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Le complexe de Zeus

 | 
Jean-Baptiste Bonnard

Conceptions grecques de la paternité : les théories biologiques des Présocratiques à Aristote

Conceptions grecques de la paternité : les théories biologiques des Présocratiques à Aristote

Texte intégral

  • 1 Aurelio Peretti, « La teoria della generazione patrilinea in Eschilo », PP, XI, 1956, pp. 241-262.
  • 2 Oἶoν Ἀναξαγόρας καὶ ἕτεροι τῶν ϕυσιολόγων γίνεσθαί τε γὰρ κ τοῦ ἄρρενoς τò σπέρμα (« [Les uns dise (...)

1La métaphore du sillon chez Eschyle ressortit à un développement plus général sur le rôle du père dans la procréation, que nous pouvons appeler, après d’autres1, sa « théorie patrilinéaire », et qui a longtemps été mise en rapport avec Anaxagore aux théories duquel le Tragique l’aurait puisée. Aristote déjà invitait à ce rapprochement2. Aurelio Peretti a montré ce que cette hypothèse d’une relation étroite entre Les Euménides et la doxa anaxagoréenne sur la procréation avait d’incertain. Il n’en demeure pas moins que la pensée biologique grecque a fait de la génération un de ses sujets d’étude de prédilection. Nous allons à présent nous intéresser à cet ensemble de réflexions d’ordre médical. Des Présocratiques à Aristote, comment fut pensé médicalement le processus de la reproduction humaine ?

  • 3 Cette seconde partie tout entière, nous l’espérons, le démontrera.

2Pour la clarté de l’exposé il paraît préférable de présenter dans trois chapitres différents les théories des Présocratiques, celles du Corpus Hippocraticum et celles de Platon et d’Aristote. Au reste, notre démarche de recherche a été d’aborder successivement ces trois corpus qui ont des bibliographies sensiblement distinctes. Cela ne signifie pas, bien entendu, que d’un corpus à l’autre, n’existent pas des parallèles et des continuités, ni, moins encore, qu’ils constituent, de quelque manière, des entités fermées et autonomes. Tel Présocratique, Alcméon par exemple, est également médecin ; c’est bien évidemment aussi le cas d’Aristote, et il ne saurait être question d’en faire abstraction. De même, la constitution du Corpus Hippocraticum, si elle débute au ve siècle, se poursuit bien au-delà du corpus aristotélicien. Nous sommes bien conscient du caractère quelque peu artificiel de cette partition, au demeurant héritée du xixe siècle. Mais cette présentation en trois chapitres a d’autres justifications que rhétorique et pratique. Ces trois types de sources présentent en effet, outre une unité problématique3, une certaine unité historique. Le premier corpus rassemble les débris des opinions de physiologues dont les plus récents datent du ve siècle, le second les observations de médecins à partir du ve siècle, le troisième les avis de philosophes exprimés au ive siècle.

Notes

1 Aurelio Peretti, « La teoria della generazione patrilinea in Eschilo », PP, XI, 1956, pp. 241-262.

2 Oἶoν Ἀναξαγόρας καὶ ἕτεροι τῶν ϕυσιολόγων γίνεσθαί τε γὰρ κ τοῦ ἄρρενoς τò σπέρμα (« [Les uns disent,] tels Anaxagore et d’autres parmi les physiologues : c’est en effet du mâle que provient la semence »), Arstt., G.A. IV, 1, 763b30, trad. JBB.

3 Cette seconde partie tout entière, nous l’espérons, le démontrera.

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