Chemins du décloisonnement des concepts

1Nous venons de voir que la désanthropisation et le décloisonnement des concepts sont liés, même si les objectifs diffèrent et que les proportions de chaque aspect varient. Les précédentes contributions décloisonnaient pour désanthropiser. Les prochaines désanthropisent, au préalable ou en même temps, pour décloi-sonner. Ici, ce dernier processus est abordé de deux manières. La première consiste en un croisement des sciences naturelles avec des sciences humaines ou bien en des propositions de celles-ci pour concevoir et manier autrement des concepts ou pour en adopter de nouveaux. L’affaire n’est pas nouvelle. Des échanges conceptuels eurent notamment lieu dans les décennies 1960 et 1970 comme vont l’évoquer certaines contributions. Nous n’avons donc pas la prétention d’inaugurer, plutôt le désir d’inciter à systématiser. Une autre voie de décloisonnement consiste à confronter les concepts, ainsi que les approches, les méthodes et les analyses qui leur sont liées, aux conceptions d’autres civilisations humaines, qu’elles soient situées dans le temps ou dans l’espace, de manière à sortir des versions occidentales actuelles mais aussi de relativiser celles des autres sociétés. Déjà évoqués dans les volumes précédents1, ces échanges dans l’espace et le temps s’avèrent un grand moyen d’enrichir aussi les notions, de mieux les adapter aux animaux, passés ou présents, d’ici ou d’ailleurs.