commençant a la feste saint Remy derrenier passee et oultre, que riens ne soit paié des arrerages ou restes qui sont deuz du temps passé a nos dictes gens et serviteurs a cause de leurs diz gaiges ou pensions ne autrement »53.
- 54 D’autres cessations de paiement sont par ailleurs attestées. En 1438, Charles, pour pouvoir se ren (...)
- 55 Ibid., I, p. 38.
11Il semblerait que la résolution prise à l’origine pour une seule année ait été reconduite, l’acte émis en faveur de François de L’Hôpital* datant de 141854. Parmi ceux qui échappèrent à cette cessation de paiement, on compte seulement les membres de la famille ducale55 ainsi que les principaux serviteurs de l’Hôtel, tel Pierre Rénier qui, de par sa fonction, ne pouvait demeurer impayé :
- 56 BL, Add. Ch. 3472.
« Nous, considerans la grant charge et sollicitude que nostre amé et feal tresorier general Pierre Renier a et aura de la recepte generale de toutes noz finances et de la poursuite et gouvernement d’icelles et les fraiz, despens qu’en ce lui conviendra fere et soustenir, laquelle charge il ne pourroit faire ne supporter sans estre paiez de ses gaiges et pension [...] avons voulu et ordonné, voulons et ordonnons par ces presentes qu’il ait et preigne des deniers de nos dictes finances ses diz gaiges et pension pour ceste dicte presente annee et pour les autres subsequens tant qu’il aura ladicte charge »56.
- 57 Le 22 octobre 1419, il apparaît pour la première fois « conseiller, chambellan et mareschal du duc (...)
12Mais aussi Pierre de Mornay*, devenu le bras droit du comte de Vertus, tout en restant attaché à Charles57. Une liste précise des bénéficiaires de ces passe-droits ne peut malheureusement être dressée car les exemptions ducales à l’ordonnance de non-paiement des gages étaient prises au coup par coup et tous les mandements ne nous sont pas parvenus. Il va sans dire qu’une telle mesure dut décider plus d’un officier à quitter l’Hôtel et à partir chercher fortune ailleurs. Le graphique établi pour les années de captivité s’avère riche d’enseignements [voir graphique 1 page suivante].
- 58 Ainsi, le 3 mai 1436 : « De par le duc d’Orleans, nostre amé et feal chancelier. Nous avons retenu (...)
13Dès 1416, l’Hôtel se vide de 43 % de ses effectifs, et la baisse ne cesse de se poursuivre jusqu’en 1423. Dès lors, le nombre des serviteurs de Charles restés en France se stabilise autour d’une dizaine de personnes. Le redémarrage n’est sensible qu’à partir de 1435 – plusieurs officiers sont alors recrutés, le plus souvent par le duc en personne58 –, date à laquelle le retour du prince est de plus en plus espéré. À la différence de ce qui a été constaté pour l’Hôtel de Louis II, la reconstitution de celui de Charles s’étend sur plusieurs années et se fait très progressivement : le chiffre de 1415 ne sera pas atteint avant 1450, soit dix ans après le retour du duc. Peut-on encore parler d’Hôtel en France lors de la période de reflux dans les années 1420-1430 ? Et Charles disposait-il en Angleterre d’un semblant d’Hôtel pour le servir ? Faute de sources, cette importante question restera sans réponse.
- 59 M. Douglas, Ainsi pensent..., p. 22.
- 60 Aleaumet de La Motte, en poste depuis 1413, fait sa dernière apparition en janvier 1417 [BNF, PO 2 (...)
14Sans prince à servir, l’Hôtel perd toute raison d’être. La dissolution de celui d’un duc absent vingt-cinq années durant paraît en conséquence des plus logique. Pourtant, l’absence de conservation d’un acte d’une telle importance, ainsi que la présence, certes faible, mais néanmoins constante, d’une dizaine de personnes laisse croire à son maintien. L’étude détaillée des offices pourvus et de ceux disparus durant cette période permet de mieux cerner la physionomie « d’une communauté de petite taille luttant pour sa survie »59. On ne sera pas surpris de constater la disparition des offices domestiques, au premier rang desquels celui de maître d’Hôtel60. Également victimes des réductions d’effectifs, les anciens pages de Charles sont renvoyés dans leurs foyers, comme l’atteste un document signé de la main du duc le 20 janvier 1416. Il y est fait mention de 7 livres tournois baillées dès le 9 novembre 1415 à Louis de Néry, Jean de Chabanes et Sarrazin de Beaufort :
- 61 BL, Add. Ch. 263.
« [...] noz pages ausquelx nous la donnasmes lors par l’advis de nostre conseil pour leur aidier a faire leur despens en eulx en alant lors chascun en son hostel aprés nostre emprisonnement es mains des Anglois, c’est assavoir ausdit de Nery et Chabanes a chacun XL s.t. valent IIII l.t., et audit Sarrazin LX s.t. »61.
15En revanche, les offices politiques ou administratifs, bien que très diminués, n’en demeurent pas moins présents. La chancellerie, en la personne de Guillaume Cousinot, chancelier de 1416 à 1438, et des trois secrétaires toujours en poste (Bernard Vilot, Hugues Perrier et Jean Bonnet), fait véritablement figure de pierre angulaire. De même, la trésorerie générale, avec à sa tête Pierre Rénier (1409-1421) puis Jacques Boucher (1421-1443), ne devait pas disparaître. Il s’agit de deux organismes indispensables à la bonne marche des affaires ducales en France, mais qui ne constituent pas à eux seuls un Hôtel.
- 62 En 1416, Illustrimi Aurelianensis ducis, Francigenarum quoque principum in Anglia cum ipso detento (...)
- 63 Tel Denisot Rogier, queux de son état, que Ton trouve auprès de Charles en 1417 [BNF, PO 2527 : 4] (...)
- 64 C’est le cas de Guillemin Broussin, barbier [BNF, ms. fr. 6538 : 50], Hance de Coulongne, sommelie (...)
16Si Hôtel il y a, c’est plutôt outre-Manche qu’il se trouve, là où est désormais le prince. Pour assurer son service, Charles fait venir auprès de lui quelques-uns de ses serviteurs – et non un seul comme le laisse entendre Michel Pintoin qui cherche à apitoyer son lecteur62 –, certains temporairement63, d’autres définitivement64. La plupart sont recrutés lors des premières années de captivité tel Didier Naudet, chapelain ducal, qui rend quittance le 7 novembre 1415 de 20 livres tournois pour, dit-il :
- 65 BNF, ms.fr. 6538 :51.
« Un voyage que je foiz presentement en la compaignie de Jehan Le Mercier par l’ordonnance de maistres Guillaume Cousinot, chancelier, Nicole Le Dur et Robert de Tuillieres, conseilliers de mondit seigneur, de la ville d’Orleans ou pays d’Angleterre par devers mondit seigneur estant illec prisonnier es mains des Anglois pour servir mondit seigneur le duc oudit pays d’Angleterre »65.
- 66 Grâce aux sauf-conduits qu’ils obtinrent, Denisot Rogier, Guillaume Cousinot, Hue de Saint-Mars*, (...)
- 67 P. Champion, Vie de Charles d’Orléans..., p. 155 et suiv.
- 68 J. Thibault, Orléans à la fin du Moyen Âge..., p. 436.
- 69 Le 23 mai 1421, Charles mande ainsi que soient acquittées 25 livres tournois à Jean de Moucy « en (...)
- 70 Certains documents sont rédigés directement en Angleterre comme l’attestent les émargements suivan (...)
- 71 B. Quilliet, Louis XII..., p. 119-120.
17N’allons pas imaginer pour autant que le duc fut entouré d’une suite fastueuse. Le personnel français à son service – on ne sait rien d’un éventuel personnel anglais – reste des plus restreint (moins d’une dizaine de gens), et concerne essentiellement le service de l’âme et du corps. En résumé, la période qui court de 1415 à 1440 se singularise doublement : d’une part, un Hôtel français vidé de ses effectifs, dont il ne reste plus que le cadre et les services d’intérêt général ; d’autre part, un ersatz d’Hôtel en terre anglaise qui n’a d’autre finalité que de pourvoir aux besoins de première nécessité du captif. Le lien entre les deux est assuré par quelques fidèles serviteurs du duc66 qui traversent la mer sans relâche pour lui apporter de l’argent67, le tenir au courant de la situation politique française68, et recevoir de lui les ordres qu’il destine à son administration au sujet de ses terres, mais aussi de ses gens69 : d’Angleterre il procède aussi bien aux suspensions de gages qu’aux nominations de ses officiers70. De même, Louis II reçoit des visites comme celle de son médecin, Salomon de Bombelles. Il « pouvait communiquer assez bien avec l’extérieur, en particulier avec certains de ses fidèles, le sire de La Mota, le sire de Vatan, son cousin Dunois, le sire de Lis-Saint-Georges et surtout Georges d’Amboise [...]. Par eux, il se trouvait au courant de tout ce qui se passait à la Cour et entretenait le moral de ses divers partisans »71.
- 72 P. Champion, Vie de Charles d’Orléans..., p. 271, n. 3.
18En l’absence d’hommes, Charles, à l’instar de Louis II, ne pouvait davantage compter sur une présence féminine pour assurer la transition. Sa deuxième épouse, Bonne d’Armagnac, se retira peu après 1415 auprès de sa mère, Bonne de Berry qui « mourut à Carlat, le 30 décembre 1435 [...]. Sa fille, Madame d’Orléans, dut la précéder de bien près »72. L’Hôtel ducal, quoique très diminué, n’en donne pas moins quelques signes de survie, et lorsque le retour du duc devient imminent, les cadres sont toujours là pour relancer l’institution. Néanmoins, il est incontestable que le redémarrage consécutif à une captivité d’un quart de siècle s’avéra plus difficile que dans le cas d’un emprisonnement d’une durée de trois ans. Aussi bien dans le cas de Charles que dans celui de Louis II, on ne peut pourtant conclure à la disparition totale de l’Hôtel en leur absence.
De l'Hôtel princier à l’Hôtel royal
19Ultime temps fort de la vie de l’Hôtel : le passage à l’état royal avec l’intronisation de Louis II. Cousin germain de Charles VIII, premier prince de sang, gendre de Louis XI dont il a épousé la seconde fille, Jeanne de France, il succède sans problème en 1498 au roi défunt. Il est alors âgé de trente-six ans. Son duché, amputé d’une partie laissée pour ses enfants, retourne tout naturellement à la couronne, mais qu’advient-il de son Hôtel ?
- 73 « ...des conseillers intimes de Charles VIII étaient déjà des conseillers de Louis XI [...]. Il y (...)
- 74 Expression utilisée à propos de l’entourage de Philippe VI de Valois par R. Cazelles, La Société p (...)
- 75 Ainsi pour Philippe VI, « les chambellans et les maîtres de l’hôtel du comte de Valois deviendront (...)
- 76 Cf. R. de Maulde-La-Clavière, Histoire de Louis XII..., 2e partie.
20La date de 1498 ayant été dès l’introduction choisie comme terminus ad quem, le dépouillement des sources postérieures n’a pas été effectué. Je me contenterai donc de formuler quelques conjectures à partir de cas semblables et du suivi d’une quinzaine de serviteurs, parmi lesquels six chambellans. À l’exemple de son devancier qui garda à ses côtés les conseillers de son père73, on peut raisonnablement penser qu’une fois devenu roi, le duc d’Orléans a voulu faire profiter ses gens de sa bonne fortune. La promotion de « l’équipe ducale »74 semble des plus logique75, de même que la conservation des plus importants officiers de son prédécesseur dont il voulait ou bien neutraliser l’hostilité à son égard – les garder à ses côtés était encore le meilleur moyen de les surveiller –, ou bien bénéficier de leur savoir antérieurement acquis76. Tout cela conduisit à un subtil panachage mêlant hommes de son cru et anciens serviteurs royaux.
- 77 Reims, Tarbé, cart. VII : 73.
- 78 BNF, PO 2401 : 58 et 67.
- 79 BNF, PO 489 : 28.
- 80 BNF, ms. fr. 6211 : 266.
- 81 Toujours en poste le 7 février 1504 [BNF, PO 3005 : 109].
- 82 Voir R. de Maulde-La-Clavière, Histoire de Louis XII..., 2e partie.
21L’échantillon recueilli permet simplement de poser les premiers jalons d’une étude approfondie, inexistante à ce jour, portant sur la composition exacte de l’Hôtel de Louis XII, tant pour les offices mineurs que pour les plus importants. Ainsi peut-on constater que parmi les six chambellans étudiés toujours en poste après l’avènement de Louis II, quatre obtiennent du nouveau roi un office au sein de l’administration locale : Gilbert Bertrand* devient gouverneur et bailli de Berry77 ; Jean Du Puy*, bailli de Cotentin puis grand maître des eaux et forêts de France78 ; Joachim Brachet*, sénéchal de Rouergue79, et Louis de Hédouville*, bailli de Caux80. Les détenteurs d’offices locaux, tel Macé de Villebresme, maître d’Hôtel, capitaine du château et place de Chambord « prés Blois »81, sont maintenus dans leur office. La volonté du nouveau roi de quadriller l’espace français de ses fidèles est manifeste. L’administration centrale fait également l’objet d’un noyautage méthodique82. De même, il paraît évident qu’aux nouveaux offices octroyés viennent s’ajouter des suppléments de gages ou de pension. Louis devenu roi dispose désormais à son gré du trésor royal : il lui sera inutile de faire comme autrefois sa cour au roi puisqu’il est le roi. L’état actuel de la documentation ne permet malheureusement pas d’aller au-delà de ces quelques remarques faute d’exemples pour les étayer. Elles constituent néanmoins l’ébauche d’une recherche à poursuivre.
- 83 À ce jour, Valentine Visconti n’a fait l’objet que de deux études. La première, d’É. Collas, Valen (...)
22Les périodes de garde ou de tutelle constituent dans la vie de l’Hôtel un autre cas de figure original, une période transitoire qu’il convient de traiter à part. En 1408, à la suite du meurtre de Louis Ier, et de 1465 à 1483, après la mort de Charles, la veuve du défunt eut à diriger les domaines ducaux. Ces deux périodes de curatelle, exercées respectivement par Valentine Visconti et Marie de Clèves sont, à l’exemple des deux duchesses, fort mal connues83. Pourtant, elles méritent d’être étudiées, ne serait-ce que pour répondre à la question suivante : une femme peut-elle assurer la direction d’un Hôtel institué au départ pour un homme ?
L’exercice du pouvoir au féminin
- 84 P. Contamine, « Présentation », dans Autour de Marguerite d’Écosse..., p. 14.
- 85 Cf. les accusations portées à l’encontre de Marie de Clèves, dont René de Maulde-La-Clavière se fa (...)
- 86 Histoire des femmes en Occident. IL Le Moyen Âge, C. Klapisch-Zuber dir., Paris, Plon, 1991, p. 92
- 87 M. Jones, « Entre la France et l’Angleterre... », p. 71.
- 88 B. Chevalier, « Marie d’Anjou... », p. 81.
23« Dans la France de la fin du Moyen Âge la méfiance était générale envers l’exercice du pouvoir, notamment politique, par les femmes »84. Les arguments invoqués pour les écarter du gouvernement ne manquent pas : influençables, dénuées de raison, de faible constitution, parfois même volages85, alors que leur position sociale contraignait reines et princesses « à des mœurs irréprochables »86. Par suite, elles sont le plus souvent reléguées dans un rôle d’épouse et de représentation telles Jeanne de Navarre, « qui ne fut jamais un personnage politique de grande importance »87 ou Marie d’Anjou, « personnage politique cantonné par la loi monarchique dans une fonction de pure représentation »88. Doit-on en conclure à l’exclusion des femmes de l’espace public et politique ?
- 89 M. Sommé, Isabelle de Portugal..., p. 42.
- 90 Le Livre de la Cité des dames..., p. 63 et p. 236.
- 91 M. Bubenicek, Quand les femmes gouvernent..., I, p. XI.
- 92 P. Contamine, « Présentation », dans Autour de Marguerite d’Écosse..., p. 16.
- 93 C. Ponsich, « Volande de Bar (1365-1431). Ses liens et réseaux de relations par le sang et l’allia (...)
- 94 P. Contamine, « Présentation », dans Autour de Marguerite d’Écosse..., p. 15.
- 95 M. Sommé, Isabelle de Portugal..., p. 377.
- 96 Ibid., 4e partie.
24Les auteurs masculins de l’époque s’ingénient à le faire croire. Ainsi Georges Chastellain et Olivier de La Marche pour qui rien ni personne ne doit porter préjudice au prince, unique détenteur d’un pouvoir qui ne saurait se partager avec une femme89. Avant eux, Christine de Pizan dans son Livre de la Cité des dames s’était pourtant élevée contre ceux qui considéraient que les femmes n’avaient pas de dispositions pour exercer le pouvoir, citant à l’appui de son propos l’exemple « de beaucoup de femmes illustres qui ont régné par le passé » et celui de certaines de ses contemporaines, dont Valentine Visconti, femme sage et vertueuse entre toutes90. Et de fait, les nouvelles perspectives historiques dont Michelle Bubenicek rend compte dans l’introduction de sa thèse91 témoignent bien que « les dames étaient loin d’être exclues de la sphère du politique »92. Formelle ou informelle, cette intrusion dans un domaine qui leur était a priori interdit pouvait avoir lieu du vivant même de leur conjoint et/ou après sa mort. De la personnalité de l’épouse et du consentement du mari dépendait la part prise aux affaires par la femme et les champs d’intervention concernés. Yolande de Bar, reine d’Aragon, participe aux délibérations du conseil de son époux, Jean Ier93. Sa fille, Yolande d’Anjou, belle-mère de Charles VII, fut de même admise au conseil de son gendre94. Mais l’exemple le plus connu demeure encore celui d’Isabelle de Portugal, qualifiée par ses contemporains d’égale du duc. Philippe le Bon l’associe dès 1430 au gouvernement95 et n’hésite pas à lui déléguer la direction de ses domaines en son absence96. Il y a donc bien un pouvoir au féminin que je me propose d’étudier à travers les personnages de Valentine Visconti et de Marie de Clèves, toutes deux épouses ducales portées tour à tour sur le devant de la scène politique.
Une autonomie toute relative du vivant de leur époux
- 97 B. Chevalier, « Marie d’Anjou... », p. 87.
- 98 B. Chevalier, « Marie d’Anjou... », p. 87 ; M. Jones, « Entre la France et l’Angleterre... », p. 5 (...)
- 99 Comme en 1450, lors du séjour de Marie de Clèves et de Charles d’Orléans à Lyon. Les gages de leur (...)
25Selon l’usage fixé depuis le milieu du xiiie siècle97, reines et duchesses disposent d’un Hôtel distinct de celui de leur princier mari98. Les épouses de Louis Ier et de Charles d’Orléans possèdent ainsi leur propre Maison, réunie à celle du duc à l’occasion des déplacements communs99.
- 100 Accusée d’user de sortilèges sur la personne du roi, quapropter ne inde scandalum oriretur, dominu (...)
- 101 E. Jarry, La Vie politique..., p. 168.
- 102 L. Piel, Recherches sur l’Hôtel de la duchesse d’Orléans...
- 103 BNF, PO 2158 : 584, 587 et 592.
26Eugène Jarry fait remonter au mois d’avril 1396, date du départ forcé de Valentine Visconti de la capitale100, la composition de son Hôtel : « Son Hôtel et sa maison durent être distincts de ceux du duc, retenu pour les affaires du royaume en son hôtel de Paris »101. Difficile pourtant de croire que la duchesse ait dû attendre sept ans après son mariage avec Louis Ier pour se voir constituer un entourage indépendant, alors que toutes les études précédemment citées s’accordent pour faire concorder début de règne et création d’Hôtel. Seule une analyse de l’Hôtel de Valentine permettrait d’infirmer ou de confirmer la supposition avancée par Jarry. De même, rien n’est dit en ce qui concerne la date de création de l’Hôtel de Marie de Clèves dans le mémoire de Laurent Piel qui s’intéresse principalement à l’Hôtel de la duchesse après la mort de son époux102. Le hasard des dépouillements m’a mise en présence de trois listes de gages mensuels de l’Hôtel de la duchesse pour la seule année 1449103. Je livre ici celle du mois d’octobre (les deux autres comportent le même nombre et les mêmes noms d’officiers) :
Tableau 3. Les serviteurs de Marie de Clèves (1449)
Nom |
Prénom |
Nature de l’office |
Adam |
serviteur |
|
Bernard |
palefrenier |
|
Colin |
valet de pied |
|
Guillemin |
charretier |
|
Guillot |
charretier |
|
Michau |
valet de pied |
|
Olivier |
charretier |
|
Arbonville |
Charles d’ |
serviteur (chambellan) |
Belin |
Thénot |
maître des garnisons |
Biscaye |
valet d’étable |
|
Blargis |
Robinet de |
écuyer d’écurie |
Courtault |
serviteur |
|
Des Beufs |
Jean |
serviteur |
Du Pray |
Gauvain |
serviteur |
Gousset |
Andriet |
serviteur |
Hoguet |
Simon |
serviteur |
Le Bisque |
Arnould |
serviteur |
Le Queux |
Jean |
serviteur |
Mauvoisin |
Perceval |
serviteur |
Millet |
Adam |
valet d’étable |
Monceau |
Guillaume de |
panetier ? |
Montault |
Denis de |
serviteur |
Pocaire |
Richard |
maître d’Hôtel |
Viart |
Jean |
serviteur |
J’ai pris le parti de faire figurer la mention de “serviteur” lorsque la nature exacte de l’office n’était pas indiquée dans la liste initiale.
27Une telle liste confirme l’idée que les Hôtels féminins sont majoritairement peuplés par des hommes. Les femmes n’en étaient pas pour autant exclues comme en témoigne cet extrait de la Lettre d’Eustace, en regraciant Madame d'Orliens par balade adressée à Valentine Visconti :
- 104 Eustache Deschamps, Œuvres complètes, VII, ball. 1344, p. 122 (v. 13-15).
Et qui avez maint homme et mainte femme
De noble lieu, noble gouvernement.
Qui vous servent bien et diligement104,
- 105 É. Gonzalez, « L’officier, sa femme et le duc... ».
- 106 Successivement, pour Valentine Visconti, Gilles Malet, Jean Mauvoisin et Guillaume de Senlis ; pou (...)
- 107 De même pour Isabelle de Portugal dont « l’Hôtel a été constitué en partie par des officiers sorti (...)
28ou encore quantité de documents comptables qui font état de présence féminine à des degrés divers. Cela va des « gouverneresses » d’enfants princiers aux « chambellanes », en passant pas les nombreuses dames et demoiselles d’honneur. Celles-ci étaient fréquemment des épouses d’officiers du duc, qui assuraient le lien entre les deux Hôtels105. Il n’en reste pas moins que les fonctions les plus importantes demeuraient du ressort de la gent masculine. Le maître d’Hôtel était un homme106, tout comme les gens de finance dont dépendait la bonne marche de l’institution. À l’image de l’Hôtel du duc, celui de la duchesse comprenait une organisation financière propre, avec à sa tête un receveur des finances et un maître de la Chambre aux deniers chargé de gager les officiers en service. Cette autonomie domestique apparente était de fait fictive : l’argent provenait des caisses ducales, les dépenses étaient soumises au contrôle de la Chambre des comptes du prince, et la plupart des officiers de la duchesse étaient nommés par son mari.107
- 108 La dot de Valentine se composait de 450 000 florins et d’un important trousseau constitué notammen (...)
- 109 E. Jarry, La Vie politique..., p. 51. De nombreuses quittances de ces versements nous sont parvenu (...)
- 110 Pierre Poquet, receveur des finances de Valentine Visconti, rend quittance le 22 octobre 1397 de 7 (...)
29En effet, si Valentine Visconti et Marie de Clèves avaient été richement dotées à l’occasion de leur mariage108, elles ne disposaient d’aucun capital personnel et vivaient dans une totale dépendance financière. Pour « faire ses plaisirs et volentez », Valentine recevait de Jean Poulain une pension mensuelle de 200 francs d’or depuis septembre 1389, date du départ de Louis Ier pour le voyage de Languedoc109. Ses gens de finances ne s’acquittaient du paiement des serviteurs de son Hôtel qu’après avoir touché du duc l’argent nécessaire110, et les dons qu’elle effectuait étaient payés par le trésorier ducal ; le 12 avril 1396, par exemple, Louis ordonnait à Jean Poulain de verser 796 francs, 11 sous et 9 deniers tournois à Jean Tarenne :
- 111 BL, Add. Ch. 2983.
« [...] pour les parties des joyaulx d’or et d’argent que nostre tres chier et amé compaigne la duchesse a fait prandre et acheter de lui pour donner aux personnes et par la maniere qui s’ensuit aux estraines derrenierement passees »111.
- 112 BL, Add. Ch. 2462.
- 113 BNF, PO 2306 :5.
30La situation ne semble guère avoir changé sous Marie de Clèves. Benoîtin Damien, argentier de Charles, rembourse le 28 décembre 1452 à Michel Travers, valet de chambre de la duchesse d’Orléans, les dettes contractées par la princesse pour certaines offrandes (paire de patins, épingles, boucles de galoches)112, et l’on voit Richard Pocaire, « maistre d’ostel de monseigneur le duc d’Orleans, de Milan, et de madame la duchesse »113, signer un rôle de parchemin :
- 114 AN, KK 270, fi 8v.
« [...] pour les gaiges ordinaires des gens, officiers et serviteurs de madame la duchesse pour ledit mois de juillet mil CCCC XLVIII montant a la somme de IIc LXIII livres VII sous VI deniers tournois dont a eulx paiez par l’ordonnance et commandement de mesdits seigneur et dame »114.
- 115 Par exemple, Jean de Villiers dit Sauvage* « retenu chevalier d’onneur de madame la duchesse [...] (...)
- 116 Ordonnances des roys de France..., IX, p. 683.
- 117 On observe le même phénomène en Bretagne par exemple : « Une analyse détaillée du personnel [...] (...)
31Le duc ne se contentait pas de régler les gages du personnel au service de sa femme. S’il lui laissait le loisir de désigner femmes de chambres, nourrices ou servantes, il se réservait la désignation des détenteurs des principaux offices115. La part de liberté laissée à la duchesse dans le choix était plus ou moins grande en fonction de sa personnalité et de la nature de l’office. Cette pratique est érigée au rang de loi par Charles VI en 1412 pour l’Hôtel de la reine : « Les officiers, serviteurs et familliers d’icelle nostre compaigne, sont principalement a nous, et par nous retenuz et mis en son hostel et service »116. Quelques officiers cumulent service du prince et service de son épouse117, mais ils sont rares : 13 sous Louis Ier, soit à peine 2 % des effectifs ducaux, et 19 sous Charles, soit 6 %. Citons le cas de Pierre de Vaulx :
- 118 Caen, Mancel, ms. 11 : 98.
« Pour le bon rapport et tesmoingnage qui nous [Louis Ier] a esté fait de la souffisance, loyaulté et bonne diligence de maistre Pierre de Vaulx, maistre es ars et en medecine, ycelui avons retenu et retenons par ces presentes phisicien de nous et de nostre dicte compaigne pour servir oudit office devers elle pour et ou lieu de maistre Pierre d’Arech aux gaiges, drois, profis, livroisons et emolumens acoustumez samblables [...]· Si vous mandons et a chascun de vous ainsi que lui appartendra que ceste presente retenue vous faites registrer es livres et registres de ladicte chambre aux deniers avecques celles des autres officiers de nostre dicte compaigne et des gaiges, drois, profis, livroisons et emolumens dessus diz souffrez et laissiez paisiblement joïr et user ledit maistre Pierre de Vaulz receu de lui le serment acoustumé118.
32À leur mort, Louis Ier et Charles d’Orléans laissent pour veuves deux femmes au savoir politique limité. Le jeune âge de l’héritier ducal est l’occasion pour elles de faire l’expérience du pouvoir.
Assurer la transition après sa mort
- 119 M. Bubenicek, Quand les femmes gouvernent..., I, p. XI.
33Dans son étude consacrée à Yolande de Flandre, Michelle Bubenicek constate que « le “pouvoir féminin” passe souvent par l’exercice d’une régence et du bail d’enfants mineurs »119, confirmant par là même les liens entre pouvoir et parenté. Les exemples de Valentine Visconti et de Marie de Clèves corroborent cette affirmation, même s’ils diffèrent par bien des points.
- 120 F. Autrand, « Pouvoir et savoir... », p. 17.
- 121 Enguerrand de Monstrelet, Chronique, t. 1, p. 165, 267 et 348.
34Alors que l’on peut effectivement parler de tutelle dans le cas de Marie de Clèves (Louis II n’a que deux ans et demi à la mort de son père), le terme de garde convient mieux dans celui de Valentine Visconti. Charles entre dans sa quatorzième année au lendemain du meurtre de Louis Ier et, « si c’était l’âge de la majorité pour un roi de France, pour un prince des fleurs de lys [...], c’était un âge suffisant pour entrer dans le combat politique. Ce jour-là donc, Charles devint duc d’Orléans »120. La titulature de Valentine reflète d’ailleurs bien son statut. Qualifiée de « duchesse d’Orléans doagière » par Enguerrand de Monstrelet121, elle se présente dans les actes émis par sa chancellerie comme :
- 122 BNF, nouv. acq. fr. 3105 : 171. Une titulature similaire désigne Marie de Clèves, « duchesse d’Orl (...)
« Duchesse d’Orliens, contesse de Blois et de Beaumont et dame de Coucy, ayant le bail et gouvernement de nostre tres chier et tres amé aisné filz Charles, duc d’Orleans et de Valoiz, et de noz autres enfans »122
- 123 BNF, ms. fr. 26035, no 4053 ; nouv. acq. fr. 3105 : 174, etc.
35Alors que le terme de gouvernement apparaît de façon constante, celui de « bail » laisse souvent place au terme de « garde »123. À l’annonce de la mort de son mari, le premier souci de Valentine Visconti fut en effet de revendiquer la garde de ses enfants :
- 124 RSD, Chronique, III, livre XXVIII, chap. XXXIII.
Cum insigni deinde comitiva et apparatu funerali veniens Parisius et regem adiens, ad pedes ipsius humiliter se provolvit cum suis liberis, et ut plus ipsum ad pietatem commoveret [dicit]... Addidit et verenda ducissima in calce persuasionis prolixe, ut nepotes proprios tunc presentes sibi sineret educari, donec pubertatis annos attingissent124.
- 125 « La tutelle du jeune Louis aurait fort bien pu revenir à Philippe le Bon, son grand-oncle » [P. C (...)
- 126 Jean Molinet, Chronique...
- 127 « La duchesse était en proie à de très graves sollicitudes financières, et, de ce côté encore, le (...)
36Charles VI accéda à sa demande, de même que Louis XI ne fit aucune difficulté à Marie de Clèves pour lui accorder la tutelle de Louis II125. Et pour cause ! Elle allait lui permettre d’établir à son insu une étroite surveillance sur l’un des principaux duché du royaume. Contrôler Marie de Clèves, c’était contrôler à travers elle le jeune Louis II et les domaines de son ressort. « L’universelle araigne »126 n’avait rien laissé au hasard. Sa mort seule permettra à Louis II de se débarrasser de la tutelle devenue bien encombrante de sa mère, véritable pion entre les mains du roi auquel elle était financièrement redevable127.
- 128 Le 3 juillet 1408, Valentine Visconti ordonne « a nostre amé et feal conseillier messire Jehan Bra (...)
- 129 BNF, nouv. acq. fr. 3643 : 944.
- 130 AN, KK 902, f° I à Xv.
- 131 « En la Chambre des comptes de madame la duchesse d’Orleans a Blois ou estaient messires maistres (...)
37Devenues veuves, les deux duchesses accèdent à l’autonomie financière. Elles ont désormais la haute main sur les finances ducales et délivrent gages et pensions à leurs gens, mais aussi à ceux de leurs enfants. Les officiers de finances de leur défunt mari sont dorénavant attachés à leur personne – tel Jean Poulain, désormais trésorier général de Valentine128 –, et exécutent leurs ordres de paiement de toute nature. Ainsi Règne de Montgomery, échanson de Louis II, qui reçoit en août 1481 80 livres tournois de Louis Ruzé, trésorier de Marie de Clèves, « pour avoir des abillemens pour le jour de mes nopces et aussi en faveur de mon mariage »129. En aval, les lettres qui émanent de la duchesse sont enregistrées par « la Chambre des comptes de madame la duchesse d’Orleans a Blois »130, au personnel composé exclusivement de « conseillers et officiers de madicte dame »131. Pour autant, n’allons pas en conclure que tous les gens du défunt duc passent après sa mort au service de sa veuve.
- 132 « Au moment même où sévit la guerre civile, Christine de Pizan est capable de réclamer le retour à (...)
- 133 Le 19 janvier 1408, « Valentine, duchesse d’Orliens, contesse de Blois et de Beaumont et dame de C (...)
- 134 Voir R. C. Famiglietti, The French Monarchy in Crisis..., vol. 2.
- 135 Se reporter aux fiches biographiques.
38La duchesse n’est pas le duc, et si beaucoup demeurent fidèles à la cause orléanaise en continuant à la servir elle et ses enfants, tous ne font pas figurer leur allégeance dans leur titulature. Le cas est d’autant plus net sous Valentine Visconti. Certes elle a repris le combat de son mari – dans un souci de vengeance comme le laisse entendre la majorité des historiens, ou plus probablement afin de restaurer la paix en obtenant réparation ? les deux ne sont pas incompatibles132 –, certes elle retient à son service d’anciens officiers de « feu nostre tres redoubté seigneur dont Dieux ait fame »133, mais n’oublions pas que Charles est majeur et par conséquent duc en titre. En titre seulement car, durant l’année 1408, le véritable chef de famille n’est autre qu’une femme, en difficulté de surcroît. Certains allèrent tenter leur chance ailleurs (chez le duc de Guyenne notamment134) d’autres attendirent que Charles assure la réalité du pouvoir pour figurer à nouveau dans l’Hôtel ducal135, mais aucun (hormis les gens de finance) ne se rattacha officiellement à sa Maison. Les anciens chambellans de Louis Ier continuèrent à la servir, mais avec le seul titre de chevalier.
- 136 BNF, PO 2159 : 657.
- 137 D'une vingtaine de personnes en 1449 [BNF, PO 2158 : 582, 587 et 592], ils passent à 46 en 1467 [B (...)
39Bien différente apparaît la tutelle de Marie de Clèves. Le très jeune âge du nouveau duc en est la cause principale. La duchesse allait devoir assurer la transition jusqu’à la majorité de son fils, soit durant plus de dix ans. L’Hôtel de Charles disparaît à sa mort, et seul celui de la duchesse se maintient. Il s’avère bien difficile de distinguer les officiers de Charles “récupérés” par la duchesse après 1465, le dernier compte ducal remontant à mars 1456136. Un constat cependant : les effectifs de l’Hôtel de la duchesse doublent, voire quadruplent par rapport à ce qu’ils étaient lors du vivant de son mari137. Parallèlement, Marie de Clèves constitue pour son fils aîné un Hôtel aux effectifs d’abord limités, mais qui ne cessent de croître au fur et à mesure que Louis II avance en âge, tout en restant inférieurs au sien :
- 138 « Après la mort de Charles d’Orléans, Louis XI désigna lui-même, parmi les serviteurs de Marie de (...)
40À la duchesse et mère revient le soin de constituer l’entourage de son fils qu’elle intègre dans les comptes de son propre entourage. Elle désigne ses gens – suivant la plupart du temps les directives de Louis XI138 –, les nomme et les rémunère :
- 139 Le libellé est quasi identique de 1467/01-03 [BNF, PO 2161 : 731] à 1482/07-09 [Caen, Mancel, ms. (...)
« Gaiges paiez par maistre Jaques de Moulins, maistre de la chambre aux deniers de madame la duchesse d’Orleans, de Milan et de Valois, aux gens et officiers d’icelle dame retenuz pour le service d’elle et de messeigneurs ses enffans pour les mois de janvier, fevrier et mars mil CCCC soixante et six »139.
- 140 Par exemple, BNF, nouv. acq. fr. 3643 : 908.
- 141 Les cas contraires sont assez rares, et il s’agit le plus souvent du trésorier.
- 142 BNF, nouv. acq. fr. 3643 : 950.
- 143 BNF, nouv. acq. fr. 3643 : 951.
- 144 Et non son principal ennemi comme le laisse entendre Laurent Piel : « Durant ces dix-huit ans [de (...)
- 145 R. de Maulde-La-Clavière, Histoire de Louis XII..., II, p. 43.
41De même, elle signe de son seul nom, ou de son nom suivi de la mention « Par madame la duchesse en son conseil »140, sans qu’aucun patronyme de membre du conseil ne soit précisé141, tous les actes relevant de l’administration ducale. Cette situation se prolonge jusqu’en 1483, alors que Louis II a depuis sept ans atteint sa majorité. Malgré l’âge de son fils, qui permettait l’émancipation, Marie de Clèves conservait en fait la tutelle, titre et gestion. Jean de Beauvilliers*, « chambellan de monseigneur le duc d’Orleans », rend ainsi quittance en juillet 1483 de 60 livres tournois à Jean Sarre dit Vigneron, trésorier de Marie de Clèves, « pour mes gaiges ou pension du quartier d’avril, may, juing derrenier passé »142. Et puis subitement, alors que la duchesse est toujours en vie et apte à gouverner, les rênes du pouvoir changent de main. Le 10 septembre de la même année, Étienne Enjorrant, conseiller et avocat du duc d’Orléans, rend quittance de 10 livres tournois au même Jean Sarre, désormais qualifié de « conseiller et tresorier de mondit seigneur »143. Entre les deux récépissés, un mois s’est écoulé, un mois marqué par le trépas du roi Louis XL Marie de Clèves perdait son principal soutien144, celui grâce à qui elle avait pu se maintenir aussi longtemps au pouvoir. Dès lors, son fils allait enfin pouvoir gouverner : « Louis nageait dans la joie : il n’était plus question de la tutelle de sa mère. Il prit la direction de la maison et de l’administration »145, et relégua sa mère au château de Chauny où elle mourut peu de temps après.
- 146 Jeanne de Navarre tout comme Isabelle de Portugal restèrent dans les meilleurs termes avec leur fi (...)
- 147 R. de Maulde-La-Clavière, Histoire de Louis XII..., I, p. 314 et suiv.
- 148 B. Quilliet, Louis XII..., p. 59 et p. 73.
42De telles relations conflictuelles entre une mère et son fils demeurent assez rares146. Plutôt que d’invoquer comme sources de conflit la question du douaire147, les rumeurs au sujet du prétendu « dévergondage » de Marie de Clèves et le mariage convenu de Louis II avec « Jeanne la Boiteuse »148, j’ai préféré souligner le rôle joué par Louis XI et la dépendance dans laquelle se trouvait la duchesse à son égard. De même, le basculement financier intervenu en août 1483 a paru des plus révélateur. La prise du pouvoir par Louis II passe par la mainmise sur les finances que de multiples documents comptables individuels et collectifs attestent :
- 149 BNF, PO 2162 : 823-825.
« Roolle des parties et sommes de deniers paiees, baillees et delivrees de l’ordonnance et commandement de monseigneur le duc d’Orleans, de Milan, pour le fait de sa tresorerie durant les mois d’octobre, novembre et decembre mil CCCC quatre vingts et trois par Jaques Hurault, conseiller, tresorier et receveur general des dictes finances aux personnes, pour les causes, et en la maniere qui s’ensuit »149.
- 150 Très beau document dans lequel Louis II confirme un officier avec ses droits et privilèges dans so (...)
43Restent à évaluer les effets sur le personnel ducal des rancoeurs supposées de Louis II envers sa « tres redoubtee dame et mere deschargee dudit bail et gouvernement »150 : dans quelle mesure la dégradation de leurs rapports eutelle des implications sur le recrutement des serviteurs d’un Louis II émancipé ?
Tableau 5. Les officiers de Louis II : les serviteurs de Marie de Clèves reconduits, les laissés pour compte, et les nouvelles recrues
Officiers de Marie de Clèves (1482/07-09) |
Officiers de Louis II d’Orléans (1484/10-12) |
|
Officiers reconduits |
41 (56 %) |
41 (37 %) |
Officiers laissés pour compte |
32 (44 %) |
|
Nouveaux officiers |
70 (63 %) |
|
Total |
73 |
111 |
44Que Louis II ait mis en réforme près de la moitié des serviteurs de sa mère peut s’expliquer de deux façons : le besoin de faire de la place pour ses gens, le désir d’écarter ceux qui s’étaient trop compromis en favorisant le maintien au pouvoir de Marie de Clèves. Les “nouveaux” officiers, parfois d’anciens serviteurs de son père écartés par sa mère (c’est le cas de Philippe de Hédouville* par exemple), apparaissent donc comme numériquement prépondérants. Toutefois, le duc confirme dans leur charge plus d’un tiers des officiers maternels.
***
45Les tutelles de Valentine Visconti et de Marie de Clèves apparaissent bien différentes. Alors que Valentine effectua sa garde assistée de l’ancien conseil ducal, peuplé pour l’essentiel de personnages aussi influents que Guillaume Le Bouteiller* ou Louis de Montjoye*, Marie de Clèves exerça une tutelle plus personnelle que le jeune âge du duc n’explique qu’en partie. Cependant, un trait est commun aux deux : si la femme a le gouvernement de ses enfants, si elle administre les domaines ducaux, elle ne remplace pas pour autant son défunt époux à la tête de son Hôtel. La mort du duc implique la disparition de l’institution.
Notes
1 F. Trombert, « Une reine de quatre ans... », dans Autour de Marguerite d’Écosse..., p. 126.
2 F. Autrand, Charles VI..., p. 37.
3 « Une cédule, datée de Paris, le 30 novembre 1380, et scellée des sceaux des ducs d’Anjou, de Berri, de Bourgogne et de Bourbon, contenait l’article suivant : “Item la garde de la personne du roy et de Monseigneur de Valoys demourra à Monseigneur de Bourgogne et à Monseigneur de Bourbon, et pour ce mettront environ eulz tels officiers comme bon leur semblera, par le gré de nos seigneurs d’Anjou et de Berry” » [E. Jarry, La Vie politique..., p. 19].
4 Hôtel offert par Charles VI à Louis Ier pour que « nostre tres chier et tres amé frere le duc de Tourainne, conte de Valois et de Beaumont-sur-Oise, soit pourveuz de bonne maison pour la demourance de lui et ses gens en nostre ville de Paris qui soit en bon lieu et prés de nostre chastel du Louvre ou nous nous tenons le plus souvent quant nous sommes en nostre dicte ville de Paris, afin que promptement et aisieement il puisse venir devers nous et retourner en son hostel » [AN, K532, n° 17]. Voir également C. Ribéra-Pervillé, « Les hôtels parisiens... », p. 24-29.
5 Voir infra chapitre III.
6 G. Augustins, « Institution », dans Dictionnaire de l’ethnologie..., P. Bonte et M. Izard dir., p. 378.
7 Cf. supra chapitre I.
8 E. Jarry, La Vie politique..., p. 98.
9 D. Poirion, Le Poète et le prince..., p. 35.
10 Tels ces neuf valets de cuisine auxquels le duc fait bailler en juin 45 francs « pour avoir a chascun une robe au feur chascun de V fr. » [BNF, PO 2152 : 75].
11 Cf. à leur sujet les travaux de J. B. Henneman, « Who were the Marmousets ? » et Olivier de Clisson and Political Society in France..., ainsi que le chapitre intitulé « Le temps des Marmousets (Toussaint 1388-août 1392) » dans F. Autrand, Charles VI..., p. 189-203.
12 F. Autrand, Charles VI..., p. 194.
13 Ibid., p. 195.
14 R. Gazelles, La Société politique..., p. 272.
15 On compte alors 160 nouveaux officiers en 1403 et 80 en 1404 (parmi eux, certains servaient déjà le duc ; il ne s’agit alors pas de “nouveaux officiers”, mais d’officiers occupant une charge différente au sein de l’Hôtel ducal).
16 C. Ribéra-Pervillé, « Les hôtels parisiens... », p. 29-30.
17 Voir M. Nordberg, Les Ducs et la royauté..., p. 215-224.
18 Un tel cas de figure a déjà été étudié par A. Leguai, De la seigneurie à l’État..., dans le chapitre intitulé « Le Duché sans son maître » (Jean Ier, duc de Bourbon, est fait prisonnier à Azincourt), et par M.-R. Reynaud, « L’absence du Prince : un problème de gouvernement de la deuxième maison d’Anjou-Provence (ca 1384 - ca 1434) », dans État, société et spiritualité du xie au xxe siècles. Mélanges en l’honneur du professeur René Fédou, Lyon, 1990, p. 49-57.
19 R. de Maulde-La-Clavière consacre un long développement à cet épisode dans son Histoire de Louis XII..., II, p. 164-238 ; voir également Y. Labande-Mailfert, Charles VIII..., p. 65-95.
20 Caen, Mancel, ms. 10 : 124.
21 BNF, PO 2162 : 905.
22 Pour l’année commençant le 1er octobre 1483 et finissant le 30 septembre 1484 [BNF, PO 2162 : 829-830], et pour les mois 1484/10-12 [Caen, Mancel, ms. 10 : 95], 1485/07-09 [Caen, Mancel, ms. 10 : 103-106], 1485/10-12 [Caen, Mancel, ms. 10 : 107], 1486/07-09 [Caen, Mancel, ms. 10 : 134], 1486/10-12 [Caen, Mancel, ms. 10 : 135-136] et 1487/01-03 [Caen, Mancel, ms. 10 : 124].
23 R. de Maulde-La-Clavière, Histoire de Louis XII..., II, p. 232.
24 Somme reçue par Antoine d’Ast, Guillaume Chefdeville, Guillaume Rouce, Jean Hardy et Pierre Hurault pour le premier trimestre de l’année 1487 [Caen, Mancel, ms. 10 : 124].
25 Tel est le cas de Chrespien Lucas depuis le dernier trimestre de l’an 1484 [Caen, Mancel, ms. 10 : 95].
26 Cf. n. 21.
27 Caen, Mancel, ms. 10 : 95.
28 Caen, Mancel, ms. 10 : 107.
29 Caen, Mancel, ms. 10 : 134.
30 Cf. n. 20.
31 R. de Maulde-La-Clavière, Histoire de Louis XII..., II, p. 273.
32 Cf. n. 21.
33 Liste nominative identique à deux exceptions près à celle de 1486.
34 Il s’agit de Colinet Wasse, Gilles Des Ormes, Guyot de La Mare, Piètre André et Robert de Framezelles*.
35 Écuyer d’écurie ducal sans interruption de 1483 à 1487, il est promu chambellan lors de la recomposition de l’Hôtel ducal [BNF, PO 2162 : 905].
36 Seuls Guillaume Chefdeville et Guillaume Rouce figurent sur la liste de 1491 [BNF, PO 2162 : 905]. Leurs trois collègues (cf. supra n. 24) ont quitté l’Hôtel en l’absence du duc. Il en va de même de Chrespien Lucas (cf. supra n. 25).
37 Il s’agit de Charles de Rochechouart, Gilbert Bertrand*, Giresme de Mallebaille et Macé de Villebresme.
38 Rien avant 1415, et une première liste de gages mensuels neuf ans après le retour de Charles en France [BNF, PO 2158 : 581].
39 Une grande partie se trouve conservée à la British Library de Londres : il s’agit de l’importante collection des Additionnai Charters. Les Anglais, très intéressés par leur captif princier, ont racheté de nombreux documents émis par la chancellerie d’Orléans.
40 Cf. l’état des sources et ce qui a déjà été dit à ce sujet en introduction.
41 G. Dupont-Ferrier, « La captivité de Jean d'Orléans... ».
42 P. Champion, Vie de Charles d’Orléans..., p. 178.
43 « Quant à Philippe de Vertus c’est lui qui, après la prise de Charles d’Orléans, conduisit toutes ses affaires et soutint sa querelle » [ibid., p. 178].
44 En attestent les nombreux mandements où le comte de Vertus apparaît comme relais du duc. Ainsi, le 28 mars 1418, un acte de Charles signé « Par monseigneur le duc a la relacion du conseil tenu par monseigneur le conte de Vertus ou vous, maistre Robert de Tuillieres, et autres estoient » [BL, Add. Ch. 274]. À sa mort, son demi-frère Dunois reprend le flambeau.
45 Cf. PO Vertus au Cabinet des titres de la BNF.
46 Après pointage, je n’ai retrouvé au service de Philippe qu’un seul écuyer tranchant précédemment au service de Charles. Il s’agit de Gervaise Achopart.
47 Charles de Giresmes*, François de Grignaulx*, François de L’Hôpital*, Jacques de Montenay*, Manessier Quiéret* et Pierre de Mornay*.
48 BNF, nouv. acq. fr. 3642 : 743.
49 Ainsi en avril 1418 lors des pourparlers engagés à Montereau-Fault-Yonne pour un rapprochement avec le duc de Bourgogne (pour plus de détails, se reporter à la fiche biographique de François de L’Hôpital*).
50 ADL, 6J8 : 168.
51 Le 4 novembre 1413, il rendait quittance de 277 livres, 7 sous, 9 deniers tournois dus pour sa pension annuelle de 500 francs [ADL, 6J8 : 102] ; le 13 juin 1421, il reçoit 200 livres tournois sur les 500 perçues par an [BNF, PO 1531 : 115].
52 Le trésor était à sec et Charles dut recourir à de nombreux expédients afin de faire face aux difficultés financières rencontrées par ses domaines français envahis et mis à mal par les anglo-bourguignons, soutenir ses frais en Angleterre et surtout, tenter de rassembler les sommes exigées par les Anglais pour sa délivrance et celle de son frère. Dans ce but, il ne cessa tout au long de sa captivité de céder une grande partie de ses biens meubles et immeubles. Ainsi, le 17 mars 1427, il donna pouvoir à son chambellan Jean de Rochechouart* d’engager ou de vendre « toutes noz chambres et tappis tant de drap d’or et de soye comme de laine et aussi noz pavillons, couvertures de litz et toute autre maniere de tapicerie » [AN, KK 269, f° I]. En avril 1437, il chargea Dunois avec Hue de Saint-Mars*, Jean Du Refuge, Jean Le Fuzelier et Hugues Perrier, de vendre ou d’engager tous ses biens, sauf la ville d’Orléans et les comtés de Blois et de Périgord [R. de Maulde-La Clavière, Histoire de Louis XII..., I, p. 60], etc.
53 BL, Add. Ch. 3472.
54 D’autres cessations de paiement sont par ailleurs attestées. En 1438, Charles, pour pouvoir se rendre sur le continent afin de négocier la paix, et dans le même temps sa délivrance, a besoin d’argent. Il s’adresse aux officiers de son duché les informant que leur sera retenu un an de leurs gages [R. de Maulde-La Clavière, Histoire de Louis XII..., I, p. 62].
55 Ibid., I, p. 38.
56 BL, Add. Ch. 3472.
57 Le 22 octobre 1419, il apparaît pour la première fois « conseiller, chambellan et mareschal du duc d’Orleans et de monseigneur de Vertus » [BL, Add. Ch. 2446].
58 Ainsi, le 3 mai 1436 : « De par le duc d’Orleans, nostre amé et feal chancelier. Nous avons retenu Thibaud de Lassy pour nostre eschanson ; sy voulons que lui en bailliez noz lettres de retenue soubz nostre grant seel par vertu desquelles il puisse avoir et joïr des droiz, privileges et franchises qui ly appartiennent en la maniere acoustumee. Donné a Londres soubz nostre seing manuel et signet de noz armes le IIIe jour de may l’an mil CCCC trente et six » [BNF, nouv. acq. fr. 20028 : 152]. Les serviteurs nommés par Charles lui ont probablement été recommandés par les officiers centraux restés en France.
59 M. Douglas, Ainsi pensent..., p. 22.
60 Aleaumet de La Motte, en poste depuis 1413, fait sa dernière apparition en janvier 1417 [BNF, PO 2065 : 11]. Son successeur, Renaud Belon, ne reste en poste que de juin 1417 à avril 1419. Après cette date, l’office n’est plus pourvu.
61 BL, Add. Ch. 263.
62 En 1416, Illustrimi Aurelianensis ducis, Francigenarum quoque principum in Anglia cum ipso detentorum abjectissimum statum, [...] singulos solo serviente Gallico opportebat contentari [...], nonnulli ex generosis proavis ducentes originem a jugo redempcionis peccunialis absoluti, repentes solum proprium, retulerunt [RSD, Chronique, VI, livre XXXVII, chap. IX].
63 Tel Denisot Rogier, queux de son état, que Ton trouve auprès de Charles en 1417 [BNF, PO 2527 : 4], puis préposé à faire la navette entre le royaume de France et celui d’Angleterre. Dans une supplique en date de 1450 adressée à Charles, Denisot Rogier met d’ailleurs en avant « les services que continuelment et par long temps il nous a faiz mesmement nous estans prisonnier ou royaume d’Angleterre, esquelx il a emploié la pluspart de son aage, et les dangiers et perilz en quoy il a pour nous exposé sa personne en plusieurs voyaiges ou il a esté par nous envoyé durant le temps des guerres, tant dudit royaume d’Angleterre en ce royaume de France comme ailleurs, et souffert plusieurs paines, prisons et travaulx » [Rouen, Leber 3185].
64 C’est le cas de Guillemin Broussin, barbier [BNF, ms. fr. 6538 : 50], Hance de Coulongne, sommelier et valet de chambre [P. Champion, Vie de Charles d’Orléans..., p. 413], Jacotin Lelong, valet de sommiers [BNF, ms. fr. 6538 : 50], Jacques Le Fuzelier, premier chapelain [ADL, 6J9 : 26], Jacquet Rocheren, chapelain [BNF, PO 2158 : 543], Jean Hardouin, serviteur [BL, Add. Ch. 185], Nicole Ravenel [P. Champion, Vie de Charles d'Orléans..., p. 226, n. 5] et Raoul Mantel, tous deux confesseurs [BNF, PO 2239 : 20].
65 BNF, ms.fr. 6538 :51.
66 Grâce aux sauf-conduits qu’ils obtinrent, Denisot Rogier, Guillaume Cousinot, Hue de Saint-Mars*, Hugues Perrier, Jean Chomery, Jean Le Mercier, Jean de Moucy, Jean de Rochechouart* et Robert de Tuillières purent rendre de fréquentes visites au duc au cours de sa captivité.
67 P. Champion, Vie de Charles d’Orléans..., p. 155 et suiv.
68 J. Thibault, Orléans à la fin du Moyen Âge..., p. 436.
69 Le 23 mai 1421, Charles mande ainsi que soient acquittées 25 livres tournois à Jean de Moucy « en laquelle [somme] nous lui estions tenuz pour un veage par lui fait [...] de Blois a Orleans et d’ilec a Clermont en Auvergne par devers nostre amé et feal chancelier estant ilec lui porter un roule de certains offices et benefices qui estaient nagaires vacquans par nous de nouvel donnez a pluseurs personnes, lequel roule un prestre qui est a nostre amé et feal conseiller et chambellan Minguet de Coutes, escuier, avait apporté d’Angleterre audit lieu de Blois, et pour lui dire certaines choses de bouche de par nous dont nous avions chargé oudit pais d’Angleterre ledit prestre qui icelles avoit dictes et declairees pour les dire a nostre dit chancelier » [BL, Add. Ch. 4347].
70 Certains documents sont rédigés directement en Angleterre comme l’attestent les émargements suivants : mandement de Charles daté de Fodringay, « Par le mandement express de monseigneur le duc », 1421/11/01 [BL, Add. Ch. 303] ; « Donné a Londres en Angleterre le viie jour de juing l’an de grace mil CCCC trente et deux et avoit escript au doulz de la marge de dessoubz, par le mandement express de monseigneur le duc » [ADL, 6J9 : 24] ; « Donné a Londres en Angleterre le xxixe jour d’avril l’an mil CCCC trente et six [signé Charles] » [ADL, 6J9 : 26], etc. D’autres actes émanent du conseil resté en France qui suit les directives que le duc lui a fait parvenir ou prend de son propre chef des décisions ensuite avalisées par Charles. Figure alors la mention : « Par monseigneur le duc a la relacion de vous a ce par lui commis ».
71 B. Quilliet, Louis XII..., p. 119-120.
72 P. Champion, Vie de Charles d’Orléans..., p. 271, n. 3.
73 « ...des conseillers intimes de Charles VIII étaient déjà des conseillers de Louis XI [...]. Il y a donc une continuité du personnel gouvernemental d’un règne à l’autre, comme il y aura continuité entre Charles VIII et son successeur Louis XII » [J. Garrisson, Royauté..., p. 92].
74 Expression utilisée à propos de l’entourage de Philippe VI de Valois par R. Cazelles, La Société politique..., p. 65.
75 Ainsi pour Philippe VI, « les chambellans et les maîtres de l’hôtel du comte de Valois deviendront tout naturellement chambellans et maîtres d’Hôtel du roi de France » [ibid., p. 77].
76 Cf. R. de Maulde-La-Clavière, Histoire de Louis XII..., 2e partie.
77 Reims, Tarbé, cart. VII : 73.
78 BNF, PO 2401 : 58 et 67.
79 BNF, PO 489 : 28.
80 BNF, ms. fr. 6211 : 266.
81 Toujours en poste le 7 février 1504 [BNF, PO 3005 : 109].
82 Voir R. de Maulde-La-Clavière, Histoire de Louis XII..., 2e partie.
83 À ce jour, Valentine Visconti n’a fait l’objet que de deux études. La première, d’É. Collas, Valentine de Milan..., très descriptive et peu critique envers les sources qu’elle utilise, mériterait d’être réactualisée. Quand à la seconde, de C. Bibet, L'Image de Valentine Visconti..., elle ne traite que d’un seul aspect du sujet. Marie de Clèves n’est pas mieux lotie. L’article que lui consacre R. de Maulde-La-Clavière commence à dater, et le mémoire de L. Piel, Recherches sur l’Hôtel de la duchesse d’Orléans... ne répond pas à toutes les interrogations soulevées.
84 P. Contamine, « Présentation », dans Autour de Marguerite d’Écosse..., p. 14.
85 Cf. les accusations portées à l’encontre de Marie de Clèves, dont René de Maulde-La-Clavière se fait l’écho. Il la dépeint comme une femme pieuse, bonne et charitable, mais il rapporte également, sans les dénier formellement, les rumeurs qui circulaient à son sujet, excusant son éventuelle faiblesse par les nombreux problèmes de santé qu’elle connut [« La mère de Louis XII... »].
86 Histoire des femmes en Occident. IL Le Moyen Âge, C. Klapisch-Zuber dir., Paris, Plon, 1991, p. 92.
87 M. Jones, « Entre la France et l’Angleterre... », p. 71.
88 B. Chevalier, « Marie d’Anjou... », p. 81.
89 M. Sommé, Isabelle de Portugal..., p. 42.
90 Le Livre de la Cité des dames..., p. 63 et p. 236.
91 M. Bubenicek, Quand les femmes gouvernent..., I, p. XI.
92 P. Contamine, « Présentation », dans Autour de Marguerite d’Écosse..., p. 16.
93 C. Ponsich, « Volande de Bar (1365-1431). Ses liens et réseaux de relations par le sang et l’alliance », Reines et princesses au Moyen Age. Actes du cinquième colloque international de Montpellier université Paul-Valéry (24-27 novembre 1999), Les Cahiers du CRISIMA, no 5, 2001, vol. I, p. 233-276.
94 P. Contamine, « Présentation », dans Autour de Marguerite d’Écosse..., p. 15.
95 M. Sommé, Isabelle de Portugal..., p. 377.
96 Ibid., 4e partie.
97 B. Chevalier, « Marie d’Anjou... », p. 87.
98 B. Chevalier, « Marie d’Anjou... », p. 87 ; M. Jones, « Entre la France et l’Angleterre... », p. 51 et p. 62 ; J. Kerhervé, L’État breton..., I, p. 226 ; O. Mattéoni, Servir le prince..., p. 148 ; M. Sommé, Isabelle de Portugal..., 3e partie ; M. Thibault, Isabeau de Bavière..., p. 78, et les différentes contributions de Das Frauenzimmer...
99 Comme en 1450, lors du séjour de Marie de Clèves et de Charles d’Orléans à Lyon. Les gages de leurs officiers sont payés « par Jehan Doulcet, maistre de la chambre aux deniers de mondit seigneur, pour ung mois entier, commençant le premier jour d’avril l’an mil CCCC XLIX, et finissant le derrenier jour d’icellui moys mil CCCC cinquante aprés Pasques, aux officiers de mesdicts seigneur et dame » (suit la liste de près de 70 officiers du duc et de 28 officiers de la duchesse) [ADL, 6J10 : 37]. Idem pour le mois de juin [ADL, 6J10 : 39].
100 Accusée d’user de sortilèges sur la personne du roi, quapropter ne inde scandalum oriretur, dominus dux Aurelianensis [...] ordinavit ut elongaretur a rege et cum magnifico apparatu de Parisius recedens huc illucque per ducatum Aureliansem spaciando loca sua visitaret. [RSD, Chronique, II, livre XVI, chap. XX, p. 407]. L’accusation de sorcellerie relevait alors du règlement de compte.
101 E. Jarry, La Vie politique..., p. 168.
102 L. Piel, Recherches sur l’Hôtel de la duchesse d’Orléans...
103 BNF, PO 2158 : 584, 587 et 592.
104 Eustache Deschamps, Œuvres complètes, VII, ball. 1344, p. 122 (v. 13-15).
105 É. Gonzalez, « L’officier, sa femme et le duc... ».
106 Successivement, pour Valentine Visconti, Gilles Malet, Jean Mauvoisin et Guillaume de Senlis ; pour Marie de Clèves, Richard Pocaire, Louis de Néry, Gilles Des Ormes et Hubert de Gronches.
107 De même pour Isabelle de Portugal dont « l’Hôtel a été constitué en partie par des officiers sortis de l’Hôtel du duc et par des nouveaux venus, nommés par Philippe le Bon » [M. Sommé, Isabelle de Portugal..., p. 369]. Cf. également A. Pouillon, L’Hôtel des reines de France..., p. 7.
108 La dot de Valentine se composait de 450 000 florins et d’un important trousseau constitué notamment de bijoux évalués à près de 100 000 francs or, du comté d’Asti en Piémont, et du comté de Vertus en Champagne, ancienne dot de sa mère Isabelle de France qui redevenait ainsi français. Quant à celle de Marie de Clèves, rassemblée en grande partie par son oncle, Philippe le Bon, elle comportait, outre 100 000 saluts d’or employés à solder les dettes de Charles, « tout un ensemble de domaines : le comté de Soissons, la baronnie de Coucy, la seigneurie de la Fère-en-Tardenois » [L. Détrez, « Le mariage de Charles d’Orléans et de Marie de Clèves... », p. 337].
109 E. Jarry, La Vie politique..., p. 51. De nombreuses quittances de ces versements nous sont parvenues. Voir par exemple les quittances rendues par Valentine Visconti à Jean Poulain de plusieurs versements de 200 francs d’or donnés par le duc pour les mois d’octobre, novembre et décembre 1389, janvier et février 1390 [ADL, 6J3 : 7-11], mai et septembre 1394 [ADL, 6J4 : 93-94], décembre 1396 et janvier 1397 [ADL, 6J5 : 46], etc.
110 Pierre Poquet, receveur des finances de Valentine Visconti, rend quittance le 22 octobre 1397 de 750 l.t. reçues de Jean Poulain, trésorier général de Louis Ier, « pour la moitié et dernier paiement de la somme de mil Vc livres tournois que, par ledit monseigneur le duc et par ses lettres, ont esté ordenné estre bailliez a madicte dame pour distribuer et baillier aux dames et demoiselles et autres femmes de son hostel pour leurs pensions de ceste presente annee » [BNF, nouv. acq. fr. 3105 : 124] ; Berthauld de La Borde, maître de la chambre aux deniers de la même Valentine, confesse le 19 août 1406 avoir reçu de Jean Poulain 300 livres pour payer la dépense de l'Hôtel de la duchesse pour le mois de juin et de juillet [BNF nouv acq.fr. 20512, n° 105].
111 BL, Add. Ch. 2983.
112 BL, Add. Ch. 2462.
113 BNF, PO 2306 :5.
114 AN, KK 270, fi 8v.
115 Par exemple, Jean de Villiers dit Sauvage* « retenu chevalier d’onneur de madame la duchesse [...] pour estre et demourer continuelment en sa compaignie ou lieu de messire Surien Des Quesnes, jadiz chevalier, aux gaiges de IIIc l.t. par an a les prendre et avoir doresnavant par les mains du tresorier general dudit seigneur » [AN, KK 267, f° LXVIII]. Après la mort de Louis Ier, Valentine récompense sa fidélité en le nommant « nostre conseillier et chambellan de nostre dit aisné filz » [BNF, nouv. acq. fr. 3640 : 511].
116 Ordonnances des roys de France..., IX, p. 683.
117 On observe le même phénomène en Bretagne par exemple : « Une analyse détaillée du personnel [...] montrerait que la coupure n’était pas complète entre les services domestiques des époux princiers, et que la pratique des cumuls de charges aboutissaient à tisser de nombreux liens entre eux [...]. Rien de moins étanche que les cloisons séparant les différentes maisons » [J. Kerhervé, L'État breton..., I, p. 226 et p. 229].
118 Caen, Mancel, ms. 11 : 98.
119 M. Bubenicek, Quand les femmes gouvernent..., I, p. XI.
120 F. Autrand, « Pouvoir et savoir... », p. 17.
121 Enguerrand de Monstrelet, Chronique, t. 1, p. 165, 267 et 348.
122 BNF, nouv. acq. fr. 3105 : 171. Une titulature similaire désigne Marie de Clèves, « duchesse d’Orleans, de Milan, aiant le bail et gouvernement de monseigneur le duc, son filz, et de ses aultres enffans » [Caen, Mancel, ms. 10 : 48].
123 BNF, ms. fr. 26035, no 4053 ; nouv. acq. fr. 3105 : 174, etc.
124 RSD, Chronique, III, livre XXVIII, chap. XXXIII.
125 « La tutelle du jeune Louis aurait fort bien pu revenir à Philippe le Bon, son grand-oncle » [P. Contamine, « Les derniers mois de la vie de Charles d’Orléans... », p. 26, n. 40].
126 Jean Molinet, Chronique...
127 « La duchesse était en proie à de très graves sollicitudes financières, et, de ce côté encore, le roi avait sur elle de grands moyens d’action, dont il usait avec rigueur, ne dispensant ses aides qu’avec une extrême parcimonie » [R. de Maulde-La-Clavière, Histoire de Louis XII..., I, p. 313].
128 Le 3 juillet 1408, Valentine Visconti ordonne « a nostre amé et feal conseillier messire Jehan Bracque [...] que des deniers de noz finances vous, par nostre amé et feal tresorier Jehan Poulain, faites bailler... » [BNF, ms fr. 26035, no 4053].
129 BNF, nouv. acq. fr. 3643 : 944.
130 AN, KK 902, f° I à Xv.
131 « En la Chambre des comptes de madame la duchesse d’Orleans a Blois ou estaient messires maistres Estienne Le Fuzelier, Simon Filleul [etc.], tous conseillers et officiers de madicte dame », 1481/11 [AN, KK 902, f° V].
132 « Au moment même où sévit la guerre civile, Christine de Pizan est capable de réclamer le retour à la paix sans pour autant condamner la nécessité de vengeance entre parents » [C. Gauvard, De grace especial..., II, p. 650].
133 Le 19 janvier 1408, « Valentine, duchesse d’Orliens, contesse de Blois et de Beaumont et dame de Coucy, ayant le bail et gouvernement de nostre tres chier et tres amé aisné filz Charles, duc d’Orleans et de Valoiz, et de noz autres enfans [...]. Comme feu nostre tres redoubté seigneur dont Dieux ait Fame eust pieça retenu son secretaire et auditeur de ses comptes nostre bien amé maistre Guy Filleul, ouquel office de auditeur des comptes il a tousjours depuis la mort et trespassement de nostre dit seigneur par nostre ordonnance continuelment entendu et besoigné et fait encores chascun jour, savoir faisons que nous, confians a plain des sens, loyaulté et bonne diligence dudit maistre Guy, icellui avons retenu et retenons en nostre secretaire, et par ces presentes l’avons commis, ordonné et estably, commettons, ordonnons et establissons auditeur de noz diz comptes aux gaiges, droiz, prouffiz et emolumens telz semblables que il avoit et prenoit a cause de ce du temps et au vivant de feu nostre dit seigneur » [BNF, nouv. acq. fr. 3105 : 171].
134 Voir R. C. Famiglietti, The French Monarchy in Crisis..., vol. 2.
135 Se reporter aux fiches biographiques.
136 BNF, PO 2159 : 657.
137 D'une vingtaine de personnes en 1449 [BNF, PO 2158 : 582, 587 et 592], ils passent à 46 en 1467 [BNF, PO 2161 : 731], à 59 en 1472 [BNF, PO 2161 : 768], à 65 en 1479 [Rouen, nouv. acq. 1057, n° 9], et à 79 en 1482 [BNF, PO 2162 : 817]. Pour une meilleure lisibilité, ces chiffres ont été reportés dans le tableau 4.
138 « Après la mort de Charles d’Orléans, Louis XI désigna lui-même, parmi les serviteurs de Marie de Clèves, ceux à qui elle devait confier, comme tutrice, la direction des principaux services ; la duchesse les reçut de sa main. Louis XI choisit, pour gouverneur du jeune duc, Guyot Pot* ; pour gérer la justice, Pierre Du Refuge ; pour les finances, Michel Gaillard. Deux surtout de ces trois personnages, entrés eux-mêmes au service du roi, firent de l’administration ducale d’Orléans une annexe de l’administration royale. » [R. de Maulde-La-Clavière, Histoire de Louis XII..., I, p. 338].
139 Le libellé est quasi identique de 1467/01-03 [BNF, PO 2161 : 731] à 1482/07-09 [Caen, Mancel, ms. 10 : 72], date de la dernière liste conservée. Elle est signée par Gilbert Du Puy*, « chevallier, seigneur de Vatan, conseiller et maistre d’ostel de ladicte dame ».
140 Par exemple, BNF, nouv. acq. fr. 3643 : 908.
141 Les cas contraires sont assez rares, et il s’agit le plus souvent du trésorier.
142 BNF, nouv. acq. fr. 3643 : 950.
143 BNF, nouv. acq. fr. 3643 : 951.
144 Et non son principal ennemi comme le laisse entendre Laurent Piel : « Durant ces dix-huit ans [de tutelle], elle doit affronter Louis XI qui, sans cesse, tente de la déposséder » [Recherches sur l’Hôtel de la duchesse d’Orléans..., p. 7].
145 R. de Maulde-La-Clavière, Histoire de Louis XII..., II, p. 43.
146 Jeanne de Navarre tout comme Isabelle de Portugal restèrent dans les meilleurs termes avec leur fils une fois la tutelle terminée [Autour de Marguerite d’Écosse...].
147 R. de Maulde-La-Clavière, Histoire de Louis XII..., I, p. 314 et suiv.
148 B. Quilliet, Louis XII..., p. 59 et p. 73.
149 BNF, PO 2162 : 823-825.
150 Très beau document dans lequel Louis II confirme un officier avec ses droits et privilèges dans son office de portier et garde des clefs du château de Blois, 1483/10/20 [BNF, PO 967 : 5].
Table des illustrations
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Titre | Tableau 2. Les chambellans de Louis II présents avant et après sa période de captivité |
Légende | Note 35. |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/13572/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 190k |
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Titre | Graphique 1. Nombre de serviteurs de l’Hôtel (1415-1441) |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/13572/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 176k |
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Titre | Tableau 4. Les officiers au service de Louis II et de Marie de Clèves (juin 1462 – août 1482) |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/13572/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 46k |
© Éditions de la Sorbonne, 2004